Judas
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[Taverne Alençonnaise, tard le soir. Judas apprend au détour d'une bévue Rosalindienne que son épouse escompte aller voir Finn, ex ami devenu au fil du temps un ennemi juré. Une dispute éclate.]
Judas Gabryel Von Frayner lui barre la route, sans succès, s'engouffre à sa suite à l'extérieur de la taverne
-Venez ici petite intrigante!
Isaure hâte le pas. La peur l'étreint lorsqu'elle entend que son époux est sorti à sa suite, et plutôt que de revenir, elle se met à courir. L'avantage d'être jeune, c'est que l'on a de l'endurance. Mais elle est ralentie dans sa course à un croisement, hésitant entre deux chemins. Frayner jure mille dieux, souhaitant qu'elle s'empêtre dans les pans de sa robe et qu'elle mange la boue avant d'avoir gagné le manoir.
- Isaure!!
Elle se tourne un instant pour voir où est son époux en est. Et reprend sa course vers le manoir, jupes relevées. Elle arrive aux portes du manoir. Elle se précipite à l'étage, essoufflée. Judas la rattrape, déboule en trombe et la pousse malencontreusement contre un meuble au milieu de la pièce
- Menteuse, vuiceuse* !! Combien avez vous encore de vices dans votre sac misérable épouse?!
-Amad...
Isaure voit son époux la rattraper, en hurlerait presque de peur. Elle est propulsée contre un meuble, le heurte douloureusement avant d'être reprise en main par Judas qui la secoue comme un prunier.
- Vous n'êtes bonne qu'à dissimuler et à vous donner en spectacle, vous m'avez fait remarquer par au moins dix personnes! Je jure que vous ne vous en sortirez pas à si bon compte!
- Lâ..ahahahahahchez-moi. Vous me faites-mal !!!
- Mal? Vous pensez?!
- C'est vous qui nous avez donné en spectacle, cessez de me tenir responsable de tout. Regardez-vous !!!
Judas l'étrangle en persiflant entre ses dents:
- Je vous ... fait.. Mal?!
Elle commence réellement à paniquer, manquant d'air. Les mains s'agrippent à celle de son époux dans lesquelles elle finit par planter les griffes. Lui, fou de rage, sent qu'il va la tuer. Après tout, ce serait la solution à bon nombre de ses tracas. Isaure morte, Judas retrouve sa liberté. Les mains serrent le petit cou avec rage et le seigneur vocifère;
- Vous êtes MON épouse! Vous vous plierez à MON bon vouloir! Ha vous voulez la Bretagne!
Le satrape la lâche, la voyant devenir toute rouge.
- Vous allez l'avoir la Bretagne! Mon appartement Rennais vous attends, et jamais vous m'entendez, JAMAIS vous ne reverrez mon fils!
Isaure se recule le plus vivement qu'il lui est possible et s'appuie dos au mur, tentant de reprendre le souffle, les yeux exorbités Il se retourne, tentant de reprendre ses esprits.
-V... vous * reprend une inspiration* vous êtes un monstre ! Quel père enlèverait un fils à une mère !!!
Le Von Frayner s'appuie contre le meuble, la main griffée au sang par la jeune femme, du haut de ses seize années.
Il se retourne vers elle et la pointe d'un index menaçant. Elle ignore alors qu'avec Judas tout est possible.
- Vous n'êtes pas une mère!!! ... Vous..! Vous êtes une ...UNE TRAINEE!!!
L'épouse attrape le premier objet qui lui passe par la main, une espèce de vase hideux qu'elle balance en sa direction sans grande force. Il le réceptionne tout de même en pleine poire, les éclats lui entaillant la tempe. Une seconde hébété, il n'en devient que plus agressif et se rue sur elle, l'attrape par les cheveux.
- MON VASE!
A la merci de son époux, elle cherche un échappatoire, poussant des petits cris terrorisés.
- N'allez vous donc jamais avoir la tenue d'une femme ? d'une épouse digne de ce nom?!
Judas la traine ainsi hors de la chambre, voit les marches menant à l'étage. la pensée de la jeter dans les escaliers le traverse.
- Je..! Vous..!
Il bégaye, le cheveux fol et la tignasse de sa jeune épouse dans la main qui suit tant bien que mal la lancée du furibond. Excédé, il hurle à son oreille:
- Vous allez vous calmer!
Il parait pourtant être le plus excité des deux. Dans le corridor, il ne relâche pas la tignasse brune, mais suit son propre conseil, reprenant sa respiration d'abord. La Miramont elle, est totalement effrayée par cet époux qui se révèle un peu plus sous la colère.
- Si vous tenez à ce mariage, ou à votre fils, ce qui revient au même...Vous allez respecter mes règles. J'ai trop longtemps laissé votre folle petite liberté s'étendre dans les murs de cette maison!
Judas Gabryel Von Frayner parle de plus en plus calmement, pour autant la vilaine veine bleue pointant à sa tempe, sous la coupure, ne s'est pas résorbée...Il tourne le visage d'Isaure vers lui, poupée de chiffon.
- Vous avez le choix. Je vous répudie à l'aube, et vous perdez tout.
Isaure pince les lèvres, tente te retenir les larmes de peur qui s'agglutinent aux coins des yeux. La voix plus cassée que jamais de sa vive émotion poursuit.
- Ou vous allez prendre congé en Bretagne, et y restez , sans Amadeus.
Sans crier gare, il la baffe d'une main ferme, celle libre, une dernière fois.
- Cessez de pleurer! Je n'ai pas fini.
La voir ainsi bien moins mariole qu'en public finit d'apaiser la vive discussion. Ou le non échange. Ou le monologue imposé.
- Ou vous ne quittez plus les murs de cette maison durant le temps que je trouverai approprié pour vous racheter de votre affront... Auquel cas je laisserai Amadeus à vos soins. Ici.
Amadeus. Enfant-arme aux mains toutes puissantes d'un Pater familias egoïste et despote. De cet enfant, Judas en retient surtout le pouvoir. Pouvoir de tenir en toute circonstance son épouse mal aimante, et mal aimée, et pouvoir de tenir son amante, la Roide, dans son affect mégalo. Elle masse sa joue de nouveau endolorie et regarde tout sauf son époux.
- Je... Je veux Amadeus.
Il marque un temps d'arrêt, immobile, la tenant ainsi en son joug, pour voir si elle n'émet pas d'objection ou ne change pas d'avis puis finit par la lâcher, la repoussant avec mépris vers la chambre
- Quand vous voulez, vous savez faire preuve d'un brin de bon sens...Vous allez écrire une lettre au vicomte Renard.
- Ecrire .. Une lettre à Sabaude ?
Elle ne comprend pas.
- Oui. Une lettre. dans laquelle vous vous excuserez du triste spectacle que vous lui avez offert ce soir. Le vicomte est la seule personne présente sur les lieux ce soir qui soit au dessus de nous, et je tiens à vite faire oublier cette scandaleuse attitude de votre part.
Le seigneur vient à sa suite, pour s'assurer qu'elle rentre dans la chambre, intimidant.
- Mais !...
Judas la dirige vers l'écritoire.
- Mais?
Il suspend sa course, la veine bleue semblant palpiter de nouveau. Elle va s'asseoir à contre-coeur devant l'écritoire.
- J'ai de plus remarqué que votre entente n'est pas au beau fixe, nous venons de nous installer, je tiens à ce que nous soyons bien vus ici! Ecrivez.
Il lui tend la plume humide. Elle, trop inquiète d'être séparée de son fils s'en saisit et reste un instant devant le vélin vierge. Elle comment à gratter: "Vicomte, Mon époux et moi-même vous prions de nous excuser de la scène de laquelle vous fûtes témoin " . L'homme lui arrache le vélin
- Ce n'est pas ce que j'ai demandé. "Au Vicomte Sabaude Renard".
Il lui tend un nouveau vélin.
-"Je vous prie de m'excuser pour la scène dont vous avez été témoin"... " Mon comportement faisant offense à mon époux et à votre personne, je vous prie de croire que cela ne se reproduira plus."... Signez, scellez, cela suffira.
Isaure se tourne vers lui.
- Vous étiez là. Aussi ! Ce n'est pas moi qui me suis emportée, ni qui ai porté de fausses accusations sur vous.
Judas croise les bras.
- Vous m'avez menti Isaure. Et devant toute l'assistance... Toute! Ecrivez cette foutue missive , et je vous foutrais la paix.
- Je ne vous ai pas menti ! Si je vous avais menti, je ne vous aurais pas parlé de la Bretagne ! Ni même de ce mariage princier !
Elle prend un nouveau vélin et trace furieusement le mot 'Vicomte'
- Vous allez cesser de vouloir plaire à tout prix à ce pécore opportuniste et arriviste, d'entretenir correspondance avec lui et de le défendre. C'est une injure! Vous comptiez vraiment aller faire la dinde à ce mariage entre un divorcé et une putain ? Mais qu'est-ce qui vous est passé par la tête?!
- C'est un ami ! Ah mais suis-je sotte, que comprenez-vous à l'amitié ? Vous êtes inconstant ! Vous ne cherchez que votre intérêt.
- Vous cautionnez ses exactions! Il pendrait des vierges que vous lui feriez encore la bouche en coeur!
- Et vous celles de Rose!
- Rose? Qu'a donc fait Rose?
Il la bouscule un peu pour qu'elle écrive tout de même le papelard, elle reste cependant la plume en l'air, le visage fermé levé vers son époux.
- Vous reprochez à Finn ce que vous pardonnez à Rose.
A bout de patience, il se remet à la battre. C'est fou ce qu'il devient teigneux avec l'âge. Et tandis que les coups pleuvent...
- Ce n'est pas vous qui avez ramassé Rose à la petite cuillère lorsque son "époux " l'a abandonnée. Ni vous qui avez nourrit son fils lorsqu'il la laissa sans le sou pour aller se perdre dieu sait où! Ce n'est encore pas vous, petite guenon, qui avez tenté de le retrouver et l'avez appris déjà en engrossant une autre! Toujours marié à Rose! Et ce bien avant que Rose ne soit reprochable de quoi que ce soit! Ecrivez maintenant! Ou je... Je vais chercher l'enfant !
Frayner ne dit pas pourquoi ni comment, pensant que la menace suffirait. Elle, une fois éloignée de la main redoutée souffle un léger:
- Parce que vous croyez valoir mieux que lui...
La jeune brune se remet à écrire les quelques mots si gentiment dictés par son époux. Lui, penché sur la lettre, reprend sa froideur habituelle et murmure sur le même ton qu'elle, les yeux suivant la progression de l'écriture:
- Jusqu'à votre mort, réjouissez vous, je ne vous abandonnerai jamais, et vous aurez la rente allouée dans votre contrat de mariage. Mon fils sera toujours auprès de moi et vous pourrez crier sur tous les toits que je suis un mauvais époux, ce n'est pas mes longues parties de chasse loin de la maison qui pèseront contre moi...
Précautionneusement, paradoxe de son accès si soudain de violence quelques minutes plus tôt, lui prépare la cire pour sceller le tout, inflexible. La Miramont achève la lettre, elle ne s'est pas appliquée pour un sou dans son écriture. Elle Se saisit de la cire qu'elle fait couler et appose son sceau. Judas n'attend même pas que la cire refroidisse, saisit la lettre et quitte la chambre. A haute voix, il interpelle un valet, elle se lève pour sortir à son tour de la chambre.
- Que personne ne laisse sortir Ma Dame de cette maison sans mon autorisation jusqu'à nouvel ordre! Pas même pour pisser! Je ferai couper les mains à tout le monde si une telle chose se produit.
sur quoi il remet la missive au valet en question. Imaginez bien que personne n'escomptait devenir manchot.
- Portez ce pli au vicomte Sabaude Renard.
- Judas !
Judas Gabryel Von Frayner jette un dernier regard à son épouse et descend les escaliers.
- Vous m'aviez dit ici, à Verneuil !
- Ce sera ici, à demeure!
Il disparait. Elle précipite dans les escaliers, à la suite de son époux qui déjà a disparu, va pour le suivre mais l'homme du sombre seigneur l'en empêche.
- Judaaaaaaaaaas. Vous n'avez pas le droit !! Pas le droit !
Les cris persisteront encore de longues minutes, suivis de quelques bruits de bris avant que le calme ne revienne
* Vicieuse
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