--Barent
La fière taverne se dressait toujours place de la caguelade, face à la fontaine. Haute de deux étages abritant quelques chambres le rez-de-chaussée était quant à lui consacré à la cuisine et la grande salle. Son ombre assombrissait partiellement la place. La vieille demeure avait un air un peu lugubre et les vitres crasseuses ne permettait pas de distinguer clairement ce quil se passait à lintérieur. Bataille divrogne ou complot politique dans la grande salle ? Ebats fiévreux entre une catin et un aventurier de passage dans cette chambre là haut ? Il fallait poussé la lourde de porte de bois renforcée de ferronnerie pour savoir Cétait un peu ce qui faisait le charme de la plus vieille taverne du Puy. Au dessus de la porte, un panneau de bois orné dun sabre et dune tête de mort semblant fixer toute personne voulant entrer. Sur ce panneau, quelques lettres sombres : lAntre du Pirate.
Alors que la nuit était déjà avancée, que la plupart des ponots avaient déjà regagné leurs masures, un groupe de trois individus sortis du chemin de traverse savançaient en direction de lauberge. A lintérieur, la tavernière sapprêtait à mettre dehors les derniers clients à demi assoupis. Il était plus que lheure de fermer. La bonne femme grommelait après son patron, le Seigneur Kamharley dAvidson, le propriétaire de la taverne, qui ne lui verserait à coup sûr pas meilleur salaire, quand bien même ça faisait trois fois cette semaine quelle gonflait le chiffre daffaire en fermant un peu plus tard. Quelle vie de chien ! La pluspart des torches étaient déjà éteintes et le gros de la lumière provenait essentiellement du feu dans la grande cheminée.
Cest alors que le lourd battant pivota et laissa entrer les trois individus. La tavernière poussa un juron et sexclama à lattention des nouveaux venus.
« Mais où croyez vous aller comme ça ? Vous avez vu lheure un peu ? On est fermé ! »
Un des trois savança un peu. Il portait un grand manteau sombre et une capuche, ce qui avec la pénombre de la taverne, rendait difficile à voir son visage. Barent repoussa la capuche en arrière et laissa apparaître un visage marqué par le temps et les batailles. Sa peau était burrinée tel le cuir au soleil, et parsemée par quelques vilaines balafres. Les cheveux bruns grisonnants confirmaient que lhomme semblait avoir dépassé son apogée et entamé son lent déclin vers la vieillesse. On pouvait lui donner facilement une bonne quarantaine dannées.
Après avoir dévisagé la tavernière Barent lui répondit en souriant.
« Salutation ma jolie ! Je crois aller dans ta taverne et je crois aussi que mes compagnons et moi-même avons grand soif. Va donc quérir ta meilleure bière et au pas de charge ! »
Sans attendre de réponse il savança jusquau comptoir auquel il saccouda.