Axelle
*
Les jours avaient coulés, longs, violents, terriblement, depuis que la porte de lEmpreinte sétait refermée sur les pas dAlphonse. Chassé, quand elle était restée de longues heures recroquevillée dans un coin, abasourdie par des événements qui lui avaient échappés, dérapant entre ses doigts comme un savon mouillé. Lesprit embrumé, incapable de savoir si elle en avait entendu trop ou pas assez. Incapable de savoir si elle regrettait, ou non, ceux quelle avait dit avec une sincère désarmante et presque naïve. Incapable de savoir si cette colère qui avait animée le brun, devait être la preuve dun attachement profond ou simplement humiliante. Incapable de savoir si elle était furieuse contre lui ou contre elle-même. Incapable daccepter la vérité dAlphonse quand elle lui avait injustement imposé la sienne. Incapable de revenir mais tout autant de fuir, de fermer sa porte à jamais. Incapable de savoir si ces mots quelle avait tant entendu par le passé, elle voulait les remplacer par une autre voix ou laisser à jamais, tel son fardeau, ce dernier « je taime comme un damné » hanter ses nuits comme la preuve implacable que lamour, la passion, nétaient que destruction et tourments infernaux. Ou oser encore
Alors elle sétait cloitrée dans la chambrée de son auberge, cherchant en vain à démêler ses sentiments, à sapaiser. Mais la découverte de sa grossesse navait que décuplé son trouble. Ce ventre gorgé de vie la replongeait dans un passé douloureux, ramenant à son esprit les pleurs de cet enfant ignoblement abandonné, mais aussi ce regard gris, plein de colère ou dun amour trop lourd, qui persistait à la terrifier et à la faire pleurer quand son attention se posait sur la petite statue de bois taillée. Pleurer encore, en silence, davoir tant souffert et davoir tant fait souffrir. Et cet enfant qui avait choisi de saccrocher à son ventre sonnait comme le pire châtiment que lui infligeait cet être Très Haut auquel pourtant elle ne croyait plus. Punition si brutale, si cruelle, quelle avait voulu lanéantir, reflexe ultime et paradoxal daltruisme pour épargner à un innocent la souffrance de lavoir pour mère. Pourtant, au détour dun cul de sac, tout sétait brisé avec une rage démentielle, anéantissant toutes les certitudes quelle simposait.
A nouveau, elle avait embrassé la mort à pleine bouche. Mais quant à Dijon ses yeux lavaient trahi en souvrant malgré sa volonté suicidaire sur le plafond de la tour du Bar, une rage de survivre phénoménale lavait envahit quand ce fut le plafond de lappartement des Ligny qui accueillit son réveil. Rage de vivre, rage de vaincre qui avait balayé tous ses doutes, toutes ses interrogations dun revers de la main, futiles quand la vie quelle portait en son sein la poussait à se battre contre cette odeur de souillure tenace à ses narines. A batailler pour apprivoiser cette vue traitre qui se jouait delle. A lutter pour redresser la tête encore une fois, malgré lignominie. Et Etienne avait été là, à chacun de ses pas hésitants, protecteur, doux, lui prouvant par chacun de ses baisers, chacune de ses caresses, chacune de ses étreintes, que malgré le sentiment de saleté lengluant comme un sirop poisseux et nauséabond, elle restait femme et désirable. Et Axelle, dordinaire si sauvage et prudente, lui avait offert toute sa confiance. Comment aurait-il pu en être autrement quand il lavait sauvé, elle et lenfant ? Quand jour après jour, il pansait ses blessures dont les plus ravageuses étaient pourtant invisibles ? Quand elle lenchainait à un secret écrasant, même si elle en ignorait le poids véritable ? Elle ne pouvait que se lier à lui, farouchement.
Si de ces épreuves elle apprit quelque chose, ce fut daccepter ce que la vie suffisait à lui offrir, sans plus jamais demander davantage, à personne.
Cachée des regards extérieurs, à labri sécurisant et suavement parfumé dEtienne, elle attendait patiemment que les plaies trop visibles se referment. Elle ne cherchait plus à en savoir davantage, à deviner les réactions dAlphonse quand elle le reverrait, car cétait inutile, simplement. Et si lenvie la tenaillait de le revoir, de sentir sa présence, là juste à coté delle, elle refusait catégoriquement quil puisse la savoir blessée, souillée, boiteuse et irrémédiablement abimée. Quand elle reviendrait, elle voulait pouvoir lui sourire sans se forcer, ou sil la repoussait après cette absence trop longue, pouvoir sévanouir dans ses souvenirs sans quil nait pitié, sans quil ne se sente obligé de laccueillir par charité. Cest ce quelle voulait, mais même si les griffures et les hématomes sévaporaient sur sa peau brune, le courage lui manquait encore de connaître son jugement, trop habituée quelle était aux sentences pour concevoir que peut-être, il nétait pas homme à flageller.
Endoloris, les jours flânaient sans avoir de réelle prise sur la gitane, mais pourtant, quand la veille elle avait accompagné Etienne jusquà lEmpreinte pour le couvrir de lor de son costume, lodeur de la peinture lavait tirée de sa somnolence, léperonnant à faire face seule à cet extérieur hostile quétaient devenues les rues de Paris. Aussi au matin de ce jour de noël, elle sétait préparée avec concentration, comme un cavalier remontant en selle après la chute, confortant sa décision par le fait quaprès toutes leurs attentions à son égard, elle devait seffacer pour laisser le frère et la sur partager cette journée particulière ensemble. Elle avait déposé un mot à lécriture paisible à lattention du Griffé, le prévenant quelle sortait remettre de lordre dans ses affaires et promettant de dormir à son auberge si la tombée de la nuit la surprenait. Nuit quil savait ennemie par trop de peurs et surtout, nuit noire même quand la lune était pleine.
Et elle était sortie, longeant les murs, le visage caché sous la capuche dune longue cape noire, camouflant le rouge jugé encore trop vif de sa robe jusqu'à son auberge. Là, elle avait réglé son loyer en retard devant les yeux vaguement inquisiteurs de sa logeuse, qui pourtant, discrète, ne posa aucune question sur son absence. Dans sa chambrée, elle avait passé de longues heures à mettre de lordre dans ses commandes de peintures, sexcusant pour le retard de celles en cours, annulant purement et simplement celles quelle navait pu commencer. Ce ne fut quen milieu daprès midi que ses pas la conduisirent enfin devant lEmpreinte, souriant doucement en arpentant le petit chemin pavé, heureuse de retrouver son chez elle et fière aussi, davoir réussi à dépasser ses craintes. Arrivée devant la porte, elle fouilla sa poche pour en tirer la clef qui lui permettrait de renouer avec sa passion. A peine le battant grinçant de bois entrouvert, lodeur tant aimé picota ses narines, et son sourire sélargit. Elle fit un pas pour entrer, retrouvant ses habitudes mais son pied butta doucement sur un obstacle inopiné. Surprise et les sens déjà en alerte devant cette anomalie, ses yeux se baissèrent avec vivacité, se plissant doucement pour aiguiser sa vue déjà fatiguée par les missives écrites auparavant. Là, sur le seuil, un livre, une boite de bois rouge sur laquelle était déposé un coquelicot étonnamment frais et éclos pour la saison. Son cur sauta un battement. Alphonse. La fleur fragile était sa signature. Fébrile elle saccroupit, prenant la tige fragile entre ses doigts comme le plus précieux des trésors et à fleur de peau, une larme discrète roula sur sa joue. Larmes, pleurs, elle qui avait horreur des pleurnicheries ne pouvait plus empêcher ses yeux de sembrumer à la moindre émotion. Trop vulnérable ainsi hors de murs protecteurs, après avoir glissé la fleur dans ses boucles, elle prit délicatement livre et boite et pénétra dans latelier, refermant la porte à clef sur elle. Etrangement patiente et posée, elle sassit sur lune des causeuses, posant la boite à coté delle sans encore ni la regarder ni louvrir et se défit de sa cape, le livre pesant lourdement sur ses genoux. Il était grand, épais, énorme, et dune main attentive qui semblait minuscule, caressa la couverture de cuir superbement reliée, désireuse de profiter de chaque détail. Et elle louvrit. Et ses yeux brillèrent de mille feux. Sur les pages précieuses sétalaient des myriades de croquis, de calligraphies, de palettes de couleurs dItalie, de Grèce, dAfrique du nord, la laissait essoufflée démerveillement. Elle aurait certainement passé la nuit à étudier ce trésor dinspiration si sa hanche, en savachissant dans la causeuse, navait doucement heurté la boite. Presque à regret, elle referma louvrage et le déposa sur le guéridon avant de saisir le sobre petit écrin de bois rouge. Un sourire tendre glissa à ses lèvres en découvrant sur le coté son prénom gravé. Avec la délicatesse de ceux qui connaissent la valeur dun cadeau, elle louvrit. Et à nouveau, ses yeux sembrumèrent. Nul sanguines ou fusains comme elle lavait supputé à la découverte du livre. Non.
Peureusement, ses doigts dabord senlacèrent au long et fin lacet dargent au bout de laquelle se balançaient nonchalamment une perle sans prétention de taille, mais à la rondeur et aux reflets absolument parfaits. Les yeux perdus aux reflets irisés de la nacre louvoyant doucement, une seule pensée tambourinait entre ses tempes.
Comment as-tu pu douter de lui ?
Perle serrée dans lécrin de sa paume, telle une furie, elle se précipita vers la porte, bataillant avec la clef pour louvrir. La patience nétait plus permise, lenvie de le retrouver bien trop forte pour seulement refermer latelier derrière elle. Elle courut, sans sarrêter, sans prendre le temps de rendre son salut à Hubert quelle appréciait pourtant, sans prendre le temps de frapper à la porte du bureau du comptable quelle ouvrit à la volée. Et ce ne fut quen le voyant, là, finalement devant elle, quelle se figea, soudain consciente de ce que son irruption après tant de silence pouvait avoir de grossière. Ses lèvres sarrondir sans encore pourtant quaucun son ne franchisse leur seuil. Elle aurait pu dire pardon, le hurler même, merci, sans aucun doute possible, bonjour peut-être ou même où as-tu réussi à dénicher un coquelicot à noël ?, mais ce fut un Alphonse enroué et essoufflé quelle articula doucement quand tout tenait dans le premier regard quil poserait sur elle.
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Les jours avaient coulés, longs, violents, terriblement, depuis que la porte de lEmpreinte sétait refermée sur les pas dAlphonse. Chassé, quand elle était restée de longues heures recroquevillée dans un coin, abasourdie par des événements qui lui avaient échappés, dérapant entre ses doigts comme un savon mouillé. Lesprit embrumé, incapable de savoir si elle en avait entendu trop ou pas assez. Incapable de savoir si elle regrettait, ou non, ceux quelle avait dit avec une sincère désarmante et presque naïve. Incapable de savoir si cette colère qui avait animée le brun, devait être la preuve dun attachement profond ou simplement humiliante. Incapable de savoir si elle était furieuse contre lui ou contre elle-même. Incapable daccepter la vérité dAlphonse quand elle lui avait injustement imposé la sienne. Incapable de revenir mais tout autant de fuir, de fermer sa porte à jamais. Incapable de savoir si ces mots quelle avait tant entendu par le passé, elle voulait les remplacer par une autre voix ou laisser à jamais, tel son fardeau, ce dernier « je taime comme un damné » hanter ses nuits comme la preuve implacable que lamour, la passion, nétaient que destruction et tourments infernaux. Ou oser encore
Alors elle sétait cloitrée dans la chambrée de son auberge, cherchant en vain à démêler ses sentiments, à sapaiser. Mais la découverte de sa grossesse navait que décuplé son trouble. Ce ventre gorgé de vie la replongeait dans un passé douloureux, ramenant à son esprit les pleurs de cet enfant ignoblement abandonné, mais aussi ce regard gris, plein de colère ou dun amour trop lourd, qui persistait à la terrifier et à la faire pleurer quand son attention se posait sur la petite statue de bois taillée. Pleurer encore, en silence, davoir tant souffert et davoir tant fait souffrir. Et cet enfant qui avait choisi de saccrocher à son ventre sonnait comme le pire châtiment que lui infligeait cet être Très Haut auquel pourtant elle ne croyait plus. Punition si brutale, si cruelle, quelle avait voulu lanéantir, reflexe ultime et paradoxal daltruisme pour épargner à un innocent la souffrance de lavoir pour mère. Pourtant, au détour dun cul de sac, tout sétait brisé avec une rage démentielle, anéantissant toutes les certitudes quelle simposait.
A nouveau, elle avait embrassé la mort à pleine bouche. Mais quant à Dijon ses yeux lavaient trahi en souvrant malgré sa volonté suicidaire sur le plafond de la tour du Bar, une rage de survivre phénoménale lavait envahit quand ce fut le plafond de lappartement des Ligny qui accueillit son réveil. Rage de vivre, rage de vaincre qui avait balayé tous ses doutes, toutes ses interrogations dun revers de la main, futiles quand la vie quelle portait en son sein la poussait à se battre contre cette odeur de souillure tenace à ses narines. A batailler pour apprivoiser cette vue traitre qui se jouait delle. A lutter pour redresser la tête encore une fois, malgré lignominie. Et Etienne avait été là, à chacun de ses pas hésitants, protecteur, doux, lui prouvant par chacun de ses baisers, chacune de ses caresses, chacune de ses étreintes, que malgré le sentiment de saleté lengluant comme un sirop poisseux et nauséabond, elle restait femme et désirable. Et Axelle, dordinaire si sauvage et prudente, lui avait offert toute sa confiance. Comment aurait-il pu en être autrement quand il lavait sauvé, elle et lenfant ? Quand jour après jour, il pansait ses blessures dont les plus ravageuses étaient pourtant invisibles ? Quand elle lenchainait à un secret écrasant, même si elle en ignorait le poids véritable ? Elle ne pouvait que se lier à lui, farouchement.
Si de ces épreuves elle apprit quelque chose, ce fut daccepter ce que la vie suffisait à lui offrir, sans plus jamais demander davantage, à personne.
Cachée des regards extérieurs, à labri sécurisant et suavement parfumé dEtienne, elle attendait patiemment que les plaies trop visibles se referment. Elle ne cherchait plus à en savoir davantage, à deviner les réactions dAlphonse quand elle le reverrait, car cétait inutile, simplement. Et si lenvie la tenaillait de le revoir, de sentir sa présence, là juste à coté delle, elle refusait catégoriquement quil puisse la savoir blessée, souillée, boiteuse et irrémédiablement abimée. Quand elle reviendrait, elle voulait pouvoir lui sourire sans se forcer, ou sil la repoussait après cette absence trop longue, pouvoir sévanouir dans ses souvenirs sans quil nait pitié, sans quil ne se sente obligé de laccueillir par charité. Cest ce quelle voulait, mais même si les griffures et les hématomes sévaporaient sur sa peau brune, le courage lui manquait encore de connaître son jugement, trop habituée quelle était aux sentences pour concevoir que peut-être, il nétait pas homme à flageller.
Endoloris, les jours flânaient sans avoir de réelle prise sur la gitane, mais pourtant, quand la veille elle avait accompagné Etienne jusquà lEmpreinte pour le couvrir de lor de son costume, lodeur de la peinture lavait tirée de sa somnolence, léperonnant à faire face seule à cet extérieur hostile quétaient devenues les rues de Paris. Aussi au matin de ce jour de noël, elle sétait préparée avec concentration, comme un cavalier remontant en selle après la chute, confortant sa décision par le fait quaprès toutes leurs attentions à son égard, elle devait seffacer pour laisser le frère et la sur partager cette journée particulière ensemble. Elle avait déposé un mot à lécriture paisible à lattention du Griffé, le prévenant quelle sortait remettre de lordre dans ses affaires et promettant de dormir à son auberge si la tombée de la nuit la surprenait. Nuit quil savait ennemie par trop de peurs et surtout, nuit noire même quand la lune était pleine.
Et elle était sortie, longeant les murs, le visage caché sous la capuche dune longue cape noire, camouflant le rouge jugé encore trop vif de sa robe jusqu'à son auberge. Là, elle avait réglé son loyer en retard devant les yeux vaguement inquisiteurs de sa logeuse, qui pourtant, discrète, ne posa aucune question sur son absence. Dans sa chambrée, elle avait passé de longues heures à mettre de lordre dans ses commandes de peintures, sexcusant pour le retard de celles en cours, annulant purement et simplement celles quelle navait pu commencer. Ce ne fut quen milieu daprès midi que ses pas la conduisirent enfin devant lEmpreinte, souriant doucement en arpentant le petit chemin pavé, heureuse de retrouver son chez elle et fière aussi, davoir réussi à dépasser ses craintes. Arrivée devant la porte, elle fouilla sa poche pour en tirer la clef qui lui permettrait de renouer avec sa passion. A peine le battant grinçant de bois entrouvert, lodeur tant aimé picota ses narines, et son sourire sélargit. Elle fit un pas pour entrer, retrouvant ses habitudes mais son pied butta doucement sur un obstacle inopiné. Surprise et les sens déjà en alerte devant cette anomalie, ses yeux se baissèrent avec vivacité, se plissant doucement pour aiguiser sa vue déjà fatiguée par les missives écrites auparavant. Là, sur le seuil, un livre, une boite de bois rouge sur laquelle était déposé un coquelicot étonnamment frais et éclos pour la saison. Son cur sauta un battement. Alphonse. La fleur fragile était sa signature. Fébrile elle saccroupit, prenant la tige fragile entre ses doigts comme le plus précieux des trésors et à fleur de peau, une larme discrète roula sur sa joue. Larmes, pleurs, elle qui avait horreur des pleurnicheries ne pouvait plus empêcher ses yeux de sembrumer à la moindre émotion. Trop vulnérable ainsi hors de murs protecteurs, après avoir glissé la fleur dans ses boucles, elle prit délicatement livre et boite et pénétra dans latelier, refermant la porte à clef sur elle. Etrangement patiente et posée, elle sassit sur lune des causeuses, posant la boite à coté delle sans encore ni la regarder ni louvrir et se défit de sa cape, le livre pesant lourdement sur ses genoux. Il était grand, épais, énorme, et dune main attentive qui semblait minuscule, caressa la couverture de cuir superbement reliée, désireuse de profiter de chaque détail. Et elle louvrit. Et ses yeux brillèrent de mille feux. Sur les pages précieuses sétalaient des myriades de croquis, de calligraphies, de palettes de couleurs dItalie, de Grèce, dAfrique du nord, la laissait essoufflée démerveillement. Elle aurait certainement passé la nuit à étudier ce trésor dinspiration si sa hanche, en savachissant dans la causeuse, navait doucement heurté la boite. Presque à regret, elle referma louvrage et le déposa sur le guéridon avant de saisir le sobre petit écrin de bois rouge. Un sourire tendre glissa à ses lèvres en découvrant sur le coté son prénom gravé. Avec la délicatesse de ceux qui connaissent la valeur dun cadeau, elle louvrit. Et à nouveau, ses yeux sembrumèrent. Nul sanguines ou fusains comme elle lavait supputé à la découverte du livre. Non.
Peureusement, ses doigts dabord senlacèrent au long et fin lacet dargent au bout de laquelle se balançaient nonchalamment une perle sans prétention de taille, mais à la rondeur et aux reflets absolument parfaits. Les yeux perdus aux reflets irisés de la nacre louvoyant doucement, une seule pensée tambourinait entre ses tempes.
Comment as-tu pu douter de lui ?
Perle serrée dans lécrin de sa paume, telle une furie, elle se précipita vers la porte, bataillant avec la clef pour louvrir. La patience nétait plus permise, lenvie de le retrouver bien trop forte pour seulement refermer latelier derrière elle. Elle courut, sans sarrêter, sans prendre le temps de rendre son salut à Hubert quelle appréciait pourtant, sans prendre le temps de frapper à la porte du bureau du comptable quelle ouvrit à la volée. Et ce ne fut quen le voyant, là, finalement devant elle, quelle se figea, soudain consciente de ce que son irruption après tant de silence pouvait avoir de grossière. Ses lèvres sarrondir sans encore pourtant quaucun son ne franchisse leur seuil. Elle aurait pu dire pardon, le hurler même, merci, sans aucun doute possible, bonjour peut-être ou même où as-tu réussi à dénicher un coquelicot à noël ?, mais ce fut un Alphonse enroué et essoufflé quelle articula doucement quand tout tenait dans le premier regard quil poserait sur elle.
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