Marzina
« Quavez-vous fait à votre robe ?! Revenez ici ! »
Et je file en riant, courant dans les couloirs de Machecoul.
Celle qui crie comme ça, cest Nounig, ma nourrice. Enfin elle sappelle Ninnog, mais moi, je préfère Nounig. Comment te dire ? Cest plus marrant. Oui, voilà. Comme daller courir dans les bois, cest bien plus drôle que de rester ici à apprendre le point de croix. Qui a envie de savoir faire ces trucs moches ? Pas moi en tout cas ! Déjà quon moblige à porter des robes, faut pas se plaindre si je les ramène trouées ! Ça se prend dans les ronces, jy peux strictement rien. Mais ça, à faire comprendre à Nounig, cest pas facile. Et maintenant quelle est remontée contre moi, je nai plus quà trouver un endroit où me planquer en attendant quelle en ait marre de me chercher. Et franchement, cest pas pour me vanter, nan, cest pas mon genre, mais pour me planquer je suis la meilleure. Jamais elle me retrouve, ja-mais ! Parfois, cest les femmes de la cuisine qui me cachent. Elles sont gentilles, et elles sentent bon la nourriture. Elles me rappellent ces dames à Rohan qui me donnaient toujours un morceau de brioche quand je venais leur chanter une chanson au lavoir. Sauf quelles disaient que mes chansons, cétait pas des chansons de jeune fille. Moi je men fous, cest papa qui me les a apprises. Et papa, cest le meilleur. Ya, je sais, tu te dis quen fait, toutes les petites filles disent ça. Tu nas pas tort, sauf quelles disent ça parce quelles le croient, alors quen vrai, ils sont nuls. Comme Taliesyn. Il croit que son père, cest le meilleur. Il est tellement bête. Son père, il sait pas faire tomber les écus des poches des gens sans quils le voient. Il chante jamais de chansons non plus. Il écrit pas des poèmes. Il fait des cadeaux moches aussi. Il dit que ses autres filles sont contentes quand on leur fait ce genre de cadeaux. Je suis pas ses autres filles, et surtout, je suis pas sa fille.
Maman et lui font croire ça à tout le monde, et jai pas le droit den parler. Je dois faire semblant quil est mon père. Mais je laime pas. Mon vrai papa reviendra un jour me chercher, et ils verront bien. En attendant je fais semblant, pour faire plaisir à maman.
Tiens, tu vois le petit garçon qui descend de cheval ? Cest Taliesyn. Il a un nom compliqué hein ? Moi aussi je trouve. Je lappelle César, parce que cest un vieux qui faisait beaucoup de la conquête. Et Taliesyn, il dit toujours qu'il fera comme son père, qu'il va conquérir tout plein de trucs. Alors je lappelle César, cest pour se moquer, parce qu'il est nul, il conquérira jamais rien. Et puis cest plus facile à dire que Taliesyn.
Et tu vois cette fronde de compétition ? Cest un cadeau de papa. Il ma appris à men servir, et il parait que pour ça aussi, je suis douée. Je ferme un il, je tire la langue une noix dans la lanière de cuir que je tire, je vise
Et bim ! En plein sur son crâne !
« Gast ! En plein dans ta face César ! »
Les bras en lair en signe de victoire, brandissant ma fronde vers le ciel, je lui adresse un sourire narquois. Moi. Avec ma belle robe déchirée et mes boucles blondes emmêlées, un tricorne trop grand sur la tête.
Jai 8 ans, et pour ma maman, je suis un ange.
Pour tous les autres, je suis la Tornade Blonde.
Degemer mat dans mon monde, je te fais visiter, suis-moi.
Au fait, moi cest Marzina.
Mais si tes gentil tu peux mappeler Zina.
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Et je file en riant, courant dans les couloirs de Machecoul.
Celle qui crie comme ça, cest Nounig, ma nourrice. Enfin elle sappelle Ninnog, mais moi, je préfère Nounig. Comment te dire ? Cest plus marrant. Oui, voilà. Comme daller courir dans les bois, cest bien plus drôle que de rester ici à apprendre le point de croix. Qui a envie de savoir faire ces trucs moches ? Pas moi en tout cas ! Déjà quon moblige à porter des robes, faut pas se plaindre si je les ramène trouées ! Ça se prend dans les ronces, jy peux strictement rien. Mais ça, à faire comprendre à Nounig, cest pas facile. Et maintenant quelle est remontée contre moi, je nai plus quà trouver un endroit où me planquer en attendant quelle en ait marre de me chercher. Et franchement, cest pas pour me vanter, nan, cest pas mon genre, mais pour me planquer je suis la meilleure. Jamais elle me retrouve, ja-mais ! Parfois, cest les femmes de la cuisine qui me cachent. Elles sont gentilles, et elles sentent bon la nourriture. Elles me rappellent ces dames à Rohan qui me donnaient toujours un morceau de brioche quand je venais leur chanter une chanson au lavoir. Sauf quelles disaient que mes chansons, cétait pas des chansons de jeune fille. Moi je men fous, cest papa qui me les a apprises. Et papa, cest le meilleur. Ya, je sais, tu te dis quen fait, toutes les petites filles disent ça. Tu nas pas tort, sauf quelles disent ça parce quelles le croient, alors quen vrai, ils sont nuls. Comme Taliesyn. Il croit que son père, cest le meilleur. Il est tellement bête. Son père, il sait pas faire tomber les écus des poches des gens sans quils le voient. Il chante jamais de chansons non plus. Il écrit pas des poèmes. Il fait des cadeaux moches aussi. Il dit que ses autres filles sont contentes quand on leur fait ce genre de cadeaux. Je suis pas ses autres filles, et surtout, je suis pas sa fille.
Maman et lui font croire ça à tout le monde, et jai pas le droit den parler. Je dois faire semblant quil est mon père. Mais je laime pas. Mon vrai papa reviendra un jour me chercher, et ils verront bien. En attendant je fais semblant, pour faire plaisir à maman.
Tiens, tu vois le petit garçon qui descend de cheval ? Cest Taliesyn. Il a un nom compliqué hein ? Moi aussi je trouve. Je lappelle César, parce que cest un vieux qui faisait beaucoup de la conquête. Et Taliesyn, il dit toujours qu'il fera comme son père, qu'il va conquérir tout plein de trucs. Alors je lappelle César, cest pour se moquer, parce qu'il est nul, il conquérira jamais rien. Et puis cest plus facile à dire que Taliesyn.
Et tu vois cette fronde de compétition ? Cest un cadeau de papa. Il ma appris à men servir, et il parait que pour ça aussi, je suis douée. Je ferme un il, je tire la langue une noix dans la lanière de cuir que je tire, je vise
Et bim ! En plein sur son crâne !
« Gast ! En plein dans ta face César ! »
Les bras en lair en signe de victoire, brandissant ma fronde vers le ciel, je lui adresse un sourire narquois. Moi. Avec ma belle robe déchirée et mes boucles blondes emmêlées, un tricorne trop grand sur la tête.
Jai 8 ans, et pour ma maman, je suis un ange.
Pour tous les autres, je suis la Tornade Blonde.
Degemer mat dans mon monde, je te fais visiter, suis-moi.
Au fait, moi cest Marzina.
Mais si tes gentil tu peux mappeler Zina.
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