Le cri de sa filleule lui fit écarquiller les yeux avant qu'ils ne se ferment sous le coup reçu. Le Champlecy n'avait pas bien vu ce qui l'avait frappé mais il était certain que ce n'était pas simplement un poing.
Et ce fut le bruit d'une chaîne que quelqu'un s'amuser à tirer dans un sens et dans l'autre qui le ramena à la réalité. Le Dément mit en revanche plusieurs minutes à revenir totalement à lui, le coup n'ayant pas été des plus faible. Il comprit alors que le bruit de chaîne provenait en vérité de ses poignets qui tentaient d'accéder à l'endroit où il avait reçu le coup.
Ah nous voilà bien ! Trahis par ta filleule et laissé pour mort dans une grotte !
Elle était en vie... Pourquoi ? Pourquoi tu me l'as caché !
Et à l'ombre du Champlecy de rire comme si cela répondait à la question posée.
Répond-moi, pourquoi ?
En posant sa question, le Champlecy avait tenté d'avancer dans la direction de son double, qui lui était libre. D'ailleurs, ce dernier ne bougea pas d'un poil alors que Zelgius se retrouvait bloqué à quelques centimètres de son ombre.
Que vas-tu faire si je ne te répond pas ? Me mordre ? Mais j'ai tout mon temps pour te torturer, maintenant ! Tu devras trouver seul, caniot. Trouver pourquoi elle t'a enchaîné au fond d'une grotte semble être une première bonne question.
Et alors Zelgius réalisa, qu'effectivement, il n'était pas dans un quelconque cachot ou autre cabinet secret dans lesquels il pouvait avoir l'habitude d'enfermer ses futurs victimes mais bel et bien dans une grotte.
Non, non ! Kateline ! Kateline !! Détache-moi !
Non.
Une réponse des plus courte tout aussi dévastatrice qu'aurait pu l'être tout autre en cette situation pour le Champlecy. Il se retrouvait à la place de ses victimes à l'exception que ceux qui jouerait son rôle seraient le temps et son esprit.
T'es bien dans la merde là l'bouzou !
Le clac retentissant de sa canne contre le sol accompagné de celui de sa jambe de bois se fit entendre bien avant le son dur de sa voix. Cette fois elle ne venait pas pour l'aider à tuer une vieille ennemie comme le fut la Déols. Un demi regard de la borgne pour son cadet.
Tu t'es bien égaré et je sais que notre mal est dur à gérer mais tu n'aurais jamais du t'en prendre à tes proches car dans la folie la plus sombre il faut savoir rester bien entouré, j'ai fais la même erreur avant d'être tuée je me suis débarrassée de tout les gens de mes terres les pensant complices de la Reyne et au final je n'avais plus personne même les gosses du Berry avaient peur de moi, tu veux finir comme elle ? Te pendre lâchement comme Grâce ?
Je ne suis pas Grâce ! Je m'en suis déjà débarrassé ! Au même endroit qu'elle a utilisé pour se séparer de nous !
Sa dernière réponse reflétait toute la haine que le Champlecy ressentait envers cette mère qui les avait abandonné.
Je t'interdis de me comparer à elle, et à toi au passage ! Je n'ai jamais voulu me débarrasser de Kateline, seulement de celui qui m'avait trahi ! Les autres n'ont jamais rien représenté à mes yeux !
Vraiment ? Je suis pourtant toujours là.
Cette fois, ce n'était pas le claquement du bois qui se faisait entendre au Dément mais le bruit sec du craquement d'une nuque au bout d'une corde accompagné de la vision d'une Grâce pendue au plafond de la grotte.
Magnifique, une réunion de famille ! On ne va peut-être pas tant s'ennuyer, finalement. Qui manque-t'il ?
Sortant de l'ombre un jeune garçon d'un dizaine d'années fixait à présent Zelgius. Il avait les cheveux noir tout comme ses yeux qui portaient tout de même un regard triste mêlé de colère. Dans sa main une chemise ensanglantée et frappée d'une ortie.
J'ai vu ma mère se faire tuer sous mes yeux, tu étais la seule famille qu'il me restait et tu m'a laissé grandir avec ses assassins ! N'aurais tu pas du venir me chercher toi même au lieu d'envoyer un gamin que je ne connaissais pas ? Comment aurais-je pus lui faire confiance et le suivre, comment avoir confiance en qui que ce soit après avoir vu ma mère crever sous mes yeux ?!
Comme pour ponctuer, il envoyer la chemise pleine de sang dans le visage de son oncle.
Mais il manque ses enfants, évidemment !
Sa taupe bien accrochée sur son épaule, la jeune femme rejoignit le cercle des Champlecy.
Par contre, tu ne m'en voudras pas, il n'y aura pas ta seconde fille tant aimée.
Le bruit d'une lame sorti de son étui se joignit au bruit des chaînes et une odeur de sang envahit la grotte. L'Illégitime essuya son poignard sur la manche de sa chemise et s'accroupit, face à Zelgius, prenant dans une main la taupe et gardant le poignard dans l'autre.
C'est beau d'être si innocente, si inconsciente, si petite, si fragile et si
faible.
Et pour souligner l'importance de ce dernier mot, la lame s'enfonça dans la taupe, comme un couteau dans son beurre. L'Illégitime laissa tomber le corps de l'animal et récupéra son poignard.
Depuis quand es-tu devenu faible au point de te laisser attraper comme un vulgaire insecte ? Ah non, j'ai un début de réponse. Tu as su détruire les autres, tu as su tuer la femme qui portait ta bâtarde mais pas la bâtarde elle même. Je n'aurais pas le loisir de te tuer de mes propres mains mais je regarderais Zelgius, je serais là.
Stop... Arrêtez... Arrêtez !
Pourquoi arrêterions-nous ? C'est tout ce que nous avons toujours voulu, Zelgius ! C'est tout ce que tu as toujours cherché et tu l'as enfin, pourquoi le refuser ?
Oh mais... Regarde qui est venue à son tour, n'est-ce pas ton animal de compagnie ? Celle que tu as laissé périr dans l'incendie de Bourges, quel était son nom déjà... Violyn, oui c'est ça. Dis bonjour, Violyn.
Et la fouine de se placer sur l'épaule du Zelgius libre comme elle le faisait de son vivant. Mais l'animal n'avait plus rien de ce qu'elle était, sa fourrure blanche n'était plus qu'un amas de poils de roussis par les flammes qui étaient venues la dévorer.
Vous avez tout préparé depuis le début... Vous attendiez que j'aille trop loin...
C'est toi qui nous a amené ici, par tes actions ! Tu nous as tué, et nous allons te montrer combien nous avons souffert !
La corde se rompit alors, laissant le corps de Grâce s'écraser sur le sol de la grotte et rejoindre la cohorte "familiale".
Et pour cela, nous avons tout notre temps. Et toi, Zelgius ?
Le sourire qui se dessina sur le visage de chacun des protagonistes ne fut pas sans rappeler le sourire du Champlecy lui-même lors de ses moments de folie les plus intenses. Et pourtant il ne le reconnut pas.
Essayez alors !
J'ai faim...
La voix était celle d'un jeune enfant, pas moins de quatre ans, pas plus de six. Lorsque Zelgius tourna la tête vers le propriétaire de la voix : un enfant plus maigre que ne l'était un enfant normalement nourri et habillé d'un haillon qui n'avait plus de couleur précise. Des cheveux noirs et recouverts de boue séchée tombaient sur son front pour terminer l'invasion au dessus de deux yeux d'une couleur presque identique. Le reste du visage creux était recouvert de sang séché visiblement depuis plusieurs semaines, voir plusieurs mois.
Le Champlecy se souvenait de ce jour-là : c'était le jour où il avait tué pour la première fois. Un autre enfant perdu, comme lui. Peut-être un peu plus jeune... Il l'avait tué à l'aide d'un bout de gantelet rouillé qu'un chevalier quelconque avait du perdre durant une bataille tout aussi quelconque.
Non... Pas toi... C'est impossible...
Maintenant nous ne serons plus jamais séparés.
La voix qui venait de s'élever au travers de la foule grandissante n'était pas inconnue, loin de là puisqu'il s'agissait de celle de Kateline qui s'avança au devant du Champlecy. Elle s'arrêta à quelques pas de lui afin qu'il voit la naissance du sourire commun de tous les autres sur son visage.
Kateline...Pitié...
Bien entendu écrit avec l'accord et la participation active de tous les intervenants PJ ! A savoir : jd Kateline, jd feue Poumona, jd Pouikie et jd Guilhem !
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