Arthor
[Au tribunal, un jour dautomne]
La journée navait pas forcément mal commencé. Mais en se levant, en quittant son lit, en shabillant, il naurait jamais imaginé vivre une journée inoubliable.
Gardes ! Emmenez le condamné !
Le marteau du juge sabattit dans un bruit sourd contre le bois de la table. Arthor était, quant à lui, resté inexpressif durant lénoncé du verdict. Mais à la fin de ce dernier, il ne put réprimer une longue inspiration, comme s'il avait retenu sa respiration durant tout ce temps. Il avait espéré durant tout le procès pouvoir échapper à la prison, surtout aux preuves qui étaient selon lui inexistantes. Il avait sous-estimé malheureusement la rancur, ou bien la stupidité, de la justice toulousaine.
Ses sourcils ne sétaient pas défroncés durant tout le procès, sen était dailleurs à se demander sil ne sagissait pas de son état de repos. Mais à lapproche des gardes, son expression se durcit, et il en serra même les poings. Personne ne le toucherait, foi de Corleone. Le montagnard se hâta presque de se lever, et quand le premier geôlier tenta de le prendre par le bras, il se rétracta avec force. On ne le jetterait jamais en prison, et cest toujours de plein gré quil y irait. Cétait sûrement un peu débile, ou bien un peu tiré par les cheveux, mais cétait avant tout symbolique pour le barbu.
Ieu sabi encara marchar sol.
[Je sais encore marcher seul.]
Larrogance et la fierté étaient à leur paroxysme. Il accompagna ces quelques mots dOccitan de gestes lents, visant à réajuster sa chemise, son col, et ses bottes. Ce nest quensuite, et accaparant toute l'attention, quil suivit le premier garde qui ouvrait la route. Il en profita pour dévisager le juge orléanais quand il passa à sa hauteur. Il savait quil ny était pour rien, et cétait justement cette inactivité qui lavait dérangée durant tout ce maudit procès. Les subtilités politiques et diplomatiques avaient largement été surpassées par son dégout, et la colère dêtre jeté en prison. Pourtant malgré lhumiliation dêtre traité comme de la vulgaire vermine, le Corleone navait jamais marché avec une telle sérénité, du moins en apparence seulement.
En effet sur le chemin qui le conduisait à sa geôle, il avait pris soin de taire la moindre expression faciale, serrant juste les poings, tout en laissant pendre ses bras le long du corps. En réalité il ne pensait pas vraiment, à ce moment-là, à cette prison qui lui servirait de demeure pour trois longs jours, mais plus à sa vengeance. Toulouse le paierait, il se le jura intérieurement. Cette soif de représailles fut entrecoupée didées plus pragmatiques de liberté, de colère, et de résignation. Il avait dailleurs, et assez étrangement, accepté plutôt rapidement le sort qui était le sien. Il allait payer pour un crime quil avait certes commis, mais après un procès bâclé qui lui avait donné un semblant despoir.
Arrivé devant les barreaux de sa prison, il fut tiré de ses pensées par le geôlier qui lui demanda de lui remettre encore les quelques objets encore en sa possession. Epée, couteau, et quelques écus encore dans ses poches. On le dépouillait encore un peu plus. Ces formalités terminées, le Corleone découvrit enfin où il allait vivre durant les prochains jours. une fois seul, il sassit sur ce qui ressemblait à un banc de pierre, baissant la tête et se replongeant dans ses pensées. Lodeur était insupportable, mais correspondait parfaitement à lendroit. Rien ne surpris alors Arthor, malgré le fait quil ne soit pas vraiment habitué à ce genre de solitude. Cétait même la première fois quil y était confronté. Son dépucelage demprisonnement en somme. Dans ce domaine-là, il était le moins expérimenté des Corleone. Un sorte de rite de passage sans doute, et à limage dun politicien qui doit absolument faire un passage au sein dun conseil gouvernemental pour être vraiment traité comme tel, un Corleone ne serait un Corleone quaprès un passage en prison. Après tout, il sagissait de lendroit le plus approprié pour réfléchir, méditer ses actions, comploter et élaborer le prochain mauvais coup.
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La journée navait pas forcément mal commencé. Mais en se levant, en quittant son lit, en shabillant, il naurait jamais imaginé vivre une journée inoubliable.
Gardes ! Emmenez le condamné !
Le marteau du juge sabattit dans un bruit sourd contre le bois de la table. Arthor était, quant à lui, resté inexpressif durant lénoncé du verdict. Mais à la fin de ce dernier, il ne put réprimer une longue inspiration, comme s'il avait retenu sa respiration durant tout ce temps. Il avait espéré durant tout le procès pouvoir échapper à la prison, surtout aux preuves qui étaient selon lui inexistantes. Il avait sous-estimé malheureusement la rancur, ou bien la stupidité, de la justice toulousaine.
Ses sourcils ne sétaient pas défroncés durant tout le procès, sen était dailleurs à se demander sil ne sagissait pas de son état de repos. Mais à lapproche des gardes, son expression se durcit, et il en serra même les poings. Personne ne le toucherait, foi de Corleone. Le montagnard se hâta presque de se lever, et quand le premier geôlier tenta de le prendre par le bras, il se rétracta avec force. On ne le jetterait jamais en prison, et cest toujours de plein gré quil y irait. Cétait sûrement un peu débile, ou bien un peu tiré par les cheveux, mais cétait avant tout symbolique pour le barbu.
Ieu sabi encara marchar sol.
[Je sais encore marcher seul.]
Larrogance et la fierté étaient à leur paroxysme. Il accompagna ces quelques mots dOccitan de gestes lents, visant à réajuster sa chemise, son col, et ses bottes. Ce nest quensuite, et accaparant toute l'attention, quil suivit le premier garde qui ouvrait la route. Il en profita pour dévisager le juge orléanais quand il passa à sa hauteur. Il savait quil ny était pour rien, et cétait justement cette inactivité qui lavait dérangée durant tout ce maudit procès. Les subtilités politiques et diplomatiques avaient largement été surpassées par son dégout, et la colère dêtre jeté en prison. Pourtant malgré lhumiliation dêtre traité comme de la vulgaire vermine, le Corleone navait jamais marché avec une telle sérénité, du moins en apparence seulement.
En effet sur le chemin qui le conduisait à sa geôle, il avait pris soin de taire la moindre expression faciale, serrant juste les poings, tout en laissant pendre ses bras le long du corps. En réalité il ne pensait pas vraiment, à ce moment-là, à cette prison qui lui servirait de demeure pour trois longs jours, mais plus à sa vengeance. Toulouse le paierait, il se le jura intérieurement. Cette soif de représailles fut entrecoupée didées plus pragmatiques de liberté, de colère, et de résignation. Il avait dailleurs, et assez étrangement, accepté plutôt rapidement le sort qui était le sien. Il allait payer pour un crime quil avait certes commis, mais après un procès bâclé qui lui avait donné un semblant despoir.
Arrivé devant les barreaux de sa prison, il fut tiré de ses pensées par le geôlier qui lui demanda de lui remettre encore les quelques objets encore en sa possession. Epée, couteau, et quelques écus encore dans ses poches. On le dépouillait encore un peu plus. Ces formalités terminées, le Corleone découvrit enfin où il allait vivre durant les prochains jours. une fois seul, il sassit sur ce qui ressemblait à un banc de pierre, baissant la tête et se replongeant dans ses pensées. Lodeur était insupportable, mais correspondait parfaitement à lendroit. Rien ne surpris alors Arthor, malgré le fait quil ne soit pas vraiment habitué à ce genre de solitude. Cétait même la première fois quil y était confronté. Son dépucelage demprisonnement en somme. Dans ce domaine-là, il était le moins expérimenté des Corleone. Un sorte de rite de passage sans doute, et à limage dun politicien qui doit absolument faire un passage au sein dun conseil gouvernemental pour être vraiment traité comme tel, un Corleone ne serait un Corleone quaprès un passage en prison. Après tout, il sagissait de lendroit le plus approprié pour réfléchir, méditer ses actions, comploter et élaborer le prochain mauvais coup.
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