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[RP] Béatitudes

Johannes
Correspondance tenue durant le mois d'octobre entre Astana d'Assay-Sørensen et Johannes.

Citation:
Bénies soient de Dieu les blondes en armure,
car les terres de France sont à elles.
Bénis soient les caractères inusables,
car ils recevront la solitude éternelle en héritage.
Bénies soient celles qui ne savent pas la peine,
car elles resteront pures.
Bénies soient les ferrailleuses, celles qui ont soif de sang,
car elles seront nourries par leurs mains.
Bénies soient les implacables,
car elles ne connaissent pas la pitié.
Bénis soient les cœurs éteints,
car ils contempleront la noirceur des hommes.
Bénies soient celles qui œuvrent pour la guerre,
car elles seront appelées filles de Diane.
Bénies les âmes stériles qui se refusent,
car les crânes des hommes sont à elles.
Demeurez dans la joie et l'allégresse, car aucune récompense ne vous attend dans les cieux.

A vous dévoué.
J.

_________________
Astana
Citation:

    La blonde qui jadis fut en armure a déposé les armes, repue d'un sang trop bu. Je connais la peine, ne suis ni pure ni sans pitié. Mon coeur n'est pas éteint, pas plus que mon âme n'est stérile. Les deux sont en sommeil. Je me refuse, sans pour autant vouloir le crâne des hommes. Il ne m'en faut qu'un, et je pourrais mourir tranquille.

    Ce poème, vous l'écrivez pour une Autre.

    Tout est né, est mort, de votre abandon.

    À vous, toujours.


      A.

_________________
Johannes
Citation:
Les béatitudes chantent les êtres parfaits aux yeux de Dieu. Et Dieu vous garde d'être jamais parfaite.

Vous ai-je déjà écrit un poème ? J'écris des poèmes aux autres, ce sont des prières que je vous adresse, des béatitudes, mes, béatitudes. Si je puis me permettre un conseil, prenez-les comme telles, sans chercher à en décortiquer le sens, au risque de les écorcher. Écorcher la prière d'un pèlerin revient à l'écorcher dans sa chair, et jamais vous ne voudriez faire de moi un martyr. Qui plus est, mon front, qui ne portera jamais de lauriers, n'est pas fait pour être cerné de sang, mais de terre et de tissu. Bien assis vers l'arrière, je regarde les martyrs jouer leur pièce. Toujours, je regarde, mais je ne sais plus jouer – ni les fous, ni les suppliciés, ni même les empereurs.

A vous dévoué.
J.

_________________
Astana
Citation:

    Soit.

    Je vous remercie, alors, pour vos prières, et ne dirai plus rien. De peur de vous écorcher, vous et vos béatitudes teintées de faussetés, qui m'irritent déjà bien assez le coeur comme cela. Je me garderai bien, à l'avenir, de chercher quelque sens caché en vos propos. J'ai cru un moment que vous pensiez à moi, et ne faisiez pas que prier le Très Haut de veiller sur un être (im)parfait. Je vous remercie de me rappeler à la place qui est mienne à grands coups d'indifférence.

    Continuez à observer les martyrs, et à écrire des poèmes.

    À vous, toujours,


      A.

_________________
Johannes
Citation:
Toute prière est un peu fausse. Toute prière est adressée. Celle-ci vous était adressée. Les gestes font souvent plus sens que les propos – et vous le savez. Au demeurant, j'ignore quelle est votre place en ce monde. Je sais que vous n'êtes pas morte, ce qui est déjà, en soi, une sorte de miracle. Je ne peux vous penser que par rapport à moi. Là encore, je ne sais pas quelle est votre place. Je sais cependant ce que vous êtes, et je sens ce que vous êtes à mon être, c'est-à-dire persistante, douloureuse et rassurante en même temps – douloureuse en certains souvenirs, rassurante car vous êtes. La phrase est cachée par le gros pouce du blond ; une place vous réduirait au temps et aux lieux, alors qu'êtes à ce jour prégnante en chaque partie de mon crâne.

A vous dévoué.
J.

_________________
Astana
Citation:

    Votre place dans le monde est dans les coins, que je laisse volontairement vides, dans l'attente inconsciente et douloureuse que vous veniez un jour les remplir à nouveau. Elle est aussi dans ces chaises que je ne maltraite plus et dont je prends grand soin, car vous avez trop crié. Et que j'ai fini par apprendre. Auprès de moi ? Vous êtes et demeurez. C'est à vous que je pense, lorsque je pose et relève mon flanc. Jamais je n'ai cherché à reprendre cette place que je vous ai faite il y a déjà des longes, En moi. Cela ne suffit pourtant pas. Puisque vous êtes là sans y être. Et comme vous dites, je ne peux que vous penser par rapport à moi. Cette pensée-là fait mal, car si je suis votre raisonnement - ce que je fais chaque jour -, [Les doigts cachent la fin de la phrase].

    Je garde au genou la trace que vous y avez laissée.

    À vous, toujours,


      A.

_________________
Johannes
Citation:
Vous soulevez des faits qui sont justes. J'ai trop crié. Vous ne me connaissez que par rapport à vous. Saviez-vous que je ne crie jamais ? Ni même jamais ne suis agacé par les autres. Je croise, et j'ai croisé, tant de monde. Quelques personnes reçoivent mon intérêt, d'autres ravivent des désirs de chair, ce qui est plus rare les années filant. En cette qualité, ces personnes deviennent des relations amicales, voire des confidentes, ou des amantes. La constante, celle que vous avez brisée, est que ces personnes ne m'atteignent pas. Tache d'encre, conscient ou non de ma part, jamais je n'ai laissé quelqu'un faire crisser ses ongles sur mon ego. Jamais je n'avais crié avant de vous connaître, sur une femme, ou sur un homme. Et même si mon caractère est souvent désagréable, je ne hausse pas le ton. Il est juste alors, de dire qu'avec les chaises, avec vous, j'ai trop crié. Il est juste de dire que je suis, que j'étais là, Tache d'encre je n'étais plus avec vous dès que nous avons posé un pied dans Bruges, et que je ne suis plus revenu. Nous le savons tous les deux.
J'étais en retranchement dans les terres saintes de Genève depuis mai, où je reposai lentement les strates de Tache d'encre a fallu du temps... un an, Tache d'encre pas pour me remettre de vous, mais vous accepter dans mon crâne avec le recul nécessaire. Déblayer mes pensées, toutes mes pensées et notamment celles qui vous concernent, enlever les fioritures, les fausses-routes, pour que mes réelles volontés fassent jour. Non pas que j'entende devenir sensible aux autres, c'est peine perdue. Non pas que je m'entende pouvoir contrôler ce que vous pouvez atteindre en moi, je n'ai aucune Tache d'encre l'avez. Considérez Tache d'encre être présent pour vous. Non plus comme avant, Grosse tache d'encre. Notez que je peux être présent pour vous, ce que vous êtes et voulez devenir. Que je veux être présent pour vous, que cet élan n'est pas mû par ma tendresse à votre égard – c'est un choix. Ma tendresse vous est acquise depuis longtemps, et ne vous a jamais servi à rien. Sachez simplement que je suis présent à nouveau, parce que je le veux, et parce que je l'ai décidé. Et mon menton me gratte souvent.

A vous dévoué.
Johannes

_________________
Astana
Citation:

    Un an, comme vous dites. Où je me suis cassé souvent la gueule, et que pourtant les pires plaies ne sont pas arrivées à triompher de ma carne. Sauf peut-être de mes cheveux qui ne sont plus, mais qui repoussent un peu tous les jours. Je les recoupe alors quand j'ai trop de poils sur le caillou. Parce que ça me pesait trop lourd sur la carafe, avant, et que maintenant je peux réfléchir, rassembler. Parce que c'est laid, et que le regard des autres a changé. Mais j'ai la peau dure. Dure, je l'ai d'ailleurs souvent été avec vous. Plus à tort qu'à raison, je crois, si mes souvenirs me reviennent correctement. J'ai passé cette dernière année entre la ferraille, la mort et les hommes. [Tache d'encre] ; ni plus ni moins que des [Taches d'encre, passage difficilement lisible]. Parfois dans un mot, un geste ou quelques herbes helvètes. Jamais ils n'ont eu les chasses noires comme vous, ni vos mains pour me recoudre, ni même votre [Tache d'encre]. Ils étaient tous bruns, mais je vous y [tache] quand même. Maladroitement. Le temps a passé, les guerres aussi, et puis j'ai perdu mes cheveux que j'ai laissés sur une plage de Bretagne. J'ai déposé mes armes le même jour, et suis partie pour le Sud.
    Vous dites que l'avant est mort et vous avez raison. N'en parlons plus - ou presque. Je suis calme, maintenant. Plus apaisée sûrement, de m'être débarrassée du superflu. Et je vous attends. [Doigt sur la phrase]. Pas le mazovien ni un autre. Je suis [tache] depuis ce jour de mai, et que cela m'ait écorchée a peu, voire pas d'importance. Soyez présent. Parce que [déchirure], vous avez une gueule à tutoyer les anges.


    À vous, toujours,


      Astana.

_________________
Johannes
Citation:
Je vais donc rassembler mes affaires, ce qui prendra peu de temps et laisser derrière moi ce grand lac, sombre et bien statique. Il faudra également prendre congé des seules personnes que je souffre dans mon entourage. Un jeune homme de bonne verve et une pute borgne. On dirait que toute une armée est passée sur son ancien visage, défigurée ou presque. Je me fous pas mal de ce qu'elle soit devenue borgne, et j'ai cru entendre qu'elle ne tenait plus son ancien commerce. Reste qu'à la fixer, passé la répugnance de son œil troué, on finit par ressentir un certain soulagement à considérer ce joli minois écrasé – peut-être dû à une rancœur toute masculine. Au reste elle aime à rendre sa conversation idiote et enjouée, et comme je n'entends pas creuser dans les pensées d'une pute, ni creuser tout court d'ailleurs, je me contente de picoler à son comptoir. Elle fait partie de ces gens que je respecte sans pourtant les apprécier. Le jeune homme... est jeune encore, et j'ai l'impression qu'il parle moins dès que je m'amène, mais il a un certain sens du mot qui fait passer le temps.
Je marche à votre rencontre. Faites-moi savoir le cours de vos déplacements, s'il y a, et Tache non identifiée. Vous n'imaginez pas à quel point je suis libre des miens ces derniers temps.

A vous dévoué.
Johannes

Post Scriptum. J'ai pour ma part quelques cheveux courts. Si vous le souhaitez, je peux les laisser pousser et vous en prêter quelques-uns, si l'envie vous vient. Je n'en fais aucun usage.

_________________
Astana
Citation:

    Là où vous avez une pute borgne et un jeunot, j'ai deux rouquins. L'un est anglois de naissance, de ces vieilles connaissances qui vous tombent sur le coin du museau sans que vous l'ayez vu venir ; et l'autre qui n'est qu'un enfant, n'a déjà plus qu'un bras pour vivre. Abîmé si jeune, et pourtant si [tache]. À lui, je voue une tendresse et un respect tout particuliers. Pas comme une mère, cependant. Il était le page d'un vieil amant laissé avec mes tifs en Bretagne, qui l'oubliait partout et tout le temps, il a été ma béquille aussi après cela, et maintenant il est. Juste. Un jour il partira car il en aura marre de moi, ou je le congédierai, mais ce ne sera pas triste.
    Tel que je vous écris, j'ai quitté le Toulousain et suis en route pour l'Anjou - toujours ce maudit pays. J'y vais à [tache], et les pensées sombres. Mais il me faut y récupérer les quelques biens qu'il me reste à Saumur - du moins ceux n'ayant pas été réduits en cendres, car j'ai entendu dire qu'il y avait eu [rature] -, ainsi que ma fortune. Après, je serais libre et pourrais clore cet affreux chapitre de ma vie. Que j'exècre désormais au plus haut point. L'affaire ne me prendra pas long. Une vingtaine de jours au maximum. Sachez que je suis entourée, et ne risque rien.
    Prenez votre temps, alors, [déchirure]. Je ne sais si vos cannes sont aussi résistantes qu'il y a un an, et n'aimerais pas apprendre que vous vous êtes foulé un muscle.

    À vous, toujours,


      Astana.


    P.S : Vous ne semblez pas convaincu que l'absence de tifs m'aille particulièrement bien. Néanmoins je prendrai vos cheveux courts en même temps que vous.

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Johannes
Citation:
Je pars pour Dole cette nuit. Ce petit raccroc vers le Nord me permet d'éviter le désert des nœuds au Sud. Et passé ces derniers mois sans trop marcher, et oublier ma lame courbe, me semble moins con d'éviter les landes pleines de trousseurs. A dire vrai, je pense avoir perdu pas mal de ma superbe des temps d'avant - saviez-vous que j'avais torché le cul d'un imbécile sur les routes helvètes ? J'étais fort jouasse.
Mais dans les temps qui viennent, par prudence, si je devais croiser un mastoc sur mon chemin, un bien entraîné, j'adopterai mon ancienne tactique : courber l'échine pendant que ça pleut des coups - car souvent ils frappent même après m'avoir fait les poches, poches que je vide toujours aisément, ayant quelque respect pour toute forme de métier. Vous n'avez donc pas à vous en faire, si je ne suis pas un guerrier, je fais un très bon sac à coups.

Le pis à l'époque, dans ma vie d'amant, était même de n'en garder aucune trace. M'avez-vous déjà décelé une cicatrice de guerrier ? Une longue estafilade de bretteur ? Que nenni. Je n'ai jamais su me faire frapper avec gloire - j'aurai au moins sauvé ma peau jusqu'ici. Mais que n'imaginâtes-vous la déception des donzelles de ma jeunesse. Quoi messire, n'avez pas de marques de guerre ? N'êtes qu'un pleutre ! Aujourd'hui je me marre. Alors que je fais des efforts en société - efforts tous relatifs - on me juge encore étrange, taciturne, froid, et autres foutaises. A croire que les cicatrices dans l'âme marquent la gueule au fer rouge.
Et que les femmes sont barbantes à me déclarer intriguant, à attendre même, que je le sois, alors que je ne fais que répondre, direct, à leurs questions - toujours les mêmes questions, toujours la même fausse retenue, à attendre de se faire tirer les vers du nez pour se sentir, un petit moment, centre de mon intérêt. Les plus bêtes des femelles me haïssent, car je refuse de les entraver. Celles qui ont un peu d'esprit veulent me faire parler, pour alimenter leurs fantasmes idiots. Cette ironie, elles ignorent qu'elles ont toutes le même ! Car je sais que je plais - loin de plaire à toutes les femmes, mais certaines, d'un certain profil. Celles qui cherchent du neuf, de l'encainallade avec vagabond à sale gueule, à se salir un peu, à compter pour quelques minutes, ces minutes où elles se feront vaillamment prendre par l'arrière, car elles croient que c'est là la fin de toutes les fins. Je hais ces femmes qui me disent intriguant, ou mystérieux, ou autre, car en me nommant ainsi elle cherchent à me mettre collet au cou, m'enfermer dans le rôle de leur amant souterrain.

Au reste, j'ai dernièrement escorté une gamine blonde, assez futée pour une noble, qui m'a fait le repos de ne point s'intéresser à moi. Elle avait un homme dans la tête. Je ne sais pourquoi les jeunes amoureuses se prennent souvent au jeu de la confidence avec moi, mais je prends un certain plaisir à disserter de leurs émois. Peut-être, très simplement, parce que ces dialogues détachés, en dehors de moi, ne me pèsent pas.
Je serai à Toulouse dans la vingtaine. Et je me fous pas mal que vous soyez chauve, ou teinte, ou manchote, ou défigurée. Vous êtes la seule qui sache m'aimer sans me peser, la seule pour laquelle je pourrais courir après, vous êtes mes rêves de cuisses, d'ailleurs, mes braies se tendraient rien que pour vos yeux. Êtes d'ailleurs la seule personne qui m'ait jamais fait pensé à remplir des coins dans ma vie. Et si vous vous sentez bien seule en étant chauve, alors j'irai me tondre le crâne aussi. Je tisserai une petite bourse avec mes cheveux, et ferai verser un écu dedans à chaque troufiotte qui me traitera d’intrigant. Qui sait, dans une trentaine d'années, je pourrai me payer une nouvelle chemise.

A vous dévoué.
Johannes

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Astana
Citation:

    Si elles disent que vous êtes intrigant, c'est sûrement parce que vous sonnez juste dans vos mots. Et que peut-être elles n'ont pas l'habitude de ces choses. Qu'on leur parle net. Vous savez que la plupart cherchent à se sentir exister à travers les yeux d'un homme, quitte à employer les pires stratagèmes et compliments pour ce faire, alors... Pour se sentir moins seules, et vous faire croire, quelque part, qu'elles sont à votre niveau. Mais j'échangerais volontiers votre "mystère" avec ma "beauté" ; ou plutôt celle de mes cicatrices. Décidément, je n'entraverai jamais cette fascination qu'ont certains pour ces stries au point de dire qu'elles sont belles. Non, vraiment, je ne pige pas ce qu'il y a de beau à avoir la peau déchirée, boursouflée voire rougie par endroits. Je les porte, elles sont là, mais sont laides. J'ai remarqué que ce sont toujours ceux ayant l'épiderme vierge qui disent cela, ou bien les fous. Comme s'ils étaient en demande. En définitive il y a les autres, ces baveux, et Vous. Enfin... je suis médisante. Mes compagnons d'armes les trouvent hideuses également, parce qu'ils en portent bien plus que moi, ou de plus voyantes. Mais vous me comprenez.

    Nous entrerons en Anjou sous peu, espérons sans encombres. Bien que l'écuyère de ma plus proche amie constitue un puissant répulsif compte tenu de l'odeur qu'elle dégage - il faut dire que l'enfant se trimballe un hibou mort sur le crâne, et j'ai entendu parler d'une tête de chat qui pioncerait dans la besace.

    N'esquintez pas trop vos cuisses, ni vos cheveux. Je m'en bats l'orbite que vous fassiez un bon sac à coups. Je vous veux entier. Même si l'affection que je vous porte ne serait en aucun cas altérée par la perte d'un de vos membres ; tant qu'à faire...

    Vôtre.


      Astana.


    P.S : Si je vous achète - prête ? - une chemise, vous me laisserez [taches éparses] ?

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Johannes
Citation:
Si vous saviez faire des croquis - sur du papier, pas sur la peau des gens, je vous demanderais un petit portrait de l’enfant avec son hibou mort sur le crâne. Avec les temps d’hiver qui arrivent, les ailes devraient pouvoir tenir des oreilles au chaud. J’y songerai. Savez-vous pour quelle raison une écuyère garde des bouts d’animaux morts sur elle ? Peut-être vient-elle des landes de l’Est. Ou du pays de Ventoux. Gober un coeur de pigeon cru porte chance en amour, porter une patte de corbeau en penditif écarte des mauvais heurs.
Au reste, n’adressez jamais la parole aux vieilles femmes à la croisée des routes, rendez-leur toujours geste pour geste. Les gestes marquent les voeux noirs aux corps. Si vous avez l’amertume en bouche, ou si vous sentez que quelqu’un vous suit, jetez une poignée de terre par-dessus votre épaule gauche ; avec un peu de chance, elle tombera dans les yeux du gars derrière.

J’atteindrai Thiers au petit matin. Je n’ai reçu votre pli qu’à ma sortie de prison.

A vous dévoué.
Femme à stries que vous êtes.
Johannes

Post Scriptum. Passage illisible si l'on est pas penché sur les phrases eux-mêmes leurs chemises.
C’est au petit matin que mes oreilles sont sans défense.

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Astana
Citation:

    Votre sortie de prison ? Dans quoi vous êtes-vous embarqué encore, Blondin ? Vous n'êtes pourtant pas passé par l'Artois, donc n'auriez pas dû écoper d'une nuit en taule pour une miche de pain achetée en trop. C'est là-bas que vous êtes devenu superstitieux ? Je ne vous ai jamais vu causer de la sorte, avant ça. Et puis croyez bien que je perdrais plus de temps à descendre de cheval afin de ramasser de la terre, qu'à le talonner pour distancer le zig derrière.

    Nous sommes partis d'Anjou il y a maintenant trois jours. J'y ai retrouvé quelques trognes amicales qui cheminent à mes côtés vers Toulouse, et qui feront grand plaisir à mon cousin. J'ai oublié de vous dire ça. J'ai un cousin depuis peu - ou plutôt qui a toujours été mien, que je connais de long, mais dont la filiation n'a été prouvée que récemment. Par hasard, à cause d'un vieil ivrogne normand. C'est étrange, mais pas si déplaisant d'avoir des attaches, tout compte fait. Encore moins quand lesdites attaches me lient à un coreligionnaire et frère d'armes pour qui j'ai le plus grand respect.

    Prenez soin.

    Votre raturée,


      Astana.

_________________
Johannes
Citation:
Madame,

On n'est pas emprisonné qu'en Artois. Les capitales n'aiment pas que l'on pieute à même les rues, surtout lorsqu'on a pas un rond en poche – les comme moi, on les réunit en taule. Ce qui n'est pas plus mal, à vrai dire, on caille toujours moins que dehors.
J'aurai bientôt quitté le Rouergue. Dites-vous donc que vous verrez ma trogne dans peu de temps. Peut-être pourrions-nous convenir d'une date, ou d'une heure. Je n'en sais rien. Dites-moi, je me pointerai en conséquence.

A vous dévoué,
Johannes

Post Scriptum. Je ne sais quoi vous répondre sur mes superstitions. Je n'ai rien contre les gros matous noirs, mais j'ai toujours redouté les petites vieilles aux croisées des chemins, avec leurs petits yeux noirs enfoncés, et leurs rides inquiétantes. Sont angoissantes.

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