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[RP] Petite mort.

Finn
    « Mieux vaut être couard une minute que mort tout le reste de la vie. »
      Proverbe irlandais.


La volière, si bruyante de ses volatiles piaillant à tue-tête de jour, est d'un calme absolu la nuit. Messagers à la fiabilité jugée toute relative d'ordinaire, ils seront pourtant cette fois ses complices. C'est dans ce silence sinistre, à l'heure où les oiseaux ne chantent pas encore, que le Gaélique vêtu de sombre confie à la patte d'un biset son précieux pli.

Un sceau anonyme, mais une alliance prisonnière de la cire durcie.


Citation:



    Mon épine au pied,


    Il n'y a pas si longtemps de cela, vous me demandiez de vous libérer. Vous m'exhortiez à disparaître de votre vie. Je me suis débattu, j'ai remué dans la plaie déjà infectée de tant de ressentiment. Mais, après moult réticences, je me résolus à l'accepter.

    Nous avons tenté de nous extraire l'un de l'autre par des voies honorables.
    Nous avons même consenti à des sacrifices l'un envers l'autre, pour cela.
    Force est de constater à l'heure actuelle que tout cela fut vain et que ceux qui ont pris le relais de notre salut mutuel ne tiendront pas leurs promesses. Alors, pourquoi continuer à lutter ?

    Permettez-moi de disparaître. Pour de bon.

    Trouvez un moyen de faire reconnaître ma disparition aux yeux de tous, et nous serons libres. Renoncez dès à présent à vous substituer à moi dans cette entreprise, vous auriez bien trop à perdre, à commencer par votre famille, votre fils. J'ai bien plus à gagner à clore ce chapitre de ma vie. Plus personne ne recherche un homme mort.

    Car c'est ce que je serai d'ici peu. Des éléments viendront prochainement le confirmer : attendez leur venue.

    En cela, conservez la bague. Vous en aurez besoin.



      Feu votre épine au pied


    PS : Brûlez cette lecture une fois celle-ci achevée, il ne doit rien rester.





De retour dans sa chambre, la vieille trogne striée par les décennies s'extirpe de la bassine d'eau pour trouver son reflet dans la lame d'un couteau.
    « Je vous vois déjà, le visage cerné par ces hideuses rouflaquettes [...] »
Le souvenir immortalisé à l'encre adopte la voix lointaine d'une Danoise. Un sourire s'étire, et le fer de terrasser ce fameux poil ras lui descendant sur chaque joue. C'est du passé, ça n'a rien à faire là.
    « […] Vous creusez vous-même votre tombe, c'est charmant. »
Une nouvelle aube se lève sur le duvet dispersé à la surface comme les cendres d'un navire mis en échec.
Avant de se laisser engloutir.


- « Beannacht Dé lena anam. »
[« Paix à son âme. »]

L'Irlandais n'est plus, vive l'Irlandais.
_________________
Rosalinde
Lettre reçue au milieu de tant d'autres. Judas, Anaon, Sabaude, Lahire, Nicolas, tous ces noms qui s'enchaînaient et lui tiraient un sourire plus ou moins grand en fonction de ses affinités avec l'expéditeur. Les sourcils se froncent alors que le sceau est brisé. Un anneau, qu'elle ne reconnait pas, de prime abord. Alors elle lit, attentivement. Et tombe des nues.

Incompréhension, et surprise totale. Qui la font cesser, séance tenante, toute activité annexe, pour attraper plume et vélin, et se mettre à gratter furieusement le papier.

Il ne peut pas faire ça.


Citation:
    Dites-moi... Auriez-vous effectué un récent séjour dans les Alpes pour être devenu aussi CRÉTIN ?!
    Coup de sang passé. Reprenons.

    Finn,

    Pourrai-je savoir ce qu'il se passe ?! Vous, l'homme accroché à la vie comme un morpion à la pilosité pubienne de votre copine réformée (la rousse, pas Astana), vous vous décidez subitement à vous foutre en l'air ? Non mais vous avez pensé ne serait-ce que cinq minutes à votre fils ? La dernière fois vous vouliez par dessus tout être son père avec tout ce que ça implique (par ailleurs, je comptais bien vous le refiler pour quelques jours alors que j'assisterai au mariage d'Aigneas, maintenant qu'il est presque sevré), et maintenant allons-y gaiment, suicidons-nous !

    Alors quoi ? Marzina vous a préféré un Anglais ? Cela dit, si c'est le cas, je suis bien contente tout de même, ainsi vous devez être en mesure de comprendre ce qu'on ressent quand on a le cœur brisé, ce genre de choses. Mais enfin vous êtes moins stupide (ou devrais-je dire plus rationnel ?) que moi-même, vous ne pouvez pas songer à vous donner la mort pour si peu. On s'en remet, de ce genre de choses.

    Enfin, ne désespérez pas. Nous l'aurons, notre dissolution, les choses ne pressent pas tant que cela. Rester mariés ne nous empêche pas de vivre, à ce que je sache.

    Grand Dieu, ma maturité m'étonne. Il y a six mois, je vous aurais moi-même étranglé si j'avais pu. Et maintenant j'essaie même de vous garder en vie ! Vous avez une épouse en or, notez bien. Alors ne faites pas le con, sinon je vous jure que je me démerde pour que Nicolas adopte Léonard.

    Voilà.


    Rosalinde.

_________________
Finn
    « Il vous vient quelquefois un dégoût d'écrire en songeant à la quantité d'ânes par lesquels on risque d'être lu. »
      Paul Léautaud


Promptement réceptionné, le pli décourage dès l'intitulé. Aucune discrétion là-dedans. À croire qu'il vaudrait peut-être mieux ne pas faire entrer dans la confidence, celle qui n'y entend rien. Ne pas la détromper, alors ? Tentant. Ce serait s'épargner bien des tourments. La parole d'une femme, en particulier de cette épouse-là, n'est d'or que lorsqu'elle cesse. Après tout, elle doit juste être en mesure de rendre sa mort crédible. Si elle en est convaincue, ça ne peut que garantir un peu plus le succès de l'opération.

Hésitation... Privilège à la deuxième chance.

Trop bon, l'Irlandais, et peut-être chatouillé par sa touchante intention de le sauver de ses prétendus démons. Trop con...


Citation:



    Vous,


    D'une, la Réformée n'est pas ma « copine ».
    De deux, personne ne préfère les Anglais.
    Et enfin, si, les choses pressent.

    Néanmoins, le reste de vos observations est tout à fait juste : je n'attenterais à mes jours pour rien au monde. Alors, à partir d'un postulat aussi brillant, comment Diable faites-vous pour en arriver à une conclusion aussi farfelue ? C'est de l'ordre de la prouesse, là, je vous assure.

    Je croyais m'adresser à un être doué des facultés de réflexion de base, communes aux gens de notre espèce, veuillez m'en excuser. J'ai eu tort de surestimer vos capacités. Permettez-moi donc de rectifier en langage moins cabalistique :

    Nous n'aurons pas notre dissolution. Je ne vais pas mourir.

    Vous arrivez à suivre jusque là ?
    Accrochez-vous, ce n'est pas fini.

    Nous allons seulement le faire CROIRE.

    Le fait est que je n'ai rien à perdre là-dedans et, vous, tout à y gagner. Pour l'heure, tout ce que je vous demande, c'est d'attendre et de tenir votre langue. Ce n'est pas votre fort, je sais, mais je me demande bien ce que c'est, votre fort...

    Il me reste quelques détails à régler afin de propager la rumeur. Le moment venu, je vous ferai signe. Vous réclamerez alors un acte de décès à mon nom et ferez le nécessaire pour que Rome mette fin à cette union que la fulgurance de vos raisonnements me tarde un peu plus encore d'enterrer.

    Voilà, vous savez tout. Obtempérez sans faire de vagues et, bientôt, vous serez en mesure de consterner quelqu'un d'autre pour le restant de ses jours. D'ici là, ne me contactez plus à moins qu'un péril ne menace cette combine et, si vous le faites, évitez les noms, ce genre de choses. D'autres plus perspicaces que vous pourraient comprendre de quoi il s'agit et ébruiter l'affaire.

    Vous m'excuserez également de me passer de votre avis, vous en changez si souvent.


      Moi.




_________________
Rosalinde
Réception et soulagement. Et une lecture qui fait rire. C'est de bonne guerre.

Citation:
    Vous,

    Vous êtes cinglé. Je marche.
    Cordialement,

    Moi.

    PS : Vous expliquez comme une merde, faut dire.

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Marzina
La sensation désagréable du froid qui vient glacer le dos surprend la blonde qui cherche à se blottir contre la source de chaleur habituelle, et ne la trouve pas. Une fine main pâle vient chercher à tâtons le corps qui devrait se trouver à côté du sien, ne rencontre que le vide et le froid. Alors elle se fait violence, et entrouvre finalement les yeux dans la semi-pénombre du début du jour, pour confirmer visuellement l'absence. Le corps menu se redresse, et l'Altesse s'assied dans le lit qui parait subitement trop grand, trop vide, et trop froid. Elle frissonne. Les nuits sont de plus en plus fraiches, et on s'habitue vite au confort d'une douce chaleur près de soi. Cette soirée là avait encore été riche en émotions, et bien qu'elle se réinstalla confortablement et s'enroula dans les couvertures, elle n'arriva pas à retrouver le sommeil.
Elle finit par s'asseoir sur le lit et alluma sa chandelle à l'aide d'un briquet à silex. Elle se leva, chandelle à la main, un châle de laine sur les épaules, et parcourut le couloir à la recherche du déserteur. Passant près de la fenêtre, son oeil fut attiré par une lueur autre que celle de l'astre qui pointait. Elle s'arrêta et observa, reconnaissant le pigeonnier. Elle resserra le châle autour d'elle et sortit pieds nus au dehors, sa silhouette menue simplement couverte d'une chainse épaisse grelottant à chaque coup de vent, pour finalement pousser discrètement la porte. Elle cligna de ses yeux noirs, tentant de s'habituer à la lumière jaune d'une autre chandelle. L'Irlandais était là, attachant un parchemin à la patte d'un volatile. Elle l'observa faire en silence, jusqu'à ce que la porte s'ouvre un peu plus en grinçant. Les yeux noirs détaillèrent le visage qui se tournait vers elle, puis s'arrondirent de surprise.


"Qu'est-ce que vous avez fait à vos poils?!"

Puis, la question qu'elle s'apprêtait à poser, avant d'être visuellement agressée par ce qu'elle pensa être une nouvelle lubie.

"Votre courrier est si urgent qu'il ne saurait attendre laudes?!"
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Finn
La bestiole encore entre les pattes, l'Irlandais suspend son geste. La porte couine sur l'intrusion de l'Altesse en tenue de nuit. Il n'attendait personne, encore moins celle-ci à une heure aussi matinale. D'ailleurs, ça le contrarie. Mais ça, il le doit plutôt à l'épouse. Il n'en serait pas à se faire surprendre dans ses petites combines secrètes si l'autre amputée du cortex ne l'avait pas obligé à gaspiller un deuxième feuillet.

    « Vole, petit oiseau. Et si tu pouvais chier sur la main de ta maîtresse à la plume compulsive en arrivant, ça me donnerait bien de la joie. »

Le piaf est lâché au-dehors et la fenêtre aussitôt refermée. Les questions de la créature légèrement vêtue à l'opposé de la pièce n'ont pas attendu son consentement pour franchir le pas de la porte. Elles l'assaillent déjà comme autant de piverts martelant l'écorce de son crâne à coups de bec. C'est embêtant, il n'avait pas prévu de lui dévoiler le pot aux roses tout de suite. Deux doigts viennent au contact de la joue et la caressent à l'endroit où trônait fièrement le poil déchu. Avant, ils le grattaient, trahissant malgré eux l'intense réflexion qui régnait derrière. Aujourd'hui, ces deux-là rencontrent le vide et, leur propriétaire, l'insoluble. L'Insulaire n'a rien pour parer l'interrogatoire. Aucun réponse toute faite. Pas même un échappatoire, démuni qu'il est face à l'objet du stratagème. Son enjeu. Elle, l'Altesse au casque d'or.

- « Ils.. sont tombés. »

Sourcil se fronce, signe que la réponse lui paraît tout aussi absurde qu'au commun. Mais avec un cran de retard.

- « Enfin, je les ai un peu aidés. »

Voilà qui est mieux. Quoique, c'est subjectif.
Plus honnête, surtout. Quoique là encore...

Aime-t-elle ? Difficile à dire. Ce masque éberlué livre peu de secrets. Ce qui est sûr, c'est que ça marque. Mais cela change-t-il vraiment ? Occultant sciemment l'objet d'une telle urgence à envoyer des plis au beau milieu de la nuit, il cherche dans les obsidiennes princières sa propre réponse.


- « Vous m'auriez reconnu de plus loin ? Et disons... Si vous vous attendiez pas à me trouver à quelques pas de votre couche ? Répondez franchement. »

Mise en situation, et pas de triche. On veut la vérité.
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Marzina
Tu aimerais faire ta fête
Ta femme veut te la faire aussi ta fête
La rousse voudrait te faire ta fête
Tout le monde te fera aussi ta fête !*


Il a l’air surpris. C’est vrai qu’elle est rarement debout tôt le matin, sauf quand il l’emmerde pour l’entrainement. Mais techniquement, il n’est pas encore le matin, le soleil n’est pas encore levé, et la blonde est un animal nocturne. Elle s’arrête à la porte parce que le sol du pigeonnier, c’est dégueulasse. Autant marcher dans la poussière, les cailloux et la boue, ça ne la dérange pas, mais les fientes de pigeons faut pas pousser non plus ! Et elle le scrute, elle bug, parce que là, changer l’aspect physique de son amant comme ça, en l’espace de même pas une nuit, ça devrait limite être considéré comme un crime. Le regard se ferait réprobateur si elle était plus réveillée, et remise du choc, mais en attendant les yeux ne se détachent pas de l’élément invisible qui manque.
Non franchement, ça devrait être puni par la loi !
Elle voudrait y poser les doigts, comme pour vérifier que ce n’est pas juste une drôle de blague, un effet d’optique, mais il est trop loin.
Et puis finalement, les réflexions muettes de l’Irlandais lui laissent le temps de penser elle aussi.
Pourquoi cette lubie capillaire ?
Pourquoi ce besoin d’envoyer des missives en pleine nuit ?
Pourquoi cet air, plus que surpris de la voir, carrément contrarié ?
Parce qu’elle a remarqué le geste sur la tronche, elle a lu les détails, elle l’a trop aperçu le faire pour ne pas le comprendre ! Il cherche, il cogite, il prépare sa réponse. Soit ça va faire mal, soit ce sera un mensonge. Mais les mensonges sont proscrits, sur ces terres.
Alors ça va faire mal, de toute façon.
« Tombés ».
Le masque de surprise tombe, pour afficher un air outré. « Tu te fous carrément de ma gueule là ?! T’as tant vieilli en une nuit que les poils tombent tout seuls ?! »
Elle ouvre la bouche, prête à le frapper avec des mots, puisqu’il est trop loin pour le faire à coups de gifles ou de poings. Mais il a dû remarquer que ça ne passerait pas, parce qu’il la devance. La petite moue sur les lèvres de la blonde subsiste, mais le visage se relâche, se détend un peu.
Bien sûr qu’il les a aidés ! Ça semble évident ! Il pensait vraiment lui faire avaler qu’ils étaient tombés seuls ?!
Les yeux noirs passablement révoltés rencontrent leurs homologues. Les princiers se plissent, méfiants, persuadée qu’elle est qu’il va tenter de l’endormir.
Trop tard, elle est réveillée maintenant. Même que le froid risque pas de l’aider à se rendormir ! Elle rajuste le châle qui tombe sans quitter l’Irlandais des yeux, quand tombe la question. Et que revient l’air étonné sur le minois de la blonde. Les yeux ronds, les lèvres entrouvertes, elle attend quelques secondes, comme pour attendre qu’il ajoute un truc du style « Ah vous voyez, mes blagues à moi elles sont drôles ! ».
Mais non, il dit rien. Il a l’air sérieux. Elle penche légèrement la tête sur le côté, elle le scrute, et finalement ses mots expriment ce qu’elle ressent.


« Vous êtes sérieux là ?! »

Ca n’attend même pas de réponse, elle a compris que oui. Alors elle fronce les sourcils, et les yeux noirs partent du museau, remontent aux yeux aussi noirs que les siens, un léger sourire se dessine alors qu’ils détaillent les frisons, descendent sur les tempes, arrivent au lieu du massacre. Disparition du sourire pour une moue revêche, tandis que la course du regard se finit sur la mâchoire parfois caressée des lèvres, parfois de la paume.

« C’est…un genre de test ? »

Elle pige pas trop où il veut en venir. Bien sûr qu’elle sait que c’est lui. Ils seraient au beau milieu de l’Afrique qu’elle saurait encore que c’est lui ! Elle est contrariée par ce qu’il a fait, mais c’est pas pour autant qu’elle ne l’en reconnaitrait plus !

« Vous aussi vous vous êtes découvert un double maléfique, comme Marie, c’est ça ?! »

Oui, la petite tête d’une blonde qui ne comprend pas, ça peut être très imaginatif.

« Pas besoin de chercher à me berner, je sais que c’est vous, double existant ou pas. »

Faut pas déconner, voilà trois mois qu’elle a sa trogne sous les yeux, sur ses lèvres, sur sa peau, sous ses mains, comment elle pourrait ne pas le reconnaitre parce qu’il lui manque quelques poils ?!

« Il n’y a peut-être plus vos poils, mais il y a encore ces yeux noirs revêches. Ces frisons qui n’en font qu’à leur tête. Votre mâchoire franche, et ces lèvres qui attirent les miennes. Votre carrure aussi, votre stature. Probablement votre démarche j’imagine. Alors oui, je pourrais vous reconnaitre, de loin même. »

Les yeux se font interrogatifs. Tu as ta réponse non ? Maintenant, explique-moi cette nouvelle fantaisie.

« Et cette lettre nocturne ? »

Le ton se fait presque accusateur. Une blonde à qui on fait des cachoteries, elle a vite l’imagination qui turbine.
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*Inspiré de Ta fête, Stromae
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Finn
- « Pas de double, non. Mais vous vous doutez bien que des deux, je serais le maléfique. »

Un sourire pour souligner la dérision, bref.

Dans la merde, l'Irish. C'est le cas de le dire, les bottes trempant dans la fiente des occupants de la pièce. L'inventaire de ses attributs voit sa contrariété s'accentuer derrière la façade. Tout ça ? Ça fait beaucoup à changer. La mutation va réclamer quelques sacrifices supplémentaires pour être complète. Mais quoi ? Se raser les tifs comme l'Épouvantail scandinave ? Se laisser casser le museau une énième fois ? De l'arrête jusqu'au bout, celui-ci se plisse... Foutre le feu à sa barbe ? Il faut se rendre à l'évidence :


- « Je vais devoir m'mettre au vert quelques temps. »

Ça sort comme ça, parce qu'il ne voit plus que ça. Se faire discret, c'est encore le moyen le plus sûr de ne pas être trouvé. Sauf que là, ainsi passé au peigne fin par les prunelles sur lesquelles s'usent si souvent les siennes, il n'a nulle part où se cacher. Elles voient trop bien en lui ces jeunettes-là, même si c'est encore assez neuf comme constat. Le temps aidant et l'intimité se creusant, chaque jour un peu plus, les natures se rencontrent. On peut pas dire qu'il puisse encore lui dissimuler grand chose. De moins en moins. Ses petits secrets ont pris le soleil. Elle t'a tout cramé, l'Irlandais.

Alors à quoi bon feindre ? Le vieux s'approche du chambranle dans sa plus pure démarche de soudard, naturellement nonchalante. Seuls savent ceux qui ont besoin de savoir : c'est la règle. Valable la plupart du temps, sauf peut-être aujourd'hui. Il en a déjà trop dit pour s'arrêter en si bon chemin. Un pas de plus, deux. Il n'est plus à l'abri d'une réponse violente.


- « Que diriez-vous de prendre le large un moment avec moi ? »

La paume remonte sur le bras jusqu'à l'épaule, par-dessus le châle. Elle a froid et lui le sera bientôt. Mais uniquement pour les autres.

- « Les gens croiraient que j'ai cassé ma pipe. J'ai écrit à Rose, elle est d'accord. »

Il ne le sait pas encore, mais n'en doute pas : il lui offre tout ce qu'elle a toujours voulu sur un plateau.

...C'est vrai que t'expliques comme une merde.

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Marzina
- « Je vais devoir m'mettre au vert quelques temps. »

Elle est loin de se douter, la blonde. De son projet, de son but aussi. Et heureusement aussi de tout ce qu'il a envisagé de faire pour changer son apparence, sinon elle l'aurait peut-être tué pour être sûr qu'il ne touche plus à rien. L'Altesse, elle n'aime pas qu'on touche à ses repères, l'apparence physique des gens en fait partie. Alors bien sûr, là en l'occurrence, ça repousse. Mais en attendant, ça fait bizarre, c'est étrange: y'a comme un hic.
Quand il lui dit qu'il va se planquer, elle n'en est pas étonnée. Elle s'en doutait, presque. Elle avait toujours redouté qu'il le dise, mais là, que ça arrive maintenant elle n'aurait pas pensé. Il y a eu pas mal de crises, et chaque fois elle avait craint de le voir partir. Mais là...là, c'était plutôt calme.
En même temps, ça lui semble logique, vu le petit manège de ce soir.
Le lit froid, elle va devoir s'y réhabituer, qu'elle se dit, ce n'est jamais que la première d'une longue liste d'autres nuits glaciales.
Alors elle réagit pas vraiment, parce qu'elle avait beau s'y préparer, elle avait rien préparé. Elle voudrait s'énerver comme les autres fois, et lui dire qu'il pourra pas se débarrasser d'elle comme ça, lui dire encore que s'il part elle part avec lui. Mais là, il le dit sans s'énerver, alors elle n'y arrive pas.
S'il n'énerve pas, c'est que sa décision est réfléchie, non?


- « Que diriez-vous de prendre le large un moment avec moi ? »

Encore une fois, les yeux s'arrondissent. Elle va de surprise en surprise ce soir, la blonde. Des tas de questions rebondissent dans sa tête -Où ça? Quand? Pourquoi? Avec qui? Combien de temps?- mais aucune ne passe ses lèvres. Parce qu'alors qu'elle est sur le point de rétorquer avec véhémence que bien sûr, elle viendrait, lui vient à l'esprit Alix Ann. C'est que l'irresponsable avait presque été faite mère, le jour où la chiarde avait essayé de bouffer ses cheveux à l'église, avant d'être quasiment noyée par un curé trop occupé à chanter gaiement "Ces baptêmes-là". Elle pouvait plus partir sur un coup de tête, quand bien même c'était sa nature, quand bien même elle en mourrait d'envie, parce qu'elle avait accepté de protéger cette vie, elle l'avait promis à Marie devant le Très Haut.
Et une promesse c'est sacré, chez cette Altesse là.
La paume rêche vient courir sur sa peau, et un frisson la parcourt. Elle est froide cette main-là. A moins que ce ne soit elle?
Le regard de la blonde ne lâche pas les yeux noirs, parce qu'elle sent dans l'air comme une vibration qui lui dit que ce qui va suivre sera un bouleversement important.


- « Les gens croiraient que j'ai cassé ma pipe. J'ai écrit à Rose, elle est d'accord. »

Là, elle est vraiment abasourdie. Elle a du mal à dire quelque chose après ça. Elle est un peu paumée la bretonne, elle fait un pas en arrière, inconscient. C'est toujours sa première réaction pour les changements, les responsabilités, les engagements. Elle veut bien foncer dans le tas, mais faut pas lui demander de s'impliquer! Et là, c'est du gros changement.
Elle lève finalement la main pour évaluer les dégâts capillaires, pose délicatement les doigts sur la peau rasée de frais.


"Pourquoi vous avez fait ça?"

Parce que pour parler, il fallait bien commencer par dire quelque chose! Et c'était la première chose qui lui venait à l'esprit, les poils disparus, pendant qu'elle assimilait ce qu'il venait de lui dire.

"Où vous voulez aller? Et Alix Ann? Et pourquoi on croirait que vous êtes..."

Non, le mot ne voulait pas sortir, s'il y a bien un truc avec lequel Marzina a du mal, c'est bien avec l'Ankou.

"Et que vient faire Rose là-dedans?"

Le sujet était aussi épineux que la fleur, et il en avait déjà fait les frais.

"Et pourquoi vous feriez ca?"

Les questions fusent et les sourcils se froncent pendant que les anthracites passent au crible le visage de l'Irlandais, comme pour lire à travers ce qui se tramait derrière son crâne aussi dur que celui d'une bretonne. Elle se met sur la défensive.
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Finn
Le torrent d'interrogations s'écoule sans qu'il n'y fasse barrage. Il glisse sur lui comme l'eau sur le sable, n'y laissant qu'une marque foncée avant de se retirer. Cette tâche, l'ombre au tableau, c'est la môme. Impossible à effacer. Il a fui ses responsabilités, pas elle. L'Altesse rafle en cela l'estime de l'époux déserteur et du père absent. Une forme d'admiration pour la loyauté d'une mère envers l'enfant qui n'est pas le sien à laquelle se mêle une pointe de jalousie de la part du père devant se cantonner au rôle ingrat de simple bourse avec ceux qui sont son sang. Ainsi qu'un vague sentiment de honte, assez ténu pour disparaître derrière le pilier de la fierté. On est pas trop fier pour avoir honte, seulement pour l'avouer. Aux autres comme à soi.

Du reste, en prenant la chose par les bouts, la réponse tient en deux mots. Deux petits mots plus difficiles à cracher qu'on pourrait le croire, car séparés par un gouffre quasi infranchissable. Alors il le remplit avec du vide, du vent, en espérant que ce dernier le porte d'un flanc à l'autre.


- « Ce mariage n'a que trop duré. »

L'aveu d'hier soir en témoigne. Les vieilles gargouilles engoncées dans leurs orbites renvoient la responsabilité à leurs homologues soulagés du voile de l'âge. Il la fixe, non pour l'accuser mais pour la remercier. Elle a pointé du doigt l'inconvenance de leur situation.

- « 'Jusqu'à ce que la mort vous sépare', qu'ils disent. Je vais les prendre au mot et mourir à leurs yeux. »

L'intention est ferme, réfléchie. Elle a eu toute la nuit pour mûrir dans l'esprit tordu d'un Irlandais. C'est amplement suffisant. Même si les sacrifices futurs ont vu leur examen repoussé au profit du confort moral d'une Bretonne. La joue se repose un instant sur la caresse de ses doigts, confiante en le choix de ses priorités.

- « J'en profiterai pour disparaître au nez et à la barbe de ceux qui mettent un prix sur ma tête. »

Deux mots ? Huit lettres fort lointaines, arrivé là. On dirait bien que le vent, ce faux frère, a tourné en cours de route, le dirigeant vers un ailleurs plus familier. Celui qu'il connaît mieux sous le nom d'égoïsme et qui lui vaut souvent les surnoms les plus colorés. On s'accroche à ce que l'on connaît de soi, c'est rassurant. « Pour vous » s'est changé en « Pour moi » devant l'esquisse d'un « Pour nous » à l'horizon. Une lettre de moins et un gouffre nettement plus aisé à enjamber. Lui qui riait à la gueule des épées de Damoclès menaçant de lui tomber sur le râble, les embrasse chaudement avant de se planquer derrière à l'heure de lever le voile sur ce qui le pousse à tirer sa révérence prématurément.

La fierté a ses raisons...

_________________
Marzina
Je lui disais laisse-moi faire
Je règle quelques affaires
Après c'est sûr on taille la zone!*


Elle lui jette un regard intrigué tandis que la joue vient se loger dans le creux de sa main qui l'accueille, caressante. Le premier jour où elle l'avait connu, il pensait déjà que son mariage avait trop duré. Il ne faisait qu'énoncer une vérité déjà connue, et dont il la savait déjà informée. Alors il ne se ferait passer pour mort que pour mettre fin à ce mariage? Rosie avait-elle tant enfoncé le clou que le lien lui semblait maintenant insupportable? A moins que ce ne fût la dernière conversation qu'ils avaient eu...Elle se demanda un moment si elle n'y avait pas été trop fort. Oui, elle lui avait dit que ça la dérangeait d'être la maîtresse, celle qui aux yeux des autres n'est qu'une voleuse de mari. Elle n'avait jamais voulu l'être, l'alliance avait toujours été une barrière qu'elle s'était bien gardée de franchir. La brèche était venue d'un bourguignon qui s'était vu exploser le nez avant d'être jouet d'une bretonne à l'estime blessée l'espace d'une soirée, même pas une nuit. Une nuit inachevée, une fois que la conscience avait réussi à passer par dessus les brumes de l'alcool, Blonde ayant pris ses jambes à son cou, se carapatant pour garder sa conscience intacte.
Ce qu'elle avait bien pensé faire avec l'Irlandais, d'ailleurs.
Mais on n'échappe pas à ces mains-là.
Son mariage lui est devenu insupportable, soit. Les avis de recherche sur sa trogne aussi, apparemment. Elle sait plus vraiment quoi en penser, lui qu'elle voit encore ricaner quand il brandissait devant son nez l'annonce de la rousse offrant 3000 écus pour sa tête, quand elle-même s'en scandalisait. Enfin c'était son choix, soit. Elle n'irait pas contre, elle n'avait aucun intérêt à le faire.
Le regard se fait soudainement plus assuré, le nez princier se lève, reprend de la hauteur. La main se détache de la joue.


"Soit. Comment comptez-vous vous y prendre?"

C'est bien beau de vouloir une fausse mort, mais la faire avaler à certains, ça sera plus compliqué. Manquait encore une réponse à ses questions, tout de même.

"Et pourquoi vous vous êtes estropié?"

Les sourcils se froncent.
Cette réponse là, va falloir la donner.

___________
*Tailler la zone, Alain Souchon
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Finn
Le soulagement détend les ressorts de ses traits. Verdict : c'était pas la peine de claquer des genoux. La Bretonne semble plutôt à l'aise avec l'idée de tout envoyer péter quelques temps pour faire profil bas. Chose qui n'était pas gagnée d'avance. Elle a même l'air d'avoir avalé la belle salade du pauvre petit fugitif. Quelque part, ça le rassure, même s'il aurait aimé savoir lui dire qu'elle est tout et que ce mariage n'est rien. Qu'il préfère encore foutre toute sa vie dans une boîte et l'enterrer profondément plutôt que de continuer à la voir entre deux portes. C'est sûrement mieux comme ça. Les responsabilités ont parfois de drôles d'effets sur l'Altesse sauvage : crise de touillinite aiguë, bégaiement, rougeurs aux joues... Une liste longue comme le bras. Alors non, elle ne sera pas coupable de ça. C'est son choix, sa solution à bon nombre de complications accumulées depuis qu'elle est entrée dans sa vie. Sa promesse surtout. « Ça va s'arranger » qu'il lui a dit la veille, sans se douter encore du coût du progrès.

Bref, c'est son affaire.

    « Oh, tu veux des détails ? Mais c'est pour les grandes personnes ça. »
En réponse, la joue est tendrement pincée alors qu'un sourire se dessine gentiment. Elle en sait déjà pas mal. Pas besoin de l'ennuyer avec davantage. Laisse l'Irlandais gérer, va. Le plan n'est pas soumis à concertation. Il s'établit d'heure en heure dans les rouages d'un seul cerveau. Le hasard a voulu que ce dernier soit mâle, la postérité l'en félicitera. Avec toute l'arrogance misogyne du vieux connard ancré dans son époque, le Gaélique élude en contournant l'obstacle femelle pour tenter de franchir la sortie.

- « Pour brouiller les pistes. Si je veux qu'on m'oublie, je dois devenir méconnaissable. »
    « Ça, je peux bien te le dire. »
Haussement d'épaule. La main se tend et l'invite.

- « Vous venez ? J'ai conservé tout le reste en l'état, promis. »

Mais si elle tient à le vérifier, le jour peut encore attendre quelques heures.
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Marzina
Le nez se fronce lorsque la joue se voit agressée, même légèrement. D'un mouvement agacé de la main, elle chasse les doigts moqueurs. Ah,il se fout de sa tronche, elle le voit bien là, avec son petit sourire malsain! Ça l'agace, quand il joue avec ses nerfs comme ça. Il gagne toujours, parce qu'il finit à chaque fois par obtenir ce qu'il veut, à savoir la faire tourner en bourrique. Et elle le sait, et elle le voit venir, mais elle ne peut pas s'en empêcher. Elle le suit des yeux, le voyant passer à coté d'elle pour fuir comme un lâche. Aurait-il l'espoir fou de penser qu'elle oubliera une question? L'Altesse n'oublie jamais une question, au mieux elle la reporte, au pire elle la pose sans cesse jusqu'à obtenir une réponse.
Et les bribes de réponse qu'elle a ne lui conviennent pas. Une moue contrariée se dessine sur le minois princier. Elle regarde la main tendue devant elle. Suivra, suivra pas?
Et un grommellement indique:


"Vous avez bien intérêt, à rien avoir changé!"

Et elle glisse finalement sa main dans la sienne, de mauvaise grâce, bougonnant le long du chemin:

"C'est pas parce que vous commencez à vous raser qu'on vous reconnaitra pas pour autant."

Et la petite voix moqueuse d'ajouter en ricanant:

"Si vous vous laviez, ça ce serait une révolution!"

Non, elle ne lâche jamais.
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Finn
Les jours suivants confirment la thèse de l'Altesse moqueuse. Un retour à Gwened suffit à l'en convaincre, et plus encore : de chaudes retrouvailles. Jean, de mémoire, ou Tord Fer tant le miroir d'une lame souffre de subir son reflet, sans doute. Vieux camarade de la première heure, borgne mais pas suffisamment amoché pour ne pas reconnaître l'ex-Palmé à col vert. Rouflaquettes ou pas, l'Irlandais demeure. On échappe pas si aisément à son passé.

Qu'à cela ne tienne, le vieux a de bonnes jambes et n'est pas prêt à perdre son avance.
La suite du plan germe à la relecture d'un pli resté sans réponse :


Citation:
Cher Irlandais, 

Ma popularité croissante en Bouillon semblait atteindre des sommets inégalables. Du moins est-ce ce que je pensais. 

Malheureusement, même je ne sais où, probablement à des milliers de lieues, vous parvenez à faire parler de vous. Ainsi ai-je eu la surprise, en flânant dans ce duché si accueillant, d'apercevoir votre trogne de vieux barbu aigri et méprisable placardée sur un mur. Pour sûr, le dessinateur vous a reproduit à la perfection. Ce regard où brille une lueur malsaine, cette expression inexpressive qui vous caractérise tant, cette tignasse frisée, et enfin,ces rides qui rappellent à quiconque a la malchance de vous croiser que vous affligez le monde de votre existence depuis bien trop longtemps. 

Pas de doute, c'est bien vous. Et vous valez 3000 écus. C'est cher payé. 
Vous trouverez ci-joint ladite affiche, puisque je suis dans un jour de bonté. 

Enfin, s'il vous prend l'envie, allez savoir pourquoi, de mourir, pensez à moi. 3000 écus, je ne crache pas dessus. 

Amicalement, 

Tynop.


Jusqu'à ce soir :

Citation:



    Cher Emmerdeur,


    Je tiens tout d'abord à ne pas vous remercier pour votre dernière lettre. Vous lire comme vous entendre me rend toujours aussi nauséeux. L'Innommable sait pourquoi, vous avez depuis opté pour un séjour au sein de la communauté qui m'accueillit voilà presque trois mois, m'offrant le déplaisir de constater que nul n'a encore daigné arracher cette langue que vous maniez avec insolence.

    Mais trêve de flatteries, j'ai de bonnes nouvelles pour vous qui avez soif de gloriole et d'écus. C'est d'accord, j'accepte que vous soyez mon bourreau. Vous signerez ma mort auprès des Bouillonnants et en récolterez les lauriers. Je sais bien que vous ne vous sentez pas à la hauteur de la tâche et je le conçois mais, rassurez-vous, j'ai une idée qui vous épargnera le ridicule d'un duel au fer.

    Acceptez de garder le silence sur tout ceci, de l'emporter dans votre tombe et les consignes ne tarderont pas à suivre.


      L'homme qui valait 3000 écus.




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Tynop
Sourcil haussé et sourire amusé aux lèvres, le vagabond achève la lecture d'un pli inattendu. C'est bien la première fois que l'Irlandais daigne lui écrire. Non pas pour prendre des nouvelles, il fallait s'en douter. La curiosité pique le blond.

Citation:

Cher vieillard nauséeux,

C'est la vie en Bretagne qui vous donne envie de mettre fin à vos jours, ou bien est-ce encore une de vos combines foireuses, digne de la débandade Angevine ?
Vous seriez prêt à m'offrir la possibilité d'empocher 3000 écus ? Qu'avez-vous à y gagner ? Vous essayez de m'entourlouper ?

Encore des consignes. Pourquoi pas. Quelque chose me dit que vous allez me foutre dans un merdier gigantesque, mais pour une telle somme, je veux bien prendre le risque. Vos amis de Bouillon ne m'apprécient guère depuis que j'ai eu la mauvaise idée de triompher de l'une des leurs. Une bande de mauvais perdants. Alors en y réfléchissant, leur extorquer trois mille écus, c'est jubilatoire.

Je sais, vous n'en avez rien à foutre.

J'accepte donc de garder le silence sur tout ceci, et de l'emporter dans ma tombe.
Pour ma part, je veux votre parole qu'il ne s'agit pas d'un coup fourré visant à me nuire. Peu importe ce que vous planifiez, je ne serai pas le dindon de la farce.

La source de vos nausées.



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