Izaac
Notwen eut connaissance d'une lettre soi-disant d'Izaac envoyée au chancelier Comtois. Sa lecture la fit frémir, et elle envoya son pigeon à son collègue :
Notwen a écrit:
Cher Izaac,
on m'a fait lire ici une copie d'une lettre que vous auriez adressée au chancelier comtois. Je n'ose croire que ces termes puissent être les vôtres. Rassurez-moi, on m'a présenté un faux ?
Les termes de cette lettre sont en effet agressifs et hautains. Ils véhiculent haine et une rancune envers la Franche-Comté voisine, ainsi qu'envers la personne même du chancelier, que je n'ai pas l'honneur de connaître mais qui n'était peut-être pas impliquée dans l'affaire de Grandson.
L'usage répété du "vous", sans plus de précision, est de nature à blesser non seulement le chancelier qui la lira, mais ses collègues et même tous ses concitoyens. Quand on souhaite s'adresser à une personne (ici Pendarric peut-être ?), on la nomme clairement. A défaut, on se retrouve avec non plus un ennemi, mais cent.
On sait que s'en prendre aux personnes conduit généralement à créer des haines et des conflits, à inciter l'autre à se replier sur son appartenance à un groupe, en l'occurrence un comté. Ce sont de tels propos qui engendrent les conflits.
Un paragraphe de cette lettre est même une véritable provocation à attaquer Genève, et c'est sans doute là le plus extravagant dans une pareille missive.
Je n'ose croire que cette lettre qu'on m'a faite lire soit authentique. J'attends avec impatience la confirmation de votre part, Cher Izaac, qu'il s'agissait d'un faux. A défaut, j'en appelerai aux autorités genevoises et helvètes pour qu'elles prennent des distances très claires de ces propos pour le moins belliqueux.
Bien à vous,
Notwen
on m'a fait lire ici une copie d'une lettre que vous auriez adressée au chancelier comtois. Je n'ose croire que ces termes puissent être les vôtres. Rassurez-moi, on m'a présenté un faux ?
Les termes de cette lettre sont en effet agressifs et hautains. Ils véhiculent haine et une rancune envers la Franche-Comté voisine, ainsi qu'envers la personne même du chancelier, que je n'ai pas l'honneur de connaître mais qui n'était peut-être pas impliquée dans l'affaire de Grandson.
L'usage répété du "vous", sans plus de précision, est de nature à blesser non seulement le chancelier qui la lira, mais ses collègues et même tous ses concitoyens. Quand on souhaite s'adresser à une personne (ici Pendarric peut-être ?), on la nomme clairement. A défaut, on se retrouve avec non plus un ennemi, mais cent.
On sait que s'en prendre aux personnes conduit généralement à créer des haines et des conflits, à inciter l'autre à se replier sur son appartenance à un groupe, en l'occurrence un comté. Ce sont de tels propos qui engendrent les conflits.
Un paragraphe de cette lettre est même une véritable provocation à attaquer Genève, et c'est sans doute là le plus extravagant dans une pareille missive.
Je n'ose croire que cette lettre qu'on m'a faite lire soit authentique. J'attends avec impatience la confirmation de votre part, Cher Izaac, qu'il s'agissait d'un faux. A défaut, j'en appelerai aux autorités genevoises et helvètes pour qu'elles prennent des distances très claires de ces propos pour le moins belliqueux.
Bien à vous,
Notwen
Izaac reprit donc sa plume. Une grande celle-là, parce qu'il y en avait à répondre.
izaac a écrit:
Grandson, le 3 mars 1457.
Dame Notwen,
Vous me trouvez comme le chien qui aboie, enragé et mordant ? Je dis simplement que quelquefois certaines vérités sont dures à écouter et entendre. J'ai entendu les vôtres, entendez donc les miennes.
Je n'ai rien dit d'inexact dans ce courrier. Si la diplomatie selon vous, est une douceur, comme celle que l'on adresse à une enfant pour qu'il calme sa colère, alors je dis que vous vous trompez hautement. La conciliation et la concorde ne sont pas une fin. La diplomatie est l'instrument d'une politique. Notre politique n'a jamais variée. Elle vise à protéger les intérêts et l'honneur des genevois. Cela passe quelque fois par le rappel de quelques vérités. L'entente avec nos voisins ne se fera que s'ils nous respectent. Le respect ne s'accompagne pas nécessairement d'un visage souriant. En réclamant ce qu'ils nous doivent, excuses et réparations, je ne fais que reprendre les mots même du chancelier. Vous trouverez ces termes blessants ? Relisez la lettre du chancelier, vous les y trouverez. Que les comtois sachent enfin qu'ils s'adressent à des hommes et des femmes adultes, et qu'ils leur parlent comme il convient quand on respecte celui avec qui on a un différent.
Depuis de trop long mois, les relations avec la Franche Comté n'ont été dictées que par la volonté de Berne d'apaisement, quel qu'en soit le prix. En son temps, je me rappelle Dame Amyahh, qui hurlait en avril de l'an dernier, que nos autorités baissaient leur braies devant les comtois. Quel chemin parcouru depuis ? Je fais le bilan ici de cette diplomatie : rien, pas un geste de Dole qui viennent conforter nos désirs de paix. Au contraire, leurs paroles n'ont jamais été que méprisantes, et violentes. Ils nous considèrent comme des faibles et des larbins à peine bon à faire la chasse aux brigands qu'ils ne savent pas faire chez eux. Ils se permettent de venir nous menacer jusque dans Berne, en parole, jusque sous les murs de Grandson, en actes. Les noms des plus honorables helvètes, dont certains genevois, figurent en toutes lettres sur les listes d'hommes et de femmes à abattre, dans leurs armées. Je ne prendrai que ceux de Nicbur, qui, vous devez le penser, ne doit s'en prendre qu'à lui-même, puisqu'il fraye avec de bien mauvaises personnes... Alors, j'ajouterai celui de Kirkwood, Meliandulys, bien connu pour son bellicisme ? pareil ? soit... Leprieure alors...
Vous qui êtes adepte de la diplomatie des caresses qu'on adresse aux petits enfants pour les calmer quand ils font une colère, vous entendrez donc, je le crois, que quelquefois, un parent peut lever le ton et fixer des limites à l'enfant qui se montre malpoli et méprisant.
Je ne vous convaincrai pas, Dame Notwen, je le sais. Soit. Comme vous restez depuis toujours la seule véritable avoyère de Genève, vous trouverez sur votre bureau ma lettre de démission. Vous allez enfin être libérée de ma présence.
Je vous salue,
Izaac
Dame Notwen,
Vous me trouvez comme le chien qui aboie, enragé et mordant ? Je dis simplement que quelquefois certaines vérités sont dures à écouter et entendre. J'ai entendu les vôtres, entendez donc les miennes.
Je n'ai rien dit d'inexact dans ce courrier. Si la diplomatie selon vous, est une douceur, comme celle que l'on adresse à une enfant pour qu'il calme sa colère, alors je dis que vous vous trompez hautement. La conciliation et la concorde ne sont pas une fin. La diplomatie est l'instrument d'une politique. Notre politique n'a jamais variée. Elle vise à protéger les intérêts et l'honneur des genevois. Cela passe quelque fois par le rappel de quelques vérités. L'entente avec nos voisins ne se fera que s'ils nous respectent. Le respect ne s'accompagne pas nécessairement d'un visage souriant. En réclamant ce qu'ils nous doivent, excuses et réparations, je ne fais que reprendre les mots même du chancelier. Vous trouverez ces termes blessants ? Relisez la lettre du chancelier, vous les y trouverez. Que les comtois sachent enfin qu'ils s'adressent à des hommes et des femmes adultes, et qu'ils leur parlent comme il convient quand on respecte celui avec qui on a un différent.
Depuis de trop long mois, les relations avec la Franche Comté n'ont été dictées que par la volonté de Berne d'apaisement, quel qu'en soit le prix. En son temps, je me rappelle Dame Amyahh, qui hurlait en avril de l'an dernier, que nos autorités baissaient leur braies devant les comtois. Quel chemin parcouru depuis ? Je fais le bilan ici de cette diplomatie : rien, pas un geste de Dole qui viennent conforter nos désirs de paix. Au contraire, leurs paroles n'ont jamais été que méprisantes, et violentes. Ils nous considèrent comme des faibles et des larbins à peine bon à faire la chasse aux brigands qu'ils ne savent pas faire chez eux. Ils se permettent de venir nous menacer jusque dans Berne, en parole, jusque sous les murs de Grandson, en actes. Les noms des plus honorables helvètes, dont certains genevois, figurent en toutes lettres sur les listes d'hommes et de femmes à abattre, dans leurs armées. Je ne prendrai que ceux de Nicbur, qui, vous devez le penser, ne doit s'en prendre qu'à lui-même, puisqu'il fraye avec de bien mauvaises personnes... Alors, j'ajouterai celui de Kirkwood, Meliandulys, bien connu pour son bellicisme ? pareil ? soit... Leprieure alors...
Vous qui êtes adepte de la diplomatie des caresses qu'on adresse aux petits enfants pour les calmer quand ils font une colère, vous entendrez donc, je le crois, que quelquefois, un parent peut lever le ton et fixer des limites à l'enfant qui se montre malpoli et méprisant.
Je ne vous convaincrai pas, Dame Notwen, je le sais. Soit. Comme vous restez depuis toujours la seule véritable avoyère de Genève, vous trouverez sur votre bureau ma lettre de démission. Vous allez enfin être libérée de ma présence.
Je vous salue,
Izaac