Satineduval
(Auch, préparant le départ)
Vivre l'enfer
Mourir au combat
Faut-il pour lui plaire
Aller jusque-là ?
Veux-tu faire de moi
Ce que je ne suis pas ?
*Zazie & Axel Bauer, A ma place
Dans la nuit du 27 août, dans la taverne de Lanceline au Havre de Paix, s'était déroulée la dernière heure entre les deux amants.
Conversation peu tendue, juste quelques explications, sans heurts, avec dans les yeux moyosotis la tristesse de voir que son homme ne voulait pas changer d'avis, malgré le compromis qu'elle lui avait proposé par écrit quelques heures plutôt.
De son côté, Dom faisait preuve déjà de son envie de retrouver sa liberté, celle que Satine semblait lui avoir ôtée. Pourtant, elle pensait avoir fait tout son possible pour ne pas le contraindre en quoi que ce soit, lui laissant toujours le choix d'aller où son cur et ses envies le portait.
Sa seule faute, avait été de trop vouloir aspirer à plus grande complicité entre eux, ce qui avait tiré une phrase de sa bouche, déchirante pour la noiraude: je n'ai pas à te rendre compte de ma vie, Satine.
En effet, il était préférable de fermer l'il et la bouche, pour rester la femme agréable et compréhensive, ne pas faire de vagues quand quelque chose était dérangeant ou la troublait.
Elle se savait excessive, passionnée, enjouée, curieuse et surtout, elle aimait aller au fond des choses et en connaitre le fin mot.
Certainement pas, elle ne faisait pas un bon toutou à son maître. Trop dérangeante, par son besoin de savoir ce qu'il vivait de son côté. Le havre de paix, il l'avait gagné à ce moment-là.
Insistante, elle l'était par envie de partager tous les secrets de son amant, préférant savoir ce qui se passait dans sa vie, sur le moment plutôt que d'apprendre par la suite des détails blessants.
Ainsi, elle avait appris par une autre personne que son bel amant, tenait correspondance poétique avec une autre femme, Lady Eden, qu'il avait croisé pendant son séjour chez les moines.
Pourquoi lui avoir caché cette correspondance, alors qu'elle lui avait demandé à son retour de retraite, s'il avait reçu de nouvelles de quelqu'un. La réponse fut négative.
Petit mensonge, sans doute pour éviter de devoir s'expliquer et voir sa belle se fâcher.
Dom lui avait montré les poèmes échangés et là où lui ne voyait que de l'amitié, Satine lisait déjà entre les lignes comme une envie de poursuivre sur un autre chemin..
Ne lui disait-elle pas que seul sa plume pouvait la sauver? Tentative mainte fois vue par Satine. Dom aimait avoir cette sensation, fort agréable du reste, de sauver les femmes en détresse, Lexianne, Morganne, puis Eden.
Et ces femmes jouaient de leur détresse pour toucher les cordes sensibles de ces mâles, celle du *Preux Chevalier* ou du Saveur.
Satine, pour sa part, avait cela en horreur, quand les femmes se mettaient à jouer de le détresse pour sensibiliser le beau mâle, au point lui donner l'impression d'être indispensable. N'avait-elle pas vu à Dijon, une ancienne amante à Dom s'adonner à ce même jeu, alors que Satine avait appris par un homme, que la prétendue suicidaire jouait à de petits jeux forts amusants avec celui-ci. Double jeu, double visage, que celui d'Eden, qui demandait des nouvelles de Dom, comme si elle n'en avait pas eue..
Que d'hypocrisie, de gens qui avançaient masqués, pour mieux se faufiler dans leur couple. La noiraude était dégoûtée, elle avait une certaine dignité, qui faisait que sa douleur, elle la vivrait seule, sans secours de personne, sur la route du retour en Lorraine, qui serait son chemin de croix.
Cacher sa peine, l'enfouir au plus profond de son cur, s'en nourrir pour avancer, chercher à la dompter, cette foutue douleur qui avait brûler son cur dans la soirée.
Même Dom n'avait pas senti à quelle point elle était triste, pleurant intérieurement tous les mots qu'il lui disait. Si tu ne changes pas, tu me perdras.. elle voyait bien qu'il était déjà loin dans son esprit, depuis quelques temps.
Changer pour devenir quoi. Un mouton, une femme fade et qui dit béni-oui-oui à tout ?
Jamais...plutôt crever le cur déchiré, mais personne ne la ferait changer sa personnalité. Ni dieu, ni maître.
Satine avait profité une dernière fois de la chaleur des bras de son amant, il lui avait effleurer encore les lèvres en un baiser aérien, et qui avait fait tant de mal à Satine, parce que, au fond d'elle, elle savait bien que celui-ci serait le dernier qu'ils échangeraient. La lorraine était sortie en premier, ne voulant pas que l'homme qu'elle aimait voit ses larmes de tristesse.
En haut des remparts, d'où elle guettait le passage de son amant, la jeune femme repensa à ce qu'il lui avait dit.
Changer sa façon de l'aimer. Peine perdue d'avance. Quand on aimait avec passion, force, spontanéité, il était bien sûr impossible de maitriser toute sa fougue, toute sa rage d'amour, l'envie de l'autre.
Elle était entière et le resterait à jamais, il aurait tout autant pu lui dire mourir, la seule façon qui aurait pu changer sa façon d'aimer, à travers la paix éternelle.
On ne demande pas à celle que l'on aime de changer, elle ne l'avait pas fait envers Dom. Se mettait-il à sa place quelque fois? L'avait-il comprise un jour?
La question ne se posait plus à présent, elle rendait les armes et oar ce geste, la liberté à Dom.
Dom.. quand tu liras cette lettre, demain matin, tu m'auras perdue définitivement.
Tu choisis de me quitter pour la deuxième fois et cette fois, je ne reviendrai pas sur ce choix. Ne perds pas de temps à m'écrire.
Prends ta plume et pratique tes exercices d'écritures avec Lady Eden, puisqu'elle semble te donner une belle verve pour la courtiser d'un amour courtois..
Preux chevalier, qui veut sauver toutes ces femmes, je te rends à elles, tes admiratrices et tes soupirantes, soit brillant, comme tu l'as été avec moi. Tu en perds qu'une, après tout..qu'importe !
Tout comme pour Fleur, je l'aimais quand nous nous sommes quittées. Il en est de même pour toi, mais de te voir me tourner le dos, pour redevenir l'homme que tu étais, comme si je t'avais rendu si malheureux et si différent, je ne le supporte pas Dom.
A croire que j'ai été ton malheur plus que ton bonheur. Désormais, tu pourras vivre en paix. Je disparais de ta vie, comme j'y suis entrée, en douceur et sans bruit.
Ce soir, je referme la porte sur notre univers, la roulotte n'existera plus que dans tes rêves et tes souvenirs. J'espère qu'ils seront beaux.
Merci pour ceux que tu m'as donné et que je garderai enfoui comme un trésor au fond de mon cur pour les raconter à notre enfant, quand il sera plus grand. Satine
Il y avait encore de l'amour entre eux ce soir-là, mais cela ne suffisait plus. Manque de confiance, d'estime, de considération, de partage. Beau gâchis, un amour si puissant, mais sans doute trop destructeur.
Toute la nuit, elle avait veillée, guettant la silhouette depuis la tour de guet. Priant pour qu'il revienne à ses côtés, dans la roulotte, fixant la porte pour une éternité. Mais personne n'avait franchi le seuil, alors elle avait commencé son deuil.
Les souvenirs s'étaient déroulés, comme un long parchemin précieux, dans l'esprit de la gitane. Tout avait défié, le cur doucement s'était serré, pour mourir, infiniment, comme elle l'avait aimé.
Les yeux rougis du manque de sommeil et de larmes, elle avait pleuré, de ne pas avoir su l'aimer puis, se contraindre à l'oublier. Ce matin-là, Satine avait mouché la chandelle à la place de Dom, puis s'était endormie pour cesser de rêver leur univers à la saveur de paradis perdu.
Vivre l'enfer
Mourir au combat
Faut-il pour lui plaire
Aller jusque-là ?
Veux-tu faire de moi
Ce que je ne suis pas ?
*Zazie & Axel Bauer, A ma place
Dans la nuit du 27 août, dans la taverne de Lanceline au Havre de Paix, s'était déroulée la dernière heure entre les deux amants.
Conversation peu tendue, juste quelques explications, sans heurts, avec dans les yeux moyosotis la tristesse de voir que son homme ne voulait pas changer d'avis, malgré le compromis qu'elle lui avait proposé par écrit quelques heures plutôt.
De son côté, Dom faisait preuve déjà de son envie de retrouver sa liberté, celle que Satine semblait lui avoir ôtée. Pourtant, elle pensait avoir fait tout son possible pour ne pas le contraindre en quoi que ce soit, lui laissant toujours le choix d'aller où son cur et ses envies le portait.
Sa seule faute, avait été de trop vouloir aspirer à plus grande complicité entre eux, ce qui avait tiré une phrase de sa bouche, déchirante pour la noiraude: je n'ai pas à te rendre compte de ma vie, Satine.
En effet, il était préférable de fermer l'il et la bouche, pour rester la femme agréable et compréhensive, ne pas faire de vagues quand quelque chose était dérangeant ou la troublait.
Elle se savait excessive, passionnée, enjouée, curieuse et surtout, elle aimait aller au fond des choses et en connaitre le fin mot.
Certainement pas, elle ne faisait pas un bon toutou à son maître. Trop dérangeante, par son besoin de savoir ce qu'il vivait de son côté. Le havre de paix, il l'avait gagné à ce moment-là.
Insistante, elle l'était par envie de partager tous les secrets de son amant, préférant savoir ce qui se passait dans sa vie, sur le moment plutôt que d'apprendre par la suite des détails blessants.
Ainsi, elle avait appris par une autre personne que son bel amant, tenait correspondance poétique avec une autre femme, Lady Eden, qu'il avait croisé pendant son séjour chez les moines.
Pourquoi lui avoir caché cette correspondance, alors qu'elle lui avait demandé à son retour de retraite, s'il avait reçu de nouvelles de quelqu'un. La réponse fut négative.
Petit mensonge, sans doute pour éviter de devoir s'expliquer et voir sa belle se fâcher.
Dom lui avait montré les poèmes échangés et là où lui ne voyait que de l'amitié, Satine lisait déjà entre les lignes comme une envie de poursuivre sur un autre chemin..
Ne lui disait-elle pas que seul sa plume pouvait la sauver? Tentative mainte fois vue par Satine. Dom aimait avoir cette sensation, fort agréable du reste, de sauver les femmes en détresse, Lexianne, Morganne, puis Eden.
Et ces femmes jouaient de leur détresse pour toucher les cordes sensibles de ces mâles, celle du *Preux Chevalier* ou du Saveur.
Satine, pour sa part, avait cela en horreur, quand les femmes se mettaient à jouer de le détresse pour sensibiliser le beau mâle, au point lui donner l'impression d'être indispensable. N'avait-elle pas vu à Dijon, une ancienne amante à Dom s'adonner à ce même jeu, alors que Satine avait appris par un homme, que la prétendue suicidaire jouait à de petits jeux forts amusants avec celui-ci. Double jeu, double visage, que celui d'Eden, qui demandait des nouvelles de Dom, comme si elle n'en avait pas eue..
Que d'hypocrisie, de gens qui avançaient masqués, pour mieux se faufiler dans leur couple. La noiraude était dégoûtée, elle avait une certaine dignité, qui faisait que sa douleur, elle la vivrait seule, sans secours de personne, sur la route du retour en Lorraine, qui serait son chemin de croix.
Cacher sa peine, l'enfouir au plus profond de son cur, s'en nourrir pour avancer, chercher à la dompter, cette foutue douleur qui avait brûler son cur dans la soirée.
Même Dom n'avait pas senti à quelle point elle était triste, pleurant intérieurement tous les mots qu'il lui disait. Si tu ne changes pas, tu me perdras.. elle voyait bien qu'il était déjà loin dans son esprit, depuis quelques temps.
Changer pour devenir quoi. Un mouton, une femme fade et qui dit béni-oui-oui à tout ?
Jamais...plutôt crever le cur déchiré, mais personne ne la ferait changer sa personnalité. Ni dieu, ni maître.
Satine avait profité une dernière fois de la chaleur des bras de son amant, il lui avait effleurer encore les lèvres en un baiser aérien, et qui avait fait tant de mal à Satine, parce que, au fond d'elle, elle savait bien que celui-ci serait le dernier qu'ils échangeraient. La lorraine était sortie en premier, ne voulant pas que l'homme qu'elle aimait voit ses larmes de tristesse.
En haut des remparts, d'où elle guettait le passage de son amant, la jeune femme repensa à ce qu'il lui avait dit.
Changer sa façon de l'aimer. Peine perdue d'avance. Quand on aimait avec passion, force, spontanéité, il était bien sûr impossible de maitriser toute sa fougue, toute sa rage d'amour, l'envie de l'autre.
Elle était entière et le resterait à jamais, il aurait tout autant pu lui dire mourir, la seule façon qui aurait pu changer sa façon d'aimer, à travers la paix éternelle.
On ne demande pas à celle que l'on aime de changer, elle ne l'avait pas fait envers Dom. Se mettait-il à sa place quelque fois? L'avait-il comprise un jour?
La question ne se posait plus à présent, elle rendait les armes et oar ce geste, la liberté à Dom.
Dom.. quand tu liras cette lettre, demain matin, tu m'auras perdue définitivement.
Tu choisis de me quitter pour la deuxième fois et cette fois, je ne reviendrai pas sur ce choix. Ne perds pas de temps à m'écrire.
Prends ta plume et pratique tes exercices d'écritures avec Lady Eden, puisqu'elle semble te donner une belle verve pour la courtiser d'un amour courtois..
Preux chevalier, qui veut sauver toutes ces femmes, je te rends à elles, tes admiratrices et tes soupirantes, soit brillant, comme tu l'as été avec moi. Tu en perds qu'une, après tout..qu'importe !
Tout comme pour Fleur, je l'aimais quand nous nous sommes quittées. Il en est de même pour toi, mais de te voir me tourner le dos, pour redevenir l'homme que tu étais, comme si je t'avais rendu si malheureux et si différent, je ne le supporte pas Dom.
A croire que j'ai été ton malheur plus que ton bonheur. Désormais, tu pourras vivre en paix. Je disparais de ta vie, comme j'y suis entrée, en douceur et sans bruit.
Ce soir, je referme la porte sur notre univers, la roulotte n'existera plus que dans tes rêves et tes souvenirs. J'espère qu'ils seront beaux.
Merci pour ceux que tu m'as donné et que je garderai enfoui comme un trésor au fond de mon cur pour les raconter à notre enfant, quand il sera plus grand. Satine
Il y avait encore de l'amour entre eux ce soir-là, mais cela ne suffisait plus. Manque de confiance, d'estime, de considération, de partage. Beau gâchis, un amour si puissant, mais sans doute trop destructeur.
Toute la nuit, elle avait veillée, guettant la silhouette depuis la tour de guet. Priant pour qu'il revienne à ses côtés, dans la roulotte, fixant la porte pour une éternité. Mais personne n'avait franchi le seuil, alors elle avait commencé son deuil.
Les souvenirs s'étaient déroulés, comme un long parchemin précieux, dans l'esprit de la gitane. Tout avait défié, le cur doucement s'était serré, pour mourir, infiniment, comme elle l'avait aimé.
Les yeux rougis du manque de sommeil et de larmes, elle avait pleuré, de ne pas avoir su l'aimer puis, se contraindre à l'oublier. Ce matin-là, Satine avait mouché la chandelle à la place de Dom, puis s'était endormie pour cesser de rêver leur univers à la saveur de paradis perdu.