Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2   >>

[RP fermé] Nos hématomes crochus qui nous sauvent (*)

--Valtriquet
Le bain avait lavé ses souillures, celles données, celles reçues. Et tandis que les gouttes salvatrices dispensaient encore leurs rigoles apaisantes sur le corps abîmé de l'éphèbe, les mains en calice d'Alphonse apportèrent cette nuance de douceur que ses lèvres s'appliquant aux siennes ne démentirent pas. Le blond frémit à leurs souffles mêlés, la mémoire de son corps reconnaissait le parfum naturellement musqué du comptable. La chaleur des corps plaqués, pressés, acheva de redonner aux amants le filigrane éthéré et perdu d'une page écrite en été. Sous les gestes délicats du flamand, les souvenirs mordants et vifs de la soirée arrosée de coups s'étiolèrent dans les derniers reflux des vapeurs d'eau chaude, tout comme les images trop présentes d'un passé lourd à porter qui marqueraient à jamais la chair tendre.

-Tu as froid de toi. Sur ce constat murmuré à son oreille aussitôt mordillée, le Criquet ne le contredit pas, l'esquisse d'un sourire affleurant à ses lèvres. Je ne suis qu’une étincelle … Une étincelle mouillée.D'un baiser butinant ses lèvres, le brun scella ses mots qui éveillèrent dans l'esprit du Criquet un fol espoir. Fragile mais présent.
Le dessin de sa bouche au délicieux arrondi surmonté de deux cimes arrogantes fit encore sourire le jeune homme qui trouvait dans cette esquisse une nette ressemblance avec les caractéristiques de la personnalité d'Alphonse.


- As-tu faim, ou soif ? La faim insatiable qui l'habitait n'était pas de celle à se rassasier de nourriture terrestre. L'éphèbe enjamba le marbre et prit le drap de bain qu'il lui tendait, frottant d'abord ses cheveux dégoulinants dont la pointe des mèches gardèrent encore quelques gouttes récalcitrantes, accrochées là par un équilibre défiant toutes les lois de la pesanteur.- Non merci. Pas pour l'instant: Lui répondit-il en secouant sa tignasse blonde, achevant de passer le drap sur sa peau pâle marbrée d'ombres violacées dont la chaleur du bain avait pour un temps chassé du corps endolori l'écho des coups.
Les mots qu'il s'apprêtait à prononcer ne franchirent pas le seuil de ses lèvres entrouvertes, quand entourant ses hanches de la grande serviette, les émeraudes se figèrent sur la chemise du comptable dont l'humidité imprégnée par endroit plaquait le tissu à la peau. Assailli des images sulfureuses d'une nuit de Juillet dont le ventre deviné au travers du tissu blanc mouillé ravivait le souvenir, Val se contint à grand peine de ne pas arracher ce que portait le brun et qui ravivait ses sens. Serviette nouée sur ses hanches, il glissa son regard sur le torse d'Alphonse, remonta à la bouche sur laquelle il s'attarda et accrocha ses jades aux onyx.


- Et si elle me plaît à moi cette étincelle.... même mouillée?

Au travers du rideau de quelques boucles retombées devant ses yeux, Val fixa le regard sombre puis s'en détacha pour faire un tour d'horizon sur ce qui les entourait.

- Ainsi c'est ici que tu vis? Ton chez toi? Déambulant dans la sphère d'Alphonse, un peu pour s'éloigner de ce corps par trop tentant, et aussi pour découvrir l'intimité dans laquelle il pourrait imaginer son amant à présent, Le Criquet observait chaque objet, chaque coin d'ombre qui eut pu répondre à son questionnement sur l'énigmatique flamand, laissant la pulpe de ses doigts aux phalanges écorchées glisser sur la surface des rares meubles qui s'y trouvaient. Puis il se retourna vers le brun, une question lui brûlant les lèvres.

- Pourquoi m'as-tu amené ici, chez toi?... Dans sa phrase directe et succincte, le jeune homme laissait en suspend un filet de mots et de pensées, tout ce qui le traversait. Le début du rien et le tout.




Alphonse_tabouret
L’offre de se sustenter fut rejetée, poliment, l’éphèbe occupé à se sécher, livrant au regard noir du chat toute la blancheur de sa lascivité, et Alphonse attarda ses envies les plus saines à la lisière de ses tempes en le regardant faire, retenant le moindre geste à se joindre au spectacle, trop fragilisé par le bouillonnement laissé à ses lèvres si sages quand elles auraient voulu être outrancières.
Un silence se posa, éphémère dans une curiosité mutuelle, presque pudique, à se retrouver l’un et l’autre, si près quand ils avaient été si loin, laminés quand ils avaient pourtant fusionné avec tant d’emphase. Il suivit le regard verdoyant du Criquet sur son ventre, brulant sa peau d’une appétence qu’il reconnut, sans broncher, soumis avec un plaisir ineffable à la convoitise lorsqu’elle appartenait à ces rares qui amenaient le chat à la caresse, jusqu’à ce que les prunelles s’enlacent longuement et que la voix du blond ne demande, dans ce que le comptable prit, à tort ou à raison, pour une pointe de défi, non pas de conquête, mais de prise sur soi.


- Et si elle me plaît à moi cette étincelle.... même mouillée?
L’idée même de voir quelque chose l’intéresser au point de lui plaire semblait nouvelle à l’adonis, et cette impression de « malgré tout » arracha un sourire ténu mais tendre au brun tandis que son hôte lui tournait le dos, offrant aux yeux du chat la courbe de son dos, la finesse délicate de ses épaules affirmées, jetant un œil sur la pièce dans laquelle il avait été amené. Ainsi c'est ici que tu vis? Ton chez toi?, demanda-t-il en laissant son attention dériver d’un objet à un autre en découvrant le dépouillement quasi monastique de la pièce.
Mon chez moi… Un bien grand mot…, songea le comptable,, qui avait pourtant cesser de lutter à l'idée bileuse qu’il n’avait plus de toit, errant au vent salé de la Bretagne dans un chemin de coquelicots, et que sa cage dorée était finalement ce qui y ressemblait le plus. Le rire de Quentin résonna, lointain, et ce qui lui aurait, quelques semaines encore auparavant, arraché l’âme pour l’enfouir six pieds sous terre, égaya pourtant momentanément ses yeux. Au moins, cette cage-là avait une porte d’ouverte, il ne tenait qu’à lui de la franchir.
S’il avait choisi chaque couleur, chaque meuble et chaque tapis qui venaient s’agencer dans l’espace, Alphonse n’en avait pourtant jamais fait un lieu de vie et se demanda brièvement si cela reflétait exactement ce qu’il était ou son plus mirifique contraire.
Pourquoi m'as-tu amené ici, chez toi?...

La question lui fit délaisser les siennes et il porta un regard presque curieux sur le blond, attardant sa réponse le temps de savourer le visage pale mais de nouveau vivant de l’éphèbe, convoitise fruitée aux couleurs d’un été qui refusait de disparaitre.

-Parce que c’est ici le seul endroit que je… possède… Le mot lui écorchait encore le cœur, victime consentante d’un legs dont il ignorait jusqu’à peu l’amplitude de la tâche mais attaché à cette pièce vierge de tout jusqu’à ce qu’il emménage dedans. Aucun souvenir à ces murs, à ce lit, la chambre était née en même temps que lui… Parce que, étrangement, ici, ça n’est pas vraiment l’Aphrodite… Etait-il finalement là, le choix volontaire de la sobriété quand le bordel regorgeait de trésors chatoyants faits pour accaparer les yeux autant que l’admiration ? Une rupture nette, tranchée, unique choix qu’il avait pu réaliser sans se déliter de la promesse sur laquelle il ne reviendrait jamais, dut elle le consumer jusqu’à la moelle, dut elle continuer à creuser les cernes encore diffus qui ombraient son regard… Parce qu’il ne rentre personne ici sans mon consentement… Si son bureau pouvait se voir envahir malgré lui, ici, personne n’osait rentrer ici sans que la porte ne s’ouvre de l’intérieur. On pouvait bien y toquer avec toute la furie de l’empressement, si Alphonse n’en tournait pas la poignée, rien n’en franchissait le seuil, et l’on pouvait constater, six mois après son installation, qu’il avait toujours trop des doigts d’une seule main pour compter ceux qui avaient découvert ce lieu… Parce que j’avais envie que tu te sentes en sécurité… conclut-il dans un sourire en haussant doucement les épaules, regardant lui aussi les rares effets qui habillaient la pièce, choisissant l’esquive à cette inquiétude avouée, preuve délicate d’un attachement que la chair avait noué aux âmes en poursuivant, doucement moqueur quant à la décoration en place : Ce n’est pas très joyeux, n’est-ce pas ? Il jeta un coup d’œil sur le Criquet, son sourire glissant, amusé, à la commissure de ses lèvres. Il faut croire que je n'ai pas beaucoup de gout en matière d'aménagement... ou que je ne suis pas matérialiste… De fait il ne l’était pas, converti depuis toujours à la perte inéluctable des choses que l’on s’appropriait pleinement, du plus petit objet au plus grand amour. Il fit quelques pas pour aller chercher les verres délaissés et revenant tendre le sien à Val, lui demanda, arrivé à sa hauteur, d’une voix basse, presque moelleuse, empreinte d’un ton qui permettait le secret le plus absolu, en effleurant ses doigts des siens :
Et toi, pourquoi m’as-tu suivi ?
_________________
--Valtriquet
La réponse il l'avait provoqué, espérant entendre ce qui devait le rassurer. Si chaque phrase que prononça Alphonse abondait dans ce sens, pourquoi ne ressentait-il pas son bienheureux apaisement? Le Criquet demeurait cette esquisse que la vie n'avait pas encore achevée, instable, imperméable à certaines attaques qui feraient ployer des natures plus solides, mais sensible à ce qui affleure à l'esprit. Attentif à l'explication de son amant, il n'en était pas moins troublé, autant par ses réponses que par leurs nuances, sans pouvoir définir la teneur du voile ténu et sombre qui en couvrait les propos. Une certaine retenue, ce qui serait logique après la façon éprouvante dont ils s'étaient quitté. Ce n'était pas cela... Il y avait un fil mélancolique qui liait tous les mots d'Alphonse, et le grain de sa voix avait cette fragilité et cette pudeur qui lui était familière.

Ce n’est pas très joyeux, n’est-ce pas ? Il faut croire que je n'ai pas beaucoup de gout en matière d'aménagement... ou que je ne suis pas matérialiste… La voix était passée à un ton moqueur. Par mimétisme, un sourire s'afficha sur les lèvres du blond en réponse à celui, léger, du comptable. L'effleurement de sa main ,quand il lui tendit le verre qu'il était allé chercher, électrisa sa nuque au souvenir de leur première rencontre. Les doigts de Val caressèrent ceux d'Alphonse avant de se refermer sur le vin proposé. Et toi, pourquoi m’as-tu suivi ? La réponse pour le Criquet était tellement évidente que spontanément elle jaillit de ses lèvres.- Parce que c'était toi!

Confus, le Criquet détourna son regard des fascinants onyx et s'absorba dans la contemplation de l'appartement.
- Tu as eu raison de m'amener ici. Oui... je m'y sens en sécurité. Il regarda le bain, amusé.- On peut dire aussi que tu as bien fais en sorte de me détendre...Occultant volontairement qu'il venait tout de même de se détendre au point de confier ce qui avait fait de lui ce qu'il était.- J'aime bien. C'est sobre, simple. Un peu comme chez moi... Au moins si le brun venait à lui un jour, il ne serait pas surpris par la décoration sommaire de son appartement dont l'espace noyait les quelques désuets meubles qui s'y trouvaient et dont la fonctionnalité primait sur le paraître. Avec néanmoins la liberté qu'il s'était accordé pour la terrasse donnant sur la Seine et Notre-Dame. Ca lui plairait de lui montrer, de l'étonner. Etrangement, depuis la nuit où il avait tiré sa révérence d'une façon peu cavalière, malgré le mal qu'il s'était donné chaque jour à remonter son mur pierre par pierre, le Criquet ne pouvait se défaire de ce manque de lui. Ce qui ne lui était jamais arrivé auparavant. Il avait envie de se montrer autrement. De laisser entrer Alphonse dans sa vie par un autre chemin moins imbriqué que celui, tortueux, auquel il avait habitué les rares personnes qu'il avait laissé l'approcher.

- Personne n'y vient, parce que...... je ne l'ai jamais souhaité. Seul Lothaire y est autorisé. Lui est à demeure. C'est en quelque sorte le cerbère de cette antre. Mon repère. J'aimerais un jour t'y emmener. Si tu acceptes.

Val porta le verre à sa bouche, entrouvrant les lèvres pour goûter et savourer le vin. Les émeraudes glissèrent de la pièce aux onyx pour se laisser aller à leur envoûtement. Sa dextre reposa le verre et vint se nicher sous la chevelure du brun, caressant des doigts sa nuque tandis que dans un profond soupir il apposait son front au sien. D'une voix basse il murmura:Pardonne moi... Je ne sais pas ce qui m'a pris. J'ai été impulsif et sot...Tout est de ma faute.


Alphonse_tabouret
La réponse du Criquet fut tellement spontanée qu’elle le laissa livré à une stupeur totale, chat incapable de l’être ou presque, heureux locataire de ces chaines qui le conditionnaient et qui, si elles l’étouffaient, lui montraient toujours le chemin le plus sûr à suivre. Ses yeux s’écarquillèrent légèrement, arrondissant ses onyx d’une lueur étonnée, effaçant presque l’attention délicate du blond à attarder la caresse à sa main quand celui-ci se retournait justement, surpris, peut-être plus encore par ce qu’il venait de dire, que par ce que le comptable avait entendu. Le poids des mots étaient à ce point changeant tout en restant denses selon s’ils perlaient à la gorge ou à l’oreille, qu’Alphonse eut l’impression une seconde, d’avoir l’âme gangrénée de chaleur mettant à vif son flegme et sa tranquillité d’un bouillonnement éphémère.

Les mots de l’adonis achevèrent de noyer cette ambiance au gout de pudeur, délayant avec une certaine parcimonie les détails qui achevaient de prendre place entre les tempes brunes, recoupant, refugié dans l’analyse et la froide logique qui le réconfortaient tant, les informations que délivrait le blond. A l’entendre apprécier le gout on ne peut plus sommaire de la pièce, l’imagination si pauvre d’Alphonse n’eut aucun mal à se représenter la silhouette solitaire du Criquet entre les murs d’une maison trop grande pour lui et finissant son verre quand Val posait la ressemblance entre leurs univers, il le laissa sur le guéridon adjacent, suivant des yeux la silhouette qui se tournait à nouveau vers lui

- Personne n'y vient, parce que...... je ne l'ai jamais souhaité. Seul Lothaire y est autorisé. Lui est à demeure. C'est en quelque sorte le cerbère de cette antre. Mon repère. J'aimerais un jour t'y emmener. Si tu acceptes.
Etait-ce parce que leurs blessures avaient quelque chose en commun que le comptable sentit l’importance tacite d’une telle invitation au-delà des mots qui le lui assuraient ? Il ne répondit pas de suite, attentif toujours, silencieux éternellement à ne jamais interrompre l’autre pour le laisser aller au bout de ses pensées, suspendu aux mouvements de son amant dont le corps exprimait encore une envie de parole. Le verre de vin fut posé permettant à la dextre de s’enfouir dans la nuque du chat, frémissant à ce contact, laissant ses yeux se voiler et s’alourdir de chaleur quand le front du blond vint s’appuyer au sien et que sa voix flottait à la lisière craintive de sa conscience, bercé par les accents de douceur et de sincérité :
Pardonne moi... Je ne sais pas ce qui m'a pris. J'ai été impulsif et sot...Tout est de ma faute.

L’envie d’envelopper le Criquet dans ses bras le démangea jusqu’à lui irradier la pulpe des doigts mais il ne broncha pas, suspendu à cet instant gracieux, à la fragilité d’une rédemption qu’on lui offrait, lui qui ne demandait jamais, ou presque, réchauffé par une brise incandescente qui vint effacer la bile aussi surement qu’elle aurait chassé une poussière. Il frotta doucement son front au sien, mêlant mèches et brunes et mèches blondes, répondant, les yeux rivés vers le sol, au chaud de cette main enveloppant sa nuque

-Ne t’excuses pas d’être vivant, chuchota-t-il enfin. J’ai provoqué tout ça, je le sais bien, je suis comme ça… La cruauté des chats jouant de leur proie n’avait rien de la légende, animal égoïste, curieux autant de distant, le félin taquinait sa victime souvent jusqu’à ce qu’elle cesse de bouger ou qu’elle se retourne contre lui. Je t’ai poussé et tu n’as pas voulu tomber… La main du comptable s’aventura sans même qu’il s’en rende compte vers la hanche blonde pour y glisser, le corps réclamant le contact sans pourtant montrer des crocs, cherchant le moelleux de la chaleur qui s’entendait dans la voix de son amant. Je te pardonne si tu me pardonnes, poursuivit-il en réduisant la distance entre eux d’un geste du bras enlaçant désormais le bas du dos tout entier, jusqu’à ce que les ventres se rencontrent. Je n’accepterai ton invitation qu’à cette condition Val… conclut il quand il mourrait pourtant d'envie de lui dire oui de suite. Son visage se penchant aux élans de son corps, arrêta ses lèvres à un souffle de celle de l’adonis, se torturant pour ne pas y plonger, attardant dans le plaisir d’y fondre, la torpeur qui venait lui lécher les tempes, suspendu à la réponse du jeune homme aussi bien qu’à ses envies.
_________________
--Valtriquet
Alphonse avait tout ébranlé en lui. Les fondations d'un mur qu'il pensait inébranlable. Ses convictions à ne rien ressentir, pour ne plus se perdre et souffrir. Il avait grandi comme ça. Il s'était fait comme ça. Sans penser qu'un soir il croiserait sa faille à la faveur d'une soirée qui aurait dû, qui aurait pu, être comme les autres. Et peu à peu les événements l'avaient déstabilisé, lui faisant perdre de sa prestance, de son assurance, de sa foi envers son dogme qui faisait loi. Il s'était rebellé, agissant avec impulsivité, conscient du danger sans pouvoir pour autant rien changer à la marche de cette mue qui le déshabillait, fragilisant son équilibre et sa volonté. Comme une danse macabre le faisant valser deux pas en avant pour trois en retrait, illusionniste et manipulateur de sa propre marionnette.
.... mais maintenant, là, qu'il m'est doux de t'avoir contre moi...
Avec fébrilité et pudeur, Val savourait cet instant, ses doigts caressant la nuque de son amant, effleurant les cheveux bruns.

Ne t’excuses pas d’être vivant... J’ai provoqué tout ça, je le sais bien, je suis comme ça… La voix d'Alphonse chuchotant le fit tressaillir. Je t’ai poussé et tu n’as pas voulu tomber… Val écoutait chaque parole dans un silence presque religieux dont se vêt la confidence ou l'aveu. Pourtant ça lui était incompréhensible. Il savait, lui, que c'était de sa faute. Se pourrait-il que le brun pense être coupable de quoique ce soit? Le Criquet trouvait cette idée... nouvelle. Ce qu'il ressentit à ce moment précis était étrange. Comme un soulagement. Il ne se sentit que plus proche encore d'Alphonse. Cette soudaine prise de conscience envoya quelque part au fond de lui un signal apaisant.
Je te pardonne si tu me pardonnes...Plus proches en dehors, tandis que leurs corps se rapprochaient. Plus proches en dedans tandis que la voix chaude poursuivait.Je n’accepterai ton invitation qu’à cette condition Val… Les yeux plongés dans les onyx, si loin qu'il s'y noyait, son souffle léger frôlant les lèvres adulées, le Criquet comprit enfin et hocha lentement la tête avec un sourire qui se voyait à peine tant il était serein.
... oui... Naturellement le blond pressa doucement ses lèvres sur un coin de la bouche de son amant.... oui.. Continua t'il en baisant l'autre commissure des lèvres. Doucement la chaleur de ce corps si près se diffusa contre sa peau frissonnante. Val longea le fil de la mâchoire, posant ses lèvres sur la peau au parfum envoûtant par petite pression, puis noya son visage dans le cou du brun, son corps pressé contre le sien. Pour la première fois il n'avait plus envie de courir, plus envie de s'enfuir. Est-ce pour cela qu'il sentait les prémices d'une lente torpeur gagner son corps affaibli... Doucement son souffle effleura la peau d'Alphonse, humant son odeur boisée.
...content que tu acceptes de venir... et... que tu me pardonnes...



Alphonse_tabouret
Les lèvres de l’adonis vinrent effleurer le coin de siennes une première fois, duveteuses, pelucheuses presque, avec ce gout tendre et délicat des choses qui se passent de mots, dessinant leur caresse à l’antipode première, couvrant la mâchoire, laissant un instant le chat entre les pattes d’un autre.
Les bras d’Alphonse se refermèrent définitivement sur le Criquet quand celui enfouissait son nez dans le cou brun, l’y serrant précieusement, devinant sur sa peau, la respiration du blond, lisant dans la façon que son corps désormais collé au sien avait de se soulever, l’attention particulière à se nourrir de l’odeur de l’autre, ébréchant la pellicule flegmatique du félin.
Les doigts du comptable se crispèrent doucement à la chair blonde, poigne ferme mais douce, s’appropriant égoïstement dans l’instant, la chaleur de ce corps dont la dévotion avait tout du feu sacré, s’y nourrissant, sensible à cette application qu’avait Val à lui avoir toujours donné la sincérité plutôt que l’acidité, songeant une seconde que des deux, c’était peut-être définitivement le blond le plus sincère. Ne se cachait il pas en permanence le chat, derrière le fil des sous-entendus, jouant de l’ombre pour échapper à la clarté la plus diffuse, griffant chaque âme qui présentait un intérêt pour constater la véracité de sa découverte, sans arriver à s’émerveiller d’avoir survécu et à son père, et au Lion.
Le temps fila, éphémère, bercé par l’étreinte dans laquelle les deux jeunes hommes étaient plongés et il s’écoula une poignée de minutes avant qu’Alphonse ne rompe le silence, s’écartant lentement de l’adonis, remontant sa main à porter de son visage pour éclairer ses jades fatigués en poussant une boucle blonde, se perdant brièvement dans le dessin délicat des traits, dans l'air désormais calme qui auréolait son amant.


-Veux-tu dormir ici ?, lui demanda-t-il à mi-voix en lui désignant le vaste lit qu’était le sien. Les doigts caressèrent l’arrondi de l’oreille quand le sourire venait ombrer les lèvres du brun. Je ne pourrais pas rester, j’ai encore quelques affaires à traiter à la Maison Basse, lui expliqua-t-il en le libérant définitivement de ses bras, attardant une main à la hanche. Un étage en dessous, Hubert, mère poule dévouée à ce fils qui n’était pourtant pas le sien, attendait certainement le rapport de la rencontre qui l’avait initialement fait sortir du bordel. Je ne suis pas sûr de pouvoir te rejoindre avant l’aube, rajouta-t-il dans un sourire doux qui ne comportait pourtant pas l’ombre d’une excuse, car aurait-il eu le choix, que le chat ne serait pas remonté à son nid pour y dormir en le sachant occupé. Dormir avec un autre était une preuve d’affection rarissime, et, gardien esthète de ses nuits les plus noires, le félin entendait rester l’unique spectateur de ses propres tourments blêmes et de ses faiblesses les plus sordides, sans personne pour le juger... Pourtant, il rechignait à laisser l’adonis repartir chez lui, dans ce paysage fantomatique qu’il avait aperçu dans les mots douloureux qu’il avait semé dans l’eau ensanglantée du bain, seul, trop… Qu’en dis-tu ? L’espièglerie vint saler la tendresse de la proposition : Deux mètres de lit uniquement pour toi, un sommier fraichement remplumé… Tandis qu’il parlait, la main sur la hanche avait tourné le Criquet vers le lit, et désormais dans son dos, le comptable se pencha doucement pour gagner l’oreille et taquiner l’adonis d’une voix sourde, lascive, zestée d’une insolente assurance, tachant de le convaincre d’un dernier argument : … des draps empreints de mon odeur…
_________________
--Valtriquet


Il l'avait retrouvé... enfin.
Là, dans l'étreinte des bras du brun.
Là, dans le silence ténu des respirations qui se lient, qui se reconnaissent.
Là, dans la pression des doigts à même sa peau.
Là, dans sa main qui frôle le tissu pour longer aussitôt la cambrure des reins.
Là, dans le regard qui recherche le sien.
Il l'avait retrouvé, la mémoire du corps. Celle qui ne trompe pas.


Val, éternel jongleur de névroses, obsessionnel maçon d'un même mur monté jour après jour jusqu'à l'enfermement, découvre qu'il peut exister autre chose. Accepte l'idée même de ce concept nouveau.

Tandis que Alphonse lui parlait, tandis que les mots lui parvenaient par vaguelettes, le Criquet sentait une faible mais naissante lueur pulser. Etrange sensation, dérangeante mais agréable. Une mécanique du coeur au tic- tac entêtant. Le blond secoua la tête pour chasser ce bourdonnement et sembla à nouveau voir les onyx après cette courte absence.
Qu’en dis-tu ? Tourné habilement vers le lit, il esquissa un sourire en s'adossant au torse du brun, l'oreille chatouillée par son murmure lascif et taquin.
… des draps empreints de mon odeur…

Epuisé mais non dépourvu d'espièglerie, Val tourna légèrement la tête de côté pour murmurer sur le même ton:
Tous ces efforts pour m'attirer dans ton lit? Il fallait le dire tout de suite...

Sa main saisit celle d'Alphonse fichée à sa hanche et se retourna pour lui faire face, reculant pas à pas en attirant le brun vers le lit.
...C'est fort tentant dis moi....
Quand ses talons rencontrèrent le lit il se laissa choir sur le dos, emportant avec lui son amant sur lequel il s'allongea de tout son long.....Encore faudrait-il que je te laisse t'en aller.....
Il ceuillit la bouche gourmande pour se l'approprier
.... que j'accepte de perdre quelque temps ce que j'ai retrouvé...
Les mains blanches et abîmées délacèrent lentement le haut de la chemise pour goûter à la peau, s'enivrant du parfum musqué déployé à cette parcelle dénudée. ....me faire violence pour cesser toute errance sur ton corps attirant... Au fil des mots la voix de l'éphèbe se faisait plus suave, marquée de petits silences, les gestes plus lents.... alors que.... je suis censé te donner...du courage... élan... pour continuer ton ou... vrage.
La tête reposant sur le torse du brun, sa jambe repliée entre les siennes, vidé de toute la force qui avait quitté son corps abîmé, le Criquet avait fini par s'endormir d'un souffle apaisé et régulier.


Alphonse_tabouret
Entrainé par l’air irrésistiblement ensommeillé du Criquet, par la main chaude qui saisissait la sienne pour l’entrainer vers le lit quand la voix qui lui répondait, s’arrondissant d’un jeu lascif tout en espièglerie, chant répondant de l’amant à la taquinerie du félin, Alphonse se laissa faire.
Parce que le regard que portait Val sur lui avait la limpidité de l’envie ou bien tout simplement parce qu’en d’autres heures il aurait mené la danse avec la même langueur, le comptable su qu’il allait chuter et ne profita que plus de la brève gravité qui abima son corps dans le tendre de la couverture. Ses doigts instinctivement s’enfouirent dans la crinière blonde, massant le crane arrondi dans l’étreinte qu’ils accordèrent quand la bouche du Criquet prenait sans qu’aucune résistance ne s’y oppose, la sienne. Les baisers suaves du blond s’égrenèrent à sa peau quand sa voix vacillait, et qu’il détachait, somnolent vaillant dont le parfum de sommeil embaumait le brun au travers des gestes lascifs mais de plus en plus engourdis qu’il dispensait.
Le corps livré aux caresses pourtant irradiantes et volontaires accusa soudain le poids du rêve à son torse et redressant doucement la tête pour jauger du spectacle, il trouva, endormi, son amant livré en pâture à un ailleurs, chaton sagement assoupi. Le sourire, doucement narquois, étira la commissure des lèvres quand il soupirait autant d’amusement que pour chasser les prémices d’une nervosité qui menaçait d’éveiller son appétit, passant une main douce dans les boucles blondes.


-Bien… j’annule le bol de lait chaud alors… murmura-t-il à l’attention des paupières closes dont le frémissement indiquait l’abime dans lequel le jeune homme plongeait.

Un instant immobile il laissa le poids du Criquet raviver à sa chair ses nuits d’antan, trouvant dans la masse effilée du corps jumeau, un bien être nostalgique, une quiétude qui ne lui appartenait plus. L’idée ne l’effleura même pas de rester, d’essayer de s’endormir lui aussi dans le cocon de cette chaleur unique de la chair à la chair, non pas par la faute des obligations qui pourtant le réclamaient, mais par la plus sinistre des habitudes. La pensée était rejetée systématiquement depuis si longtemps qu’elle n’existait plus.
Habile à s’extirper de tous les bras, entrainé depuis bien longtemps à se mouvoir hors de la couche sans que nul bruit ne le trahisse, Alphonse, lentement, quitta le corps délicat et abimé du Criquet pour le lover dans les épaisses couvertures froissées par la chute et, silencieux, sans se retourner, gardant pour lui l’espoir de revenir au matin et de le trouver encore là, quitta la chambre où résonnait à peine le souffle discret du rêveur.

_________________
--Valtriquet
Ce soir je te laisse partir.....



Comme les aiguilles d'une horloge mal réglée dont les rouages cliquetaient sur les mêmes dents usées et fêlées, la silhouette endormie de l'Adonis se déplaçait anarchiquement dans le lit trop grand pour lui sans la frontière du corps bienveillant de son amant. Tantôt étendu de tout son long en travers des draps soyeux, une heure plus tard recroquevillé en son centre comme un ilot perdu, puis affalé le bras suspendu dans le vide, à la limite de tomber, sur l'arrête d'un angle. Pantin de chiffon dont le corps abandonné au sommeil enveloppant laissait au temps la distraction de tourmenter encore son esprit à la dérive.


La barrière des cils s'entrouvrit sur un regard ensommeillé, le temps de prendre conscience de l'endroit où il se trouvait et laisser les souvenirs affluer. Le silence aidant, ses pensées vagabondaient, nébuleuses. Le brun l'avait retrouvé. Peu importait dans quelles circonstances. Val prenait les choses comme elles venaient, parfois comme un cadeau, d'autres fois comme un fardeau. La suite de leur rencontre lui avait paru pour le moins étrange. D'abord qu'il y ait une suite et non une fuite. Ce qui le titillait, ce qui prenait naissance alors l'avait dérouté, effrayé. Encore maintenant il ne se l'expliquait pas. Ce qui avait changé c'est qu'il laissait venir à lui ce qui émanait de son autre.

Sa main avança à tâtons, aveugle, sur le lit défait à la recherche de son amant. Absence... Alphonse l'avait prévenu. Il n'en resta pas moins un peu déçu et se glissa à la place qu'avait occupé le flamand pour humer son odeur musquée dans la douceur des draps et s'en enivrer.
Dans l'encadrement de la fenêtre, la nuit bleutée avait perdu le voile sombre qui l'en recouvrait, laissant apparaître la découpe des toits enchâssés les uns aux autres.
Les bienfaits du bain chaud s'étaient évaporés tout comme l'alcool de ses veines. Le blond grimaça à peine au réveil de son corps endolori. Encore somnolant il referma les paupières, le nez plongé dans l'oreiller de son amant et se laissa glisser lentement dans la nuit écorchée.




Alphonse_tabouret
La nuit avait filé, pleine, n’épargnant ni l’attention, ni les réflexes du comptable puisqu’il avait fallu délayer les informations rassemblées et les transmettre avec la plus grande concentration quand ses pensées ne cessaient de se délier vers le corps abimé qu’il avait laissé dans sa chambre.
L’aube avait fini par pointer et avec elle, le mouvement inhérent au ventre de la maison et du personnel allant et venant pour finir de rendre au bordel son air de fraicheur constante quand bien même la nuit avait tout juste fini d’y agiter ses reins. Hubert avait clos la discussion d’un départ décidé vers la suite des opérations et, abandonné à son bureau, Alphonse avait fini de reporter patiemment les diverses colonnes de chiffres qui avait jalonné les heures de la maison.
Paris avait définitivement levé les limbes du potron-minet quand il referma son livre de comptes pour s’étirer, harassé mais étonnamment alerte encore, baillant avant de frotter des yeux cernés en se dirigeant vers le couloir desservant la maison basse. Profitant de cette sempiternelle balade pour saluer les domestiques qui prenaient leur fonction, optant au choix, d’un sourire pour l’une, d’un mot aimable pour l’autre, le chat discrètement n’eut qu’à poser quelques questions pour savoir que nul n’était sorti du bordel depuis qu’il y était rentré, étirant bêtement au fond de son ventre une satisfaction moelleuse.

Lorsqu’il passa la porte de sa chambre, ce fut dans un silence félin, découvrant la silhouette longiligne du Criquet enfouie sous les couvertures, instant partagé entre la nausée de voir son lit occupé et le contentement simple qui en découlait, incapable de choisir entre les deux émotions celle qui le ravagerait le moins, soucieux de cette distance salvatrice entre lui et les autres à la manière d’une main froide auprès de laquelle il trouvait l’assurant réconfort d’être seul maitre à bord. Côtoyer les autres n’était pas facile, vivre avec eux encore moins, et leur attacher de l’importance relevait de l’improbable… Et pourtant il ne se leurrait pas, se sachant contaminé depuis les toits de Notre Dame, peinant depuis lors à mettre un pied devant l’autre pour marcher au même rythme que les autres, mais avançant obstinément, et trouvant à cette vie qui n’avait plus le parfum de l’anglais, des accents à ce point vibrant dans le sourire des autres qu’il persistait à son calvaire, sans être plus léger, mais en s’habituant au creux béant de son cœur.
Il referma la porte derrière lui, silencieux, pour poser à côté de la tête de lit le plateau préparé par les cuisines, débordant inutilement de fruits, de brioches et de pain toastés, et d’autant de confitures que les soubrettes avaient pu en disposer entre le bol de lait chaud et le pot de beurre. Ce n’était pas tous les jours que le comptable réclamait un petit déjeuner et les caméristes avaient choisi de voir large, d’autant que le bruit s’était rependu rapidement qu’il n’était pas seul, là-haut. Poulailler innommable pour la plus part des bonnes gens, fange que l’on préférait cacher dans les sous-sols d’une cuisine, il n’en demeurait pas moins chez chacun des employés de la maison basse, une vue directe sur le déclin lent dans lequel le chat s’était empêtré depuis qu’il avait choisi de se faire avaler par l’Aphrodite, et de ce fait, exauçaient la moindre de ses demandes avec un enthousiasme débonnaire, prenant chaque désir exprimé comme un signe de vie.



Il s’assit dans le moelleux de la couette, cherchant d’une main légère les cheveux ensommeillés de Val jusqu’à les trouver, l’index dégageant l’édredon jusqu’à laisser entrapercevoir le profil, attardant un sourire à trouver le visage du blond ainsi délassé de sommeil, heureux flottant à la dérive de quelques heures qui n’appartenaient qu’à lui, en toute quiétude et laissa ses doigts s’enrouler aux pointes des boucles désordonnées sans encore chercher à le réveiller.
Attentif à la respiration altérée par les songes, lente, posée, il laissa glisser son doigt le long de la joue blanche, premier signal envoyé au rêveur dont l‘imaginaire ne devrait plus tarder à se fendre, jusqu’à effleurer les lèvres, joyaux sertissant le masque angélique, l’appela doucement, allongeant la caresse en suivant le fil de la mâchoire et accueillit le réveil du Criquet dans un sourire et une odeur de pain grillé.






_________________
--Valtriquet
Ce dormeur de Val
Demande à être réveillé
Que lui soit enlevé ce voile
Qui l'a prématurément aveuglé...


Sous la masse de boucles blondes les paupières frémirent, imperceptiblement.
Caresse...
Le souffle cassa son rythme régulier dans une inspiration légère.
Douceur...
Les cils frémirent à nouveau au contact de l'effleurement sur sa peau, avant de se lever pour laisser la lumière effleurer les émeraudes.
Val esquissa un sourire et referma les paupières en murmurant:

- Tu es là....
Il savourait la présence d'Alphonse et l'agréable réveil du jour en sa compagnie, découvrant d'abord la jambe repliée sur laquelle il posa sa main sortie de sous l'épaisse et douillette couette. Dans le silence où ses sens s'éveillaient, son regard remonta le long de la silhouette assise, souriant en découvrant le sourire de son amant, avant de venir ficher ses jades dans les yeux sombres et chaleureux, laissant encore un peu en suspend la ligne du temps.
- Bonjour ...

L'air embaumait le pain tout juste sorti du four, comme ces échoppes de boulangers devant lesquelles il passait au petit matin quand il rentrait après une folle nuit.
Le Criquet remonta sa dextre lentement le long du torse penché sur lui, agrippant la chemise sur laquelle ses doigts se nouèrent pour l'attirer dans le lit. Dégageant la couette d'un mouvement de sa jambe, il la plaça repliée entre celles du flamand tandis que ses mains, en lents mouvements mesurés, effleuraient, caressaient, le corps de son amant.
La tête d'Alphonse reposant à présent sur le moelleux de l'oreiller, Val huma son cou en y pressant délicatement ses lèvres jusqu'à remonter à l'oreille dont il saisit le lobe pour le mordiller et lui chuchoter:
- Tu sens le pain chaud...

De ses lèvres pleines et arrondies de la chaleur de sa nuit, il cueillit la bouche du brun en s'allongeant sur lui, son ventre s'éveillant à l'amour autant que son corps au jour. C'était un délice de retrouver le goût de sa langue qu'il savourait dans un profond baiser. Retrouver et reconnaître les gestes naturels des amants qu'ils furent, dans la douceur et la démesure.
Quand l'éphèbe chercha les onyx et que malgré le désir qu'il y lisait, les traits tirés du brun lui révélèrent son état de fatigue, il se traita d idiot et posa doucement son front contre le sien, essayant de freiner son envie de lui et réguler son souffle haletant.

- Ta nuit a été longue et moi... je suis un sombre crétin. Tu as besoin de te reposer. Un sourire d'excuse affleura à ses lèvres et son regard capta le plateau du petit déjeuner, débordant de victuailles. . Tu m'as donné faim avec....ahem.... ce réveil odorant et appétissant.

A regret il se détacha du brun pour s'allonger sur le dos, sa senestre dégageant les mèches de cheveux qui lui barraient le front. Néanmoins il sourit en regardant le plafond. Avoir Alphonse si prêt en freinant ses ardeurs était une vrai torture qu'il préférait quand même au vide de ses réveils.
Il tourna la tête vers lui puis roula sur le lit pour se retrouver près du petit déjeuner.


- Mmmh voilà un repas bien copieux. Habituellement je ne prends qu'un bol de lait. Mais mon dernier repas remonte à hier matin et j'avoue que ce plateau me met en appétit. Se redressant en position assise, Val mordit de bon coeur dans une tartine beurrée en faisant suivre sa bouchée d'une longue gorgée de lait.
- C'est délicat de ta part de songer à nourrir ton....
Un regard espiègle adressé au flamand, il poursuivit... chaton errant.
Puis il étala une cuillère de confiture sur une tartine et la tendit à son amant.- Tu devrais te restaurer. On dort mieux l'estomac léger, mais je doute que vide tes rêves te laissent tranquille.




Alphonse_tabouret
La déchirure du sommeil au profit du réveil était un spectacle dans lequel Alphonse s’abimait peu, fuyant d’habitude la couche et la chambre sur la pointe des griffes dans l’écho d’une respiration paisible, et si un instant il se sentit de trop dans ce tableau au parfum de rêves, il ne put s’empêcher de céder un sourire sincère à la voix embuée du blond, à ses gestes encore engourdis du repos venant pourtant le chercher dans les décombres du cocon moelleux.
Gracieux, le temps s’attarda sur la main blanche s’égarant à sa cuisse, sur les yeux verts babillant à la lumière d’un jour nouveau, sur la lente montée des doigts à son torse jusqu’à l’amener à chuter dans les couvertures, emprisonné par l’odeur de son amant et le poids de son corps encore brulant d’une nuit délaissée au confort de la plume d’oie. Les yeux un instant clos, il s’autorisa l’abandon aux caresses, aux lignes lascives que le Criquet appuyaient aux siennes, et par besoin de toucher ce qui devenait désir, égara dans les cheveux blonds, les mains brunes, gardant toujours au creux des doigts la douceur des boucles blondes , que la bouche de l’éphèbe soit à l’épaule ou bien au cou, à l’oreille comme aux lèvres.

Tu sens le pain chaud...

Happé par le baiser dispensé, par la mouvance soyeuse du corps effilé dont la chair s’animait, instinctive, privée à hauteur de celle du félin de l’agonie des sens dans laquelle ils s’étaient noyés avec une telle emphase quelques temps plus tôt, le chat s’y déversa, dans un soupçon de propriété, dans l’étreinte ferme que la dextre apposa à la nuque, gardant le souffle du blond au sien aussi longtemps que nécessaire pour faire passer le gout de cette attente.
A la faveur d’une accalmie, croisant leurs regards, les corps ensemencés d’un désir qui se dessinait à la chair, l’éphèbe attarda sur le chat un regard où la froideur de la réalité s’immisça, prenant note des cernes pointant sous le velours du regard noir, et, étirant malgré lui un sourire sur les lèvres félines, se détourna, pris d’une résolution aussi enfantine qu’irrésistible au travers de quelques mots lancés comme autant d’excuse à sa faim.

- Mmmh voilà un repas bien copieux. Habituellement je ne prends qu'un bol de lait. Mais mon dernier repas remonte à hier matin et j'avoue que ce plateau me met en appétit.
C'est délicat de ta part de songer à nourrir ton... chaton errant

Abandonné à la couette encore tiède de son précèdent locataire, Alphonse, étendu, laissa son regard courir le long du dos blond, les yeux s’accrochant aux traces encore nettes qui apparaissaient quand d’autres s’étaient atténuées, plus superficielles, et tendant un bras, vint attarder, du bout des doigts, une caresse sur la hanche.

-Mange autant qu’il te fera plaisir… Tu es maigre, le taquina-t-il en dérivant la pulpe de l’index jusqu’au dessin des côtes, un sourire espiègle s’entendant nettement dans son timbre, aimant le mensonge quand il n’avait aucune importance. Si le criquet était fluet, il n’en était pas moins parfaitement dessiné, et la pique ne visait qu’à amuser l’amant.

- Tu devrais te restaurer. On dort mieux l'estomac léger, mais je doute que vide tes rêves te laissent tranquille.


Avisant la tranche de pain sans appétit, il la repoussa du bout des doigts, une moue d’enfant peu convaincu aux lèvres, s’autorisant un caprice au creux de son lit pour la première fois depuis longtemps, attrapant le poignet pour tirer le Criquet au geste entravé par cette bête tartine, au bord de ses lèvres

-A choisir, ce n‘est pas le gout de la confiture que j’emporterais dans mes songes, glissa-t-il à la bouche du jeune homme en venant mordre doucement mais fermement la lippe à portée de ses crocs, ne le relâchant qu’en devinant la douleur se mêler au plaisir, laissant sa tête retomber mollement dans l’oreiller, exhalant discrètement la discrète odeur de Val, portant à ses lèvres un sourire lascif et irrémédiablement touché par la somnolence. Je crois que mes rêves ne me laisseront pas tranquilles longtemps, soupira-t-il dans un murmure salé, déversant le sous-entendu au timbre de sa voix trainante de fatigue et à la façon qu’il eut de rabattre un pan de l’oreiller à son nez pour en cueillir tout le parfum.
_________________
--Valtriquet


Ca l'amusait de penser que son appétit il le devait à sa faim du brun. Nul doute que le pain craquant n'avait jamais eu si bon goût. La taquinerie d'Alphonse le fit sourire. Lui aussi aurait besoin de se remplumer un peu. Il lui semblait que les ombres dessinées sur les joues de son amant, si infimes soient-elle, n'y étaient pas auparavant, lors de leur dernière rencontre. Et ce n'est pas la tartine tendue qui y changerait quoique ce soit, puisqu'il la dédaigna du bout des doigts, profitant de son poignet à portée pour l'attirer à lui et porter à sa bouche un souhait que Valtriquet se fit un plaisir...

-A choisir, ce n‘est pas le gout de la confiture que j’emporterais dans mes songes.
.... d'exaucer, se laissant mordiller les lèvres où les picotements de douleur se mêlaient au plaisir ressenti. Alors que le moelleux de l'oreiller recueillait la tête alourdie de fatigue du flamand, le Criquet mouilla la pulpe de ses lèvres en les faisant glisser l'une contre l'autre, savourant la morsure qui les enflammait. Je crois que mes rêves ne me laisseront pas tranquilles longtemps, murmura le brun dans un soupir, les paupières alourdies de fatigue. Attendri par cet aveu sous entendu, Val ne réagit pas tout de suite, savourant quelque part de voir le félin dans un abandon qui le rendait encore plus désirable.
Avisant tout de même qu' Alphonse était encore habillé, Val déposa la tartine restée dans sa main sur le plateau qu'il enleva du lit pour le déposer sur le bureau et approcha sa bouche assez près pour que les ouïes, encore sensibles au son, entendent son murmure.
- Laisse moi te déshabiller. Que tes rêvent ne soient pas empêtrés par des habits qui les engonceraient...

Ses mains n'avaient pas attendus pour commencer à délacer les braies du brun et lui ôter, prenant soin de ne pas freiner sa plongée dans le sommeil, aidé par les mouvements lascifs de son amant. Le blond suspendit son geste au moment de rabattre la couette sur le corps nu exposé à sa vue, submergé par les images de leur étreinte, leurs peaux se frôlant, le bassin du brun épousant le sien. A ses souvenirs, son ventre se durcit sous la naissance d'une folle envie. Il secoua la tête en souriant et remonta sagement l'épais duvet sur le corps du flamand. Même endormi il faut que tu provoques mon désir... Il ne put résister à l'arrondi de l'épaule sur laquelle il pressa doucement ses lèvres en lui murmurant.
- Que ta nuit apaise tous tes maux...


En raflant les vêtements éparpillés pour les déposer sur une chaise à côté, Val enfouit son visage dans la chemise d'Alphonse, humant profondément l'odeur musquée dont elle était imprégnée. Il l'enfila en s'abîmant dans la contemplation de la silhouette endormie de son amant, l'esquisse d'un sourire énigmatique sur les lèvres et s'attabla au bureau pour laisser un mot sur un vélin.




Cher Comptable de l'Aphrodite,

Je retiens en otage ta rebelle chemise. Si tu veux la récupérer sans que nul mal ne lui soit fait,
tu as intérêt à ramener ton illustre fessier Rue de L'Oseroie, près de Nostre Dame , non loin des quais.
Quand tu y seras, lève le nez. La première demeure parmi celles bariolées de
colombages, une seule au dernier étage déborde d'une luxuriante végétation.
Sur la porte de bois, deux mains entrelacées en cuivre.
Tu es arrivé...

Val



Une fois habillé, le Criquet s'approcha du dormeur profondément endormi. Ecartant les quelques mèches qui barraient le visage apaisé, il le contempla encore une fois avant de s'en aller en refermant doucement la porte. Rien n'aurait pu présager de l'issue de cette soirée. Le retrouver ainsi...En traversant les ruelles de Paris qui s'éveillait, le Criquet repensa au sauvetage du chat sauvage s'acharnant sur son compagnon de jeu. Qui avait été véritablement sauvé cette nuit là, Aaron ou lui?..



See the RP information <<   <   1, 2   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)