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[RP] Un plus un égal ... quatre

Lyantskorov
Un coup d’œil au clocher de Saint-Aignan indiqua à Lyantskorov qu'il était minuit moins vingt. Il était légèrement en avance. Tant mieux. Il tenait à être là le premier au rendez-vous qu'il avait fixé. Il claudiqua jusqu'à l'extérieur de Saint-Aignan, rabattit la capuche de sa pèlerine, et s'accouda contre la barrière d'un enclos. La femme à la drôle de pigmentation de peau n'avait pas intérêt à le faire attendre. Il fit rapidement le point.

Bon, d'accord, ils ne s'aimaient pas beaucoup, elle et lui. Et la faute en incombait en grande partie au barbu. Il faut dire que son accueil et la façon dont il l'avait traitée n'avaient pas eu grand chose d'amical. Méfiance, sarcasmes et hostilité aidaient rarement à sympathiser ... Mais, depuis le début, quelque chose lui disait de ne pas faire confiance à cette femme ... son attitude l'irritait quelque peu, sans compter qu'il avait du mal à la cerner. Et puis, si elle n'avait pas menti ... ça voulait dire que Sarah avait pris des décisions qui pourraient l'affecter.

Et puis surtout, il avait quelques questions à poser à Sarah. Certaines purement explicatives, d'autres qui l'inquiétaient autrement. Qui portaient sous doute à sourire, et pourtant qui nourrissaient une nervosité croissante (et sans doute un peu irrationnelle) depuis qu'il avait laissé la femme avec qui il avait donné rendez-vous. A vrai dire, il n'était pas sûr de vouloir savoir, mais ...

Enfin, il y avait un petit imprévu; une jeune fille, une noble, allait être de la partie. Elle était en quelque sorte garante de la sécurité de la femme qui cherchait à voir Sarah. Il sentait que les explications allaient être longues, et compliquées. Il prit une longue inspiration, et regarda une nouvelle fois l'heure. Elles ne devraient plus tarder ...
Maryah
... et tu restes à distance ... mais si tu vois ou entends une lame, tu rappliques ? C'pas compliqué hein ?! Mais faut vraiment qu'il croit qu'j'suis seule ; dès qu'j'aurai retrouvé Sarah, y aura plus d'raisons de s'inquiéter.

Le tout est à peine murmurer à l'homme, à la croisée de deux chemins. Un des trucs qu'on apprend à la Cour des Miracles, il faut toujours assurer ses arrières.

Cet imbouffable Lyan avait exigé : "avec une seule arme". La dague qu'Apeau' avait volé à Sarah des années plus tôt ferait bien l'affaire. Elle égorgeait bien les cochons, c'est pas l'cou d'un homme qui allait lui résister. Mais, fine négociatrice, ayant tout de même du mal à croire que Sarah s'était vraiment fichue dans les pattes de cet insupportable homme glacial, Maryah avait exigé à son tour la présence d'une Damoiselle. Celle-ci était toute jeune, et certainement fort "choquable" ; mais elle était déjà attirée par le danger, et le barbu semblait manifester à son égard une attention dont Maryah, de toute évidence, ne bénéficiait pas. Et puis, cette jolie donzelle ferait une otage idéale, au cas où, avec sa nuque si gracile et ce sang froid inné.

Il était bientôt l'heure. Maryah s'avançait sur le chemin qui conduisait à la sortie de la ville, comme convenu. Elle repensait à différents moments à Nauzhror avec Sarah, elle repensait surtout au jour où elle lui avait volé sa dague, histoire d'assurer un cours auprès de Fauve. Ce qu'elle avait pu rire. Et les couteaux de lancer d'Auxane. Et la porte défoncée par le fol et le muet, l'enlèvement, les meurtres, la magnifique salle de tortures, et la mort de Tann' ... Oh oui, elle n'avait rien oublié.
Elle avait aussi les courriers de la Belle, là, tout contre son cœur. Elle avait dit qu'elle l'aiderait. Les deux Sanguinaires réunies, tous les obstacles voleraient en éclat.

Et côté obstacle ... il avait fallu qu'elle tombe sur Lyan ! Qu'est c'que Sarah pouvait bien foutre avec ? Collectionnait-elle les aventures comm'le lui avait raconté Tynop ? Etait-il l'homme d'un soir ? d'une semaine ? Etait-il son amant ? son collègue ? son amoure... oh non ça c'était trop dur. Maryah n'avait plus aucune confiance dans les hommes, depuis que celui de son village l'avait violenté. Faisant remonter à sa conscience maintes blessures et fêlures du passé. Ce Lyan allait dégager vite fait. Aucun n'était de confiance. Suffisait de le savoir et de l'apprendre par cœur. ça avait été si amusant, ce soir, en taverne, de lui faire croire qu'elle aimait les femmes, et qu'elle et Sarah avaient eu un passé mouvementé. Lui faire croire aussi qu'à trois dans une couche, c'était plus excitant qu'à deux. Après maintes stratégies et questionnements, elle avait enfin trouvé une prise sur l'homme ; il était amoureux de Sarah, jaloux, et il avait un souci avec les perversions sexuelles. De quoi le faire partir bien vite. Suffirait de jouer en finesse.
Et puis la damoiselle Ernestine allait certainement lui faire une jolie offre. Un homme ne quitte pas une situation sans en avoir une autre. Il ne lui restait qu'à détruire ce qu'il avait, tout en lui construisant une jolie nouvelle situation et le tour serait joué.

Et elle pourrait retrouver Sarah, pour passer aux choses sérieuses. Si Lyan avait des envies de meurtres, Maryah venait chercher auprès de Sarah comment tuer l'envie de tuer. Ce serait dangereux ... et Maryah redoutait les entrainements de Sarah. Et si elle perdait le contrôle ? et si elle saignait Sarah ? Et si elle faisait du petit un orphelin ?
Ou alors ... et si elle la ramenait vers son clan. Si elles devenaient indestructibles, si elles s'en prenaient l'une et l'autre à leur violeur et qu'elles les réduisaient en pièce ? Oh oui ce serait si bon ... D'ailleurs, Maryah avait un domaine entier sur lequel marcher, et une armée entière à détruire. Fallait juste qu'elle apprenne à se contrôler avant ... éventuellement ...

M'y voilà, un peu avant l'heure ! Tu peux m'fouiller si l'coeur t'en dis, mais comme t'as dit j'ai qu'une seule dague ! Où est Ernestine ? Tu crois qu'elle viendra ? Y m'tarde de voir l'enfant et Sarah ...

Un p'tit regard sur ses arrières, puis sur le chemin d'où devait arriver la damoiselle. Elle allait revoir Sarah ... à moins qu'il ne travaille pour ces fichus Italiens, et ça promettait un combat sans merci ... Mais ça, elle le devait bien à Sarah !
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Ernestine.
Elle s'était couchée dès sa sortie de l'Ortie Noire, tenue par les Champlecy, son frère absent, elle aurait eu le loisir de sortir comme elle l'entendait, mais il fallait qu'elle dorme, la nuit serait longue. Alors dans un demi sommeil, elle plongea.. Elle avait alors enfilé une robe de nuit, comme à son habitude, brodée comme ses robes de grand jour. Comme d'habitude, elle avait éteint les chandelles après avoir écrit quelques lettres. Une première, dédiée à l'homme rencontré. Une seconde, à son aîné. Et une troisième pour elle même. Souvent, elle écrivait ce qu'elle avait vécu ce jour, et jamais la lettre du soir, adressée à elle même, n'avait été aussi longue. Jamais elle n'avait écrit autant de ligne. Et jamais elle n'avait parlé à des inconnus.

La journée fut longue et rapide à la fois. Une première heure où elle était seule avec un berrichon de retour, et l'homme. L'Homme, le terrifiant. Il l'avait un jour menacée. Un jour, à l'Ortie noire justement, elle s'était moquée de lui et du fait qu'il entrait, buvait, puis repartait aussitôt. Il avait alors soulevé sa cape, laissant entrevoir un poignard, et tout cela accompagné d'un grognement sinistre. Sinistre comme lui, elle le lui avait alors confié, il lui avait rétorqué qu'il y avait pire que lui. Elle, elle ne connaissait pas pire que lui, à part Carmin qu'elle avait déjà aperçu et qui lui avait laissé une mauvaise impression.

Tout d'abord, ce jour elle lui avait payé une chope, et puis elle lui avait parlé, et lui avait grogné. Elle lui avait proposé une affaire: une affaire pour eux deux. La nobliaute qu'elle était était peu appréciée de l'homme, et elle avait du le convaincre habilement, en laissant parler son coeur. Tout de suite il lui avait plut. Tout de suite, elle le désirai pour ses affaires. Point des affaires de politique, comme il l'eut crut. Et quand elle connu son point faible, cette jeune femme, elle avait sauté sur l'occasion. Moi aussi j'ai des gens à protéger, expliqua t-elle pendant des heures. J'ai rien à t'proposer, lui répondit-il à peu près. Mais des heures durant, ils avaient discuté, et avaient même rit.
Et puis la jeune pucelle le trouvait agréable. Sa compagnie était inhabituelle, mais néanmoins agréable. Et ce visage balafrée, elle l'aimait bien aussi. Plus tard, les choses s'étaient envenimées, et Ernestine s'était interposée entre lui et la fille étrange -à qui elle ne fit pas de réflexion sur son étrangeté.

Alors elle s'était levée vers onze heures et demie. Un record pour se préparer, mais la nuit, nul n'est censé être élégant. Le pantalon de cuir, elle ne l'avait pas encore trouvé. Alors elle fouilla dans les affaires de son aîné, sorti le pantalon le plus petit et l'enfila par dessus ses braies. Ridicule ! Ils se moqueraient bien d'elle, ainsi, la nobliaute était devenue manant.

Vêtue de sa cape, elle se rendit au point de rendez-vous, après avoir angoissé quelques instant. Elle faisait après tout de la bonne chaire, autant en tant qu'otage qu'en tant que mannequin d'entraînement. Mais c'était peut être nécessaire pour la sécurité de l'étrange fille.
Mais l'homme, elle lui faisait confiance. Quand elle lui avait parlé d'un mariage arrangé, il avait semblé être attendri (bien qu'il s'agisse d'un mot fort). Alors il lui avait dit quelque chose qu'elle avait presque promit de ne jamais divulguer. Cette chose, elle la gardait au fond d'elle; tout au fond. Elle devait lui faire confiance, même si ses amis semblaient être de mauvaises fréquentation.

La nièce du Marquis arriva alors pile à l'heure. L'homme et la femme étaient là.

-Bonsoir. Elle déglutit. Comme promis, je suis là.

On ressentait la panique dans sa voix, et celle-ci commençait à paralyser ses membres. Elle regretta aussitôt d'être venue.

-Euh... Eh bien... Euh... Je... Je n'ai pas d'arme, Lyan...

C'était tout aussi ridicule que sa tenue: Bien sûr qu'elle n'avait pas d'arme, la bien née! Son arme habituelle était son élégance et son nom, mais ici, il ne conviendrait à personne. Il ne fallait pas qu'elle se dégonfle, sinon, Lyan ne lui ferait jamais confiance, c'était sûr. Elle se planquerait derrière les deux autres, se questionnant encore sur l'objet de sa venue.
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Lyantskorov
Il accueillit la première arrivante d'un regard critique et d'un grognement.

" Il m'semblait t'avoir d'mandé d'te taire. "

Il croisa les bras, le visage peu avenant. Le Slave n'avait pas l'air décidé à en dire davantage. Il était bien établi entre eux que le sentiment principal à son sujet, c'était l'animosité. Ah, vraiment, le dégel s'annonçait bien ... A présent, il lui tardait de voir arriver Ernestine, et de se mettre en route, histoire d'être fixé une fois pour toute sur cette affaire. Trop de questions se bousculaient dans sa tête, et au plus tôt il y répondrait, au mieux il se porterait. Du moins l'espérait-il. Enfin, pour l'heure, il tâchait de rester concentré sur l'heure et sur le trajet qu'il allait leur faire prendre, histoire d'épargner trop de tourments à son esprit. Il s'occuperait de ces choses seulement une fois qu'il aurait eu réponses à ses questions.

D'ailleurs, les raisons pour lesquelles celle qui s'était faite appeler "Apeau" avait tenu à ce que la jeune noble les accompagne étaient assez ombrageuses. Enfin, pour au moins une chose, il semblait qu'elle avait eu raison, car ainsi, Lyantskorov avait renoncé à son idée initiale d'escorte à sa manière ... à savoir yeux bandés, lame posée contre les côtes, et en passant par des chemins accidentés. La présence d'Ernestine changeait un peu les choses. Elle s'interposerait sans doute s'il cherchait à frapper l'impertinente. Cela l'aiderait sans doute à rester pacifique, à moins que l'autre ne l'énerve de trop. Et puis, il fallait voir le bon côté des choses; la nobliaute lui était plus agréable que la femme qu'il croyait adepte du saphisme. Et surtout, il avait bien plus tendance lui à faire confiance. Il se demandait comment "Apeau" allait expliquer ça à Sarah. Encore une fois, on verrait bien.

Heureusement, la jeune fille ne tarda pas. Il ne fit pas mine de se moquer ou de délivrer un de ses sarcasmes. Bien évidemment, quand l'autre était arrivée avec une provocation, la nobliaute roulait, elle des yeux effrayés. Quoi qu'il en fut, le barbu n'était pas là pour qu'ils passent du bon temps dans une virée entre amis. Alors, il fit un geste sec de la main.

" On est partis. "

Et, claudiquant, il mena la marche, se plongeant dans un mutisme glacé, son visage refermé, comme il avait l'habitude de le faire lorsqu'il voyageait. Ils avaient l'air particulièrement suspect, sans doute, aussi jeta-t-il de furtifs regards derrière lui pour vérifier que personne ne les épiait. On ne se refaisait pas. Il leur faisait prendre le chemin qui semblait le plus évident lorsqu'on connaissait la destination. Enfin, la plupart du temps, car régulièrement, il les faisait prendre des sentiers moins évidents ... assez accessibles là où ils passaient, mais plein de ronces et autres embûches à proximité.

Car depuis qu'ils étaient partis, l'impression détestable d'être observé ne l'avait pas quitté. Il se retenait de ne pas se retourner brusquement, prêt à jeter son poignard, à chaque instant. Il n'en montrait rien, mais il était nerveux. Quelque chose dans l'air ne lui plaisait pas. Alors, quand ils arrivèrent à une butte surélevée, il s'arrêta près d'un arbre.

" On fait une halte ici. J'ai quelque chose à récupérer. "

Et il s'agenouilla près de l'arbre, pour creuser. Mensonges que tout cela; il n'y avait rien. Mais cela allait lui laisser un peu de temps pour surveiller les alentours ...
Ernestine.
Rien, pas un mot. Rien à foutre. Pas une tape amicale dans le dos, pas un seul mot de réconfort. Elle pouvait bien s'asseoir dessus. Mais elle était satisfaite, parce que pour une fois, son nom ne lui donnait accès à rien sans effort. Ses preuves, elle comptait bien les faire. Mais pour le moment, elle restait paralysée. Quelques mots du Barbu, il part en claudiquant, à son habitude. Elle cligne des yeux une bonne dizaine de fois et prend bien dix mètres de retard. Elle était dangereuse pour eux, parce qu'avec l'armée à Saint Aignan, ils seraient remarqués rapidement. Alors elle se pressa et trottina jusqu'à être derrière l'homme de l'est -parce qu'elle ne sait pas ce que veut dire "Slave". Elle était bien la seule à marcher sur des brindilles trop bruyantes, elle était bien la seule à se tordre les pieds dans des monticules de terre éparses.

Elle avait bien des choses à dire, comme d'habitude, des phrases qui commencent par "Dis, Lyan..." mais le moment était mal choisi. Il ne faisait pas très chaud, alors quand il leur dit qu'il doivent faire une halte là, parce que Messire "A quelque chose à récupérer", elle gesticule sur elle même, tentant de se réchauffer. Parce que les nobliautes, c'est bien frileux, l'hiver venu, sans cheminée.
Elle pensait beaucoup aux conversations qu'elle avait eu. Elle commençait dès à présent à faire une liste de nom, et elle se demandait si elle aussi, elle finirait la gueule balafrée. Parce que rien que son comportement avait changé, ses mots, aussi, elle insultait les gens de "bâtard" de "Putain", et cela, sans retenue, mais non sans fierté.
L'homme s'était agenouillé à terre et creusait au pied de l'arbre. Elle soupira longuement. Si c'était ça, la vie de brigand-mercenaire-je-ne-sais-quoi, elle passerait sa vie à râler. Et puis elle se surprit entrain de penser ça, et elle secoua la tête pour chasser de telles idées.

Elle ne disait mot, essayant de ne pas bouger, plantée, là.
Et si... Et si ses gardes la voyaient? Ils auraient la gorge tranchée. Mais ça, elle ne se le pardonnerait pas. Elle savait bien qu'ils étaient le genre de type à fréquenter des bordels, mais elle se sentirait bien coupable, terriblement coupable. Comme un chien, Lyan avait semblait-il, senti quelque chose. Elle se mit sur ses gardes également, même si elle était plus un fardeau qu'une aide.

Une joute verbale s'incrustait dans sa tête sans qu'elle ne le veuille.
-Il maîtrise la situation. Il maîtrise. Oui... Oui mais... Il maîtrise. Oui, mais il boîte. Et alors, il tranche pas des gorges avec ses pieds.

Elle prit sa tête entre ses mains, complètement perdu, prête à trembler.

-S'il est vivant, jusqu'à présent, c'est bien qu'il l'a... mérité.

Elle ne pensait plus. Elle ne pensait plus que son réflexe n'était plus de fuir, mais de trancher la gorge de gens trop curieux. Elle ne se rendait pas compte qu'après cette nuit, la gamine qu'elle était aurait complètement changé.
Elle retournerait prier pour lui, le lendemain. Elle y retournerait à chaque fois qu'il y aura une église, ou une chapelle.
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Torvar
Elle lui avait dit de se cacher, de rester dans l’ombre… l’ombre c’était bien ce qu’il affectionnait ces derniers temps. Trop de monde semblait vouloir s’accaparer sa personne à commencer par ces retrouvailles un peu mouvementées d’avec sa fille. Qui aurait cru que ça se passerait ainsi… Alors quand la brune avait dit d’être là et de veiller il ne s’était pas fait prier.

Trouvant un abri à bonne distance après s’être séparé de Maryah, il l’avait regardé partir du coin de l’œil, s’assurant qu’elle faisait chemin tranquillement avant de lui tourner le dos et de se planquer. Il avait un peu sondé la donzelle depuis qu’il faisait route ensemble mais ne voulant pas rentrer dans les détails du pourquoi, comment elle était ainsi, il avait respecté ses longs silences, ses regards ailleurs, ses mouvements emprunts parfois d’une nervosité tout autant qu’ils pouvaient être assurés. Torvar s’était mis à son service parce qu’il avait besoin de sortir de sa tête tout ce qu’il s’était passé ces derniers temps. Chacun sa méthode, lui il s’enfermait dans son monde de silence.

Il n’était pas homme à se répandre en confidences même sur l’oreiller et encore moins sur l’oreiller. Alors à une personne qui lui était inconnue il y avait de ça quelques jours, pensez bien que c’était encore plus silencieux… Mais ils étaient ainsi dans son clan, là-bas à l’est. Et puis Torvar n’était pas homme à bavasser à tort et à travers. Il était là pour le travail, rien que pour le travail. La brune avait besoin de son aide, il ferait ce pourquoi il était payé.

Torvar avait décidé de se planquer en hauteur pour mieux appréhender la situation alors avec une certaine agilité malgré son âge, il avait enjambé une barrière puis il avait grimpé sur une branche et enfin une autre pour se stationner là où c'était le mieux pour lui. Heureusement, le vent d’automne n’avait pas complètement dépouillé le centenaire sur lequel il avait osé monter et il pourrait au moins suivre Maryah parce qu’à cette heure-ci, fallait vraiment en vouloir pour faire le guet. D’ailleurs, cette situation ne lui disait rien qui vaille. La laisser se rendre seule à un rendez-vous… Foutue bonne femme qui n’en faisait qu’à sa tête… et celle-ci avait la tête dure, peut-être pas tout en ordre mais dure assurément !

Le cosaque s’installa donc sur la branche qui semblait bien supporter son poids, enveloppé dans sa longue cape. Il cherchait le moindre mouvement dans les alentours, un branchage qui s’agiterait, un bruit de cheval qui viendrait d’un autre chemin… tout était à craindre, il ne connaissait personne de ce rancart sauf celle qui l’avait engagé et comme à l’accoutumée, il n’avait confiance en personne… Question de praticité. Au moins les amis qui vous poignardaient dans le dos étaient d’un nombre limité. Repérant à nouveau Maryah, Torvar focalisa son attention sur elle, dans l’attente de la suite des évènements. Un mouvement, un bruit suspect attira son regard et immédiatement, sa dextre se porta à sa ceinture où reposait son poignard, en serrant le manche avec aplomb et fermeté.

Des mouvements, des ombres sortaient de leur cachette, Torvar se redressa. Inspirant profondément, il plissa les yeux afin d’habituer ces derniers à l’obscurité et surtout ne pas perdre de vue la brune. Les autres, il en fit vite le tour. Seul le barbu ne lui inspirait pas confiance. La donzelle qui les accompagnait n’était pas d’un gabarit à poser de problème à Maryah donc le danger c’était lui. Bien, ils étaient tous dans sa ligne de mire et commençaient à avancer… Torvar ne se fit pas prier. Même de loin, il avait l’habitude de pister le gibier. Un sourire naquit sur ses lèvres aux traits marqués. La chasse promettait d’être intéressante aussi se mit-il à suivre le mouvement, de loin, de très loin. Faisant des poses afin de ne pas se faire repérer, grimpant sur une branche à proximité et se collant contre le tronc majestueux d’un chêne, attendant que l’équipée avance un peu plus. Et la lune était son alliée ce soir, pas trop ronde pour ne pas trop l’éclairer. Il y avait des nuits où la chance l’accompagnait.
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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, un MP.
Maryah
Combien de fois, combien de personnes, avaient pu lui demander de se taire ? Combien ?! Bref, un de plus. Le souci c'est qu'une esclave affranchie ça n'écoute plus rien ni personne. ça désobéit même couramment pour s'assurer qu'elle est bien libre. Simple histoire de vérification.

Mais pour ce coup ci, elle va se taire. Parce que d'ici peu de temps, ou un peu plus, elle retrouvera Sarah. Et l'Enfant. Et retrouvera un peu de vie. P't'êt' même une nouvelle raison de vivre. Que fera t-elle quand elle la verra ? Enfin là ? Lui tombera t-elle dans les bras ? Ou s'écroulera t-elle tout simplement ? Son plus grand souhait : s'écrouler. Laisser tomber l'armure, la carapace, la douleur, la honte, la rage, la colère ... oui, laisser tomber ...
Voilà qui lui occupe l'esprit pendant qu'elle enjambe le chemin mal dégagé, non éclairé, tortueux et piégé ... Pfffff, ne jamais laisser un homme décider de la route ! Bref ...

Et maintenant, voilà qu'il s'arrête ... La patience de l'ancienne sanguinaire a toutefois ses limites. Elle regarde le petit couple en train de se former, la jeunette n'ayant d'yeux et de paroles que pour lui, lui se sentant indispensable à la donzelle ... par déos, avait elle fait ça à ses 15 ans avec Enguerrand ? Déos ... sur ce chemin qui la ramène vers son passé, rien mais vraiment rien ne lui sera épargné. Ni la blessure à l'avant bras issue de la perte de contrôle du barbu, ni les platitudes et miellitudes de deux personnes qui se rencontrent et qui n'veulent rien s'avouer ... P'tain d'vie ! J'vous jure. Du coup, y a un moment où elle se retrouve les nerfs à vif, et où elle ne peut plus se taire :

Une halte ? Dis-voir Lyan ! Est-ce que tu sais seulement où tu nous emmènes là ? Pas qu'la ballade soit désagréable hein ... j'adore chuter dans les pierres et les branches d'arbres, et j'trouve jubilatoire d'arracher mes braies sur les ronces, mais ... euh ...
Est-c'qu'à un fichu moment, tu vas remplir ta part du contrat, et m'emmener auprès de Sarah ? !


Non mais c'est vrai quoi ! ça fait trois plombes qu'elle est partie pour rejoindre Sarah, et bientôt il lui faudra autant de temps pour traverser les royaumes, que pour traverser ce maudit chemin.
Elle bout ! Toutes ces souffrances endurées, cachées sous des paroles légères et son comportement de peste, elle n'en peut plus. Elle va craquer, elle va exploser. Elle ferme ses yeux un moment, se passe les mains sur le visage, pose son regard noir sur lui et reprend froidement :

J'te demande pas la Lune ; je te demande de me conduire à la Sanguinaire ...

Elle s'appuie à l'arbre elle aussi, il lui faut reprendre contenance. La fin du chemin est proche. Elle s'y accroche ...
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Sarah_callahan
[Et quatre plus un…égal cinq.]

Enfin, plutôt cinq-et-demi si on compte le môme qui pionce dans les bras de la nourrice en qui l’Ecossaise a relativement confiance. Oui, il dort pour une fois, ce qui est loin d’être le cas de sa mère. Les derniers jours n’ont pas été de tout repos pour elle. Loin de là.

Tout a commencé jeudi sur de la fièvre, un nez qui coule et des pleurs incessants. Sans connaissance en médecine, elle s’était inquiétée très rapidement. Une missive avait été envoyée à Ayla, une autre à l’Eclopée. Samedi soir, toujours pas de réponses. Un cheval scellé, une brune sur le départ. Encore une fois elle part sans prévenir le barbu. Encore une fois, elle merde. Elle le sait et pourtant c’est à brides abattues qu’elle fonce vers le patelin suivant. Arrivée à Bourges dimanche très tôt le matin. Elle passera son temps à dégoter des médicastres plus ou moins consentants à travailler le jour du Seigneur pour qu’on lui démontre à chaque fois par A+B (eh oui, encore une histoire de somme) que ce n’est qu’un rhume et non pas une maladie mortelle.

Elle a perdu sa fille, elle ne perdra pas son fils. Alors oui, elle a du mal à retrouver ces gestes doux qui lui venaient naturellement avec Lana. Oui encore elle a du mal à laisser sa progéniture à une nourrice, aussi qualifiée soit-elle. Et, oui, elle s’angoisse pour pas grand-chose. Il faut qu’elle réapprenne à être mère, elle en a conscience. Mais était-ce une raison pour qu’à son retour ce soit un bordel sans nom qui l’attende ?

Tard dans la nuit elle avait trouvé le Slave en pleine conversation avec une donzelle du nom d’Ernestine, noble selon toute vraisemblance. Passé le moment d’étonnement sur le fait que le barbu s’entende relativement bien avec une nobliaute, elle s’était vue complètement dépassée par les questions dudit barbu. Il avait insinué qu’elle et Maryah avaient eu une liaison, propos apparemment imputables à Maryah elle-même. Elle s’était bien marrée avant de penser aux conséquences qu’entrainaient les interrogations lyantsienne… Primo, Apeau avait sorti une monumentale connerie sans raison apparente. Deuxio, le Slave ne lui faisait pas vraiment confiance. Troisio…c’est qui ce type ?

Elle n’a pas mis longtemps à l’apercevoir. Quand on a bénéficié de l’enseignement de deux Maistres aussi dangereux que l’étaient celui qu’elle aura toujours vouvoyé et Tann’, on se méfie de tout. Le moindre craquement de brindilles, le moindre bruit de respiration…tout est perçu, décrypté, jaugé. L’homme qui les suit est un professionnel. Expérimenté. Dangereux. Et puis pourquoi les suit-t-il ? Ouais, elle aussi elle est là où elle ne devrait pas être. Elle aussi elle espionne, écoute, suit. Sauf qu’elle, elle a ses raisons. Vous voulez la liste ? Oui, on va dire que oui.

1-Revoir Maryah
2-Comprendre pourquoi la nobliaute passe tout son temps collée aux chausses du Slave
3-Obtenir des explications sur le mensonge saphique
4-…élucider le mystère du bandage sur l’avant-bras droit de Maryah.

En fait, c’est ce quatrième et dernier point révélé quand la Sanguinaire se passe les mains sur le visage qui pousse Sarah à s’avancer vers l’étrange trio. Une dextre autoritaire s’empare du poignet droit d’Apeau, des prunelles inquisitrices viennent se river à celles qui leur font face.

C’est quoi ça ?

Elle a un mauvais pressentiment la brune du Nord. Elle sait que Maryah et Lyan ne peuvent pas se blairer tout comme elle connait les aptitudes guerrières de ce dernier. Elle sait aussi qu’il a usé de sa force sur deux de ses cousines. Joy et Ayla. Alors, secrètement, elle prie pour que la blessure sur le bras de l’Epicée soit un simple résultat des péripéties de son voyage. Parce que sinon…sinon elle est incapable de prévoir sa réaction vis-à-vis de l’homme qu’elle aime.

Desserrant son emprise sur le poignet, elle s’appuie elle aussi contre l’arbre, bras croisés. Elle semble partagée entre colère et détermination mais ceux qui regarderaient de plus près pourraient voir l’ombre d’un sourire se dessiner sur ses lèvres alors que son épaule frôle celle de son amie. Elles se sont retrouvées après tout ce temps… Elle n’a rien oublié des journées à Nauzhror, pas plus qu’elle n’a oublié leurs échanges épistolaires. Elle prendra le temps de dire à la Sanguinaire à quel point elle lui a manqué une fois qu’elle aura eu des réponses à ses questions. Et elle l’aidera à vaincre ses démons une fois que le « suiveur » sera mis hors d’état de nuire…
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Lyantskorov
Le Slave soupira. Est-ce qu'elle ne pouvait pas la fermer ? Et puis, comment ça, la sanguinaire ? Bon, d'accord, l'Ecossaise aimait la castagne, mais tout de m... à moins que ... ? Enfin, tout cela n'avait pas d'importance immédiate. Ses oreilles tâchaient de guetter le moindre bruit suspect. Il en était sûr, à présent. L'impression était bien trop persistante. Si la grande gueule pouvait éviter de venir tout parasiter ...

" Tu m'emmerdes, d'accord ? J'me contrefous qu'les conditions n'te plaisent pas. Si ça n'te convient pas, tu dégages. Sinon, tu m'laisses faire. Tu vas la voir, l'Ecossaise. "

Lui dire de rester prudente ? Et si c'était elle, qui avait envoyé quelqu'un ? Non, il ne pouvait pas prendre ce risque. Elle lui avait menti sur certaines choses, déjà ... et il cherchait encore à savoir pourquoi ... et surtout, pourquoi ces mensonges. Voilà pourquoi lui-même tenait à avoir une entrevue, à la fois avec Apeau, mais également avec Sarah. Il voulait voir la tête que l'Ecossaise ferait lorsqu'il raconterait certaines choses ... Sans appel, il recommença sa besogne prétextée.

Brusquement, Lyantskorov se redressa et pivota, sa main salie par la terre portée à la lame de son long coutelas, tâchant d'ignorer la douleur qui se faisait ressentir comme il prenait un appui un peu trop fort sur sa cuisse droite, pour se retrouver face à la grande gueule et ... Sarah. Le barbu poussa un soupir de soulagement, lâchant son arme.

" Pourquoi tu n'as pas attendu ? Tu croyais qu'j'allais égorger ton amie si tu n'te pointais pas à temps ? "

Il esquissa un rictus, entre sarcasme et sérieux. Il aurait menti s'il avait affirmé que l'idée ne l'avait pas tenté ... Il sembla renoncer et s'asseya, dos posé contre l'arbre.

" Pour maint'nant, j'chercherai plus tard ... " grommela-t-il pour justifier l'arrêt de son "travail".

Enfin, la vigilance n'était pas retombée. Pendant qu'elle semblait réprimander son amie, le Slave chercha le regard de Sarah, pour la prévenir. Mais quelque chose lui disait qu'elle était sur ses gardes, elle aussi. L'impression qu'on les épiait ne s'était pas dissipée; et donc, s'il ne se trompait pas, il y avait encore quelqu'un, dans les parages. Sûrement pas ami.

Alors, dès qu'il aurait identifié la menace ... s'il ne ratait pas son coup, un lancer de couteau règlerait la question ...
Maryah
" J'te demande pas la Lune ; je te demande de me conduire à la Sanguinaire ..."
Tu m'emmerdes, d'accord ? J'me contrefous qu'les conditions n'te plaisent pas. Si ça n'te convient pas, tu dégages. Sinon, tu m'laisses faire. Tu vas la voir, l'Ecossaise.

Là, il commence sérieusement à lui courir sur le haricot ! Et pas que ! Sait-il seulement depuis combien de temps elle est en route pour LA voir ? Le nombre de duchés traversés ? Le nombre d’embûches dépassés ? Le nombre d’heures à marcher ? Et môssieu le barbu qui fait obstacle depuis quelques temps voudrait encore la faire attendre ?! Non ! Elle va le déchiqueter ! L’réduire en morceau ! En poussière même ! Elle va l’saigner ! L’étriper ! L’évider ! L’ …

Et soudain, elle apparaît ! Elle est là, la jolie Sarah, et les images du passé submergent Maryah, alors que ses ébènes se posent sur elle, hésitant encore à y croire : Sarah, la brune emmerdeuse qui servit un temps Baphomet, celle qui l’avait aidé aussi à installer la nouvelle salle de torture, la concurrente de taille au lancer de fléchettes sur borgne, l’indispensable confidente des soirées beuverie, la grande organisatrice du saute-armée, … et depuis quelques mois, la correspondante enflammée, sanguinolente. Certainement la seule qui puisse comprendre ce qu’elle vit, ce qu’elle traverse.

Mais elle est là. Elle lui a attrapé le poignet, comme le Phénix l’avait fait. Maryah grimace, grogne et cherche à s’en dégager, sentant son bras suffisamment tuméfié sous le coup du soir dernier abattu par l’incontrôlable barbu.

- C’est quoi ça ?
- Aïe aïe Aïeuhhhhh ! Déconn’pas !
Regard interdit de Maryah sur Sarah. Mais qu’est c’qu’on s’en fout !, a-t-elle bien envie de lui lancer.
- Pourquoi tu n'as pas attendu ? Tu croyais qu'j'allais égorger ton amie si tu n'te pointais pas à temps ?
Ma foi … c’était quand même pas passé loin. Et la seule idée que l’homme ait pu la frapper au visage, comme on ne le fait qu’avec les esclaves, suffisait à rendre Maryah nerveuse. D’ailleurs, Maryah lance un regard noir à l’homme. Le démonter auprès de Sarah, ça viendrait en son temps. Comme tout vient toujours à temps.

Mais pour le moment, l’émotion des retrouvailles s’instille dans les veines de l’étrangère, qui offre un p’tit sourire en coin à Sarah et lui tapote les épaules en signe d’affection. Les grosses embrassades et effusions, c’est pas trop leur genre. Et le temps se supend … l’espace d’un dialogue entre les deux Sanguinaires retrouvées, comme si Lyan, Ernestine et l’Ombre n’étaient pas là …

« J’ai bien fini par croire que j'te trouv'rai jamais ! »
- Tsss, on les enterra tous j'te rappelle !
- T'as pas changé tu sais !
- Boarf, d'nouvelles cicatrices, pas encore d'rides...
- C'est bon d'te voir Sanguinaire !
- Et si tu répondais à ma question, hmm ?
Mouais c’est vrai, qu’après tout, ça d’vait être assez surprenant pour la Sauvageonne de Sarah de retrouver l’espiègle medicastre de Nauzhror avec un bandage bien peu soignés ; pis, si ça pouvait creuser un peu plus le fossé entre Sarah et Lyan, y avait pas de raison de s’en priver :

- Ho ! J’te raconterai tout ça en détail, mais disons que l’Barbu à tes côtés là … dont tu n’m’as au passage jamais parlé dans tes courriers, et que j’sais toujours pas qui sait … perd un peu trop vite son sang-froid. A moins qu’avec le temps, mes remarques soient devenues légèrement plus acides … D’ailleurs, j’ai pas confiance en lui ; alors j’ai pris mes précautions …

Se retournant, elle lance le signe convenu avec Torvar, pour signifier qu’il peut les rejoindre et qu’il n’y a –normalement- plus de danger.
… j’ai engagé un gars pour surveiller mes arrières ; ton gars est trop nerveux …

Et de regarder à travers la nuit et ses branchages, en attendant que Torvar se joigne à eux, n’arrivant pas à distinguer l’Ombre, tellement l’homme est discret et imprévisible.

Voilà. Les retrouvailles sont faites. Sarah, Lyan, Ernestine, Torvar et Maryah forment un joli petit cercle, où les intérêts et les volontés vont pouvoir commencer à se friter …
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Torvar
Il les suivait depuis un moment, jusqu’à ce que le barbu décide de se mettre à gratter la terre. Arquant un sourcil, Torvar se demandait s’il allait creuser loin comme ça… Trésor ou cadavre serait mis à jour, telle était la pensée qui amusa une fraction de seconde le cosaque. Mais un craquement de brindilles mis ses sens en alerte. Il lui avait semblé entendre furtivement déjà quelques mouvements sur le côté, parallèlement à lui. Mais qui suivait donc le suiveur qu’il était ?

La réponse lui fut vite donnée car « l’ombre » s’approcha doucement du petit groupe. Et les effusions amicales furent de mise. Relâchant sa respiration, Torvar comprit que Maryah avait trouvé ce qu’elle était venue chercher. Toutefois, le danger n’était pas écarté. Le barbu ne semblait pas tout à fait à sa place dans ce décor idyllique et on ne parlait pas de la donzelle qui servait de potiche pour le moment. Secouant la tête légèrement, Torvar cherchait des connexions entre tout ce petit monde et fallait bien l’avouer, avait du mal à en trouver.

Bref, ces réflexions attendraient un autre jour… ou pas parce que là, son boulot n’était pas de réfléchir mais d’observer. Le moindre mouvement de travers et il sortirait le couperet pour départager ce beau petit monde. Mais voilà que Maryah lui faisait signe.
Déjà ?
Frustré, le cosaque soupira en se laissant tomber de la branche qui l’avait accueilli durant la petite pause syndicale. Personne n’avait tenté quoi que ce soit et c’était bien dommage. Il aurait bien échangé quelques pas de danse avec l’un d’entre eux histoire de se déverrouiller un peu les poignets et les épaules mais ce n’était pas le moment apparemment….
Plus tard alors ?

Un sourire presque moqueur étira ses lippes tandis qu’il approchait. Finalement cette petite sortie nocturne finirait bien si chacun y mettait du sien… Il fit signe de la tête à Maryah avant de se placer face à elle dans ce petit cercle qu’ils formaient et d’observer ouvertement les protagonistes de cette petite mascarade. Il ne la sentait pas cette histoire et encore moins maintenant qu’il était proche du barbu. Mais peut être que finalement c’était son esprit retors qui lui jouait des tours. Torvar avait pour habitude de se méfier de tout le monde, tout le temps et là, au milieu de ces gentils mercenaires, il avait quelques picotements à la base de la nuque qui lui indiquait bien que tout pouvait arriver au moindre mouvement.

Les pouces coincés dans le tissu de sa ceinture, il attendait désormais. Il n’avait pas à s’expliquer sur sa présence et n’avait rien contre personne sauf qu’il était payé pour assurer la sécurité de Maryah et il irait jusqu’au bout pour cela. Quitte à trancher des gorges pour satisfaire sa mission.
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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, un MP.
Ernestine.
La Dame arriva. Elle était à l'image de Lyan: Impitoyable. Du moins, elle en avait l'air. A la nobliaute, on lui avait toujours mis dans le crâne qu'une femme ne porte pas l'épée, qu'elle ne se promène pas la nuit, qu'elle n'a pas à être effrontée, qu'elle n'a pas à avoir de cicatrices. Alors la Sarah, Ernestine la regardait avec toute son attention. Ses mots directs, sa façon de parler. Tout lui plaisait, et tout l'effrayait. Parce qu'elle savait qu'elle ne lui plairait pas, et lorsqu'on ne plaît pas à une femme dans son genre, il arrive des malheurs.

Tout le monde avait senti la présence du vieux, mais elle, elle avait simplement senti que Lyan sentait quelque chose. Elle n'avait pas le sixième sens des brigands ou des mercenaires, et même son sens le plus précieux, la vue, était inefficace la nuit. Elle se plaisait parfois à s'imaginer que les gens qui ne vivent pas en ville voient clair la nuit, parce qu'ils y sont habitués.

Lyan était assis. Il était le seul qui pouvait être rassurant à l'instant. Mais il ne le serait jamais. Déjà, elle savait bien qu'elle ne devait pas se montrer trop proche de lui, parce qu'avec les conneries qu'elle racontait, l'étrange fille, ça lui porterait certainement préjudice. Pourtant, elle avait envie de lui poser tout un tas de questions, comme d'habitude, mais elle se retenait, évitant de parler. Et elle gesticulait autant mentalement que physiquement, elle essayait d'être discrète, mais rien n'y faisait, sa peur, on aurait presque pu la toucher.

Là, le vieux descendit de nulle part. Ernestine sursauta, les yeux d'un bovin en panique. L'homme s'approchait de Maryah. Elle l'avait donc engagé. Soudain, tout devint clair dans sa tête. Elle ne savait pas si elle devait rire ou pleurer. Si elle devait courir -et ses jambes le lui refuseraient probablement, ou rester plantée là, à supplier. Toute la noblesse qu'on lui avait apprise: rester fière en toute situation, lui revint. Mais ce fut inutile, elle fut incapable de l'exploiter.
Par "garante de la sécurité" de la fille, elle pensait juste être là pour éviter que Lyan ne la découpe, pas qu'elle serve d'otage, enfin, pas totalement. Elle bredouilla, en regardant le vieux.

-Mais...

Et lui elle fit quelques pas en arrière, brisant encore une brindille. Elle ne savait plus quoi faire. Elle ne savait pas si la peur était irrationnelle ou non. Elle regarda autour d'elle, elle fixa brièvement chacune des personnes présentes.
La compréhension n'était pas au rendez vous.
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Sarah_callahan
Les réactions s’enchaînent, réaction en chaîne. D’abord une question bien sarcastique du Slave qui emporte avec elle une bonne partie du quota « patience » de l’Ecossaise. Sourire mi-figue, mi-raisin, elle causera plus tard avec lui de la possibilité et des conséquences d’égorger l’amie en question. Pour le moment, elle est plus sur ses gardes qu’autre chose. En parlant d’être sur ses gardes, le fait que la Sanguinaire Apeau n’ait pas l’air de l’être intrigue la Brune du Nord. Elle la connait la Maryah : méfiante, prudente, toujours sur ses gardes. Et là, bizarrement, non. Mais passons. Ensuite quelques banalités échangées entre Sanguinaires auxquelles s’ajoute une révélation sanguine.

Lyan, évidemment. C’était forcément lui. Elle laisse échapper un sifflement mauvais en direction du fameux barbu mais choisit une nouvelle fois de garder le silence. Plus tard, ils s’expliqueront plus tard. Et maintenant, dernière réaction pour dernière révélation.

« Un gars », « Ton gars », étrange comme présentation. Ça lui donne l’impression d’être à deux doigts d’assister à un affrontement : d’un côté Maryah et le fameux gars, de l’autre Lyan et la nobliaute. Sauf que voilà, dans chaque camp de cet hypothétique affrontement, il y a une personne qu’elle aime. De ce fait, une fois n’est pas coutume, il va falloir que la sauvageonne fasse preuve de diplomatie. Elle soupire. Depuis qu’elle a repris les rênes du Clan, elle a l’impression de passer son temps à faire des concessions. Attendre que tous soient là pour partir, se retenir de les envoyer paître lorsqu’ils lui tapent sur le système. C’est sa famille, elle a fait une promesse à feue Syuzanna alors elle s’y tiendra. Par contre, là, après plusieurs jours d’angoisse pour une broutille, elle aurait voulu laisser libre cours à sa colère. Mais non, il faut encore qu’elle se restreigne au calme. Inspirant un grand coup, dextre titillant le manche de sa dague, elle s’écarte légèrement pour avoir une vue d’ensemble. Et c’est armée d’un sourire glacial –et non pas de sa dague comme elle en avait l’intention- qu’elle propose une solution. A sa manière.

Bien. Maryah, j’ose espérer que tu as assez confiance en moi pour ne pas m’imposer la présence de ton « gars ». On a vraisemblablement des choses à s’dire et j’n’ai pas franchement envie que ton mercenaire du dimanche les entende.

Les prunelles sombres délaissent momentanément l’amie pour se poser sur l’amant.

Et toi, je pense que tu pourras te passer de ta charmante « fille de » pour ce soir, à moins que tu aies d’urgents cours de savoir-vivre à prendre. Rends-la donc à son père qui doit avoir lancé une armée à ses trousses vu l’heure qu’il est.

Sourire narquois d’une insolente invétérée. Et puis, parce qu’elle n’aime pas ne pas s’adresser directement aux intéressés :

Le Grisonnant, tu peux retourner chasser l’écureuil du haut de ton arbre si ça t’dit, je m’occupe de la sécurité de Maryah. Et toi, l’otage, tu peux t’en retourner chez toi, l’analyse de la pilosité de ton oncle doit occuper tes soirées.

Nouveau sourire moqueur tandis qu’elle croise les bras, donnant ainsi l’impression d’avoir baissé sa garde. Ce n’est pas le cas, elle n’a pas confiance en ce type que la Sanguinaire dit avoir engagé. Pour ce qui est des surnoms attribués, elle n’éprouve pas une once de remords. Ouais, diplomate mais pas trop. Faut pas deconner non plus.
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Maryah
Pause. Arrêt sur image. Toujours aussi diplomate qu'un dinosaure, la Sanguinaire. Et voilà qu'un petit sourire étire les lippes de Maryah. Quoi ? Oui je sais, elle est censée s'énerver, défendre celui qu'elle a engagé, tout ça tout ça ... Mais non. C'est trop bon de revoir Sarah, et l'ayant entendu s'adresser à chacun de la sorte, c'est un immense sourire qui secoue Maryah, et finit par dépasser la grotte de sa gorge. Fou rire. Oh oui qu'il est fou, ce rire. Teinté de nervosité, d'euphorie, d'énergie du désespoir. Elle a bien cru ne pas la retrouver quand même. Fanchon, Enguerrand, Torvar, ils ont tous leur heure de gloire dans la quête menée à terme !

Du coup, l'Epicée s'anime et donne une bonne tape sur l'épaule de Sarah, toujours en s'marrant.

Tu sais qu'tu m'as manqué, toi ?! J'savais pas qu'tu t'étais mise à la poésie ! T'es terriblement douée !
L'avantage quand on rencontre plus écorchée ou plus cynique que soi, c'est qu'on passerait presque pour une gentille fille. Et ça c'est bon ! Sauf que les gens affublés de colifichets rigolent pas trop ; elle les regarde tour à tour. Lyan prend ça dans ta tête, Ernestine t'as vu avec qui il traine ton p'tit ourson, et Torvar ... Torvar. Ah lui, il ne rigole pas ; enfin, il ne rigole jamais, elle est assez bien placée pour le savoir. De tout le voyage, ce qu'ils ont le mieux fait ensemble c'est ... boire. Et on parle pas la bouche pleine. C'était pas faute de l'avoir fait boire pour qu'il parle, mais l'gars était pas facile à saouler. Elle peut dire ce qu'elle veut la Maryah, ce "gars" lui inspire confiance ; elle a même réussi à dormir quelques heures pendant qu'il faisait le guet. Un luxe ! Alors s'il est pas causant, au moins il est rassurant.
Elle croise son regard. C'est marrant des fois elle a l'impression d'avoir une véritable conversation avec lui, rien qu'en le regardant comme ça. Elle a remarqué qu'il faisait ça tout le temps avec les chevaux. Allez savoir, c'est peut être un sorcier ou un truc du genre, le gars. Après tout, personne ne sait vraiment d'où il vient, mais tout l'monde s'entend sur son étrangeté. Elle baisse le regard sur l'épaule de l'homme, son bras ... et là juste à côté, dans le plongé dégradé, y a Ernestine. Elle qui est déjà bien jeune, elle fait toute petite à côté. On pourrait croire l'père et la fille. Torvar, père ? Arf non, ça cadre pas là. Elle se réjouit encore un instant de l'air apeuré de la chic donzelle, avant de s'avancer vers Torvar, poser une main à plat sur lui et le faire reculer, pour l'entraîner un peu à part des autres.

Dos aux autres, c'est le moment du "débrief" et passation des consignes. C'est un chouette type quand même son mercenaire du dimanche. Et du coup, son premier mot est chargé de tout son sens :

Merci ... ça m'arrach'la bouche de l'reconnaitre, mais ... t'avais raison. On y est. On l'a trouvé. J'ai encore b'soin d'toi. T'as repéré l'problème j'suppose ...
Même pas besoin d'évoquer ou de lancer un regard vers Lyan. Par contre, c'est chiant d'engager un géant, faut toujours relever la tête, et ça finit par vous faire un mal de chien à la nuque. Du coup, la brunette pose une main sur l'épaule et le tire vers elle. 'tain bientôt il lui faudra une échelle !
J'vais me retirer avec Sarah ; j'crains rien avec elle. Normalement ... Bref.C'que j'te demande de faire, c'est d'garder un oeil sur "lui". Soit il va chercher à nous suivre et nous épier, et là j'compte sur toi pour le "distraire" ; soit il va raccompagner et papouiller la nobliote, et là mon Grand, t'pourras t'rincer l'oeil gratos.
Petit sourire au coin des lèvres. Pour Maryah. Parce que lui ... il ne rigole toujours pas. Elle a plaisir à le taquiner, parce que l'homme est bien différent de ceux qu'elle a pu connaitre. Y a rien qui le détourne de sa mission, ni l'alcool, ni les femmes, ni les écus ... rien. Fidèle, sincère, efficace. Du coup, une petite effronterie au passage, ça mange pas de pain ! Le tout bouclé sur un :
J'compte sur toi ...

Et de s'en retourner vers la joyeuse troupe., le cœur léger de savoir qu'enfin, après des mois et des mois, elles vont pouvoir parler, se confier, revisiter le passé, et pourquoi pas se réinventer. Peut être se couperont-elles le sang avec cette dague qui les a liées, peut être boiront-elles un peu de sang mêlé à la mémoire de Tann'. Et de la regarder encore, la jolie brune que la grossesse et l'accouchement n'ont nullement entamée.

Alors jolie Sarah, je suis prête. Bien sûr que j'ai confiance en toi ... C'était pas une balade de santé de te retrouver hein.Ha ... au fait, lui, c'est Torvar. Il va rentrer pour ce soir. Moi je te suis. On est partie ?

Et d'adresser un p'tit signe de la main à la nobliote : Au r'voir Ernestine, merci d'êt'venue.
Puis lançant un regard gagnant à Lyan : Tu m'excuseras, ce soir, elle est pour moi ! J'tâcherai de pas trop te la fatiguer. Bonne nuit ...
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Lyantskorov
Lyantskorov se releva brusquement. Comment ça, "engagé un gars" ? Il porta la main à son arme en voyant l'homme s'approcher. Et son attitude prit une tournure étrange; le visage du Slave sembla perdre une partie de son humanité, avec ses yeux vert-forêt plissés à l'extrême accentuant des plis sombres et son rictus figé dans une mimique d'hostilité. Le grognement qu'il émit accentua encore son air bestial, sans parler de ses épaules, qu'il avait relevées, comme s'il cherchait à se rendre plus menaçant, comme motivé par un instinct primaire de mâle alpha, et il garda un moment la tête tournée vers l'homme, l'air prêt à combattre. Cet homme ... cet homme était dangereux. Il n'avait pas le moindre doute sur la question. Restait à savoir qui il attaquerait le premier, et, hiérarchie de priorité oblige, il pensa d'abord à Sarah. Enfin, s'il faisait cela, l'Ecossaise était une sacrée combattante et il la voyait mal se faire prendre de court en un seul assaut. Ernestine ? Une proie facile. Un danger minime. Elle avait eu le réflexe de s'en éloigner; il aurait le temps de réagir s'il lui venait à l'idée de prendre la nobliaute en otage.

Et lui ? Eh bien, quoi qu'on puisse en penser, une partie de lui l'espérait. Il avait le sentiment qu'il aurait là droit à un adversaire exceptionnel. Il y avait un vague air de l'Ancêtre chez lui. Pas autant de cicatrices, pas aussi négligé, pas d'air enjoué et un peu suffisant qu’arborent ceux qui prennent plaisir à voir souffrir les autres, mais plutôt une certaine similitude dans ce qu'il dégageait, une impression de puissance brute et de menace qui outrepassaient celle de Lyantskorov. Il semblait froid et silencieux. Le genre qui accomplissait la basse besogne sans question et sans une once de remords. Et sans doute sans plaisir, ce qui soulignait encore la différence avec l'Ancêtre. Et cela voulait dire que, dans l'immédiat, l'aîné avait l'air beaucoup plus calme. Le Slave avait une attitude de chien de garde, aboyant beaucoup, avant d'attaquer si ce n'était pas suffisant. L'autre avait l'air du genre limier; une fois qu'on lui désignait sa proie, il la traquait sans pitié et l'éliminait.

Mais son attention fur pris par autre chose. Par la réplique de Sarah, qui vint achever profondément de l'irriter. Ah oui ? Voilà qu'elle se sentait pousser des ailes, et qu'elle donnait des ordres à tout le monde. Comme de bien entendu, il se braqua, relevant la tête d'un air de défi. Il tiqua lorsque les deux autres manigancèrent à voix basse. Et son poing se crispa avec une rage difficilement contrôlée à la pique de l'intéressée.

" Pas si vite, vipère ... "

Et il s'interposa entre elle et Sarah, tourné vers cette dernière.

" J't'ai dit qu'j'te gardais le ... meilleur pour quand elle s'rait là. Alors maint'nant, reprenons ... elle n's'est pas contenté d'inventer des choses sur ton passé ... "

Il roula des yeux pour qu'elle comprenne à demi-mot qu'il parlait du saphisme.

" ... elle m'a aussi fait des avances. Ouvertement. En disant qu'ce s'rait encore mieux à trois. Oui, parce qu'elle a aussi prétendu qu'tu lui avais promis d'dormir avec nous ... dans ma tente, au passage ... Tu m'connais, j'ai r'fusé les deux choses ... poliment ... "

Rictus sarcastique de circonstance.

" Mais j'espère qu'ça t'intéress'ra d'savoir c'que cherche à faire ton ... amie, quand tu n'es pas là. "

Pas de mots tendres, pas d'étreintes suaves et pas de gestes affectueux pour cette fois; on lui avait déjà bien trop tapé sur les nerfs pour avoir un air autre que celui de la méchanceté en révélant tout cela à la femme qu'il aimait pourtant.

" Tu veux savoir sa dernière trouvaille ? Pourquoi elle a ça ? " dit-il en montrant le bras de Maryah. " Elle s'est mis en tête de ... m'marier à la nobliaute ici présente ! Et elle avait l'air d'en avoir envie, pour autant insister ... "

Il regarda Sarah droit dans les yeux, pour qu'elle comprenne, en plus de la colère, tout le peu de bien qu'il pensait de cette idée ... Assume tes paroles, vipère ... Alors, il secoua la tête et, tel un couperet, lâcha :

" Elle est allée trop loin. Ne m'dis pas que toi, tu vas t'mettre à geindre pour ça ? Parce qu'autant t'dire tout d'suite qu'si c'n'était pas ton amie, c'est avec la lame, qu'j'aurais frappé ... "

On ne pouvait pas dire que sa situation passée l'avait habitué à cela, devoir justifier un coup porté. On chercherait en vain une explication à chaque coup qu'il avait subi, et chaque coup qu'il avait porté, dans le climat de violence ordinaire dans lequel il avait grandi, qui l'imprégnait toujours.

" Tu veux jouer à celle qui donne des ordres ? Ce s'ra sans moi ! "

Alors, il oublia le grand limier, il oublia la jeune noble; se détournant de Sarah, il cracha aux pieds de son amie à la langue fourchue, et prit congé, l'air glacial, d'un pas décidé malgré son claudiquement, laissant en plan tout ce petit monde, même Ernestine qui avait intérêt à avoir bonne mémoire pour retrouver le chemin seule. Il lui avait conseillé de ne pas venir; elle aussi, elle allait assumer ses choix. Pour l'instant, il avait besoin de s'isoler. Sa patience était déjà usée, et on avait bien assez continué à la ronger. Alors, plus tard, il reviendrait peut-être sur sa décision, mais pour l'instant, qu'ils aillent tous au diable ...
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