Laell
... il est temps de recouvrer la vue.
[Sémur]
Déchirements et retrouvailles, bonheurs extrêmes et peines intenses, rires et cris, tendresses infinies et tortures sentimentales, une relation aussi tumultueuse que passionnée voilà comment aurait pu se résumer le mariage entre les deux Corleone.
L'une vive et impétueuse, l'autre plus calme et réfléchie. L'accord parfait. Les deux se complétant dans une passion renouvelée à chaque rencontre de leurs corps. Tel un vieux couple dès les premiers jours, la flamme brûlait toujours, immuablement, à l'aube comme au crépuscule. Une vie de pillages et de contrats, d'opulence et de disette parfois. Une vie de groupe avec tous les avantages mais aussi les inconvénients. Des pertes plus ou moins difficiles à vivre, des responsabilités nouvelles. Quelques erreurs de parcours toujours évincées pour ne garder que le meilleur.
Une ombre chinoise dansait sur la tenture de la charrette. La fraicheur de la nuit faisait osciller la flamme d'une bougie éclairant faiblement leur couche qui, ce soir, ne serait qu'écritoire. Assise, les genoux repliés sous le menton, Laell n'était que l'ombre d'elle même. Les paroles de la soirée tournaient et retournaient dans sa tête depuis des heures. Les dernières semaines revenaient la tourmenter. Son retour après l'été avait été rude, l'automne déjà bien entamé, elle avait reprit la place que lui avait léguée Rod auprès de sa femme et de son cousin. Elle avait dû se refaire une place, refusant de prendre celle que Joy méritait amplement. Malgré le temps, le couple ne formait toujours qu'un dans leurs ébats ou leurs discordes. Un simple regard et de nouveau leurs vies se mêlaient l'une à l'autre effaçant tout doute insidieusement implanté par le manque au coeur des deux âmes séparées. Mais cette fois, Joy étant loin, les regards ne se croiseraient pas...
Joy,
Un seul mot couché sur le vélin, la plume se leva tandis que le regard se fixait sur le vide laissé sous ces trois lettres. Trois lettres qui exprimaient jusqu'alors son plus grand bonheur. Trois lettres qui aujourd'hui marquaient la fin d'une idylle aussi passionnée que passionnante. Trois lettres qui avaient forgé sa vie. Trois lettres qui signaient sa fin. Les dents se serrèrent tandis que sa main se crispait autour de la penne. Les tournures de phrases se heurtaient dans sa tête alors qu'elle cherchait comment commencer.
Je suis de retour. Je viens de passer la soirée en taverne, je pensais y boire plus que de raison comme à chaque fois que tu es loin de moi mais ça n'a pas été le cas.
Un long soupire se fit entendre remplaçant le grattement de la plume. La bouteille offerte quelques heures plus tôt par Arnan vit son bouchon sauter. Elle lui avait dit qu'elle ne senivrerait pas, jusque là elle n'avait pas bu ou presque. Le goulot se porta naturellement à ses lèvres. La douce chaleur du rhum se glissa lentement dans son corps. La souffrance cachée toute la soirée hurlait en elle pour enfin sortir. Une nouvelle gorgée fut avalée avant que le bouchon ne retrouve sa place sur la bouteille.
Ainsi tu as failli à ta promesse...
De toi, j'ai tout accepté mais pas cette fois... Moins d'un mois...
Il aura fallu moins d'un mois pour que tu sombres à nouveau dans les bras d'un autre reniant cette parole que je ne t'avais pas demandé...
La mâchoire se contracta encore alors que l'encre noircissait la pureté du vélin. Couchant les mots, s'arrachant les entrailles, Laell sentait le vide s'emparer d'elle. Ses yeux restaient pourtant secs, comme si simplement ce soir, une fatalité qu'elle savait ne jamais pouvoir fuir venait de semparer delle. Elle avait toujours su Joy volage, c'était d'ailleurs ce qui avait causé leur relation. Un simple pari que s'était lancée celle qui était devenue sa femme. De vaines tentatives qui finalement les avaient conduites à partager ce qui était pour la Corleone totalement impensable. Joy lui avait ouvert la voix vers le bonheur pur, vers la plénitude, vers la passion dévorante...
Je ne peux pas lutter contre toi puisque ta liberté compte plus pour toi que mon amour et ma confiance...
Je vais partir à mon tour quelques temps...
Laell.
Le vélin était roulé, il ne restait plus qu'à le cacheter pour qu'il prenne son envol vers sa destinataire. Son regard se posa sur l'alliance posé à coté de la bougie. Une main s'en saisît et la fit rouler entre ses doigts. L'oeil se fit humide, laissant courir une larme le long de sa joue. L'anneau s'en vint entourer le message. Il servirait de cachet mettant ainsi fin à leur mariage. Le rouleau fut posé sur le lit, le temps d'un dernier instant de réflexion. Ne pouvait-elle pas lui pardonner cette fois aussi ? Les yeux se fixèrent sur le message, les mains de nouveau s'en emparèrent pour le libérer de l'étreinte de son alliance. Elle ne la porterait peut être plus au doigt mais ne s'en séparerait pas, pas maintenant, la lettre suffirait.
Un lacet fut trouvé dans la charrette, il servirait à tenir l'anneau autour de son cou, dernier bastion protecteur de leur union.
_________________
[Sémur]
Déchirements et retrouvailles, bonheurs extrêmes et peines intenses, rires et cris, tendresses infinies et tortures sentimentales, une relation aussi tumultueuse que passionnée voilà comment aurait pu se résumer le mariage entre les deux Corleone.
L'une vive et impétueuse, l'autre plus calme et réfléchie. L'accord parfait. Les deux se complétant dans une passion renouvelée à chaque rencontre de leurs corps. Tel un vieux couple dès les premiers jours, la flamme brûlait toujours, immuablement, à l'aube comme au crépuscule. Une vie de pillages et de contrats, d'opulence et de disette parfois. Une vie de groupe avec tous les avantages mais aussi les inconvénients. Des pertes plus ou moins difficiles à vivre, des responsabilités nouvelles. Quelques erreurs de parcours toujours évincées pour ne garder que le meilleur.
Une ombre chinoise dansait sur la tenture de la charrette. La fraicheur de la nuit faisait osciller la flamme d'une bougie éclairant faiblement leur couche qui, ce soir, ne serait qu'écritoire. Assise, les genoux repliés sous le menton, Laell n'était que l'ombre d'elle même. Les paroles de la soirée tournaient et retournaient dans sa tête depuis des heures. Les dernières semaines revenaient la tourmenter. Son retour après l'été avait été rude, l'automne déjà bien entamé, elle avait reprit la place que lui avait léguée Rod auprès de sa femme et de son cousin. Elle avait dû se refaire une place, refusant de prendre celle que Joy méritait amplement. Malgré le temps, le couple ne formait toujours qu'un dans leurs ébats ou leurs discordes. Un simple regard et de nouveau leurs vies se mêlaient l'une à l'autre effaçant tout doute insidieusement implanté par le manque au coeur des deux âmes séparées. Mais cette fois, Joy étant loin, les regards ne se croiseraient pas...
Joy,
Un seul mot couché sur le vélin, la plume se leva tandis que le regard se fixait sur le vide laissé sous ces trois lettres. Trois lettres qui exprimaient jusqu'alors son plus grand bonheur. Trois lettres qui aujourd'hui marquaient la fin d'une idylle aussi passionnée que passionnante. Trois lettres qui avaient forgé sa vie. Trois lettres qui signaient sa fin. Les dents se serrèrent tandis que sa main se crispait autour de la penne. Les tournures de phrases se heurtaient dans sa tête alors qu'elle cherchait comment commencer.
Je suis de retour. Je viens de passer la soirée en taverne, je pensais y boire plus que de raison comme à chaque fois que tu es loin de moi mais ça n'a pas été le cas.
Un long soupire se fit entendre remplaçant le grattement de la plume. La bouteille offerte quelques heures plus tôt par Arnan vit son bouchon sauter. Elle lui avait dit qu'elle ne senivrerait pas, jusque là elle n'avait pas bu ou presque. Le goulot se porta naturellement à ses lèvres. La douce chaleur du rhum se glissa lentement dans son corps. La souffrance cachée toute la soirée hurlait en elle pour enfin sortir. Une nouvelle gorgée fut avalée avant que le bouchon ne retrouve sa place sur la bouteille.
Ainsi tu as failli à ta promesse...
De toi, j'ai tout accepté mais pas cette fois... Moins d'un mois...
Il aura fallu moins d'un mois pour que tu sombres à nouveau dans les bras d'un autre reniant cette parole que je ne t'avais pas demandé...
La mâchoire se contracta encore alors que l'encre noircissait la pureté du vélin. Couchant les mots, s'arrachant les entrailles, Laell sentait le vide s'emparer d'elle. Ses yeux restaient pourtant secs, comme si simplement ce soir, une fatalité qu'elle savait ne jamais pouvoir fuir venait de semparer delle. Elle avait toujours su Joy volage, c'était d'ailleurs ce qui avait causé leur relation. Un simple pari que s'était lancée celle qui était devenue sa femme. De vaines tentatives qui finalement les avaient conduites à partager ce qui était pour la Corleone totalement impensable. Joy lui avait ouvert la voix vers le bonheur pur, vers la plénitude, vers la passion dévorante...
Je ne peux pas lutter contre toi puisque ta liberté compte plus pour toi que mon amour et ma confiance...
Je vais partir à mon tour quelques temps...
Laell.
Le vélin était roulé, il ne restait plus qu'à le cacheter pour qu'il prenne son envol vers sa destinataire. Son regard se posa sur l'alliance posé à coté de la bougie. Une main s'en saisît et la fit rouler entre ses doigts. L'oeil se fit humide, laissant courir une larme le long de sa joue. L'anneau s'en vint entourer le message. Il servirait de cachet mettant ainsi fin à leur mariage. Le rouleau fut posé sur le lit, le temps d'un dernier instant de réflexion. Ne pouvait-elle pas lui pardonner cette fois aussi ? Les yeux se fixèrent sur le message, les mains de nouveau s'en emparèrent pour le libérer de l'étreinte de son alliance. Elle ne la porterait peut être plus au doigt mais ne s'en séparerait pas, pas maintenant, la lettre suffirait.
Un lacet fut trouvé dans la charrette, il servirait à tenir l'anneau autour de son cou, dernier bastion protecteur de leur union.
_________________