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[RP]Des retrouvailles sauce germanique...

Theodrann
Le germain faisait route sur les routes du sud, son Chat l’accompagnait. Il ne lui avait pas donné le choix. La laisser dans la nature en ce moment aurait révélé de la stupidité. Trop instable. Beaucoup trop. Il voyait, en partie en elle, ses jeunes années. Aussi comprenait-il. Bien pour cela qu’il lui laissait un peu de temps pour se remettre. Mais d'ici peu, il emploierait la manière forte avec elle.

Ils ne faisaient pas route pour elle. Ils faisaient route pour lui. Pour une Roussette issue de son passé. Une petite rouquine qui se rappelait à lui par l’intermédiaire de son ami le cosaque. Une lettre avait décidé du voyage, même s’il devait régler une affaire avant.

La Roussette, en France. Chose improbable et pourtant elle était là. Fin sourire intérieur. Leur rencontre, un moment inoubliable. Elle avait voulu lui faire les poches. Il l’avait prise la main dans le sac pour tout dire. La petite à l’époque ni connaissait vraiment rien dans cet art. Elle s’était débattue, lui avait tenu tête, alors qu’il la dominait largement. Cette sauvageonne à la crinière de feu, bien qu’aussi petite qu’une chauve souris, n’avait pas voulu plier. Même consciente qu’il était un vrai danger pour elle, elle avait combattu, avait pris à parti les passants. Ceux ci avaient laissé le père qu’il était gérer sa fille, ce qui avait attisé la flamme de l’irlandaise. Ca lui avait plu. Dans son regard, il avait discerné une lueur. Intrigué, ce quelque chose lui avait dit " vas y ".

Et nous ne l’avons pas regretté…
Non, elle a été une bonne élève, le peu que nous l’avons eu avec nous
Elle nous a toujours fait confiance et écouté…et pourtant, elle ne sait pas…
Non. Elle était trop jeune. Et après le départ de Miya, je devais apprendre à mieux me contrôler.
Mouai…ça j’ai pas apprécié du tout, elle t’y a aidé sans le savoir en plus !
Réjouis toi, nous allons la revoir bientôt
On a quelques petites choses à mettre au point
Effectivement…

Oui au regard des derniers évènements qui avaient conduit à le faire quitter le sol irlandais, ils avaient à mettre les choses au clair.
Une pause sur le chemin. Un coin de taverne. Un verre. Il écrivit à son ami, son frère pour lui annoncer sa décision de venir alors qu’Heavy était à installer les affaires dans la chambre.




Mój brat*

Le temps passera, et je te verrais toujours comme le frère m’annonçant les nouvelles qui me concernent. Les frères, les amis sont là pour ça, peut importe le contenu du message. Tu n’as rien d’un oiseau de mauvais augure.

Oui nous nous faisons vieux, bien trop pour toutes ces conneries. Mais sans elles nos vies seraient bien ennuyantes aussi ! Nos filles nous le rappellent d’avoir grandi, le mariage de Miya en est le dernier exemple en date. J’ai du prendre autant d’année d’un coup que toi avec ta fille disparue qui revient. Et je ne te parle pas d’Heavy, qui depuis qu’elle a perdue ses deux sœurs, me cause des soucis.

Alors comme ça ma Roussette est en vie, elle a quitté son Irlande chérie. Tu me vois ravi, qu’il n’y ait pas de contrat sur sa tête. Et si pareil cas un jour arrivait, que je ne sois pas là pour régler ça, que toi oui, je te demanderais, si tu veux bien, de faire en sorte que celui qui souhaite s’en prendre à elle, rejoigne l’enfer lunaire dans la minute. Elle est spéciale la rouquine. Comme toutes mes filles. Faut juste aller chercher un peu plus loin ce qu’elle cache. Dis moi tu as vu d'autres irlandais dans ses parrages ?

Je termine une petite affaire avant, et j’arrive voir la petiote. Figure toi que je suis actuellement dans le sud moi aussi, à Auch exactement.

Tu vas dire que j’abuse, mais fait en sorte qu’elle reçoive le mot ci-joint de ta main ou d’une autre. A ton choix. Je me rappelle qu’elle ne te porte pas dans son cœur.

Merci et à très vite mon ami




Roussette,

J’viens d’apprendre que tu as quitté ton Irlande Natale. Ton clan est-il là lui aussi ?

Nous avons à parler toi et moi , ainsi qu’à régler quelques petites choses.

J’arrive bientôt sur la Guyenne. Bouges pas.



Le courrier fut envoyé. Minimaliste à souhait pour l’irlandaise. Il voulait qu’elle gamberge dans sa caboche.Sa famille ne la méritait pas. Il se demandait encore comment ces dégénérés avaient pu donner une rouquine comme elle... Il devait prendre ses précautions surtout si son clan se baladait avec elle. Un sourire carnassier sur le visage, il but une lampée dans son verre. Il allait maintenant devoir préparer le Chat, à sa rencontre avec la Roussette. Pas envie que la première se jete sur la seconde pour la bouloter.

*Mon frère
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Isleen
" Le temps révèle toute chose. "
de Tertullien- Extrait de l’ Apologétique

Théodrann

Stupeur

Théodrann

Joie immense

Théodrann

Tristesse tout aussi immense

Un arret sur image. L’irlandaise est là, le regard sur la lettre que lui a remis le cosaque, plus précisement sur la signature en bas. Son cœur a manqué plus d’un battement à la lecture. Elle en a rêvé pendant tant de temps de cette lettre, d’avoir enfin de ses nouvelles. Elle devrait être heureuse, déborder de joie de l’avoir, de le savoir en vie, elle devrait, elle le ressent, mais paradoxalement en parralèlle toute la douleur qui a été la sienne de son absence, de l’avoir cru mort est là également et lui revient en pleine figure. Ce moment de joie est aussi un moment de peine.

"Il est mort ". trois mots froidement dit il y a quelques années. Elle avait voulu voir son corps, il n’y en avait pas…pour elle il n’était donc pas mort. Elle l’avait cherché,remué ciel et terre pour cela, emmerdé beaucoup de monde, posant et reposant les questions…elle avait même tenté de retrouver le cosaque, mais il n’était plus sur le sol irlandais. Pendant des mois, elle avait refusé ce qui lui avait été annoncé. Mais rien à quoi se raccrocher, l'incertitude est terrible, elle vous fait mal, vous fait imaginer, penser le pire, au début vous n'y croyez pas, vous ne voullez y croire et après... après quelques jours, mois, vous sentez la douleur en vous, celle qui vous dit "ça ne peut être que cela", vous la combattez, la faite reculer car vous gardez encore l'espoir, mais elle a semé en vous la graine, et plus le temps passe et plus elle grandit, enfle, vous refroidit, vous opresse et vous dévore. Vous finissez par avoir l'impression d'être une carcasse vide de toute volonté, vous n'êtes plus que douleurs, vous saignez au dedans, une écorchée vivante prisonnière d'un corps qui n'agit plus que par habitude. Il y avait un lien, une attache et d'un coup plus rien, le vide, le néant, les abysses insondables, la solitude, la perte de l'être dans lequel vous vous etiez attaché. Peut importe le type d'attache, la douleur n'en est pas moins la même, elle est celle de l'incertitude causée par le vide brutal et soudain.

Elle avait souhaité ne pas y penser, l'oublier, mais comment peut-on oublier un être avec qui ont a discuté, avec qui on a rit, avec qui on a échangé, partagé presque tous les jours pendant plusieurs mois ? Une personne avec qui vous avez tissé un lien et que vous voyez comme un ami, un frère, un confident, un père….qui a votre confiance et vos confidences. C'est impossible d'oublier, elle n’a pas de touche "effacer" dans son cœur qui lui permettrait de redémarer sur une page blanche.

Elle avait souhaité l'oublier, pour oublier la douleur de ne pas savoir, et les larmes qui viennent chaque fois qu’elle pensait à lui, et là, là elle avait ces quelques mots dans les mains, le regard d’un cosaque sur elle. Il lui fallait se reprendre, elle ne craquerait pas une fois de plus devant lui.

Quelques jours plus tard

Une chambre d’auberge, une table, un peu d’encre et quelques lignes qui s’écrivent en réponse. La tristesse est là, avec la joie, et une colère, nouvelle elle. Colère qu’il n’ait pas donné de nouvelles avant, qu’il l’ait laissé le croire mort, colère contre son père, colère.


Citation:
Théodrann,

Un autre que le cosaque, ton ami m’aurait remis cette lettre, je lui aurais planté ma lame en plein cœur de la mauvaise blague qu’il me faisait. Il y a presque dix ans, on m’a annoncé ta mort. J’ai remué ciel et terre pour te trouver, ne voulant y croire. Presque dix ans !

Nous avons effectivement des choses à mettre au point, au clair, des réponses à donner à mes questions : pourquoi mon père m’a annoncé ta mort ? pourquoi tu n’as jamais donné de nouvelles alors que manifestement tu es bien vivant ? J’ai beaucoup de questions Théodrann. J’attend beaucoup de réponses maintenant que tu te rappelles de moi.

J’ai beau avoir attendu avec tellement de temps et d’impatience cette lettre, me résignant, j’ai une vie aujourd’hui avec ses obligations. Ta lettre arrive bien tard. Je pars chercher une amie, et je reviens en Guyenne d’ici une quinzaine de jours. Je vis sur Montauban habituellement. Tu pourras bien attendre ces quelques jours au regard de la presque décennie de mon attente.

Théo…mon clan, ma famille, je n’en ai plus. J’ai été chassée, reniée et bannie d’Irlande par mon propre père. Ce qui n’est pas plus mal, j’aurais tué le mari qu’il me destinait.

A très vite

Ta Rousette, qui n’en est pas moins très heureuse de te revoir bientôt


L’encre à peine séche, la rouquine fit le nécessaire pour expédier sa réponse à l’adresse indiquée par Torvar. Son regard suivi un moment, de la fenêtre, le gamin a qui elle avait confié le courrier, lorsqu’elle le perdit de vu au coin de la rue, elle s’autorisa à relacher le contrôle qu’elle avait gardé jusque là, elle se laissa glisser le long du mur en tremblant sous la violence des sentiments et des pensées qui étaient siennes.
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Theodrann
Il avait préparé sa brune à voir sa Roussette.
Le Germain avait amené la chose en douceur dans l’esprit de son Chat. Ces derniers temps, elle n’était plus elle même. Il faisait attention. Son comportement changeait du tout au tout, elle oubliait des moments de journée. Des soucis. Voilà ce qu’elle lui causait. Mais le germain avait une certaine affection toute certaine pour elle, ce qui l’empêchait de régler cela de manière définitive.

Il avait préparé sa petite tigresse, et sa roussette ne serait pas là. Pas tout de suite du moins. Elle avait sa vie. Elle avait des obligations lui avait-elle écrit. La première de toute, était d’être là, pas de partir alors qu’il arrive ! Surtout après tout ce temps.
Une bonne raclée. Là comme ça, c’est la première des choses qui leur venaient à l’esprit. En mettre une bien sentie à leur rouquine. Après Heavy, voilà qu’elle aussi s’y mettait et lui faisait faux bond. A croire qu’elles s’étaient passées le mot ces deux là. Le verre alla se fracasser contre le mur dans un accès de colère.


Je vais lui en coller une !

Mais oui, bien sur…
Mais si, elle…
Arrête, Heavy nous a fait le même coup
Oui et alors, une bonne fessée à la rouquine pour lui faire ravaler son ton
J’y crois même pas, t’as pas été foutue dans mettre une à notre petite brune, alors à la Roussette encore moins
Toi…
Quoi moi ? Tu sais qu’j’ai raison..
oui…pour une fois

Ils s’enfilèrent plusieurs verres, et s’installèrent à une table pour lui répondre.




Roussette,

Fut un temps, tu n’aurais pas bougé. Tu m’aurais attendu. Te savoir aller je ne sais ou alors que j’arrive pour te voir, ne m’enchante pas, mais je te sais butée. Nous nous retrouverons donc plus tard. Je l’espère très vite, tu sais ma patience.

Pour ton clan, ta famille, laisse moi te dire franchement ce que j’en pense aujourd’hui: bon débarras. Tu es bien mieux, et dois être bien plus heureuse sans qu’avec. Ils ne sont que problèmes, embrouilles, ignominies, manipulations. Tu perdais ton temps à tenter de les satisfaire, de leur plaire, à essayer tout et n’importe quoi pour te faire accepter.

Mais dis moi pourquoi ton paternel a-t’il fait ça, lui qui ne supportait pas l’influence que j’avais sur toi ? Pourquoi t’a t’il annoncé ma mort ? Pourquoi n’as tu pas reçu de mes nouvelles quand j’ai pu t’en envoyer ? A ton avis Isleen ? Tu as grandis depuis ces années là, réfléchis et nous en parlerons toi et moi. Il vaut mieux parler de ces choses là de vive voix.

Ma Roussette. Raconte moi ta vie. Raconte moi celle que tu es devenue. Raconte moi tout de toi, comme autrefois.
A très vite ma Roussette




Encre séchée. Parchemin roulé. Parchemin envoyé. Il délaissa ce qui était là et parti à la recherche de son chat. Ses filles, lui en donnaient des soucis...
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Une envie de RP, envoyez un MP !
Torvar
Elle lui avait demandé s’il voulait bien continuer jusqu’à Bordeaux. Se sentait-elle plus en sécurité avec le cosaque que seule avec son amie sur les routes ? A cette question, Torvar n’avait su répondre. La rouquine était un mystère pour lui et même si depuis quelques temps ils s’accordaient quelques instants de répit dans leurs années de conflit, il savait qu’une étincelle et la rousse s’enflammerait. D’ailleurs, cette étincelle, Torvar la tenait à bout de doigts et ce soir-là, seul dans une taverne désargentée d’une bourgade endormie, le cosaque fit en sorte de mettre le feu aux poudres.
Un verre de vin remplit d’un vin de pays, son pichet posé à côté, vélin, encre et plumes prêtes à être utilisés… Il ne manquait plus que l’inspiration qui après deux ou trois verres se manifesta.




Mon frère,

Comme tu me l’avais demandé, j’ai fait parvenir ton courrier à la Rouquine, en mains propres parce que je voulais voir sa réaction. Comme tu l’as déjà deviné, elle fut consternée ce qui m’amusa énormément. Isleen est une jeune femme si… prévisible par moment, bien qu’elle essaie de dissimuler ses sentiments sous de faux airs de grande dame outragée… Je crois que les années qui vous ont séparé n’ont été que néfaste pour cette gosse. Il va falloir que tu reprennes les choses en mains Mein Bruder*. Et vite !

Mais je ne te fais pas la morale Theodrann. On n’a tous nos vies et surtout nos emmerdes, ce qui pour toi comme pour moi s’avère être très souvent n’est-ce pas ? Ceci dit mon ami, je t’avais promis de nous garder à Bordeaux sauf que la rouquine a pensé autrement. Une amie à aller chercher au fin fond de l’empire aussi tu seras surpris mais elle m’a demandé de l’accompagner. Tu penses bien que je ne me suis pas fait prier… histoire de garder un œil sur la donzelle… elle a le diable au corps cette môme ! Bref, nous sommes sur le chemin du retour et elle veut aller retrouver son… comment définir cet homme… ami, amant, fiancé… empêcheur de tourner en rond ?... Tu vois le genre donc dans ma grande bonté d’âme, te sachant dans les parages, je me suis dit qu’un petit enlèvement ne ferait de mal à personne et comme j’emmerde ceux que je ne connais pas, le fiancé attendra !

Alors prépare-toi mon frère. Prépare-toi à avoir le choc de ta vie. Tu vas la revoir ta rousse. Dans deux jours, nous serons à Auch. Dans deux jours, tu pourras la serrer dans tes bras ou bien lui en foutre une bonne pour le temps qu’elle a passé sans toi… A toi de régler tes comptes mais surtout à toi de retrouver la gosse. Je te la serre sur un plateau mon ami.

Pour ce qui est des remerciements, une bouteille et une nuit dans un bordel du coin au frais de la princesse feront de bons comptes ! Si ça te dit, on partage. J’suis pas chien, j’t’en laisse un peu…

En attendant les retrouvailles, je te laisse savourer ce courrier.
A charge de revanche mon frère.



Le courrier fut lu et relu puis remis à un coursier afin qu’il aille délivrer la missive en bonne main. Monnayant une belle somme, Torvar s’assura que le gars fasse correctement le boulot. Fallait pas rigoler avec ces choses-là. Theodrann comme le cosaque tenait à leur petit cercle d’initiés. Ils étaient peu mais précieux aux deux hommes…

Le reste de la soirée fut passée dans cette taverne poussiéreuse dont Torvar en sortit le plus tard possible. Cette nuit, il se tromperait de chemin sciemment, cette nuit il se barricaderait dans un mutisme dont il avait le secret et conduirait son troupeau vers un autre berger.





*mon frère

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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, un MP.
Isleen
Sur la route en direction de Montauban

Un coin tranquille : une taverne vide comme il y en a tant et tant dans le royaume, désertées pour cause de froid ? La rouquine s’en moque, cela lui est bien égale, là c’est parfait, c’est idéal. Un pichet, un verre, et cette lettre sur la table, la seconde, aux cotés de la toute première. Preuve tangible qu’elle ne rêve pas, n’affabule pas, ne délire pas. Il est vivant. Et pourtant, pourtant, elle n’arrive pas vraiment à le croire, son esprit résiste, refuse de s’emballer, de se réjouir trop vite, il se souvient bien trop de la douleur ressentie par tout son être il y a maintenant une dizaine d’années. D’un coup, d’un seul, le vide, aucune réponse, l’absence, la mort annoncée, la perte du centre de son univers, de ses repaires à nouveaux construits, l’abandon…

Le verre s’enquille. Moyen comme un autre pour chasser les souvenirs, la douleur revenant de l’époque, et qui ne disparaitra jamais vraiment, même si cette lettre, ses lettres, lui rappellent qu’il est finalement bel et bien en vie. Elle veut y croire, et à la fois ne veut pas, de peur d’être terriblement déçue.

Cette lettre. Ses lettres.

La plume fut prise, trempée dans l’encre, et doucement avec application, hésitation aussi parfois, elle traça les mots sur le vélin en réponse. Un cœur qui se livre...




Théodrann,

Il fut un temps. Cela résonne telle une histoire que les mères racontent à leurs enfants avant de les endormir.

Alors il fut un temps ou nos chemins se croisèrent et ou tu me pris sous tes ailes, ou toi et moi, nous étions ensemble. Tu étais le centre de mon univers, je me levais le matin, à nouveau heureuse de vivre, de savoir que mes pas m’amèneraient à toi dans la journée, que pour au moins une personne je n’étais pas simplement la batarde de mon père, celle qui tua sa mère en naissant, que j’étais bien plus que cela….Isleen. Il fut un temps, ou près de toi, je me sentais à ma place, tu étais mon confident, mon frère, mon maître d’arme, …tu étais en un sens un père pour moi, bien plus que ne l’a jamais été le vrai.

Il fut un temps, il est vrai ou je t’aurais attendu, pour toutes ces raisons. Mais il fut ce temps, où je t’ai attendu, longtemps….ne voulant croire à l’irréparable …le temps de la douleur de ta perte, et l’explosion de l’équilibre précaire de ma vie.

Alors oui il fut un temps Théodrann. Un temps que je n’oublierais jamais, et mes sentiments d’hier perdurent éclairés par la flamme de celle que je suis aujourd’hui. Ce fut des instants merveilleux, le peu qu’ils durèrent. Des instants que toi et moi nous ne retrouverons pas, ils nous ont été arrachés.

Il fut un temps ou ta Roussette se retrouva à nouveau complètement paumée, un temps pour son géniteur – c’est tout ce qu’il est au final- son clan, sa famille, elle en fut chassée, renvoyée, exilée dans un pays inconnu, dont elle ne connaissait rien, juste quelques mots, pour n’avoir pas pliée et obéie. Un temps ou le bateau qui l’emmena, coula et ou elle s’échoua sur les côtes Bretonnes. Elle erra sur les routes de France, avançant au hasard, paumée dans cette nouvelle vie, sans aucun désir de se lier, juste survivre, se laisser porter par les envies. Un temps, ou le vide ne se comblait que par la possession éphémère de ce qui se dérobe chez les autres, avant de se retrouver à suivre un noble pour payer une bêtise, que par orgueil elle aurait pu éviter. Un temps ou elle crut réellement à leur amitié, pour savoir aujourd’hui, que pour eux, il n’en fut rien.

Il fut un temps Théodrann…

La plume se souleva un moment, le temps pour elle de porter le verre à ses lippes, de laisser le liquide ambré glisser doucement dans sa bouche, l’emplissant d’un goût fort et unique. Courage et force illusoires trouvés dans ces quelques gouttes alcoolisées. Hésitation propre à toute fille qui grandit, devient femme et qui soudain, se tait ne dévoile plus tout, à son père, à son héro, l’homme de sa vie.



…ou ta Roussette se construit une vie et s’y emploi encore avec du mal, des larmes et de la douleur. Il fut un temps ou elle noua des liens, certains fragiles, d’autres plus solides. Un temps pour ta Roussette d’essayer de se lier à nouveau vraiment, de s’y essayer, de souffrir, de se planter, et recommencer. C’est la vie tu me diras.

Il fut un temps Théodrann, non il sera un temps ou nous nous retrouverons dans cette vie ou dans la mort, fut ce temps ou je me résigna au second choix, là aujourd’hui , j’espère le premier, même si cela semble sorti tout droit d’un de mes rêves, d’une affabulation de ma part et que je n’ose vraiment y croire.

Théodrann, aujourd’hui, il est le temps pour moi de rentrer, accompagnée de cette amie, presque cette sœur. Ermelyne m’est importante. Très, elle est la seule véritable amie que j’ai à ce jour. Et ce lien est précieux pour moi. Il est unique. Je rentre sur Montauban, et le temps viendra pour moi de repartir surement vers Bordeaux, j’y ai un autre être cher à mon cœur, un autre qui m’a lié à lui bien plus qu’il ne le pense, bien plus que je ne le dis, ou ne le laisse paraitre.

Mais il est le temps de te laisser. Torvar, a qui j’ai demandé de m’escorter, de nous escorter, va ….qu’il attende que je termine correctement cette lettre après tout. Oui, je sais étonnant que je lui ai demandé de le faire, mais il était ce que j’avais de plus rapide sous la main, et de plus sur aussi, toutes ces années à trainer sa carcasse et être toujours en vie, c’est forcément qu’il sait y faire ce vieux. Et il a dit oui ! Surprenant que nous n’en soyons pas, encore une fois de plus, venue aux mains….

Il est temps…

A très vite

Isleen, ton éternelle Roussette

Et missive fut pliée, remise à qui de droit avec suffisamment de pièces pour être certaine que cela arrive à son destinataire.

Plusieurs jours plus tard, dans les rues de Lectoure

Furieuse. Oui la rouquine était furieuse, une bonne envie de jeter à la figure de Torvar tout ce qui lui passait sous la main. Ce vieux con avait joué au vieux con. Lectoure au lieu de Marmande ! L’Armagnac au lieu de la Guyenne ! Bordel de cosaque ! C’était vers Bordeaux qu’ils allaient, vers Lambach, pas à pétaouchnoque, elle s’en foutait de l’Armagnac, même si on y trouvait des boissons intéressantes ! Elles n’en avaient pas encore parlé avec Lyne, elles s’étaient un peu reposées de la nuit, mais il allait finir attaché sur son canasson le cosaque, ligoté et planté en pleine nature ! Il lui avait fait le coup, juste pour la faire fulminer et par tous les Dieux il avait réussi ! Elle venait de perdre une journée de route avec ses conneries !


"Damned 'vo kroc'hen !*

Le pied de l’irlandaise frappa rageusement un pauvre caillou se trouvant sur son chemin, l’envoyant au loin, elle arpentait les rues désertées par le froid essayant vainement de se calmer. Peut être dans quelques heures, lorsqu’elle serait tellement gelée, qu’elle ne penserait à rien d’autre qu’un bon feu…peut être et encore ! Son regard fut soudain attiré vers une silhouette, assise dans une taverne, vaguement floue au travers des carreaux embués. Une silhouette comme les autres, un homme, un voyageur ou un habitué à siroter un verre en se réchauffant près du feu, pourtant, pourtant, son cœur manqua un ou deux battements à la vision.

La rouquine pénétra dans la taverne, les onyx fixés sur la silhouette, maintenant sur l’homme qui se tenait là. La porte se referma derrière elle, sans qu’elle ne s’en rende compte, Toute son attention était sur lui, sur Théodrann. Il était là. Vraiment. Un battement de cil, un second, oui elle ne rêvait pas et pourtant elle en avait l’étrange impression. Presque le même que dans son souvenir, quelques rides, les mêmes cheveux couleur des blés et cette cicatrice qu’elle ne lui connaissait pas sur le haut de la lèvre. Son regard s’arrima au sien, une petite lueur amusée semblait y briller. Comme un " Coucou, surprise c’est moi "


"Théo…tu….

La rouquine avait fait quelques pas vers lui, ne trouvant pas les mots, surprise, elle n’en croit pas ses yeux, elle a du mal à réaliser vraiment que celui qu’elle avait cru mort pendant temps de temps est là devant elle, bien en chair, qu’il ne s’agit pas d’une vision, qu’il ne va pas disparaitre au moindre clignement des paupières. Hésitation. Doutes. Et si au final, tout avait changé, si au final, il lui en voulait, ne lui pardonnait pas d’avoir renoncer, si…

Un fin sourire, un éclat dans son regard eurent raison de tout ; un sourire de joie pure illumina son regard, tout son être, éclatant comme rarement, témoin de l’amour qu’elle lui porte. Et dans le même élan elle franchi les derniers pas, pour venir se pendre à son cou, s’accrocher à lui, elle contre lui, lui contre elle. Comme avant.


Théodrann !.... Je suis si contente …. C’est bien toi…., tu es bien là !

Il était là enfin. Il était vivant. Ils étaient réunis comme avant. Noël avant l’heure ! La tête contre son torse, un moment encore, comme avant, elle goutait encore l’affection d’autre fois, dans sa chaleur réconfortante. Elle le retrouvait.

Tu m’as tant manqué…

Murmure tellement vrai.


*Saloperie de vieille peau !
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