Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, 4, 5   >   >>

[RP - SEMI PRIVE] Confidences pour confidences

Satineduval
(Auch, préparant le départ)

Vivre l'enfer
Mourir au combat
Faut-il pour lui plaire
Aller jusque-là ?
Veux-tu faire de moi
Ce que je ne suis pas ?

*Zazie & Axel Bauer, A ma place


Dans la nuit du 27 août, dans la taverne de Lanceline au Havre de Paix, s'était déroulée la dernière heure entre les deux amants.
Conversation peu tendue, juste quelques explications, sans heurts, avec dans les yeux moyosotis la tristesse de voir que son homme ne voulait pas changer d'avis, malgré le compromis qu'elle lui avait proposé par écrit quelques heures plutôt.

De son côté, Dom faisait preuve déjà de son envie de retrouver sa liberté, celle que Satine semblait lui avoir ôtée. Pourtant, elle pensait avoir fait tout son possible pour ne pas le contraindre en quoi que ce soit, lui laissant toujours le choix d'aller où son cœur et ses envies le portait.
Sa seule faute, avait été de trop vouloir aspirer à plus grande complicité entre eux, ce qui avait tiré une phrase de sa bouche, déchirante pour la noiraude: je n'ai pas à te rendre compte de ma vie, Satine.

En effet, il était préférable de fermer l'œil et la bouche, pour rester la femme agréable et compréhensive, ne pas faire de vagues quand quelque chose était dérangeant ou la troublait.
Elle se savait excessive, passionnée, enjouée, curieuse et surtout, elle aimait aller au fond des choses et en connaitre le fin mot.
Certainement pas, elle ne faisait pas un bon toutou à son maître. Trop dérangeante, par son besoin de savoir ce qu'il vivait de son côté. Le havre de paix, il l'avait gagné à ce moment-là.

Insistante, elle l'était par envie de partager tous les secrets de son amant, préférant savoir ce qui se passait dans sa vie, sur le moment plutôt que d'apprendre par la suite des détails blessants.
Ainsi, elle avait appris par une autre personne que son bel amant, tenait correspondance poétique avec une autre femme, Lady Eden, qu'il avait croisé pendant son séjour chez les moines.

Pourquoi lui avoir caché cette correspondance, alors qu'elle lui avait demandé à son retour de retraite, s'il avait reçu de nouvelles de quelqu'un. La réponse fut négative.
Petit mensonge, sans doute pour éviter de devoir s'expliquer et voir sa belle se fâcher.
Dom lui avait montré les poèmes échangés et là où lui ne voyait que de l'amitié, Satine lisait déjà entre les lignes comme une envie de poursuivre sur un autre chemin..

Ne lui disait-elle pas que seul sa plume pouvait la sauver? Tentative mainte fois vue par Satine. Dom aimait avoir cette sensation, fort agréable du reste, de sauver les femmes en détresse, Lexianne, Morganne, puis Eden.
Et ces femmes jouaient de leur détresse pour toucher les cordes sensibles de ces mâles, celle du *Preux Chevalier* ou du Saveur.

Satine, pour sa part, avait cela en horreur, quand les femmes se mettaient à jouer de le détresse pour sensibiliser le beau mâle, au point lui donner l'impression d'être indispensable. N'avait-elle pas vu à Dijon, une ancienne amante à Dom s'adonner à ce même jeu, alors que Satine avait appris par un homme, que la prétendue suicidaire jouait à de petits jeux forts amusants avec celui-ci. Double jeu, double visage, que celui d'Eden, qui demandait des nouvelles de Dom, comme si elle n'en avait pas eue..

Que d'hypocrisie, de gens qui avançaient masqués, pour mieux se faufiler dans leur couple. La noiraude était dégoûtée, elle avait une certaine dignité, qui faisait que sa douleur, elle la vivrait seule, sans secours de personne, sur la route du retour en Lorraine, qui serait son chemin de croix.
Cacher sa peine, l'enfouir au plus profond de son cœur, s'en nourrir pour avancer, chercher à la dompter, cette foutue douleur qui avait brûler son cœur dans la soirée.
Même Dom n'avait pas senti à quelle point elle était triste, pleurant intérieurement tous les mots qu'il lui disait. Si tu ne changes pas, tu me perdras.. elle voyait bien qu'il était déjà loin dans son esprit, depuis quelques temps.
Changer pour devenir quoi. Un mouton, une femme fade et qui dit béni-oui-oui à tout ?
Jamais...plutôt crever le cœur déchiré, mais personne ne la ferait changer sa personnalité. Ni dieu, ni maître.

Satine avait profité une dernière fois de la chaleur des bras de son amant, il lui avait effleurer encore les lèvres en un baiser aérien, et qui avait fait tant de mal à Satine, parce que, au fond d'elle, elle savait bien que celui-ci serait le dernier qu'ils échangeraient. La lorraine était sortie en premier, ne voulant pas que l'homme qu'elle aimait voit ses larmes de tristesse.

En haut des remparts, d'où elle guettait le passage de son amant, la jeune femme repensa à ce qu'il lui avait dit.
Changer sa façon de l'aimer. Peine perdue d'avance. Quand on aimait avec passion, force, spontanéité, il était bien sûr impossible de maitriser toute sa fougue, toute sa rage d'amour, l'envie de l'autre.
Elle était entière et le resterait à jamais, il aurait tout autant pu lui dire mourir, la seule façon qui aurait pu changer sa façon d'aimer, à travers la paix éternelle.
On ne demande pas à celle que l'on aime de changer, elle ne l'avait pas fait envers Dom. Se mettait-il à sa place quelque fois? L'avait-il comprise un jour?

La question ne se posait plus à présent, elle rendait les armes et oar ce geste, la liberté à Dom.




Dom.. quand tu liras cette lettre, demain matin, tu m'auras perdue définitivement.
Tu choisis de me quitter pour la deuxième fois et cette fois, je ne reviendrai pas sur ce choix. Ne perds pas de temps à m'écrire.

Prends ta plume et pratique tes exercices d'écritures avec Lady Eden, puisqu'elle semble te donner une belle verve pour la courtiser d'un amour courtois..
Preux chevalier, qui veut sauver toutes ces femmes, je te rends à elles, tes admiratrices et tes soupirantes, soit brillant, comme tu l'as été avec moi. Tu en perds qu'une, après tout..qu'importe !


Tout comme pour Fleur, je l'aimais quand nous nous sommes quittées. Il en est de même pour toi, mais de te voir me tourner le dos, pour redevenir l'homme que tu étais, comme si je t'avais rendu si malheureux et si différent, je ne le supporte pas Dom.
A croire que j'ai été ton malheur plus que ton bonheur. Désormais, tu pourras vivre en paix. Je disparais de ta vie, comme j'y suis entrée, en douceur et sans bruit.

Ce soir, je referme la porte sur notre univers, la roulotte n'existera plus que dans tes rêves et tes souvenirs. J'espère qu'ils seront beaux.
Merci pour ceux que tu m'as donné et que je garderai enfoui comme un trésor au fond de mon cœur pour les raconter à notre enfant, quand il sera plus grand. Satine


Il y avait encore de l'amour entre eux ce soir-là, mais cela ne suffisait plus. Manque de confiance, d'estime, de considération, de partage. Beau gâchis, un amour si puissant, mais sans doute trop destructeur.

Toute la nuit, elle avait veillée, guettant la silhouette depuis la tour de guet. Priant pour qu'il revienne à ses côtés, dans la roulotte, fixant la porte pour une éternité. Mais personne n'avait franchi le seuil, alors elle avait commencé son deuil.

Les souvenirs s'étaient déroulés, comme un long parchemin précieux, dans l'esprit de la gitane. Tout avait défié, le cœur doucement s'était serré, pour mourir, infiniment, comme elle l'avait aimé.

Les yeux rougis du manque de sommeil et de larmes, elle avait pleuré, de ne pas avoir su l'aimer puis, se contraindre à l'oublier. Ce matin-là, Satine avait mouché la chandelle à la place de Dom, puis s'était endormie pour cesser de rêver leur univers à la saveur de paradis perdu.
Satineduval
(Auch)

La Bella avait reçu un courrier d'Eden, parlant de malentendu. La jeune femme avait sourit doucement, puis s'était attardée sur les lignes qui lui certifiaient qu'Eden et le conteur n'avaient eu que deux ou trois correspondances entre eux.
Bel étonnement, de voir que cette femme, tout autant que Dom ne savaient plus si c'était deux ou trois poèmes qu'ils avaient échangés. Ne savaient-ils pas compter ?


Bien drôle de coïncidence, avaient-ils tant de peine à se souvenir de ces échanges épistolaires qui laissaient l'âme de l'homme hanté par son désir de voir arriver le pigeon de sa correspondante ? où elle, qui lui avouait si joliment qu'elle s'accrochait à ses écrits comme à une bouée ? Oui, comme une amie, pour le moment, il fallait bien lui rendre justice à cette femme.
Nulle précipitation de sa part. Se faire désirer était chose courante de la part de la gente féminine, toute la subtilité de la séduction résidait entre le fait d'accorder ou de retirer sa main dans celle de l'autre, jouer sur le désir de l'autre, l'attiser.

Il fallait reconnaitre quand même la belle performance de la part de la femme au nom de paradis, deux ou trois poèmes en 15 jours, c'était un beau résultat. Sans doute allait-elle bien l'inspirer par la suite, tirant de lui le meilleur. Grand bien leur fasse. Cela n'avait plus d'importance à présent aux yeux de la gitane.


Encore un chose que Satine ne savait pas faire, peut-être devrait-elle demander des leçons particulières aux spécialistes du genre. Apprendre à gérer sa spontanéité, jouer des cils, papillonner et faire la moue boudeuse, elle avait vu que cela fonctionnait pas trop mal..jouer à la femme inaccessible était une parade banale qui rendait l'homme tout désireux de conquérir la belle en question. Misère...elle devenait bien trop sérieuse.. La banalité la guettait elle aussi, à trop voir le monde dans sa réalité crue plutôt que dans la beauté et la fraicheur de l'instant où l'on offre ouvertement ses émotions à l'autre.

Prenant sa plume, elle laissa courir les mots qu'elle avait envie de dire à Eden..




Chère Eden,

Tu me permettras ce tutoiement spontané, puisque nous partageons amis communs, Renzo et Dom, ne soyons donc pas distantes. Je suis désolée de voir que tu as hérité de corbeaux..Cela a bien failli nous séparer Dom et moi, à la première lettre d'elle que j'ai reçue, ce fût notre première dispute qui m'avait laissée dans un état proche du désespoir. Puis il y en a eu une vingtaine, et je me suis habituée à en rire et j'ai joué le jeu, en lui répondrant de façons amusantes, enfin à mon sens.

Ma corbête, comme je l'appelle avec presque tendresse, s'appelle Evangilia..est-ce la même qui vient frapper à ton carreau? Pauvre de toi, elle est plus tenace qu'un poux accroché à la chevelure d'un mendiant. Je te passe mon poux, désolée de te faire subir ça, mais Dom, n'a jamais vraiment voulu chercher qui cela pouvait être. De toute façon, quelqu'un qui le connait bien, proche de lui et folle de lui.

Tu me pardonneras aussi de ne pas t'écrire en vers, je n'ai pas autant de facilité que notre ami conteur à le faire. Mais je tiens à te féliciter pour lui avoir tiré deux ou trois poèmes en 15 jours. Je n'ai pas eu autant d'égard, à croire que je ne l'inspirais que quand il sentait que je me détachais de lui ou que j'allais le quitter, il sait en effet, comme tu me l'écris..être très touchant.

Aussi, comme tu l'as si vite appris, presque au sortir de ma bouche dirai-je, n'est-ce pas fabuleux, la vitesse à laquelle se propagent les rumeurs ou la vérité? J'en suis toujours tant étonnée, mais mes propos s'égarent encore..

Ainsi, il est libre de toute attache et l'a toujours été avec moi, jamais je n'ai eu l'envie, ni la prétention de l'attacher à moi, il va où il veut et fait ce qu'il veut, à présent encore plus que jamais. Que j'attende son enfant ne doit pas le retenir à moi et il a très bien compris, que seul un amour réel pourrait nous lier encore dans le futur.

Et cet amour, Eden, je doute qu'il le ressente pour moi, je l'ai vu s'éloigner petit à petit depuis que j'ai pris ma retraite, entre le 6 et le 21 juillet, il a sans doute fait une belle rencontre qui lui aura donné le goût de la conquête à nouveau.

Je ne dis pas que c'est forcément toi, il y en a eu d'autres qui lui ont été agréables et à l'heure qu'il est, peu m'importe laquelle a su le plus l'attirer dans son filet à papillon.
Si c'est toi, prends en bien soin, j'y tiens quand même encore un peu, au futur père de famille et qu'il soit heureux.

Bonne chance à toi, pour ta vie future, avec tes amis, tes amants, tes emmerdes, tes corbeaux.

Satine


Relecture rapide, comme d'habitude, sans trop réfléchir, puis empoigna un pigeon pour l'envoyer à sa correspondante paradisiaque.
Satineduval
(Muret, ville d'hommes, en effet)

Elle avait passée une nuit presque sans dormir, tant dû au fait de voyager avec le nouveau groupe *de la Lune* , formé d'un couple un peu étrange, Georgias Jenkins et sa compagne, Erinne, que de ne pas avoir pu fermer l'œil quand sa tête s'était posée sur son oreiller, fixant la place vide à ses côtés, les yeux ouverts sur un vide douloureux. Elle comprenait à présent cruellement ce que signifiait la petite phrase *quitter la couche* .

Petit à petit, leurs pas les séparaient à présent, la distance se formait doucement entre leur deux corps, mais, étrangement, leurs esprits semblaient se retrouver dans une correspondance quotidienne. Chaque jour, elle recevait une lettre de son homme et lui répondait avec plaisir, inquiétude, rancune, étonnement, tendresse et amour.

Tous ces sentiments se mêlaient dans leurs courriers, mais ce qu'elle retenait surtout, c'est qu'ils avaient encore besoin l'un de l'autre et que l'amour entre eux vivait encore dans leurs cœurs. La flamme brûlait encore. De son côté, Satine pensait que tout était encore possible entre eux, la femme lui avait écrit son souhait et son espoir de le voir arriver à temps en Lorraine pour l'accouchement en décembre.

Prenant le temps de passer en taverne, Au Bois Sans Soif de Muret, la noiraude avait rencontré un ancien brigand, surnommé le Baratineur, qui portait d'ailleurs magnifiquement son prénom. Anglois de naissance, il avait ricané quand elle lui avait fait par de sa naissance en Irlande, tirant petit grimace sur le visage du noiraud. Il détestait les irlandais et elle s'en fichait comme de l'an 2, n'ayant jamais mis les pieds dans aucune de ces deux contrées lointaines.

Puis, l'étrange Gorgias était arrivé, avec sa drôle de manière de voir des femmes partout, prenant le Baratineur pour une donzelle. Petit fou-rire de Satine, qui trouvait toujours cocasse les réactions de gens, d'être pris pour l'autre sexe.

Jenkins l'avait en vrac, fait passée pour une gourgandine aux yeux du Baratineur, lui attribuant le surnom de *La Satin*, puterelle dans les bras de laquelle Jen s'était plus qu'à son tour oublié, à ses dires. Bah..avec la réputation qui lui collait à la peau, un peu plus un peu moins, cela ne changeait pas grand chose à sa vie. Satinette connaissait sa propre valeur et n'avait à rougir de rien devant personne.

Toute la conversation avait tourné autour du travail pratiqué par les filles de joie et, au final, s'était révélé bien intéressant. De découvrir les différents points de vue de ces deux hommes au sujet du métier le plus vieux du monde, avait été divertissant.

Plusieurs sujets plus tard, touchant au mercenariat et au brigandage, tout autant prenant que la précédente discussion, le temps avait filé son petit coton et avait tissé un agréable petit moment pour la jeune femme enceinte.

Partant à la roulotte pour y entreprendre un sérieux nettoyage, la fée du logis un peu gauche avait remis de l'ordre dans leur petit nid douillet, jetant toute son énergie dans ses gestes pour ne pas trop penser à son amant, seul sur la route, ce qui l'inquiétait grandement. La tête plus ou moins vide, sa tâche ingrate de nettoyage avait bien avancé, la laissant physiquement bien fatiguée. Peut-être allait-elle enfin pouvoir dormir d'un sommeil lourd cette nuit..

Voyant la lettre de Lady Eden sur la petite table de la roulotte, Satinette la relut, avec, étrangement, un certain plaisir.





Satine,

Mes corbeaux sont nombreux et pas le même nom que la tienne, je me doute plus ou moins d'ou ça vient...mais bon pour moi c'est pas très courageux, quand j'ai envie de dire quelque chose à une personne je le fais, directement!

Pour Dom, je crois que comme pas mal de poètes, le mal ou malheur l'inspirent plus que le bonheur, enfin j'imagine, personnellement j'écris beaucoup quand je vais pas très bien, mais sache que en effet quand nous l'avons connu tu étais en retraite, et a tous moments il ne parlait que de toi, sa Satinette qui lui manquait, je ne pense pas qu'il se détachait, loin de là, c'était très beau de l'entendre, et nous dire qu'il attendait que de partir pour être là le jour où tu sortirais du couvent.

Nous l'avons beaucoup apprécié, je dis nous car mes amis étaient avec moi, tous l'ont trouvé agréable, nous avons écouté de beaux contes, et après cette guerre, oui il nous à fait grand bien moral à tous.

Un homme simple et ouvert, mais de grâce Satine, ne pense pas qu'il avait des arrières pensées vis à vis de moi ou moi de lui, il a simplement voulu m'aider, rien d'autre.
Ce serait aussi bête de penser cela que si moi j'avais pris ombrage de ta correspondance avec Lorren, où si j'écoute certains enfin certaines qui disent du mal de toi.

Je garde uniquement les souvenirs que j'ai, la femme que j'ai rencontrée avec qui j'ai pu parler, comme tu l'as fait avec moi.

Et si Dom est libre, navrée de cette séparation que je trouve un peu incompréhensible, mais ce n'est pas pour moi, il sera un ami si il le souhaite, mais rien de plus.
J'espère sincèrement que cela va s'arranger entre vous,j'ai su par Lorren que vous aviez pas mal de disputes parfois, mais cela finissait toujours pas s'arranger, alors c'est peut être juste un accrochage de plus, et ton enfant à besoin d'un papa.

Tu sais j'en reviens toujours pas que tu ai pu penser des choses pareilles à mon encontre, c'est assez blessant, mais bon tu ne me connais sans doute pas beaucoup.

Amicalement

Eden


Déposant la missive sur la table à nouveau, la Noiraude soupira, un peu désolée d'avoir blessé l'ancienne compagne de son ami Renzo. La lettre qu'elle lui avait envoyée n'avait pas été écrite pour lui faire mal, mais pour tenter de comprendre ce qui s'était passer entre Eden et Dom. Elle avait remarqué, que les gens se sentaient rapidement blessés quand elle leur demandait des informations sur une situation qu'elle tentait d'éclaircir.

Tantôt, la lorraine allait prendre sa plume pour s'expliquer encore une fois avec Eden. Contre toute attente, les deux femmes partageaient quelques similarités dans leur vie et Satine ne la voyait pas du tout comme une ennemie ou une rivale. Passant sa main un peu lasse dans sa chevelure noire de jais, la future mère décida qu'une petite sieste s'imposait pour elle et son Bébé Lune.
Satineduval
(Montauban et un forban)

La journée passée à se promener le long des venelles de la Cité des Saules, la jeune femme avait déambulé sans but, juste avec une grande envie se découvrir le village seule, sans aucune compagnie que celle des gens anonymes qui vaquaient à leurs occupations.

Dans la nuit, Satine était arrivée dans une clairière dont elle avait découvert toute la beauté le matin venu, baignée de la lueur du soleil levant tandis que la brume tissait encore sa toile arachnéenne autour des buissons et des fougères. Un homme s'était approché tandis qu'elle venait de terminer une prière et qu'elle attisait encore le feu.

Se sentant un peu accueilli comme un chien sur un terrain de soule, la Bella s'en était allée plus loin avec sa roulotte, la déposant dans un endroit plus retiré de ce bois.

Le soir, elle s'était rendue à la taverne au nom russe, dont elle avait appris que cela voulait dire santé dans cette langue un peu barbare. Naze..quelque chose, mais la lorraine s'était surtout amusée du fait qu'elle était elle-même un peu naze !

Discutant avec la tavernière, elle avait vu arriver tard le soir, un homme dont elle avait croisé le chemin à Dijon. Sancte et bien sûr, au moins deux de ses gardes du corps féminin, plus un homme. Celui-ci n'était hélas pas Aristode, qu'elle aurait tant aimé revoir pour savoir ce qui s'était passé dans sa vie, depuis leur rencontre à Genève.

Satine ne lui avait jamais donné signe de vie, pourtant, il n'en restait pas moins une personne qu'elle avait beaucoup appréciée, faisant parfois preuve d'un brin d'excessivité.

Sancte, toujours aussi cruel envers les autres, avait méchamment taquiner Leorique, ce qui avait agacé la noiraude, la faisant quitter la taverne, sur un conseil à Leo de ne pas trop trainer avec cette mauvaise engeance.

Le pauvre, il était resté toute la soirée à ne rien dire, juste à encaisser les piques des autres personnes présentes. La belle avait été touchée par son sang-froid, ou alors était-ce de la résignation. Leo le solitaire, retiré lui aussi dans la foret, avait semblé bien démuni à la femme.

Prenait sa plume, parce qu'elle avait besoin de dire ce qu'elle ressentait, comme toujours lorsqu'elle se sentait touchée par une situation.




Sancte, sale mécréant..

j'ai hésité à intervenir plus hier soir pour défendre Leo, mais, étant moi-même passablement dans les embrouilles en tout genre, je ne voulais pas encore me mettre sur le dos un nouveau soucis.

Misère ! Que vous êtes d'une cruauté sans égale, même mort, vous arriveriez à être mauvais, ne serait-ce que pour la terre qui vous accueillerait en son sein.

Sachez, que, quelque part je vous envie de pouvoir être si détaché du malheur des autres, en vous moquant de la sorte de cette homme.
Je dois être bien mal pour écrire un chose pareille. Mais la roue tourne et on évolue, vers el bien ou vers le mal. Je ne sais pas encore quelle direction je prends.
J'aimerai pouvoir avoir cette distance que j'ai déjà vue chez vous, lors de notre rencontre à Dijon, lorsque vous m'avez décrit avec une froidure toute sibérienne la mort de la belle lorraine, Elisette, le fameux *dégât collatéral*, comme vous me l'aviez dit, avec dédain et sans pitié aucune, pour la mort de cette personne.

Je ne pense pas que vous connaissiez une once de remord pour quoi que ce soit. Dommage que je n'ai pas plus de temps devant moi, pour me mettre à votre à école.
Vous auriez fait un bon spécimen pour m'enseigner dédain et détachement, j'en aurais cruellement besoin en ces jours.

Je vous souhaite souffrance un jour, comme vous avez sans doute tiré ce sentiment douloureux de la poitrine de Leo hier soir.
Un peu de douleur dans le cœur vous rendrait sans doute moins détestable. Je ne vous souhaite pas la mort, vous l'êtes déjà partiellement. Satine.


Toute énervée, elle jura quelques noms de bas-fond de port ou de bordel, puis posa sa plume, pour envoyer son mot à l'autre qu'elle avait traité de..crétin? Elle ne savait plus trop en fait. Il semblait qu'elle était sur la bonne voie pour se ficher de tout et de tous à présent.
Satineduval
(Sarlat)

« La passion n'a pas de temps à perdre, elle ignore la patience et les dires de courtoisie. » Louise de Vilmorin

Découverte éblouissante d'une ville de pierres et de verdure, dont les murs refoulaient la chaleur du soleil pour le plus grand plaisir de la Noiraude. Cette chaleur qui ne la remplissait plus depuis quelques jours, mais qu'elle appelait de tout son être.

Le soir, Satine s'attardait autour du feu, jouant avec lui d'une pointe de bâton, repensant à sa journée. Le temps passait vite, agréablement entrecoupé de belles rencontres et de discussions intéressantes avec Gorgias et un homme du nom de Lecter, qui lui avait offert un touchant moment de confidences intimes.

Sans trop savoir pourquoi, sans doute peut-être parce qu'elle se livrait sa fard quand elle sentait une belle écoute à ses côtés, la lorraine avait passé une belle journée à parler des relations amoureuses, de leurs tourments et de leurs plaisirs.

Elle découvrait des hommes passionnés et cela lui tirait des petits sourires amusés et compréhensifs. La passion, elle l'avait vécue avec débordement et fougue dans les bras de son amant. Elle savait très bien de quoi parlaient ces deux hommes et pouvait constater plusieurs similitudes entre leurs expériences amoureuses et la sienne propre.

Certains pensaient d'elle qu'elle était une femme facile, ce qui était faux. Juste la passion la poussait dans les bras d'un homme et Dom avait eu droit à ce puissant poison tout autant qu'elle. Seulement, il avait décidé de prendre l'air, de s'éloigner et respirer un air autre que le sien. Grand bien lui prenait, la laissant seule avec sa bénédiction.

Quand on ne se sent plus à l'aise avec une personne, autant prendre de bonnes résolutions pour changer la situation. Prenant exemple sur lui, elle mettait à profit sa solitude pour la combler au mieux, remplir l'univers qui avait disparu entre Dom et elle par un monde nouveau.

Quelques visites à des amis sur le chemin du retour ferait de son trajet une belle expérience. Dom lui avait dit un jour qu'elle devrait vivre seule, ce qui petit à petit murissait dans sa tête. Il n'avait pas tort. Puis, avec l'enfant qu'elle portait, jamais plus elle ne se sentirait seule de toute façon.

Assise au *Paradis des Anges*, après avoir laissé Gore rejoindre son Erinne, toujours aussi peu aimable, la Bella sortit son petit matériel d'écriture pour envoyer un mot à sa marraine, Sésé..




Ma chère marraine !

Je tiens à m'excuser encore pour vous avoir faussé compagnie si vite, mais Gorgias Jenkins et Erinne voulaient retourner au plus vite chez eux.
J'ai dû remballer ma roulotte comme une tornade et quitter les lieux séance tenante. C'est le cœur doublement serré que je vous ai quitté, crois-moi. Car, bien que je ne voulais pas trop m'attacher à vous, cela s'est avéré impossible.

J'aurai tant voulu te serrer contre moi, Sésé, en tout bien tout honneur, tu sais ce que je t'ai dit, je n'embrasse jamais la première ! Petite taquinerie de ma part.

J'espère que tout le monde va bien, salue Vic, Dal, Padoo, et Marmont ainsi que Domi, je ne suis pas prête d'oublier les gens de cette si belle et accueillante ville d'Auch. Dommage encore pour l'ouverture du bordel, mais je n'ai pas eu le temps d'y mettre les pieds.
Puis, une femme enceinte dans un bordiau, ça aurait fait un peu bizzare. Mon ventre rond aurait peut-être eu du succès, qui sait !

Je vais bien, dans la mesure où, petit à petit, je me dirige vers la Lorraine, la route est magnifique et les gens rencontrés très plaisants..
Beaucoup de monde dans chaque villlage, je suis toujours très étonnée, car en venant, nous n'avions souvent que peu de présence dans les tavernes..Là, tout semble exploser de vie à nouveau et les conversations sont loin d'être banales.

Par contre, concernant la Lorraine, j'ai eu des nouvelles pas trop bonnes, mon frérot, dont je t'avais parlé ne veut plus se nourrir.
Il se laisse mourir de chagrin. Je tente de le secouer, mais rien n'y fait. Je vais tout essayer, de la menace à la moquerie, de la gentillesse à la méchanceté. Il aura droit à tout, pourvu que je obtienne une réaction de sa part.

Secondement, il semble que la Lorraine aie bien changée, des gens que j'appréciais sont partis et reste ceux que je ne côtoyais que peu. Cela risque de ne pas trop me plaire.
Enfin, après mon accouchement, je pourrai toujours décider de revenir vous voir.

Puis je souhaite découvrir le nord aussi ! Sésé, je ne suis pas encore posée que je me vois déjà repartir..arf.. je pense que, en réalité, j'ai un peu peur de ce qui m'attend à mon retour à Epinal, de ne plus y retrouver mes repères.

Je ne vais pas te parler de Dom, que j'essaie d'oublier, sache juste que plus la distance géographique se creuse, plus je me détache de lui. Je ne lui en veux pas d'être parti. Mais il n'est pas là alors que j'aurai besoin de son soutien et je compense son absence par de nombreuses et belles rencontres en taverne. Je parle d'amitié, l'amour je n'y crois plus.
Donc, du soutien, des petits moments de gentillesse, de partage qui me font un bien fou. Sésé..ne dit-on pas que les absents ont toujours tort? Il dit que l'on se retrouvera, mais je n'y crois déjà plus. Purée..je ne crois plus en à grand chose, à vrai dire, mais reste l'amitié.

Sésé la belle oiseuse...prends bien soin de toi et de Jeff. Pense surtout à me dire dans quel coin magnifique il va t'emmener, cette destination mystérieuse dont il veut te faire la surprise. Tu me raconteras, c'est un ordre! Et avec les détails de préférence.

Je te poutouille un bisou sur la joue, avec affection. Satine


Séchage du parchemin, petite coulée de sable pour absorber l'encre, puis envoi à la consol du village où elle avait séjourné un mois durant.
Satineduval
(Angoulême, la blême)

Il est des êtres dont c'est le destin de se croiser. Où qu'ils soient. Où qu'ils aillent. Un jour ils se rencontrent. Claudie Gallay


Temps pour la jeune femme de reprendre la route seule, de se séparer du couple escorteur, qui l'avait acceptée pour un bout de route.
Elle les avait observés, avec un brin de tendresse et beaucoup de curiosité, les regardant lorsqu'ils étaient ensemble, tendus comme deux arcs, prêts à décocher leurs flèches.
Satine les avaient appréciés tous les deux, avait aimé la passion dont ils faisaient preuve l'un pour l'autre.

Le plus possible, la Noiraude avait joué la discrétion, ne faisant que quelques passages en taverne avec eux pour des renseignements nécessaires au trajet.
Erinne était particulièrement fermée, voire hermétique, ne prononçant aucun bonjour,ni autres mots, pendant les trois premiers jours du voyage.

Jamais, Satine n'avait rencontrée femme aussi silencieuse et froide à son encontre, mais par la suite, la lorraine avait, pensait-elle, découvert la pierre d'achoppement.
Heureusement, la suite du voyage se fit un chouia plus détendu entre les deux femmes, mais un peu tardivement, le temps de la séparation arrivant plus vite que prévu.

La dernière soirée avait été légèrement étrange, teintée d'un peu de tristesse de la part de Satine et de son nouvel ami.
Ils avaient discutés agréablement ensemble, la Noiraude découvrant un homme, philosophe sur les bords, parfois tranchants d'ailleurs.

Misère, qu'il pouvait l'agacer, quand il lui sortait une de ses déroutantes locutions latines, qu'elle ne saisissait pas, pour la plupart du temps. Sale tête, lui avait-elle jeté, un peu grinchouille.

Puis le sablier faisant son œuvre, laissant s'égrainer inexorablement ses fines particules dans son écrin de verre, les trois avaient pris congé.
Satine était retournée à sa roulotte pour atteler le cheval et vérifier si tout était en ordre, puis avait pris la route, rapidement, sans se retourner, avec une étrange sensation d'inachevé.

Découvrir une belle âme sans pouvoir en profiter sur la durée était regrettable.
La femme se refusait toujours à se laisser aller aux regrets, se confortant dans son idée que c'était bon pour ses vieux jours, quand, au crépuscule de sa vie, elle aurait à faire le bilan de celle-ci.
Action, réaction, il fallait passer à autre chose, puis laisser s'estomper immédiatement les regrets.

Arriva la magnifique lettre qui fit bondir son âme et frémir son être.
Sa moitié lui avait fait parvenir une missive, qui lui colla un sourire rempli d'amour et de tendresse pour tout le reste du trajet, tant et si bien, que dans la lune, à l'ouest, à l'est, au nord et au sud, en un mot, désorientée, elle se perdit sur le chemin qu'elle avait emprunté, débouchant au bord d'un petit lac.

L'endroit, idéal pour une nuit de repos, inspirait à la rêverie, baigné par la lueur nacrée de l'astre lunaire, qui se reflétait dans l'onde calme.

Finissant de nourrir le cheval, puis Virus, le louveteau , elle prit un des derniers poèmes de son amant, pour le relire, le cœur battant fort dans ses côtes.





Je pars
Afin de prendre un bon bol d’air
Renouveler mon atmosphère
Car tu m’empêches de respirer
Je n’en peux plus de nous déchirer

Je fuis
J’en ai assez de me justifier
A chaque fois de tout clarifier
Devant un juge inquisiteur
Tout autant que perquisiteur

Je m’envole
Pour retrouver ma liberté
Redevenir l’homme que j’étais
M’évader de la prison du monastère
Autant que celle de notre histoire délétère

Je m’en vais
Pour une semaine, un mois , une année
Je ne voulais pas t’abandonner
Mais c’est toi qui as ouvert la porte
M’a poussé dehors pour que je sorte

Je te quitte
Mais pas pour une autre femme
Car c’est pour toi que brûle ma flamme
Et pour la fleur qui pousse en ton sein
Pour nous deux tu en prendras soin

Je m’éclipse
En te souhaitant que le bonheur
L’emporte enfin sur la douleur
Que notre vie a laissé en ton cœur
L’amour ne doit pas devenir rancœur



Un regard myosotis qui se détache du texte, reste songeur, plongé dans les eaux sombres de l'étendue nacrée devant elle.
Chacun avait reconnu ses torts, tout était à nouveau propice pour une rencontre, qu'ils souhaitaient tous deux.
Elle se ferait, et vite..La distance favorise l'éloquence, elle avait engendré leur rapprochement aussi. Au final..la séparation avait été bénéfique.
Satineduval
(Saintes, les retrouvailles enfin !)

L'attente lui avait parue interminable, mais elle avait resserré les liens entre les deux tourteaux, prenant leur temps, chacun de leur côté de s'écrire leur ressenti sur les dernières semaines vécues ensemble. Puis, surtout, le manque de l'autre se faisait sentir.

Une absence criante dans la roulotte, en taverne, partout où ils allaient le plus souvent ensemble, à la rivière ou au marché, visiter une église ou un phare, peu importait l'endroit, Satine avait vivement regretté de ne pas partager ses découvertes avec son homme.

A Saintes, Dom lui avait préparé la magnifique surprise de laisser son amie Psy décorer sa taverne *Aux murmures d'Absaintes* pour eux deux, prévoyant un tête-à-tête qui s'était déroulé merveilleusement bien.
Retrouvailles passionnées et flamboyantes, aussi carmin que l'était l'endroit chaleureux et intime, brillant à la lueur des bougies qui laissèrent danser leurs corps et leur cœur avides de se rejoindre enfin.

Bien plus tard, comblés de plaisir d'avoir passé si délicieux moments, la soirée était arrivé à sa fin, bien trop vite au goût de Satine, mais la fatigue de la route l'avait gagnée et ce fût avec plaisir qu'elle retourna à la roulotte, au bord de la rivière, avec son homme à ses côtés, enfin de retour chez eux.


Alors que son bel amant, se couchait déjà, la Noireaude, ne trouvant pas le sommeil, se releva pour prendre le dernier poème écrit par celui-ci et s'en alla le relire à la lueur du feu de camp qui brûlant encore au-dehors.




Dix jours coulant comme un poison
Au plus profond de mes entrailles
A bâtonner les murs de ma prison
Me séparant de nos retrouvailles

Deux cent quarante longues heures
A attendre dans ma triste thébaïde
De goûter à l’indicible bonheur
De nos caresses douces et languides

Quatorze mille quatre cent minutes
A écouter les battements de mon cœur
Redoutant à chaque fois la chute
Loin de ton sourire salvateur

Dix nuits et des milliards d’instants
A nourrir en mon cœur et mon âme
Du plus grand et plus exaltant
Des brasier d’amour la belle flamme

Dix lunes , autant dire une éternité
A presque sentir mes mains mutines
Posées sur la rondeur de ta maternité
En murmurant : « tu me manques, Satine »


Se sentant frissonner du froid qui mordait un peu plus sa peau, les soirées se faisant plus fraiches à présent, la jeune femme, comblée de sa journée et encore toute émue de relire le mot de son amoureux, retourna s'étendre auprès de son passeur d'histoires, profitant de sa chaleur pour s'endormir comme une bienheureuse..
Satineduval
(Saintes)

Puisqu'il faut avoir des ennemis, tâchons d'en avoir qui nous fassent honneur.

de Charles-Augustin Sainte-Beuve

La lorraine passait ses journées à collecter du bois flotté, toujours pour confectionner ses hamacs, ainsi qu'une bordure de miroir haut sur pied, qu'elle souhaitait installer dans la roulotte.

C'est qu'elle aimait bricoler la donzelle, jouer avec les bouts de bois pour les assembler et en faire des cadres originaux pour des tableaux. Une grande envie de peindre la prenait tout à coup, ayant déjà la nostalgie du Sud en pensant au prochain départ de la région pour rejoindre la Lorraine.

De sa terre d'asile, la Noiraude avait eu écho qu'on la traitait de catin, sans doute encore des gens qui savaient tout sur tout, se permettant de juger sans savoir ce qui se passait dans sa vie. Pas encore de retour que déjà des imbéciles jaloux crachaient leur idioties et leur avis à la noix. Elle avait déjà sa petite idée sur qui cela pouvait être d'ailleurs.

De retour à Epinal, il serait amplement temps de voir si ces personnes si avisées avaient assez de couilles pour le lui dire en face. Avoir des ennemis, c'était bien, mais en avoir des courageux, c'était mieux !

Les lâches, comme le fameux corbeau qui lui avait fait parvenir 20 messages, la jeune femme s'en moquait et prenait un malin plaisir à lui retourner quelques petites vannes ironiques, sans plus trop y prêter attention par la suite.
Rejeter toute cette stupidité dans un coin de sa mémoire et y mettre une bonne couche d'oubli dessus, c'était facile pour elle.

Toujours à Saintes, encore pour quelques jours qui tiraient un peu en longueur du fait du peu d'animation dans ce village, Satine regrettait de ne pas avoir vu l'amie de Dom plus souvent, Psy et sa compagne Nadja étant peu présentes.

Quand au reste du trou perdu, elle avait tout de même eu le plaisir de parler avec Splean, qui lui avait si joliment une phrase intéressante *nous, les hommes, sommes conçus pour donner aux femmes du plaisir, et vous, pour nous souffrir tous les jours*.
Juste que Satine n'était pas de celle qui souffrait profondément. Cela arrivait, bien sûr, mais elle n'y voyait pas l'intérêt de prolonger les jérémiades, de se noyer dans un abîme de tristesse et de désespoir et passait rapidement à autre chose, râlant un bon coup, puis terminé.

La conversation avait été un bel échange de point de vue, puis le temps filant rapidement, la Belle était retournée à la roulotte, rejoindre son brun.

Prenant le dernier courrier reçu de Dalmau, elle en refit une lecture, souriant en pensant à cet homme qu'elle avait rencontré à Auch. Farfouillant dans sa besace, elle sortit sa plume pour lui répondre avec plaisir.
Satineduval
Rochechouart,en pétard)

Passé le village d'Angoulême, où une belle matinée s'était déroulée en visitant l'église du coin, pour en admirer les vitraux, la jeune femme avait songé à une phrase qu'elle aimait beaucoup se répéter :

« Nous sommes des nains assis sur des épaules de géants. Si nous voyons plus de choses et plus lointaines qu’eux, ce n’est pas à cause de la perspicacité de notre vue, ni de notre grandeur, c’est parce que nous sommes élevés par eux. » (Bernard de Chartres)

Elle ne se sentait en effet guère bien forte en ce jour, ses sentiments réduits à néant, ou presque par la décision qu'elle et Dom avaient prise en commun de se quitter définitivement. La Bella avait vu trop grand, trop loin dans le futur, pensant que leur couple serait toujours assez fort pour continuer longtemps encore main dans la main.

Mais celles-ci s'étaient lâchées, les doigts avaient cessés de se rejoindre pour une tendre étreinte et finis leurs courses en forme de poings serrés. Encore une dernière dispute, qui avait eu raison d'eux, les incitant à prendre leurs distances.

Satine regrettait intérieurement cette décision, son cœur toujours porté vers l'homme qui avait fait d'elle la femme la plus heureuse sur terre pendant 9 mois, mais la roue avait tourné dans les sens contraire quand, pour la énième fois, la lorraine avait considéré le pour et le contre de poursuivre cette aventure extraordinaire avec son amant.

La raison l'emportait cette fois.
La future mère préférait s'éloigner de son compagnon, pour ne plus avoir à supporter sa double vie, le laissant à ses Autres, comme elle les appelaient, lassée de devoir se battre contre eux, corbeaux et prétendues amies jalouses, qui se mêlaient à leur relation dès le début de celle-ci.

Renoncer était le plus grand sacrifice qu'elle faisait, mais elle choisissait de lui rendre sa liberté afin qu'il puisse se consacrer entièrement à celles qui venaient pleurer dans ses bras, jouant malignement de leurs soucis pour l'attendrir et se faire consoler.

Satine, cherchant à regagner sa quiétude et un peu de paix dans sa vie, s'était résolue à la rupture, tentant de se persuader que c'était la meilleure solution pour tous deux.

Ainsi fait, elle attendait d'arriver à Limoges pour y retrouver des amis, pour quelques jours avant de poursuivre sa route jusqu'en Lorraine.

Le cœur serré, la gitane pris un vélin pour écrire la lettre à Dalmau.





Bien cher Dal!

Voilà quelques nouvelles, pas très bonnes à vrai dire, surtout pour moi.

Aujourd'hui, nous avons décidés, Dom et moi, en accord, de mettre fin à notre relation si extraordinaire, mais trop souvent houleuse, surtout ces dernières semaines.

Je suis en colère et furieuse, à tel point que je me réjouis de pouvoir rentrer à la roulotte ce soir pour sortir mon poignard et déchiqueter son oreiller, les draps et sa place dans le lit.
Rassurez-vous, je ne ferais de mal à personne d'autres, ma rage ne se tournera que contre ce pauvre nid d'amour déserté. Je vous l'accorde, gestes pitoyables, mais ils seront libérateurs.

Plus les plumes voleront haut, plus la colère s'amenuisera et la fatigue sera mon réconfort. La nuit aussi. Puis, je tenterai de l'oublier, bien que je sais que c'est perdu d'avance, en songeant au bébé Lune qui grandit jour après jour en mon ventre.

Je prie pour que l'enfant ne porte rien de lui, ni ses yeux, ni sa bouche, ni son nez, rien, absolument rien, qui puisse me le rendre en souvenir, comme une gifle quotidienne pour rappel de son absence. Faites que Deos m'entende !

Désolée, Dal, de vous imposer ce pli un peu intempestif. Mais je ne sais guère être posée, quand tout est si chamboulé en moi.

Laissez-moi à présent, penser à vous et Vic, aussi tendres que parfois vifs en taverne, tout comme nous l'étions Dom et moi, cherchant taquinerie, boutades et petites provocations amoureuses.

Je suis heureuse de me dire, enfin j'espère que c'est le cas, que vous serez plus forts que nous deux pour poursuivre votre belle relation. Penser aux amoureux que vous êtes, me réconcilie déjà à l'idée du couple, voyez-vous si je fais bien de vous écrire!

Cela me ferait plaisir qu'un jour, à votre tour, Dal, vous m'annonciez un heureux événement. Quoi que, Vic, femme d'action et dynamique, ne soit peut-être pas du genre à vouloir descendance tout de suite.

Pour ce qui est de la fameuse visite du Roi, cela ne m'étonne guère qu'il y ait des restrictions pour pouvoir y participer. Je suppose que de toute manière, les ronds de jambes vont foisonner et sans doute qu'il va y avoir plus de courtoisie bienséante que d'action lors de cette visite.

Vous n'y perdez rien, si ce n'est que de voir des culs blancs en apparat défiler la tête fièrement dressée, pensant que leurs fesses poudrées valent mieux que celle du petit peuple dont nous faisons partie.

Puis..Dal, les bonnes idées ne sortent pas forcément que de la tête des riches et des nobles..je suis sûre que, malin comme vous l'êtes, vous arriverez à vos désirs et vos buts. Pensez grand..pensez Navarre!!

Marmont y croit aussi, d'autres encore, si vous conserver votre motivation, votre détermination, c'est en commençant petit qu'on consolide la base pour le futur, pierre après pierre. Le tout, c'est d'y croire à ses rêves, Dal.. Soyez nains avant de devenir géants, tout en gardant la tête sur les épaules.

Dernière chose, nous avons tous deux un nouveau point commun...je déteste les poèmes à présent, vous aviez raison, ils ne sont que mots mensongers tournés pour étourdir les âmes des femmes au cœur sensible. Dites à Vic, qu'elle vaut mieux que quelques mots jetés sur vélin, comme on jetterait de la poudre aux yeux !

Je n'ose pas vous écrire la suite de mes pensées, tellement elles sont coquines, mais..nom de Deos..un petit tour dans la forêt, sous un arbre rougissant de ses feuilles automnales, vaux bien mieux que tous les poèmes du monde!!

Paroles de Satine qui vous envoie une grosse bise affectueuse sur la joue.

Ps.. Auch me manque, dites aussi à Anitha que lettre suivra bientôt et bisouillages aux autres, Padoo, Marmont, Sésé, Domi.
Faites moi une faveur..payez une tournée à ma santé !!
Je ne vous remercie pas..parce que..vous ne le ferez pas!! je vous connais!


Pli envoyé avec l'espoir que tous ses amis laissés à Auch aillent bien.
Satineduval
(je te Limoges de mon cœur)


Ils avaient décidés de se séparer d'un accord commun, cependant la jeune femme avait quand même supposé que Dom la rejoindrait à la Flamme des Ténèbres, pour lui dire au revoir.

Patientant tout en regardant l'astre lunaire dans sa magnifique rondeur, nappant d'une lueur bleutée le square au bel arbre centenaire, Satine avait vu s'égrené le temps sans voir arriver la silhouette de son amant.

Elle avait discuté quelques moments avec un couple qui connaissait Dom, Crystall et Hugues, puis avait accepté la proposition de l'homme de la laisser seule, pour que le conteur, entré dans une autre taverne entre-temps, puisse passer faire ses adieux dans l'intimité.

Passant les minutes, la Bella dû bien se rendre à l'évidence que l'homme ne viendrait pas, elle avait prévu de lui tendre la main de l'amitié, pour le bien de l'enfant, afin qu'ils restent au moins un petit lien pour l'avenir du bébé Lune.

Froid constat, fatigue aidant, la Lorraine avait finalement compris que son brun s'était contenté de la poser à Limoges comme un paquet de linges sales abandonné sur le parvis, préférant la compagnie des autres à la sienne.

Main douce et caressante posée sur le ventre rond, la future maman avait soupiré, tristement puis parlé à son enfant, lui disant que le père ne viendrait pas, qu'il était inutile de l'attendre plus longtemps.
Dégoûtée, la gitane était retournée à la roulotte, le cœur froid comme du granit noir, jurant que Dom n'aurait plus le droit de regard sur l'enfant, sans parler d'elle-même bien sûr.
Elle n'avait attendu qu'une main tendu vers l'amitié, peut-être une dernière caresse sur l'arrondi de son ventre, petit au revoir à la descendance du conteur. Rien, néant.

Plus elle se rapprochait de la roulotte, plus ses pensées devenaient froides, coupantes.
Son cœur se détachait à chaque pas, de l'homme qui avait été à ses côtés depuis le 5 janvier 1461. En ce soir du 21 septembre, ouvrant la porte de sa roulotte, la Noiraude la referma sur leur vécu, laissant dehors tous les souvenirs heureux qu'ils s'étaient créer ensemble.

De lui, la Bella ne voulait rien conserver, elle détacha le collier au pendentif en forme d'épée qui pendait à son cou gracile, puis celui de l'étoile filante qu'elle avait enroulé autour de son poignet gauche.

Elle déposa le tout dans son coffret à lettres, rejoignant toute sa correspondance, amants, famille, amis et inconnus confondus.

Ainsi, s'achevait son mariage païen, elle se déliait du lien qui l'avait attachée si fougueusement, si passionnément, à l'homme de sa vie.
Par cet acte manqué, l'au revoir qui n'avait pas eu lieu, elle en faisait un adieu, coupant le lien, d'un coup de lame dans le cœur, froidement, sans sentiment, avec Lui.

Debout devant le coffret à lettre, elle sortit la dernière qu'elle avait reçue et qui lui avait serré la gorge à la lecture..Misère, il y avait plus malheureux qu'elle dans la vie...

Gorgias Jenkins était en prison, sa compagne était décédée et disait que sa vie était foutue. Relevant la tête, la Noiraude pris plume pour répondre à son ancien escorteur
.



Bien cher Gore!

C'est avec horreur que je découvre votre pli.
Malgré les premiers jours difficiles avec votre douce Erinn, qui voyait en moi la fameuse Satin d'un bordiau du Berry et donc une rivale pour elle en votre présence.. Cette femme je l'ai bien appréciée, car au final, nous avions noués un petit lien, encore ténu, une petite entente complice entre femmes. Je suis toute retournée par son suicide..misère..j'en ai la nausée.

Je regrette son geste fatidique, Gore, prendre poison pour en finir avec la vie n'est nullement une solution, mais avec tout ce que vous m'écrivez, son désespoir de ne pas pouvoir enfanter, vos attentes, vos souhaits de mariage...son mal-être, peut-être de ne pas se sentir à la hauteur de vos envies à tout deux.. Sans doute n'avait-elle plus le courage, ni la volonté de vivre.. Mon cœur se serre...

Oh..Gorgias, la vie est parfois un sacré tourment et je suis infiniment désolée qu'elle n'ait plus eu le courage de se battre, pour vous, pour elle-même.

Ecoutez-moi.. ne vous en voulez pas, car c'est son choix, sa décision de mettre fin à ses jours.. Elle a choisi de ne pas affronter ses démons en prenant la fuite dans la mort.

Surtout..ne faites pas comme elle!
Jetez ces fioles de poisons qui pourraient vous tenter, et, je vous l'ORDONNE, ce n'est pas un souhait, mais bien l'ordre d'une femme qui se voit comme une amie fidèle, puisque vous avez eu la gentillesse de m'aider dans un moment terrible de ma vie.

En effet, je la porte, cette vie, en moi et c'est bien ce qui me rend forte.
Un jour, Gore, vous aurez aussi la joie de vivre la formidable aventure de vous voir devenir père. J'en suis certaine, car vous êtes une âme très particulière qui saura trouver sa sœur ou sa rivale... J'en mets ma main au feu!!

Vous dites être interdit en Limousin. Voilà ma proposition. A votre sortie de prison, je vous demanderai de m'attendre dans une ville dont nous conviendrons le choix.
Je reste encore quelques jours à Limoges, une dizaine je pense, car j'y attends un ami que je n'ai plus vu depuis plus d'un an.

J'ai besoin de vous voir, Gore, et de m'assurer que vous ne ferez pas de folie, pas de geste irréversible.
Une fois rassurée, je retournerai en Lorraine, pour mon accouchement. Mon enfant, je veux absolument qu'il voit le jour chez moi, dans mon duché.

Donnez-moi vite de vos nouvelles, j'ai grand soucis pour vous.

Je vous embrasse bien fort, avec affection. Satine


Fronçant les sourcils, la jeune femme constatait avec tristesse qu'il y avait encore plus malheureux qu'elle ne la personne de Gore. Déposant sa plume blanche, la Lorraine s'empressa d'envoyer le mot au plus vite..direction la prison de Guéret.
Satineduval
(Limoges)

Devoir occuper son temps libre devenait un besoin fondamental, pour aller de l'avant et ne pas laisser son esprit trop vagabonder dans des contrées interdites, le bel univers que la Lorraine ne voulait plus aller explorer, rejetant ses pensées au loin à chaque fois qu'elles tentaient de s'insinuer dans sa petite tête de mule.

Prenant le stock de bois flotté que la promeneuse avait fait durant ses balades au gré des rivières et des forêts, la jeune femme, s'était jetée à corps perdu dans la conception d'un joli cadre qui allait orner une des parois de la roulotte. Elle y glisserait sans doute une peinture du bébé Lune, avec elle le portant dans ses bras protecteurs.



Voilà à quoi la future maman songeait la plupart du temps, imaginant déjà leur petite vie à deux dans la roulotte. Elle se voyait entourée de son frère et de sa sœur, des enfants de celle-ci. Le petit bébé ne serait guère seul, en compagnie d'autres petites terreurs et de tontons et tatas gâteaux.

Souriante, tout en jetant un regard critique mais satisfait sur sa création, la Noiraude avait déjà trouvé un parrain pour le petit joueur de soule ou la petite danseuse qui poussait en elle, jouant de ses pieds et poings contre sa prison de chair, le plus souvent contre le soir, lorsque la nuit tombait doucement et que le ciel virait au bleu nuit, laissant les étoiles se dévoiler à l'œil myosotis mélancolique de la gitane.

Encore quelques mois, puis arriverait le temps redouté de l'accouchement, ce qui préoccupait bien son esprit, soucieuse que tout se passe bien et taraudée par la curiosité, de demandant qui serait à ses côtés à ce moment-là. Elle espérait bien sa sœur ou Constance de Clèves, son amie médicastre.

Déposant son œuvre, contre une paroi, Satine cogita plusieurs petites histoires dans sa tête, y déroulant des scènes plutôt amusantes ou cocasses, pour ne surtout pas penser à la douleur qu'un tel événement allait lui causer.
Leonie l'avait rassurée en lui disant qu'au moment où le bébé arrivait dans les bras de la mère, le plus intense des joies naissait instantanément et que toute la souffrance de l'accouchement était oubliée en un clin d'œil.

Clé, le diacre, et son fils Ilan, étaient tous deux aussi très gentils avec elle, tentant de lui changer les idées, jouant à se lancer un petit concours du plus beau baise-main. Satine s'était prêtée volontiers au jeu. Après les deux démonstrations, la noiraude avait dû convenir que l'enfant avait surpassé son popa, ce qui faisait de lui un redouté petit séducteur. Les filles de Limoges allaient avoir bien des difficultés à résister, au petit Ilan !!!


[Cheffe Aldraien
Retrait de l'image, cf Règles d'Or. Merci et bon jeu.]
Satineduval
(Limoges)

Je rêve d'une terre sereine
Là où les gens balancent leurs peines
Je rêve sans fausses notes, sans ratures
je rêve au-delà des blessures

Je rêve qu'on puisse changer le temps
Lancé contre le vent.. *



Bien sûr, Satine se sentait blessée, qui ne le serait pas quand une si divine et fabuleuse aventure prenait fin si abruptement, mais raison avait prévalu sur la folie, tantôt douce, parfois furieuse, qui avait baigné leur relation dès les premiers jours.

Sa blessure, vive et profonde pour le moment, elle la pansait à sa façon, en profitant de sortir et rencontrer des personnes inconnues et se laisser encore porter par des discussions légères ou profondes, selon l'humeur du moment.

Parfois, ses yeux myosotis se voilaient, surtout quand elle voyait les nombreux couples qui vivaient à Limoges.
Elle ne le enviait pas pour autant.
La Lorraine profitait de leur bonheur pour s'en réjouir à son tour, sachant que pour elle, cela n'était pas encore dans ses projets de retrouver un compagnon. Un amant, c'était autre chose.

Un homme, qui ne serait pas amoureux d'elle, parce qu'elle ne se sentait guère prête à revivre une passion aussi houleuse et vive que la dernière en date.
Juste prendre le meilleur pour oublier le pire, la blessure qui saignait encore trop abondamment n'étant pas encore sur le point de cicatriser.
Ne plus s'investir dans une relation trop passionnée, elle le souhaitait ardemment.

Rien ne pressait, Satine se sentait apaisée à présent et déjà elle voyait quelques petits projets naitre dans sa tête, prendre forme pour son futur en Lorraine.

Passant au marché, La noiraude avait acheté un nouveau chaudron en cuivre, rutilant sous le soleil encore vif de l'automne qui pointait.
Elle avait décidé de se relancer dans sa confection de baumes et onguents, qu'elle avait naguère utilisé dans le dispensaire de sa marraine Ellebasi.

Bientôt, les fumeroles s'élèveraient à nouveau autour de la roulotte, embaumant l'air de senteurs acres ou douces, piquantes parfois, rarement explosives, bien heureusement !

Tout en baladant entre les étals d'épices, d'herbes, de simples et autres plantes médicinales, elle se souvenait de ses expériences passées avec humour, quand elle avait tenté de créer un fumier amélioré pour l'épandage dans les champs ou un autre produit pour la dératisation. Misère ! Tout était parti un peu en vrille, laissant la femme toussant à s'en cracher les poumons, tant l'odeur était exécrable et le jus obtenu, d'un résultat plus que douteux.
La Bella n'était pas forcément douée, mais très tenace et inventive, tentant des mélanges originaux, voire impensables à l'époque du dispensaire.

De retour en Lorraine, elle veillerait à rendre visite à sa marraine pour qu'elle lui transmette tout son savoir médical. Peut-être pourrait-elle lui donner à nouveau un coup de main pour l'Ost lorrain, surtout qu'à présent son ami Heal en était devenu le capitaine. Devenir Médecin-major comme Ella, voilà qui la titillait en ce jour.

Une fois l'enfant né, il serait grand temps de se lancer dans l'aventure médicale à nouveau.
Soigner les autres avait toujours tenté la jeune femme, certain(e)s avaient déjà eu grand plaisir, ou douleur ..mais personne ne s'était plaint en réalité, à voir ses doigts agiles courir sur la peau blessée ou les muscles dorsaux trop tendus et rigides après un grand effort dans un champ de blé, ou de bataille.

Prenant tout le barda sous son bras, la voyageuse rentra rapidement à la roulotte pour voir si louveteau Virus, qu'elle avait dû attacher pour éviter qu'il ne fasse les frais de la chasse aux loups prévue tantôt à Limoges, était toujours aux aguets autour de la maisonnée de Satine. Avançant d'un pas léger, elle se sentait bien, ayant retrouvé des rêves perdus en route.




*Grégory Lemarchal Je rêve
Satineduval
(Limoges, sur le départ)


« Est-ce qu’on est maître de devenir ou de ne pas devenir amoureux ? Et quand on l’est, est-on maître d’agir comme si on ne l’était pas ? »
de Denis Diderot


Bien étrange situation, que de revoir celui que l'on porte toujours dans son cœur et de devoir se prêter au jeu de l'amitié. Pas que celle-ci soit pesante à vivre, mais il était plus que difficile à la Noiraude de retenir ses envies de se lover dans les bras de l'homme qu'elle aimait, alors que celui-ci lui contait une bien belle histoire, de deux hommes blessés et alités côte à côte. Le toucher, le voir et le sentir, il était là et elle en profitait comme elle pouvait, sans tenter à le forcer dans ses gestes. Apprécier d'être à nouveau ensemble, juste pour le plaisir de partager un petit moment de bonheur. Amour, amitié, peu importait du moment qu'ils étaient face à face à nouveau, pour quelques jours encore, volé au temps.

Satine se sentait un peu comme les deux personnages du conte, tentant de soigner sa blessure, tout en aidant Dom à passer le cap de leur séparation. Rester amis, c'était le but qu'ils s'étaient fixés, mais la Bella avait une peine de chien à résister, tenter de ne pas s'approcher de lui, l'embrasser alors que ses lèvres étaient si tentantes, qu'elles les savaient si douces sur sa peau satinée.

Même si la petite lorraine avait pensé se détacher de son amant en ôtant les deux colliers qu'il lui avait offert, la femme se rendait compte à quel point ce geste était dérisoire par rapport à la force de cet amour qu'elle ressentait toujours aussi fortement en elle. Ils s'étaient mariés et ce lien restait encore très vivace.
Cette alchimie invisible qui la liait à son brun ne s'était pas encore évaporée pour elle, se sentant encore lui appartenir.

Il lui fallait bien se rendre à l'évidence, seul véridique constat dans toute cette relation si intense qui était la leur, qu'elle ne pourrait jamais vivre sans avoir au un lien avec son conteur. L'évidence l'avait frappée aussi sûrement qu'elle portait son enfant en elle.

Pour elle, Dom restait et resterait à jamais l'homme de sa vie, celui qui lui en avait offert les plus beaux moments, les plus fous, les plus extravagants, remplis de tendresse, d'amour, de rage, de colère. Il lui en avait fait voir de toutes les couleurs, passant du clair à l'obscur, plongeant sa plume dans toutes les teintes que pouvait offrir ce monde, leur monde à eux surtout.

Etendue sur son lit, Satine songeait avec douceur à l'enfant grandissant en elle. Son père serait peut-être peu présent, mais elle le rendrait vivant aux yeux du bébé Lune. Cet enfant avait un père, aimé et aimant. Même s'ils n'allaient pas former une famille typique, les trois seraient proches, d'un manière ou d'une autre, le lien du sang existait à présent.

Se redressant sur un coude, la Noiraude passa sa main libre sur son ventre encore légèrement bronzé. Elle se mit à sourire en pensant à la soirée précédente, avec un Dom parfois outré, souriant, tendre, complice. Jouant de sa main fine sur le mont arrondi de son petit bedon, la Noiraude chuchota à son petit enfant.. Ton père était en forme hier soir, je l'ai vu heureux et rien ne me fait plus plaisir que ça, mon petit Trésor. Vous êtes mes Etoiles, vous deux, rien d'autre ne compte...

Se sentant fatiguée, mais étrangement heureuse, la future maman se leva et ôta sa chemisette de nuit en dentelle pour enfiler sa robe noire qui lui affinait la silhouette et mettait en valeur l'arrondi de sa poitrine devenue plus généreuse depuis qu'elle était enceinte.
Elle se sentait bien et son reflet lui renvoyait l'image d'une femme comblée, joliment arrondie, au visage plus serein qu'il y a quelques jours. Ses yeux myosotis, qu'elle avait ourlé de noir, en soulignant encore plus la couleur, lui renvoyait un regard plus intense, plus décidé.

Passant devant la table où reposait sa plume, elle mordilla sa lippe inférieure, songeant qu'elle devait avertir Saian de son départ imminent. Un petit sourire flotta sur ses lèvres, tandis que la Noiraude pensait à son ami.
Décidément, cette amitié entre eux était aussi particulière, juste faite de deux rencontres très brèves.

Trois jours seulement, il y avait plus de 15 mois de cela...puis à présent, elle repartait après l'avoir vu juste un soir en taverne. Il avait l'air heureux lui aussi, avec sa compagne, Labre qui avait un petit côté mordant très apprécié par Satine. Elle se réjouissait pour son ami, de son bonheur mérité avec cette femme qui avait réussit à lui faire avaler une bière et à l'épouser devant Sainte-Boulasse par la même occasion !

L'amitié qu'elle ressentait pour le grand vadrouilleur qu'était Saian ne faiblirait pas d'un pouce. Satine était sans doute bien meilleure amie qu'amante, d'ailleurs.
Peu importait, à vrai dire, elle donnait tout autant de valeur à l'amour qu'à l'amitié, on ne pouvait pas vivre sans l'un et l'autre, pas elle en tous cas.

Temps d'écrire, de prendre congé, mais pas de se perdre...
Satineduval
(Bourganeuf)

« Mourir est une infidélité. »
Roger Mondoloni

Une lettre, une...mais qui lui avait retourné le sang, à lui mettre la peur de sa vie.

Heal..enfin. Mais pas comme elle aurait souhaiter avoir de ses nouvelles. Sa lettre était un appel, un cri, une renonciation.

Il ne lui en voulait plus..c'était pas bon..pas bon du tout. A peine avait-elle terminé la lecture de la brève missive qu'elle avait su que tout allait de travers pour son meilleur ami, là-bas, en Lorraine. Il avait tout, tout réussi, tout pour être heureux, femme, enfant, poste à responsabilité dans l'armée et, cependant, juste une petite phrase..Je ne me sens plus..


Glacée, par ces mots, la femme aux cheveux noirs lui avait immédiatement répondu, voyant apparaitre devant elle le spectre du fameux long tunnel blanc dont ils avaient souvent évoqué l'idée, en riant. Ils étaient alors plein de vie, joyeux et heureux, sachant que ce moment tant redouté était encore bien loin devant eux.

La situation était bien différente à présent pour elle. Satine ne se sentait plus non plus, alors elle devinait tout à fait le sens des mots de son Heal. Sa chance d'être enceinte la sauvait, ne songeant plus qu'à son avenir avec l'enfant, préparant déjà le berceau de bois qu'elle avait planifié dans son esprit.

Puis, son autre but, celui d'aller aider en Lorraine contre les brigands qui menaçaient sa terre chérie était aussi une des raisons qui la maintenait en vie.

Heal..était aussi un des seuls à la retenir. Vivre sa vie sans Dom qui reprendrait la route de son côté, imaginer un monde sans Heal, lui semblait au-dessus de ses forces. Se battre, encore et toujours, lui paraissait un défi trop grand pour ses frêles épaules.. Un combat, puis encore un qui s'ajoutait à la suite de l'autre.

Il lui semblait avoir une existence depuis quelques jours entre deux mondes, la vie dans son ventre et la mort dans son cœur. Une fine couche de glace, pénétrait son âme, frigorifiant et engourdissant ses pensées, ses actes et ses réactions.

Le soir auparavant, Satine avait allumé un feu pour se réchauffer, pour qu'une douce température revienne dans ce corps transit, manquant de caresses et de bras tendres pour l'envelopper, la rassurer..manquant de mots doux pour lui donner confiance en un avenir meilleur, où le bonheur complet viendrait à nouveau frapper doucement à sa porte.

On avait frappé..Elle avait ouvert..Elle donnerait à nouveau, ou du moins tenterait-elle de le faire, de chasser la faucheuse qui rôdait trop proche, bien trop avide d'âme en ces temps incertains.. La femme, trop fragile à présent, cherchait le soleil au milieu des Ténèbres.


Au lever du jour, après avoir pris soin d'elle-même, rangé sommairement la roulotte et déjeuner sur le pouce, la lorraine ressentit le besoin de confier un petit mot à son conteur, besoin de lui faire savoir certains sentiments qu'elle ressentait encore pour lui.



Dom..que c'est dur pour moi de ne pas venir te voir, pouvoir entendre ta voix et te dire tout ce que j'ai envie de te dire. Mais, je le fais pour que tu puisses aller de l'avant, que tu puisses vivre ta vie à ta guise, à présent que nous avons décidés cette séparation. Cela ne va pas de soi pour moi..de loin pas !

Te voir, avec juste le regard d'une amie, c'est mission impossible pour le moment et j'espère que tu ne m'en voudras pas trop quand je me laisserai aller à quelques petits gestes tendres, te toucher du bout des doigts reste un geste que je ne peux pas m'empêcher de faire.

Merci, encore, de me prendre à tes côtés jusqu'en Lorraine, cela me permet de profiter quand même encore un peu de ta présence. Je t'embrasse, fort..Tu resteras l'homme que j'aime encore bien longtemps je le crains..quoi qu'il puisse bien se passer...Ta Satine


Envoyant un pigeon au père de son enfant, la Noiraude regarda filer le volatile, le moral dans les chausses. Reprenant courage, par une main posée sur leur descendance, la Bella s'en alla promener en forêt, pour se ressourcer et admirer la belle teinte dont se colorait la Nature, tout en feuilles de flammes et d'or. S'en imprégnant, la rêveuse se laissa choir sur un tronc d'arbre couvert de mousse, se laissant porter par la beauté du lieu.
Satineduval
(Guéret)

Vivez si m’en croyez, n’attendez à demain. Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie. »

Pierre de Ronsard

Satine avait rencontré à Guéret une Rose aux cheveux rosés, jolie fleur dont elle avait découvert la douceur intérieure alors que les pétales étaient bien sûr attirant à l'œil par leur belle couleur tendre. Les deux interlocutrices se ressemblaient beaucoup, par leur vécu et leur attirance pour les femmes.

Passant une bonne partie de la matinée à se confier mutuellement leurs expériences, la Noiraude avait ressentit de la tendresse pour ce bout de femme qui, bien que malicieuse et coquine, ne semblait pas si heureuse que ça, étant depuis deux ans attirée par une amie qui, elle ne recherchait que la compagnie des hommes.

Hochant la tête tout en écoutant le récit, la jeune lorraine songea qu'elle avait de son coté réalisé ses rêves et ses attentes, ayant eu le bonheur de partager sa vie avec les personnes qu'elle avait aimée. Plus de 10 mois avec Fleur et 9 mois avec Dom, peu de temps en réalité, mais si intense qu'il lui avait semblé vivre à la vitesse d'un vent fou et joueur, tantôt tempête, violent et puissant, tantôt plus doux et calme, caressant.

La Rose lui avait déposé en partant un petit baiser complice et amical sur le bout du nez qui l'avait touchée.. Complicité d'un jour, de quelques instants volés au temps dans cette auberge de la Plume Normande.

Puis était passé un jardinier ! Très amusant, elle l'avait cru ivre parce qu'il lui avait dit être plein. La détrompant rapidement, le coquin lui avait proposé sa semence pour fleur, mais la Bella avait décliné d'un air très amusé, démontrant pas son ventre tout en rondeur qu'elle avait déjà été fertilisée.

Ils avaient alors trinqués au jardinage, puis Satine s'était éclipsée pour aller prendre l'air dans la forêt automnale. Faisant un feu non loin de la roulotte pour se réchauffer, elle resta assise longuement sur une botte de paille disposée là pour son cheval, observant avec plaisir son loup noir aller et venir, rôdant autour d'elle pour qu'elle se décide à lui caresser la fourrure.

Jouant de ses doigts dans le pelage soyeux et foncé, la Bella ne pouvait pas s'empêcher de repenser à la phrase qui avait été prononcée deux soirs plutôt..


Il faut que tu m'embrasses.
Maintenant.


Le ton n'était pas à l'ordre ou à la supplication, non, juste..un besoin, fort, urgent.
Satine n'avait pas hésité un seul instant, ressentant tout aussi profondément ce besoin de lui offrir ce qui était demandé.
Un baiser de vie ou un baiser de mort.
Nul ne pouvait savoir ce que ce don, ce partage allait pouvoir engendrer par la suite.
Tout était à écrire et la jeune femme ferait son possible, son impossible, pour que la vie prenne le dessus.
Il fallait vivre, maintenant, dans l'instant présent. Temps de s'arrêter, de voir, de découvrir, de pencher la tête avec curiosité, apprivoiser à nouveau.
See the RP information <<   <   1, 2, 3, 4, 5   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)