Alix_ann
Quelque part en Brocéliande se trouvait sûrement Maryane. Voilà des mois que le précédent Grand Duc, Riwan Nathan de Brocéliande était mort. Voilà des mois, maintenant, qu'on l'avait remplacé. Comme on avait remplacé avant lui son arrière grand-père, Elfyn. Alix sourit un peu à cette pensée, amusée de devoir constater que les Brocéliande et les Montfort ne s'était jamais trop aimé. Elle ne comprenait pas vraiment ces querelles familiales, étant trop jeunes pour vraiment les avoir connu. Mais voilà des mois qu'on n'avait pas vu la nouvelle princesse de Brocéliande, la femme d'Almaric de Brocéliande, le cousin de Riwan qui avait hérité du Marquisat. Voilà des mois que Maryane se terrait, qu'on ne la voyait plus, qu'elle portait le deuil. Des mois qu'Alix attendait qu'elle pointe le bout de son nez, attendant discrètement dans l'ombre.
C'est tout naturellement qu'Alix en vient donc à lui écrire.
Citation:À son Altesse Maryane de Brocéliande, Princesse de Bretagne, Vicomtesse de Crest, Baronne d'Orvault etc...
Salut,
Je me permets de d'écrire, je me demande ce que vous faîtes. Cela fait longtemps qu'on a rapporté votre arrivée en Bretagne, qu'on a annoncé que vous et votre époux possédez désormais de nouvelles terres ici et par conséquent le deuil de Riwan. J'en suis profondément désolée. Malheureusement je ne vois pas grand chose à dire qui puisse être réconfortant. Peut-être néanmoins a t-il la paix, désormais.
Toutefois je n'en reste pas moins vexée que vous n'ayez pas chercher à me retrouver. J'attendais, n'osant pas encore en réclamer, que vous me donniez de vos nouvelles. Je me suis fait du soucis à votre sujet.
Alors, comment allez vous? Que devenez vous? Vous n'aimez pas la Bretagne, c'est pour ça qu'on vous voit pas? J'aurais même entendu que depuis vous avez eu un enfant. Alors, c'est vrai? Accepteriez vous de me voir?
Au revoir
d'Alix Ann de Montfort, Demoiselle de Buzay
Elle plie, scelle, sous-pèse la lettre et finira par l'envoyer._________________
Maryane.
Je semble avoir disparu, quelque part entre la mort de Riwan et la naissance de mon fils. D'ailleurs, Riwan Carloman est un nom qui lui sied à merveille. C'est comme s'il faisait le lien entre la disparition de notre cousin et la mienne. Oui je me suis perdue, chaque jour au dessus de la tombe d'un amour presque sincère, presque entier, mais définitivement parti.
Si je n'ai jamais été certaine d'avoir un coeur, je pense avoir au moins un petit vide, quelque chose qui ces derniers temps me force à une lassitude quotidienne et me fait subir le noir que j'ai toujours porté tout au long de ces seize pénibles années.
Mes frères me manquent, mon cousin me manque. Et ce n'est pas un enfant qui réussirait à combler ça.
Au milieu de toute cette ambiance de folie, je reçois une lettre. Je souris de la lire, c'est qu'Alix me rappelle Lyon, et même l'hôtel particulier des Guerrero qui m'avait fait tant de peine en brûlant. Aujourd'hui bien évidemment, tout ça n'a plus d'importance. Je suis prisonnière de ces terres, de ces titres, de ces couronnes et de ce destin qui voudraient me porter aux sommets alors que je n'aspire qu'à rejoindre en terre mes amis disparus. Sales années que ces seize ans d'existence! A présent, écrivons, car il est temps de répondre à ceux qui attendent un signe de vie.
Citation:
A la Demoiselle de Buzay
Ma chère petite Alix,
Me voici bien heureuse d'avoir de vos nouvelles. Je ne vous ai ni oubliée, ni évitée. Je suis seulement restée à Trecesson pour quelques affaires urgentes. Je peux vous écrire à présent, rien qu'à vous et dans le plus grand secret, que j'ai pris cette Bretagne en horreur. Je ne vois que la mort de notre cher Riwan, partout, en toute circonstance. Et chaque nouvelle rencontre me ramène à ses confidences. Il est assez terrible de rester ici, dans une Bretagne qui m'aura éloignée de mes frères avant de tuer ce cousin si cher à mon coeur.
Néanmoins, votre lettre me rappelle votre brillante présence à mes côtés et me fait espérer. J'espère pouvoir un jour, rapidement, regarder ces glorieuses terres sans penser au vide que m'inspire une si terrible perte. Penser à vous m'aidera certainement.
J'organise le mois prochain une vènerie à Trecesson, sur les terres légendaires de Brocéliande. Aurais-je le plaisir de vous compter parmi nous?
Je vous embrasse.
M. de B.
En réalité, le terme "heureuse" est peut-être un peu too much! Mais cette chasse à courre ne pourra que nous être bénéfique et si je donne l'impression d'être tombée en profonde dépression, elle aura trop peur de m'approcher. _________________
Alix_ann
Alix tilte à la lecture de la lettre. Elle ne sait trop sur quel pied danser, comme la prendre, ce que cela voulait réellement dire. Elle fût déçue de ne pas avoir d'informations sur l'enfant de Maryane, surprise, aussi, mais finalement plutôt heureuse d'éviter un discours admiratif et ennuyeux à son sujet. Mais de là à ne rien avoir...
Et elle n'aime pas la Bretagne. Maryane n'aime pas la Bretagne, sa Bretagne. La terre qui l'avait vu naître, elle, et qu'elle aimerait quoiqu'il arrive, quoiqu'elle fasse, quelque soit le masque qu'elle puisse revêtir. Sa Bretagne. La blonde tortille une mèche de cheveux, soucieuse.
Puis passe à autre chose, arrête de gribouiller sur le coin d'un papier du bout de sa plume et se met à rédiger une réponse.
Citation:À Maryane de Brocéliande...
Salut !
Cette invitation à faire la chasse m'enchante, cela me permettra de venir accompagnée de mes dogues napolitain Obéron et Titania qui m'ont été offert par ma défunte amie Yolanda Isabel de Josselinière, qui s'ennuient ses derniers jours et par là même de les occuper. Le plaisir est partagé et vous pouvez d'ors et déjà me compter présente.
Cela peut sembler prétentieux de ma part mais sachez que je conçois la peine que vous éprouvez, mon monde s'étant lui-même écroulé à l'annonce du décès de la petite Duchesse de Château-Gontier. Elle me manque. Qu'est-ce qu'elle me manque... Toutefois j'essaie de ne pas le montrer, de le garder pour moi et de couver cette peine jusqu'à ce qu'elle puisse s'en aller dans son coin le jour venu. Elle ne disparaîtra jamais, ou plutôt ne me rendra t-on jamais celle qui fût mon amie, une soeur si j'ose dire et qui a su se montrer plus maternelle et encore plus tendre avec moi que ma mère le fût. Je reste confiante, je sais qu'un jour son souvenir ne sera plus pénible, ne me rendra plus triste, et que même si je regretterais toujours autant son absence me rappeler les moments que j'ai eu la chance de partager avec elle me procura de la joie. J'aime à penser que le temps ne manque jamais de faire son oeuvre.
Et puis... quel autre choix avons-nous?
Portez-vous bien,
Je vous embrasse,
AAdM
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Alix_ann, incarné par Don.
Pendant quelques jours Alix vaque à ses occupations. Elle ne pense guère à Maryane, à Brocéliande. Elle ne songe pas à sa Bretagne, elle songe à quelques rares proches, elle regrette ses amis disparus. Elle erre dans la forteresse du domaine de son oncle, place forte de la principauté de Retz. Elle change de tenues plusieurs fois par jour, elle s'ennuie, ne lit plus son latin, elle mange trop. De temps en temps elle prit. De temps à autre elle sort, va sur le marché, y achète des étoffes, parle aux petites gens qu'elle croise. Puis retourne prier et manger.
Alix est entrain de lire, ou d'essayer, quand elle se met à penser à Maryane et à leur entrevue prochaine. Elle se dit qu'elle a hâte quand lui vient une idée. D'un bruit sec elle ferme l'ouvrage poussiéreux qui est tout bonnement à mourir d'ennui, de toutes manières, et va jusqu'à son secrétaire.
Citation:A la Folette,
Demat,
Comment vas-tu? Je suis à Retz en ce moment. J'aimerais bien te voir. Cela fait longtemps qu'on ne s'est pas vu, tu trouves pas?
Dans un mois je vais retrouver son Altesse Maryane de Brocéliande, c'est une amie à moi, j'aimerais te la présenter. Qu'en dis-tu?
Portes-toi bien,
d'Alix Ann
Et d'envoyer le tout. Puis de reprendre sa morne existence.
Don.
Une Montfort, une Brocéliande et une Kerdraon sont dans un château... le château prend feu... Non. Je vous épargne une réflexion trop intense - surtout qu'on connait d'ja la fin, c'est la Kerdraon qui s'en sort - et je passe directement à une autre suite.
Toutes trois, ensemble, elles ont le temps de s'observer.
Du moins... Dana a le temps d'observer, la jeune fille adore détailler les gens, discrètement bien entendu. Alors même si elle connait bien Alix depuis quelques années désormais, elle ne se gêne pas pour observer les traits de la blondine, cette dernière avait bien changée, elle était toujours aussi fine, jolie et blonde bien entendu, mais sa silhouette de femme prenait forme doucement, et laissait derrière elle celle de la petite fille que tous semblaient trouver aussi jolie que sa maman.
Maryane par contre, était l'opposé d'Alix, de chevelure brune, elle semblait adopter la bad-attitude --> c'est à dire que même en souriant c'était le genre de femme qui semblait faire la tronche, comme Pelotine en fait. Dana sourit à cette similitude, qu'elle même ne détient malheureusement pas.
Dôn aurait aimé tenir ce trait de sa défunte mère, cela lui aurait permis de paraitre mystérieuse sans l'être, respectée sans le mériter et bien d'autres avantages encore, hélas elle tenait ces yeux rieurs d'un père farceur, le teint lunaire hérité chez sa mère avait été saccagé par la celtitude de son père, ainsi son visage était donc recouvert de tâche de rousseur, comme ses épaules et bien d'autres parcelles de son corps... encore.
Je suis enchantée Maryane Guerrero, votre époux ne fait point parti de mon entourage proche, mais je sais qu'il converse de temps en temps par courrier avec mon futur.
Vous habitez des terres magnifiques !
Et.. ? Et rien en fait.
Dana ne sait pas faire connaissance, elle ne sait pas saluer, tout ce qu'elle a envie de faire quand elle rencontre une potentielle future amie c'est de l'inviter à danser et manger du maïs cuit à l'eau autour d'un feu de camps.
On est loin d'atteindre ce genre de situations, tout de suite la...
Don.
Et ça casse.
Non pas l'ambiance mais.. l'entrain de Dana.
Riwan, elle ne le connaissait de nom (et en peinture aussi), elle savait peu de chose sur lui hormis ce qu'elle pouvait lire dans l'encyclopédie et autres bouquins que son précepteur lui faisait lire enfant.
Sa famille l'évoquait quelque fois - rarement - et ces quelques fois n'avait que peu aiguillé la curiosité de la jeune femme.
Des histoires de vassalité avec sa mère Pelotine qui détenait parait il, une terre en concoret qu'elle même aurait dû hériter, ce qui ne fut pas le cas.
Concoret d'ailleurs, l'intriguait et c'était avec grand espoir qu'un jour, elle espérait pouvoir visiter ces terres que sa mère avait tenu si longtemps lorsque celle ci était alors proche du Brocéliande.
Quand elle remarque la statue qu'il était impossible de ne pas remarquer justement, elle stoppe net. Ebahie bien sur par la beauté de l'oeuvre mais aussi par celle de son modèle, qui s'il était ressemblant devait être un homme à femmes, sans aucun doute. N'ayant jamais eu vent de la manière dont il était mort, elle s'interrogea alors sur la position de la silhouette de marbre. Etait-il mort sur son trône, en combat, ou bien d'une chute accidentellement mortelle.
Sur ces pensées, une question lui brûla les lèvres. Mal venue, peut être mais la curiosité lui faisait toujours vilain défaut.
Comment est-il mort ?
Pas besoin de préciser de qui elle parlait, stoïque devant le portrait de l'ancien grand duc, elle questionne.
Ca jette pas d'froid. Non.