Alphonse_tabouret
( Noir Désir, les Écorchés)
Sortant dune taverne pour retrouver lair nocturne de Paris, Alphonse soustrayant mentalement largent quil avait dû dépenser dans cette chasse aux informations quil avait ouverte pour lun des contrats de la Maison Basse et repassant quelques-unes des confidences faites dans lune des arrière salles de local , sengageait sur le chemin le menant à lAphrodite, le pas allongé sans être pressé, pensif, mais attentif perpétuel. Sil avait lair ailleurs, le chat nen avait pas moins ses oreilles aux aguets, sur le qui-vive dune curiosité et dune prudence savamment entremêlée, et tout occupé quil était à faire le tri de ce quon lui avait confié plus tôt dans la soirée, entendit une centaine de mètres plus loin, des éclats de voix nourris de quelques cris dencouragements. Sarrêtant au milieu du carrefour des petites rues quil empruntait, son regard chercha, courant le long de londe bruyante, le spectacle qui se jouait à proximité et le trouva sous la forme dune dizaine de silhouettes agglutinées autour dune rixe qui dégénérait visiblement au profit de lun pour le plus grand désarroi de lautre.
Juché à califourchon sur un corps qui avait à peine la force de lever les bras pour se protéger des coups, le présumé vainqueur laissait pleuvoir une pluie de poings acharnée, laissant naitre dans le jeu de clair-obscur dune lune blanche dans des ruelles claires, des éclaboussures de sang voletant à des hauteurs qui hypnotisèrent le flamand. Ce quil avait pris pour des cris dencouragements nen était pas, et cétait la dissolution de cet étrange couple que réclamait la foule, tentant parfois, de les séparer mais se faisant rejeter dans un cri de rage par le démon blond qui avait le dessus. Quelques secondes le chat resta immobile, jaugeant la scène qui se déroulait, habituant ses yeux à lobscurité tiède de la ruelle, et remarquant enfin, un détail qui plissa doucement ses yeux Seize, dix-sept ans peut être la troupe en face de lui de ne devait pas dépasser cet âge-là, songea-t-il quand un autre détail attirait son attention. Jusquici aux cris de la horde sétait joint le son plus guttural de la victime, et désormais, cétait le silence qui accusait sa place, déréglant la mélodie de la plus atroce des façons, écornant le félin dont la moue sétira, mauvaise sur les lèvres.
Sil nétait pas plus courageux quun autre et navait jamais usé ses mains à combattre, Alphonse ne gardait pas moins en mémoire les empoignades fraternelles qui avaient jalonné son enfance, avant de se transformer en dédain silencieux de la part de son ainé comme de lui-même Sans plus réfléchir, et espérant jouer dun effet de surprise suffisant, le jeune homme prit la direction du groupe, bien trop occupé pour le voir arriver, et bousculant lun des convives, passa dans le dos de la tempête blonde. Abattant la dextre sur lépaule, la senestre dans la nuque, le jeune homme profita de cet infime instant de surprise pour saisir le jeune homme et le relever dun coup, sétonnant presque de sa légèreté quand dun mouvement de bras, il lenvoyait valser face au mur et ly maintenait en basculant son poids dans son dos et en bloquant ses jambes des siennes pour se prémunir dun mauvais coup.
Après la seconde de silence observée par le groupe entier, vint le chaos, les injures fleurissant par bouquets monstrueux dans la bouche du gamin quil tenait contre lui, la voix déformée dune colère enflant dune rage qui se trouvait décuplée à être privée de son exutoire. Si quelques-uns sétaient précipités sur le corps quils relevaient à grand peine, les autres, bras ballants, restaient bouche bée à contempler le démon épinglé contre le mur.
-Il ne restera pas inoffensif longtemps, leur lança Alphonse en sous entendant quil ne comptait pas séterniser lui-même plus que nécessaire, sans même leur jeter un coup dil , mais sentant, dans ce nouveau jeu de texte, la stupeur enrobant encore le cerveau et la langue. Les bruits des pas désordonnés résonnèrent dans la ruelle mais Alphonse ny prêtait plus réellement attention, un parfum entêtant venant lui obscurcir les tempes, le regard trainant dans les cheveux blonds, et, désormais seuls, sans plus de victimes à portée de rancune, la main desserrant la poigne quand lautre relâchait également sa prise, le brun gagna en légèreté, réduisant le poids quil imposait aux épaules .
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Sortant dune taverne pour retrouver lair nocturne de Paris, Alphonse soustrayant mentalement largent quil avait dû dépenser dans cette chasse aux informations quil avait ouverte pour lun des contrats de la Maison Basse et repassant quelques-unes des confidences faites dans lune des arrière salles de local , sengageait sur le chemin le menant à lAphrodite, le pas allongé sans être pressé, pensif, mais attentif perpétuel. Sil avait lair ailleurs, le chat nen avait pas moins ses oreilles aux aguets, sur le qui-vive dune curiosité et dune prudence savamment entremêlée, et tout occupé quil était à faire le tri de ce quon lui avait confié plus tôt dans la soirée, entendit une centaine de mètres plus loin, des éclats de voix nourris de quelques cris dencouragements. Sarrêtant au milieu du carrefour des petites rues quil empruntait, son regard chercha, courant le long de londe bruyante, le spectacle qui se jouait à proximité et le trouva sous la forme dune dizaine de silhouettes agglutinées autour dune rixe qui dégénérait visiblement au profit de lun pour le plus grand désarroi de lautre.
Juché à califourchon sur un corps qui avait à peine la force de lever les bras pour se protéger des coups, le présumé vainqueur laissait pleuvoir une pluie de poings acharnée, laissant naitre dans le jeu de clair-obscur dune lune blanche dans des ruelles claires, des éclaboussures de sang voletant à des hauteurs qui hypnotisèrent le flamand. Ce quil avait pris pour des cris dencouragements nen était pas, et cétait la dissolution de cet étrange couple que réclamait la foule, tentant parfois, de les séparer mais se faisant rejeter dans un cri de rage par le démon blond qui avait le dessus. Quelques secondes le chat resta immobile, jaugeant la scène qui se déroulait, habituant ses yeux à lobscurité tiède de la ruelle, et remarquant enfin, un détail qui plissa doucement ses yeux Seize, dix-sept ans peut être la troupe en face de lui de ne devait pas dépasser cet âge-là, songea-t-il quand un autre détail attirait son attention. Jusquici aux cris de la horde sétait joint le son plus guttural de la victime, et désormais, cétait le silence qui accusait sa place, déréglant la mélodie de la plus atroce des façons, écornant le félin dont la moue sétira, mauvaise sur les lèvres.
Sil nétait pas plus courageux quun autre et navait jamais usé ses mains à combattre, Alphonse ne gardait pas moins en mémoire les empoignades fraternelles qui avaient jalonné son enfance, avant de se transformer en dédain silencieux de la part de son ainé comme de lui-même Sans plus réfléchir, et espérant jouer dun effet de surprise suffisant, le jeune homme prit la direction du groupe, bien trop occupé pour le voir arriver, et bousculant lun des convives, passa dans le dos de la tempête blonde. Abattant la dextre sur lépaule, la senestre dans la nuque, le jeune homme profita de cet infime instant de surprise pour saisir le jeune homme et le relever dun coup, sétonnant presque de sa légèreté quand dun mouvement de bras, il lenvoyait valser face au mur et ly maintenait en basculant son poids dans son dos et en bloquant ses jambes des siennes pour se prémunir dun mauvais coup.
Après la seconde de silence observée par le groupe entier, vint le chaos, les injures fleurissant par bouquets monstrueux dans la bouche du gamin quil tenait contre lui, la voix déformée dune colère enflant dune rage qui se trouvait décuplée à être privée de son exutoire. Si quelques-uns sétaient précipités sur le corps quils relevaient à grand peine, les autres, bras ballants, restaient bouche bée à contempler le démon épinglé contre le mur.
-Il ne restera pas inoffensif longtemps, leur lança Alphonse en sous entendant quil ne comptait pas séterniser lui-même plus que nécessaire, sans même leur jeter un coup dil , mais sentant, dans ce nouveau jeu de texte, la stupeur enrobant encore le cerveau et la langue. Les bruits des pas désordonnés résonnèrent dans la ruelle mais Alphonse ny prêtait plus réellement attention, un parfum entêtant venant lui obscurcir les tempes, le regard trainant dans les cheveux blonds, et, désormais seuls, sans plus de victimes à portée de rancune, la main desserrant la poigne quand lautre relâchait également sa prise, le brun gagna en légèreté, réduisant le poids quil imposait aux épaules .
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