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[RP] Peut-on aller deux fois au būcher ?

Estuardo
- Par ici
- 'Tain c'est loin
- T'imagines quand l'cercueil y s'ra plein?
- Bordel
- Fermez-la ouais, un peu dé respect pour les morts!
- Toi, l'étranger, tu la fermes.
- Nous, les morts, c'est des sous, point barre.
- Ouais.
- Non mais va pas v'loir l'enterrer au cim'tière ta ptite dame, hein?
- C'est p'tain d'loin le cim'tière, y peuvent pas crever plus prés les gens?
- C'est bon, on est arrivés, restez lá et fermez-la oui?
- M'ouairf.
- T'a peur qu'on fasse peur á ta tite dame, l'étranger?


Estuardo fit mine de ne pas entendre, et ignora les petits rires qui fusaient derrière lui. Il se dit que franchement, il aura pu tomber sur des croque-morts un peu plus sympathiques, puis il se souvint de sa bourse maintenant vide et fit un geste des épaules. Tant pis. On fait c'qu'on peut avec c'qu'on a. Il jeta un petit regard en arrière. Les deux jeunes hommes avaient déposé le cercueil á terre, l'un d'eux s'était assit sur le bord de celui-ci, et l'autre s'était posé contre un arbre. Estuardo ne se souvenait pas très bien de tous les événements de la veille, trop de choses s'y étaient passées, mais il eu un léger sourire et imaginant que cet arbre, c'était sans doute celui sur lequel il était monté pour espionner la rousse qui prenait son bain. Shirine, quoi. Vraiment, il y a des gens doués pour rentrer sans faire exprès dans des situations étranger, et Estuardo semblait être l'un de ces gens. D'ailleurs, rien qu'en prenant en compte la veille, il avait sans doute rompu un record. Il était passé d'espionner une belle rousse dans son bain, á être presque empoisonné par une sorcière, voir ladite sorcière mourir presque dans ses bras, partager le lit avec la rousse du début, et finalement revenir avec un cercueil pour la sorcière et deux jeunes croque-morts complètement stupides, qui se faisaient un plaisir fou de lui faire remarquer que c'était un étranger, et d’appeler Shirine "sa ptite dame".
Estuardo en était arrivé á se demander s'ils avaient remarqué qu'il avait eu une nuit... d'amour?. Non, sans doute pas d'amour. De sexe, simplement. Même si sur le coup, Estuardo avait vraiment aimé Shirine. Pouvait-on faire autrement?

Il ouvrit la porte, et dans un premier temps ne remarqua rien d'étrange. Il se demanda si Shirine s'était levée, et si elle était allée visiter la chambre de Brunehault. Il posa sur la table la bouteille de lait et la miche de pain qu'il avait apporté, et sans plus, entra dans la chambre de Brunehault. Enfin, celle qui devait être la chambre de Brunehault avant la nuit dernière, la chambre oú il avait dormit avec Shirine.
Il vit le lit vide et froid, avec un mélange de surprise et d’embêtement. Il s’apprêta alors á se rendre dans l'autre chambre, discrètement, pensant que sans doute il y trouverait Shirine au chevet du cadavre de son amie. Mais en passant par la grande salle, il remarqua, sur la table, la bourse. Intrigué, il s'en approcha et vit les mots ajoutés par Shirine á son propre mot.


- Hija de puta...
(fille de pute...)

Il sortit de sa sacoche son encrier et sa plume et ajouta, sous les mots de Shirine, un seul mot: "Non".

Il était légèrement en colère, mais ne perdit pas son calme. Il prit la bourse que Shirine avait laissé, et transféra dans sa propre bourse vide les écus exacts que lui avaient coûté le lait, le pain et le cercueil, puis, il rentra dans la chambre occupée par le cadavre.
La chambre était exactement comme ils l'avaient laissée la veille, lui et la rousse. L'agacement d'Estuardo monta en lui. Shirine n'avait même pas eu la décence de visiter celle pour qui elle avait pleuré la veille.


- Eh! On s'bouge ouais? N'a pas tout l'temps du monde 'tain!

L'un des deux garçons, le plus grand (ça devait sans doute être le fils ou le neveu ou quelque chose dans le genre, du croque-mort original) était entré dans la maison.

- Cassez-vous. Laissez lé cercueil. J'irais vous chercher si y'en ai besoin.

Il avait crié. Les deux autres ne se firent pas prier, et s'en allèrent. Il entendit, par la fenêtre, quelques bribes de leur discussion joyeuse. Quelque chose sur l'étranger, la ptite dame, le cocu, et les disputes maritales. Cela ne fit qu'augmenter son énervement. Vraiment, il avait pas choisit de tomber pile poile d'un arbre au moment ou une sorcière était sur le point de rendre son dernier soupir. Vraiment, c'était quand même pas lui qui avait obligé Shirine á l'embrasser. Le minimum de décence aurait quand même voulut qu'elle le remercia de s'occuper de l'enterrement de quelqu'un qui était complètement étranger pour Estuardo, et qui était supposé être chère á Shirine.
Il sortit de la chambre du cadavre et se rendit dans la salle. Il était énervé et n'avait plus rien á faire ici. Pourtant, il ne partit pas. Il se servit un peu de tisane, refroidie maintenant, et en bu quelques gorgées. Il s'assit face á la table et mangea un bout de pain. Il se leva et sortit de la maison, voir si Shirine revenait. Mais rien. Niette. Pas l'ombre de la rouquine. Avec moults efforts, il traîna le cercueil á l'intérieur et se rassit sur une chaise.

Et il attendit. Mais il était inquiet. Superstitieux qu'il était, il ne se sentait pas vraiment á l'aise en étant seul dans une maison avec un cadavre de l'autre côté du mur. Et plus le temps passé, plus il ruminait et grommelait en espagnol toute sorte de méchancetés sur Shirine. Déloyale. Couarde. Insouciante. Inconsciente. Cruelle. Amie d'une sorcière.
Finalement, la présence de Brunehault fut trop forte pour être ignorée. Il prit un bout de tissus trouvé dans la cuisine et le trempa dans le sceau plein d'eau qu'il y avait. Il se rendit dans la chambre mortuaire, d'un pas décidé.

Quand il entra, toute conviction s’effaça. Il fit bien attention á laisser la porte de la chambre ouverte.


- Bon... yé vais té laver un peu... J’espère qué tu m'en voudras pas... Yé crois qué Shirine t'aimait bien, hein? Yé sais pas pourquoi... mais bon, c'est plus très important, maintenant, n'est-ce pas?

Le son de sa propre voix lui donnait confiance, et il s'approcha du cadavre. Il était désormais froid comme de la pierre, et dur. Voilà, il s'était bien dit qu'il aurait fallut s'en occuper avant! Il essaya á trois reprises de mettre droits les bras de Brunehault, mais se fut vain. Il sentait que s'il insistait trop, il allait la briser, alors, il se contenta de lui laver les mains et le visage.

- Y’espère qu'on pourra té faire rentrer dans lé cercueil... avec les bras comme ça... C'est pas ma faute, hein... tou as bien vu qué Shirine s'est lancée sur moé... Non, évidemment tou n'as rien vu... Bon, peut-être, si ton âme était encore lá...

Il frémit á cette idée. Et si son âme était encore lá, lá, tout de suite, maintenant? Il se hâta de finir de lui laver le visage jaunâtre et tenta, bien que mal, de lui accommoder un peu les cheveux, puis sortit de la chambre.
Il s'assit sortit un autre verre et l'empli de lait, et le laissa sur la table. Puis, finalement, il s'assit sur une chaise, et mis ses pieds sur une autre. Il attendait Shirine. Il ne savait pas ce qu'il lui dirait quand elle reviendrait, si elle revenait, et ne savait pas ce qu'il ferait si la nuit tombait et qu'elle ne revenait pas. Mais il préféra ne pas trop penser á toutes ces possibilités. Il se força de penser á autre chose. A son champ de maïs qui devait être entrain de pousser tranquilou. A son amie Souvenir qui devait être entrain de se demander oú diantre avait-t-il passé la nuit. A la cicatrice en forme de rose sous le sein de Shirine. Non non! Autre chose... á Christina, partie en mer, au concours de tir-á-l'arc de Nîmes, á sa mère et á son père, qui s'était sans doute aussi demandé, jadis, oú était-t-il passé, mais qui, désormais, devait l'avoir oublié, ou au moins avait du faire tous ses efforts pour l'oublier. Il pensa un peu á tout et á n'importe quoi, et doucement, il s'endormit.

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Images originales de Nesskain, modifiées
Shirine
Le froid lui pique les yeux, à moins que ce ne soit sa forte envie de pleurer en imaginant soudainement le corps de Brunehault sur son lit. Puis, successivement son cerveau lui impose les images de Ânani, Dioscoride et Moran à la place de la vieille femme. Elle lève les yeux comme si cela pouvait empêcher les larmes de couler. Elle pousse un soupire de soulagement en apercevant enfin sa forge se dessiner devant elle, sur le bord de la route. Elle ne l'ouvrira pas, aujourd'hui, elle ne veut voir personne. Elle compte seulement s'y enfermer et frapper l'enclume jusqu'à épuisement. Elle tourne la clef dans la serrure et referme soigneusement derrière elle.
Les lieux sont sombres et silencieux. Shirine reste plantée là un moment, les yeux dans le vide. Bien malgré elle, elle sent son esprit atrophié. Elle voudrait tout oublier. Oublier qu'elle a regardé Brunehault mourir sans rien pouvoir faire, oublier qu'elle ne sera plus jamais là. Oublier et ignorer la réalité. Ca fait moins mal.

L'esprit embrumé, elle finit par se décider à allumer le four. A partir de ce moment, ses gestes deviennent automatiques et elle perd un peu conscience de ce qu'elle fait. Dans sa tête ne cessent de tourbillonner des visages aimés, des souvenirs heureux avec eux, des lieu où elle les a croisé, des mots qu'ils ont prononcé... Elle est absente. Et de sa détresse, une pauvre lame en est le défouloir. Elle ne cesse de faire des allers et retours entre les flammes et l'enclume, et de voir s'abattre sur elle un courroux profond aidé d'un marteau.

    Je hais la mort.

Cling !

    Qu'elle vienne pour moi.

Cling !

    Pas qu'elle m'enlève ce qui me reste d'espoir et de bonheur.

Cling !

    Qu'elle s'occupe des autres, j'ai rien demandé.

Cling !

    Quelle emporte donc ceux qui le mérite.

Cling !

    Comme mon père.

Cling !

    Comme moi ?

Le bras de Shirine se fige en l'air. Elle serre les dents et sa colère redouble.

    Toi, ta gueule !

Cling !

La rouquine se concentre sur la lame qu'elle maltraite. Elle essaye de fermer son esprit à toutes ses pensées noires qui semblent laisser se pointer de nouveau Zoé dans sa tête. Elle n'a pas besoin de ça en ce moment. A croire que tout le travail de la vieille qui l'aidait à s'en débarrasser avait disparut à partir du moment où elle était morte. Zoé n'avait certainement pas le droit de revenir à cet instant précis.

La journée passe, et les arlésiens vivent leur quotidien insouciants tandis que Shirine s'épuise à frapper contre l'enclume. Elle finit par s'arrêter et envoyer valser lame et marteau à l'autre bout de la forge. Puis elle jette un seau d'eau sur le feu du four avant de quitter les lieux. Dehors, il fait déjà nuit. La Sicaire n'a aucune idée de l'heure qu'il est. Le bras droit endoloris par le travail, elle n'a qu'une envie c'est rentrer et se saouler. Oublier pour une nuit de plus. Elle verra demain...

Elle pousse la porte de chez elle sans remarquer dans la pénombre le cercueil qui attend à l'extérieur et commence par être surprise de la présence d'Estuardo. Avant d'en être énervée. Elle l'avait oublié celui là, persuadée qu'il serait parti. N'a-t-il pas vu son mot ? C'est impossible.
Elle claque la porte derrière elle pour le réveiller.


Je t'ai écrit de rentrer chez toi ! Tu sais lire, étant donné que tu sais écrire !

Son ton est dur et exaspéré. Il veut rester ? Alors il lui faudra affronter sa colère bien qu'il n'y soit pas pour grand chose. Sa présence est une fausse excuse.

Elle traverse la pièce et attrape une bouteille de vin rouge sur une étagère. Elle l'ouvre et en boit une longue gorgée au goulot avant de se tourner de nouveau vers l'aragonais.


S'il faut que je te le dise autrement, ça va être facile. Dégage. Je veux pas de toi ici. J'ai besoin de personne !

Et l’âpre liquide rouge dégringole de nouveau dans sa gorge.
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Estuardo
Sursaut. Gné? Quoi? Les pieds à terre, l'Aragonais debout, comme une lance, prêt à la bataille mon cap'taine. A peine le temps de se redresser en réaction d'un bruit strident et menaçant, une porte qui claque, que déjà une voix, toute aussi stridente et menaçante se fait entendre. Estuardo eut à peine le temps de comprendre, qu'il était déjà levé et aux aguets. Soudain, ses rêves évanouis, il se retrouva, encore une fois, dans cette petite maison, devant cette drôle de rousse. L'effet qu'il ressentait était celui d'une boucle sans fin. Apparemment, la spirale le ramènerait toujours au même endroit, face à la même personne. Une espèce de colère volcanique grondait en lui, mais Shirine ne lui laissa pas le temps de se défouler, lui aussi. Elle se défoulait, elle toute seule. Alors que bordel d'merde, il en avait autant le droit qu'elle. Lui, lui qui était resté, lui qui était allé chercher les croque-morts, le cercueil, lui qui avait lavé le cadavre d'une vielle, qui non seulement avait été, de son vivant, une étrangère pour lui, mais qui en plus était morte en essayant de l’empoisonner. Et tout cela pour les beaux yeux et les belles courbes d'une rouquine qui ne trouvait mieux à faire que de lui crier dessus. La colère se transforme en rictus. En surprise, aussi. Mais comment une femme si belle pouvait être aussi insupportablement hautaine, aussi fichtrement idiote, et aussi peu encline à la gratitude.

Dégager? Hors de question. S'il n'était pas partit avant, il ne partirais pas non plus tout de suite. Et si d'abord il était resté par un sens déplacé d'amitié, puis par un sens superstitieux de respect pour la morte, maintenant c'était son honneur qui le clouait au sol. Il ne bougea plus. Il la regarda faire, et laissa ses cris frapper l'écho de toute la chambre. Lui, soudainement, en était protégé par une semi-indifférence amusée. Et une rage à peine refoulée. Et un désir palpitant. Parce qu'il faut le dire, la belle rousse, en colère, n'en était qu'encore plus belle. Mais baste. Il n'allait tout de même pas laisser une dulcinée capricieuse abandonner un corps raide sur le lit, et encore moins, le traiter comme s'il n'était qu'ordure. Bon, certes, il ne devait pas être grande chose de plus qu'ordures dans ce contexte, mais tout de même, il était là, et pouvait au moins attendre un brin de reconnaissance, si ce n'est pour sa présence, au moins pour s'être occupé du cadavre. Franchement!

Il la laissa donc gueuler.
Et quand elle prit quelque chose une étagère, il reconnut tout de suite le liquide que contenait la bouteille. Non seulement pour la couleur, sinon, et surtout, par l'empressement de Shirine en le buvant.
Sans un mot, il l’approcha et, d'un geste brusque, lui ôta des mains le nectar. Lui aussi en avait besoin, bordel. Et il but. Une longue et délicieuse gorgée. Ça brûla sa gorge, et cette brûlure apaisa un peu son envie de meurtre.
Parce que ça, la tuer, il en avait eu envie.
Estuardo ne s'attendait quand même pas à ce que désormais ils se marient, aient des enfants, et vivent heureux jusqu'à la fin de leur vie, non. Mais attendre un "merci, c'est gentil de t'occuper des choses qui ne te concernent pas, de m'aider avec le cadavre, et d’être là pour m'accompagner", ce n'était quand même pas trop en demander, si? Bah si, apparemment si. Intelligence émotionnelle de Shirine: moins trente. Sale garce.

Il déglutit et sépara la bouteille de ses lèvres, et... et il jeta la bouteille vers l'autre bout de la pièce. Elle s'écrasa contre le mur, proche de la porte. Le bruit sec du coup laissa place à un demi-instant de silence, puis, la pluie de bout de verres tombant à terre emplit l'atmosphère. Une tache, rouge noirâtre se dessina par terre, et commença à s'étendre, passant sous la porte.

Estuardo se retourna. Il regarda Shirine dans les yeux. Pendant un instant, il ne dit rien. Intérieurement, le bruit des éclats, avait soulevé sa colère, et il tentait de respirer profondément, de garder son calme. Sa lèvre inférieure tremblait, mais il réussit à maintenir un ton constant dans sa voix.


- Tou té saouleras après. Là, maintenant, il faut qu'on fasse quelque chose de Brunehault.
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Images originales de Nesskain, modifiées
Shirine
Besoin de personne... Besoin de personne... Elle se l'est répété toute sa vie. Elle n'a pas de père ? Quelle importance ? Elle n'en a pas besoin. Elle n'a pas de frère, pas de mère, pas d'amis ? A quoi lui serviraient-ils ? Elle est très bien toute seule. Sans comptes à rendre, sans attentes à satisfaire, sans personne à décevoir.

Et elle regarde Estuardo, persuadée qu'il va tourner les talons et déguerpir, enfin. La rouquine le laisse faire lorsqu'il lui arrache la bouteille des mains. Qu'il parte avec, elle lui doit bien ça. Mais il boit avant de l'envoyer se fracasser à l'autre bout de la pièce. Shirine reste immobile, habituée à ne pas réagir face au comportement parfois surprenant des gens. Son regard s'assombrit d'avantage et si elle pouvait foudroyer l'aragonais avec, elle le ferait. Le bougre s'accroche. Il s'accroche à elle, à sa présence ici en trouvant l'excuse de Brunehault.

Non, c'est trop facile. Elle refuse qu'il se serve du décès de son amie pour s'imposer. Elle reste un moment plantée là, à le regarder droit dans les yeux. Son cerveau cherche une solution, une idée, la bonne réaction. Et puisque le jeter dehors par deux fois ne fonctionne pas, elle va lui donner ce qu'il veut.


Très bien, articule-t-elle sèchement. Très bien.

D'un pas excédé, poussant brusquement la porte de sa chambre, elle entre dans cette dernière et se ru sur son lit. Dans la pénombre, elle distingue la forme de la vieille femme qui n'a pas bougé. Comment l'aurait-elle pu ? Fébrile, elle tire sur le drap et la couverture de part et d'autre de Brunehault et l'y enveloppe. Elle essaye de faire des noeuds tant bien que mal de ses doigts tremblants. Elle ne s'attarde pas à observer la morte, à lui toucher une dernière fois la main, ou la joue, elle n'en a pas la force. Si elle s'arrête, elle s'effondre.
La morte empaquetée, Shirine l'attrape par les pieds et tire pour la traîner en dehors de la chambre. Elle traverse la pièce principale également, évitant le regard d'Estuardo. Ne voulant certainement pas de son aide.

Elle fait quelque chose de Brunehault, comme il le lui a demandé. Elle ouvre la porte d'entrée et continu son chemin en dehors de la maison. Au passage, son paquetage entraine dans son sillage le vin rouge qui s'est étalé dans l'entrée, laissant une longue trace rouge. L'effort tire sur tous les muscles de ses bras et de son dos, déjà épuisés et endoloris par le travail de forge de la journée. Mais elle ne dit rien et tire Brunehault sur le côté de la maison. Heureusement, un peu en retrait de la ville, à une de ses extrémités même.

Elle ne s'occupe plus de l'aragonais. Elle reste bloquée dans son idée.

Elle laisse un instant le pauvre corps inerte pour retourner dans la maison. Sur la même étagère que la bouteille de vin, elle prend un flacon contenant un liquide un peu ambré puis une bougie qu'elle allume.


Les Réformés brûlent leurs morts ! clame-t-elle en ressortant avec arrogance et mépris.

Elle vide le contenu sur le corps de Brunehault et lâche la bougie. Bientôt, un fabuleux feu de joie s'élève devant elle...

    Tu vois, je fais quelque chose de Brunehault...

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Estuardo
En jetant la bouteille, il n'avait pas eu le temps de penser aux conséquences. Ça avait été un geste presque automatique, sortit droit des plus amples profondeurs d'une âme en colère, d'une virilité piétinée, d'un besoin de reconnaissance. Le temps resta suspendu quelques instants, un ange passa. Un ange, un ange... la chaumière aux esprits. Il fallait définitivement se débarrasser du cadavre, dont la présence ne rendait que plus tendu l'Aragonais. Plus colérique, aussi. Une immense quantité de rages passées et présentes effleuraient sa lèvre tremblante. Mais l'instant de silence, qui suivait les éclats, lui laissa le temps de se demander qu'est-ce qui l'avait poussé à faire une telle connerie.
Et il s'attendait à toutes les réactions possibles et imaginables. Il était préparé à recevoir des coups et des injures de la part de la rousse, à se faire, cette fois, définitivement jeter en dehors de la maison, à coup de poings et de mots blessants. A une crise d'hystérie dans toute sa splendeur. Et pourtant, non. Il s'était attendu à tout sauf au calme, sauf à ces deux mots sèchement prononcés, froidement répétés. Très bien. Très bien quoi? Non, c'était pas très bien! Rien de ce qui se passait dans cette maison n'avait l'air d’être bien. Une sorcière, un cadavre abandonné une nuit et un jour entiers, une belle rouquine, une nuit d'enivrement charnel. Très bien?

Estuardo se gratta la barbe. Franchement surpris. Soudainement entouré d'une épaisse brume qui lui rendait la scène qui se déroulait devant lui, la scène de laquelle il faisait partie, une scène absolument surréaliste. Comme s'il n'était, désormais, que spectateur d'un épisode onirique oú il pouvait tout contempler, même sa propre présence.
Sa main, posée sur sa joue, jouait lentement avec les poils bruns. Il regarda Shirine. Il la regarda s'en aller vers la chambre, et la regarda sortir, tirant derrière elle le cadavre enveloppé des draps. La tête de Brunehault sursautait avec peine à chacun des pas de Shirine. Putain, vraiment, c'est comme ça que tu traites tes morts? Il espérait, vraiment, ne jamais mourir en présence de cette femme capricieuse et insensible.

Mais il ne bougea pas pour autant. Il n'en aurait sans doute pas eu la force, ou il aurait explosé un peu trop. Après tout, au moins, elle faisait quelque chose de Brunehault. Elles partirent.
Puis, la brume fut transpercée par la couleur criarde des cheveux roux, qui passait à côté de lui. Et le silence fut rompu.

Face à une telle phrase, Estuardo n'avait aucune arme, ne serait-ce que le signe pieu qu'il accomplit machinalement. Il ouvrit la bouche, mais les mots refusèrent de sortir, contrairement à Shirine qui venait de quitter la maison, de nouveau.
Brûler un corps?!
Il en prit conscience et sortit à son tour de la maison, tout décidé à arrêter cette ignominie, ce blasphème. Mais déjà, le feu brûlait, le drap semblait disparu, transformé en fumée, et l'hideuse odeur de chair brûlée lui grattait les narines. Pour l'ignorer, Estuardo grommela en espagnol, la seule prière qu'il connaissait.


- Creo en Dios, el Altísimo todopoderoso,
Creador del Cielo y de la Tierra,
de los Infiernos y del Paraíso,
Juez de nuestra alma en la hora de la muerte. *



Le feu, devant lui, montait, transformant Brunehault sur son passage. Des longues langues en flamme caressaient son corps vide avec une luxure malhonnête. Il pria pour la salut de sa propre âme, obligée d’être témoin et complice d'un rite hérétique. Il pria pour la paix que l’âme de Brunehault ne pourrait jamais retrouver, étant donnée la si particulière façon dont son corps venait d’être traité. Il pria aussi pour l’âme de Shirine, qui venait de commettre, à ses yeux, l'acte le plus blasphématoire qu'il puisse exister.
Il pria à voix basse, se battant contre le crépitement du feu, qui de temps en temps faisait une légère explosion, comme si le Sans-Nom riait.
Et pourtant, il ne partit pas encore. Maintenant il avait toutes les raisons possibles et imaginables pour partir, non seulement des raisons personnelles, mais des raisons divines. Mais quelque chose d’inexplicable faisait qu'il ne pu détacher son regard du feu. Jamais il n'avait assisté à une situation ne serait-ce que ressemblante. Jamais il n'avait vu brûler un corps humains, jamais il n'avait sentit cette odeur âcre entrer dans son corps. Et malgré l'aspect hérétique de la situation, le Très-Haut semblait présent. A moins que cela ne fut le Sans-Nom. Quelque chose de divin les entourait. Et Estuardo en était même soulagé. Le corps partait en fumée, comme l’âme était partie en un dernier souffle.
Le silence de mots, le murmure rythmé de sa prière, et la présence sacrée d'un élément aussi fascinant, aussi merveilleux, et aussi destructif, lui donnaient une sensation de bien-être étrange.

Il approcha de Shirine, et doucement, il entoura ses épaules de son bras.


- Que en paz descanse...
(Paix à son âme)



* Je crois en Dieu, le Très-Haut tout puissant,
Créateur du Ciel et de la Terre,
Des Enfers et du Paradis,
Juge de notre âme à l'heure de la mort.

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Images originales de Nesskain, modifiées
Shirine
Les flammes dansent et s'élancent comme une ballerine devant Shirine qui reste immobile, hypnotisée par le spectacle. Le ballet flamboyant la fascine et la terrorise à la fois. Brunehault, la vieille femme, son amie, est en train de partir en fumée, dévorée par le feu. Il semble la lécher et la caresser doucement, pourtant l'odeur forte et immonde ne laisse aucun doute sur le sort qu'il lui fait. C'est fini. Bientôt, il ne restera plus rien que des cendres et des souvenirs. Des souvenirs mélancoliques et des si j'avais su, si j'avais pu, j'aurais du... Son sourire figé dans la mémoire, ses paroles lointaines pour seule berceuse le soir. Des objets, des vêtements, des odeurs qui rappelleront chaque jour son absence. Et le vide, indéniablement. Le fauteuil sans elle, triste et sombre, qui devra demeurer avec son fantôme. Ce que Shirine n'aura pas dit ni fait envers elle et qu'elle aurait aimé, resteront en remords intenses et douloureux. Et les échos du silence...

Son visage se crispe, ses traits se tirent, ses sourcils se froncent. Des larmes commencent à couler le long de ses joues.

Il n'y a plus rien, plus rien à faire. Elle n'est plus là, elle ne reviendra pas.

Elle sent la main d'Estuardo sur son épaule et revient dans le présent. A la nuit dernière, chaude et sauvage, à la journée horriblement trop courte à taper sur une enclume, à l'aragonais là, encore, malgré ses efforts pour le mettre à la porte, malgré ses provocations. Qui était-elle pour mériter qu'il soit encore là à la soutenir ? Qui était-il pour supporter son ingratitude ?

Elle entend déjà Brunehault la sermonner et un faible sourire apparaît sur ses lèvres humides. Elle bouge enfin et ses bras se glissent autour du buste masculin. Sa tête vient s'appuyer dans le creux de son épaule.


Je suis désolée. Pardon. Merci.

Oui, c'est bien à lui qu'elle s'adresse. Personne d'autre n'est là contre elle. Et avec ces cinq mots, elle essaye de résumer ce qu'elle ressent : ses remords et sa gratitude.
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Estuardo
« Les amants pensent à la mort et s'étreignent. »*

Malgré le moment de solennité, Estuardo ne pu s’empêcher de sourire. Pardon ? Merci ? Voilà des mots qu’il avait presque renoncé à entendre de la fine bouche de la rousse au visage pâle. Et pourtant, sans doute, c’était en attendant ces mots-là, juste ces mots-là, qu’il était resté, esquivant les tempêtes, les insultes et les mépris. Ca fait toujours plaisir que quelqu’un vous dise merci. Qu’on reconnaisse votre effort. Votre envie d’aider. Votre amabilité. Il faut toujours dire merci, Estuardo en était persuadé. Au lit, quand il finissait sa besogne, il disait merci. Quand quelqu’un lui disait je t’aime, il disait merci. Sans s’en rendre compte, son enfance l’avait poussé à ne rien donner pour sûr, et surtout pas l’amour. C’est ce que retiens un gosse quand tout ce qu’il peut lire sur le visage de son père est de la haine, et sur le visage de sa mère, de la tristesse. Alors que les lois tacites disent qu’un enfant est aimé, et que les époux sont heureux, c’est quand on grandit dans un décor à l’envers qu’on comprend que, si même l’amour paternel n’est pas automatique, rien ne l’est. Il faut toujours dire merci. Après, c’est vrai, à notre époque, la plupart des mariages n’ont rien des mariages heureux. Mais ca, c’est pour ceux qui peuvent gagner quelque chose d’un mariage. C’est pas pour les gens pauvres, c’est pas pour les gens simples. Les gens simples se marient en s’aimant. Ah ! Je dis pas le grand amour, je dis pas les grands romans de chevalerie. Je ne dis même pas un amour différent de l’amitié. Mais ca, les gens simples le savent. Ils savent que les relations se construisent, que l’amour c’est du donnant-donnant, je te fais pas souffrir car j’en souffrirais. Alors ils apprennent à s’aimer, et quand ils se marient, ils décident qu’ils vont s’aimer, et aimer leurs enfants. A leur façon, bien sur. Mais Estuardo n’a pas vécu ca, lui. Lui, il a eut toujours une mère triste et un père que les haïssait, tous deux. Si au moins il avait su dire qu’il les haïssait… mais sa colère, sa rage, son angoisse, aussi, étaient si profondes, que ne sachant les exprimer, il les gardait, et c’est le fond du regard noir qui disait tout. Alors, voilà, Estuardo avait appris à dire merci aux moindres gestes d’affection. Et il attendait des autres qu’ils fassent de même. Et Shirine fit.
L’odeur qu’émanaient sa chevelure, si près de lui, finit par adoucir la piqure mordante de la fumée humaine qui finissait de s’envoler. Pendant un long moment, ils restèrent là. Estuardo ressentait chaque bout de peau qui était en contact avec Shirine, et ces petites parcelles chanceuses, devenaient doucement tièdes et hérissés. Il aurait voulut graver cet instant à jamais, car toutes ses sens étaient envoutés par quelque chose. Le feu dansait et crépitait, l’odeur de Shirine lui rappelait des saveurs interdites goutées la veille, une main qui frôle une épaule, une autre qui serre un buste. Si c’était ca, le Sans-Nom, il en valait la peine. Mais l’Aragonais était persuadé que le Très-Haut était venu les accompagner. Après tout, brûler un corps, l’enterrer, c’était toujours le rendre à la nature et au Créateur.
Lentement, le feu enchaina sa danse sur un rythme plus tendre. Comme si lui aussi avait entendu les mots de Shirine, et en accord avec sa chevelure, ils avaient tous deux apaisés leurs passions, leurs souffrances et leurs colères. Le feu perdit hauteur et devint plus orange, et son cri guerrier devint une berceuse maternelle. Puis, lui aussi s’éteignit, comme s’éteint tout sur cette Terre. Les braises restaient rouges sur un petit monticule de cendres. L’odeur, si désagréable au début, laissa de nouveau le terrain aux odeurs de la campagne, à l’odeur pure du froid d’un hiver qui approche.


- Entremos
(Rentrons)

Il ôta son bras de ses épaules, seulement pour le passer sur sa hanche, et la guidant avec une douce pression, lui fit faire demi-tour.
Ils entrèrent dans la chaumière.
A cet instant, Estuardo aurait voulut trouver une autre bouteille d’alcool à porter de main, et regrettait d’avoir balancer la seule qui était à la vue. Il se souvint que la veille Brunehault ne lui avait pas non plus offert un remontant, mais une tisane. Alors que, Arles pouvait être bien différent des autres villes qu’il connaissait, et le couple formé par la sorcière et la rouquine l’être aussi de ses connaissances habituelles, il était persuadé que c’était une chose universelle, offrir quelque chose de fort à boire à un homme perdu qui vient de tomber d’un arbre. Il se demanda si un ménage n’y aurait point été fait. C’était con, mais apparemment c’était comme ca.

- Dis moé qué tu as encore quelque bouteille gardée quelque part… ou tou seras obligée d’accepter ma tisane du matin…

Il sourit. Il tourna la tête vers elle et la regarda et eut une envie immesurable de l’embrasser. De se perdre encore une fois dans ses bras, de s’enivrer encore une fois de son nectar, de s’enchainer, encore une fois entre ses cuisses. Sa main fit pression sur ses hanches, la tirant vers lui, la collant à lui, attirant une ceinture et une entre-jambe.

- O habrá que encontrar otra manera de emborracharse…
(Ou on devra trouver une autre façon de nous enivrer)



* Peter Viereck
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Shirine
Un temps infini s'écoule le temps que le feu libérateur consume le corps inerte. Un temps infini qui semble figé. Shirine reste tout contre Estuardo à observer les flammes. Elle se sent vide, perdue dans ses pensées et sa contemplation. Il n'y a plus grand chose qui traverse son esprit, si ce n'est quelques souvenirs de Brunehault. Comme un désert parsemé de quelques mirages...

C'est l'aragonais qui la tire de sa léthargie. Elle s'aperçoit que le feu s'est éteint et que la vieille femme n'est définitivement plus. Envolée, éparpillée, de retour près du Très Haut. Cette pensée lui arrache un sourire, finalement soulagée. "La mort délie de tout". Elle est surement bien mieux là où elle est. Il va être temps de passer à autre chose, d'apprendre à oublier la douleur pour profiter de ce qui est encore vivant.

La rousse hoche la tête à l'invitation d'Estuardo. Les lèvres encore scellées, elle le suit jusqu'à l'intérieur. Elle écoute l'aragonais, sa voix, ses mots, son accents. Il est lui, là, vivant, présent. Il n'a pas l'intention de partir, pas encore. Shirine songe alors que c'est Brunehault qui a insisté pour le faire entrer chez elle. Comme si elle avait senti ce qui lui arriverait et ce qu'Estuardo ferait pour la jeune rouquine. Elle serait irrespectueuse de ne pas en profiter. La vieille femme avait sans doute un sixième sens... Envolés ses doutes sur son lien avec Moran, envolées ses peurs et sa méfiance. A ses yeux, Estuardo devient quelqu'un d'unique et d'infiniment nombreux à la fois.

Elle lève les yeux sur lui et se laisse avec plaisir attirer tout contre lui. Par ses mots, il lui promet une autre nuit dans ses bras. Shirine le regarde un instant sans répondre, réfléchissant à ce qu'il convient de faire. Elle lève une main et lui caresse doucement la joue.


Attends... souffle-t-elle. Attends...

Puis elle se détache de lui sans un mot de plus pour se rendre dans sa chambre. Elle évite d'observer son lit, plus tôt occupé par sa vieille amie, et ouvre le coffre qui se trouve à son pied. Elle en sort toute les couvertures qu'il contient et retourne dans la pièce principale. Elle les laisse s'échouer devant la cheminée, avant de se tourner vers cette dernière pour y ajouter quelques bûches et raviver le feu. Puis elle fonce vers le vaisselier, ouvre le placard du bas et sort une bouteille au liquide transparent. Si Brunehault avait considérablement diminué la présence d'alcool dans la maison, elle avait gardé quelques bouteilles, et notamment quelques unes d'un alcool fort pour l'aider à soigner les blessures. La bouteille que Shirine venait de prendre était une de celles ci et aurait tôt fait de les enivrer...

La rousse se retourne vers Estuardo, sourire victorieux aux lèvres en lui montrant son trophée puis s'approche pour lui attraper la main et l'emmener vers la cheminée. Là, elle se poste devant lui, ouvre la bouteille et porte le goulot à ses lèvres. Le liquide lui enflamme la bouche. Puis, sa main libre accroche la nuque de l'aragonais et elle lui décoche un baiser fougueux.

    Cette nuit, je ne penserai qu'à toi...

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Estuardo
    "Une femme m’attend, elle contient tout, rien ne fait défaut,
    Cependant tout ferait défaut si le sexe manquait, ou si manquait pour l’humecter l’homme qu’il faut.

    Le sexe contient tout, les corps et les âmes,
    Les intentions, les preuves, la pureté, la délicatesse, les résultats, les promulgations,
    Les chants, les ordres, la santé, l’orgueil, le mystère de la maternité, le lait séminal,
    Tous les espoirs, les bienfaits et les dons, toutes les passions, les tendresses, les beautés, tous les plaisirs de la terre,
    Tous les gouvernements, les juges, les dieux, les puissants de la terre,
    Tout cela est contenu dans le sexe, en fait partie et le justifie.
    Sans honte l’homme qui me plaît connaît et avoue la sensation délicieuse de son sexe,
    Sans honte la femme qui me plaît connaît et avoue les délices du sien."

    Une femme m’attend - Walt Whitman


Le va, le vient débute. Estuardo attends, et il sourit quand la bouteille approche. Mais c'est pas bientôt qu'il aura loisir d'y goûter. Déjà un nectar bien plus enivrant s'accroche à ses lèvres, et tous deux recommencent cette danse insensée des gens qui aiment vivre. De ceux qui rient de la vie, gueulent la vie, puent la vie, et ensuite la vivent.

Cette fois ils n'iront pas au lit. Cette fois, la férocité est palpable, l'envie l'un de l'autre, l'autre de l'un. L'envie d'oublier et de vivre et se sentir vivants. De partager sans se connaître et accéder à des enfers et des cieux sur terre. D'être menés et mener vers un partage absolu et sans compromis, sans mots, sans demain et sans hier. Brunehault est vite oubliée. Ainsi le sont aussi les parents d'Estuardo, et son village de naissance, et Nîmes, et son maïs. La bulle sacrée se referme sur le paganisme de leur plaisir. De leurs plaisirs. D'un amour sauvage et complet. Car l'Aragonais ne sait qu'aimer ce qu'il désire, et ne sait désirer que ce qu'il aime. Et encore une fois, il l'aima. Il aima Shirine avec chaque parcelle de son corps, avec chaque fluide de son âme, avec chaque sens de son être. Et ils suèrent. Et ils gémirent. Et ils crièrent. Et cette fois, le temps de se préparer n'exista pas. Là, aux côtés d'une cheminée, du feu qui donna le rythme de toute la journée, ils s'étirèrent, ils se blottirent, ils se cambrèrent. Désormais, il n’existait plus aucune partie du corps de Shirine que l'aragonais n'eut embrassé, léché, savouré, griffé.

De temps en temps, la bouteille attirait de nouveaux leur attention, et le liquide brûlant se mêlait à leurs salives, arrachant chaque fois un peu plus leur gorge et leur raison. Et bientôt ils cessèrent de savoir si le monde tournait à cause d'eux-mêmes ou de l’alcool, et ils cessèrent de distinguer le goût de leurs liquides et celui de la bouteille. Et le feu qui les brûlait était encore plus puissant que celui qui avait brûlé le cadavre de la sorcière.

***

Voilà, c'était fait. Tout ce qu'il y avait à crier avait été crié. Tout ce qui leur restait d’énergie avait rebondit dans l’écho de la salle. Estuardo se laissa tomber à côté de Shirine et ferma les yeux quelques instants. Les gouttes de transpiration qui perlaient sur tout son corps refroidissaient au même temps qu'elles s'évaporaient grâce à la chaleur des braises qui restaient allumées dans la cheminée. Sa respiration reprenait avec difficultés un rythme tranquille, posé.
Son bras droit s'étira en arrière, jusqu'à rencontrer la bouteille qui avait encore quelque chose à offrir. L'attrapant, il se redressa légèrement, et reposa tout son poids sur le bras droit. Il regarda Shirine. Il but encore une gorgée et reposa la bouteille entre les deux. Ses doigts se promenèrent sur le visage pâle de la femme. Il remit en place une mèche rebelle, et caressa du bout des doigts son visage, son nez, ses tâches de rousseur, son cou, son épaule, son sein, une cicatrice.


- Que haces en la vida, Shirine?
(Que fais-tu dans la vie, Shirine?)

Voilà une question qui n'avait aucun sens. Une question pour engager doucement conversation, pour entendre encore un peu sa voix, et pour banaliser le moment. Estuardo souriait, avec le sourire bête et plein de celui qui est satisfait et qui sait l'autre l'être aussi. Il ne connaissait rien de cette femme que, pendant des longs instants, il avait aimé avec toute la profondeur de celui qui s'accroche sans rancune à la vie. Il ne savait rien d'elle, et n'avait besoin de rien savoir. Une simple question à laquelle il n'attendait aucune une réponse, encore moins une réponse longue et encore moins une réponse sincère. Juste une question, le temps qu'ils finissent la bouteille. Le temps que les braises deviennent froides, le temps que leurs corps sèchent, le temps qu'ils aient faim.
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Shirine
    « No, no es amor lo que tu sientes
    Se llama obsesión
    Una ilusión en tu pensamiento
    Que te hace hacer cosas
    Así funciona el corazón »*


Il n'est rien de plus délectable pour Shirine que de combiner l'alcool et l'amour. Les deux chacun individuellement enivrent. Combinés ils lui font atteindre la quintessence... Le summum du plaisir et de la jouissance, cette sensation de s'envoler, de faire l'amour dans un lieu hors du commun, hors du temps, hors de tout, avec le meilleur amant qu'elle ait jamais eu sur terre.
Et avec la bouteille qu'elle a sélectionné, les effets ont vite fait de se propager en elle et de parcourir son corps entier. Elle pourrait faire l'amour la nuit entière et aimer Estuardo jusqu'à en mourir d'épuisement. Elle se sent forte et invincible comme Dieu au sommet du Monde. Plus rien d'autre n'existe qu'eux, que lui, que leurs peaux qui se frôlent, se collent, s'agitent, que leurs lèvres qui se goûtent, se mordent, se murmurent, que leurs soufflent qui se saccadent, gémissent, se mélangent, que leurs mains qui se cherchent, se découvrent, se pressent, que leurs ongles qui glissent, s'enfoncent, s'accrochent... Que leurs mots tendres, suaves, brusques, brûlants, impatients...

Aimer avec ferveur c'est vivre avec acharnement. C'est hurler que l'on vit, que l'on veut vivre, que l'on ne cessera pas de vivre. Aimer Estuardo ce soir là c'est admettre qu'elle n'a pas changé, qu'elle ne changera pas. Que la mort peut bien tirer tout ce qu'elle veut, qu'elle restera debout, qu'elle ne cessera pas d'exister, qu'elle continuera d'avancer.

    Estuardo... Tendre amant d'une nuit et de bien d'autres...
    Estuardo... Tu seras aimé à ma façon...
    Estuardo... Tu es et tu resteras quelqu'un...
    Je t'en prie, reste quelqu'un...
    Toi le seul témoin de la disparition de Brunehault, tu sera sa mémoire, le souvenir tendre de ces heures atroces...


Elle ferme les yeux, espérant qu'il restera près d'elle, encore. Elle veut se blottir dans ses bras, mais elle le laisse lui caresser le visage sans bouger. Elle sourit. A la fois vide et comblée.

Que haces en la vida, Shirine ?**

Elle s'aperçoit qu'elle aime l'entendre parler espagnol et encore plus prononcer son nom avec son accent ibérique. Ses paupières se relèvent et ses émeraudes s'enfoncent dans le regard d'Estuardo.
Que peut-elle bien lui répondre ? Qu'elle voue sa vie au Très-Haut par l'intermédiaire du Lion de Juda, qu'elle est une sanguinaire fanatique ? Qu'est-il donc capable d'entendre ?


Je suis forgeron, est la chose la plus simple qui lui vient à l'esprit.

Elle ne cesse de lui sourire avec tendresse et sa main vient lui caresser doucement le torse.


Y tú, Cariño*** ?



*Non ce n'est pas de l'amour, ce que tu ressens
S'appelle l'obsession
Une illusion dans ta pensée
Qui te fais faire des choses,
Ainsi fonctionne le coeur.

**Que fais-tu dans la vie Shirine ?

***Et toi, mon beau ?

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Estuardo
Il aimait bien Shirine. Il aimait son prénom et ses cheveux roux, sa peau blanche tâchée de rousseur, ses cicatrices et marques incompréhensibles qui racontaient une histoire inaudible. Il aimait comment leurs corps s'entendaient. Il aimait sa passion et sa fougue, la manger, la croquer, la griffer, l'entendre gémir, crier à l'unisson. Il aimait bien aussi la position souple dans laquelle son corps se laissait tomber, vidé et plein dans un même instant, comment ses muscles relâchaient la prise. Il aimait l'odeur mêlée de leurs fluides refroidissant sur leurs corps nus.

Estuardo but encore une gorgée de cet alcool qu'un homme bien comme il faut n'aurait même pas osé goûter, et regarda la femme qu'il tenait devant lui, qu'il avait possédé déjà deux fois sans se connaître, et qui déjà s'était arraché de ses chaines. Ça ne le gênait pas. Il aimait cette liberté dans son regard émeraude. Cette impossibilité de la saisir. Le caprice de ses mèches. Voilà, pour l'Aragonais, ce que se devait d'être un bon amant. Ou en l’occurrence une bonne amante. Dégagée dans le quotidien, passionnée dans l'acte et aimante juste après.

Forgeronne. Estuardo eu une moue légèrement surprise. Il n'aurait pas pu deviner que des telles mains blanches puissent traiter le métal, et sourit à l'idée de sa propre bêtise. Mains qui savaient traiter bien d'autres choses, bien plus compliquées, plus dures et plus subtiles, comment pouvaient-elles ne pas savoir équilibrer la fermeté du fer avec la souplesse des outils.

Quand la question lui fut retournée, il en fut étrangement surpris. C'était normal, quand même, de demander toujours "et toi?", mais il n'avait aucune réponse à donner. Il avait balancé la question sans attendre une suite. Et lui, que faisait-il? Rien du tout. C'était un petit maïsiculteur, fort ambitieux qui tentait de refaire une vie de grandeurs en oubliant sa vie de misère en Aragon. Rien de bien intéressant, en somme. Il reposa la bouteille et repris une position complètement horizontale. Il reposa sa tête sur son bras replié et regarda le toit de la maison, sentant le corps de Shirine à ses côtés.


- ¿Me enseñarías?
(Tu m'apprendrais?)
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Shirine
Habituellement, c'est elle qui ne répond pas aux questions. Habituellement, c'est elle qui fait l'énigmatique, garde le suspens sur elle, sur sa vie, sur ses vraies activités. Par jeu, mais aussi pour se protéger. Se protéger de ceux qui voudraient lui nuire en récoltant des informations sur elle, éviter de dévoiler ce qui pourrait être des faiblesses.
Elle plisse le nez d'entendre Estuardo répondre à sa question par une question. Immédiatement, elle se demande s'il a, comme elle, des choses à cacher. Elle s'assombrit durant quelques secondes, le temps de laisser retomber son bras le long de son corps. Que faire ? L'aragonais est entré déjà bien loin dans l'intimité de sa vie, de son quotidien, il a franchit la limite de ce qu'elle est capable de dévoiler d'elle. Peut-être est-il temps d'y mettre un terme ? De le pousser dehors, mais doucement, cette fois ? Prisonnière de sa méfiance, Shirine n'est pas capable de se refaire ainsi...

Pourtant... Pourtant...

Elle se rappelle Brunehault qui le fait entrer, si elle l'avait senti dangereux, elle l'aurait laissé dehors. Elle se rappelle les efforts déployés d'Estuardo pour l'aider dans la douleur de la perte de son amie. Est-il vraiment l'innocence qu'il laisse paraître ?

La rouquine déglutit et inspire profondément. Au diable la méfiance. Si elle doit un jour avoir le revers de la médaille, elle aviserait à ce moment là. Il est temps d'apprendre à faire un peu confiance aux gens parfois, surtout à ceux qui s'acharnent à lui prouver qu'ils en sont dignes.

Elle se redresse et offre à l'aragonais un léger sourire sincère.


Si. Hoy ?*

Elle tire sur un pan de couverture et se couvre le buste, puis secoue la tête pour remettre ses boucles rousses en cascade sur ses épaules d'albatre.

*Oui. Aujourd'hui ?

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Estuardo
Oui, aujourd'hui. Mais les paroles qu'il ne prononça pas se perdirent dans une caresse. Sa main s’entremêlait dans la rousse chevelure de Shirine, et la couverture vint couvrir les deux amants au même le sol. La cheminée, dont les flammes s'étaient éteintes, ne donnait plus qu'une très légère chaleur. Leurs corps frissonnèrent un peu sous le froid d'une nuit sans lune. La journée avait été longue. Enfin ils pouvaient dormir sans le poids d'un mort à enterrer. Ils avaient fait tout ce qu'il fallait faire pour Brunehault. Il ne restait plus qu'à prier et espérer qu'elle reposerait en paix pour l'éternité la plus paisible. Doucement, le corps d'Estuardo lâcha prise et son esprit se retrouva mené au son du cor de Morphée. Des images étranges se superposaient à la réalité, et il n'aurait su dire si les mots étaient prononcés ou rêvés. Les braises de la cheminées se perdaient dans un crépitement tranquillisant et la présence d'un corps aimé à ses côtés le réchauffait. Tantôt il avait des petits sursauts qui le rappelaient en ce temps en cette pièce, mais par ailleurs, son esprit commençait à vaguer en d'autres endroits en d'autres périodes fantastiques. Le sommeil fut, pour lui, réparateur. Il n'y avait rien qui puisse maintenir son inconscient en veille et aux aguets. Il dormit profondément. Sans se soucier du reste. Sans se soucier de Brunehault, ni de son maïs, ni même de Shirine. Il était exténuait. Les journées précédentes avaient été une succession d'événements extraordinaires et fantastiques. Mais enfin il se reposait. Il n'y avait plus de sorcière ni de cadavre pour l’alarmes, et il avait réussit à dépasser une des sans doute nombreuses barrières que dressait la belle rousse autour d'elle. Et comme tout homme qui donne son tout à l'acte d'amour, son corps s'était vidé et son esprit aussi. Sa main continua un moment de caresser le visage et la chevelure de Shirine, et doucement ses mouvements se firent de moins en moins précis, de moins en moins continus, jusqu'à ce que sa main aussi décide de dormir.

Il fut réveillé par un rayon de soleil posé sur ses yeux. Lentement il prit conscience de son corps. Il faisait frai mais le soleil réchauffait un peu la pièce et ses membres. La couverture était négligemment posée sur son torse. Ses pieds avaient échappé à sa protection et étaient froids. Il se souvint de l'endroit où il était et un petit sourire se dessina sur son visage. Il n'ouvrit point les yeux, car il se sentait bien et parce que le soleil l'aveuglait.


- ¿Forjamos, hoy?
(On forge, aujourd'hui?)

Se fut une voix rauque et encore endormie qui sortit de sa gorge. Un bras s'étira pour voir si Shirine était encore à ses côtés. Il aurait aimé ne pas se réveiller encore. Il était conscient qu'il ne pourrait rester indéfiniment chez Shirine, que ses amis s’inquiéteraient pour lui, et que quelqu'un devrait récolter son maïs. Mais il aimait bien, cette bulle étrange qu'ils avaient crée autour d'eux, cette bulle remplie de sexe, de sensualité. Cette façon de s'enfermer et de s'aimer juste quelques instants, en dehors du monde, sans même se connaître. Son ventre émit un bruit sonore. Il avait faim. La journée s'annonçait bonne.
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Shirine
Shirine reste immobile, plongée dans ses pensées, les yeux dans le vague. Elle se laisse avec plaisir caresser les cheveux, frissonnant sous les boucles qui frôlent sa peau. Puis, dans l'absence de réponse, elle se laisse de nouveau choir contre Estuardo, entraînant avec elle la couverture pour les couvrir tous les deux. Sa tête se pose dans le creux de son épaule et une main vient lui barrer le torse. Elle ferme les yeux et s'enfonce dans les méandres de ses rêves.

    Je garde mes paupières closes, serrées l'une contre l'autre, tandis que je sens le vent et la pluie me battre le visage. J'ai ouvert les bras, comme pour accueillir l'horizon que je sais me faire face. L'horizon sombre et venteux, orageux, infini, effrayant. Je lui fais face, mais pas pour l'affronter. Non. Plutôt pour m'offrir à lui. Pour l'inviter à m'emporter.
    Avec violence, le vent repousse mes vêtements en arrière ainsi que ma longue chevelure rousse qui s'affole comme les flammes d'un feu vif. Mes lèvres, scellées également, repoussent les assauts de mes sanglots qui se mélangent à l'eau de pluie qui ruisselle sur mon visage blafard.

    Mais tout à coup je sens sa présence, dans mon dos. Il est là je vois son ombre se dessiner derrière moi. J'ouvre les yeux. Face à moi, la mer et le ciel semblent se livrer une guerre sans merci. Un avant goût d'apocalypse... Mes émeraudes se baissent d'abord sur mes pieds, dont la pointe flirt avec le vide. En bas, les vagues s'écrasent avec rage contre la roche.


    Dans cette noirceur, rougeoient des braises vives et brûlantes : Toi. Je sais que j’ai juste à souffler dessus pour qu’une flamme me dévore. Je sens leur chaleur, je sens leur puissance. Es-tu unique ? Oui, pour moi tu l’es.

    Mes traits se tirent. Je tourne la tête pour tenter de l'apercevoir. Quelques mèches viennent se coller contre ma joue. C'est un regard sombre que je lui offre. A la fois amoureux et haineux, tendre et fâché.

    Tu as beau dire... Tout ce que tu veux... Tu n'es pas là... Des mots, toujours des mots... C'est si facile...

    Mon regard se perd de nouveau dans le déchaînement des éléments. Pourquoi dois-je toujours accorder du crédit à des hommes qui ne savent user que de paroles et non pas d'actes ?
    Mes yeux se ferment de nouveau. Je sens toujours sa présence, sa chevelure sombre fouettée par le vent, son œil plongé dans le noir, ses rayures lui barrant le visage... Et sa main valide qui vient se poser sur mon épaule...


    Si... Si j'avais pu ce soir là, je t’aurais confié plus que des mots à l’oreille, je me serais glissé sous les draps, contre toi, et à coup sûr t’aurais sorti des songes du bout des doigts, pestant de n’avoir qu’une main à te consacrer. J’aurais sans aucun doute de mes lèvres exploré ton corps dans ses moindres détails toute la nuit durant. Et à l’aube, encore haletant je t’aurais serré dans mes bras pour partager avec toi des promesses qui nous auraient données envie de nous lever, ensemble cette fois.

    Mon cœur se serre et lentement, une de mes mains vient lui attraper le poignet. Elle l'enserre avec fermeté. Je pivote légèrement pour lui faire face et me laisse basculer dans le vide, le tirant avec moi. Mes pieds quittent la roche et mon corps, mon être, tout entier tombent dans le vide. Avec lui, mon immortel...


Shirine ouvre les yeux sur les braises éteintes de la cheminée. L'aragonais semble dormir paisiblement près d'elle. Délicatement, pour ne pas le réveiller, elle se détache de lui et se lève. Elle enfile une chemise qui traîne, peut-être celle d'Estuardo, elle ne sait pas bien, puis ajoute deux bûches dans le feu.

Forjamos, hoy ?*

La rouquine se retourne pour observer l'ibère à ses pieds. Elle esquisse un sourire puis s'agenouille. Une de ses fines jambes lui passe par dessus et son corps se déroule sur le sien. Elle appuie ses mains se part et d'autre de son visage, pour éviter de l'écraser de tout son poids. Avec délicatesse, ses lèvres roses viennent happer celles de son amant.

Si, vamos Cariño.**

*On forge aujourd'hui ?

**Oui, allons-y mon chéri.

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Estuardo
Un poids agréable se posa sur le bas-ventre d'Estuardo et le rayon de soleil qui troublait ses yeux disparu sous l'ombre de la chevelure rousse. Au même temps qu'il reçut le baiser, le rendant avec ferveur, ses mains montent sur les cuisses de Shirine. Ses yeux s’entrouvrirent, ravis de recevoir comme première image un gros plan sur les lèvres rosées de sa nouvelle maîtresse. Une sourire se dessina sur ses lèvres, et ses mains, baladeuses, carrossaient le corps désiré. Combien de plaisir peut-on tirer de l'amour sans amour. Un pur bonheur, niais et stupide, se lisait sur le visage encore endormit de l'aragonais. Il aimait l'entendre parler en espagnol, avec son léger accent français, et il eut l'idée osée de penser que peut-être était-ce à cause de cela qu'ils s'entendaient si bien au lit. Une francophone parlant espagnol et un aragonais parlant français se complémentaient tout comme son torse semblait parfois fait justement pour recevoir les seins de la rousse réformée. Ses mains atteignirent le tissus, et le sourire ne fut que plus ravit. Il la serra entre ses bras, assez pour faire la pressions suffisante et retourner la situation, la plaquant elle contre le sol, et lui sur elle. L'air malin, il l'embrassa encore une fois, puis sa bouche parcouru le sauvage paysage de son cou et de ses épaules. Une main habile délia quelques ficelles, et avec l'aide de Shirine, la chemise fut enlevée. Soudain, le sourire d'Estuardo changea, et devint d'une coquinerie tout autre. Il enfila sa chemise, habillement dérobée à l'amante, et avec une dernière morsure sur le globe de l'oreille, il se releva en riant. Il enfila ensuite ses braies et finalement ses chausses, d'un air tout conquérant et rieur. Il chercha, en balayant rapidement le salle du regard, les vêtements féminins, les récupéra et les pressa contre son visage, inspirant encore une fois l'odeur chérie.

- ¡Vamos!
(Allons-y!)

Le ton était enjoué, et tandis que Shirine s'habillait, Estuardo pris sur la table la bouteille de lait qu'il avait apporté la veille et la miche de pain. Il croqua dedans avec un plaisir immense, et c'est justement pendant qu'il mangeait que son ventre lui rappelait qu'il avait faim. Il regarda Shirine, dans sa nudité, s'habiller. Il repensa aux premiers mots qu'il avait entendu d'elle. Toute indiscrétion serait punie avec rage, et il sourit. Eh bah, il méritait au moins qu'on lui coupe les deux mains, on lui arrache la langue et on sorte les yeux des orbites! Et même comme ça, ça ne serait pas suffisant pour venger toutes les indécences qu'il avait fait avec le corps blanc de la rousse.
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