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[RP - SEMI PRIVE] Confidences pour confidences

Satineduval
(Feu de camp, une Enclave dans le temps)

« J'ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d'or d'étoile à étoile, et je danse. »

de Arthur Rimbaud


Ils s'étaient retrouvés, autour d'un feu de camp comme il en existait des dizaines d'autres dans ce monde, mais celui-ci avait de particulier que c'était le leur pour cette nuit-là.

Se sentant très proches, bien plus proches que tous ces derniers jours, Dom et Satine avaient partagés un de leur petit moment magique, de ceux qui avaient permis une relation si spéciale et si intense entre eux.

Parlant de de ce qui leur tenait à cœur, touchant le passé, le présent et l'avenir, Dom avait dit l'aimer encore et la Noiraude s'était sentie bouleversée mais n'en avait rien montrer, ne voulant pas laisser ses sentiments prendre le dessus.

Elle ne lui avait pas dit à son tour combien elle l'aimait tant encore de son coté, réprimant son envie de l'embrasser à l'instant, de lui passer un main tendre sur la nuque pour pouvoir profiter de ses lèvres le plus longtemps possible.

Choisissant de continuer à tisser des liens de confiance entre eux, Satine pensait qu'il était préférable de pouvoir à nouveau se regarder en amis sincères plutôt qu'en amants déçus qu'ils avaient été tous les deux il y a peu de temps. La Bella y croyait encore, à un possible futur entre eux, mais estimait qu'ils devaient encore prendre leur temps pour reconstruire et tisser à des liens plus solides que jamais.

Certaines blessures devaient se refermer pour que l'on puisse ensuite à nouveau passer une main amoureuse sur la plaie cicatrisée, le baume de l'amour ou de l'amitié lissant la déchirure avec douceur, patience, soignant petit à petit, mais avec certitude, ce qui avait été coupé, abîmé, ouvert.

La rêveuse sentait qu'elle devait réapprendre à danser la vie, à la voir à nouveau de ses yeux myosotis parfois enfantin, parfois malicieux et coquins, posant un regard neuf sur leur future relation, qu'ils avaient voulu voir renaitre sous un ciel amical, tendre et confiant.
Et les anciens amants, toujours amoureux pourtant, s'en sortaient très bien en cette belle soirée encore douce, bercés par les crépitements du feu à leurs pieds.

La vie continuait, pour eux, plus sereinement...le feu ondulait, pour eux, en direction du ciel obscur, rassurant ...les étoiles brillaient et se reflétaient dans leurs yeux en cette nuit, à nouveau, confiants..Enfin, ils retrouvaient ces moments si particulier dans leur univers, leur bulle de bonheur, bien à eux, loin de tout et de tous.
L'instant, si doux, si tendre, avait filé bien trop vite, au-delà du temps...
Satineduval
(Sancerre, on sort les griffes)

Certains ou plutôt certaines aimaient lancer des défis. Comme par exemple, défier un homme et le provoquer pour qu'il vous embrasse. Le traiter de couille-molle de ne pas le faire.

Ainsi, l'*angélique* Claude Kermance, rencontrée il y a plus de 6 mois à Annecy avait-elle tenter de séduire le conteur, jouant de la provocation comme détonateur pour obtenir, ou du moins l'espérer, un baiser, plus qui sait. Encore une faux-cul de plus sur la liste de Satine. Une femme qui semblait un peu sur la retenue et qui, dès que la lorraine avait eu le dos tourné, s'était empressée de se jeter à la tête du conteur.

Le pire étant que la blondie d'Annecy était au courant de la situation entre Dom et Satine, puisque celle-ci la lui avait expliquée quelques heures plutôt. Non, Claude avait tenté sa chance quand même, malgré le fait qu'elle savait la Noiraude enceinte et encore éprise de son compagnon de route.

Heureusement, que le compagnon de celle-ci, Torlem eut la bonne idée d'aller interrompre ce petit jeu, arrivant à son tour en taverne. Avait-il remarqué quelque chose ? A Satine de le découvrir, en le lui demandant. Parceque..elle était curieuse !

Satine plutôt déroutée par ce genre de comportement, songea elle-même à un petit défi à envoyer à Claude, une lettre, qui la mettrait au défi de garder Tolem en tant qu'amant après que celui-ci serait mis au courant du petit manège de sa compagne.

Autant dire que le petit jeu de Satine s'appellerait ... Foutre la merdouille dans un couple...Deux lettres étaient à être rédigées, au plus vite. A elle de lancer deux défis, à présent.

Après tout, elle commençait à ne plus avoir de cœur à force de découvrir la belle nature humaine qui l'entourait. Les gens aimaient jouer avec le feu, pourquoi pas Satine, après tout on ne vit qu'une fois, autant y prendre plaisir et s'amuser aussi, de mettre un peu d'animation dans un couple. Le piquant de la vie..




Bonjour Claudie qui rime avec Blondie...

Alors, comme ça tu aimes les défis ? Parfait pour moi, je n'en avais encore jamais lancé à personne et voilà que cela me titille..

Le mien sera le suivant, que tu tentes de rester en bon accord avec Torlem quand celui-ci aura reçu ma lettre lui expliquant ton comportement avec Dom à Sancerre.

Tu as cherché à le défier de t'embrasser, alors que tu savais très bien que je le porte encore dans mon cœur, qu'il est le père de l'enfant que je porte depuis 7 mois à présent. Cela fait de toi une sacrée belle personne, je veux dire par là..la plus faux-cul qu'il m'aie été permise de rencontrer depuis pas mal de temps. Tu viens presque en tête de ma liste de Faux-Culs. Veinarde ! Il n'y en a qu'une qui te bat pour le moment.

Ainsi, tu as osé en plus traiter mon homme de couille-molle de ne pas avoir cédé à ta blondeur, mais je pense qu'il a vite vu le genre de femme que tu es en réalité.
On ne traite pas mes amis de couille-molle, premièrement et encore moins l'homme que j'aime. Tu n'es qu'une vulgaire personne. Cela te sied bien.

Torlem, je l'aime beaucoup et je le plains..
Peut-être que celui-ci va ouvrir les yeux après avoir lu ma lettre. Blondie, je voyais en toi une femme bien, mais il semble que je me sois trompée. Tu es juste prétentieuse, comme te l'a dit Dom, et sans cœur.

Tu dois être bien malheureuse pour te comporter ainsi. Allez, je te donne de quoi pimenter ta petite vie en te mettant en situation bancale avec Tolem...Cela va t'occuper un petit peu, puisque tu ne sembles plus trop savoir quoi faire pour t'amuser.

Je ne te salue pas, Satine


Petit mot fait à la va-vite, juste très énervée que cette fadasse traite son brun de couille-molle, sans doute était-elle bien insatisfaite de ce coté-là pour avoir envie de regarder dans les braies du voisin.
Satineduval
(Gien)


De l'ombre ou de la lumière
Lequel des deux nous éclaire ?
Je marche vers le soleil
Dans les couleurs de l'hiver
De l'ombre ou de la lumière
Depuis le temps que j'espère
Retrouver dans un sourire
Toutes les lois de l'univers

*calogero..l'ombre et la lumière


De toute évidence, leur petit univers reprenait de temps en temps le dessus, tandis que les anciens amants parlaient de petit tout, de petit rien, cherchant une amitié qui semblait en bonne voie de construction.

Pas toujours évident, pour la Noiraude, de ne pas réagir en femme amoureuse, mais depuis qu'ils étaient séparés, elle se sentait plus sereine.
Tout au long de leur relation, la Gitane avait craint de le perdre maintes fois en voyant les autres femmes se comporter de diverses façons face à conteur.
Tantôt, se précipitant pour lui offrir des petites douceurs, ce qui faisait sourire la Bella, taquinant son amant en l'avertissant qu'il allait finir par s'empâter.
Ou, papillonnant tant des cils que l'on aurait cru voir s'envoler les yeux de la pauvre femme en question.

Même la Blondie en couple avait été jusqu'à poser sa main sur l'entre-jambe du conteur, bien sûr après que la Gitane soit sortie de la taverne.
Tout ceci n'avait que fait rire ou sourire la Lorraine sauf une fois où cela l'avait rendue nauséeuse tellement le comportement était grotesque..
Elle avait eu franchement envie de remiser son repas sur la table, mais les jours suivants aussi et c'est ainsi qu'elle avait découverte être enceinte..

Le sourire de Satine était devenu de plus en plus rayonnant, et même, à présent que la séparation avait eu lieue, l'optimiste de service trouvait chaque jour de quoi se réjouir.

Ainsi, peu de gens sortaient en taverne et elle avait son Dom pour elle seule, profitant et se réjouissant égoïstement de cette situation.

Ils se souriaient dans leur petit Univers, si seuls au monde, là où personne ne pouvait les atteindre. Peu importait l'ombre ou la lumière, ils se sentaient en accord à nouveau.
Dom lui avait conté une belle histoire qui leur avait rappelé les moments de pur bonheur partagés dans leur roulotte.
Hélène sur son rocher avec son amant. Tout comme eux deux, quand ils étaient en tête-à-tête.
Aucune note de nostalgie dans le cœur de Satine, juste, un bonheur qui continuait son petit chemin avec assurance.
Satineduval
(Conflans-lès sens, un peu de bon sens)


Imagine, mon amour,
Une île au large des tristesses.
Pas en mer, non, sur la terre,
Perdue dans l’océan des toits.
Un balcon pour jardin,
Fleuri de rires et de caresses.
Trois cinglés de l’amour,
Notre famille c’était ça.

Et mon père, aaah, mon père,
Ce philosophe en espadrilles,
Et ma mère, aaah, ma mère,
Une princesse en tablier.
Et les jours qui fondaient
Comme ces pains à la vanille
Qu’on trempaient, tous les trois,
Dans notre même bol de café.

Elle était le jardin de son âme,
Il était la lumière de ses yeux,
Et, miracle des miracles,
Ni le temps, ni les obstacles n’ont éteint
Leur feu…

Et comme je plongeais,
Du haut de mes dimanches,
Dans leur grand lit
Aux larges vagues blanches.
Et j’étais bien contre eux,
Et comme il sentait bon,
Le grand berceau des amoureux.

Mon père qui rit,
Ma mère qui se penche
Pour me chanter sa plus jolie chanson.
Quel chef d’œuvre mon enfance,
Nous étions bénis des dieux,
Nous étions des gens heureux.



Que c'était difficile pour la Noiraude de ne pas songer à un futur qui ne serait pas, ou du moins pas avec celui qui lui avait donné du rêve pendant plus de 9 mois, étrangement, comme la durée d'une grossesse.

Le fruit de cet amour, grandissait chaque jour dans son ventre, qui était bien arrondi sans pour autant trop alourdir sa silhouette de jeune femme gracile. Toujours à fureter de droite à gauche dans les bois, le long des rivières et dans les villages dont elle visitait chaque recoin, la Bella n'avait guère pris de poids. Tout au plus, des joues un peu plus rondes qui donnaient envie de croquer ou de mordiller.

Chaque soir, Dom et elle se retrouvaient et lui déposait toujours sa main chaude sur son ventre pour sentir l'enfant bouger. Fallait reconnaitre que l'enfant était de plus en plus actif, à se demander s'il sentait que la Lorraine n'était plus si loin. Dom lui parlait, pour qu'il entende sa voix chaude et douce, reconnaisse une présence masculine à ses côtés.

Satine, par contre, voyant un futur sans le paternel avec eux, se demandait si c'était vraiment une bonne idée, que Dom s'attache à cet enfant autant. Dans sa tête, elle imaginait parfois le trio qu'ils auraient formés, la famille heureuse, la tendresse et l'amour qu'ils auraient partagés.
Rien de tout cela ne serait, n'existerait que dans ses rêves envolés. C'était un comble pour une femme toujours si prompte à dire qu'elle ne vivait que dans le présent, d'avoir la nostalgie d'un futur qui ne verrait jamais le jour.

Rêvassant à une table d'une taverne, la jeune femme entendit que sa voisine qui somnolait un peu plus loin se réveillait. Une blonde, charmante, qu'elle avait rencontrée sans plus trop se souvenir où, Dole semblait-il..quand à l'époque, La Lorraine avait traversé les terres pour se rendre au chevet de son amant, à Dijon, alors qu'il était blessé gravement pour 45 jours de rétablissement.

Rien n'avait arrêté Satine, qui avait passé à la barbe des nombreuses armées qui stationnaient autour de Dijon, attendant de s'affronter encore ou pas. En ce temps-là, elle aurait tout fait pour le rejoindre, quitte à se retrouver blessée à son tour, mais son amour pour cet homme, si fort, lui avait donné des ailes et du courage. Rien n'aurait su l'arrêter, mais à présent, Dom avait proposé la séparation qu'elle avait acceptée, ne voulant pas continuer à lui imposer sa présence. Ainsi, se voyaient-ils bien moins souvent qu'avant, elle ne l'étouffait plus de sa présence, mais quand ils se voyaient, ils en étaient heureux.


Passant une bonne heure à causer avec la dénommée lou Ann, Satine avait passé un très bon moment en compagnie de cette blonde, qui lui faisait oublier une autre Blondie bien moins agréable. Comme quoi, ne pas juger les gens à la couleur de leur chevelure !

Laissant la femme sur une note de rire, elles s'étaient souhaitées toutes deux une belle vie et surtout de ne pas oublier de prendre du bon temps..croquant l'instant présent comme un fruit mûr et sucré, avec gourmandise.

Herbert Pagni, des gens heureux
Satineduval
(Langres, dans la brume des souvenirs)

I need you
So far from hell, so far from you
`Cause heaven`s hard and black and gray
You`re just a someone gone away
You never said goodbye
Why, Lover, Why..*


Couchée sur son lit, la Lorraine songeait à la magique nuit qu'elle avait passé au feu de camp avec son ancien amant. Rien n'avait troublé leur petit moment à eux, juste, sentir la chaleur du feu les caresser, l'odeur de la nature à la nuit tombante, embaumant de sa fraicheur vivifiante leur nez, les laissant se rapprocher doucement l'un de l'autre.

Ils avaient dansés, longuement, observés les étoiles, avec un plaisir partagé. Enfin, le calme régnait entre eux, depuis que l'amitié tentait de prendre le pas sur leur relation amoureux. Bien sûr, il y avait encore parfois le geste plus intime qui se glissait sur leur corps, habitude d'anciens amants, sans pour autant aller au-delà du raisonnable.
Tout semblait à nouveau parfait, belle entente et moments de tendresse partagée.

Puis le jour s'était levé, sur une mauvaise nouvelle pour la Noiraude, Heal avait semble-t-il disparu. Elle n'avait plus eu de nouvelles de sa part depuis quelques jours et la dernière lettre qu'il lui avait envoyée ne lui avait guère donné de quoi rire.

Encore quelques jours de voyage puis elle saurait enfin ce qui se passe pour son meilleur ami. D'une manière ou d'une autre, elle saurait quel mal le minait. Satine le chercherait, le ferait sortir de son trou à rat, lui pourrirait la vie à jusqu'à ce qu'il ne la supporte plus.

La jeune femme en rirait, sachant très bien qu'il lui pardonnerait ses taquineries. Ils se connaissaient bien et étaient déjà passés par une sévère crise qui avait failli mettre fin à leur amitié. Et, comme toujours, ils s'étaient à nouveau rapprochés, ne pouvant pas rester indéfiniment fâchés.

Enfouissant sa tête dans l'oreiller, la jeune femme repensa à tous ces moments passés ensemble. Quand il lui avait demandé de l'épouser, genoux à terre et qu'elle avait éclaté de rire, ne le voyant guère se marier avec elle, lui qui était un des hommes les plus séduisants qu'elle connaissait et en jouait tant auprès de la gente féminine.

Quel intérêt, alors qu'il pouvait avoir presque chaque femme qu'il convoitait..pourquoi diable aurait-il eu besoin de se marier avec la belle noiraude. Satine avait pris cela pour un beau canular de la part de Heal et avait bien sûr refusé, même si au fond d'elle-même, elle avait été touchée plus que de raison.

Puis, Genève..la main posée spontanément sur son ventre encore plat et ferme, ce qui avait tant émue la lorraine ce jour-là..Ce n'était pas une caresse, juste, comme un geste de tendresse. Jamais personne ne lui avait offert ce geste doux. Elle lui avait demandé pourquoi et lui, n'avait su que répondre..cela me parait naturel.

Fatiguée, très tendue par l'état de guerre imminent concernant la prise de Genève, elle avait résister à sa demande de revenir en Lorraine avec lui. Dom l'attendait et elle ne voyait pas sa vie sans la présence du conteur à ses côtés.

Ainsi, s'étaient-ils séparés dans la ville en pleine guerre, tout comme son cœur avait lutté pour repousser la demande de son meilleur ami, son amant de papier comme elle l'appelait avec tendresse. Puis, plus rien, la disparition..

Certains jours, ne devaient pas exister et certaines nuits s'éterniser. La Bella se demandait si Heal avait choisit d'aller rejoindre sa Nuit Eternelle.. Elle en était convaincue, en ce jour maudit. Dans son cœur, l'obscurité gagnait sa place, doucement mais certainement.




*J'ai besoin de toi
Si loin de l'enfer, si loin de toi
Car le paradis est dur, noir et gris
Tu es juste parti
Sans jamais dire au revoir
Pourquoi, amant, pourquoi..
Century - Lover Why ?
Satineduval
(Feu de camp avant Vesoul, lieu dit* les boulets d'or*)

« Le destin mêle les cartes et nous jouons. »Arthur Schopenhauer

Journée agréable à fureter dans les champs, pour récolter quelques herbes et tisanes qu'elle pourrait rapporter à son amie Constance de Clèves, qui en avait besoin pour son cabinet médical à Toul.

Frôlant de ses jambes fines les herbes folles, Satine avait grandement apprécié la ballade en solitaire, qui lui permettait de réfléchir à son futur.
Rester inoccupée était une impossibilité pour la jeune femme, surtout qu'elle n'avait à présent plus personne à chérir, en attendant que l'enfant naisse, du moins.
Seul à présent importait l'amour qu'elle ressentait pour l'ange à venir. Un mur s'était dressé tout autour de son cœur et bien malin celui qui pourrait l'escalader à nouveau.

Fatiguée de sa randonnée, , mais sereine, la Noiraude avait eu vent des déboires de l'ODL qui avait été mis à mal près de Genève, dans des affrontements terribles.
Satine avait sentir son cœur se serrer en lisant les noms des personnes touchées : Zeiss, l'Aigle de Lorraine, l'avait été, hélas, mais elle ne connaissait pas la gravité de la blessure.
L'ours bougon, le mangeur de chat qu'elle avait taquiné parfois, celui qui partageait la même devise qu'elle, gisait, quelque part et Satine souhaitait vivement que quelqu'un ait pris soin de le soigner.

Soucieuse, elle avait vu arriver Dom au coin du feu, la mine sombre aussi, pour lui raconter les déboires de Mary, brigandée alors qu'elle arrivait à Dijon.
Satané brigands qui s'étaient attaqués à la roussette esseulée et déjà pas en grande forme. Décidément, les voleurs ne reculaient devant rien en ces jours d'automne.

Après, s'être remonté le moral mutuellement, les deux avaient prévus de manger les champignons que Dom avait ramassé le lendemain à midi.
Tous deux avaient à nouveau contemplé la lune et les étoiles, pour la dernière fois ensemble à un feu de camp, laissant la rêveuse légèrement triste. Les moments de tête-à-tête ne seraient désormais plus que du passé, eux aussi.

Le temps était venu de reprendre la route et Satine retourna à sa roulotte, tout en pensant aux personnes qu'elle avait connues, surtout à l'étrange Jenkins.
Une des personnalités les plus étonnantes rencontrée pendant son périple.

Satinette, arrivée chez elle, découvrit un petit messager ailé sur le rebord de sa fenêtre. Avec curiosité, elle s'empara de l'oiseau de nuit, puis prit connaissance du petit mot de... Jenkins...
Coïncidence, signe du destin, la femme entra puis détacha sa cape blanche pour aller s'installer à sa petite table et donner des nouvelles immédiatement au philosophe.
Certaines choses étaient à éclaircir entre eux.
Satineduval
(Luxeuil, au bord du lac)


A peine levée que la Belle voit un volatile frapper à sa fenêtre, le prend de sa main délicate, ôte le petit message matinal. La brume se dissipe à peine dans les champs et au abord du lac, le dévoilant petit à petit aux yeux rougis de la Noiraude.

Mot de Gore qui s'inquiétait de ne pas avoir reçu de réponse à sa dernière lettre. Après quelques ablutions pour se redonner un air plus engageant, la jeune femme se força à avaler un petit déjeuner frugal, puis pris sa plume pour répondre à l'homme qui l'avait accompagnée pendant une dizaine de jours, quand elle Dom était parti prendre son bol d'air jusqu'à Saintes.

Une rencontre bien attachante, faite de moments de sincérité, de petits riens qui liaient cependant peu à peu deux personnes qui s'appréciaient et avaient envie de se découvrir. L'envie de passer du temps ensemble, nouer des liens, tout en sachant que la séparation arriverait plus tôt que tard.

Mais si l'on ne profite pas du présent, à quoi bon vivre après tout.. Le Présent pour la petite lorraine était un cadeau inestimable, le temps le plus précieux dans lequel elle vivait toutes ses aventures et ses envies. Il fallait savoir en jouir plutôt que de s'en contenter et en tirer le meilleur à chaque fois. Carpe Diem, un nouveau jour se lève..






bonjour Gore!!

Rassurez-vous !! j'ai bien reçu votre lettre, mais les miennes sont souvent longues, vous allez vous en rendre compte.. Votre missive m'a aussi touchée et émue...surtout à lire votre sentiment de déroute, de déception quand vous parlez de votre douce à des gens qui s'en moquent éperdument...
L'empathie n'est plus guère de ce monde !!! Je trouve que c'est un très bel hommage pour elle, de voir que vous la chérissez encore au-delà de la mort...le plus bel hommage qu'on puisse faire à mon sens.
Tant que ces personnes si chères et hélas disparues, vivent dans nos cœurs, elles seront encore un peu de ce monde, grâce à nos pensées.

Ainsi, je pleure à mon tour deux amis.

Lorrenzo, mort d'amour pour la *belle* Eden qui n'a pas su l'apprécier à sa juste valeur, femme toujours insatisfaite et qui ne souhaite que l'excellence, sans doute pensant qu'elle ne mérite que cela.
Une femme imbue de sa personne. Mon ami Renzo, lui était loin d'être parfait, nous passions notre temps à nous chamailler comme frère et sœur, il était cela pour moi, le grand frère qui voulait me diriger, sans pour autant y parvenir.
Il voulait me protéger et m'éviter de prendre des choix qu'il pensait mauvais pour moi, seulement il faut bien apprendre de ses erreurs, sinon comment avancer dans la vie? Il faut bien se construire, se forger, alors les épreuves nous y poussent n'est-ce pas Gore ? Je pleure donc mon Grand Frère de cœur..

Puis, il y avait Healmano..mon meilleur ami de toujours et aussi amant de papier. C'était un homme très séduisant, le plus beau moustachu du Royaume, à mon goût et hélas au goût de toutes les autres femmes aussi. Mon Heal..était sans doute le plus grand séducteur que j'aie pu rencontrer dans ce monde.

Nous avions une relation très dynamique et très amusante, proche de l'amour parfois sans pour autant dépasser la barrière de quelques baisers enflammés...Le fait est que j'avais peur de m'engager plus en avant avec lui, connaissant sa nature donjuanesque..
Je ne voulais pas être juste le numéro suivant sur sa liste, préférant préserver notre amitié et notre entente quasiment parfaite.
Petite confession, je l'aimais, en secret, depuis toujours, maintenant, il n'est plus et je n'ai pas pu lui dire au revoir. Il n'a pas su ou voulu attendre mon retour pour disparaitre, à 5 jours près.
Ma tristesse est infinie, je suis un peu morte en même temps que lui. Je pleure donc mon Amant d'écriture, c'est ce que nous étions.

Ainsi, je dois faire le deuil de deux êtres chers, sans parler de celui de l'Amour que je portais à Dom. Enfouir tout cela au plus profond de mon cœur et laisser les souvenirs des temps heureux et chantants revenir à la surface, pour pouvoir en apprécier toute la saveur et la beauté, sans que cela ne me blesse trop. C'est très difficile à vive, tout cela pour mes frêles épaules.

Il faut que je me soigne, que mon palpitant cesse de me faire mal à en crever et que mes larmes cessent de couler dès que je pense au vide qu'ils me laissent en cadeau empoisonné. Je le hais, je les aime. Je dois juste...apprendre à ne pas souffrir de leur absence, cela prendra du temps, mais j'y arriverai.

A vous, Gore, de me parler de votre douce Erinn, que j'ai si peu connue, mais que j'ai néanmoins appréciée. Parlez-moi d'elle. J'ai bien vite vu combien elle vous aimait Gore, sa jalousie était si palpable quand nous étions en taverne tous les trois ! Elle tenait à vous, à ce moment-là..n'en doutez pas.

Voilà que le temps passe à une vitesse fulgurante et que je dois déjà poser ma plume. Gore, j'aime vous lire et vous écrire. Cela me tient à cœur. Je n'aspire pour le moment qu'à poser ma roulotte au bord de la rivière à Epinal. Avoir mon bébé Lune dans mes bras en décembre. Ouvrir ce dispensaire pour soigner les gens.

Envie du Sud..bien sûr!! Mais, cela ne sera sans doute pas avant le printemps prochain, lorsque le temps se fera plus clément ici au Nord et que les fleurs seront à nouveau en bourgeon. Je renaitrai sans doute à ce moment-là. Pour l'instant, je suis plus morte que vive. Désolée, Gore, de ne pas pouvoir vous suivre dans ce coin de pays que j'ai adoré. Un jour, nous nous reverrons, j'en ai envie.

Pour le moment, ce qui me ferait le plus plaisir, c'est de pouvoir vous lire, une fois par semaine ou tous les 15 jours, une fois par mois, à votre guise et votre envie Gore. Juste..que vous me racontiez ces petits moments qui sont des perles pour vous me ferait plaisir!!

Un peu de joie dans mon monde si sombre à présent. Racontez-moi le Sud, vos aventures, vous, tout simplement. Je vous embrasse fort et cependant très tendrement. La Satin

ps..plus de dague entre nous..et je souhaite que vous ne restiez pas moine toute votre vie. Ou alors..jusqu'à ce que l'on se revoit, coquin !


Déposant sa plume blanche sur la table, Satine mit sa cape blanche pour sortir prendre un volatile bien futé et le libéra dans les airs pour qu'il trouve rapidement son destinataire impatient.

Posant ses yeux myosotis sur la beauté du lac et sa couronne de feu, aux arbres couleur ocre et or, la Noiraude s'y dirigea lentement, la main posée sur son ventre avec douceur. Elle avait encore une lettre à écrire et à déposer sur l'étendue d'eau.. C'était ici même qu'elle avait fait ses adieux à Coquine du Clos d'Epinal, il y avait 8 mois déjà..Dans son cœur, la rousse flamboyante vivait encore, belle flamme, belle femme.
Satineduval
(Epinal, destination finale)

C'est la fin de la fin du monde
Même la mer ne fait plus de vagues
Cette nuit enfin, tout est calme
Toutes les choses tiennent enfin debout
Les lèvres et les mains se répondent
Les mots se touchent sans heurter
Les gens qui se passent à côté
N'existent plus
Ce soir, le monde dort, apaisé

La fin de la fin du monde, Calogero

Arrivée très tôt le matin, la Noiraude avait trouvé portes closes devant les tavernes de la ville, la poussant à rebrousser chemin pour tenter de trouver un petit endroit de paradis, au bord de la rivière afin d'y installer sa roulotte, pour de nombreux jours.

Avançant sur les chemins caillouteux, la Belle tomba en arrêt devant un lieu qui la sidér par sa beauté sauvage.
Une petite cascade, plongeant dans des piscines naturelles, une forêt flamboyante,pas trop dense pour laisser passer le soleil fort timide en ce jour.
Là..c'était là et pas ailleurs que la jeune femme vivrait avec son futur enfant et son loup noir, Virus, qui se chargerait de protéger la roulotte des visiteurs indésirables.

Elle hocha doucement la tête, satisfaite de sa découverte, puis alla se planter sur un rocher, près de l'eau, pour admirer des ses yeux myosotis tout la splendeur du coin.

Situation idéale, à distance raisonnable du village d'Epinal, le choix semblait excellent.
La Gitane aurait ainsi l'eau à sa disposition, tant par nécessité que par plaisir. Pas besoin de courir mille lieues pour pouvoir se faire une bonne tisane ou une soupe, se baigner à la chute d'eau ou juste se laisser flotter. apaisée, comme elle avait tant aimé le faire tout au long de son voyage.

L'eau, elle l'avait, à présent il fallait préparer le coin pour le feu et Satine découvrit rapidement quelques pierres arrondies pour en faire un foyer.
Rassemblant du bois en forme de pyramide, la lorraine alluma un petit feu pour se réchauffer ainsi qu'en prévision d'un repas chaud et consistant.

De retour dans sa roulotte, elle eut la surprise de recevoir une visite amicale. Bouteille en main, mirabelle bien sûr, voilà que déjà on allait fêter son installation.
Ravie de partager un moment convivial, la Gitane se sentit en paix avec elle-même et qu'enfin, la période chaotique des dernières semaines soit oubliées.
La colère l'avait quittée, s'envolant comme par enchantement alors qu'elle revenait parmi les siens. Chez elle.

Après un petit moment, bien trop court à son goût, la Noiraude se rendit à Epinal pour prendre son tour de garde sur les remparts et dans les ruelles, puis s'arrêta pour discuter avec Alexia et Aelis, quand arriva son ami Alta.
La vie reprenait gentiment, sans heurt.

Bien plus tard, tour de veille fini, un peu fatiguée, la Noiraude rentra chez elle, contente de ses rencontres, ayant aussi revu Ambroise à la dague facile, qu'elle avait rencontré à Annecy. La mauvaise graine allait bien et s'était marié.
Sans doute allait-t-il planter sa semence dans le petit verger de sa douce Claire. Elle les avait laissé, leur conseillant un petit massage car l'homme se plaignait d'être tenu. Sacré Ambroise !

Satine, quand à elle, avait surtout envie de relire la lettre de Gorgias, ce qu'elle fit avec un sourire amusé aux lèvres.





Bonsoir à nouveau,
Je viens de rentrer besogneux, je prends ma plume,
Je vous épargne et les pages de lectures à tomber de sommeil, et la semaine d'attente à laquelle vous semblez attachée.

Sacredié ! Voilà mon cri intérieur, en lisant votre lettre.
D'abord..
Vous aimiez cet homme ainsi que votre Dom.. ma foi ! Comme je vous comprends, aimer plusieurs personnes en concomitance, comme c'est humain... Je suis content de retrouver cela chez vous, aussi.

Mon estomac glapit, je me presse.
J'ai quelques aventures qui ne méritent pas d'être racontées, je vais à Sancerre demain, sans doute, où j'irai saluer une vieille amie. Ensuite.. je retournerai en Limousin-Marche où je suis banni.. déguisé, enfoui dans quelques grossiers haillons, pour voler un baiser à la belle Victoire .. la cause de ma défaite au procès - ce fut le juge. Enfin, si je parviens à m'introduire jusqu'à Limoges, et il est tant d'organiser un rapt pour passer à autre chose - dans une certaine mesure - et cette province qui m'a tant tourmenté sera la terre souillée par l'acte, j'ai dit.

Oui.. ensuite, voilà c'que j'voulais écrire.
Ainsi, vous ne voulez pas partir au Sud avec moi ?
Quoi, quelle est la nature de cet affront singulièrement redoutable, à un espoir de bonheur avec vous ?
Épouvantable, dirai-je.
Vous n'êtes donc pas si malheureuse, Satine !
Et vous me cachez aussi, quelques amourettes ou projets de romances.
Comme c'est dommage !
Allez..
Cette fois-ci, j'ai vraiment faim..
Une faim de loup.

Dans une semaine je suis Jupiter-lupus,
Et j'enlève Hélène l'européenne par delà les flots,
Et nul Mélénas,
Gorgias.


Petit rire de gorge, la Belle plissa ses yeux de rire. Gore avait clairement de drôles d'idées !! un rapt..pour sûr..cet homme était un original, voire..un peu fou.

Souriante, la femme ferma les yeux un instant..
Non..elle n'était pas si malheureuse que ça, en effet. Son ventre aux courbes rondes la rendait heureuse à chaque fois qu'elle le caressait.

Non, pas d'amourettes ou de romances en vue, mais..une faim de louve..certainement.. Elle sentait revenir petit à petit son coté Diane, la chasseresse. Et..avec patience..elle attendait.
Satineduval
(Epinal, un jour sombre)

La Noiraude se trouvait en compagnie de son amant, lorsqu'elle reçut une missive qui fa fit blêmir et qu'elle ne put se résoudre à lire en entier immédiatement, tant elle se sentit attristée par la teneur du message, préférant aller se coucher et repenser à sa rencontre avec Gorgias Jenkins, qu'elle avait appelé affectueusement Gore, rapidement.

Il était de ces personnes qui marquaient vite les gens, tout du moins l'avait-il marquée elle, pour le peu de temps qu'ils avaient passés côte à côte. Il lui avait donné le surnom de *la Satin*, ce qui l'avait fait rire, quand il lui avait expliqué qui était la fameuse personne en question. Satine n'était pas la fille de joie décrite par son ami, bien qu'elle aimait comme tout le monde donner du plaisir aux hommes et parfois aux femmes, la Noiraude n'était pas du genre à s'offrir aussi facilement qu'une catin, jamais contre écus sonnants et trébuchants, mais uniquement pour le plaisir partagé.

Très attirée par la personnalité cachée de Gore, devinant un être tenant du philosophe et du coureur de jupons, personnage un peu fou, magnétique, très attachant, la Bella se souvenait de leur dernière soirée, où elle lui avait dit de filer à plusieurs reprises..
Attirée, elle l'avait été au point de sortir sa dague contre l'homme qui voulait l'embrasser une deuxième fois, plus pour se protéger de ses propres démons et envie que pour le tenir vraiment éloigné.. Gore en avait été outré, puis n'avait pas insisté.

Psychologie inversée, puisque la petite Lorraine aurait aimé pouvoir le conserver dans sa vie, le retenir pour le découvrir, ses idées, ses pensées, sa folie qu'elle devinait quasiment dangereuse. Cependant, elle était partie, ayant décidé de donner naissance à son enfant en Lorraine et rien, ni personne ne l'aurait arrêtée..

Ils avaient tous deux échangés quelques courriers que Satine avait appréciés grandement, les lisant avec un plaisir non dissimulé, impatient que Gore partagea ses aventures avec elle. Tous deux, à Limoges, s'étaient dévoilés quelques correspondances, se faisant confiance mutuellement et spontanément.

Vraiment, l'homme avait un style bien à lui et Satine avait ressentit tout l'attachement qu'il avait pour sa belle Erinn, lisant la lettre qu'il lui avait adressée, cri d'amour qui lui avait donné envie de correspondre avec Gore.

Le philosophe déposait ses mots sur le vélin, comme un cri, sourd, déchirant, entre reproche et désir, une volonté et un besoin d'être aimé par sa douce, voilà ce qu'elle avait ressenti en lisant les lettres de Gore, son besoin d'amour, passionné qu'il était..par trop de femmes !

Il en désirait une, tout en étant attiré par d'autres..à se perdre et à y perdre la vie semblait-il à présent.. Rattrapé par ses frasques, il avait péri et la Bella en était fortement peinée, le savoir en vie quelque part, même loin d'elle, peut-être heureux de son coté, lui suffisait.

Leur lien restait la correspondance et Satine lui avait envoyé un dernier courrier et en attendait réponse, guettant son pigeonnier..La Noiraude n'écrivait plus que peu ces derniers temps, trop prise par l'accouchement qui approchait à grand pas, la rénovation d'un dispensaire et sa petite vie à la roulotte, sans parler des tours de garde et des soirées en taverne avec ses proches et l'homme de sa vie.

Relisant le message de l'ami de Gore, elle sentit des frissons la parcourir...Ainsi, Gore avait eu l'intention de la rejoindre en Lorraine, lui en faisant la surprise. Elle songea, l'espace d'un instant à ce qui aurait pu se produire entre eux, puis, secouant la tête pour chasser ses pensées, la jeune femme caressa son ventre rond, avec douceur.

A quoi bon imaginer un futur, la Bella ne vivait que dans le présent, avec son enfant et son amant, mais arrivée en fin de lecture, elle sentit un pincement au cœur, d'avoir perdu celui qu'elle avait considéré comme un ami, un homme qui aurait pu lui ouvrir un univers inconnu..




Socrate_lediscret
Date d'envoi : 27/11/1461 - 23:28:48
Titre : Pour une dénommée Satine.
De Cahors, le 27 novembre 1461.

Bonsèr donà,

Je vos écris de la cité maudite de Cahors, en grande Guyenne. Je suis Socrate, vous ne vous en souvenez probablement plus, mais j'avois voilà ample temps faict votre connaissance, lors d'une très courte entrevue, en une taverne cadurcienne, cela faict plusieurs mois. Vous étiez requérante le sèr Gorgias.

Je cuide avec regret vous annoncer par cette missive, le trépas du sénher Gorgias, né à Castelroux, qui fut mon ami comme le vôtre. Le pauvre hère connut son terme fatal le 29 octobre 1461, en duché bourguignon, roué jusqu'à expiration, non loin de la ville de Sémur.

Ce matin, alors que je me promenois à travers les chemins quadrillant les prés de la campagne cadurcienne, un messager accourt, jeune homme bien fait, et me tend essoufflé, une missive et un paquet de vieilles bricoles.

Je le remercie et ouvre subséquemment et la lettre, et les affaires. Le colis avait un mois d'âge, et m'étoit envoyé par un certain lieutenant burgonde de nom "Justinice". La lettre me disoit que le sèr Gorgias avoit été pris, après l'ostracisme sémurois, dans la débauche la plus abjecte, et que ses "actes devaient cesser en même temps que sa vie".

Il était ajouté une partie des dernières déclarations de Gore, comme il aimait qu'on l’appelât dans les derniers instants de son existence. Le dément déclaroit qu'il aimoit une "foutre jolie rouquine", qui estoit tribun à Sémur, et que tout estoit erreur de sa part. Alors que sa cour avançoit, et que la femina fut en passe à briser son union cookies son compagnon, elle le trouva en sa taverne, forniquant.

La rousse donzelle, amourachée de lui comme lui d'elle, le frappa force au visage, et ne daigna jamais plus lui adresser parole, et quant à ses lettres, selon le supplicié, elles n’accueillirent pas franc succès, si bien qu'il confessa à ses jugeurs, qu'il plia bagage au lendemain, en s'en retournant sur les routes, pour facer à la belle Satine en Lorraine, qui alloit mettre bas, la surprise d'une visite inopinée, ainsi qu'il l'avoit prévu dès le commencement.

Alas on le rattrapa sur les routes, et procession, jugement et trépas furent promptement faicts. Je n'en sais que peu davantage, et le reste risque de ne pas vous intéresser. Immédiatement ceste nouvelle lue, je rentre à mon domicile, et prenant plume vos écris au plus vite tout ceci.

Ne sachant poy l'adresse de votre logis, je ne sais si l'épistole parviendra à bon port.
Si c'est le cas, j’espère ne pas avoir tourmenté votre humeur, ac vos avoir fait perdre trop de votre temps.
Avec cordialité,
Socrate.

Post-scriptum : Dans le colis, les menues affaires de Gorgias, car son bien en Berry fut pris par la famille sienne, et je crois qu'il auret aimé que vous receviez votre part de son héritage. Je joins adonc dans un linge, sa vieille et grande plume d'oie, à la pointe d'argent, cookies laquelle il se plasoit à écrire aux femmes qu'il aimait et vos en faictes partie, de force longues lettres, elle porta sur le vélin les mots les plus sincères.



Prenant délicatement la plume d'oie à la pointe d'argent, précieux cadeau qu'elle recevait en héritage, touchée plus qu'elle ne voulait le montrer par ce présent, Satine la passa sur ses lèvres sensuelles, y déposant une caresse légère et douce.. Gore serait toujours présent, quelque part dans sa vie, sa plume serait désormais à ses côtés, en souvenir de lui..Elle savait..qu'il était encore quelque part, ailleurs dans ce monde..

Tantôt, Satine allait répondre à Socrate, leur ami commun, espérant échanger quelque souvenir avec cet homme, dont elle avait gardé souvenir, Gore lui ayant parlé de lui quelques fois.
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