Soren
Tout avait pourtant commencé comme une banale visite en taverne comme le danois aimait à profiter de temps à autre. Ce soir-là, comme depuis deux mois désormais, portait Søren MacFadyen Eriksen partout où il le désirait. D'un geste d'un pied, il poussa la porte entr'ouverte du Taillevent de Bergerac et vint asseoir son employeur à une table où une estrangère s'était installée. Puis, comme convenu depuis qu'il l'avait oublié deux ou trois fois à l'auberge, Childéric vint prendre place au comptoir pour déguster une blonde et reluquer la silhouette d'une brune servante.
La conversation avait pris un tour des plus banal entre deux personnes qui ne se connaissaient pas jusqu'à ce que Søren comprenne qu'il avait affaire à la fameuse Paquita dont le moustachu de la veille lui avait parlé. Si l'on en croyait l'homme qui se laisse les poils sous le nez avec "du gras de cochon parce que les donzelles adorent ça", Paquita était une sorte de sorcière capable de prodiguer les miracles les plus extraordinaires. Miracle... C'était exactement ce que cherchait le danois. Miracle... S'il avait pris au début sa blessure à la légère, celle-ci commençait désormais à le désespérer. Søren n'était pas du genre à s'apitoyer sur lui-même pour rien. Le visage ravagé par le feu? Pas grave, le temps fera son oeuvre. Les jambes qui ne fonctionnent plus? Pas grave. des blessures à la guerres, il en avait eu tant et tant. Une fois même il s'était retrouvé sur la charriote où l'on entassait les cadavres du champ de bataille pour les brûler ou les enterrer, dépendemment de la dureté du sol. Eh oui, en hiver, quand le sol est gelé, un bon bucher est bien moins fatigant à monter qu'une fosse commune. Cette fois-là, il avait du son salut à un moine qui trouvait que ce corps était suffisamment peu abimé pour lui permettre de le disséquer et avoir la chance d'y trouver des entrailles en parfaite état d'observation.
Malheureusement pour lui, même pour les 2000 écus que le moustachu lui réclamait en guise de salaire, la dite Paquita ne pensait pas être capable de l'exploit qu'il recherchait. L'emplâtre d'argile qu'elle lui proposait à la place lui faisait une belle jambe! Guère intéressant pour un descendant des fils d'Odin à la recherche d'un divin miracle.
Et c'est là que tout à commencé. Le danois s'est d'abord pris la tête entre les mains, comme si une douleur immense traversait sa cervelle de part en part. La caboche est ensuite partie vers l'arrière comme si le blondinet n'arrivait plus à la supporter. Les yeux se sont révulsés. La tête, après avoir roulé et tangué est retombée face vers la table, cognant durement le chêne du meuble. Inquiète, ne sachant ce qu'il lui arrivait, la montpelliéraine, a appelé Childéric à l'aide. Le colosse s'est approché, relevant le danois pour l'examiner. En guise de réponse, c'est l'ensemble du contenu de son dernier repas qui remonta et qui passa en partie au dessus de l'épaule du porteur. Bah! Valait mieux ça plutôt que de s'étouffer avec! Ceci dit, l'heure n'était pas vraiment aux plaisanteries. Sur le pourtour des lèvres danoises, une cerne bleue venait de faire son apparition. Les traits de son visage étaient tirés, son corps totalement dégingandé, mou, sans vie.
La mairesse de Bergerac et Anne firent leur entrée au moment où Childéric allait emporter le corps pour trouver de l'aide. Le corps du danois fut pris de soubresauts. Le colosse le posa sur le sol et l'observa ce qui se passait. Il n'avait guère le temps de jeter des coups d'oeil à droite et à gauche, mais il devenait que la blonde normande devait être angoissée de voir son blond dans cet état. L'heure n'était pas aux explications. Le poul du danois diminuait dangereusement. Childéric dénoua sa chemise afin de lui permettre de respirer sans entrave. La poitrine se soulevait à peine et le bleue autour de ses lèvres prenait une surface de plus en plus importante. Soudain...
- Il ne respire plus.
La phrase semblait être tombée comme une lame tranchante sur un cou offert. Schlaaaaack! Net! Tranchant! Coupant net avec une réalité présente pour projeter l'auditoire dans un futur proche différent. Childéric s'évertua pendant de longs moments à faire repartir le palpitant. Les coups donnés avec ses poings de géant résonnait contre la poitrine danoise. A chaque fois, celui-ci se soulevait mais ce n'était jamais du à la respiration. Il lui fallait un médecin et vite. Un médecin...et un miracle! Cette fois, ce n'était plus pour un bête caprice comme celui de vouloir marcher. Cette fois, c'était pour ramener sur terre une âme qui se dirigeait surement vers l'enfer lunaire.
Childéric regretta rapidement sa phrase. Il n'aurait pas du le dire. Pas dans la pièce où Anne se trouvait. Pas maintenant. Ce n'était pas à lui de faire ce genre de déclaration, à être le corbeau noir qui propage les mauvaises nouvelles. Sans dire un mot de plus, le géant souleva le corps inerte du blond et sortit dans la nuit noire de Bergerac. Il amena son fardeau à la maréchaussée, dégagea le bureau du maréchal du revers du bras et le déposa. Pas un souffle ne sortait de son nez, de sa bouche. Pas un mouvement. Rien. Aller chercher un médecin ne servirait à rien.
* "Ave Caesar, morituri te salutant" : phrase déclamée par les gladiateurs devant la loge impériale à leur entrée dans l'arène.
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La conversation avait pris un tour des plus banal entre deux personnes qui ne se connaissaient pas jusqu'à ce que Søren comprenne qu'il avait affaire à la fameuse Paquita dont le moustachu de la veille lui avait parlé. Si l'on en croyait l'homme qui se laisse les poils sous le nez avec "du gras de cochon parce que les donzelles adorent ça", Paquita était une sorte de sorcière capable de prodiguer les miracles les plus extraordinaires. Miracle... C'était exactement ce que cherchait le danois. Miracle... S'il avait pris au début sa blessure à la légère, celle-ci commençait désormais à le désespérer. Søren n'était pas du genre à s'apitoyer sur lui-même pour rien. Le visage ravagé par le feu? Pas grave, le temps fera son oeuvre. Les jambes qui ne fonctionnent plus? Pas grave. des blessures à la guerres, il en avait eu tant et tant. Une fois même il s'était retrouvé sur la charriote où l'on entassait les cadavres du champ de bataille pour les brûler ou les enterrer, dépendemment de la dureté du sol. Eh oui, en hiver, quand le sol est gelé, un bon bucher est bien moins fatigant à monter qu'une fosse commune. Cette fois-là, il avait du son salut à un moine qui trouvait que ce corps était suffisamment peu abimé pour lui permettre de le disséquer et avoir la chance d'y trouver des entrailles en parfaite état d'observation.
Malheureusement pour lui, même pour les 2000 écus que le moustachu lui réclamait en guise de salaire, la dite Paquita ne pensait pas être capable de l'exploit qu'il recherchait. L'emplâtre d'argile qu'elle lui proposait à la place lui faisait une belle jambe! Guère intéressant pour un descendant des fils d'Odin à la recherche d'un divin miracle.
Et c'est là que tout à commencé. Le danois s'est d'abord pris la tête entre les mains, comme si une douleur immense traversait sa cervelle de part en part. La caboche est ensuite partie vers l'arrière comme si le blondinet n'arrivait plus à la supporter. Les yeux se sont révulsés. La tête, après avoir roulé et tangué est retombée face vers la table, cognant durement le chêne du meuble. Inquiète, ne sachant ce qu'il lui arrivait, la montpelliéraine, a appelé Childéric à l'aide. Le colosse s'est approché, relevant le danois pour l'examiner. En guise de réponse, c'est l'ensemble du contenu de son dernier repas qui remonta et qui passa en partie au dessus de l'épaule du porteur. Bah! Valait mieux ça plutôt que de s'étouffer avec! Ceci dit, l'heure n'était pas vraiment aux plaisanteries. Sur le pourtour des lèvres danoises, une cerne bleue venait de faire son apparition. Les traits de son visage étaient tirés, son corps totalement dégingandé, mou, sans vie.
La mairesse de Bergerac et Anne firent leur entrée au moment où Childéric allait emporter le corps pour trouver de l'aide. Le corps du danois fut pris de soubresauts. Le colosse le posa sur le sol et l'observa ce qui se passait. Il n'avait guère le temps de jeter des coups d'oeil à droite et à gauche, mais il devenait que la blonde normande devait être angoissée de voir son blond dans cet état. L'heure n'était pas aux explications. Le poul du danois diminuait dangereusement. Childéric dénoua sa chemise afin de lui permettre de respirer sans entrave. La poitrine se soulevait à peine et le bleue autour de ses lèvres prenait une surface de plus en plus importante. Soudain...
- Il ne respire plus.
La phrase semblait être tombée comme une lame tranchante sur un cou offert. Schlaaaaack! Net! Tranchant! Coupant net avec une réalité présente pour projeter l'auditoire dans un futur proche différent. Childéric s'évertua pendant de longs moments à faire repartir le palpitant. Les coups donnés avec ses poings de géant résonnait contre la poitrine danoise. A chaque fois, celui-ci se soulevait mais ce n'était jamais du à la respiration. Il lui fallait un médecin et vite. Un médecin...et un miracle! Cette fois, ce n'était plus pour un bête caprice comme celui de vouloir marcher. Cette fois, c'était pour ramener sur terre une âme qui se dirigeait surement vers l'enfer lunaire.
Childéric regretta rapidement sa phrase. Il n'aurait pas du le dire. Pas dans la pièce où Anne se trouvait. Pas maintenant. Ce n'était pas à lui de faire ce genre de déclaration, à être le corbeau noir qui propage les mauvaises nouvelles. Sans dire un mot de plus, le géant souleva le corps inerte du blond et sortit dans la nuit noire de Bergerac. Il amena son fardeau à la maréchaussée, dégagea le bureau du maréchal du revers du bras et le déposa. Pas un souffle ne sortait de son nez, de sa bouche. Pas un mouvement. Rien. Aller chercher un médecin ne servirait à rien.
* "Ave Caesar, morituri te salutant" : phrase déclamée par les gladiateurs devant la loge impériale à leur entrée dans l'arène.
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