Arsene
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« A l'oreille de tous les enfants, « maman » est un mot magique. » Arlene Benedict
Languedoc, au milieu de nul part, Juillet 1453.
A l'orée d'une forêt, un campement sommaire vient d'être monté. Un feu crépite joyeusement tandis qu'une marmite et son contenu bouillent de concert. Mélodie douce et entraînante, accompagnée de son odeur enivrante de nourritures... brûlées. Au pied d'un arbre est accroupie une mioche.
Une longue tignasse rousse lui couvre la moitié du visage alors qu'elle est penchée en avant, baragouinant une histoire dans une langue aux accents chantants, et manipulant des escargots et des cailloux tels des pions. Un sourire sur la bouche, elle crée une histoire, pousse des petits cris. Elle joue, la gosse.
« I malvagi ! Il potere dell'arcobaleno »
(Les méchants ! Le pouvoir de l'arc-en-ciel)
Et dans un rire sadique empreint tout de même d'une certaine innocence, elle se lève et entreprend de piétiner les escargots de ses petits pieds nus. Ouais, c'est un arc-en-ciel la gamine. L'extermination des escargots est en bonne voie et entre de bonnes mains. Satisfaite, elle vocifère quelques « hourras » tandis qu'elle exécute une danse de la victoire. A grands coups de tournoiements et de sauts.
La petite rousse parcourt ainsi le bivouac de part et d'autre. Avant de s'arrêter au pied d'un corps endormi. Elle se penche, et secoue sans vergogne la personne. Les sourcils froncés, le minois ne se départissant cependant pas de son sourire. Elle bouscule toujours, puis beugle de sa petite voix.
« Mamma, hai visto, tutti i malvagi sono morti. »
(Maman, tu as vu, tous les méchants sont morts !)
Arsène grogne, plisse ses yeux, et esquisse une moue. Le pied prend de l'élan en arrière et va buter contre sa mère. Une fois, deux fois, trois fois. La deuxième tactique ne semble pas avoir plus d'effets que la première.
« Ah dormi ancora. »
(Ah, tu dors encore.)
Et c'est sur cette constatation que la mioche délaisse sa génitrice pour aller farfouiller dans une besace. Bien sûr qu'elle dort. La tête dans la mousse, le gorge ouverte et baignant dans son sang. Loin d'être idiote, la gosse n'a surtout jamais été confronté à la mort.
Un miche rassie est rapidement trouvé, un buisson de baies rouges également. Assise en tailleurs devant celui-ci, elle alterne entre bout de pain et fruits. La bouche pleine et peinte en rouge, elle s'amuse à s'étaler du jus rouge sur toute la trogne.
Sa bouchée avalée, la voilà à présent qui rampe par terre dans le but de surprendre un insecte non loin, dans un petit bond aussi élégant que celui d'une vache, elle saute dessus, s'étale par terre, les deux mains jointes sur la petite bête. L'empêchant ainsi de fuir.
La tête penchée sur le coté, elle soulève délicatement ses dextres pour admirer sa prise. Un sourire victorieux s'étire sur ses lèvres tandis qu'elle bat des pieds à défaut de pouvoir le faire avec les mains.
« SÌÌÌÌÌÌ »
(Ouiiii)
Ouais, elle aime bien beugler la mini rousse.