Puis tout se précipita, deux, trois fortes contractions qui lui tordirent le ventre violemment, la laissant à chaque fois, essoufflée et épuisée, la Noiraude puisait ses forces dans la main de son compagnon, qui lui prodiguait des soins et lencourageait de son mieux, posant un baiser sur ses lèvres desséchées quelle mordillait de douleur.
Lara de son côté lui, la réconfortait aussi, attentive et plutôt sereine, ayant déjà eu plusieurs fois des enfants, sa jumelle savait par quelles douleurs passait laccouchée.
La délivrance arrivait enfin, il était temps car la jeune femme, à bout de force, se sentait petit à petit, faiblir, sans énergie. Donnant une dernière poussée énergique, elle sentit le corps du bébé descendre encore, puis la vieille Cunégonde libéra le nouveau-né et Satine se laissa aller mollement, souffle court, sur loreiller tandis que Dom allait accueillir son enfant quand la ventrière le lui tendit, poussant ses premiers cris de vie.
Satine sentit son cur bondir dans sa poitrine, nul son navait apporté autant de joie à la jeune femme.. entendre que leur petit bout était vivant, lui tira les larmes aux yeux de bonheur, rassurée enfin par la petite voix aigüe de leur enfant.
Laissant la vieille Cunégonde terminer son travail de ventrière, lui pressant sur labdomen pour expulser la placentine qui serait par la suite enterrée et le cordon ombilical utilisé pour des filtres damour et autres potions étranges, Satine récupérait doucement de ces instants si intenses et si inoubliables dans la vie dune femme..
Une première naissance. Malgré la douleur, malgré la peur, tout sétait passé au mieux, ce qui était encourageant pour un futur événement. Elle ne se sentait pas traumatisée par laccouchement, juste une grande faiblesse qui ne serait que momentanée, la gardait au fond du lit.
Murmurant doucement pour elle-même, Satine laissa fleurir un sourire tendre, enchantée, lorsque Dom prit sa puce dans les bras pour la première fois. Une vive émotion létreignit, de voir le papa et son enfant enfin réunis.
Regardant le père, fier comme un paon, tenir la fillette tout contre lui, son cur palpita de joie, Dom avait tant attendu ce moment, lui caressant le ventre chaque jour pour établir un contact avec le ftus qui avait grandi en elle, pour leur plus grand bonheur.
Ohh..une fiiiille !! cest une petite plume qui nous arrive dans les bras, mon amour
Elle..elle va bien ?? je veux dire, elle est entière au moins ? je lentends, mais je voudrais la voir, la sentir, la respirer, la tenir enfiiiiiin !
Tendant les bras pour recevoir et découvrir lenfant tant désiré par eux deux, Satine se redressa sur son séant, la matrone ayant fini sa tâche, Satine la remercia dun sourire reconnaissant, davoir été si étonnamment délicate, tranchant sur son air un peu revêche.
Impatiente de découvrir à son tour la frimousse de Bébé Lune, Satine se promit, en son for intérieur, de la chérir et de sen occuper de son mieux. La Noiraude allait devoir apprendre à être une bonne mère pour son enfant, mais elle laimait déjà tant, quil ny aurait aucun besoin de forcer ses sentiments pour la petite Eolia Luna.
Fixant Dom de ses yeux myosotis remplis damour à en déborder, quand il lui déposa le nourrisson entre les bras, Satine embrassa le sommet du crâne du bébé, puis le bout du minuscule nez, ferma les yeux tant son bonheur était intense à ce moment-là, cherchant à limmortaliser dans sa mémoire pour le revivre jusquà son dernier jour.
Tendrement, dune voix brisée par lémotion, elle souhaita la bienvenue à leur petite puce.
Bonjour, Plumette
tarrive au monde un jour de chance, vendredi 13.. Eolia Luna, tes déjà une veinarde !!
Puis avec un papa conteur, doublement ! Et des parents qui vont te chérir, triplement !
Souriante, avec toute la douceur du monde, elle caressa du bout de lindex les petites lèvres fines du bébé, puis la posa délicatement sur sa poitrine pour que lenfant puisse shabituer à lodeur de sa mère. Il fallait sapprivoiser à présent, de découvrir mutuellement, sapprendre, tout un art que Satine aurait à cur daccomplir pour combler lenfant, en prendre soin et la chérir.
La Noiraude sentit tout le pouvoir de lamour maternel lui remplir le cur, alors que la puce reposait sur elle.
Lançant un regard reconnaissant à son amant, au père de lenfant, elle sadressa à lui, toute émue.
Mon Coeur..sans toi, Eolia ne serait pas là..je tai tant aimé dès le début que jai tout de suite eu envie davoir un enfant de toi, peu importait si notre relation durerait ou pas, jamais personne ne mavait donné envie denfanter, de connaitre les joies de la maternité..
A présent, je me réjouis de reprendre la route, pour ce tour de la Lorraine puis aller découvrir tes racines, dans le Nord, comme tu me las proposé..Un petit retour aux sources pour toi, lenvie de reprendre la route, pour moi.
Encore tant de découvertes à tes côtés, que de réjouissance !
Déposant une main protectrice sur le dos de la petite, la caressant tendrement, Satine se sentait la plus comblée des femmes de ce monde.
Elle se réjouissait déjà de reprendre leur habitude de vivre au jour le jour, comme toujours, profitant à chaque instant de leur liberté de vadrouiller où bon leur semblait.