Tigist
[RP ouvert bien évidemment** ]
Ils se font rares les rayons de soleil de lautomne, et quand on en trouve un, on voudrait ne jamais le quitter, et cest pour cette raison quelle se trouve assise devant lentrée dune taverne, habillée d'un noir plus sombre encore que sa propre peau, abandonnée la robe trop moche parce que trop occidentale, chéries les braies et les bottes qui lui donnent la sensation d'une liberté de mouvements qu'elle n'a pas tant. Les yeux clos, elle profite en silence de la chaleur que diffuse lastre solaire, ignorant avec superbe les murmures curieux ou angoissés des clients et des passants. Laubergiste ne la chassera pas, il est l'ami du Colosse, alors il suffit juste de faire abstraction de cette sensation dinconfort que lui procure la méfiance des « blancs » autour delle. Elle attend sagement. Qui ? Quimporte, pourvu que ce ne soit pas le Phallus*** inquisiteur auto-proclamé de la bande de pilleurs dont elle sest entichée qui va encore lui rebattre les oreilles de ses prêchi-prêcha et menaces, et du reste, il n'est pas venu avec eux. Alors elle attend. Quoi ? Qui peut savoir ce quil attend ou ce qui lattend ? Pas elle, et pas même ce quelle semblait attendre dès le premier jour où ses pas se sont posés en ville française, alors libérée du joug du syrien, dès le jour où elle a envoyé une lettre espérant que celle-ci trouverait le chemin de son Abyssinie natale. Et comme le volatile a bien fait les choses, car voilà quun homme savance, dissimulant à peine la répulsion quelle lui inspire et quelle ne voit pas elle a les yeux fermés et cest pour le mieux et toussotant pour lui signaler sa présence.
-« Oui ? »
Elle na pas ouvert les yeux.
-« Vous êtes la seule étrangère du Toulousain. Jai une lettre pour vous. Cela vous fera trente écus. »
Elle ouvre enfin les yeux pour considérer lindividu devant elle, qui pourrait être beau au regard si son physique nétait entaché par une couperose avancée. Sans un mot, la bourse à sa ceinture est saisie et elle fouille pour en sortir dix belles pièces dor quelle pose entre elle et lui.
-« Vous avez juste été chercher loiseau. Vous navez pas traversé la France. Cest loiseau qui devrait avoir les trente écus. »
-« Trente écus ou je déchire votre lettre de sauvage. »
Les vingt autres pièces sont jetées au sol, rejoignant leurs consurs, et avec mauvaise grâce, il se penche pour les ramasser et lui jeter la missive sur les genoux avant de partir, non sans se signer, geste qui nobtiendra quun haussement de sourcils et un soupir agacé de la part de léthiopienne, tandis que la lettre est ouverte sans difficulté puisque le sceau a été brisé. Oui mais ils nauraient pu lire ce quil y est écrit, lambre court sur le papier avec plaisir, appréciant les tracés délicats inhérents à la calligraphie amharique. Mais au fur et à mesure quelle lit, le sourire qui aurait pu poindre saffaisse, et elle sappuie contre le mur en proie à une agitation mentale éprouvante. Elle avait voulu prévenir quelle était toujours vivante, elle avait voulu saviser de la meilleure chose à faire pour rentrer chez elle. Elle avait voulu. Aide-toi et le ciel taidera. Dieu lavait si mal aidée, si mal renseignée.
Et qui viendrait là, ne verrait quune jeune fille à lhumeur aussi sombre que la peau, tenant contre son sein, un papyrus froissé.
*Tertullien, théologien carthaginois du IIème siècle.
** Doit-on encore le préciser ?
*** Hin-hin-hin. C'est tout ce que j'avais à dire.
_________________
Tigist est éthiopienne. | Moi, je garde toujours mes chaussettes pour faire ça devant mon écran. Ouèch.
Ils se font rares les rayons de soleil de lautomne, et quand on en trouve un, on voudrait ne jamais le quitter, et cest pour cette raison quelle se trouve assise devant lentrée dune taverne, habillée d'un noir plus sombre encore que sa propre peau, abandonnée la robe trop moche parce que trop occidentale, chéries les braies et les bottes qui lui donnent la sensation d'une liberté de mouvements qu'elle n'a pas tant. Les yeux clos, elle profite en silence de la chaleur que diffuse lastre solaire, ignorant avec superbe les murmures curieux ou angoissés des clients et des passants. Laubergiste ne la chassera pas, il est l'ami du Colosse, alors il suffit juste de faire abstraction de cette sensation dinconfort que lui procure la méfiance des « blancs » autour delle. Elle attend sagement. Qui ? Quimporte, pourvu que ce ne soit pas le Phallus*** inquisiteur auto-proclamé de la bande de pilleurs dont elle sest entichée qui va encore lui rebattre les oreilles de ses prêchi-prêcha et menaces, et du reste, il n'est pas venu avec eux. Alors elle attend. Quoi ? Qui peut savoir ce quil attend ou ce qui lattend ? Pas elle, et pas même ce quelle semblait attendre dès le premier jour où ses pas se sont posés en ville française, alors libérée du joug du syrien, dès le jour où elle a envoyé une lettre espérant que celle-ci trouverait le chemin de son Abyssinie natale. Et comme le volatile a bien fait les choses, car voilà quun homme savance, dissimulant à peine la répulsion quelle lui inspire et quelle ne voit pas elle a les yeux fermés et cest pour le mieux et toussotant pour lui signaler sa présence.
-« Oui ? »
Elle na pas ouvert les yeux.
-« Vous êtes la seule étrangère du Toulousain. Jai une lettre pour vous. Cela vous fera trente écus. »
Elle ouvre enfin les yeux pour considérer lindividu devant elle, qui pourrait être beau au regard si son physique nétait entaché par une couperose avancée. Sans un mot, la bourse à sa ceinture est saisie et elle fouille pour en sortir dix belles pièces dor quelle pose entre elle et lui.
-« Vous avez juste été chercher loiseau. Vous navez pas traversé la France. Cest loiseau qui devrait avoir les trente écus. »
-« Trente écus ou je déchire votre lettre de sauvage. »
Les vingt autres pièces sont jetées au sol, rejoignant leurs consurs, et avec mauvaise grâce, il se penche pour les ramasser et lui jeter la missive sur les genoux avant de partir, non sans se signer, geste qui nobtiendra quun haussement de sourcils et un soupir agacé de la part de léthiopienne, tandis que la lettre est ouverte sans difficulté puisque le sceau a été brisé. Oui mais ils nauraient pu lire ce quil y est écrit, lambre court sur le papier avec plaisir, appréciant les tracés délicats inhérents à la calligraphie amharique. Mais au fur et à mesure quelle lit, le sourire qui aurait pu poindre saffaisse, et elle sappuie contre le mur en proie à une agitation mentale éprouvante. Elle avait voulu prévenir quelle était toujours vivante, elle avait voulu saviser de la meilleure chose à faire pour rentrer chez elle. Elle avait voulu. Aide-toi et le ciel taidera. Dieu lavait si mal aidée, si mal renseignée.
Et qui viendrait là, ne verrait quune jeune fille à lhumeur aussi sombre que la peau, tenant contre son sein, un papyrus froissé.
*Tertullien, théologien carthaginois du IIème siècle.
** Doit-on encore le préciser ?
*** Hin-hin-hin. C'est tout ce que j'avais à dire.
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Tigist est éthiopienne. | Moi, je garde toujours mes chaussettes pour faire ça devant mon écran. Ouèch.