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[RP fermé] Appétences de Brun(s)

--Dacien2
Cette nuit-là fut courte. Enfin même courte était un grand mot. Le Narcissique n’avait pas dormi. D’abord, quelques clients à occuper pour quelques heures. Cela, c’était facile. Dacien avait l’habitude. Mais, ce qui l’avait taraudé toute la soirée au point de ne pas s’intéresser plus que ça à ses victimes d’un soir, était la réaction du barman à son encontre. Des plus curieuses puisque chaque question posée amenait toujours à une autre question de sa part et ramenait toujours à la même personne aussi. Alphonse. A croire qu’il avait le grappin sur tout le monde celui-là. D’ailleurs, le Brun aurait pu en être presque jaloux.

Oui, jaloux de cette infime attache qu’il percevait lorsqu’il observait Adryan. Le barman avait la fâcheuse tendance à esquiver toute curiosité de l’Arrogant, ce qui le mettait farouchement en colère. Son envie maladive de savoir ce qui pouvait se tramer entre ces deux bruns lui résonnait dans la caboche comme lorsque l’on vous répète inlassablement que vous avez tord ou que vous en devriez pas vous en mêler. Le Nobliau pouvait penser ce qu’il voulait mais le Fier savait qu’il n’avait pas tord. D’ailleurs, il voulait en avoir le cœur net et de toute façon, il l’avait spécifié au barman.

Passant par la porte de derrière la Maison Haute, le voilà qui traversa la cour pour se rendre au bureau du Comptable. Il observa furtivement la seule silhouette présente du Flamand et se retrouva devant la porte de la pièce. Prenant une grand inspiration pour paraitre calme face à son patron, il ouvrit le battant pour le faire claquer derrière lui. Son pas était lourd en se déplaçant jusqu’au fauteuil se trouvant devant son interlocuteur. Dacien prit place dans le siège de cuir et d’un air froid, livide et tellement emplie de rage, un ton sec retentit dans la pièce.


C’est quoi ce bordel?

Le minois complètement fermé pour éviter toute grimace déplacée, il affronta le regard de Alphonse sans aucune retenue.

Alphonse_tabouret
Ce qu’Alphonse aimait tant chez Dacien c’est qu’on lisait sur son visage comme dans un livre ouvert. L’Arrogant avait beau chercher à rester impassible, à se donner des airs, à restreindre autant que possible ses doutes sous sa jolie tête, rien n’y faisait. Dès que la première perle de l’agacement venait se lover dans le noir de ‘l’œil, elle gangrenait immuablement tout le reste du regard et laissait le visage en demi-teinte, mi câlin, mi colère.
A cet instant ci, le courtisan avait beau afficher toute le maintien d’un visage qui se voulait calme, il n’en demeurait pas moins un bouillonnement interne qui secoua le chat tout du long de l’échine, observant l’air de rien, d’un coup d’œil, la silhouette nerveuse de Dacien prendre place dans le fauteuil sans plus de préambule

C’est quoi ce bordel?

Alphonse ignorait tout des manigances du jeune homme et de sa curiosité grandissante à l’encontre du parasite, mais il était facile d’assembler quelques pièces sans trop de difficulté. S’il se tenait là et s’adresser à lui, c’est que le comptable était censé etre au courant de quelque chose qui ne cessait de démanger jusqu’aux mains, crispées sur les accoudoirs du fauteuil.
Evitant de mettre le nez autant que possible dans les affaires de la Maison Haute, c’était donc forcément en rapport avec la Maison Basse, ou peut être attenant aux deux… L’idée rapide qu’il s'agisse de la contribution de Cersei à l’arnaque qu’ils mettaient sur pied pour d’Ambroise l’effleura mais il la rejeta… l’hispanique n’avait même pas à se servir de ses charmes pour arriver au bout de sa tache sur place et Alphonse avait du mal à croire que Dacien soit inquiet quand on savait que la catin serait au prise avec un évêque qui n’était plus spécialement de première fraicheur.
Sentant qu’il n’était pas loin de comprendre sans pourtant pouvoir saisir dans l’immédiat ce qui agitait le jeune homme en face de lui, le chat, nonchalant, resta les onyx vissés à ses chiffres, et répondit, sur le ton de la conversation, sans encore choisir de délaisser complètement le carnet de comtes sous son nez


-Ce bordel s’appelle l’Aphrodite, commença Alphonse. Je pensais t'en avoir informé... Le visage gracieux du chat fut enfin relevé, narquois jusque dans l’air faussement courtois qu’il savait proposer à la mauvais humeur légendaire du courtisan. Taquiner Dacien était presque aussi jouissif que le posséder à la faveur d’une étreinte et certains plaisirs ne se refusaient pas. As-tu besoin de savoir autre chose ?
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--Dacien2
Je ne te parle pas de ça!

Oui, il était clair qu’il était en rogne. Ses phalanges se crispaient sur les accoudoirs du fauteuil pour ensuite apposer une main sur l’une de ses cuisses et l’autre arrivant sur sa joue pour maintenir sa bouille et le coude se mettant en place sur l’accoudoir pour prendre appui et maintenir le tout comme il se devait.
D’une humeur maussade, excentrique comme bien souvent quand un grain de sable venait enrayer la machine de son existence.


Oui!

Une dextre s’étendit en voyant la patte du Flamand posé sur le bureau. Cette même main qu’il avait vu la veille avec, comme il s’en souvenait, cette pierre rouge qui trônait au niveau de l’un de ses doigts.

Ne serait-ce pas à celui qui s’occupe du bar?

Un mouvement du menton. Les émeraudes de glace et des lèvres qui se pinçaient. Les attraits du Comptable venaient lui souffler la taquinerie qu’il mettait en place envers le Narcissique. Chose qu’il avait bien du mal à supporter aussi. Dacien savait que s’il en disait trop, Alphonse comprendrait de suite le petit manège. Si pas assez, il n’aurait pas sa soif apaisée et serait encore plus frustré de surcroit. Il fallait trouver le juste milieu. Pas évident pour un homme qui passait de la douceur d’un ange à la rage d’un démon.

Comment cela se faisse que tu puisses brandir sa chevalière?

Levant un sourcil.

Et pourquoi? En quel honneur?

A défaut de cacher sa jalousie naissante, il savait qu’en son patron, il pouvait avoir confiance. Ce n’était pas le genre à crier sur les toits ce qui se passait dans les murs de l’Aphrodite. Le visage du Flamand semblait se complaire dans ce curieux questionnaire.

Et ne commences pas à tirer des conclusions hâtives!

Pour cela, il était très fort. Là où vous ne posiez pas de mots, il les devinait tout seul.

Alphonse_tabouret
Je ne te parle pas de ça!

Le sourire du comptable s’étira, satisfait, en prenant de plein fouet la première remarque du courtisan, en retenant savamment la ligne pour qu’elle ne découvre pas à quel point cette discussion inattendue ravissait son appétit. Alphonse allait mieux, nettement mieux, et s’il conservait des manies propres à ses blessures, entravant sa route de ses propres embuches, il avait retrouvé cette insolence légère et salvatrice qui le poussait à mordre sans avoir envie de faire couler la bile. L’innocence cruelle du chat refaisait surface et trouvait dans la moue du courtisan l’envie d’exulter, la dissimulant dans un air à la fois entendu et affable proprement exaspérant

Oui!
Ne serait-ce pas à celui qui s’occupe du bar?
Les onyx suivirent la main accusatrice du jeune homme jusqu’à la chevalière qu’il portait au doigt, fardeau qu’il s’autorisait au creux de l’empoignade territoriale qu’il avait avec son parasite uniquement parce que l’enlever serait revenu à avouer qu’elle lui brulait le doigt. Comment cela se faisse que tu puisses brandir sa chevalière? L’agacement suintait à chaque mouvement retenu de Dacien, presque touchant dans sa tentative désespérée de se contenir car Alphonse venait enfin de comprendre, et la nouvelle était si suave que ce que vivait à l’instant le courtisan n’était rien dans l’enfer qu’entrapercevait le comptable. Dacien était jaloux… La nouvelle menaça de lui arracher un rire narquois, fantomatique, mais il le noua à sa gorge, se contentant d’effiler le sourire. Et pourquoi? En quel honneur? L’alchimie de la chair entre les deux hommes avait toujours fonctionné à merveille mais s’était assagie pour laisser place à une sorte de camaraderie bonne enfant, et si les dérapages existaient toujours, les occasions s’étaient espacées et les soirées avaient eu tendance à s’allonger dans des discussions plutôt que les étreintes. Et ne commences pas à tirer des conclusions hâtives!

-Évidemment, lui assura le comptable s’offrant le luxe d’une sincérité terrible, car ses déductions n’étaient en rien avancées, jouant de la chevalière à son doigt, sachant le regard du brun rivés dessus. La soirée où le bijou était réapparu à l’Aphrodite avait sonné le réelle curée des hostilités entre les deux hommes et s’il aurait pu taire l’essentiel pour ne garder que la substance qui intéressait Dacien, il se répudiait à ébruiter les secrets des autres, même de son parasite. Le tout était de ne point mentir sans pour autant se refuser à égratigner un peu plus le minois de Dacien d’une de ses moues qui lui allaient si bien. Et bien, Adryan me l’a passée au doigt il y a quelques semaines désormaiscommença-t-il en faisant mine de sortir d’une réflexion pensive, léger, innocent, comme s’il répondait bien volontiers aux interrogations qui lui étaient soumises, sans se départir de la pureté de la vérité , car s’il n’avait tenu qu’au chat, elle aurait retrouvé son propriétaire pour cesser de lui rappeler qu’il n’avait pas pu se résigner à la laisser au créancier des Castillons. J’ai, m’a-t-il dit, un an devant moi avant de la lui rendre… Une autre vérité, joliment biaisée pour n’être point contredite par les faits… Alphonse porta un regard volontairement interrogateur sur Dacien, lui confiant, angélique, la lueur de l’espièglerie s’agitant à la commissure de ses lèvres : Parfois je me demande si ça n’était pas une demande de fiançailles maladroite, tu sais… mais, je ne voudrais pas tirer de conclusions hâtives répéta-t-il, tendrement agaçant, souriant de plus belle.
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--Dacien2
Au fil des jours qui s’écoulaient, leurs étreintes de venaient un peu moins exaltantes que les premières. Il était vrai que Alphonse était attirant. Peut-être bien le plus attirant des hommes qu’il avait pu croisé jusque là. Cependant, Adryan, longue chevelure brune qu’il laissait flotter dans l’air du vent, avec ses yeux grisâtres froid et empli d’une lividité intrigante face à tout contexte ne le laissait guère indifférent. Ses traits de visage fins, à la limite androgyne laissait croître en vous cette manière de vous attirer pour admirer cette bouille angélique et vous donner l’envie d’en croquer un bout.

Jamais, le Narcissique n’avait éprouvé pareille gêne de parler d’un collègue de cette façon et jamais, il ne s’était autant attardé sur l’existence de quelqu’un. Que ce soit un compatriote de boulot ou un client. Pourtant, les premiers regards envers le Nobliau n’étaient aimants. La vue de son minois le rebutaient au plus haut point mais en le découvrant au fil du temps et en essayant de passer outre son faciès efféminé, il prenait le temps de la découverte en s’envahissant de la plus grande torpeur. Tomber amoureux. Fatalement, cela venait de lui tomber dessus sans crier gare. Et, si Alphonse possédait cette chevalière, cela lui tordait les tripes à chaque fois qu’il y pensait.

Passer du temps à batifoler avec le Tabouret n’était qu’un jeu auquel il s’adonnait pour sa plus grande fierté. Dacien ne criait pas sur tous les toits que de temps en temps, il s’envoyait en l’air avec le Patron. Avant qu’il n’arrive à l’Aphrodite, il avait oublié ce goût imperfectible que lui donnait l’homme dans toute sa splendeur de mâle et qui lui apportait cette envie d’en avoir encore lorsqu’il le désirait. Si le Comptable lui avait redonné cette élégance de se laisser convoiter et manger par n’importe quel quidam, il ne gardait que le meilleur pour le Brun barman de ce Bordel. Et plus les jours passaient, et plus l’emprise que Adryan possédait sur l’Arrogant se multipliait. Et lorsque le Flamand lui annonça que le Nobliau lui avait glissé l’anneau il y avait quelques semaines, le Brun eut un sursaut. Son estomac se mit à tournoyer en tout sens comme si l’on venait de lui déclarer la mort d’une personne proche. Un levé de sourcil. Un an pour la lui rendre. Qu’est-ce que cela voulait dire…..


Lui redonner après le gage?

Une telle durée ne pouvait rien dire d’autre que cela devait être en échange de quelque chose.

Aurais-tu fais quelque chose pour qu’il te la laisse en contrepartie?

Dacien était loin d’être bête. De temps à autre, il se servait de ce qu’il avait dans sa caboche pour réfléchir un peu. Ses mains se posèrent chacune sur un genou en les faisant glisser sur ses jambes de nervosité. Sa mâchoire se crispa violemment. Si le Comptable voulait émulsionner son intérieur, il avait réussi.

Tu m’en diras tant!

Une commissure qui s’étira fébrilement.

On ne peut rester de marbre face à un tel homme.

Ahh ben là, Alphonse allait s’en mettre pleins les fouilles. Dacien venait de trop en dire. Mais trop tard, il ne pouvait revenir sur ses paroles.

Pour dire cela, c’est que Adryan t’a causé. Même à demi-mots, il a du t’en parler. Alors?

Posant ses coudes sur ses genoux pour ramener son minois plus près de son jouet.

Est-ce la femme qu’il l’a laissé sur le carreau ou lui qui a préféré mettre un terme à quelque chose dont il n’aurait pu supporter la suite…..

--Adryan
Le pas long, pressé, un dernier courrier pour la commande Sauternes entre les mains, le Castillon se dirigeait vers le bureau du comptable. Une signature de la main du Flamand, ou même mieux un simple paraphe pour écourter l’entrevue, et l’affaire serait enfin réglée

Depuis que les deux hommes s’étaient réveillés en sursaut à moitié nus, à moitié enlacés, sur le tapis du bureau, des souvenirs cauchemardesques par trop de miel planant vaguement entre leurs tempes, chaque mot qu’ils échangeaient était empli d’une acidité encore plus corrosive. Irritation encore aiguillonnée par l’instinctive compréhension qu’ils partageaient dès lors qu’ils travaillaient.

Aussi, tout en arpentant le couloir, Adryan répétait mentalement son plan d’action :

1: Frapper à la porte.
2: Attendre la réponse.
3: Entrer dans le bureau.
4: Regarder ses bottes en avançant.
5: Poser le courrier sur le bureau
6: Dire : « il me faut votre signature pour entériner le contrat avec Rieussec. Tout est parfaitement en ordre ».
7: Ne surtout pas oublier le « parfaitement ».
8: Attendre que la plume crisse sur le vélin sans lâcher ses bottes du regard.
9: Reprendre le feuillet.
10: Sortir.

En option : Lâcher un merci en refermant la porte.

Tout était parfaitement au point et tout aurait dû se passer ainsi, si, devant la porte, il n’avait entendu des brides de conversation. Le plan parfait était fichu, et il grogna intérieurement.

« … à demi-mots …. t’en parler… la femme …. laissé sur le carreau ... préféré mettre un terme … pu supporter la suite… »

La voix de Dacien. A n’en pas douter, le Castillon avait le chic pour tomber au mauvais endroit au mauvais moment, surtout quand il s’agissait de ces deux là. Il allait tourner les talons, mais pourtant restait titillé par ce qu’il avait cru entendre. Les deux hommes discutaient-ils du meurtre d’une femme ? Le laissant en dehors du coup ? Une onde révoltée le traversa à cette idée et sans bruit, il tendit l’oreille.
Alphonse_tabouret
La souris frémit de toute sa moustache tandis qu’il égrenait les faits, saisissant le chat d’une joie de plus en plus légère, presqu’attendri par la facilité déconcertante avec laquelle on pouvait pousser Dacien à dévoiler tout son jeu.

Lui redonner après le gage?
Aurais-tu fais quelque chose pour qu’il te la laisse en contrepartie?
Alphonse délaissa enfin la chevalière de son jeu de doigts pour poser ses onyx pleinement sur le courtisan, sentant venir un agacement qu’il ne maitrisait plus, un flot que la crispation de ses mains sur les accoudoirs n’entreverrait pas longtemps…Tu m’en diras tant! …On ne peut rester de marbre face à un tel homme.

Le sourire gagna tout le visage du brun, jusqu’à montrer la pointe de ses crocs, répondant à la crainte de Dacien sans aucune erreur possible. Oh oui, la nouvelle était délectable, oh oui elle avait la saveur du non-dit qui se crevait, lardé malgré lui d’une impatience trop fougueuse et le comptable, fasciné de voir la vie se peindre ainsi sur le visage des autres, ne put s’empêcher de remercier les années de torture qui l’avait mené à l’impassibilité la plus courtoise dès lors qu’il se sentait menacé.

Pour dire cela, c’est que Adryan t’a causé. Même à demi-mots, il a du t’en parler. Alors?
Est-ce la femme qu’il l’a laissé sur le carreau ou lui qui a préféré mettre un terme à quelque chose dont il n’aurait pu supporter la suite….


-Adryan ne me parle jamais à demi-mots
, répondit le comptable d’une voix comme enorgueillie de ce fait, cachant dans la pointe agaçante de son sourire, un brusque écrasement des tempes en repensant à la violence du baiser qui l’avait amené à souhaiter la mise à mort immédiate du duelliste dans l’explosion de ses barrières, et la nausée monta, temporaire, au ventre qui fourmilla en ressentant un instant sa bouche pleine du vice et ses cheveux empoignés par le barman. Là encore, la vérité était altérée sans être ébréchée, car les demis mots entre le Castillon et lui dès qu’ils avaient été forcés de s’adresser la parole, avaient toujours eu le gout amer d’une lecture claire, bien plus efficace que n’importe quelle palabre. A vivre avec son parasite, ils en avaient développé un série d’attitudes, de poses, de reflexes qu’ils lisaient l’un comme l’autre, si bien que dans les cadres de ces murs, le silence lui aussi était devenu un langage. Pour être honnête, nous parlons peu Rien de plus vrai et de plus simple, mais il suffisait d’alanguir le sourire un brin pour que cela prête à confusion et ne laisse imaginer à Dacien ce que l’on pouvait bien faire quand on ne parlait pas. Et si ce n’est pas par amour… Il fit naitre et exagéra une moue déçue sur ses lèvres avant de poursuivre, fataliste satisfait tout de même :… j’imagine qu’il me laisse car il a assez confiance en moi pour la lui garder… Et Adryan avait raison… Pour d’autres motifs évidemment qu’une saine et franche camaraderie entre eux mais, jamais le comptable ne trahirait le pacte tracé ce soir-là entre le nobliau et lui, aucunement respectueux de l’adversaire car bien plus immature que le nobliau dans le jeu cruel qu’ils avaient entamé, refusant d’estimer le Castillon parce qu’ il se maudissait de trouver ses lèvres délicieuses, jouant dans sa loyauté une autre façon de ne pas donner une quelconque satisfaction au barman à ne pas tenir ses engagements. Adryan n’aurait qu’une seule raison de le détester et ce serait sa faute seule, intégrale, punitive : ses propres démons…. ou qu’il trouve que je la porte mieux qu’une autre, lâcha finalement le comptable en s’adossant à son fauteuil, dans une attitude doucement avachie, retenant un ricanement. Je crois l’avoir entendu me dire une fois que…

Les mots d’Adryan lui revinrent dans un flash, étrangement difformes, pâteux, l’immergeant un instant dans cette sensation de sourire béat et d’oubli, qui le tétanisa une fraction de seconde.
Toi aussi tu es beau tu sais ! Puis Dacien aussi, mais moins. Moins que toi, parce que toi, tu as des fesses à damner un saint…
Adryan avait vraiment il pu dire ça ?...
Et ce rire qu’il entendait ricocher, mollement, enrobé d’une douceur complice, et qui lui secouait presque encore le ventre… Avait-il pu rire de ça ?... Savait-il rire comme ça ?


Émergeant brutalement, comme secoué d’un réflexe du tréfonds de l’âme, le comptable prit le temps d’une respiration avant de reprendre, choisissant de balayer ses propos d’une main, quand il déviait légitimement le sujet au plus vite pour retrouver un semblant de maitrise.

-Je n’aurais pas cru qu’un homme pareil te plairait. Il maitrisa son sourire jusqu’à l‘épanouir joliment sur son visage. A portée de main, tout le loisir d’enchainer le Castillon ad vitam aeternam à ses démons en lui lâchant Dacien sur le dos. Il risque d’être difficile à saisir tu sais… je me trompe peut être mais je ne suis pas sûr qu’il soit homme à se mettre à genoux, fit-il dans un sourire délicat d’un sous-entendu, choisissant, sans bien comprendre pourquoi, d’épargner le parasite d’une rumeur qui aurait pu enfler jusqu’à le déborder. Égoïste le chat, à vouloir garder son jouet pour lui seul ? ... Ou s’arrangeant encore une fois de cette demi-vérité par fair play, respectueux du secret, de la croix, du joug de chacun, s’il ne l’était pas de l’homme, rejetant la pensée pour l'heure, se promettant d'y songer une autre fois.
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--Dacien2
Le Courtisan ne pouvait farder son émoi bien longtemps devant le Comptable. Une facilité déconcertante à lui extirper le plus infime sourire de clarté, une adresse envoûtante pour lui dérober les expressions de visage et une aptitude à déceler ce que le Brun mettait en retrait depuis quelques temps. Dacien se prenait d’avidité ignoble lorsqu’il désirait approfondir ses connaissances sur quelques collègues. Il aurait pu demander où était la Sulfureuse, ce que fabriquait Axelle à trainer ici, ce que buvait Eve la plupart du temps mais non. Lui ce qu’il voulait savoir était tout bonnement ce lien qui se mettait en place entre les deux hommes.

Le rictus que Alphonse déploya en laissant le blanc de ses incisives apparaitre lui figèrent les rétines. Voilà qu’il devait se complaire dans cette aveu sans vraiment en être un. De sentir son patron avec une joie certaine de se délecter de ce genre de révélation lui apporta ce frisson dans le dos, comme une haine de s’être trahi avec tant de sincérité dans chaque parole et un peu trop de considération pour un étéro fermé et relativement froid. L’erreur était faite. Devant les autres employés, il arrivait à faire semblant. En face du Flamand, cela était plus délicat. Ses onyx n’attiraient en vous que la vérité, le pourquoi vous veniez le voir et le plus vite était le mieux dans la mesure du possible.


Adryan ne me parle jamais à demi-mots…Et ce qu’il pensait venait de se confirmer. Alphonse savait attiser cette franchise qu’il tenait de mettre en retrait pour ne pas faillir. Le barman non plus ne pouvait rester froid et fermé comme il le faisait avec les autres. En même temps, le Tabouret était le patron. Si l’on ne pouvait se confier à lui, à qui aurait-il pu défaire cet appétit pour le Nobliau.

Pour être honnête, nous parlons peu…Ses pupilles se dilatèrent à ces quelques mots. Comment ça parler peu….Ses dextres se reposèrent sur les cuisses de manières abruptes et son dos s’appuya sur le cuir du fauteuil dans le fond. Ses yeux se plissèrent pour écouter attentivement le reste de ce qui allait défiler de la bouche même du Flamand. Et si ce n’est pas par amour, j’imagine qu’il me la laisse car il a assez confiance en moi pour la lui garder ou qu’il trouve que je la porte mieux qu’une autre. Peut-être bien oui…Ou pas. La première partie de réponse était plausible, pas la deuxième. Dacien n’y croyait pas une seule seconde. Cependant, Alphonse savait noyer le plus gros poisson au fond de l’eau pour en faire surgir un autre un peu plus petit mais avec une telle importance que le Narcissique n’eut pas d’autre choix que de s’y attarder. Je crois l’avoir entendu me dire une fois que…Le Brun leva un sourcil. Son faciès bascula sur le côté pour observer son interlocuteur et remarquer que ses onyx venaient de se perdre dans ce qui était éventuellement un rappel de mémoire. Ses rétines divaguaient bien seules. Certainement qu’il pousserait le bouchon un peu trop loin mais la curiosité était bien trop grande à ce moment-là. Il fallait dire aussi que le Patron venait de trop en dire…Son retour à la réalité fut cynique. Une fine balaya d’un revers l’air pour passer au sujet suivant. Cela devait l’intéresser un brin pour qu’il puisse en déduire ce qui était indéniable.

Je n’aurais jamais cru qu’un homme pareil te plairait. Inspiration-expiration. Il fallait reprendre le contrôle de soi. Son minois refléta cet attrait de perdition d’émoi pour ne laisser apparaitre que ce glacé dont il aimait s’enticher bien souvent. Le fameux sourire en coin de jeu à proprement parlé pour dissimuler du mieux possible que c’était CET homme et pas un autre qui l’attirait. Tous les hommes me plaisent, t’es bien placé pour le savoir….Vrai. Alphonse avait ce minois trompe l’œil qui attisait largement l’envie de le goûter pour quelques heures…..Mais Adryan a un drôle de comportement…pas faux non plus. A un moment, il suintait le mépris et l’inconfort de discuter avec lui et à un autre, presque le contraire….Hier soir, j’ai bien vu comment il te fusillait presque de ses grises…..La veille, alors qu’ils étaient en train de….Se chercher des poux, dirons-nous, la face du Brun Nobliau changea du tout au tout lorsque le Tabouret arriva dans le salon de la Maison Haute. Et j’ai remarqué cela depuis la fois où il a déboulé dans ton bureau complètement ivre pour soi-disant faire les comptes.

Dacien se rappelait de cette nuit mais, surtout du lendemain comme si cela était hier. Alors que Alphonse et lui commençaient chaudement à se convoiter, Adryan avait débarqué sans crier gare. Et l’excuse de comparer les dépenses et les recettes du Bordel lui avait parut saugrenu. Ce soir-là, tout l’Aphrodite était bourré. Pourtant, le lendemain, lorsque Dacien le questionna sur ces fameux comptes, l’esprit de l’Androgyne paraissait embrumé. L’Arrogant du spécifier qu’il parlait des chiffres sauf que l’hésitation du gardien de comptoir lui apporta suspicion. Non, il ne lui fallait pas grand-chose pour que son imagination soit fertile comme lui avait rétorqué Adryan. Pourtant, Dacien savait qu’il était près du but. Quelque chose de pas très net se tramait là-dessous. Comme cela qu’il osa.

Lui aurais-tu voler un plaisir non partagé?

Autrement dit, lui aurait-il goûter les lèvres. Mais, pas besoin de lui faire un dessin, Alphonse aurait bien compris. A moins que…..Il risque d’être dur à saisir tu sais…je me trompe peut-être mais je ne suis pas sûr qu’il soit homme à se mettre à genoux. Le Fier haussa les épaules. Le peut-être utilisé émana de la réflexion dans son esprit. Ne rien dire pour l’heure plus qu’il ne le voulait, il valait mieux. Dacien ne relèverait pas la fébrilité de ses quelques mots mais il essaierai de démentir la réalité que le Comptable venait de lui faire comprendre. Et? Faisant des jades intriguées. Je ne vois pas le rapport. Etirement de commissures. Tu veux que je le saisisse pour lui faire quoi? Mmhh? Oui, lui aussi essayait de noyer le poisson. Si je pouvais juste bavarder avec lui comme deux personnes le font normalement et pas à chercher de contourner le sujet premier, des fois, ce ne serait pas trop mal. Serrement de mâchoires. Dès que je prononce ton nom, il se ferme comme une huitre. Cela devient…..Une commissure qui s’étire…agaçant.

Dacien revenait sur cette petite phrase qui avait laissé une petite faille passée. Léger rictus en coin et regard éveillé face à cette petite perte de maitrise du Flamand. Bien la première fois qu’il l’avait vu ainsi et il n’allait pas gâcher son plaisir de le revoir encore.

L’entendre te dire que? Tendant l’oreille pour en ouïr plus. Aller…..Ne te fais pas prier pour terminer ce que tu allais me révéler. Depuis le temps qu’il essayait de comprendre Adryan, le Brun venait de saisir qu’entre ces deux bruns, une sorte d’animosité complice se mettait entre eux. Cela le dérangeait. Cela l’énervait. Cela le laissait penser que, peut-être oui, peut-être, comme il y songeait souvent, Alphonse avait encore fait une victime et que le barman avait succombé à ce charmant et charmeur de Comptable.

--Adryan
S’il avait cru les deux bruns en pleine manigance meurtrière, bien vite, il comprit à quel point il s’était fourvoyé. Quoique…

« Adryan… Je n’aurais pas cru qu’un homme pareil te plairait»


Son prénom, son propre prénom soudain si proche et tellement étranger quand d’autres l’articulaient sans que lui ne sache de quoi il en retournait. Et de toute évidence, il aurait mieux valu pour chacun des trois bruns que jamais il ne le sache.

A chaque mot entendu, sa bouche s’ouvrait davantage, incrédule. Si lui aussi, intrigué d’un soir, avait voulu des réponses pour expliquer la curiosité de plus en plus accaparante de Dacien, en cet instant là, il aurait préféré rester ignorant de tout.

Le Castillon refusait encore son attirance pour les hommes, cette pulsion qui l’animait au point de le détourner de la plupart des femmes. Il refoulait cette jouissance incontrôlable dès lors qu’il s’agissait de mains, de lèvres, de voix, de ventres d’hommes quand l’extase était exception au creux des reins d’une femme. Comment donc, déjà tenaillé par la culpabilité suffocante de cette déviance toute charnelle, pouvait-il accepter, ne serait-ce même qu’envisager, que des élans autres qu’une passagère pulsion puissent en outre s’y enchevêtrer ? C’était mille fois plus que son esprit déjà suffisamment torturé ne pouvait intégrer.

Devant ses yeux assombris, la porte du bureau ricanait, sardonique et grimaçante. La porte des enfers s’alanguissait dans toute sa splendeur affreuse de concupiscence sacrilège sous son regard.

Sa déroute fut telle qu’il ne put que reculer d’un pas pour échapper à l’incendie des paroles duplices. Tout autant que les demi-aveux de Dacien, l’habileté d’Alphonse à jouer sur le fil de la vérité pour ne rien divulguer l’égratignait, ne pouvant malgré lui qu’apprécier cette loyauté, quelque en soient les raisons.

Refusant d’en entendre davantage et choisissant d’occulter cette conversation dérobée, dédaignant la trahison du battement de ses bottes sur le plancher, mâchoires crispées et pas décidé, il regagna son bar, ébranlé.
Alphonse_tabouret
Tous les hommes me plaisent, t’es bien placé pour le savoir …..Mais Adryan a un drôle de comportement… ….Hier soir, j’ai bien vu comment il te fusillait presque de ses grises….. Et j’ai remarqué cela depuis la fois où il a déboulé dans ton bureau complètement ivre pour soi-disant faire les comptes.
Lui aurais-tu voler un plaisir non partagé?


Si seulement cette soirée-là pouvait se dissoudre jusqu’à ne plus exister, songea fugitivement le flamand le cœur au bord des lèvres en revivant une seconde l’excitation brutale qui s’était emparée d’eux et avait poussé la cruauté et l’abandon jusqu’à les mêler dans une déviance complice. Les mots coulaient rapides, aux lèvres courtisanes, confirmant l’appât de bonne qualité lancé du chasseur à la proie, ferrant Dacien à chacun d’eux en enfonçant l’hameçon à la chair jusqu’à ce que le jeune homme ne le surprenne vraiment.


Je ne vois pas le rapport . Tu veux que je le saisisse pour lui faire quoi? Mmhh? . Si je pouvais juste bavarder avec lui comme deux personnes le font normalement et pas à chercher de contourner le sujet premier, des fois, ce ne serait pas trop mal. . Dès que je prononce ton nom, il se ferme comme une huitre. Cela devient …agaçant.
L’entendre te dire que? Aller…..Ne te fais pas prier pour terminer ce que tu allais me révéler.


-Qu’il me détestait, Dacien, fit finalement le comptable, attendri définitivement par la sincérité que l’Arrogant avait tant de mal à juguler, dans un sourire rendu splendide par la plus pure de toutes les vérités qu’il avait égrené. Il m’a déjà dit qu’il me détestait… Par tous les saints… Le brun se leva dans un soupir , chat s’étirant d’avoir trop joué et fit quelques pas jusqu’au courtisan. …Adryan me hait pour beaucoup de raisons… La principale, j’imagine que c’est son égo imbécile concernant la noblesse, qui le suscite. Te vois-tu travailler pour de la roture quand toute ta vie tu as agité au nez du monde le pouvoir intrinsèque de ta supériorité ? Certains droits sont accordés par la naissance, dès lors on comprend mal qu’ils soient retirés par les aléas de la vie… La seconde phase du jeu se déployait, atténuant, enrobant d’autres vérités pour continuer à cacher l’essentiel mais donner à Dacien ce qu’il était venu chercher si courageusement, faisant fi de la cruauté du comptable, si touchant de bonne volonté.
La chevalière n’est qu’un gage de servitude idiot que sa fierté lui aura dicté. Je la garde jusqu’à ce qu’aucun lien ne le rattache à ce lieu… Il ignorait encore à quel point il était dans le vrai. Il a fait ça par défi j’imagine, rajouta-t-il en haussant les épaules, comme si cela n’avait aucune importance quand le bijou avait un poids si considérable. C’est un duelliste après tout, non ? Il posa une main amicale sur l’épaule de Dacien. Je t’ai taquiné mon ami, excuse-moi. Le sourire se fit doux aux lèvres du jeune homme, apaisante à la façon d’un baume. Je te promets ne lui avoir rien volé de non partagé. C’était Adryan qui avait cédé à ses pulsions le premier, venant happer sa bouche sans qu’il s’y attende, pensant ce soir-là récolter la brulure du poing et pas celle de la bouche… Je le dégoute, tu le vois bien quand il me regarde, non ? N’était ce pas vrai cela aussi , par extension? Le dégout de la concupiscence… depuis qu’il l’avait identifié aussi clairement, Alphonse en éprouvait une nausée compacte dans laquelle il se fourvoyait, y noyant tout ce qu’il trouvait désirable chez le Castillon pour ne pas y songer et porter les coups sans autre motivation que celle de plonger le nez du nobliau dans ses propres pêchés. Il suffirait que tu cesses de parler de moi pour qu’il se montre plus avenant, alors saisis cette chance. Il passa une main affectueuse dans la nuque du Fier. Mais ne t’étonnes pas qu’il ne se mette pas à babiller du jour au lendemain, après tout, il est foncièrement sinistre, conclut le comptable dans un sourire taquin
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--Dacien2
Bon, pour la haine, le Brun avait remarqué. Vu la tête que Adryan faisait dès qu’il le voyait, la dissension se sentait à plein nez. Surtout que la colère prenait le dessus sur tout le reste. La veille, lorsque Alphonse avait fait son apparition, les quelques mots que le Barman rétorqua à Dacien était empli d’une certaine rage comme s’il s’en voulait de quelque chose.

J’ai la nette impression que c’est plus qu’une hargne contre toi. Comme s’il te voulait de quelque chose ou je ne sais quoi….

Un regard de pénétration.

Et pourtant…..Il t’a donné sa chevalière…..

Un léger soupir accompagné d’un rictus en coin.

On dit que les femmes sont difficiles à saisir mais les hommes, ce n’est pas mieux!

Bah, il fallait bien détendre l’atmosphère aussi. Bref! Le Patron sortit son fessier de son fauteuil pour se retrouver auprès de l’Arrogant. Son faciès se leva pour l’observer tranquillement. Il l’écoutait dériver sur la noblesse et ses faciès. Ce que certains n’avaient pas coutumes de faire, ce que d’autres voulaient mettre de côté par fierté ou encore les prérogatives à respecter alors que l’on ne le souhaitait pas. La seule phrase qui le frémir un soupçon était: je la garde jusqu’à ce qu’aucun lien ne le rattache à ce lieu….Une seconde…Donc, il comptait partir. Non, cela ne pouvait pas être possible. Adryan était l’homme du comptoir, celui auquel chacun s’adonnait à des messes basses, des potins, des sous-entendus, celui qui donnait à boire, remplissait la cave, dirigeait les clients et clientes. Non, non, Alphonse devait se tromper. Il devait faire une erreur. Cette maudite phrase, ces quelques mots l’ébranlèrent. Dacien ne dit rien, ne fit rien non plus. Son minois se tourna un bref instant vers la fenêtre derrière le bureau du Comptable et serra les dents pour éviter de dire quoi que ce soit de gênant à son encontre. Quelques mots défilèrent de la bouche de tabouret. Le Fier ne faisait plus attention à ce qu’il disait. Comme dans un autre monde, une autre réalité qui se voulait brutale. La dextre du Flamand vint se poser sur son épaule. Retour à la réalité. Un sursaut sur son fauteuil et sa tête se figea sur celle de son Patron. Quelques dixièmes de secondes sans agir et un léger rictus en coin se dessina. Dernières paroles. Il suffit que tu cesses de parler de moi pour qu’il se montre plus avenant, alors saisies cette chance. Ou carrément ne plus parler du tout. L’éviter oui. Voilà, c’était cela. L’éviter à tout prix pour ne pas lui éclater en pleine figure comme quoi il était au courant qu’il allait partir. Intérieurement, Dacien était hors de lui. Déjà, Adryan n’était pas un homme que l’on pouvait atteindre en tant que mâle mais entendre comme quoi il ne verrait plus la personne qu’il aime…Là, c’était un coup dur. Mais rien. Pas un sourcil qui ne bouge, ni même une lèvre qui remue. Non vraiment rien. Placide, les traits gelés. La main hypocoristique du Flamand vint se poser sur sa nuque. Léger étirement de commissure mais rien de plus. Et le pire était à venir…..Il est foncièrement sinistre. Non, il ne l’était pas. Dacien le trouvait étonnement radieux malgré la froideur qu’il mettait en place. Il pensait qu’il devait être homme à côtoyer un peu plus sérieusement en dehors du bar tout en restant à sa place. Alphonse le voyait comme cela de par l’aversion qu’il lui vouait. Rien de plus.

Tu le trouves sinistre parce qu’il te déteste.

Rétines qui se noyaient dans les onyx.

Moi je le trouve attachant…

Il valait mieux qu’il s’arrête là. Dacien s’empara de l’habileté de Alphonse et posa son autre dextre sur la sienne. Encore sous le coup de ce qu’il venait d’apprendre, Dacien se leva.

M’en veux pas mais…Je….

Baissant la tête un soupçon pour la relever par la suite avec un maigre sourire avant de se lever de son siège.

Je pense que je ferai mieux d’y aller……

Alphonse_tabouret
Tu le trouves sinistre parce qu’il te déteste.

Un sourire en guise de réponse.
Je le trouve sinistre parce qu’il désire ce qu’il proscrit, répondit le flamand pour lui-même, ne desserrant pas la bouche, laissant à Dacien le loisir de croire en l’analyse qu’il énonçait, voyant au fond du regard de l’Arrogant un vacillement auquel il ne s’était pas attendu.



Moi je le trouve attachant…
Le sourire s’affaissa doucement, contrit, compatissant, mais toujours là, encaissant sans faille les justifications.
Moi je le trouve lâche, songea le flamand que le désir d’Adryan agaçait autant qu’il le mordait, furieux contre lui-même de trouver à la violence du Castillon l’excitation fauve de ses jeux anglais.


M’en veux pas mais…Je….Je pense que je ferai mieux d’y aller……

Le courtisan se leva et le comptable l’accompagna jusqu’à la porte, puis, le laissant faire quelques pas dans le couloir, lança, au vent, quelque chose qu’il pensait vrai, avant de refermer derrière lui :

-Dacien ?... On ne retient ni le vent, ni le sable, ni les gens qu’on aime… Au mieux, on les accompagne dans leurs rêves…

Alphonse ignorait les plans du Castillon, sachant uniquement que cette bague au doigt ne lui serait repris qu’à la faveur d’une dette réglée, mais se doutait, au fond que le moment où elle changerait de doigt à nouveau serait marqué d’un changement de vie.
Dacien avait un an… Un an pour apprivoiser le nobliau, un an pour faire partie de sa vie, un an pour le faire changer d’avis… et il trouvait à s’en plaindre, éternel enfant boudeur devant les cadeaux de la vie quand ils n’avaient pas la forme qu’il souhaitait.…

Sur l’étagère, la fiole d’absinthe prit un reflet pétillant dans un éclat de lumière …
Un an… Avril 1462. Sa délivrance à lui.

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