Montecchio
Prudent, Montecchio avait débouché la bouteille de soit-disant calva et avait approché son nez... nez qui aussitôt, de lui-même, sembla réclamer son indépendance, telle la Normandie actuelle, et s'éloigna de la-dite boisson dans un plissement qui ne faisant aucun doute : ce n'était pas du calva mais un calvaire !
Il s'approcha alors d'une plante grasse, telle une vache (la plante, bien sûr... quoi que Montecchio avançait en ruminant quelque chose...) et versa délicatement quelques gouttes sur une feuille... Feuille qui se plia quelque peu sous le poids... se tortilla comme une espagnole qui danse... changea de couleur pour se noircir... et se décomposa pour laisser un trou encore plus béant que la bouche de Montecchio en cet instant !
- Ma, c'est oun liquidé dangéreux ! Il a tout rongé la planta ! Jé lé gardé en réserva...
Et il ouvrit son sac pour ranger la bouteille à côté d'autres petites fioles enserrées dans des linges. Voyant sa vieille sacoche à instruments étranges, et entendant Désirade parler de sévices, il leva la tête puis le doigt pour dire :
- Ma moi, j'ai passé ma ieunessé à tortourer des gens, jé sais coumment on s'y prend. J'ai ancora quelqués instrouments, et avec cetté bouteillé, jé peux lé fairé couiner comé les portés dé cé château abandonné. Ma il nous faut ouna raison pour céla : à part nous insoulter comé les autrés notablés nourmands, qu'est-ce qu'il a fait dé notablé célui-là .
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Signatoure ? Ma, jé né sé pas écrire !
Montecchio
- Les geôlés ? Ca sérait bien si on avait les clés, on pourrait vous jéter en patoura dédans... Ma là, jé crois qu'on va jousté vous attacher dévant ouna grilla avec oun prisonnier ploutôt énervé : quand il saura qui vous êtés, il aura pétêtré des doléancés à vous... soumettré ?
Montecchio demanda à Désirade si elle savait où étaient les geôles, à défaut il faudrait descendre. Il profita de la pause pour déposer Jason au sol et commença à le fouiller à la recherche de clés...
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Montecchio
- Ma, jé né m'intéressé pas aux côtes normandés, comptez-les vous -mêmé ! Désiradé, vous mêmé ? Heu, jé veux diré, vous-mêmé, ça sé dit comé ça... ?
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Montecchio
Montecchio ne s'était pas tout de suite rendu compte de la situation, habitué qu'il avait été à être frappé, battu, molesté et même torturé jusqu'à la perte de connaissance. Il attendait naïvement une réponse à son "vous mêmé... ?", bien sûr involontaire, mais rien ne venait...
Et donc rien n'allait...
Il avait comme... un nud dans la gorge, oui, c'est ça, il avait la gorge nouée ! L'émotion, sans doute...
Mais qu'est-ce qu'il voulait, lui, là, le grand Normand qu'ils avaient trouvé caché dans le château ? Tout rouge, en plus, l'air mauvais... hargneux, même !
Et ce bruit ! Parce qu'en plus d'être tout feu tout rage, il hurlait ce fou ! Il allait couvrir la réponse de Désirade, perdue dans ses pensées, ou encore sous le choc...
Montecchio voulut parler mais un simple filet de voix éraillée sortit de sa bouche... Le Normand était en train de l'étrangler ! Mais il faut faire cela en silence, pensa-t-il à lui souffler... Mais le découragement s'empara de lui. Il fixa tristement Jason et de ses yeux humides il lui signifia :
- Vas-y mon gros, serré... Plous rien né mé rétient ici...
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Montecchio
Montecchio avait déjà fermé les yeux pour ne pas amener un visage normand avec lui dans la tombe.Ce n'est pas tant la fin de la pression autour de son cou, ni la chute d'un corps lourd sur lui, que le dégoulinement d'un liquide quelque peu corrosif qui le tira de sa torpeur. Passant une main de sa joue à ses lèvres, il manqua de s'étouffer si sa gorge le lui avait encore permis.
Ne pouvant plus parler, chose qui n'aurait pas été possible de son vivant et peut-être la seule que Désirade regretterait, se disait-il, il pensa très fort :
- Pouah ! I'espèré qu'il pleuré, et pas qu'il... Ah no, jé né veux pas savoir, jé né peux pas mouriré comé ça !
Il ouvrit les yeux, et par-dessus l'épaule de Jason inconscient, il aperçut Désirade avec le même air fâché que quand il racontait une bêtise et s'écria :
- Lé paradis esisté !
Il se dégagea du corps encombrant, le fit rouler contre un mur et s'y appuya également en se tenant la gorge. Les rêves, c'est beau ! Mais la réalité était bien plus dure...
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Signatoure ? Ma, jé né sé pas écrire !
Montecchio
- Ma... Pouisqué jé vous dis... * inspiration * qué jé né veux pas mé marier... *souffle long * arrêtez dé mé harcéler avec ça, per favore... * pause * Comé dit lé poèté, no, no, tout ma pas ça...
Montecchio se retenait de sourire. Il retrouvait progressivement son souffle et dérougissait légèrement. Il avait souvent entendu cette phrase : "Non, ne parle pas..."
- Ma, lé laisser là, no... Soit on lé toue correttément, soit on lé soigné... Lé jousté milieu ça n'ésisté pas... On va diré à des habitanté dé véniré lé chercher... il s'est bien battou...
Montecchio se releva seul :
- Andiamo ! Jé vous souis... réconnaissant, si... ma jé vous souis aussi... Vous souivez ?
Il sortit alors du château pour trouver chercher des gens prêts à venir prendre le corps du dénommé "Djézoné Maqué Cordé" (ma si c'est ça, si !).
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Signatoure ? Ma, jé né sé pas écrire !