Umbra
-Et si les lacs, les rivières et les océans prenaient source dans nos tourments ? Si toutes les larmes versées depuis la nuit des temps restaient prisonnières de la Terre. La Planète bleue est un monde malheureux.-
[Auf den Wellen wird gefochten]*
Sur les vagues, il y a des massacres
Après une première expérience éprouvante, lOmbre sétait définitivement attachée à Triora. Elle lui avait promis sa protection et en prime, lui offrait son affection. Enfin, ça Pas dit que lêtre juvénile et difforme ne le sente véritablement dans son attitude. Éternellement froide dans les paroles, inlassablement distante dans les gestes, pour sûr, la Rouquine nétait pas choyée ni câlinée. Cependant, pour qui gage de connaitre la Noiraude ce dernier étant obligatoirement un menteur-, serait forcé dadmettre lattention portée par cette dernière. Passant ses insomnies à veiller sur le sommeil agité de la Sorcière, prenant sa défense à la moindre occasion quitte à se piquer à plus fort que soi, sévertuant à pallier au moindre de ses besoins même dans la misère. Petit à petit, Ombeline se muait en une sorte de grande sur, lapparence infantile de son amie aidant bien pour la métaphore.
Et pourtant, de chaque côté, limage renvoyait une fausse impression. Si la Bâtarde paraissait forte et fière, la fresque, ornant les murs de sa demeure saumuroise, nillustrait que sa faiblesse et son usure. Tout comme lenfant que la Corneille avait pris sous son aile qui, en réalité, nen était pas une. Bien que la Manchote en avait conscience, elle le niait catégoriquement. Ce petit corps tout frêle prêt à se briser comme une brindille en un claquement de doigts, cétait à ce reflet que lOmbre sétait liée.
[1, chemin des Pendus, à Saumur, un soir dautomne 1461]
Lors de son séjour en Anjou, Umbra avait profité de sa maigre richesse afin de soctroyer un logis décent. Une maisonnée à deux pas du marché et encore moins loin des tavernes. Si seule, son terrain lui paraissait démesurément vide et vaste, à deux il en était une toute autre histoire.
Campagnol et sa vermine logeaient aux côtés de la Noiraude et même si cette dernière râlait souvent de la présence des souris domestiques, du corbeau parleur et des tas de grimoires et autres étrangetés qui lui " bouffaient son espace vitale", elle taisait volontiers les rares fois de panique et de tristesse quand Triora découchait. Ce soir là, la Noiraude sactivait maladroitement dun bout à lautre de la singulière pièce de sa bicoque en attendant le retour de la Rouquine et de sa marmaille. Plus tôt dans la journée, elle avait fait lacquisition dun baquet et se démenait à ce quil soit dusage lorsque la Sorcière arriverait.
De son unique main, Ombeline avait tenté de tendre un drap propre dans le fond de cuve mais quelle tirait un coté, cest lautre qui tombait et vice versa. Ne souhaitant batailler vainement au risque de mettre en périls ses nerfs peu solides, elle sattaqua à la suite de ses activités. En jonglant avec deux seaux, elle allait puiser de leau avec le second quand le premier chauffait dans lâtre. Avant que leau ne frémisse au dessus des flammes, elle allait le verser dans le bain avant de ressortir à nouveau pour le remplir tandis que le premier se réchauffait dans lâtre. Lorganisation du remplissage du baquet était déjà assez ardue en soi mais rajouter à cela, le boitement de la Bâtarde et ôtez-lui lusage de sa senestre. En somme, la moitié des seaux se renversaient sur le sol avant datteindre létuve de bois. Les murs de chaux gardaient la moiteur ambiante et comme sils suintaient, la glaise recouvrant les parois brillait. Le sol composé de terre battue ne ressemblaient plus quune grosse flaque de boue après quelques allées et venues.
La Manchote sétait usée à la tâche pour finalement ravager plus son habitat que lembellir. Dun il noir, elle jaugeait létendue de ses dégâts quand la porte souvrit dans son dos.
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[Auf den Wellen wird gefochten]*
Sur les vagues, il y a des massacres
Après une première expérience éprouvante, lOmbre sétait définitivement attachée à Triora. Elle lui avait promis sa protection et en prime, lui offrait son affection. Enfin, ça Pas dit que lêtre juvénile et difforme ne le sente véritablement dans son attitude. Éternellement froide dans les paroles, inlassablement distante dans les gestes, pour sûr, la Rouquine nétait pas choyée ni câlinée. Cependant, pour qui gage de connaitre la Noiraude ce dernier étant obligatoirement un menteur-, serait forcé dadmettre lattention portée par cette dernière. Passant ses insomnies à veiller sur le sommeil agité de la Sorcière, prenant sa défense à la moindre occasion quitte à se piquer à plus fort que soi, sévertuant à pallier au moindre de ses besoins même dans la misère. Petit à petit, Ombeline se muait en une sorte de grande sur, lapparence infantile de son amie aidant bien pour la métaphore.
Et pourtant, de chaque côté, limage renvoyait une fausse impression. Si la Bâtarde paraissait forte et fière, la fresque, ornant les murs de sa demeure saumuroise, nillustrait que sa faiblesse et son usure. Tout comme lenfant que la Corneille avait pris sous son aile qui, en réalité, nen était pas une. Bien que la Manchote en avait conscience, elle le niait catégoriquement. Ce petit corps tout frêle prêt à se briser comme une brindille en un claquement de doigts, cétait à ce reflet que lOmbre sétait liée.
[1, chemin des Pendus, à Saumur, un soir dautomne 1461]
Lors de son séjour en Anjou, Umbra avait profité de sa maigre richesse afin de soctroyer un logis décent. Une maisonnée à deux pas du marché et encore moins loin des tavernes. Si seule, son terrain lui paraissait démesurément vide et vaste, à deux il en était une toute autre histoire.
Campagnol et sa vermine logeaient aux côtés de la Noiraude et même si cette dernière râlait souvent de la présence des souris domestiques, du corbeau parleur et des tas de grimoires et autres étrangetés qui lui " bouffaient son espace vitale", elle taisait volontiers les rares fois de panique et de tristesse quand Triora découchait. Ce soir là, la Noiraude sactivait maladroitement dun bout à lautre de la singulière pièce de sa bicoque en attendant le retour de la Rouquine et de sa marmaille. Plus tôt dans la journée, elle avait fait lacquisition dun baquet et se démenait à ce quil soit dusage lorsque la Sorcière arriverait.
De son unique main, Ombeline avait tenté de tendre un drap propre dans le fond de cuve mais quelle tirait un coté, cest lautre qui tombait et vice versa. Ne souhaitant batailler vainement au risque de mettre en périls ses nerfs peu solides, elle sattaqua à la suite de ses activités. En jonglant avec deux seaux, elle allait puiser de leau avec le second quand le premier chauffait dans lâtre. Avant que leau ne frémisse au dessus des flammes, elle allait le verser dans le bain avant de ressortir à nouveau pour le remplir tandis que le premier se réchauffait dans lâtre. Lorganisation du remplissage du baquet était déjà assez ardue en soi mais rajouter à cela, le boitement de la Bâtarde et ôtez-lui lusage de sa senestre. En somme, la moitié des seaux se renversaient sur le sol avant datteindre létuve de bois. Les murs de chaux gardaient la moiteur ambiante et comme sils suintaient, la glaise recouvrant les parois brillait. Le sol composé de terre battue ne ressemblaient plus quune grosse flaque de boue après quelques allées et venues.
La Manchote sétait usée à la tâche pour finalement ravager plus son habitat que lembellir. Dun il noir, elle jaugeait létendue de ses dégâts quand la porte souvrit dans son dos.
Paroles de Reise, Reise de Rammstein
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