Umbra
[On a frôlé la vie !]**
Avant même de prendre conscience de mon isolement, jai compris que je ne serai jamais seule. Sans le voir réellement, je percevais cet être irradiant de chaleur frôler ma pensée à chaque instant. Si javais su quun jour, il me consumerait
[1446, Couvent de Dunkerque]
Je nétais quun nourrisson quand Elle apparut pour la première fois mais tout cela maintenant je lai oublié, cest Elle qui me le rappelle. Je ne mexprimai alors que par gazouillis et cris perçants. Je métais habituée à certains faciès, ceux qui soccupaient de moi. Parfois de nouveaux visages se montraient mais de ces derniers, je ne gardais aucune importance. Même en bas âge, mon sourire se faisait rare. Les religieuses qui mélevèrent pensaient à cette époque que jétais un bébé timide mais bien vite, elles se rendirent à lévidence : je nétais quune enfant triste.
Cest encore Elle qui me raconta que mon tout premier sourire lui fut adressé. Il était maladroit, mes zygomatiques peu enclin à travailler de la sorte. Mes lippes juvéniles se retroussèrent pour dévoiler quelques petites quenottes déci-delà dans ma bouche rosée. Mes grands yeux dun noir charbonneux la fixèrent un long moment, pétillant de malice. Ce portait avait un je-ne-sais-quoi de malsain. Peut-être parce quil ny avait personne au dessus de mon berceau ?
Si jeune et déjà camisolée dans mes langes, je navais pas la liberté de dagir, ni la faculté de mexprimer. Je navais quElle à cet instant et dès lors, je my accrochai. Ma croissance suivit son cours en parallèle à ma dépendance. Ses visites étaient fréquentes, Elle faisait partie de mon entourage comme la Mère Supérieure, Sur Marie-Claire et Sur Clémence. Quand je pus enfin balbutier et commencer à réfléchir, mon attention se riva entièrement sur Elle. Je lui offris aussi mon premier mot.
Oeur.
Que les nonnes répétaient sans cesse dun air niais à deux centimètres de mon visage. En réalité, le véritable mot était « Sur » mais là encore, je ne possédais pas toutes mes aptitudes. A force de rabâchage, je finis par étendre mon vocabulaire.
Dans les quelques mois qui suivirent ma deuxième année dexistence, jétais dans la capacité de me faire comprendre de mes tutrices. Je pouvais les suivre en trottinant derrière elles voir même les faire gambader en courant. Je grimpai aussi pour les effrayer. Derrière toutes mes frasques inconscientes se terraient Son idée. Cétait Elle qui guidait mes pas et mes pulsions.
Je commençais à assimiler les syllabes à des faits et cest ainsi que je pus exprimer ma faim, ma soif, mes besoins, ma fatigue, ma colère mais jamais ma joie au grand dam des religieuses. Je prononçais mon prénom et Lappelait :
Oline.
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Avant même de prendre conscience de mon isolement, jai compris que je ne serai jamais seule. Sans le voir réellement, je percevais cet être irradiant de chaleur frôler ma pensée à chaque instant. Si javais su quun jour, il me consumerait
[1446, Couvent de Dunkerque]
Je nétais quun nourrisson quand Elle apparut pour la première fois mais tout cela maintenant je lai oublié, cest Elle qui me le rappelle. Je ne mexprimai alors que par gazouillis et cris perçants. Je métais habituée à certains faciès, ceux qui soccupaient de moi. Parfois de nouveaux visages se montraient mais de ces derniers, je ne gardais aucune importance. Même en bas âge, mon sourire se faisait rare. Les religieuses qui mélevèrent pensaient à cette époque que jétais un bébé timide mais bien vite, elles se rendirent à lévidence : je nétais quune enfant triste.
Cest encore Elle qui me raconta que mon tout premier sourire lui fut adressé. Il était maladroit, mes zygomatiques peu enclin à travailler de la sorte. Mes lippes juvéniles se retroussèrent pour dévoiler quelques petites quenottes déci-delà dans ma bouche rosée. Mes grands yeux dun noir charbonneux la fixèrent un long moment, pétillant de malice. Ce portait avait un je-ne-sais-quoi de malsain. Peut-être parce quil ny avait personne au dessus de mon berceau ?
Si jeune et déjà camisolée dans mes langes, je navais pas la liberté de dagir, ni la faculté de mexprimer. Je navais quElle à cet instant et dès lors, je my accrochai. Ma croissance suivit son cours en parallèle à ma dépendance. Ses visites étaient fréquentes, Elle faisait partie de mon entourage comme la Mère Supérieure, Sur Marie-Claire et Sur Clémence. Quand je pus enfin balbutier et commencer à réfléchir, mon attention se riva entièrement sur Elle. Je lui offris aussi mon premier mot.
Oeur.
Que les nonnes répétaient sans cesse dun air niais à deux centimètres de mon visage. En réalité, le véritable mot était « Sur » mais là encore, je ne possédais pas toutes mes aptitudes. A force de rabâchage, je finis par étendre mon vocabulaire.
Dans les quelques mois qui suivirent ma deuxième année dexistence, jétais dans la capacité de me faire comprendre de mes tutrices. Je pouvais les suivre en trottinant derrière elles voir même les faire gambader en courant. Je grimpai aussi pour les effrayer. Derrière toutes mes frasques inconscientes se terraient Son idée. Cétait Elle qui guidait mes pas et mes pulsions.
Je commençais à assimiler les syllabes à des faits et cest ainsi que je pus exprimer ma faim, ma soif, mes besoins, ma fatigue, ma colère mais jamais ma joie au grand dam des religieuses. Je prononçais mon prénom et Lappelait :
Oline.
* Citation du film Fight Club adaptée pour les besoins du RP.
** Citation du film Fight Club.
** Citation du film Fight Club.
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