Tout avait commencé par une rencontre fortuite dans une taverne de Bretagne. Une proposition qui venait à point nommé. Voulaient-ils faire partie de la compagnie de la comtesse de Surgères, qui avait besoin dun lieutenant et dune dame de compagnie, si possible forte et rompue aux armes? Ils avaient accepté aussitôt. La veille, ils avaient discuté. Exael avait commencé à se morfondre, se demandant de quoi serait fait son avenir. Il venait de démissionner de lOst Poitevin, qui, au lieu de lui offrir laventure attendue, ne lui avait apporté que des veilles sur les remparts et des missions dapprovisionnement en bois. Ni lui, ni Kem, nétaient doués pour la sédentarité. Oane leur avait confirmé que lOst de toute façon noeuvrait quen défense, et que sils souhaitaient combattre et défendre une noble cause, il leur faudrait suivre un noble appelé à la bataille. Pas de salaire, juste la promesse de voir du pays, de sa battre à loccasion, faire quelque chose dutile. Le hasard faisait bien les choses, leur servait sur un plateau dargent LA proposition, comme si elle avait été faite à leur mesures, leurs attentes, avec pour salaire laventure et le voyage! Tous les deux étaient forts et bien entraînés aux armes, cétait parfait...
Et depuis, ils suivaient Oane de Surgères et apprenaient à la connaître. A lépoque de la proposition, elle devait se marier avec le jeune Naoned, fils de Lemerco, un duc de Bretagne. Le duché où avait habité Kem le temps de son cours mariage, et qui expliquait leur présence dans ce duché maudit. Elle déménageait le reste de ses affaires, pour vivre en Poitou avec celui quelle navait jamais cessé daimer et quelle avait retrouvé, Exael. Mais finalement, en discutant au coin du feu, un soir, elle avait appris que la pucelle avait renoncé à ces noces avec le jeunot. Il fut un temps où Oane avait aimé un homme sans retour, et sétait promis de ne plus jamais mettre les pieds en Périgord. Sauf que sur la route de Guyenne, elle reçut un courrier par pigeon voyageur. Un courrier qui lui donnait la seule raison de remettre les pieds à Sarlat...
Kem pouvait comprendre sa peine. Elle même avait cru perdre Exael, avant de le retrouver. Elle avait cru quune part delle même était morte durant cette période.De désespoir, elle sétait mariée, avait eu un enfant, elle avait essayé de trouver une raison de vivre. Lorsque son Amour revint à lui même, elle comprit son erreur, et mit fin à ce mariage malheureux. Depuis, ils ne se quittaient plus et elle portait même son enfant.
Mais Oane linquiétait. Elle lui avait confié entendre des voix. Bon, ça, Kem pouvait le comprendre, lors de ses méditations, elle avait accès à une autre forme de conscience, qui passait pour folie et hérétisme aux yeux de certains bigots. La seule raison pour laquelle elle avait accepté de se faire baptiser, cétait parce que la mère Feuilllle lui avait dit que sa philosophie de vie était proche de laristotélisme. Il suffisait de placer Dieu au dessus de tout... Kem provoquait ses visions, en méditant, tandis quOane parlait parfois seule à voix basse, se lèvait la nuit, et déambulait... Poussant sa garde rapprochée à la surveiller de près, pour sa sécurité. Exael nosait pas trop en parler ouvertement, mais ce comportement lintriguait et linquiétait. Il en comprenait pas tout ce quelle disait.
La veille, elle avait donné lordre de chevaucher à bride abattue vers Sarlat, sans pause, poussant les montures à leurs limites, jusquà ce lieu quelle avait pourtant juré déviter, comme mue par une force irrésistible. Kem entendait certains murmurer, sinterroger sur sa santé mentale... Elle avait donc médité, essayant de comprendre. Méditer lui permettrait de comprendre, et ce quelle découvrit la stupéfia...
La jeune femme médita, pur esprit, elle observait le campement. Exa, figuré par un renard, elle même par une louve, endormis. Oane sagitait dans son sommeil. Une femme frêle et au sourire doux penché sur elle. Elle ne faisait pas partie de la compagnie... Elle releva la tête, savait quelle était observée par Kem, à qui elle sourit, dune sourire doux et bienveillant, avant de se fondre avec Oane. Qui était enveloppée dune aura rayonnante... Qui était-elle?
La jeune femme ouvrit les yeux, au moment même où la comtesse, somnambule, se leva, et se dirigea vers les chevaux, comme si elle voulait chevaucher immédiatement. En pleine nuit? Folie! Kem se leva en sursaut, la rejoignit et la réveilla. Tout ce quelle compris des marmonnements dOane, cétait quelque chose comme « le temps manque, nous devons aller plus vite encore...». Kem avait réussi à la ramener à sa couche, et veilla sur elle le reste de la nuit. Elle se doutait de ce qui se passait, mais elle ne pourrait en parler ni lexpliquer à personne... Exael ne comprendrait pas. Elle murmura à la comtesse:
on y arrivera à temps, je vous en fait la promesse.
Cependant, laube sannonçait à peine quelle ouvrit les yeux aussitôt, une étrange lueur les éclairant. Une résolution mûre et quelle devinait impossible à occulter. Oane réveilla toute la compagnie, réussit à les galvaniser pour que le départ se fasse au plus vite, et ne perdre aucune minute... Exael interrogea Kem du regard, qui se contenta dhocher la tête. Il fallait suivre et ne pas se poser de questions...
Ils arrivèrent à Sarlat, où ils firent sensation, déboulant à toute vitesse dans les rues avec leurs chevaux. Oane se ralentit même pas, mue par un sentiment durgence croissant. Tandis que la compagnie hésitait à mettait pied à terre, elle vit la comtesse entrer à cheval dans le lieu saint... Et ils suivirent, tous. Oane était comme flamboyante, enveloppée dune aura extraordinaire, et sa voix tonna, imposante. Ils ne pouvaient que suivre.
Citation:
Qui ose prétendre spolier Soren MacFadyen Eriksen de ses dernières volontés ?
Si Soren MacFadyen Eriksen a pris la peine décrire ses dernières volontés sur du vélin et de réclamer cérémonie icelieu, ce nest certes poinct pour que quiconque profite de sa mort pour lui passer sur le corps !
De son vivant, jamais vous nauriez pu lui imposer une autre volonté que la sienne
jamais !
Et je veillerai à ce quil en soit ainsi dans la mort
Soren MacFadyen Eriksen mourra comme il a vécu : inflexible fier et droit !
Kem, montée sur Tsuki, sa jument bai, la main sur son épée et habillée de maille sous sa houppelande, laissa son regard si particulier, ses yeux bridés noirs, parcourir lassemblée, essayant de deviner QUI oserait répondre à Oane... Elle se fit apostropher rapidement par un blond. Kem ne compris pas tout, mais ne se mépris pas sur l'hostilité et le mépris. Elle resserra la prise sur son épée, rajusta son assiette sur sa jument en un curieux bruit métallique. Elle pria pour ne pas arriver à une telle extrémité, vu son état. Mais elle avait confiance en Oane et releva fièrement le menton.