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Info:
Tout a une fin... même la vie dissolue de Søren MacFadyen Eriksen

[RP ouvert] Morituri te salutant*

Soren
Tout avait pourtant commencé comme une banale visite en taverne comme le danois aimait à profiter de temps à autre. Ce soir-là, comme depuis deux mois désormais, portait Søren MacFadyen Eriksen partout où il le désirait. D'un geste d'un pied, il poussa la porte entr'ouverte du Taillevent de Bergerac et vint asseoir son employeur à une table où une estrangère s'était installée. Puis, comme convenu depuis qu'il l'avait oublié deux ou trois fois à l'auberge, Childéric vint prendre place au comptoir pour déguster une blonde et reluquer la silhouette d'une brune servante.

La conversation avait pris un tour des plus banal entre deux personnes qui ne se connaissaient pas jusqu'à ce que Søren comprenne qu'il avait affaire à la fameuse Paquita dont le moustachu de la veille lui avait parlé. Si l'on en croyait l'homme qui se laisse les poils sous le nez avec "du gras de cochon parce que les donzelles adorent ça", Paquita était une sorte de sorcière capable de prodiguer les miracles les plus extraordinaires. Miracle... C'était exactement ce que cherchait le danois. Miracle... S'il avait pris au début sa blessure à la légère, celle-ci commençait désormais à le désespérer. Søren n'était pas du genre à s'apitoyer sur lui-même pour rien. Le visage ravagé par le feu? Pas grave, le temps fera son oeuvre. Les jambes qui ne fonctionnent plus? Pas grave. des blessures à la guerres, il en avait eu tant et tant. Une fois même il s'était retrouvé sur la charriote où l'on entassait les cadavres du champ de bataille pour les brûler ou les enterrer, dépendemment de la dureté du sol. Eh oui, en hiver, quand le sol est gelé, un bon bucher est bien moins fatigant à monter qu'une fosse commune. Cette fois-là, il avait du son salut à un moine qui trouvait que ce corps était suffisamment peu abimé pour lui permettre de le disséquer et avoir la chance d'y trouver des entrailles en parfaite état d'observation.

Malheureusement pour lui, même pour les 2000 écus que le moustachu lui réclamait en guise de salaire, la dite Paquita ne pensait pas être capable de l'exploit qu'il recherchait. L'emplâtre d'argile qu'elle lui proposait à la place lui faisait une belle jambe! Guère intéressant pour un descendant des fils d'Odin à la recherche d'un divin miracle.

Et c'est là que tout à commencé. Le danois s'est d'abord pris la tête entre les mains, comme si une douleur immense traversait sa cervelle de part en part. La caboche est ensuite partie vers l'arrière comme si le blondinet n'arrivait plus à la supporter. Les yeux se sont révulsés. La tête, après avoir roulé et tangué est retombée face vers la table, cognant durement le chêne du meuble. Inquiète, ne sachant ce qu'il lui arrivait, la montpelliéraine, a appelé Childéric à l'aide. Le colosse s'est approché, relevant le danois pour l'examiner. En guise de réponse, c'est l'ensemble du contenu de son dernier repas qui remonta et qui passa en partie au dessus de l'épaule du porteur. Bah! Valait mieux ça plutôt que de s'étouffer avec! Ceci dit, l'heure n'était pas vraiment aux plaisanteries. Sur le pourtour des lèvres danoises, une cerne bleue venait de faire son apparition. Les traits de son visage étaient tirés, son corps totalement dégingandé, mou, sans vie.

La mairesse de Bergerac et Anne firent leur entrée au moment où Childéric allait emporter le corps pour trouver de l'aide. Le corps du danois fut pris de soubresauts. Le colosse le posa sur le sol et l'observa ce qui se passait. Il n'avait guère le temps de jeter des coups d'oeil à droite et à gauche, mais il devenait que la blonde normande devait être angoissée de voir son blond dans cet état. L'heure n'était pas aux explications. Le poul du danois diminuait dangereusement. Childéric dénoua sa chemise afin de lui permettre de respirer sans entrave. La poitrine se soulevait à peine et le bleue autour de ses lèvres prenait une surface de plus en plus importante. Soudain...


- Il ne respire plus.

La phrase semblait être tombée comme une lame tranchante sur un cou offert. Schlaaaaack! Net! Tranchant! Coupant net avec une réalité présente pour projeter l'auditoire dans un futur proche différent. Childéric s'évertua pendant de longs moments à faire repartir le palpitant. Les coups donnés avec ses poings de géant résonnait contre la poitrine danoise. A chaque fois, celui-ci se soulevait mais ce n'était jamais du à la respiration. Il lui fallait un médecin et vite. Un médecin...et un miracle! Cette fois, ce n'était plus pour un bête caprice comme celui de vouloir marcher. Cette fois, c'était pour ramener sur terre une âme qui se dirigeait surement vers l'enfer lunaire.

Childéric regretta rapidement sa phrase. Il n'aurait pas du le dire. Pas dans la pièce où Anne se trouvait. Pas maintenant. Ce n'était pas à lui de faire ce genre de déclaration, à être le corbeau noir qui propage les mauvaises nouvelles. Sans dire un mot de plus, le géant souleva le corps inerte du blond et sortit dans la nuit noire de Bergerac. Il amena son fardeau à la maréchaussée, dégagea le bureau du maréchal du revers du bras et le déposa. Pas un souffle ne sortait de son nez, de sa bouche. Pas un mouvement. Rien. Aller chercher un médecin ne servirait à rien.


* "Ave Caesar, morituri te salutant" : phrase déclamée par les gladiateurs devant la loge impériale à leur entrée dans l'arène.
_________________
Duflan
                [ La veille ]


      Panier d'escargot caché sous la table, "les escargots " mot de passe pour se reconnaitre lui et le tueur, celui qui va enfin lui débarrasser de son ennemi de toujours "Paquita".
      Il attend dans la taverne, l’œil aux aguets guettant chaque visiteur .
      Porte qui s'ouvre d'un coup et Duflan relève la tête en attrapant le fameux panier , un homme porté par une sorte de colosse, le gros lâche l'anse, ce ne peut être lui.
      L'homme semble de suite sympathique surtout qu'il aime payer à boire et Duflan lui se faire payer des "coups" symbiose parfaite.


      Pour sûr que je mets de la couenne de cochon sur ma moustache, oh plait au belle !

      A par lui personne n'y croit et les fameuses belles sont encore à ce jour introuvable, mais bon.
      Discussion sur la blessure de l'homme et d'un homme "Flex", Duflan le connait, ils se sont "entre-tués" entre le comté de Toulouse et de Guyenne.


      Ouais, un foutu raclure ct'e gas là, encore un qué tellement avide de pouvoir et de gloriole qui marcherait sur la tête de sa mère té !
      Té l'es comme la Paquita, l'es à moitié sorcière !


      Voilà comment débutera l'affaire sur la possible guérison de l'homme et il est prêt à payer pour cela, Duflan n'en est pas à une escroquerie près, enfin il les rate toutes mais bon.


      Surement qu'elle peut vous refaire marcher ! Mais fera 500 écus par jambes et bon mette sympathique, allez je peux faire les deux pour 2000 écus , c'est que c'est du boulot !
      Par contre, les payables d'avance....
      .

      Oui, il faut mieux, surtout quand Paquita n'est ni sorcière, ni guérisseuse et encore moins au courant.
      Et puis escroquer un homme qui ne peut pas courir, il n'y a pas grand risque, enfin c'est à voir.
      Malheureusement l'homme n'est pas idiot et malgré les multiples rabais qui s'en suivront, rien n'y fera.


      Oh, ben l'es vous qui voyez, moy ce que j'en dis...

      Deux jours à Bergerac, ville agréable où Duflan passera son temps à remuer son panier d'escargot à chaque nouvel arrivant en ajoutant clin d’œil et sourire sous le regard circonspect des clients se demandant ce que voulait ce gros bonhomme, un peu comme dans un futur proche où l'on s’arrête sur une parking pour manger son sandwich et où chaque automobiliste vous fait des appels de phare avec un sourire de circonstance, ce moment ou vous en comprenez pas ce qui se passe avant de vous apercevoir que vous vous êtes arrêtez sur un lieu de rencontre, moment de solitude.........


      Bon ben, viendra point.....ah si peut plus faire confiance au bandits maintenant ...

      la petite troupe repartira sur la route, ponctué des engueulades entre Paquita et Duflan sous le regard amusé de Philemon

      Quoi ? Mais j'ai jamais dit que tu pouvais le refaire marcher ! N'importe quoi, tu peu me croire l'es qu'une parole !

    _________________
    Anne.so
    « La vérité est trop nue, elle n'excite pas les hommes. »*


    Elle était joyeuse, dans deux mois l’été serait là. Les premiers rayons de soleil réchauffaient déjà la nature naissante. Coiffée d’un petit chapeau, elle était assise et attendait son galant, elle tendit la main vers la branche d’un arbuste pour en caresser un bourgeon naissant, tout doux comme le plus fin des lainages porté l’hiver. Ses grands yeux le virent arriver, un sourire naquit sur son visage, elle était vêtue d’une belle robe bleue ciel, légère, moulant ses formes. Elle se sentait belle. Il avait l’air soucieux, elle voulut s’en amuser et se moquer de lui.

    - Ouh, là ! Tu en fais une tête ? Des soucis sur la taille de tes soules, trop grosses ou trop petites ?
    - Non ce n’est pas ça..
    - Et bien alors, souris ! La vie est belle.


    Elle l’enlaça de ses bras et posa ses lèvres parfumées sur sa bouche tout en plaisantant encore.

    - Monsieur, arrive en retard, me fait attendre et c’est toi qui est morose et muet ce qui est tout sauf ton habitude. J’avais commencé à arpenter la berge. Les gens ont dû me prendre pour une ribaude. Crois-tu que l’on puisse me prendre pour une Ribaude ???

    Continua-t-elle, langoureuse, se plaquant et balançant latéralement ses hanches contre lui.

    - Avec qui étais-tu Sieur Maréchal, un fripon ? un voleur de marché ?
    - …..
    - En tous cas il t’a fait oublier notre rendez-vous, devrais-je porter plainte à la maréchaussée, dis-moi ? Tu prendrais la plainte ? Ou bien je vois cela directement avec Plume ?

    Elle se recula d’un pas, pour faire sa jolie en tournoyant, ventre plat, les reins cambrés, sculptés comme le manche en ivoire des petites couteaux dont elle se sert. Ses pieds arqués, minces et nerveux dansent autour de lui. Elle se stoppa avant de poser sa tête sur son épaule.

    - Il en est de nous comme du chêne et du coudrier qui sont plantés non loin d’ici. Leurs racines se sont maintenant enroulées, elles sont attachées. Ils peuvent longtemps vivre ensemble, mais si on les sépare, si un jour le chêne meurt, le coudrier le suivra vite. Il en est ainsi de nous. Ni toi, sans moi, ni moi sans toi ?

    Il l’avait regardé, leurs yeux avaient grand peine à se détacher, retenus par une force muette. La vie autour leur important peu. Seul le bien être de se retrouver. A peine entendirent-ils une cavalcade, des chevaux arrivant à vive allure, qu'une bousculade s’en suivit et ils se retrouvèrent détachés l’un de l’autre. Elle se sentit happée par un bras s’enroulant comme une liane autour de sa taille. Ses pieds bâtirent dans le vide avant que son corps se retrouve loger entre un homme et l’encolure d’un cheval lancer, ensuite au galop par celui l’enlevant. Elle hurla, son nom, celui de son âme cœur.

    SEURNNNNNNNNNNNNNNNN !!!!!!

    Elle se redressa, il faisait froid, nuit, et elle était dans son lit. Elle frissonna et sentit une main douce lui flatter le dos.

    - Ça va ? Un cauchemar ? Viens..

    D’un geste tendre il l’attira contre son torse, elle se blottit dans le creux de son épaule tandis qu’il lui caressait les cheveux et elle remonta une de ses jambes sur ses jambes inertes depuis quelques mois déjà.

    - On était séparé, on m’enlevait à toi, je.. Dis-moi jamais rien n’y personne ne nous séparera hein ?


    - "Le taillevent de Bergerac" même journée, en début de soirée. -


    Elle était entrée dans la taverne, comme elle pouvait le faire, soulagée d’avoir fini ses tâches, son bilan dominical et heureuse de retrouver son blond Danois. Mais, elle était devenue vite livide, ne comprenant pas ce que Paquita et Dexeryl pouvait lui dire, pas plus ce que disait Childéric. Seurn était allongé, sans vie, les mots du Porteur-homme de main s’entrechoquaient dans son crâne. « Son pouls est lent », « Il ne respire plus… » Ils étaient sortis, elle n’arrêtait pas de répéter « Il faut un médicastre » « Il faut un médicastre ».
    Elle faisait encore un cauchemar, elle devait dormir encore, il lui fallait se réveiller.
    Elle suivait le colosse, la pluie tombait et mouillait son visage, se mêlant aux larmes roulant sur ses joues, elle ne cria pas, hagarde. Rentrer dans les bureaux de la maréchaussée et le regarder, sans vie, mort, lui l’homme si vif, si expressif, ayant une idée à la seconde.
    Elle avisa une lame fine, a quoi bon la vie sans lui. Le chêne n’est plus, le coudrier ne sera plus.


    • Cocteau
    _________________
    Plumenoire
    Seurn !
    Poissac l'avait "prévenu" ... Enfin Prévenu ...
    La brune, en réunion avec Capitaine et Prévôt adjoint avait foutu le camp.
    C'était le cas de le dire.

    Livide et pâle, elle courrait dans les couloirs.
    Seurn ? Mort ? Lui ?


    NON !

    Le cri s'échappa de sa gorge. Les gardes la regardèrent, interloqués. La jeune prévôte courait, Evil sur les talons.
    Seurn !
    Sa gorge était en feu, son esprit en ébullition.
    Seurn !
    La distance entre les deux salles lui semblait immense.
    Seurn !
    La brune plongea la main dans sa besace, la, la pièce magique qu'il lui avait offert. Elle la sorti, la serra dans sa main.
    Seurn .... !
    Son protecteur, celui qui l'avait relevé, conseillé, celui qui l'avait remise dans le droit chemin.
    Seurn !
    Qu'allait-elle faire sans lui ?
    Seurn !
    Pourquoi maintenant ? Pourquoi après ce qu'il venait de ce passer ?

    Avalant difficilement l'air, elle fit irruption dans la pièce.
    Seurn !
    Il est là, Anne aussi, un colosse qu'elle a dû voir aussi ... Plusieurs fois ...
    Mais seul lui et la blonde comptent.
    Lui, lui qui connait son histoire, son histoire entière, qui l'a toujours soutenu ...


    Seurn ... La voix est étranglée, étouffée.

    Elle s'approche doucement. Evil halète, mais la colle, conscient que quelque chose ne va pas ... ne va plus ...
    La brune observe le corps pale. Elle aussi elle est pale. Elle est horrifiée, son cœur est fissuré.
    La pièce est serrée un peu plus, la formule revient à l'esprit de la brune.
    Il lui avait appris, un soir, en taverne ...
    Seurn ... Le blond ... le Danois ... Lui.
    Un miracle ... il faudrait un miracle ...


    Okker gokker gummi klokker erle perle pif paf puf væk med den beskidte luft

    Elle murmure doucement. Une fois. Elle l'a apprise par cœur, se disant que cela lui serait toujours utile, même si on n'y croit pas. Mais elle est tellement bouleversée qu'elle y crois. Elle veut qu'il vienne la sauver. Elle veut qu'il vienne les sauver, tous !
    Deux fois.


    Okker gokker gummi klokker erle perle pif paf puf væk med den beskidte luft

    trois fois ...
    Okker gokker gummi klokker erle perle pif paf puf væk med den beskidte luft ...

    Seurn ....!


    Cette formule n'était-elle qu'une formule pour enfant ?
    Plume ne pourrait-elle pas faire revenir son ami avec ça ? Une formule de feu de camp ....
    Le regard, sec, douloureux et triste, se porte vers Anne, s'arrachant enfin de ce spectacle macabre. De ce corps qu'elle aime tant, comme un protecteur, un ami, un confident. Il se tourne vers la blonde, celle avec qui elle s'entend si bien ... Celle qui doit souffrir plus que quiconque.


    Anne .... Anne ....!

    La brunette s'approche de la jeune blonde, cherchant à la prendre dans ses bras ...

    Seurn ... Pourquoi ? Elle est là ! Elle a besoin de toi ! SEURN !
    _________________
    Soren
    Il parait que quand on meurt, on voit nôtre âme s'élever au dessus de notre corps, un mince fil de lumière reliant les deux pièces principales qui composent un être humain. Foutaises que tout cela! Je peux vous le dire, je suis mort. Quand on meurt, on coupe tout lien avec notre corps. C'est un peu comme, parait-il, ces serpents qui changent de peau lorsqu'ils grandissent. On perd toute sensation : la vue, l'ouïe, le toucher, l'odorat, le gout, tout cela est de nature corporelle. On ne se trouve même pas dans les ténèbres car celles-ci n'ont plus de sens non plus depuis que la vue ne veut plus rien dire. Ce n'est pas le vide, c'est le néant des sens, l'absence même de référence qui justifie son existence. Pour aimer fortement, il faut savoir ce que haïr veut dire n'est-ce pas? Ce qu'il me reste de cette vie qui vient de se finir? Des souvenirs. Ceux-ci sont vivaces, aussi vivaces que l'âme, ou que ces plantes qui ressurgissent miraculeusement à chaque printemps quelle que soit la vigueur de l'hiver. Oui. L'âme est un réceptacle à souvenirs. Et l'âme a un âge.

    Il parait que dans la vie qui a précédé celle qui vient de s'achever, j'étais diacre. J'habitais dans le Maine, à Montmirail. C'est amusant ça parce que dans celle-ci, mettre les pieds dans une église pour assister à une messe, on ne peut pas dire que cela faisait partie de mes loisirs hebdomadaires. D'ailleurs, ces derniers temps, je trainais plus dans les couvents que dans les églises désertées par les âmes pieuses. Pieuses? Ça aussi c'est amusant : quand on est en bas, on entend tout à chacun se quereller à propos de l'entité supérieure qu'on appelle Dieu, chacun croyant détenir la vérité. Certains prétendent même qu'il n'existe pas. Quand on est une âme en période de transition, on sait. On connait LA vérité sur le sujet. Il parait que dans la vie qui a précédé, j'étais marié à une blonde. La plus jolie de toutes les dames du Maine et des environs. Elle s'appelait K... Non! Les noms n'ont aucune signification ici. Ce sont des références terrestres sans aucune valeur. Ici, ils n'ont pas d'importance, même sous la forme d'un souvenir. Mais pour en revenir à cette blonde... Est-ce une coincidence où la dernière femme avec laquelle j'ai partagé ma vie jusqu'à peu était aussi blonde et la plus jolie de toutes les dames du Périgord et des environs? J'ai de la chance. Dans toutes mes vies, j'ai connu des femmes formidables, y compris la rousse qui m'a laissé choir une nuit en pleine campagne pendant un voyage. Sans une explication, sans rien.

    Il parait qu'il y a toujours des points communs entre nos vies, même si elles sont très différentes les unes des autres. De quoi sera fait celle qui me tend les bras désormais? Je n'en n'ai fichtre aucune idée. Personne n'en n'a. Lorsque j'aurais réintégré une autre enveloppe corporelle et que je serais de retour sur terre, je ne me souviendrais de rien. L'âme, c'est comme un trait pointillé. Lorsque l'on est ici, on se souvient de toutes nos expériences passées sans aucune difficulté. Lorsque l'on est sur terre, on ne se souvient que de sa vie présente...et encore! Au final, n'est-ce pas mieux ainsi? Et puis où vais-je me retrouver géographiquement? La terre est vaste, bien plus vaste que la simple Europe qui jette sur le monde un regard de myope. Vais-je être esclave? Paysan? Bourgeois? Noble? De descendance royale? Personne ne le sait. Même ici. C'est ce que sur terre on appelle le destin. Ici, on appelle ça... Non! Ça aussi, mieux vaut que ça reste ici. Blond? Roux? Brun? Qu'importe! Mais s'il vous plait... Donnez-moi une belle gueule!

    _________________
    Solveig.olofsdotter


    [Au Taillevent de Bergerac, le lundi 18 Novembre 1461]

    Elle n'en revenait pas encore et pourtant cela faisait plusieurs semaines qu'il lui en avait parlé comme d'une possibilité. On a beau savoir que cela peut arriver, quand on est mis devant le fait accompli, on le reçoit comme un choc d'une violence inouïe. Il en parlait. Froidement. Comme s'il n'en n'avait pas peur. Et pourtant, tout personne censée ne pouvait qu'en avoir peur, et ce même si sa foi le transfigurait. Était-il censé? Solveig était mitigée sur la question. A cela, elle aurait répondu : parfois oui, parfois non. Søren n'avait aucune limite, pas même celle du rationnel et de la raison. Il entrait et sortait de la folie sans aucune honte, sans aucune difficulté. Il s'y complaisait même parfois. Ce qu'il n'acceptait pas? Cette perte de contrôle qu'il avait sur lui-même dans ses crises et la lente dérive de son esprit, cette perte d'humanité qu'il ressentait lorsque la rage s'emparait de lui. S'il avait peur de quelque chose, c'était bien de finir en tyran comme son géniteur.

    Devant elle s'étalait différents rouleaux de vélins. Avec la mort du blond, elle venait également de perdre son travail. Ce qu'elle faisait ici, en ce moment, ce n'était plus son travail. Il le lui avait demandé comme à une amie. Elle avait accepté malgré la nature morbide de la chose. Le morbide faisait partie de sa nature. Il vivait avec. Il se jouait de lui parfois.

    Elle, elle quitterait sans doute le Périgord-Angoumois. Elle n'avait pas d'attache ici. Elle y avait un travail et on ne tarderait pas à le mettre en terre. Des amis? Elle n'en n'avait pas vraiment. La famille? Elle n'en n'avait plus. Il lui faudrait bien retrouver une autre source de revenus et vite. Mais avant cela, elle avait une belle pile de vélins à griffonner.


    Citation:
      De Solveig Olofsdotter
      A Brygh Ailean MacFadyen

      Dame,

      J'étais l'assistante de votre fils, Søren. Celui-ci est mort le 17 novembre 1461 à vêpres. Avant sa mort, il avait couché sur papier ses dernières volontés et m'avait demandé de les appliquer. Je vous convie donc à l'exécution de celles-ci et vous donne rendez-vous le 19 Novembre 1461 En l'église Sainte-Lucie de Sarlat à tierce.

      Si vous ne désiriez ou étiez dans l'impossibilité de venir, faites m'en part afin que je vous transmettre d'une autre façon ce qu'il m'a demandé de vous donner.

      Fait à Bergerac le 18 Novembre 1461

      Solveig.




    Citation:
      De Solveig Olofsdotter
      A Arthanagor Urquhart

      Sieur,

      J'étais l'assistante de Søren MacFadyen Eriksen. Celui-ci est mort le 17 novembre 1461 à vêpres. Avant sa mort, il avait couché sur papier ses dernières volontés et m'avait demandé de les appliquer. Je vous convie donc à l'exécution de celles-ci et vous donne rendez-vous le 19 Novembre 1461 En l'église Sainte-Lucie de Sarlat à tierce.

      Si vous ne désiriez ou étiez dans l'impossibilité de venir, faites m'en part afin que je vous transmettre d'une autre façon ce qu'il m'a demandé de vous donner.

      Fait à Bergerac le 18 Novembre 1461

      Solveig.




    Citation:
      De Solveig Olofsdotter
      A Lubna de Montagrier

      Dame,

      J'étais l'assistante de Søren MacFadyen Eriksen. Celui-ci est mort le 17 novembre 1461 à vêpres. Avant sa mort, il avait couché sur papier ses dernières volontés et m'avait demandé de les appliquer. Je vous convie donc à l'exécution de celles-ci et vous donne rendez-vous le 19 Novembre 1461 En l'église Sainte-Lucie de Sarlat à tierce.

      Si vous ne désiriez ou étiez dans l'impossibilité de venir, faites m'en part afin que je vous transmettre d'une autre façon ce qu'il m'a demandé de vous donner.

      Fait à Bergerac le 18 Novembre 1461

      Solveig.




    Citation:
      De Solveig Olofsdotter
      A Agnès Erikssen

      Dame,

      J'étais l'assistante de votre frère Søren. Celui-ci est mort le 17 novembre 1461 à vêpres. Avant sa mort, il avait couché sur papier ses dernières volontés et m'avait demandé de les appliquer. Je vous convie donc à l'exécution de celles-ci et vous donne rendez-vous le 19 Novembre 1461 En l'église Sainte-Lucie de Sarlat à tierce.

      Si vous ne désiriez ou étiez dans l'impossibilité de venir, faites m'en part afin que je vous transmettre d'une autre façon ce qu'il m'a demandé de vous donner.

      Fait à Bergerac le 18 Novembre 1461

      Solveig.

      P.S : Ne m'en veuillez pas du patronyme que j'ai utilisé, cela fait également partie de ses dernières volontés.




    Citation:
      De Solveig Olofsdotter
      A Plumenoire

      Dame,

      J'étais l'assistante du maréchal Søren MacFadyen Eriksen. Celui-ci est mort le 17 novembre 1461 à vêpres. Avant sa mort, il avait couché sur papier ses dernières volontés et m'avait demandé de les appliquer. Je vous convie donc à l'exécution de celles-ci et vous donne rendez-vous le 19 Novembre 1461 En l'église Sainte-Lucie de Sarlat à tierce.

      Si vous ne désiriez ou étiez dans l'impossibilité de venir, faites m'en part afin que je vous transmettre d'une autre façon ce qu'il m'a demandé de vous donner.

      Fait à Bergerac le 18 Novembre 1461

      Solveig.




    Citation:
      De Solveig Olofsdotter
      A Sybille

      Dame,

      J'étais l'assistante du maréchal Søren MacFadyen Eriksen. Celui-ci est mort le 17 novembre 1461 à vêpres. Avant sa mort, il avait couché sur papier ses dernières volontés et m'avait demandé de les appliquer. Je vous convie donc à l'exécution de celles-ci et vous donne rendez-vous le 19 Novembre 1461 En l'église Sainte-Lucie de Sarlat à tierce.

      Si vous ne désiriez ou étiez dans l'impossibilité de venir, faites m'en part afin que je vous transmettre d'une autre façon ce qu'il m'a demandé de vous donner.

      Fait à Bergerac le 18 Novembre 1461

      Solveig.




    Citation:
      De Solveig Olofsdotter
      A Pattricia de la Canéda

      Dame,

      J'étais l'assistante du maréchal Søren MacFadyen Eriksen. Celui-ci est mort le 17 novembre 1461 à vêpres. Avant sa mort, il avait couché sur papier ses dernières volontés et m'avait demandé de les appliquer. Je vous convie donc à l'exécution de celles-ci et vous donne rendez-vous le 19 Novembre 1461 En l'église Sainte-Lucie de Sarlat à tierce.

      Si vous ne désiriez ou étiez dans l'impossibilité de venir, faites m'en part afin que je vous transmettre d'une autre façon ce qu'il m'a demandé de vous donner.

      Fait à Bergerac le 18 Novembre 1461

      Solveig.




    Preuve qu'il était parfois complètement fol...

    Citation:
      De Solveig Olofsdotter
      A Enjoy MacDouggal Corleone

      Dame,

      J'étais l'assistante de votre ex beau-frère Søren MacFadyen Eriksen. Celui-ci est mort le 17 novembre 1461 à vêpres. Avant sa mort, il avait couché sur papier ses dernières volontés et m'avait demandé de les appliquer. Je vous convie donc à l'exécution de celles-ci et vous donne rendez-vous le 19 Novembre 1461 En l'église Sainte-Lucie de Sarlat à tierce.

      Si vous ne désiriez ou étiez dans l'impossibilité de venir, faites m'en part afin que je vous transmettre d'une autre façon ce qu'il m'a demandé de vous donner.

      Fait à Bergerac le 18 Novembre 1461

      Solveig.





    Citation:
      De Solveig Olofsdotter
      A Enigma MacFadyen

      Dame,

      J'étais l'assistante de Søren MacFadyen Eriksen. Celui-ci est mort le 17 novembre 1461 à vêpres. Avant sa mort, il avait couché sur papier ses dernières volontés et m'avait demandé de les appliquer. Je vous convie donc à l'exécution de celles-ci et vous donne rendez-vous le 19 Novembre 1461 En l'église Sainte-Lucie de Sarlat à tierce.

      Si vous ne désiriez ou étiez dans l'impossibilité de venir, faites m'en part afin que je vous transmettre d'une autre façon ce qu'il m'a demandé de vous donner.

      Fait à Bergerac le 18 Novembre 1461

      Solveig.




    Citation:
      De Solveig Olofsdotter
      A Erraa de la Huchaudière

      Dame,

      J'étais l'assistante de Søren MacFadyen Eriksen. Celui-ci est mort le 17 novembre 1461 à vêpres. Avant sa mort, il avait couché sur papier ses dernières volontés et m'avait demandé de les appliquer. Je vous convie donc à l'exécution de celles-ci et vous donne rendez-vous le 19 Novembre 1461 En l'église Sainte-Lucie de Sarlat à tierce.

      Si vous ne désiriez ou étiez dans l'impossibilité de venir, faites m'en part afin que je vous transmettre d'une autre façon ce qu'il m'a demandé de vous donner.

      Fait à Bergerac le 18 Novembre 1461

      Solveig.




    Citation:
      De Solveig Olofsdotter
      A Meltreize de Neuville

      Dame,

      J'étais l'assistante de Søren MacFadyen Eriksen. Celui-ci est mort le 17 novembre 1461 à vêpres. Avant sa mort, il avait couché sur papier ses dernières volontés et m'avait demandé de les appliquer. Je vous convie donc à l'exécution de celles-ci et vous donne rendez-vous le 19 Novembre 1461 En l'église Sainte-Lucie de Sarlat à tierce.

      Si vous ne désiriez ou étiez dans l'impossibilité de venir, faites m'en part afin que je vous transmettre d'une autre façon ce qu'il m'a demandé de vous donner.

      Fait à Bergerac le 18 Novembre 1461

      Solveig.




    Citation:
      De Solveig Olofsdotter
      A Sherynne

      Dame,

      J'étais l'assistante de Søren MacFadyen Eriksen. Celui-ci est mort le 17 novembre 1461 à vêpres. Avant sa mort, il avait couché sur papier ses dernières volontés et m'avait demandé de les appliquer. Je vous convie donc à l'exécution de celles-ci et vous donne rendez-vous le 19 Novembre 1461 En l'église Sainte-Lucie de Sarlat à tierce.

      Si vous ne désiriez ou étiez dans l'impossibilité de venir, faites m'en part afin que je vous transmettre d'une autre façon ce qu'il m'a demandé de vous donner.

      Fait à Bergerac le 18 Novembre 1461

      Solveig.




    Citation:
      De Solveig Olofsdotter
      A Roselise

      Dame,

      J'étais l'assistante de Søren MacFadyen Eriksen. Celui-ci est mort le 17 novembre 1461 à vêpres. Avant sa mort, il avait couché sur papier ses dernières volontés et m'avait demandé de les appliquer. Je vous convie donc à l'exécution de celles-ci et vous donne rendez-vous le 19 Novembre 1461 En l'église Sainte-Lucie de Sarlat à tierce.

      Si vous ne désiriez ou étiez dans l'impossibilité de venir, faites m'en part afin que je vous transmettre d'une autre façon ce qu'il m'a demandé de vous donner.

      Fait à Bergerac le 18 Novembre 1461

      Solveig.





    Et il y en avait encore plusieurs ainsi. Bien sur, Anne faisait partie des invités. A elle, Solveig préférait le lui annoncer en personne. Solveig en avait assez de ce travail. Dans sa liste, il y avait des personnes qui devraient faire plusieurs jours de voyage pour se trouver à Sarlat...demain! Impossible! Ça aussi c'était Søren! Toujours prompte à teinter ses actes de la moindre touche de plaisanterie qui ne faisait rire que lui seul. Le pire, c'est qu'il y avait même quelque chose à faire pour son pire ennemi! Heureusement qu'il ne l'avait pas mis sur la liste des invités... même s'il en aurait été fortement capable!
    Sybille
    Sybille déambulait tranquillement dans les couloirs de la caserne en direction du bureau de Plume... il paraîtrait qu'il y avait du nouveau sur le félon Flex...

    Soudain, ce fût un cri... non, des cris, des portes qui claquent, des pas précipités et une Plume affolée courant dans le couloir.

    Interloquée, inquiète, elle la suivit mais soudain elle n'eût pas le courage d'aller plus loin. Elle comprit.

    Elle n'entra pas, elle n'osa pas. Une boule lui montait dans la gorge. Elle serra dans sa poche le petit cailloux porte bonheur qu'il lui avait donné. Tout doucement elle s'effondra sur le sol, ses jambes ne la portaient plus et elle resta là, assise à terre et atterrée.

    Elle essayait de penser. Seul un grand vide lui répondit. Il avait été de tous les temps forts, un homme charismatique, un tourbillon qui emmenait avec lui tous les autres personnages. Avec sa dame, ils formaient le plus beau couple du PA. Elle ne pouvait les imaginer l'un sans l'autre. Même son accident ne pouvait vaincre cet homme.

    Ce vide, terrible vide.

    Le sol froid semblait vouloir l'aspirer... Elle regarda vers la petite pièce où se trouvait le corps sans vie du maréchal, ancien prévôt, ancien maire et c'est Anne So qu'elle vit.


    Anne So... Seurn... non... pas ça...
    _________________
    Soren
    La dernière fois, je suis mort en traversant une frontière fermée : celle entre l'Artois et la Normandie. On m'avait prévenu que mon ex-cardinal se mourait et voulait me revoir avant de quitter cette terre. Mon épouse était morte d'une étrange maladie quelques jours auparavant : elle souffrait d'acédie. Je n'avais plus rien à perdre. C'était mon état d'esprit d'alors même si j'étais loin d'avoir un tempérament vindicatif. Je suis venu, j'ai vu et je n'ai pas vaincu. Fin du chapître, retour à l'expéditeur.

    Cette fois... Oui, cette fois: comment suis-je mort? Est-ce que tout prend sa source dans ce bête accident à Bergerac? Cette maison en feu? Cette poutre qui s'abat sur moi? Ce visage ravagé, ces jambes sans vie? Même mort, même ici, le mystère de cette soirée reste entier. Je ne sais ce que je faisais là. Mais est-ce vraiment important désormais? Une autre vie, une autre histoire me tend les bras. Dans toutes nos expériences passées des ombres subsistent. Quand le temps sera venu, j'oublierai tout ça. Je repartirai à neuf sans aucun souvenir...jusqu'à mon prochain passage par ici.

    Mais, il n'empêche. Comment suis-je mort? A la suite de cet accident, j'ai d'abord gardé espoir que les stigmates qui m'affligeaient seraient temporaires. J'avais perdu l'indépendance la plus essentielle, la plus primaire : celle de me déplacer. Je devais sans cesse faire appel à cet homme qui m'a porté aux quatre coins de Bergerac, Périgueux ou encore Sarlat. J'étais entièrement dépendant de lui. Et avec le temps qui passait, ma volonté s'est érodée. L'espoir d'une guérison rapide s'atténuait petit à petit. J'ai commencé à douter. Le caractère que je possédais alors n'était pas compatible avec ce statut d'infirme. J'en ai parlé à quelques personnes : à celui qui travaillait avec moi à la maréchaussée de Bergerac, ce garde qui se plaignait sans cesse de sa paie. Je me suis ouvert aussi à celle qui fut mon assistante pendant mes mandats comtaux et municipaux, cette blonde scandinave. Se peut-il que l'un ou l'autre ait voulu abréger mes souffrances mentales? Se peut-il qu'ils soient responsable de mon empoisonnement, directement ou indirectement. L'ont-ils fait eux-même où ont-ils requis l'aide d'un tiers? Et si oui comment ont-ils fait? Ma nourriture? Ma boisson? Un poison de contact dans mes vêtements par exemple? A moins que ça ne soit cette étrange sorcière rencontrée au Taillevent de Bergerac, celle qui n'était que de passage après être passée dans le Poitou pour aller chercher un mât de bateau. C'est qu'ils avaient l'air étrange ceux qui l'accompagnaient : l'homme qui se lissait la moustache au gras de cochon, son compère qui ne savait pas ce qu'ils aillaient faire dans le Poitou. ni où ils allaient maintenant. Et elle? Elle qui prétendait finalement ne pas être sorcière, ne pas pouvoir me guérir mais qui me proposait un emplâtre d'argile pour les jambes. A quoi tout cela rimait? A bien y réfléchir cela n'avait aucun sens. Si mes souvenirs sont bons, il me semble que la fausse sorcière avait versé quelque chose dans ma chope. Qu'était-ce? Un poison à effet presque instantané? Et le prévôt du comté? A t-il ouvert une enquête sur ma mort? A t-il interrogé tous ces suspects? Ou ma mort est-elle passée inaperçue dans le tumulte quotidien? Qu'ont-ils fait de moi? M'ont-ils enterré? Brûlé? Laissé pourrir dans un coin? Oui, je sais : qu'importe une dépouille qui ne sert plus à rien. C'est sans doute mon petit côté sentimental, attaché à mes affaires qui resurgit dans toutes ces questions.

    _________________
    --La_pucelle
    A bien des lieux de là, dans le comté voisin, un cri déchira la nuit, la roula en boule et la jeta au loin, comme la marée rejette sur la grève les épaves des rêves brisés. S‘agissait-il d’une bête ? On dit que là bas aussi au pays des Pictes avait sévit cette peste étrange qui à la lune rousse transforme d’honorables habitants en monstres hideux avides de sang. S’il s’agissait d’une bête, du moins devait-elle être blessée. Puis, le silence s’étira de nouveau et le rideau d’ombres retomba sur le ciel, immense et immobile. Au creux de l’écrin céleste pulsaient toujours, parce que la course du temps ne s’arrêtait jamais pour quiconque sur cette Terre, les étoiles scintillantes, comme autant de cœur vacillants à des années lumières d’intervalles.

    Une main blanche aux doigts tachés d’encre bleue reposa sur un secrétaire finement ouvragé, un pli.


    Citation:

      A Oane de Surgères
      De Solveig Olofsdotter

      Bergerac, le 18 Novembre 1461,

      Comtesse,

      Ne cherchez point dans vôtre souvenir, je doute que mon nom vous dise quelque chose. Je suis Solveig Olofsdotter et je suis l'assistante suédoise de Søren MacFadyen Eriksen. J'ai vu ce matin qu'un message était arrivé pour le sieur MacFadyen et j'ai reconnu le ruban mais si je vous écris aujourd'hui, c'est pour une toute autre raison.

      J'ai suivi le sieur MacFadyen dans toutes ses fonctions à commencer par celui de procureur du comté. Je l'ai accompagné ensuite à la prévôté, et au porte-parolat comtal. Je l'ai assisté à la chancellerie du Périgord-Angoumois où il avait la charge du Poitou. Enfin, j'ai été son porte-parole pendant son mandat de maire de Bergerac. Comme vous pouvez le constater, j'étais sa personne de confiance dans ses activités professionnelles, son presque bras droit, celui qui porte l'épée.

      Je pense que, lors de votre passage en Périgord-Angoumois, vous avez surtout connu son côté jovial et bon vivant. En réalité, son âme était tourmentée. Le fardeau familial qu'il avait à porter lui semblait lourd parfois. Il avait des périodes de haine intense, des périodes où l'être humain disparaissait au profit d'une bête sauvage. Cette expression n'est pas de mon cru, c'est ainsi qu'il parlait de lui parfois. Si je vous conte ceci, c'est pour que vous compreniez pourquoi l'homme pensait à sa mort, et pourquoi il avait pris ses précautions au cas où il lui arrivait quelque chose.

      Ce quelque chose est arrivé hier soir : Søren MacFadyen Eriksen est mort le 17 Novembre 1461 juste avant vêpres. Vous faisiez partie des personnes qui figurent sur sa liste posthume, ceux à qui il a, d'une façon où d'une autre un dernier message à donner où un présent à donner. Aussi, sachez que vous recevrez sous peu ce qu'il vous destinait.

      Avec mes salutations les plus respectueuses,

      Solveig Olofsdotter .



    Quelques cloches plus tard alors que sonnaient Vêpres, un parchemin crissait sous une plume qui avait finit de trembler.

    Citation:
    D’Oane de Surgères, Comtesse de Saintonge & d’Oléron, Vicomtesse de Frontenay & Baronne de Luçon
    A Solveig Olofsdotter, secrétaire de Feu Soren MacFadyen Eriksen

    Mestresse Solveig Olofsdotter,

    Je vous remercie de vostre attention à l’égard d’une lointaine étrangère.
    Je viendrai chercher ce dernier message moi-mesme : il ne saurait en estre autrement.
    Toutefoy, je séjourne actuellement en la ville de Poitiers, il me faudra quatre jours, mesme en crevant mes montures sous moe, pour parvenir jusqu’à Lui ; je pars, je n’ai déjà que trop tardé. Bien trop tardé.
    Je vous le demande par le lien étrange et lointain qui unit vostre mestre à moe et dont vous seul avez pu avoer connaissance : n’enterrez poinct Soren MacFadyen Eriksen avant que je ne le vois ; je tiens à lui rendre un Dernier Hommage avant son départ pour le Paradis Solaire. Car quoiqu’il sommeilla en lui, il y avait aussi de la Lumière. Je ne saurai vous expliquer quelle Volonté implacable rend la chose si importante alors que je m’étais jurée sur mon Hosneur, en le quittant de ne jamais chercher à le revoer. Et jusqu’à ce Jour Funeste, je m’y étais tenue. Ce jour d’hui, je vous en conjure, respectez ce vœux pieux d’une femme en deuil, une parmi tant d’autres, innombrables et infinies, goûtant les fruits amers des regrets.

    Que le Très Haut vous Guide sur le Chemins des Justes, Solveig Olofsdotter,

    De Surgères, le Dix Neuvième Jour du mois de Novembre Mil-Quatre-Cent-Soixante-&-Un,






    Oane se leva au milieu de ses appartements dévastés et se rendit elle mesme au pigeonnier sans prêter gare aux objets éparses qui jonchaient le sol. Elle attacha à la patte du volatile qui avait faict des allers retours réguliers entre Bergerac et Surgères le message et le regarda s’envoler, longuement, suivant ce minuscule poinct autant que ses yeux le lui permirent. Pourvu qu’il arrive à temps songea-t-elle puis, elle se rendit aux écuries pour les derniers préparatifs de son voyage vers cette terre qu’elle avait évitée tant de temps.
    Brygh_ailean
    [Couvent des Cordeliers]

    Le courrier était arrivé, parmi les autres courriers. Ni scel, ni bandeau. Un rouleau crétin, parmi les factures et les oeuvres de poètes maudits cherchant une muse au fond d'un pichet.

    Clothilde l'avait lue, puis elle l'avait tendue à la grande, refusant de lui lire à haute voix.


    Citation:
    De Solveig Olofsdotter
    A Brygh Ailean MacFadyen

    Dame,

    J'étais l'assistante de votre fils, Søren. Celui-ci est mort le 17 novembre 1461 à vêpres. Avant sa mort, il avait couché sur papier ses dernières volontés et m'avait demandé de les appliquer. Je vous convie donc à l'exécution de celles-ci et vous donne rendez-vous le 19 Novembre 1461 En l'église Sainte-Lucie de Sarlat à tierce.

    Si vous ne désiriez ou étiez dans l'impossibilité de venir, faites m'en part afin que je vous transmettre d'une autre façon ce qu'il m'a demandé de vous donner.

    Fait à Bergerac le 18 Novembre 1461

    Solveig.


    - Sois maudite, grognasse de port ! Sois maudite et je veux te voir crever de mille morts... Sois maudite !!! Disparais... Maudite, disparaitre, crever...
    - Ma mère !
    Clothilde s'offusqua parce qu'elle avait pour habitude de s'offusquer, même si d'usage, elle savait que cela ne servait à rien. La Mère ne l'écoutait pas. Jamais.
    - Que se passe-t-il, ma soeur ? lança la vieille nonne aveugle assise à côté de l'écossaise.
    - Rien qui vous concerne, ma soeur, juste une putain danoise qui me parle comme si...
    - Ma soeur... reprit la cécile avant de s'interrompre. Brygh, ma fille, depuis combien de temps nous connaissons nous ?
    - Des années, Jeanne... des années...
    - Bien avant que tu deviennes soeur Hélène-Brigitte, quand l'envie t'en prend, ou que je sois Hélène-Astrid, à longueur d'année...
    - Hmm... est-ce que je vous dérange, mes soeurs ?
    - Non, Clothilde... néanmoins je vous saurai gré...
    - Bien, ma soeur, je vais retourner au moulin pour surveiller.
    - Très bien ma fille, très bien.


    Attendant que la petite nonne se soit retirée, la vieille aveugle fixa l'escote de son visage buriné par le temps, de ses yeux vides depuis encore plus longtemps.
    - Brygh Ailean MacFadyen, toutes les danoises ne sont pas des putains, même s'il te plait de le penser... Et même si une putain danoise t'avait écrit de travers, tu l'aurais simplement rembarrée... Tu trembles ma fille, tu trembles de la tête au pied. Tu me crois aveugle dans mon âme au point de ne pas le remarquer ?
    - Je dois voir mes filles... maintenant. Je dois les voir tout de suite...
    - Bryn !!! Répond-moi... De quoi parles-tu à la fin ? De quelles filles parles-tu donc ? Una est en réclusion.... quant à Aisling, elle est au Phare, non ?
    - Je dois voir mes filles. Una et Enigma. Je crois qu'Aisling est trop petite pour... je ne pense pas qu'elle puisse... Jeanne, s'il te plait, relève Una.
    - Je ne la relèverais pas si tu ne me dis pas pourquoi !
    - Hakon est mort...
    - Ca, c'est une évidence, puisque c'est toi qui l'a tué.


    Pour toute réponse, la vieille nonne reçut le silence. Néanmoins, lorsqu'un sens vous fait défaut, il est notoire que les autres soient décuplés. Aussi, dans ce silence infini, la nonne entendit le tremblement des machoires de l'escote au claquement imperceptible de ses dents. Elle entendit son souffle ralenti, entrecoupé de ses apnés qui permettent de ne pas ressentir la boule qui se forme au dessus du coeur, lorsqu'on essaie de respirer.

    - Bryn ? Hakon est mort... Et après ?
    - Je ne parle pas de celui du passé. Je parle de celui qui m'appartenait.
    - De ton f... ?
    La vieille nonne de s'étouffer dans un sanglot, les deux mains sur la bouche, tandis que la grande restait impassible, la lettre dans la main.

    - La putain...
    - Qui est-elle, cette p... enfin danoise ?
    - Je ne sais... et peu importe... je vais la décoller !!! Assister mon fils à mourir !!! Putain !!! Putain !!! Putain !!! Elle ne sait même pas qui je suis !!! Elle me parle comme à l'une de ses grues ! Maudite putain !!!
    - Bryn !!!!


    La vieille pleurait désormais à chaudes larmes, sans faire de bruit néanmoins. Elle avait enterré trois maris, et tous ses enfants depuis des années. Elle avait enterré tellement d'êtres qu'elle chérissait. Et pourtant, la douleur encore une fois l'emportait, peut-être pas seulement vers Soren, mais surtout vers cette mère en face d'elle. Elle partageait. Oh oui, elle partageait.

    - Ailean, mon enfant, tu savais que ça pouvait arriver... Ton Hakon, Soren, il n'était pas à se ménager... et puis, il y a cette légende que tu aimes à raconter... le sang des fées...
    - Je maudis les fées...
    - Tu ne peux pas... Tu es une fée... N'est-ce pas ?
    - Les fées n'existent que dans les contes pour benêts !!!


    La vieille nonne ne sût que répondre. Elle savait que Brygh Ailean MacFadyen, ou Urquhart, puisque maintenant c'est ainsi qu'il fallait l'appeler, n'était plus ici. Où était-elle allée ? Personne ne le savait. Mais pour maudire les fées, il fallait qu'elle soit loin, très loin.

    La grande escote se tenait sans bouger, presque sans respirer, toujours assise au bout de la table, la lettre fermement aimantée à ses doigts longs et maigres. Ses yeux étaient gris, gris pâles, bien plus pâles que jamais, comme si toute vie l'avait désertée. Mais ça, la nonne aveugle ne pouvait le savoir. Peut-être juste le cerner
    .

    - Que vas-tu faire, Bryn ?
    - Convoquer mes filles...
    - Et ?
    - Faire ce qui doit être fait...

    _________________
    J'aurais pu jouer le concours de pêche, oui. J'avais des idées...
    Et pis nan : vous pas jouer avec moi, moi pas jouer pour vous aider. Picétou.
    Jessienigma
    [Couvent des Cordeliers]

    *Elle n'avait pas attendu bien longtemps après son arrivée au couvent pour mettre la main à la pâte, au sens strict comme au sens figuré puisqu'elle se chargeait principalement de faire du pain frais pour tous les résidents actuels des Cordeliers, et des résidents, il y en avait un bon paquet depuis les troubles dans le Périgord. Elle se trouvait donc près des fours à avec les jumeaux ce matin-là à pétrir des kilos et des kilos de pâte. Les deux enfants jouaient calmement près de la porte d'entrée du couvent et la mioche espérait que ça durerait, le travail ne manquant pas.

    Mais le calme ne dure jamais longtemps, même au couvent. Une soeur toussota discrètement derrière la jeune fille, un rouleau de parchemin dans les mains. Enigma se retourna vers elle, interrogative. Elle avait beau être là depuis quelques jours, elle ne parvenait pas encore à mettre de nom sur tous les visages et seule la bossue Soeur Turgide était bien gravée dans son esprit actuellement.*



    Bonjour ma soeur. Que puis-je pour vous ?
    Je me suis permise de prendre une missive qui vient d'arriver pour vous avec d'autres missives pour le couvent ma fille, je vous la dépose ici.
    Merci beaucoup ma soeur ! Je vois cela tout de suite.



    *La soeur ne traina pas sur place et la jeune fille acheva de pétrir cette fournée pour la mettre à lever pendant qu'elle lirait la missive. Après avoir évacué les résidus de pâte sur ses mains, elle déroula le parchemin, très court et commença à le lire, devenant de plus en plus blême au fur et à mesure de sa lecture.*

    Citation:
    De Solveig Olofsdotter
    A Enigma MacFadyen

    Dame,

    J'étais l'assistante de Søren MacFadyen Eriksen. Celui-ci est mort le 17 novembre 1461 à vêpres. Avant sa mort, il avait couché sur papier ses dernières volontés et m'avait demandé de les appliquer. Je vous convie donc à l'exécution de celles-ci et vous donne rendez-vous le 19 Novembre 1461 En l'église Sainte-Lucie de Sarlat à tierce.

    Si vous ne désiriez ou étiez dans l'impossibilité de venir, faites m'en part afin que je vous transmettre d'une autre façon ce qu'il m'a demandé de vous donner.

    Fait à Bergerac le 18 Novembre 1461

    Solveig.


    *Sa lecture achevée, plus pâle qu'un mort, la jeune fille se laissa tomber sur le sol comme un pantin désarticulé, le poing serré autour du parchemin, le regard dans le vide. Ses souvenirs remontaient dans son esprit à une vitesse folle bien que rien ne transparaisse sur son visage.

    Leurs derniers instants ensemble s'étaient conclus assez mal et ils ne s'étaient plus parlé depuis trois mois, Enigma lui en voulant à mort d'avoir kidnappé et tenté de tuer ses enfants. Devait-elle s'en vouloir de ces instants déplorables maintenant ? Le pardon était un acte bien facile à expliquer, mais bien plus difficile à appliquer. il avait tant tué ou tenté de tuer, y compris elle-même. Si elle lui avait pardonné de s'en prendre à elle sans mal, il lui était bien plus ardu de lui pardonner d'avoir touché à la chair de sa chair...

    Mais était-ce vraiment sa faute ? Elle savait pour ses crises noire, pour avoir assisté à plusieurs et pour avoir dû assommer, frapper, arrêter le blondinet à plusieurs reprises. Elle savait qu'il tentait de se soigner ... Qui l'avait tué finalement ? Son côté sombre ?

    Les larmes commençaient à couler sur ses joues mais elle ne s'en rendait même pas compte. Les jumeaux, par contre, avaient constaté que quelque chose ne tournait pas rond et s'étaient approché de leur maman, la petite Karine essuyait les larmes sur ses joues alors que Nathanaël tentait de lui parler, même si elle n'entendait rien.*


    Maman ! Maman ! Pourquoi tu pleures ? T'as bobo quelque part ? Mamannn ?

    *Ses souvenirs remontaient plus loin, lors d'une soirée un peu trop arrosée en taverne où elle avait dû ramener le danois jusque dans sa chambre pour le nettoyer et le coucher comme un enfant, ou ses nombreuses promenades à Sarlat ou Bergerac à grimper sur son dos comme s'il était un cheval ... Des moments de grand souvenir ...

    Et ces instants avec Syu ... elle aussi lui manquait mais elles s'étaient si bien brouillées qu'elle n'en avait plus jamais eu aucune nouvelle. Leur rencontre en taverne dans cette ville désertée de tous, le bal chez Albanne et le danois embrassant sans vouloir Patt puis se faisant enguirlander par Syu, leur voyage à Patay, avec ses bons et ses très mauvais moments.

    Non ... elle ne pouvait lui en vouloir finalement... et puis, les jumeaux se portaient finalement bien, mais diable, pourquoi ne s'était-il pas fait soigner , Pourquoi n'était-il pas venu la trouver cet imbécile ?

    Alors que des larmes de rage coulaient maintenant sur ses joues, traçant des sillons visibles dans la poussière de farine, le petit garçon s'inquiétait tant pour sa mère qui ne lui répondait pas qu'il était parti en courant et en trébuchant à moitié vers la cour du couvent en criant et en pleurant de détresse.*


    Y'a quelqu'un qui peut veniiirr ? Y'a maman elle a boboooo !
    _________________
    Arthanagor
    Le Phare, dans la salle a vivre....

    - Alors ?!...le tonsuré regarde le Nessien
    - Alors quoi ?...
    - Bah...le moine montre la lettre...
    - Mouais...L'Highlander repousse le parchemin devant lui.
    - Mon fils...Un regard noir, du Nessien...c'est façon de parler hein ?! Il soupire...Et puis, vous êtes presque son pè...
    - Dùin do bheul sagart !! (*) le poing du Nessien s'abat sur la table, faisant sauter les gobelets d'Hypocras...on parle de Seurn là !
    Le moine pointe la lettre du menton :
    - 'Devriez répondre...dit-il...au moins par politesse !
    - Pourquoi ?
    - Bah... pour dire que je n’ai pas fait le trajet pour rien depuis Les cordeliers par ce temps de chien dit le moine montrant la pluie tombant a verse dehors. 
    - P'tain argument à la noix...
    - Vis à vis de votre femme alors...soupire le moine...s'il vous faut une raison..
    Arth hoche la tête, tandis que le moine, prévoyant pousse un écritoire devant le Brun taciturne.
    - Vous voulez que je vous dicte ?
    - C'est a moi de répondre non ?...

    Citation:

    Dame...Demoiselle....* grosses ratures*

    À Vous...

    En dehors du fait que le Danois ait trouvé une occasion, la derniere visiblement, de se faire remarquer, vous me voyez fort surpris de lire que ces dernières volontés nous mèneraient en l’église de Sarlat.
    De plus, sachant que de son vivant, mes rencontres avec , Soren ne m'ont porté que des aigreurs d'estomacs, et les preuves qu'un drakkar ne se manœuvre que dans le sens du vent je ne vois pas ce qu'il pourrait me laisser de plus...ou devrais-je plutôt dire : Je crains le pire de ce qui pourrait venir de lui.

    Donc, je puis déjà vous dire que, n'ayant rien attendu de lui, j'en espère pas plus.
    Aussi, si quelques choses devait, de par son gré me revenir, faites en don aux nécessiteux du comté, ça aura au moins l'avantage, a mes yeux, de le gratifier d'une bonne action.

    Je ne puis garantir ma présence, loin de là, a moins qu'elle serve à soulager l'éventuelle peine de sa mère ; Mais même de ça, je doute...pas de sa peine hein, mais de mon utilité à la soulager.

    Condoléances, …. 'paraît que ça se dit.

    Arth.



    Traduction du Gaélique d’Écosse.
    (*) Tais-toi «  curé » !!!

    _________________
    Solveig.olofsdotter


    Le corps de blond scandinave avait été porté à l'église de Sarlat comme indiqué dans ses dernières volontés. Posé au centre de la nef sur une table de chêne mal dégrossie. Comme il le souhaitait. Ça est là, des chaises avaient été installés en cercle autour de sa dépouille funèbre. Mort dans des circonstances qui n'avaient rien de guerrière, Søren ne portait pas l'épée. Seul son poignard danois avait été fixé à sa ceinture. Solveig avait veillé au choix des vêtements. Chemise de lin blanche, braies rouges, bottes noires. La dague était la seule ornementale qui rehaussait ce simple apparat.

    Alors qu'ils élaboraient ensemble cette future mise en scène macabre, le blond avait évoqué l'idée de remplacer l'épée par une chope de bière s'il ne mourrait pas au combat. Solveig lui avait jeté un regard noir et lui avait sèchement signalé que s'il insistait pour poser cette demande sur le vélin, il lui faudrait trouver une autre exécutrice testamentaire. Elle trouvait qu'il y avait déjà suffisamment de frasques dans les dernières volontés du blond. Mais trop, c'est trop! Søren n'insista pas. Il n'avait jamais pris la vie trop au sérieux, pourquoi prendrait-il la mort autrement?

    Sur l'autel, d'innombrables vélins avaient été déposés l'un sur l'autre, chacun portant le nom de son destinataire. Le tracé des lettres était fin et élégant. Il s'agissait là d'un travail soigné et réalisé par une personne talentueuse.Derrière l'autel s'étalaient trois malles de bois finement ciselées. Les parois latérales étaient recouvertes d'entrelacs peints en noir et rouge. Sur le côté, une table avait été dressée sur laquelle reposait bouteilles,tonneaux, godets, chopes, pains, jambons, miel, airelles, et autres victuailles. Debout, immobile devant le corps allongée du danois, Solveig attendait que les mouvements de foule se tassent pour prendre la parole.


    - Bonsoir et merci à tous d'être venue à la demande de Seurn. Je m'appelle Solveig Olofdotter. Je suis celle qui vous a écrit. Seurn m'a choisi pour être son exécutrice testamentaire. Je vous invite à venir vous à désaltérer et vous sustenter si vous le désirez. Seurn désirait que cette réunion se déroule dans une ambiance décontractée et aussi...euh...joyeuse..que possible. Il ne voulait pas de mine triste, de pleurs. Ensuite, je vous lirais le texte que Seurn a écrit. Il constitue ses dernières volontés. Il s'adresse dans un premier temps à toute l'assemblée, puis à chacun de vous en particulier. Dès à présent, je tiens à vous signaler que je ne suis ici que le porte-parole de Seurn. Je tiens aussi à vous dire, pour connaître le contenu de ce texte, que certains passages peut être difficile à entendre pour certains d'entre vous. Aussi, je vous demanderais une chose : quoi qu'il arrive,ne réagissez pas de manière spontanée s'il vous plait.

    Et d'un geste du bras, elle désigna la table, montrant ensuite l'exemple et allant se servir un godet de Bergerac 1455.
    Pattricia_
    Le piaf avait fini par la trouver à Valence où elle prenait racine dans le giron familial de son époux.Retrouver les Malemort, ainsi qu'une Dehuit, laissait augurer une prolongation, des feux de cheminée, des veillées pleines d'anecdotes et de légendes. Les enfants grandissaient et perdaient petit à petit ce côté fébrile que l'on a encore à dix ans devant la nouveauté. Pas qu'ils se lassaient non, ils étaient juste plus réfléchis et la mère en était émue.

    Évidemment, au contact de l'ours, certaines choses avaient pris une tournure plus sérieuse, les entrainements par exemple, les visites des ateliers des artisans des domaines, la monte qui se compliquait de quelques postures qu'un cheval était susceptible de prendre au combat. Sans compter le précepteur, si peu apprécié de la fratrie, qui ne ménageait pas ses heures pour emplir ces têtes pleines de place.

    Mais la série noire avait commencé avec la perte de Truffe. Le vieux loup avait rendu l'âme dans les bras de son âme soeur, effondrée. Mère nature faisait les choses ainsi, la veille louve restée à Sarlat avait quitté ce monde, alors son mâle l'avait suivie à quelques jours, bien qu'il soit à l'autre bout du Royaume. Cet être cher au coeur de Patt avait rejoint les autres dans une barque en feu sur les eaux d'un lac.

    La rousse avait pris deux jours rien que pour elle, elle avait juste besoin de faire le vide et de revenir lavée de sa douleur qui resterait désormais enfouie, avec toutes les autres. Mais le piaf périgourdin était arrivé et c'était comme si le monde lui était tombé sur la tête. Le Grand Blond n'était plus... "Il faudrait que j'écrive... Il faudrait..."

    Alors elle était rentrée au manoir des Dehuit pour y retrouver la tribu, mais... jamais deux sans trois... Quand on lui tend un vélin scellé, qu'elle le décachète et lit la missive, c'est au sol qu'elle se retrouve, étourdie, abasourdie, pétrifiée. L'ours l'avait portée jusqu'à leur chambre, une fois allongée, il avait lu le vélin et avait compris que ça allait être une période des plus difficiles.


    S'il te plait... j'aimerais me saouler ce soir, deux hommes importants dans ma vie viennent de mourir. Tu peux te saouler avec moi si tu veux, mais avant rassure les autres, j'ai dû donner un drôle de spectacle tout à l'heure.
    Le dernier souvenir que j'ai de lui est qu'il m'a conduite à l'autel, je me demande si Kris est à Casti et si il sait...
    Décidément, les Poneys allaient se compter sur les doigts d'une main désormais.


    Le lendemain, avec une migraine monstrueuse, l'ex-môme au loup avait préparé un bagage léger, envoyer les missives qui allaient bien afin qu'elle ait une tenue prête à Sarlat, que les travaux soient mis en sommeil le temps qu'ils y resteraient et avait pris le chemin du Périgord avec son époux et quelques gardes.
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    Sybille
    Sybille avait quitté la procure de la ville de Périgueux. Elle voulait rendre ses hommages à Seurn. Elle s'était mise en marche au plus tôt, elle n'avait aucune idée de son arrivée. La petite église avec son clocher ne devait pas être difficile à trouver. Venue à Sarlat une seule fois, elle avait alors simplement traversé la ville pour rejoindre Bergerac ensuite.

    Elle arriva enfin, ombre silencieuse et anonyme, elle entra dans l'église après avoir attaché sa monture à l'anneau.

    Elle fût saisie de voir allongé immobile le corps de Seurn. La mort est présente partout mais là elle touchait un homme qu'elle avait beaucoup aimé. Le plus discrètement possible, elle s'approcha.

    Une grande table de banquet était dressée et dame Solveig, cette curieuse jeune femme, semblait inviter à se servir un verre. Par mimétisme elle imita les personnes présentes.

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