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[RP] Tout se passe toujours comme la femme le désire. *

Torvar
Celui qui venait lui dire que la vie était un long fleuve tranquille se ferait recevoir comme il se doit. C’est-à-dire avec perte et fracas. Des lunes que le cosaque bouffait de la vache enragée, des lustres qu’il se trainait sans réelle motivation. Un contrat par-ci, par-là mais rien qui l’attacherait au service de quelqu’un qu’il respecterait au point de vouloir rester à ses côtés. La lassitude l’entrainait vers des abysses qu’il avait de plus en plus de mal à chasser. Pourtant l’hiver arrivait et avec lui, l’annonce prometteuse de retrouver un peu de cette douce sensation de sa terre natale. Les hivers ukrainiens sont si particuliers qu’ils vous laissent un souvenir impérissable… Bref, rien dans la vie du cosaque ne le déridait et son humeur était devenue massacrante. Mais cela changeait-il de l’ordinaire ? Assurément non. Toutefois, les derniers évènements avaient laissé le guerrier plus que dubitatif sur la raison de son existence… Mais parfois c’est lorsque l’on a l’impression de toucher le fond que les choses se mettent à bouger. Et là, c’était le cas.

Torvar traînait dans le sud depuis qu’il avait quitté la Bourgogne et Mara. La gamine n’avait pas besoin de lui contrairement à ce qu’elle lui avait affirmé. Personne n’avait besoin de personne et ça, elle le comprendrait en temps et en heure. La vie solitaire avait donc repris et avec elle, les voyages, les rencontres, les surprises, les bordels à la nuit tombée ainsi que l’alcool à profusion. Et puis un matin, le cosaque s’était réveillé avec une méchante gueule de bois. Et pourtant lui en fallait à l’animal pour le voir se vautrer comme ça mais fallait croire que certains jours, il oubliait de dire stop aux verres qu’on lui versait… Donc, le temps de retrouver ses esprits, de sortir d’une brume plus que tenace et le voilà qui se sentait observé.


- Qu’est-ce que tu veux toi ?... Pizdec**… arrête de roucouler comme si tu devais sonner la charge…

Un poing fermé se posa sur la tempe qui tambourinait allégrement tandis que l’autre main cherchait à attraper le volatile qui s’était posé sur la poutre basse dans l’écurie où Torvar avait fini la nuit.

- Foutue bestiole qu’elle idée d’aller se perchait si haut… t’vas taire ouais….

La menace dans la voix fut sans doute plus radicale que les mots eux-mêmes car l’oiseau se tut avant de venir se poser près du cosaque. Dès lors, ce dernier arracha le message enroulé à la patte, le déplia et essaya de lire de près puis de loin la missive. La seule chose qui fut compréhensible à ce moment précis fut la signature. Et lâchant un juron, le cosaque sentit une bouffée d’adrénaline remonter de ses entrailles. Glissant le courrier dans sa poche, il se dirigea droit vers l’abreuvoir et y jeta sa tête entière avant de la ressortir tout en s’ébrouant. Là, il commençait à y voir plus clair. Se frottant le visage de sa main, il essuya cette dernière sur ses braies avant de saisir la missive et de pouvoir enfin la lire. Les choses devenaient intéressantes, il en prit soudainement conscience. Le tout était de ne pas traîner et battre le fer pendant qu’il était encore chaud.

Le temps d’avaler une lampée de Gorsalka qui trônait au fond de sa besace de cuir, Torvar prit quand même quelques instants afin de répondre à la brune.




Moja divtchyna***

Il me semble que cela fait une éternité que nos chemins se sont séparés et pourtant, tu sembles encore te rappeler du vieux cosaque que je suis. Il faut croire que tu as au moins retenue quelque chose à mes côtés.

Puisque tu m’invites si gentiment, je ne peux donc pas refuser.
Je serais chez toi dans les jours prochains.

Puisses-tu te garder en vie avant que je n’arrive.



Le volatile fut donc expédié dans le sens contraire de sa venue avant que le cosaque ne prenne la direction de l’auberge si bien citée dans le courrier. Connaissant un peu Draganya, il se doutait bien que si elle reprenait contact avec lui ce n’était pas pour ses beaux yeux. La jeune femme était d’une beauté saisissante mais elle avait d’autres chats à fouetter que de tourner autour d’un vieil homme comme lui. Mais le chemin lui parut moins long en repensant aux mois qu’elle avait passé avec lui… c’était si loin finalement mais le passé avait tendance à le rattraper sous bien des formes différentes depuis quelques temps.


* Proverbe Magyar
**m**de ou plus vulgaire dans le sens agacement.
*** Mon amie

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