--Le_pantin
"Danse pour moi... chante pour moi... meurs pour moi"
- -D'un Diable à un Pantin-
Alors Diable s'ébranle, crevant le bal des spectres aux linceuls de chamarrures, qu'elle seule véritable statue, ne voit que par l'intermittence d'un intérêt entrecoupé. Fixité absolue dans la nuée en mouvance, le marbre organique attend la gravure de son épitaphe. Alors Diable s'avance, foulant l'espace comme on rôde et manigance, suivit par les yeux seuls du Pantin inanimé, que les gestes des danseurs frôlent dans le souffle de leur passage.
Viens donc... Crocheter tes doigts sur la rudesse de mon bois. De quelques gestes bien arrimés, remonter les pendules de ce jeu d'automate. Insuffler à nouveau, à la cendre et à la sciure, quelques battements passionnés jusqu'alors moribond. Viens donc...
Alors Diable approche. Monarque des interdis. Les prunelles s'inclinent pour suivre le corps qui effleure sans saisir. Esquisse les prémices d'une frustration languide, jusqu'à ce que la main empoigne, ordonne et virevolte. La marionnette fait volte-face dans le claquement d'aile d'un chapelet de jupons. La botte se plante au sol. Iris se rive aux autres avec l'éclat mordant qui accompagne toujours les provocations feutrées. Regard acéré comme des crocs de velours. La main masculine se plante au creux des reins pour y ficher l'aiguillon d'un frisson. Paupières se plissent. N'est-ce pas l'épeire, qui d'ordinaire porte le dard empoisonné ?
La senestre trouve sa place sur le galbe d'une épaule, mais la dextre ne se conforte pas dans son nid de cuir. Elle se déploie pour contourner sa jumelle avec une lenteur toute arachnéenne et faire ruisseler sur le poignet cuirassé ses longs rubans grenats. Et de contourner à nouveau, ainsi tissant, tout en frôlement, un cocon autour du gant, emprisonnant celui qui se prétend tout puissant dans le désamour de Dieu.
Ce que je prends, je ne le rends pas...
Pantin scelle, un sourire dans les rétines, puis la main concède à gagner l'étreinte plus sage de sa consur désormais liée à elle. Tête-à-tête couronné d'une électricité latente. Dieux, si on avait inventé certaines danses avant l'heure, çà aurait pu être l'échange de toutes les exaltations... mais le temps, un jour, sera capable de porter cet art jusqu'à l'acmé de la séduction.
Allons donc...
Depuis combien de temps les pieds de poupée n'ont-ils pas dansé ? Depuis un temps qui a pris la poussière et les toiles, et bien avant encore. Un temps qui afflue dans ses veines, comme un acquis inextricable, et s'épanouit à nouveau à fleur de sa peau au contact du Seigneur des Cercles.
D'ailleurs, Pantin outrepasse la priorité admise à son cavalier et esquisse le premier pas.
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Mène-moi.
Clic