--Adryan
*Ralph Waldo Emerson
Le pas long, il avançait vers ce lieu où jamais il navait pensé devoir aller. Et pourtant. Il navait pas le choix. Ou plutôt le restant de ce quil était navait pas le choix. Si son père, joueur invétéré, avait été à Paris, certainement aurait-il pu légorger. Insatisfait certainement davoir seulement ruiné sa famille, il la couvrait à présent de dettes. Il sengouffrait, gamin inconscient, dans des frasques sans fin, le dernier écu extirpé de sa bourse nayant pas suffit à lassagir. Cet idiot, cet être riant trop fort et se prostituant, lui, de flatteries honteuses à de petits nobliaux aux titres dérisoires pour grappiller quelques piécettes, condamnait son fils à une existence qui jamais naurait du être sienne. Et non content de le priver des privilèges de la richesse qui aurait du être sienne et de la renommée de son nom, se délestait sans vergogne de ses créances sur les épaules de son ainé. Adryan parvenait à faire face, plus ou moins, travaillant en taisant son nom, vendant bijoux et meubles de valeur pour combler les dettes les plus urgentes. Si ça lesquintait, il sy pliait pourtant tout en se débattant pour garder la tête haute. Mais cette fois, ce nétait pas possible.
Une missive de sa mère, éplorée, affolée, pauvre femme spectatrice de son déclin, lavait mis au pied du mur. Un homme à la main chanceuse aux cartes, avait pipé les dès. Par haine, par vengeance du souvenir dune femme qui avait préféré les faveurs du Châtain à son crane chauve et suant, il avait choisi davance son gain, perfide. Et ce père, blatte idiote, était tombé dans le piège. Non seulement il avait joué avec lennemi de son fils, mais il avait perdu. Et gros. Et le vainqueur, savourant par avance sa revanche avait posé les règles. Sachant l'infortune de la famille, sachant que la somme ne pourrait être payée d'or, le chantage indigne était tombé. Sans écus, le payement devrait s'effectuer soit par le biais de l'hymen de sa plus jeune soeur soit par celui son pur sang arabe. Ridiculement accroché à lhonneur de son nom, loption de l'hymen avait été écartée.
Son cheval... Un étalon racé, nerveux et rapide. Une bête magnifique négociée à prix dor à un émir de Bagdad. Bien plus quun animal splendide, ce cheval détenait dans ses prunelles noires et luisantes tout lespoir dAdryan de repartir là bas, au Moyen Orient, chez lui plus que partout ailleurs et de rependre le cours de sa vie qui jamais naurait du être brisé.
Céder ce cheval, et cétait Adryan qui se brisait. De lui, il ne resterait plus rien quune ombre errant sans but dans un univers où, privé de futur, plus rien aurait de gout. Ni le vin, et encore moins les femmes. Personne peut-être ne comprendrait ces motifs le conduisant vers cette porte. Quimportait, personne ne les connaitrait.
Devant la porte du bureau dAlphonse, morgue au ventre, il ferma les yeux, respira profondément, puis releva le menton, le regard plus insondable que jamais et toqua au pan de bois.
Le pas long, il avançait vers ce lieu où jamais il navait pensé devoir aller. Et pourtant. Il navait pas le choix. Ou plutôt le restant de ce quil était navait pas le choix. Si son père, joueur invétéré, avait été à Paris, certainement aurait-il pu légorger. Insatisfait certainement davoir seulement ruiné sa famille, il la couvrait à présent de dettes. Il sengouffrait, gamin inconscient, dans des frasques sans fin, le dernier écu extirpé de sa bourse nayant pas suffit à lassagir. Cet idiot, cet être riant trop fort et se prostituant, lui, de flatteries honteuses à de petits nobliaux aux titres dérisoires pour grappiller quelques piécettes, condamnait son fils à une existence qui jamais naurait du être sienne. Et non content de le priver des privilèges de la richesse qui aurait du être sienne et de la renommée de son nom, se délestait sans vergogne de ses créances sur les épaules de son ainé. Adryan parvenait à faire face, plus ou moins, travaillant en taisant son nom, vendant bijoux et meubles de valeur pour combler les dettes les plus urgentes. Si ça lesquintait, il sy pliait pourtant tout en se débattant pour garder la tête haute. Mais cette fois, ce nétait pas possible.
Une missive de sa mère, éplorée, affolée, pauvre femme spectatrice de son déclin, lavait mis au pied du mur. Un homme à la main chanceuse aux cartes, avait pipé les dès. Par haine, par vengeance du souvenir dune femme qui avait préféré les faveurs du Châtain à son crane chauve et suant, il avait choisi davance son gain, perfide. Et ce père, blatte idiote, était tombé dans le piège. Non seulement il avait joué avec lennemi de son fils, mais il avait perdu. Et gros. Et le vainqueur, savourant par avance sa revanche avait posé les règles. Sachant l'infortune de la famille, sachant que la somme ne pourrait être payée d'or, le chantage indigne était tombé. Sans écus, le payement devrait s'effectuer soit par le biais de l'hymen de sa plus jeune soeur soit par celui son pur sang arabe. Ridiculement accroché à lhonneur de son nom, loption de l'hymen avait été écartée.
Son cheval... Un étalon racé, nerveux et rapide. Une bête magnifique négociée à prix dor à un émir de Bagdad. Bien plus quun animal splendide, ce cheval détenait dans ses prunelles noires et luisantes tout lespoir dAdryan de repartir là bas, au Moyen Orient, chez lui plus que partout ailleurs et de rependre le cours de sa vie qui jamais naurait du être brisé.
Céder ce cheval, et cétait Adryan qui se brisait. De lui, il ne resterait plus rien quune ombre errant sans but dans un univers où, privé de futur, plus rien aurait de gout. Ni le vin, et encore moins les femmes. Personne peut-être ne comprendrait ces motifs le conduisant vers cette porte. Quimportait, personne ne les connaitrait.
Devant la porte du bureau dAlphonse, morgue au ventre, il ferma les yeux, respira profondément, puis releva le menton, le regard plus insondable que jamais et toqua au pan de bois.