Pierraleif
Sans même prendre le temps d'ôter armure et galons, la Gouverneur décida, au terme de sa ronde, d'aller prendre un peu l'air. Comme si elle ne s'était pas encore assez aérée comme ça toute la nuit, hein ! Après tout, sa petite promenade passerait certainement pour un déplacement sécuritaire officiel. Seule ombre au tableau, la bouteille d'eau de vie qu'elle tenait en main. Avouons que pour le coup, c'est pas forcément ce qui était le plus intelligent à faire. Mais elle n'y songeait même pas. De toute façon, sa précieuse reprendrait aisément place dans sa besace si elle venait à croiser du monde.
Du monde ? Il y en avait. Quelques personnes au loin, allant et venant, s'attroupant un peu, sans doute. Alors, piquée de curiosité, elle rangea son bien et s'avança pour découvrir quelques visages crispés, des sourires, des rires, peut-être. Et puis il y eut cet homme qui prit la parole. Elle haussa un sourcil. Le Capitaine de Lorraine ? Elle ne savait rien de ce qui se passait, s'en contrefichait, d'ailleurs, mais ça laissait présager un peu d'animation. Elle lui adressa un petit signe de main, en la levant, tout simplement, sans plus d'agitation, pour répondre à son bonjour. Ben oui, elle était polie quand même, malgré tout. Puis elle posa les fesses à même le sol, un bras autour des genoux, l'autre main grattant furieusement les sutures à sa mâchoire, en attendant la suite des événements.
A l'entendre, il n'avait pas l'air content, le monsieur. Mais l'évocation du Conseil de Guerre lui fit pencher légèrement le buste en avant comme ça suscitait chez la Louve un intérêt tout particulier. Si jamais le moindre mot ne passait avec elle le pas d'une porte de salle sécuritaire, elle était toujours assez impressionnée lorsque cela venait d'autres. Alors, qui allait se jeter à l'eau pour déballer quelque déjection cachée ?
Elle ne savait s'il était coupable ou non, ni de quoi il était accusé. Ce qui retenait principalement son attention, c'était le fait qu'elle ait déjà, par le passé, été victime de ces murs derrière lesquels, parfois, l'on se permet de coincer une personne pour la massacrer en toute impunité. Sans doute à tort, elle fut prise d'une sorte de compassion pour celui qui faisait face.
Nouveau haussement de sourcil en entendant parler du Lion de Judas. Et comme tout les éléments commençaient à s'emboîter peu à peu, se remémorant son dernier mandat de parlementaire durant lequel on parlait d'une sorte d'escorte impériale composée de gens aux murs ou passé un peu, comment dire.. tumultueux, elle esquissa un léger sourire en coin, et les émeraudes scrutèrent le Capitaine lorrain avec plus d'attention.