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[RP] Retrouvailles salées.

Finn
Grand retour à Gwened. Après le périple en terres françaises, le Gaélique remet les pieds dans les rues de la cité vénète, les bras chargés de tout ce fatras qui eut le temps d'épouser la poussière en son absence. La baraque en bordure de quai est abandonnée au profit d'une nouvelle, au cœur de la ville. Elle a souffert un drame qui lui colle encore aux dalles, malgré ses efforts pour l'en laver. Il ne s'y était jamais vraiment senti chez lui, de toute façon. Fini le ballet des marins ivres toquant à toute heure en quête de fesses à pincer ou de corsage à gonfler d'or.


    [Rue des Halles, au 2.]

Stratégiquement sise au point de jonction des principaux troquets, la demeure ne paie pas de mine. Un toit, des murs solides, suffisamment d'espace pour entreposer son bordel, c'est tout ce qu'il demande. La paix d'un quartier sans histoire en prime. L'occupant n'aimant pas que l'on vienne fourrer son nez dans ses affaires, l'austérité de la façade se charge de dissuader les indiscrétions. À l'intérieur, encore une fois, rien d'ahurissant. Le clinquant se mêle au vétuste, offrant un curieux contraste à l'œil profane. Aux murs de pierre délabrée, une riche tenture par-ci, une simple torche par-là, parfois s'y appuient une armoire de bonne facture, au bois soigneusement verni, quand, en face, une étagère menace à tout moment de s'écrouler sous le poids d'une pile d'écrits aussi divers que variés. Un vieux tapis réchauffe un peu l'atmosphère par son exotisme, et quelques trésors de guerre disséminés aux quatre coins de l'abri témoignent d'une vie de trimard. L'ensemble, résolument spartiate, n'encourage pas aux séjours prolongés. L'endroit n'est rien d'autre qu'un hangar à vieilleries fossilisées, au mieux un mausolée à la gloire d'un passé peu reluisant. Certainement pas le joyeux foyer plein de vie, plutôt la tanière encombrée d'un vieux garçon n'ayant jamais su prendre le temps de s'asseoir.

Mais ce soir, Ó Mórdha reçoit. Le matin même, un pli s'envola à destination de l'invité, décrivant, en substance, une adresse entre le terrain de lice et l'église Saint Patern - deux lieux Ô combien prisés par le propriétaire. La meilleure indication étant encore celle qui conclut l'invitation :
    « Suivez les odeurs de chair crue. »
Impossible de se tromper, à moins de tomber un jour de duel. Et encore, faut-il qu'il soit féroce. Les carcasses de porc marchandées sur la foire dans les heures qui suivirent se retrouvent à présent suspendues à un crochet, dans l'attente d'être débitées. Cloîtré dans la dépendance accolée à la bâtisse, et servant d'atelier de boucher, l'Irlandais aiguise ses couteaux. L'heure tourne et le vieux grison n'est pas du genre patient. À plus forte raison lorsqu'il ne sait pas exactement quel genre d'engin risque de se pointer à sa table. Alors l'œil rivé sur les larges portes, il scrute la rue par l'entrebâillement dans le mince espoir de voir renaître cette bonne vieille bure paternelle sur les épaules de sa nouvelle propriétaire.

Et si elle est bien ce qu'elle prétend ? Et si elle est bossue ? Cul-de-jatte ? Mono-téton ?! Grimace.
Et si elle ne l'est pas ?... Il sera bientôt fixé.



Deuxième partie du RP « Is ait an mac an saol. »
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Arzela
C’est une gamine pas très grande de quatorze ans, affublée d’une bure bien trop large qui déambule en râlant dans les rues de Vannes. Non seulement il parlait une langue bien étrange dans le coin, déjà qu’elle s’était troué la caboche afin d’apprendre à parler français, voilà que maintenant, elle devait faire un effort bien trop important pour comprendre les locaux. Ah ouais, en plus, on l’embrouillait ! On lui disait que ‘Demat’ voulait dire ‘au revoir’ et le lendemain on lui disait que ça voulait dire ‘casse-toi’. Elle avait finalement accepté la chose en se disant qu’en réalité, il n’y avait pas de réelle différence. Moineau n’est pas très cordiale, c’est là un de ses nombreux défauts. Bien heureusement, un de ses atouts salvateurs n’est autre que celui d’être un tantinet futé. Car après chaque plan foireux, Arzela décidait avec résolution implacable qu’on ne l’y prendrait plus ! En attendant, elle râlait dans les rues de Vannes. Vannes qu’on appelait aussi Gwened. Bon dieu ! Ils ne pouvaient pas tous se mettre d’accord ?

Car oui, Moineau venait de loin, et lorsqu’on lui avait donné rendez-vous à Gwened, elle s’était mise en tête de chercher Gwened. Sauf que voilà, les pégus du coin qui pensaient avoir trouvé une semblable aussi quichée qu’eux l’avaient embobinée et débobinée. Arzela avait fait le tour de la Bretagne en passant par Vannes qui s’appelait aussi Gwened, mais ça, elle ne le savait pas. Ô qu’elle voulut arracher les orteils de chaque pégu moisi qu’elle avait croisé seulement pour se soulager de cette langue qui lui faisait diablement défaut. Bien heureusement, Arzela n’est pas rancunière, à moins que ce n’était qu’un souci de cervelle et de mémoire à courte distance.

Elle arriva donc au 2, rue des Halles. Ne voulant pas faire comme tout le monde, au lieu de commencer à frapper, elle fit le tour de la propriété. Eh bien ! Le frangin était sacrément bien installé ! Elle voyait déjà le feu crépiter dans la cheminée, l’hydromel couler dans son gosier et son fessier bien installé. Vous l’aurez compris, pire qu’un nuisible épuisable, Finn venait de gagner une invitée redoutable qui comptait bien prendre ses quartiers en sa maisonnée. Pauvre tête décolorée qui s’attendait à un accueil chaleureux et de la charcuterie plein la table. Après avoir fait son petit tour et senti en effet la délicate odeur âcre de la carne, elle frappa à la porte.


« J’suis Arzela, j’viens voir Finn. Finn Ó Mórdha.Fait sacrément froid dehors, alors si vous pouvez vous grouiller... »
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Finn
Les coups à l'huis se joignent au coups du hachoir qu'il plante finalement sur l'établi. Ça sera tout pour aujourd'hui. Laissant sa barbaque, le Gaélique essuie le rouge de ses paumes dans son tablier et prend congé de l'atelier pour aussitôt se retrouver dans la pièce principale du logis, là où ça cogne. Le soir n'a pas attendu qu'il achève sa besogne pour tamiser l'intérieur. Sans prendre la peine de se changer, l'occupant allume une chandelle sur la grande table rustique qui trône au centre. Les lattes de plancher couinent à nouveau sous ses pas, le menant cette fois jusqu'à la porte. Et lorsqu'elle s'ouvre, c'est une sacrée blague, bien meilleure que les siennes, qui frappe la double-face. Sourcil arqué, le vieux détaille la gamine flottant dans sa bure. Une gamine aussi sel qu'il est poivre.

- « Arzela Ó Mórdha ? »

Question rhétorique, ça ne peut être qu'elle : la vieille laine fait foi. Le sentiment d'avoir été roulé provoque néanmoins quelques secondes d'hésitation chez l'hôte. Elle n'est pas exactement ce à quoi il s'attendait et l'accueil s'en ressent. Polaire, mais surtout maladroit. Ne sachant pas encore comment digérer la nouvelle, si ce n'est en se perdant dans des calculs qui pourraient l'assurer qu'un tel fossé entre leurs âges rend crédible une réelle fraternité, l'aîné daigne s'écarter pour l'inviter à entrer.

- « Ahem... Je vous en prie, faites comme chez moi. » La table est garnie de la belle miche de pain promise mais Finn ne s'y arrête pas. Passant devant, il accorde un soin particulier à replacer un pot de chambre décoré des armes d'Orléans sur la cheminée. Souvenir d'une autre sœur, en un autre temps. Et ranimant le feu s'y mourant, il jette un coup d'œil par-dessus son épaule : « Vous buvez quoi ? »

C'est encore là-dessus qu'on juge le mieux.
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Arzela
Sur la pointes des pieds, la décolorée du bulbe se hisse, pointant, inquisitrice, son minois en direction de la fenêtre, espérant ainsi apercevoir la première cette silhouette soi-disant familière. On ne pouvait confirmer que Moineau avait une vue parfaite mais elle manqua de tomber quand appuyer contre la porte, cette dernière s’ouvrit. Sursautant, souriant comme un chien qui agitait la queue pour montrer que Nop ! Tout va bien ! Le volatile se rend alors compte que c’est son frère à moitié agréable dans ses écrits qu’elle rencontre.

« Ah ouais, en fait t’es vieux. »

On pouvait le dire avec plus de tact ou encore mieux ne pas le dire du tout. Sauf que la gamine était assez euphoriquement dérangée par cette rencontre pour baver n’importe quoi. Ce qui en réalité, ne changeait pas beaucoup de d’habitude. Alors tandis qu’il s’écarte, la bestiole prend l’invitation sans sourciller, entre, observe les murs et s’affale sur une chaise. « T’as quoi en stock ? J’prendrais bien… Une infusion d’feuilles avec un peu de lait. Non j’déconne. Un whiskey avec une larme de lait, j’ai pas petit déjeuner. Sinon, j’ai ramené ça, au cas où. »La bestiole sortie de sa besace une bouteille de poitín et la motte de beurre salé. « T’es plutôt bien installé... Moi j’dors où ? »Elle se lève et commence à essayer de retirer sa bure trop grande mais à force de tortillement se retrouve coincée et manque de tomber. « Damnú ort !* Surtout m’aide pas hein ! » Il est important de noter qu'Arzela ne parle pas bien français et emploi donc le tutoiement par facilité.

*Damn you

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Finn
Drôle de façon de briser la glace. La Dépigmentée a la langue bien pendue, et un rien cavalière. Un trait de famille, sans doute.

- « Pas 'vieux' : 'mûr'. Comme une belle pomme des récoltes d'octobre. », rectifie-t-il sur un ton qui se veut pédagogue, tout en mimant le fruit juteux pour l'exemple. Les mots ont leur importance et il compte bien lui inculquer quelques notions destinées à faire un meilleur usage de cette pâteuse qu'elle a féconde. « Whiskey, alors. »

Sans le lait, détail qui a bien failli tirer une larme au Gaélique. Corrompre du bon malt ? Ça non, il ne pratique pas ce genre de péché à faire chialer les anges. Embarquant un pichet gorgé d'ambre, Finn bascule le dossier du banc-tournis pour s'y attabler, les miches tournées vers la cheminée.

- « Propriété d'un défunt Grand Duc breton, vieilli en fût. 'Vieux', donc. » Qu'il précise tout en remplissant deux godets du fameux breuvage. « À ne pas siffler comme du petit lait », qu'il pourrait ajouter, mais ça semble évident.

D'un hochement du chef, l'Irlandais prend note de l'arrivée des victuailles sur la table. Un léger sourire lui échappe, même, à la vue du traditionnel tord-boyau. C'est de la piquette, mais de la piquette de chez lui, alors ça vaut bien tous les grands crus du monde. Un juron plus tard, le vieux grison se fend d'un éclat de rire. La résurgence de sa langue natale ou les grotesques gesticulations de la demoiselle emprisonnée dans sa bure, plutôt. Ah ça, elle a le sens du spectacle. Et de lever son godet à la rencontre :
« Slainte ! »*

Tandis qu'elle bataille, le Grisonnant sirote, cherchant à reconnaître une bouche, un œil ou un nez sur la bouille juvénile. Ce n'est pas flagrant, mais il y a un air. Il faut le reconnaître, même si les mouvements dans la robe dont elle essaie de s'extraire ne facilitent pas l'examen. Enfin, elle va s'en sortir, pas de doute.

- « Ça c'est ma chambre, défense d'entrer. » D'un œil, il désigne la porte sous clé sur sa droite. « Vous dormirez à la cave, comme prévu. On y pénètre par l'atelier. » Le menton pointe la porte derrière elle. « J'ai suspendu un filet de pêche aux poutres. C'est pas le grand luxe, et faut aimer partager son espace avec des carcasses, mais on y dort comme un bébé. » Et là, c'est l'expérience qui parle. Il a passé des nuits entières dans ce hamac de fortune, lorsqu'il traînait sa carne sur les routes.

Ce disant, le Frisé rompt le pain et tartine le beurre du plat de son couteau.

- « Mais avant, racontez-moi. Comment s'est passé le voyage ? » Et se rappelant sa dernière missive : « Vous avez failli y perdre un œil, c'est ça ?... Dites-moi tout. »


* « Santé ! »
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Arzela
Mûr, j’t’en foutrais du mûr. La bestiole se tortille, glisse, se rattrape et se dégage de la bure, enfin. Un soupire de satisfaction échappe de ses lèvres tandis qu’elle s’écrase de nouveau sur la chaise, harassée par la tâche. L’oiseau frêle plie donc la bure d’une manière fort peu commune, elle plie en mode boule. Faut essayer pour l’adopter. Au moins, ça ne demande pas beaucoup de compétences techniques au bonheur du volatile. Une fois la chose faite, elle la pose sur la table et regarde son verre, au moins, il l’avait servie. Arzela ne se sentait pas du tout de trop et leva son verre une fois installée en direction de son brother. « Slainte ! »

Ses lèvres plongent dans l’élixir.
Deuxième soupire de satisfaction. Les yeux vert olive détaillent les lieux, sans indiscrétion tout en savourant sa boisson, souvenir, souvenir. La bestiole ne remarque pas cette touche de lait qu’elle voulait surtout par caprice que pour délier ses papilles. Et quand l’Irlandais lui fait une visite des lieux, en bon élève, elle hoche la tête tout en s’abreuvant. Mais bien vite, c’est le drame. Il y a fausse route.


« Keuf keuf. QWEUAH ? Des vraies carcasses ? Tu déconnes nan ? J’vais pas dormir avec les restes de viande spongieuse, visqueuse et puante ! »Bah ouais, elle allait pas dormir avec Clostridium et Pseudomonas, toute la jolie petite compagnie. Mais ça, elle le savait pas. « En plus y’a pas d’feu là-bas, j’vais me geler non ? J’ai franch’ment pas envie d’dormir avec la viande. Y’a pas moyen d’faire autrement ? »Grogneuse, elle continue.

« Ouais j’ai failli perdre un œil ! J’te raconte !
J’portais donc la bure du paternel, entre… Avant Rohan quoi ! Et là, j’m’assois en taverne, normal. Quand j’portais la bure, j’avais droit à quelques chopines gratoss’, c’était franchement feun. J’discute avec du monde, tout ça. On m’demande d’où j’viens, et là j’invente. J’dis qu’j’viens d’Anjou. Ouais, j’avais croisé un angevin la veille, du coup, j’avais quelques notions quoi. Et le mec, un MA-LA-DE ! Il me saute dessus avec une cuillère en criant ‘C’est toi l’père Gramourf, j’vais t’saigner’. Enfin, c’est de l’interprétation. Il avait la bouche pleine mais les dents en moins, du coup, c’était chaud. J’lui ai claqué sa gueule contre la table à c’malade. Et là on m’a expliqué qu’il n’avait pas les angevins en saintetés. On m’a d’ailleurs dit que quitte à se faire passer pour un autre, s’faire passer pour un angevin, c’était un peu comme être un mouton et s’planquer au milieu des loups. Mais ça, j’savais pas. Bon c’est bien parce que ça fait du vécu quoi. ‘Fin voilà. C’était drôle quand même. Mais après, j’me suis faite virée de la taverne. Comme quoi, ‘quand on n’nettoie pas, on fout pas la merde.’ Que des moralisateurs.»


Ela prend enfin sa respiration.

« Sinon, ça gagne bien, boucher ? C’t’une vocation ou c’est plutôt par nécessité ? Et t’fais quoi dans la vie ? A part boucher ? »
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Finn
Une fois le pain séparé en tranches, et elles-mêmes tartinées, il en pousse la moitié vers elle, se trouvant déjà fort aimable de lui avoir mâché le travail. Broyant sa croûte au beurre salé, le Gaélique écoute le récit épique, les joues gonflées et le rictus en bordure de lippe. Il réagit du sourcil à chaque rebondissement, littéralement suspendu à ses lèvres : « Naaan… L’enfoiré ! » […] « Hahaha le coup de la cuillère… ». Oui, Finn aime les petite histoires et encore plus les conteurs. Même s’il aurait préféré l’écouter débiter ses aventures en vers. Ça manque un peu de poésie, tout ça.

Dans un rot sonore, l’hôte reprend la parole, à deux doigts de se vexer.


- « Elle vous plaît pas ma cave ? Y a la porte sinon, elle s’ouvre et se ferme, ça fait de jolis départs dramatiques. » Celle d’entrée, bien sûr, qu’il désigne vaguement du menton. Il ferait beau voir de filer des chambres grands standing à tous les pégus qui se présentent un matin d’hiver en se réclamant de votre sang. D’autant qu’il n’a que la sienne, et justement, c’est la sienne. « Ou vous avez cette pièce-ci, mais il vous faudra une paillasse, car j’en ai pas. À moins que vous ayez le goût du plancher ? » Quoique ça foutrait un beau bordel… Il conclut : « La cave, donc. Je vous apporterai des couvertures supplémentaires. »

C’est là l’effort auquel il consent. Qu’est-ce que c’est que cette jeunesse… Ça veut mener la vie de bohème mais ça craint d’attraper un mauvais rhume ? La demoiselle a beau arborer le fier petit air de famille Ó Mórdha, il n’en avait encore jamais entendu parler. C’est peut-être une sœur, ou demi-sœur plutôt, mais pour l’instant rien d’autre qu’une inconnue. Une étrangère. Alors la méfiance est de mise.

- « Un peu que ça gagne ! Mais c’est plus un passe-temps, voyez. J’aime bien découper la chair, faire péter quelques tendons. J’trouve ça apaisant. » D’un ongle, l’Irlandais racle un résidu de pâte molle sur sa canine, tout en réfléchissant à la suite de la question, et s’en débarrasse en l’envoyant au sol. « En dehors de ça, je suis mercenaire au service d’une Princesse. Enfin, ‘chevalier’ comme on dit. » Le pouce lui montre l’épée cérémonielle accrochée au-dessus de l’âtre, derrière lui, objet décoratif témoin de son adoubement. « Diplomate aussi, mais seulement quand je suis de bonne humeur. »

Retour des charbonneuses sur la jeune fille.

- « Et vous ? Je remarque que vous avez le tutoiement facile. D’après ce que j’ai pu moi-même constaté, ça traumatise pas trop les gens tant qu’on oublie pas de terminer par leur titre. » Il ne peut lui en vouloir, son noviciat chez les Franciscains eut beau lui enseigner la langue du royaume, le vieux briscard tutoyait tout autant à son entrée sur le continent. « Comment ça se passe au pays, pour vous ? Vous avez eu l’autorisation de votre mère pour vous pointer jusqu’ici ?... », demande l’aîné, sans l’air de blaguer. Est-elle seulement majeure ? « Parlez-moi un peu de votre famille. »
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Arzela.


Moineau s’était desséchée le gosier avec son histoire, elle prit donc une belle rasade et tenta de cacher un rot peu gracieux –comme tous les rots- ce qui, inévitablement, lui piqua les yeux et lui chatouilla les oreilles. Une fois le douloureux moment passé, elle toussote et croque dans sa tartine divinement beurrée. Si seulement ça pouvait être comme ça à chaque repas ! Le beurrage de tartine gratoss’ ! Si on ne connaissait pas les deux loustiques, on pourrait sans nul doute penser à une agréable fratrie où l’on se beurrait la tartine dans les moments difficiles ! C’était pas du tout ça. Mais maintenant que, pour leur première rencontre, le Brother avait beurré la première tartine, Arzela avait décidé qu’à partir de maintenant, elle prétexterait ne pas pouvoir le faire toute seule en déblatérant des âneries comme « j’peux pas, j’ai pas d’mains ! » Sauf qu’après, faudra faire attention que le frangin ne concrétise pas les âneries de la décolorée du bulbe. Finn avait reçu un sale héritage, mais un sale héritage souriant et motivé ! Alors, ça ne se refuse pas !

« Cho jfé kjtoudbliértumpfl ! »

Elle avala sa bouchée et sortit de sa poche quelque chose.

« Tiens ! J’faillis oublier. Une lettre du father. »

Ni plus ni moins, après tout, il comprendra bien par lui-même. Moineau lui tendit alors la lettre paternellement écrite puis poursuivit.

« J’pense qu’à moi aussi ça m’plairait bouchère ! Faudra que j’y réfléchisse. Si j’m’y lance, tu m’fileras un coup d’main ? Ou alors tu préfères avoir le monopole sur Gwened ? » La bestiole ricana d’un rire pas très élégant. « T’as d’la chance d’être chevalier, c’trop classe… » Moineau balance sa tête de gauche à droite. Voilà que sans s’en rendre compte, elle avait trouvé son modèle. Bien évidemment, elle était loin de savoir tout de lui, pauvre bestiole.

« Moi ? Bah… J’fais pas grand-chose. Depuis… J’ai un peu changé d’activité. »Arzela enchaîna assez vite pour ne pas traîner sur le sujet. Depuis un événement marquant dans sa frêle existence, elle avait pas mal déviée à s’amuser à jouer les gosses des rues, et ça, ça ne se dit pas vraiment. « Sinon, moi j’ai fait dans l’larcin. Mais l’petit larcin. Cependant, j’compte bien me reprendre. Et m’attaquer à plus gros. Sauf si j’trouve plus excitant et mieux payé ! »

Elle étire un grand sourire sans entrouvrir ses lèvres puis sort ses canines pour déchirer un morceau de tartine. « Pour les bourgeois et les nobliaux, ça va à peu près. J’sais pas pourquoi mais j’ai pas trop d’reproche. Ou alors ils s’expriment mal à c’sujet. Ouais, ça doit être ça ! Mais pour l’moment, j’ai eu aucun souci ! J’ai dû croiser que des nobles coules. »Puis son visage sourit, faussement, tentant de cacher au mieux sa tristesse. C’était pas le moment de paraître faible devant son nouveau Bro’. « Maman n’est plus. Du coup, il restait plus qu’moi et l’intendant. Heureusement qu’il m’avait un peu à la bonne. Du coup, j’crois qu’il intende (si ça existe ! hum) plus vraiment. Mais au moins, il m’transfert mon courrier. »Arzela ne voulut pas parler de son autre fratrie avec qui elle n’avait lié que très peu de liens voire pas du tout. « Maint’nant, c’toi ma famille ! Hin hin. »La bestiole ricane. « J’peux rester avec toi à Gwened hein … ? » Même si elle jouait les durs à cuire, elle n’en restait pas moins une gamine. Elle s’était forgée un caractère bien trempé dans la rue mais aimait le fait d’avoir un foyer, un repère, un toit quoi. Alors même si elle se la jouait détachée, elle espérait grandement pouvoir poursuivre sa frêle existence auprès de son Bro’. De toute les façons, elle ne comptait pas le lâcher de sitôt !

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Finn
Accueillant le parchemin après s'être frotté les doigts sur son veston, le Gaélique s'y intéresse de près. Et ses yeux s'arrondissent comme des culs de bouteilles en y découvrant les entrelacs du Vieux. Passant du document tout ce qu'il y a de plus authentique à la Pique-assiette, il tire les conclusions qui s'imposent : la fraternité semble bel et bien établie. Son récit, alambiqué au possible, ne retient pas l'attention de l'aîné tandis qu'il envisage la cadette sous un jour nouveau.

- « Moui, je vous apprendrai à découper... », daigne-t-il malgré tout répondre, distrait.

La suite le laisse d'autant plus perplexe qu'elle lui annonce avoir entrepris la vie du mauvais côté. Encore un truc de famille. Ça commence à faire beaucoup.

« Maint’nant, c’toi ma famille ! Hin hin. »

Le regard glacé sur sa lettre, la déclaration prend tout son sens. Impossible de la détromper là-dessus. Sa filiation est à présent officiellement certifiée de la plume du Paternel, le propulsant patriarche à son plus grand désarroi. Songeur, Finn observe son jeune sang en sentant le poids des emmerdes alourdir ses épaules.

- « Oui. »

Simple, concis. L'Irlandais ne fait pas dans l'effusion. C'est décidé, en tout cas, elle va squatter un peu plus longtemps que prévu...

- « Je rentre à Kiberen. », lâche-t-il finalement en s'apercevant que la soirée est déjà bien entamée. Quittant son banc, le Chevalier enfile sa cape et fait cliqueter son fermoir métallique. « Il y a à grailler dans les placards, suffit de fouiller un peu. On s'voit demain. »

Quand il aura encaissé la nouvelle, quoi.
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