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[RP] Petite mort.

Finn
    « Vous aimerez votre prochain comme vous-même. »

      Saint Matthieu

Citation:



    Cela vous paraîtrait-il moins louche si j'acceptais de réclamer une part de la récompense ? Cet argent ne m'intéresse pas mais je peux faire un effort pour votre tranquillité d'esprit. Après tout, le salaire dépasse largement la peine ici. Vous avez ma parole.

    Retrouvez-moi à l'heure des matines.
    Et venez seul.





L'adresse du rendez-vous griffonnée au dos, la lettre est confiée à la discrétion d'un pigeon.
Espérons que le loustic connaisse ses heures canoniales...

L'église Saint Patern sonne déjà l'arrivée du soleil à son zénith. Les indigents s'y massent, s'agglutinent contre les murs de la bâtisse comme la crasse sous ses bottes. Mains tendues qui défilent devant l'Irlandais travesti d'un capuchon, lequel les passe au crible d'un œil critique. Trop ceci, pas assez cela. La sélection est rude mais ne pas avoir une gueule de prince facilite les choses. Sa recherche s'arrête sur l'un d'entre eux. Le poil frisé, long et lui grignotant suffisamment la trogne pour masquer les altérités. De la bouteille aussi. On le trouvera légèrement amaigri mais celui-ci fera l'affaire. L'encapuchonné bute du pied sur la loque avachie, la tirant de ses rêveries, et lui remplit la paume d'une poignée d'écus. Quelques mots échangés à l'oreille, la promesse d'une bringue qu'il n'oubliera pas de si tôt le convainc de le suivre.

Si l'homme lui ressemble, il n'a pas sa méfiance. Fort heureusement, il semble posséder son goût pour la chair sous toutes ses formes. Un large sourire acquiesce à l'entrée d'un lupanar discrètement achalandé. Sans un mot, Finn s'installe dans un fauteuil au rez-de-chaussée après avoir confié son autre aux bons soins d'une catin. C'est l'Irlandais qui régale. Rien n'est trop beau pour celui qui sert ses desseins. L'œil rivé sur l'horloge, il compte les minutes, les heures qui l'en séparent. Il ne consommera rien, il n'est pas là pour ça. Même si la tentation d'un remontant commence à se faire sentir dans les tripes du routier quand la crainte d'avoir perdu la main se fait jour. Sans parler de la Blonde qui avait tenté de l'en dissuader après avoir réussi à lui extorquer ce qu'il préparait. Elle l'étriperait sur place si elle savait. Les doigts témoignent de l'impatience sur l'accoudoir quand, enfin, l'enguenillé se décide à descendre les marches, visiblement repu. Sans lésiner sur la dépense, l'Irlandais récompense la fille d'un copieux pourboire. Voilà qui devrait garantir son silence sur ce client.

La promesse tenue, l'autre accepte de poursuivre la soirée en sa compagnie. C'est bras dessus bras dessous qu'ils gagnent le quartier de la Rabine et la baraque en bordure de quai. Rarement investie, des sacs de voyage juchent encore le plancher. C'est au sous-sol que ça se passe. Autour d'une table, ils trinquent à l'ambre irlandaise comme de vieux compères. Les deux ne sont pas si différents et leurs récits se croisent avec une justesse qui appelle des sourires de façade chez l'Insulaire. Parfois même, de véritables éclats de rire. Entre solitude et mendicité, ils se retrouvent. Trop. En finir, et vite. La lame est dans sa manche, prête à éclore sur la gorge du voisin.

    « Et votre âme ? »
Qu'est-ce que c'est encore ?
La dextre hésite.
    « Vous tenez vraiment à baser ce nouveau départ sur une atrocité ?! »
Soupir du Gaélique.

« Et merde... »

Maudite Princesse.
_________________
Marzina
L’adolescence, je vous jure ! Marzina s’en sortait pas avec cette enfoirée d’adolescence qui avait jeté son dévolu sur sa tendre filleule. Où était donc passée son adorable Alix Ann, celle qui s’émerveillait d’un nouveau bijou, qui se satisfaisait d’un câlin, qui rêvait d’une licorne ?...Elle avait été transformée en une sale gosse pleurnicharde qui faisait des fugues à outrance et ne répondait même pas aux courriers de sa marraine ! Sans parler du fait qu’elle était devenue tavernière de la taverne d’une enfant pourri gâtée qui l’avait entrainée dans cette débauche de rebellitude. Marzina détestait cette enfant, elle était sûre qu’elle était la cause de ses malheurs.
Depuis qu’elle était à Vannes, elle avait passé sa journée à faire le tour de Vannes avec une esquisse représentant Alix Ann, demandant aux passants s’ils ne l’avaient pas aperçue. Elle ne pouvait pas être bien loin ! A chaque fois, la réponse était la même : « Pas vu. » ou « Pas fait attention. » Sauf ce soir-là, alors que la blonde finissait son tour, morte de froid et de fatigue. Le miséreux avait levé les yeux vers l’adorable minois blond angélique, détaillé l’Altesse auquel il appartenait, s’était arrêté sur les signes ostentatoires de richesse matérielle et baragouina dans un patois vannetais :


« Il s’pourrait bien que je l’ai vue. Quelques pièces m’aideraient à me souvenir. »

Malheureusement, si l’Altesse pouvait paraître angélique au premier abord, les apparences étaient parfois trompeuses. Le nez hautain se fronce et une gifle s’abat sur l’impudent qui se dresse entre une mère poule et la punition qu’elle pense asséner à sa fille fugueuse tandis qu’il se fait fusiller par les yeux noirs qu’il admirait tantôt.

« L’as-tu vue ?! »

Il sait qu’il n’aura pas une pièce, la furie n’a pas l’air du genre généreuse, et l’inquiétude qui se marque sur le front orgueilleux lui intime de se méfier. Les mères inquiètes sont toujours promptes aux pires actes pour leur enfant. Il se masse la joue, crache au sol.

« Ouais, j’l’ai vue votre gamine. »

Les yeux noirs s’arrondissent et dévisagent le mendiant. Avec mauvaise humeur il lâche :

« Elle a passé les portes de Vannes ce matin. Vers Rieux. Avec une autre gamine. »

La blonde encaisse le coup, déglutit difficilement. Elle est partie. Elle s’est cassée. Sans même prévenir.
Et puis un autre genre de pensées l’assaillent. Elle sait pas se débrouiller sur les routes. Elle sait pas se battre. C’est une jolie gamine vierge et naïve, seule sur les routes.
Ca y est, elle la sent serrer sa gorge, l’angoisse, celle de la mère qui voit le poussin quitter le nid avant même d’avoir des plumes.
Il faut qu’elle la retrouve, qu’elle la ramène. Elle n’est pas prête pour ça, ce voyage seule, sans même une garde avec elle.
Et cette sale gosse qui a encore trouvé le moyen de l’embarquer dans ses conneries monumentales !
La décision est prise sans même qu’elle y réfléchisse. Pas un moment elle ne se dit que ce gueux pourrait lui mentir, pour la simple et bonne raison qu’elle l’avait violenté et qu’il aurait pu vouloir se venger. Non, elle range l’esquisse dans son sac et retourne chez elle pour aller chercher son cheval, prête à partir sur le champ. Avant de se dire qu’elle ne savait pas où et quand elle réussirait à rattraper Alix Ann. La petite avait beaucoup d’avance sur elle. Il fallait qu’elle emmène l’Irlandais. Alors elle fait rapidement le tour de sa propriété, demande à son rare personnel. Non, ils ne l’ont pas vu, il est parti avant midi et on l’a pas revu depuis. L’angoisse reprend, serre le cœur en plus de la gorge. Elle se sent tellement désorientée l’Altesse, tellement démunie face à cette désertion de son trésor, et l’absence du chevalier à ce moment. Elle fait le tour des tavernes, non, ils ne l’ont pas vu. Nouvelle déglutition difficile. Serait-il chez lui ? Mais pourquoi donc y serait-il retourné ? Est-ce qu’elle avait dit quelque chose de mal, hier ? Il avait été particulièrement taciturne sans qu’elle parvienne à savoir pourquoi. En désespoir de cause, elle s’y rend ouvre la porte, ne le trouve pas dans la pièce principale. Du bruit en bas, l’espoir qui renait, il n’est pas parti, il est là. Lui saura, avec son aide elle réussira à la rattraper avant qu’il ne lui arrive quoi que ce soit !
Elle ouvre la porte, descend les marches quatre à quatre, et la voix trahit les émotions. L’angoisse, mais surtout, la foi.


« Finn ! »

La silhouette fluette débarque essoufflée dans la taverne improvisée, et les yeux noirs s'écarquillent sur la scène qui lui semble presque iréelle: Finn, et un genre de faux jumeau maigrichon. Si elle avait pu se plaindre parfois du manque d'hygiène du premier, l'odeur du second qui venait chatouiller ses narines lui permirent de constater qu'il y avait bien pire. Le dit nez se fronça, se sentant agressé, et elle se demanda ce qui se passait là.
Depuis quand il se biturait au sous sol avec ce qui ressemblait fort à un clodo?!
Et soudain, les yeux s'arrondirent, se rappelant la conversation qu'ils avaient eu sur les projets de nouvelle vie de l'Irlandais. Les sourcils se froncent et les yeux noirs fusillent le Gaélique. Le ton se fait réprobateur et outré:


"Finn! Je...j'arrive pas à croire que vous ayez osé faire ça!"

Oui, bon, techniquement, il avait encore rien fait. Mais enfin bon, il avait ramené son presque-sosie, c'était pas pour lui payer à boire gratos non plus, on lui faisait pas à la blonde!
Sosie qui se tourne vers elle et avec le charisme de l'homme qui a plus d'alcool dans les veines que de sang, lui fait remarquer:


"Votre mari est formidable! Il m'a payé à boire et..."

L'Altesse est sidérée.

"C'est pas mon mari, soûlot!"

Mais l'autre est lancé, c'est pas ce genre de considérations qui vont l'arrêter.

"...j'disais, y m'a filé que'ques pièces et...
- Ben voyons!
- C'est pas vous qu'auriez fait ça, j'vous connais, jamais une pièce à la messe!
- J'y vais pas, débile!
- Enfin franchement le bordel, c'était...ah! c'était génial! Quelle bonne marrade!"

Silence soudainement, où la blonde fixe l'Insulaire droit dans les yeux, de ce silence qui ne présage rien de bon. Les yeux princiers se plissent, et l'Altesse annonce en attrapant une bouteille vide sur la table:

"Finn. Je vais vous tuer!"

Et l'ivrogne de commenter:

"Elle a pas l'air commode, votre femme."

Avant de s'appuyer sur la table pour se lever, dans un relent d'alcool.

"Je crois qu'il vaut mieux que j'y aille."
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Finn
    « Oh Seigneur... »
Pourquoi l'avoir amenée là ? La voix dans sa tête prend corps sous les traits d'une Altesse courroucée. Pourquoi... Mais pourquoi ?! Alors que son arrivée voit ses plans partir en fumée, l'échange qui suit l'accable encore un peu plus. Ce regard qui vous donne un avant-goût du pal en vous transperçant du juste reproche et puis ce silence préparant au supplice. Ça y est, son heure a sonné.

Le Gaélique se lève d'un bond et s'appuie sur l'épaule de l'ivrogne pour le visser sur sa chaise.


- « Assis ! »

L'autre retombe sans objecter et se remplit un nouveau verre, comme si la scène n'avait été qu'au mauvais rêve qu'il oublierait bien vite.

- « D'accord, mais c'est qu'on arrive à court de liquide. »
- « Bordel, posez cette bouteille ! »

L'Irlandais se jette en avant sur l'Altesse, visant la bouteille brandie. On ne frappe pas une femme, mais une femme avec une bouteille, c'est autre chose. La dernière fois qu'il avait eu affaire à ce genre de créatures armées, son crâne s'était méchamment ouvert. Hélas, il s'agit d'une Altesse, celle-ci en particulier, et la règle de base de leur relation s'applique : on ne frappe pas l'Altesse.

- « Mais calmez-vous, je vais vous expliquer, c'est pas du TOUT ce que vous croyez !... »

C'est alors que dans l'empoignade, la dague dégringole de sa manche et frappe le sol dans un bruit de ferraille. Froncement de sourcil de l'Irlandais brusquement dépourvu d'argument.

- « … Bon, j'allais peut-être l'égorger mais j'ai pas touché un seul cul ! »
- « À la campaaagne y aaa des cocus, mais à la viiille y eeen a bien plus... !*
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Marzina
Sa petite était partie, la laissant dans le désespoir le plus total. Et voilà que pendant qu'elle cherchait Finn, lui faisant confiance pour l'aider à ramener son précieux trésor, lui se payait du bon temps dans un bordel?! Ça ressemblait à s'y méprendre à une trahison, à plusieurs niveaux. Sa main se serre autour du goulot de la bouteille, trahissant la colère qui l'envahissait. Et cet horrible chien galeux, mais qu'il se casse, GAST!
Ce qu'il s'apprête à faire, mais le Gaélique l'en empêche. C'en est trop pour l'Altesse qui fronce le nez et lève la bouteille afin d'en asséner un bon coup au chevalier. Mais bien sûr, plutôt que de se laisser sagement rosser, faut qu'il s'interpose, qu'il se rebelle!


"C'est ça oui! Vous n'êtes pas en train de vous saouler la gueule avec un traine-la-misère condamné à mort après vous être vidé dans une putain!?"

Non, bien sûr. Alors, ce n'est pas du tout ce qu'elle croit, c'est ça?!

"GAST! Mais lâchez-moi, ordure! Vous n'avez pas le droit de m'en empêcher, vous le méritez, traiiiiitre!"

Elle se débat comme un beau diable, ivre de rage, vexée qu'il ait le dessus, et avec une furieuse envie de le frapper pour décharger toute la rancœur qui l'envahit.

"TOUCHEZ PAS MA BOUTE...."

La phrase reste en suspens, soudainement brisée par le bruit métallique d'une arme qui rejoint le sol. Les yeux noirs fusillent à nouveau l'Irlandais, accusateurs. "COUPABLE!" qu'ils scandent. D'abandon, d'abus de confiance, de tromperie, de tentative de meurtre avec préméditation, la liste est longue! Et comme la blonde a tendance à être de mauvaise foi, faites lui confiance pour trouver d'autres chefs d'accusation.
Et le fait qu'il ne reconnaisse même pas ses torts, qu'il continue de nier alors que les faits sont là, que le témoin est là même, ne fait qu'ajouter à sa rage débordante. Elle tente de l'assommer, manque son coup, et puisqu'on parle de cul, celui de la bouteille explosa contre le mur.
Loupé.


- « À la campaaagne y aaa des cocus, mais à la viiille y eeen a bien plus... !
- SERR DA VEG!*"

Dans un mouvement de mauvaise humeur, la blonde se retourne et plante l'un des pics tranchants de la bouteille dans la main de l'imbécile qui osait chanter, hurler aux oreilles fragiles d'une princesse qui n'a aucun goût pour l'art du chant. Peu importe les paroles, la sentence aurait été la même. Le malheureux se mit à hurler, de douleur cette fois, ce qui ne sembla pas inquiéter l'Altesse outre mesure. Retirant la bouteille d'un geste sec, elle fronça les sourcils et asséna au traitre qui lui faisait face ce qu'elle avait sur le cœur, enfonçant un index accusateur sur son torse.

"Vous n'êtes qu'une ignoble ordure! De la pire des espèces! Ah quand messire Pommières décide de faire mal, il ne le fait pas à moitié! Il cherche le jour où on a le plus besoin de lui, il disparait, se tape des putains, et tente de buter un mec, TOUT A LA FOIS!"

Mais l'autre continuait de beugler comme un âne dans ses oreilles, gémissant qu'il avait mal, pleurant même, l'alcool aidant. C'était pas le moment de froisser les nerfs de la bretonne, c'était vraiment pas le jour, parce qu'elle était sur le point d'exploser de colère telle une furie vengeresse. Alors quand elle tenta de faire tous ses reproches à Finn, qu'elle s'entendait à peine lui gueuler dessus, qu'elle était agacée, et que les cris de l'autre lui vrillèrent tant les tympans qu'elle en attrapa la migraine, sa fureur prit le dessus et elle tenta d'asséner un revers de la bouteille à l'impudent qui voulait gueuler plus fort qu'elle.

"JE VOUS AI DEMANDE DE..."

Dans un formidable élan de conservation -ou peut-être juste déséquilibré par l'alcool-, l'énergumène pencha la tête de coté et évita le tesson de bouteille. Malheureusement, c'était un mauvais calcul car l'arme continua sa course et au lieu de rencontrer sa face, dessina une large entaille dans sa gorge. Un flot de sang vint moucheter de carmin la blonde qui sursauta au contact, hébétée. Le sosie du Gaélique laissa échapper d'horribles borborygmes, indiquant par là-même que non, il n'était pas encore totalement mort, tout comme son cœur continuait à faire jaillir des mouchetis sanglants un peu partout pendant que son presque-cadavre glissait lentement de la chaise, s'écrasant mollement au sol. Les yeux noirs princiers glissèrent du sanglant tesson de bouteille qu'elle avait encore à la main au corps qui s'étalait à ses pieds. Soudain, elle sembla reprendre vie:

"AAAAAAAAAAAH! Mes chausses!"

Elle repoussa violemment du pied le presque-cadavre qui tâchait irrémédiablement ses chausses préférées, et constata d'une moue qu'elles étaient foutues. Le bruit s'étouffait peu à peu, ce qui ramena son attention à lui, et elle sembla s'éveiller à un stade supérieur, laissant tomber son arme pour agripper l'Irlandais et le secouer tel prunier.

"GAST! Je crois qu'il est en train de crever! Finn, faites quelque chose!"

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*ferme ta gueule
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Finn
Du verre pilé plein les tifs, le Gaélique s'ébroue avant d'assister, stupéfait, au châtiment du gueulard.
Au moins, il ne chante plus, mais pleurniche à chaudes larmes. Pour la discrétion, on repassera. Et voilà que le torrent d'invectives reprend de plus belle.


- « Que Sainte Marzina m'excuse d'avoir voulu offrir un peu d'bon temps à un homme pour le dernier jour de sa vie ! Mille pardons !! »

Il n'avait QUE de bonnes intentions, t'as compris ? Tout de suite à s'imaginer le pire, celle-là. Femelles à la noix ! La voici qui réarme son tesson pour frapper le pauvre hère auquel il souhaitait épargner toutes ces souffrances. Raté, c'est peu dire. Le gus s'affale sur le sol en arrosant tout sur son passage. Le vil salopard !

Les prunelles de l'Irlandais s'arrondissent face au retournement de situation. Et secoué, il foudroie la fautive du regard.


- « Mais merde.. c'est n'importe quoi ! Regardez ce que vous avez fait, vous me l'avez tout salopé ! »

Poussant un grognement indigné devant l'état déplorable de SON macchabée, le vieux se dégage pour attraper une pelle dans le foutoir accablant de son sous-sol. Puis la levant au-dessus du gisant, il l'abat aussi sec sur la gorge qui rompt et envoie bouler la tête sous l'impact, faisant cesser pour de bon les infâmes jérémiades. Sans plus attendre, avant que l'autre ne finisse de se vider sur ses dalles, il traîne le cadavre jusqu'au vieux tapis en ronchonnant dans sa barbe tout du long :

- « Travail de sagouin. Même pas capable de faire ça proprement ! »

Du pied, il emballe le corps sans vie et interpelle brusquement la Princesse d'un regard alarmé :

- « Et la tête ? Elle est où la tête ?? Restez pas plantée comme un radis et retrouvez-moi cette putain d'TÊTE ! »
_________________
Tynop
C'est en pestant contre ce maudit Irlandais et contre lui-même que le vagabond prend la route du lieu convenu. Yeux mi-clos et cernés, bâillements étouffés de plus en plus fréquemment, tignasse ébouriffée. De quoi faire comprendre à qui aurait la malchance de le croiser à une telle heure que le blondinet n'est pas matinal. La seule raison valable pour le sortir du lit, de la paillasse ou du tas de foin dans lequel il ronfle habituellement alors que le soleil n'est pas levé, c'est l'appât du gain. Ainsi, les rares fois où il s'était déjà levé aux matines, c'était pour une prise de mairie nocturne. Mais on ne crache pas sur trois milles écus. Bien que le blondinet persiste à ne pas y croire. Il y a forcément quelque chose de foireux quelque part. Tynop en reste persuadé. À tout les coups, il va débarquer et tomber nez à nez avec Konrad et Hulrika qui voudront lui faire payer le coup de Chinon. Oui, voilà, tout est calculé. Ils ont pris contact avec l'Irlandais et monté un coup pour lui faire peau.

Il soupire. Parce que sa curiosité l'emporte sur sa paranoïa, et qu'un pas après l'autre, il se rapproche des quais. Trouve sans difficulté -pour une fois- la baraque indiquée au dos du courrier. Y pénètre d'un pas méfiant, main sur la poignée de la rapière. Entend des paroles, une chanson, et enfin des hurlements. Il parvient à reconnaitre la voix du Pommières, et les cris lui semblent aussi familier.


L'est en train d'égorger quelqu'un ou quoi ?

Lâché comme une plaisanterie destinée à le rassurer lui-même sur l'improbabilité d'un tel acte, le blondin ne croit pourtant pas si bien dire. Empruntant l'escalier, il parvient jusqu'au sous-sol. Les propos lui parviennent maintenant distinctement. Toucher des culs... Du bon temps... Des chausses... Tout salopé...

Les sourcils se froncent. Serait-il possible que... Non. Le blondinet n'a pas l'intention de pimenter la vie sexuelle de ces deux détraqués par une partie de jambes en l'air à trois. Il leur ferait savoir. Un raclement de gorge plus tard, le voilà qui frappe à la porte du sous-sol, de manière plutôt forte histoire d'éviter sur une scène susceptible de lui faire perdre la vue. Se décidant finalement à entrer, il pousse la lourde et sent quelque chose heurter son pied. Baisse les yeux pour identifier la chose. Lâche finalement un:


Bordel... Arrêtez de hurler. Votre tête est là.

Pas bien compliqué de la trouver, en même temps. Il suffit de suivre la trainée de sang qui part du reste du corps. Relevant les yeux sur l'Altesse et l'Irlandais, il se décide enfin à demander le pourquoi du comment:

Vous m'expliquez ?

Comme si déduire que s'il fallait signer la mort de l'Irlandais, la nécessité d'un cadavre s'imposait facilement. Que ledit cadavre se trouve en pièces détachées ici-même. Que la ressemblance entre le prétendu mort et le décapité est frappante. Mais là, le blondin ne comprend rien. Tout ce qu'il voit, c'est un cadavre, la Montfort et le Pommières, sans parvenir à faire un quelconque lien entre les trois. Qu'il regarde tour à tour.

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Marzina
- « Mais merde.. c'est n'importe quoi ! Regardez ce que vous avez fait, vous me l'avez tout raclureé ! »

Pour un peu, elle en pleurerait. "J'l'ai pas fait exprèèèèèès...". Mais c'est trop tard pour pleurnicher, il se vide de son sang l'autre. Elle voit Finn attraper une pelle. Hein?! Une pelle?! Mais non mais...
La pelle s'abat sur la victime involontaire de la blonde. La tête se détache du reste du corps, l'Altesse se met à hoqueter, sous le choc. Quand elle lui disait de faire quelque chose, c'était pour le sauver, pas pour l'achever! Même si elle étudiait la médecine, qu'elle avait dernièrement disséqué un canari mort, qu'elle avait tué à la guerre, elle n'avait jamais vu une tête se décrocher. Si elle n'avait pas brusquement bogué devant le spectacle, elle aurait pu en profiter pour étudier les différentes connexions qui passent dans un cou. Mais non, elle resta plantée là, à suivre des yeux l'Irlandais qui trainait son cadavre, dessinant une trainée de sang sur le sol de la cave.
Les cris de l'animal aux abois la tirent de son état léthargique et agressent le pauvre esprit maltraité. La blonde se mit alors à pleurer comme une enfant.


"J'ai perdu la tête...je sais pas où elle est, j'ai perdu la tête!"

Y'a des connexions qui ne se font plus, elle a perdu la tête dans tous les sens du terme pour le coup. Les larmes dessinent des sillons blanchâtres sur ses joues couvertes de sang séché. Elle est paumée là.

Toc toc toc

"Vous avez invité quelqu'un?"

Le tout demandé sur un ton super naturel. Quand je vous le disais, qu'elle avait un souci...Elle tourne la tête vers la porte, voyant entrer Tynop. Elle courut vers lui et lui prit la tête des mains pour la serrer contre elle en lui adressant un sourire un peu fêlé:

"Vous avez retrouvé la tête!"

Non, elle est pas en capacité d'expliquer.
_________________
Finn
De la visite. Avec tout ça, il en aurait presque oublié son invité surprise. Et quand celui-ci se démarque dès son arrivée en remettant la main sur la fameuse pièce manquante, le vieux Gaélique se permet de souffler en se passant le dos d'une main tâchée de sang sur le front.

- « Bien. Vous êtes à l'heure. »

Du moins le suppose-t-il, ayant perdu la notion du temps. Mais le bougre réclame des explications. Il y a plus urgent, là. L'Irlandais s'approche de l'Altesse et l'observe d'un air indulgent. De toute évidence, elle n'est plus maître de sa raison. De quoi la mettre sur la touche.

- « Prinsez ? Et si vous alliez vous asseoir quelques minutes ? Venez avec moi, on va vous trouver un petit remontant... »

L'entourant d'un bras, il lui faut déployer des trésors de patience pour la guider jusqu'à la table sans la brusquer et l'y faire asseoir bien gentiment. L'inquiétude se peint sur la trogne du mercenaire, allant de paire avec l'indécision. Lui vient alors l'idée de rapprocher une bouteille de whiskey entamée et un godet propre avant d'amadouer l'Altesse fêlée d'un doux sourire.

- « La bouteille contre la tête, d'accord ?... »

C'est qu'il en a besoin de son caisson de pouilleux. Il tente de le faire comprendre aux grands yeux noirs, mouillés et complètement paumés qui se lèvent vers lui. Mais rien à faire, la Blonde resserre l'étreinte sur son précieux bien avec un petit air contrarié. Buté, il finit par lui servir un verre plein qu'il lui fait ensuite miroiter sous le nez. L'intérêt semble s'accroître au profit de l'offrande, ce dont il profite pour extraire la tête orpheline de son cocon. Pauvre enfant... La paume burinée remercie la joue d'une caresse.

L'Irlandais se détourne à regret et l'abandonne pour aller rendre le visage marqué par l'horreur à son propriétaire initial en le jetant sur la dépouille occupant le tapis. Après un moment de réflexion, il retire la vieille médaille de baptême qui pendait à son cou et l'envoie au Blondinet. Et au cas où il n'aurait pas bien saisi :


- « Elle ne vaut rien, à moins que vous ne l'offriez en gage de votre bonne foi aux Bouillonnais. »

Sa valeur est sentimentale, le vulgaire disque de métal ne l'a jamais quitté depuis sa baignade forcée dans le loch. Nul doute que les parpaillots de Bouillon reconnaîtront l'emblème de son hérésie papale. Il en imagine déjà certains se repaître du trophée, les mécréants... Il frappe le cadavre du pied.

- « Je crois qu'il vous reste plus qu'à l'emballer. Vous confierez tout d'abord le tronc à Rose, et j'insiste là-dessus : vous lui demanderez de conserver le corps à l'abri des regards et de ne rien en faire avant de recevoir mes instructions. Après lui avoir rendu cette visite, et seulement après, vous ferez route jusqu'à Bouillon afin d'empocher vos écus. Vous leur offrirez la tête et la médaille. Je compte sur vous pour inventer une petite histoire. »

Voilà qui devrait être dans ses cordes. L'Irlandais s'avance avec un demi-sourire caustique et passe le bras sur les épaules du complice artésien. Et nonchalamment appuyé sur lui, il incline la tête pour dévisager l'allure du colis.

- « Cela dit... Vous devriez peut-être laisser le temps à la pourriture de masquer les imperfections. »

Le vieux cinglé se fend d'un ricanement macabre en lui assénant finalement une tape amicale dans le dos avant de se détacher, concluant l'entrevue.

- « On se reverra en Bourgogne. »
_________________
Tynop
C'est sans un mot qu'il lâche la tête du malchanceux pour la laisser entre les mains de l'Altesse, yeux plissés pour tenter de comprendre le pourquoi du comment. Avant de finalement se dire que la meilleure chose à faire avec ces deux-là était encore de ne justement pas chercher à comprendre, au risque de perdre la tête -au sens figuré, du moins il l'espère- et devenir aussi cinglé qu'eux.

Patient, il attend donc et observe la manœuvre Irlandaise visant à récupérer le saint Graal des griffes possessives de la Bretonne. S'attendant à tout moment à une réaction hystérique. Flippante. Elle est flippante. Ce grain de folie dans son regard, ses gestes, son comportement, ses réactions. De la folie malsaine, à vous faire grelotter. C'est qu'il fait froid, ici, non ?

En guise de réponse à ses interrogations précédemment étouffées, un médaillon lui est lancé, et est attrapé au vol avec plus ou moins -et plutôt moins que plus- de grâce et d'aisance. Portant immédiatement le regard sur l'objet qu'il commence à détaille en quête de la moindre trace apte à lui indiquer la valeur du bien, le vagabond voit ses espoirs réduits à néant.


J'aurais dû me douter que vous ne comptiez pas m'offrir de bon cœur quelque chose qui excède deux deniers. Et encore, c'est probablement trop vous demander.

Pestant juste pour la forme, il jubile intérieurement, et tâche de garder un air impassible tandis qu'il se voit détailler les consignes. Mais au fond, dans ce petit coin de crâne réservé à la pensée, la seule chose qui résonne, c'est le doux tintement de trois mille écus qui s'entrechoquent. Riche. Il va devenir riche. Ou mort. Si les Bouillonnants se rendent compte de sa supercherie, il voudront lui faire la peau. C'est déjà le cas, mais cette fois-ci, ils mettront leurs desseins à exécution.

Le tronc à Rose, la médaille et la tête aux chevaliers de pacotille. Bien.

Sourcil haussé, il constate non sans surprise le geste amical de l'Irlandais, peu habitué à de telles manifestations de sa part.

N'essayerez pas de m'amadouer, Finn ?

Avoue, mon vieux. Tu aurais une poitrine opulente et un sourire aguicheur que tu t'en serais servi pour parvenir à tes fins.
Lâchant finalement un léger ricanement, il se contente d'acquiescer, avant de formuler ses dernières paroles.


Inutile de vous demander pourquoi cette mascarade, je suppose. Tant pis, ça ne regarde que vous. Simplement, évitez de trop vous faire remarquer si vous voulez que ça marche. Mais ça, je suppose que vous le savez déjà. Après tout, si vous faites tout cela, vous devez y avoir un intérêt.
Dans la mesure du possible, j'aimerais avoir un bout de vélin avec les noms des personnes au courant. Que je sache devant qui jouer la comédie ou non.
Je vous écrirai quand le tronc sera parvenu à votre femme.
Bonne route à vous, Finn, et à bientôt. Mes salutations à l'Altesse, quand elle aura... Euh... Retrouvé la raison.


Si tant est qu'elle ait une raison, ce dont le Blondinet doute sérieusement. Empaquetant soigneusement le cadavre dans le tapis, le Blondin prend ensuite la direction de la sortie sans demander sans reste, jetant un dernier regard par-dessus son épaule, au cas où l'Altesse, prise d'une pulsion démoniaque, ait décidé de l'assassiner sauvagement.
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Finn
Le Blondinet semble plus vif qu'il n'en a l'air. Et alors qu'il récapitule ses instructions, l'Irlandais se demande si le zig a déjà daigné montrer ce qu'il est vraiment. Tout n'est toujours que parade et faux-semblant chez lui. Un faux pitre maniant l'ironie jusqu'à la nausée. Sans doute ce qui le rend aussi captivant que détestable.

- « La seule autre personne au courant attend votre venue. Enfin, façon d'parler. »

Rose ne s'attend certainement pas à voir débarquer celui-là, et encore moins chargé d'un tel présent. L'espace d'un instant, tandis que l'Artésien prend congé, l'idée de la prévenir est soumise au jugement de l'Insulaire. Et réflexion faite :

- « À ce propos, vous gagneriez sûrement à modérer le récit de votre implication dans cette affaire, voire à taire la perspective d'une récompense devant elle. C'est un conseil. »

Les intérêts ont beau se rejoindre pour l'instant, la demoiselle est si changeante qu'on est pas à l'abri d'une nouvelle entrée dans la longue et fastidieuse liste de ses coups d'éclat. Un revirement qui serait synonyme de trahison même, pourquoi pas. Et alors, nul pardon serait accordé, mère de sa progéniture ou pas. Elle saura en temps et en heure, ça lui laissera moins l'occasion de cogiter, ou de songer à se dérober. Un dernier signe au complice qui disparaît sans plus d'effusion et le Gaélique s'en retourne vers l'Altesse. Se penchant sur elle, dans son dos, ses mains viennent masser ses épaules pour tenter d'apaiser le cours des événements sur un esprit à l'équilibre déjà fort précaire d'habitude. Un sourire serein borde un baiser apporté à la tempe.

- « Là.. c'est fini. Il est parti, Pommières n'est plus. »
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Tynop
Et un pigeon plus tard:
Citation:

Rose,

Comment allez-vous ?
J'ai un cadeau pour vous. De la part de Feu votre mari. Je vous propose de venir le récupérer en Limousin -le cadeau, pas le mari- le plus tôt possible.
Venez seule.

Bien à vous,
Tynop.

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Rosalinde
Enfer et damnation. Méfiance est de mise.

Citation:
    Tynop,

    Un cadeau ?
    De la part de Finn ?

    Je n'en veux pas. Gardez-le.

    Du reste, je ne suis pas seule, et nous ne comptons pas nous rendre en Limousin de sitôt.

    Rosa.

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Tynop
Moue perplexe du Blondin qui pensait avoir été assez explicite. Deuxième tentative:

Citation:

Rose,

C'est un cadeau de la part de FEU votre mari.

Je pense que cela vaut la peine pour vous de faire l'effort du déplacement.

Bien à vous,
Tynop.

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Rosalinde
Mmmmmh... Tu sens l'odeur rance du cadeau empoisonné qui se profile ?

Citation:
    Tynop,

    Je sais lire, merci.
    Mais le fait que vous ne vouliez pas me dire exactement de quoi il s'agit me laisse à penser que cette face de serpillière qui m'a servi autrefois de mari (hinhin) m'a préparé un énième et (je l'espère) ultime plan foireux, selon son habitude. Donc je vais songer à venir, mais je vous préviens, si ça ne me plait pas, je me casse et vous le gardez son cadeau pourri.

    Portez-vous bien,

    Rosa.


"Cadeau pourri". Haha. Elle ne croyait pas si bien dire.
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Tynop
Citation:

Rose,

Vous avez ma parole (à vous de juger de sa valeur) qu'il ne s'agit pas d'une combine visant à vous tuer ou vous estropier. Je ne puis vous garantir que le cadeau vous plaira, mais c'est avec plaisir que je le récupèrerai si jamais vous veniez à le refuser.
Songez-donc. Je vous attends. Je me réjouis de constater à quel point la perspective de me revoir provoque vote enthousiasme.
Je tâcherai de ne pas vous faire perdre votre temps, faites-donc de même avec moi, Rose.

Bien à vous,

Tynop.

PS: Je vous ai fait un joli dessin avec l'adresse au dos du vélin.


Une vieille étable abandonnée, en dehors des murailles de Limoges. Pour sûr, si elle s'attend à un coup foireux, ce n'est pas la description du lieu de rendez-vous qui va la contredire. Lui, au final, ne sait pas vraiment pourquoi il rend ce service: Il a la tête, il a le tronc, il a le médaillon. Il lui suffirait de débarquer à Bouillon, de tenter sa chance et de partir.

Mais non, il est là, à poireauter dans cet endroit, affalé contre un tas de foin. S'il se borne à respecter les consignes de l'Irlandais, c'est bien parce que le vieux est une des rares personnes que le Blondin craint. Dans la trogne Artésienne, rouler le Gaélique reviendrait à le voir débarquer tôt ou tard, poignard en main, sourire carnassier au-dessus de votre lit.

Et puis, avouons-le, il respecte Finn. Ne se l'avouera jamais, tentera de masquer ce fait derrière des quolibets et des plaisanteries vaseuses à son égard, mais la vérité est là. Il aime bien ce type méprisant et méprisable.

Et c'est bien pour ça qu'il fait preuve de patience et de pédagogie à l'égard de la Rose

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