Faustine
La fille aux couteaux esquissa un sourire.
« Je ne crains pas la mort. »
C'était faux. Elle plus que quiconque craignait la mort. Parce qu'elle lui avait pris ses parents, son frère, sa famille. Et pour une raison qu'elle n'expliquait pas, elle avait été épargnée. La survivante... en quelque sorte. Elle s'en serait bien passé. Elle avait compris que la Mort frappait au hasard... Mais que le hasard pouvait être guidé, par la lame d'un couteau, par exemple. Son premier meurtre avait été de frapper à la gorge, à l'aveugle, celui qui avait cherché à abuser d'elle, dans une ruelle sombre de Paris, alors qu'elle rentrait à l'auberge après une nouvelle journée harassante à servir des bières dans une taverne minable. Elle s'était enfuie, et c'est là que Finn était entré en scène. Le lendemain il la suivait du regard dans la taverne où elle évoluait, sans rien dire. Le jour d'après il lui disait « Tu as le regard de ceux qui ont croisé la mort, mais qui l'ont soumise. »
Le troisième jour, elle quittait la taverne pour ne plus jamais y revenir.
Et aujourd'hui, elle ne se souvenait plus des visages de ceux qui avaient croisé sa route et qui ne pouvaient plus en parler. Oh, non, pas qu'ils étaient nombreux. Au contraire, même. Si elle pouvait éviter de tuer... Parce que chaque fois, le goût du sang métallique s'inscrivait dans sa bouche, dans sa peau, un peu plus violemment.
Non. Elle, elle ne voulait que se débrouiller pour survivre - un peu comme tout le monde sur cette terre, en fait.
D'ailleurs à propos de survivre...
« Un tiers, deux tiers. Entendu. »
Elle le dévisagea, eut un bref hochement de tête avant de tourner les talons, raccompagnée à la sortie par un serviteur. Qui lui indiqua l'adresse du peintre, ainsi que celle des tourtereaux, après lui avoir glissé en rougissant que le tableau était osé puisqu'il représentait Kachina nue.
[...]
Bon. Kachina nue... Pourquoi un tel tableau ? La brune -que Faustine avait croisé plusieurs fois dans le village, et qui l'avait toujours salué- ne semblait pourtant pas narcissique à ce point, pour accrocher chez elle, dans un endroit de passage fréquent pour elle une image la représentant. Et la jeune jeune femme ne l'imaginait pas vouloir connaître ses courbes par coeur. Son homme, en revanche...
... Noon. Ils ne pouvaient pas l'avoir mis là, si ? ... Et pourquoi pas ?
Première étape, donc, la mairie. Elle la connaissait pour être passée plusieurs fois devant. Elle savait combien de fenêtres il y avait, quelles portes menaient vers l'extérieur. Maintenant, allez savoir le chemin jusqu'au tableau... Allez savoir si ce n'était pas tortueux, compliqué, toussa !
Faustine, jamais à court d'idées, rentra à l'auberge où elle était logée et changea de vêtements, délaissant sa cape et ses armes, bien qu'à contre-cur. Ressortant quelques minutes plus tard elle frissonna en sentant le vent sur la peau de sa nuque découverte. Elle se sentait vraiment nue et démunie.
Jouant sur sa juvénilité, elle entra dans la mairie pour demander à parler au maire, les pénuries de pain de la ville l'inquiétant au plus au point : comment les gens feraient-ils pour se nourrir s'il n'y avait plus rien ?
Regardant autour d'elle elle fit bien attention à chaque détail pour mémoriser la typographie des lieux.
Elle n'entra pas dans le bureau du maire. Mais au moins, en ressortant, elle savait où il se trouvait. Ce soir elle passerait à l'action... En attendant, elle passerait le reste de la journée à « flâner ».
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« Je ne crains pas la mort. »
C'était faux. Elle plus que quiconque craignait la mort. Parce qu'elle lui avait pris ses parents, son frère, sa famille. Et pour une raison qu'elle n'expliquait pas, elle avait été épargnée. La survivante... en quelque sorte. Elle s'en serait bien passé. Elle avait compris que la Mort frappait au hasard... Mais que le hasard pouvait être guidé, par la lame d'un couteau, par exemple. Son premier meurtre avait été de frapper à la gorge, à l'aveugle, celui qui avait cherché à abuser d'elle, dans une ruelle sombre de Paris, alors qu'elle rentrait à l'auberge après une nouvelle journée harassante à servir des bières dans une taverne minable. Elle s'était enfuie, et c'est là que Finn était entré en scène. Le lendemain il la suivait du regard dans la taverne où elle évoluait, sans rien dire. Le jour d'après il lui disait « Tu as le regard de ceux qui ont croisé la mort, mais qui l'ont soumise. »
Le troisième jour, elle quittait la taverne pour ne plus jamais y revenir.
Et aujourd'hui, elle ne se souvenait plus des visages de ceux qui avaient croisé sa route et qui ne pouvaient plus en parler. Oh, non, pas qu'ils étaient nombreux. Au contraire, même. Si elle pouvait éviter de tuer... Parce que chaque fois, le goût du sang métallique s'inscrivait dans sa bouche, dans sa peau, un peu plus violemment.
Non. Elle, elle ne voulait que se débrouiller pour survivre - un peu comme tout le monde sur cette terre, en fait.
D'ailleurs à propos de survivre...
« Un tiers, deux tiers. Entendu. »
Elle le dévisagea, eut un bref hochement de tête avant de tourner les talons, raccompagnée à la sortie par un serviteur. Qui lui indiqua l'adresse du peintre, ainsi que celle des tourtereaux, après lui avoir glissé en rougissant que le tableau était osé puisqu'il représentait Kachina nue.
[...]
Bon. Kachina nue... Pourquoi un tel tableau ? La brune -que Faustine avait croisé plusieurs fois dans le village, et qui l'avait toujours salué- ne semblait pourtant pas narcissique à ce point, pour accrocher chez elle, dans un endroit de passage fréquent pour elle une image la représentant. Et la jeune jeune femme ne l'imaginait pas vouloir connaître ses courbes par coeur. Son homme, en revanche...
... Noon. Ils ne pouvaient pas l'avoir mis là, si ? ... Et pourquoi pas ?
Première étape, donc, la mairie. Elle la connaissait pour être passée plusieurs fois devant. Elle savait combien de fenêtres il y avait, quelles portes menaient vers l'extérieur. Maintenant, allez savoir le chemin jusqu'au tableau... Allez savoir si ce n'était pas tortueux, compliqué, toussa !
Faustine, jamais à court d'idées, rentra à l'auberge où elle était logée et changea de vêtements, délaissant sa cape et ses armes, bien qu'à contre-cur. Ressortant quelques minutes plus tard elle frissonna en sentant le vent sur la peau de sa nuque découverte. Elle se sentait vraiment nue et démunie.
Jouant sur sa juvénilité, elle entra dans la mairie pour demander à parler au maire, les pénuries de pain de la ville l'inquiétant au plus au point : comment les gens feraient-ils pour se nourrir s'il n'y avait plus rien ?
Regardant autour d'elle elle fit bien attention à chaque détail pour mémoriser la typographie des lieux.
Elle n'entra pas dans le bureau du maire. Mais au moins, en ressortant, elle savait où il se trouvait. Ce soir elle passerait à l'action... En attendant, elle passerait le reste de la journée à « flâner ».
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