La vie réservait bien des surprises !
Lors de son arrivée à Montpensier, Gédéon avait pour objectif de se construire une nouvelle vie, de ses propres mains. Ce village l'avait accueilli comme s'il y avait grandit. Il s'y sentait apprécié, soutenu, une nouvelle famille, une qu'il aurait choisit.
Les choses se passaient bien, après avoir obtenu un premier puis un second champ, il apprit le métier de sculpteur et les affaires marchaient plutôt bien pour lui. L'argent ne posant plus de soucis, il avait pu s'habiller convenablement et s'apprêtait à aménager ce qui serait sa maison. Cette maison, il l'avait rénovée de ses mains, seul mais pas sans difficultés. En effet, une chute du toit qu'il venait de terminer lui valu épaule luxée et côte cassée.
Le financier, le matériel, il avait ce dont il avait besoin mais tout cela n'avait q'un objectif, offrir une vie convenable à une femme et des enfants.
Le côté coeur, il ne s'en était pas trop occupé. Il avait bien rencontré une demoiselle mais les choses n'avaient pas duré, les sentiments, de l'un comme de l'autre, ne semblaient pas si forts. Cette expérience avait, au moins, appris à Gédéon ce qu'il voulait vraiment.
Le jeune homme ne cherchait pas, à tout prix, à trouver une femme à épouser, il était plus concentré sur son travail, sa maison et aussi...son trou, défi qu'il s'était lancé par esprit taquin et volonté de savoir s'il en était capable.
Sa vie prenait forme et il était loin de se douter de ce l'avenir lui réservait., d'ailleurs, il aurait pu se dérouler autrement.
Il avait donné suite à l'invitation de Dame Sunburn pour les suivre elle, son époux et tout le conseil du BA, pour le tour des villages du Duché, voyage Ducal coutumier à chaque nouvelle élection. Après avoir visité la moitié du BA, le cortège Ducal passa par Montpensier et, au lieu de continuer le voyage, Gédéon décida de rester afin de reprendre ses activités. S'il avait continué, il ne l'aurait peut être jamais rencontré...
Certain diront que c'était leur destinée, d'autre parleront de coïncidence mais ce jour là, lorsque la porte de la taverne s'ouvrit, Gédéon était loin de se douter que sa vie allait prendre un nouveau tournant.
Fraîche et pétillante elle lui avait rendu son sourire qu'il avait oublié depuis quelques temps et la suite fut comme une évidence. Discussions, taquineries, complicité, les deux jeunes gens semblaient se rapprocher naturellement et, lorsque la demoiselle évoqua son futur départ pour Limoges, Gédéon se rendit compte qu'il ne s'agissait pas d'une simple amitié.
Tout s'accélérait pour le creuseur, d'un côté, on lui proposait une place au conseil Ducal, chose qui ne l'enchantait guère, de l'autre, le départ de sa Fleur se faisait de plus en plus proche, ce qui l'enchantait encore moins.
Même s'il n'en avait pas encore informé sa Rose, la décision de l'accompagner jusqu'à Limoges était prise, s'il voulait faire les choses correctement, il devait rencontrer sa famille et parler à son père. Ce qu'il n'avait pas prévu c'est que le départ fut précipité et qu'il n'aurait pas le temps de s'y préparer...mentalement...
Après un voyage de quatre jours en compagnie de Rose et de l'escorte fournie par Sunburn, il arriva à Limoges et là, encore une fois, rien ne se déroulerait comme il l'aurait voulu. Prendre le temps de se familiariser avec la ville, de prendre ses marques avant d'aller à la rencontre de la famille de Rose ne lui avait pas été permis. Dès son entrée en taverne, la dure réalité le frappa de plein fouet. Rose était là, en compagnie de son père. Gédéon n'était pas trop gêné de rencontrer si tôt le noble paternel mais les Dames présentes et leurs railleries compliquaient les choses. Impossible d'avoir une discussion posée dans ces conditions et la jeune convoitée partit d'agacement tandis que le paternel était appelé à ses occupations.
C'est plus tard, en soirée, que Gédéon pu faire sa demande au père de Rose. L'homme n'avait, visiblement, pas la même vision des choses que le jeune Montpensiérois et les négociations furent rudes pour, au final, ne pas aboutir. Le Duc avait décidé d'organiser des joutes pour marier ses filles, joutes réservées à la noblesse du Royaume dont Gédéon ne faisait pas partie... Heureusement, l'épouse, alliée en ces instants, avait persuadé le paternel d'accepter que Gédéon participe aux joutes malgré son état de simple artisan. Les discussions s'apaisèrent et, sous la demande de Rose, le Duc accepta même que le jeune homme dorme en la demeure familiale, au quartier des écuyers. D'homme arrêté sur ses idées, le Duc semblait devenir plus conciliant et compréhensif, sans pour autant changer d'avis. Il alla jusqu'à proposer à Gédéon d'être son écuyer, chose que le jeune homme accepta volontiers, agréablement surpris par cette offre.
Voilà le chemin qui avait mené Gédéon en ces lieux, en ce jour.
Il se présenta aux portes du domaine afin qu'on lui montre où il pourrait s'installer et qu'il puisse prendre ses fonctions en attendant de pouvoir participer aux joutes.