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[RP Fermé] Come back from the dead*

Zelgius
*Revenir de la mort


Deux mois et demi, voilà dix semaines qu'ils étaient morts... De sa main. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison qu'aucune personne s'approchant trop près du Dément ne pouvait s'en sortir sans souffrir. Et cela s'affirmait même pour le Dément lui-même.

Et bientôt six semaines avaient passé depuis qu'il avait tout quitté. Sa position, son rang, ce qu'il restait de sa famille et de ses proches, même ses richesses et les pierres précieuses qu'il amassait depuis des années.

Il s'était enivré. En six semaines il n'avait pas été sobre une seule fois depuis tout ce temps. Il avait même quitté le Berry pour retourner à la vie d'errance qu'il avait connu auparavant. Alcool, sexe, affrontement de taverne... Tout ce qu'il avait été et qu'il pensait ne plus jamais être.

Une bouteille de Whisky à la main, il traversa à nouveau les frontières du Berry pour se retrouver dans un petit hameau proche de la frontière Limousine. L'apparence n'avait plus rien de ce que le Berry eut pu connaître et... le reconnaître aurait été bien difficile pour quiconque encore de ce monde.

Allez, bois encore un peu, ça ne peut te faire plus de mal que tu n'en as déjà fait à toi et autres.

En face de lui... Son double.Et il fallait dire qu'ils n'avaient rien à voir l'un avec l'autre. Le premier, celui visible par tous ressemblait plus à un vagabond n'ayant pas connu les douceurs d'un bain depuis des années et dont la barbe ressemblait plus à un champ de mauvaises herbes qu'autre chose. Voilà à quoi ressemblait, aujourd'hui le Dément. Un gueux que personne ne prendrait jamais pour un noble. Le second, l'image même de ce noble qui avait manipulé, tué, fomenté des complots. Ils étaient plus différent encore que les deux faces d'une même pièce.

Et il but une nouvelle gorgée à même la bouteille qu'il transportait depuis quelques heures déjà. Prévoyant le même sort pour celles qui se trouvaient dans son sac de voyage, à l'abri de la pluie tombant sur lui. Ses cheveux sales ne laissaient apparaître de leur ancienne splendeur que le noir d'une nuit sans lune qui les définissaient.

Seul son regard, à nouveau plein d'expression, pouvait laisser entrevoir les épreuves qu'il avait traversé jusque-là. Les meurtres, les machinations, les affrontements, les pertes. Oh, ce regard était dur et empli de haine, certes, mais cette haine n'était dirigé que vers une personne. Le Zelgius qu'il était devenu, celui qui n'hésitait pas à accepter la mort de ceux qu'il avait toujours considéré comme sa famille.

Et un jour, alors que son sommeil, aussi agité soit-il, fut dérangé par un coq annonçant le matin bien trop proche à son goût. Il se redressa quelque peu, une nouvelle bouteille de whisky déjà porté devant ses lèvres. Une journée qui débutait comme toutes les autres depuis son "exil"...

Ou pas ! Une ombre retint son attention. Pas n'importe quelle ombre, oooh ça non, celle d'une personne morte depuis bientôt un mois... Il n'y croyait pas. Une nouvelle hallucination, rien de plus. Sa filleule était morte dans ses bras et il avait passé bien des heures avec son corps entre les bras, pleurant les dernières larmes qui n'avaient pas encore étaient altérées par la sécheresse de sa folie : des larmes de sang.

Il avait causé sa mort, tout comme il avait causé la mort de son filleul le lendemain même de cette tragédie.

Mais quelque chose, au fond de lui, tout au fond, le poussa à se lever et à tituber vers cette ombre qui ne l'avait sans doute pas vu. Si sa Démence lui permettait de voir une dernière fois sa filleule, de s'excuser auprès d'elle... Peut-être... Oui, peut-être qu'elle pourrait lui pardonner les actes ignobles qu'il avait commis ses derniers mois.

Où vas-tu sombre idiot ? Tu sais que ce n'est pas elle ! Que ce n'est qu'une partie de ton esprit en quête de pardon.


Elle... je... Dois lui dire.
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Kateline
      Deux mois et demi s’étaient écoulés depuis la dernière fois qu’elle avait vu les plaines verdoyantes du Berry. La nuit du 30 septembre fut marquée par le sceau de l’horreur, les secrets d’outre-tombe furent enterrés profondément.
      Plusieurs semaines passées à s’affubler du masque de la mort. A jouer la comédie de la disparition tragique. Des jours à assurer la sécurité de son protégé.
      Des heures à ressasser les tenants et les aboutissants, à chercher dans les méandres de son esprit une logique à la démence collective.

      Le temps a passé, le plan a fonctionné. Et quel plan. Une esquisse d’idée, tortueuse sur le papier, mais si efficace une fois appliquée. Les sacrifices qu’elle risquait de faire à l’époque ne l’avaient pas effrayé.
      Au péril de sa vie elle tiendrait son serment fait devant le Très-Haut.
      Le temps a filé et il est temps à présent de revenir à la vie. Tout doucement. Retour parmi les vivants qui nécessiterait forcément de passer par la case démence.

      Dans sa main un caillou, elle le fait sauter à un rythme mesuré. Depuis son retour elle s’était renseignée sur Lui, sur ce qu’Il était devenu suite à sa « mort » et à celle de Nathan.
      Au mieux les réponses avaient été vagues, les regards s'étaient baissés. Au pire les badauds fuyants, le regard trahissant leur terreur, avaient esquivé rapidement tout contact à l’évocation de son nom.
      Mais son instinct la guida au bon endroit. Tel un spectre la voilà à errer au milieu d’un hameau reculé à la frontière limousine…

      Il est allongé là, pareil à un bouseux qui mendie quelques pièces pour aller se payer de l’alcool à pas cher ou une gourgandine d’un soir, d’une heure… Il n’a plus rien de sa grandeur d’antan, son charisme et sa mise dignes d’un vicomte, oubliés.
      D’un pas à l’autre elle s’approche. De l’ombre on distingue à présent les traits graciles de la jeune femme, presque émaciés. La fuite ne l’a pas épargnée. Le teint plus pâle que jamais, ses seules prunelles agitées prouvent que la vie parcoure ses veines et l’anime.
      Il se réveille, titube dans sa direction, la cuvée doit être terminée. Il est temps de servir.

      Kateline se fige, le regard sombre et torturé le dévisage. Le corps se plie, le caillou est déposé au sol.
      Lorsque Zelgius l’aura atteint, elle marchera en direction des bois, ceux qui les séparent de la plus grande ville à proximité : Châteauroux.
      Tout comme les morts, les secrets devraient bientôt être déterrés…

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Zelgius
A une époque, cette époque étant en vérité située un peu plus de six semaines auparavant, il aurait rejoint l'emplacement de ce fichu caillou bien plus rapidement. Là, il ne fit que tituber, dérivant bien des fois de sa trajectoire et se retrouvant même une fois à quatre pattes après avoir trébuché sur... Et bien sur la bouteille qu'il venait de lâcher après avoir compris qu'elle était vide.

Debout caniot ! Le fantôme de ta filleule ne va pas attendre que tu sois sobre pour se trémousser devant toi. Et elle a plutôt fière allure pour une morte, tu ne trouves pas ?

Et une nouvelle fois, le Champlecy ne donna à son double qu'un grognement pour toute réponse. Il finit, soi-dit en passant, par se relever bien difficilement, certes, mais tout de même !

Une semaine.

Tout avait changé quand il avait recouvré la vue. L'absence se faisait la plus pesante. Comme à son habitude, il affichait le masque de la bonne fortune et de la bonne mise au devant du public, auprès des proches. Aucun ne pouvait comprendre, qu'au fond, tout au fond du Dément, il restait un semblant de Zelgius aussi détruit soit-il.

Peut importait alors les complots et les jeux de pouvoir. Il s'était détruit lui-même en tuant ceux qui étaient sa famille.

Et puis il y eut les autres Champlecy. Oh ceux la ne comprendrait certainement jamais pourquoi le caneton noir de la famille était devenu ce qu'il était et ne chercheraient même d'ailleurs certainement pas à le comprendre même sous leurs airs bienveillant de sauveurs.

Attrape !

Et grâce à l'un des réflexes qui lui restait, le Dément plaça la main gauche devant son visage au moment où le caillou allait le heurter.


Pourquoi tu fais ça... ?

Ahhh que c'est bon d'entendre à nouveau le doux son de ta voix ! Je commençai à croire que tu avais régressé au point de plus savoir que grogner !

Mais déjà le Champlecy porta son regard sur le caillou que le fantôme de sa filleule avait laissé. Pour lui ? Certainement, après tout à part lui et... Lui, personne ne l'avait vu. Personne n'aurait pu la voir.

Là-bas. Elle veut t'emmener dans la forêt semblerait-il. M'aurais-tu caché des choses sur votre relation ?

Un rire dénué de toute humanité conclut cette phrase, rire qui aurait fait fuir les paysans alentour si ils l'avaient entendu mais ils ne l'entendirent pas...

Non, tu ne peux rien me cacher. Je suis toi après tout ! Bien, avance, j'ai envie de voir ce que ce fantôme nous veut.

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Kateline
    [Forêt berrichonne, non loin de Chateauroux…]

      La morte-vivante joue au petit poucet avec ce qu’il reste de son parrain, les cailloux sont laissés un à un au sol. Elle sait qu’il les suivra, maintenant qu’il a mordu à l’appât. Mais elle prend garde de ne pas trop le laisser en arrière, son ébriété avancée le ralentit. Il n’est plus que l’ombre de lui-même bien qu’ayant retrouvé la vue.

      Personne n’avait su lui expliquer ce retour à la normale, comment le dément avait-il pu retrouver ce sens lui qui avait été aveuglé par la disgrâce du sans-nom ? Les voies divines sont impénétrables à ce qu’elle se dit.
      Tout à coup des voix viennent la perturber dans sa méditation… le souvenir du jour où tout a basculé.


    [Vicomté de Germigny, mi septembre]

      (Kateline) - Bonjour Paul ! Je suis venue rendre visite à Zel.
      (Paul) - Dame Kateline, le bon jour à vous, entrez ne restez point sur le pas de la porte.
      - Merci ! Alors comment va-t-il depuis le feu ?
      - C’est affreux ma Dame, il.. il.. a perdu la vue…
      - Quoi ?!
      - Oui, et je crois qu’il a aussi perdu le reste de son esprit au passage…
      - Paul ?!
      -Pardonnez moi ma Dame, je ne devrais pas juger de l’état mental du Vicomte mais…
      - Amène-moi à lui, je veux le voir !
      - Attendez… je dois vous dire…

      L’intendant s’arrête près du bureau du Dément, après avoir vérifié autour de lui que personne n’ait pu les entendre, il entre dans la pièce en entraînant l’Ebène par son bras valide, car sa sénestre était bandée jusqu’au coude et le bras maintenu en bandoulière.

      - Mais Paul ?! Qu’est-ce qui se passe ici à la fin ?!
      - Ma Dame, je dois être certain que cette conversation demeurera un secret entre nous…
      - Un secret ?!
      - Oui, promettez le, je vous en prie, j’ai une conscience mais bien plus encore l’envie de vivre. Promettez !
      - Très bien je promets, maintenant parle !
      - Votre parrain, et par l’intermédiaire de mes yeux et de ma main… *petite pause marquée par le souffle saccadé de l’intendant* votre parrain organise une mise à mort…
      - Paul… *regard désabusé qui se pose sur l’intendant tremblotant* est-ce un comportement inhabituel vraiment ?
      - Vous ignorez qui est sa proie aujourd’hui !
      - Est-ce réellement important qui il chasse anui ?
      - Oui. C’est votre filleul.


    [Retour à la triste réalité, entrée dans Chateauroux]

      Le village se dessine à travers les arbres, elle peut déjà apercevoir les volutes de fumée qui s’échappent des cheminées. Le jour se couche doucement, les derniers rayons du soleil rendent les couleurs automnales encore plus chatoyantes.
      L’Ebène doute que Zelgius soit capable d’en supporter plus, voilà déjà plusieurs heures qu’ils crapahutent à travers bois. C’est décidé, le jeu recommencera le lendemain…

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Zelgius
Les heures défilaient au même rythme que l'avancée sur le chemin séparant la solitude de la folie.

Mais avait-il jamais été réellement seul, même... avant ? Avant que les fantômes de son passé ne viennent le hanter. Avant que son esprit ne soit occupé par des dizaines de voix.

Oh, il avait tué, oui. Pas seulement pour le plaisir de tuer, pas au début. Il avait appris à tuer pour survivre. Pour survivre, il était devenu un prédateur. Traquant sans relâche ses proies comme... Un loup. A cette époque, il n'avait aucun souvenir du goût de la viande animal, de fruits ou de poissons. Il ne connaissait qu'une nourriture : la viande humaine.

Et déjà à cette époque, une voix se faisait entendre de lui seul.

Puis, il était devenu un simple tueur. Tuant pour le plaisir du sang coulant, encore chaud, sur ses mains lézardées de cicatrices causées par une défense inutile de ses précédentes victimes.

Châteauroux. Et la nuit arrive, Zelgius. Trouve-la !

Deux semaines.

Les bas-fonds en reconstruction de Bourges. Le Champlecy avait payé la grande majorité des travaux. S'octroyant par la même occasion le titre de propriétaire de cette partie de la capitale Berrichonne.


Trouvez-la ! Trouvez-moi cette charogne qui me vole mon temps et mon argent !

Il avait d'abord essayé de passer outre sa culpabilité dans les bras de la rousse, tentant une nouvelle fois de jouer à ce jeu de dupe dans lequel il s'était lancé au début de sa conquête du pouvoir. Peut-être d'ailleurs était-ce à cet instant qu'il avait oublié qui il était vraiment...

Il observa les hommes qu'il avait embauché s'affairer à leurs besognes dans la construction des nouvelles bâtisses du bas-quartier de Bourges alors que ses gardes, eux, se lançaient dans une traque qui ne seraient résolu que bien plus tard.

Mais participer à la reconstruction de ce dont il avait ordonné la destruction ne parvint pas non plus à le mener à l'oubli. Et les fantômes du passé n'étaient pas véritablement d'une grande aide non plus...

Il n'y a plus de cailloux.


Non, non, non, non, non, non, non, non, non !

A présent le nez pratiquement au sol à chercher un nouveau caillou ou tout autre signe du fantôme de sa filleule, l'égaré... Non, c'est nul ça ! Le perdu, oui c'est mieux. Le perdu passa plusieurs dizaines de minutes ainsi, relevant la poussière, s'éclaboussant de boue, passant pour certainement pour un fou à éviter auprès des passants castelroussins.

Puis ce fut un cri mêlant la rage et la haine qu'il poussa quand il comprit qu'il ne trouverait rien. Son esprit se jouait de lui, de sa faiblesse... Il en riait même. Mais ça ne suffirait pas.

La lune, à présent assez haute dans le ciel, se reflétait dans ses yeux alors que le Dément approchait de l'une des nombreuses portes de la rue dans laquelle il se trouvait, même si il ne savait pas de quelle rue il s'agissait précisément.

Elle te fait tourner en rond, cesse de penser à elle et laisse-moi te guider où il faut, Zelgius. Tu sais que c'est ta seule solution pour ne plus être torturer par ton esprit.


Pas la seule... Non.

Et il continua son approche de la porte, arrivant au devant et frappant doucement comme pour ne pas attirer l'attention des voisins. Ou simplement parce qu'il n'avait pas la force de frapper plus fort ?

La porte s'ouvrit et un homme passa le pas de la porte, muni d'une dague et d'une lanterne. Alors qu'il allait demander à qui il avait à faire, son regard s'ancra dans celui du Champlecy. Comme... Un papillon devant une source de lumière.


J'ai faim.

Oui, il aurait eu la force de frapper plus fort.

Le soleil n'eut guère le temps d'entamer son levée le lendemain matin que le Champlecy se trouvait une nouvelle fois dans la rue, toujours aussi sale, quoiqu'une nouvelle "saleté" orné les restes de la tenue qui avait un jour été une tenue digne des plus grands nobles. La grand place rapidement atteinte, il se lança à la recherche d'une taverne pouvant réapprovisionner ses réserves d'alcool.

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Kateline
    [Le 25 septembre 1461, la Chappelle-Horthemale]

      Kateline entra en trombe dans son bureau, suivie de près par son demi -frère et intendant, et s’agenouilla au sol pour soulever une petite trappe.

      Sebastian, je compte sur toi pour que le Garçon soit prêt pour le jour de la cérémonie. On a pas le droit de se louper sur ce coup là, si on veut que j’agisse, les autres doivent croire qu’Il est lui…

      Elle se pencha un peu et ressortit une cassette. Elle piocha largement dedans afin de remplir une petite bourse qu’elle balança à l’angloys, puis une plus grosse qu’elle préparait pour plus tard. D’ici quelques jours elle n’aurait que cela comme unique fortune sur elle. Le temps de donner le change…

      Tu diras à Hildéric que le garçon ne doit sortir du castel sous aucun prétexte, et plus personne n’entre ici sauf contrordre direct. J’suis claire ?!

      Elle posait la question mais savait pertinemment que Sebastian ne manquait jamais à son devoir.

      Les écus c’est pour remplacer les gardes par des hommes à moi, s’ils rechignent je les arroserais encore. T’hésites pas.

      Elle remit la cassette à sa place une fois terminé et referma la trappe ensuite.

      Tu sais ce qu’il te reste à faire, on a très peu de temps. Je vais retourner chez Zel m’enquérir de sa… santé ouais. Je dois m’organiser avec Paul… pour ma sieste. A plus tard.

      Elle s’approcha de Sebastian, hésitante. Les effusions fraternelles, elle ne connaissait pas. C’était encore trop neuf pour elle. Le regard fuyant elle marmonna…

      J’suis contente que tu m’ai parlé… de nous. Merci de m’avoir toujours supporté, et servit fidèlement. Au-delà du sang, tu es et resteras toujours mon frère.

      Sur ces mots elle quitta la pièce, il lui restait effectivement très peu de temps afin d’accomplir ce qu’elle avait en tête…



    [A l’aube de Chateauroux]

      La nuit a été courte, mais pleine de vieux souvenirs qui ont ressurgit en songes. A force de ressasser encore et toujours les mêmes évènements ils finissent par l’envahir toute entière. La privant parfois de ses sens, l’isolant du reste du monde pendant quelques secondes, minutes… des heures les premiers temps.
      Anui* elle devrait combattre l’ombre du Faramine** berrichon. Elle le voit dans cette rue, habillé toujours aussi salement. Il n’a plus grand-chose de l’être humain. Son apparence est vraiment celle d’une bête.

      Elle le suit discrètement, essaie de comprendre ce qu’il cherche et comprend enfin lorsqu’il passe le pas d’une porte. Au dessus de cette dernière une enseigne en fer forgé, représentant un homme avec une chope à la main, tanguait au rythme des coups de vent. L’Ebène presse légèrement le pas, et pousse à son tour la lourde porte de chêne.

      Elle n’a jamais vu cette taverne auparavant, son regard scrute la pièce à la fois curieux et aussi à la recherche du Dément. Et il est là, au comptoir accoudé, dos à elle. Elle avance jusqu’à une table et s’assoit sur la première chaise qui se présente à elle.
      En dehors d’eux, et du patron au service, deux soulards dans un coin se jaspinent*** au sujet de… à vrai dire la raison n’était pas très claire. De toute manière, l’attention de l’Ebène se trouve ailleurs.


      Parrain ?

      Elle ne dit rien de plus. Elle ne sait pas de quoi il est capable dans cet état, et reste donc sur ses gardes. Mais le mot, simple, était choisit.
      Leur relation si complexe soit elle reposait en premier lieu sur le lien profond qui avait pu les unir autrefois. Un lien basé sur un amour bien particulier, presque indéfinissable. Que peu comprenaient d’ailleurs. Et qui expliquait sans doute la présence fantomatique en ces lieux.





Lexique berrichon :
* aujourd'hui
** bête légendaire
*** disputent

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Zelgius
Et il la trouva rapidement cette taverne. Fut un temps où il n'aurait posé le pied dans autant de saleté que pour conclure quelques affaires dont il avait le secret et le menant toujours plus haut dans sa quête de pouvoir.

Qu'en restait-il à cet instant précis ? Rien.

Quoi, tu vas recommencer ? N'as-tu pas l'impression d'avoir un déjà-vu caniot ?

Et, une nouvelle fois, la pique fut ignorée. Le Dément était arrivé au comptoir de la taverne dont il ignora les détails et les occupants. Le sang séché sur ses mains et dans sa barbe semblèrent effrayer quelques uns des saoulards encore présent malgré le levé du soleil.

Le tavernier sembla lui aussi quelque peu perturbé lorsque la main gauche du Champlecy se leva vers lui pour commander un verre.

Trois semaines.

Il ne passait plus ses journées qu'à écumer les tavernes et autres lieux de beuveries, dilapidant ses richesses en alcool alors qu'il n'aurait eu qu'à claquer des doigts pour être servi. Mais même tout cela n'arriva pas à lui faire oublier qu'il avait mis fin à la vie des deux personnes qui l'avaient maintenu à un état approximativement humain.

Depuis qu'il les avait rencontré, il avait eu un toit. Il avait eu des soutiens. Il avait découvert une nourriture "normale" bien difficilement. Et même, pendant un temps du moins, n'avait plus eu le besoin de tuer.

Mais les secrets et les complots visant à protéger son passé et les actes qu'il avait commis dans sa jeunesse. Cela lui était revenu en pleine face... Comme tout passé quelque peu sorti des sentiers battus se devait de le faire.

Alors il fuit. Il fuit son passé. Il fuit son présent. Il fuit même ce qui se dessinait comme un avenir... Et le voilà ses nombreuses semaines plus tard, à nouveau accoudé au comptoir d'une taverne quelconque, des fantômes susurrant à ses oreilles leurs perfidies pour l'avenir du Champlecy, quel qu'il puisse être, ils s'en fichaient tout autant que le Dément lui-même.

"Parrain ?" Un simple mot qu'il aurait cru ne plus jamais entendre. Il n'aurait pas pensé que sa filleule lui pardonnerait, surtout alors qu'il en était lui-même impossible.

Le Dément se retourna, vers la provenance de la voix qu'il avait entendu et vit Kateline assise tranquillement à l'une des tables de la taverne. Grâce* aussi avait l'habitude de s'asseoir pour lui parler... Elle était exactement comme il s'en souvenait, un peu plus pâle peut-être -la mort fait pâlir, voilà qui est connu !-, et un détail qu'il n'arriva pas à identifier attira son attention une seconde, peut-être moins. Il l'oublia.


Comment peux-tu encore m'appeler "Parrain" alors que je suis responsable de ta mort ?

Une voix éraillée et se découvrant à nouveau des mots après un quasi-mutisme enclenché durant sa fuite. Ses mots manquèrent lui arracher une douleur mais ce ne fut pas cette douleur qui provoqua la larme qui alla mêler le sang au sang. Revoir sa filleule, même morte, était une occasion pour lui de se libérer d'une part de son fardeau.

Et peut-être alors, en sus d'avoir retrouvé la vue, retrouverait-il de véritable larmes et non des larmes de sang.

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Kateline
Légende :
parole de Kateline
pensée de Kateline
Flashback de Kateline



Comment peux-tu encore m'appeler "Parrain" alors que je suis responsable de ta mort ?

Les mots résonnent dans la caboche de l’Ebène et tentent de trouver un cheminement logique dans le brouhaha qui règne dans l’esprit de cette dernière. Les lèvres se pincent, le corps se crispe presque indiciblement. Les prunelles sinoples restent toujours le seul point d’ancrage à toutes émotions, et là elles la transpercent de part en part.
Puis quand l’émotion est trop forte, on la perd. On ne s’en rend pas forcément compte de l’extérieur. Elle continue de respirer, de cligner des yeux, son cœur continue de battre, mais son esprit est perdu dans les limbes. Loin, très loin.


« - Je promets de la seconder éternellement sur le long et ardu chemin de la foi. (Zel)
- Merci à toi Parrain, maintenant tu es condamné à me protéger et me soutenir pour le reste de ma vie... j'espère que tu t'es bien préparé à ça?! (Kat) »


Et elle, s’était-elle préparée au fait qu’il adviendrait de lui qu’il serait un guide vers ses propres ténèbres, et non pas un appui pour se diriger vers la lumière et l’absolution divine ?
Était-elle consciente, ne serait-ce qu’un instant, que la confiance qu’elle avait mise en lui pendant cette célébration serait piétinée par sa simple soif de pouvoir et d'hémoglobine ?
Jamais de la vie, pas ce jour là.

Mais elle finit par réaliser la vérité.
Elle qui se targue de ne pouvoir exprimer que des faits avérés, devait accepter celui qui se présente à elle.


Alors les rumeurs disaient vrai, mes soupçons aussi, ce feu… c’était toi… Tous ces gens, ces berrichons, ta famille, moi… mangés par les flammes de ta démence…

Et aujourd’hui qu’en était-il ? Que restait-il ? Elle-même ne pouvait répondre à ces questions. Elle avait d'abord besoin de certaines réponses pour se les poser.

Je t’ai choisit, tu as accepté. C’est ainsi que je te nomme.

Marque une pause.

Tu es responsable de ma disparition Zelgius. Mais de toute évidence, tu te trompes sur la nature de ta culpabilité.

Elle ferme les yeux, quelques secondes, puis prend lentement une grande inspiration.

Qui es-tu ? Que caches-tu ? Pourquoi la moitié de Bourges a périt dans un incendie ? Pourquoi aujourd’hui le Grand Vicomte de Germigny écume les tavernes les plus sordides alors qu’il brandissait ses écus et son pouvoir à la face du monde ?

Nouvelle pause.

Pourquoi es-tu responsable de ma… mort ? Pourquoi es-tu responsable de celle de…

Ses pupilles se figent dans le regard embué de larmes de sang.

Nathan.
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Zelgius
Et les questions arrivèrent. Oh bé dame, dans la tête du Champlecy il ne s'agissait que de l'une de ses hallucinations et il parlerait à une chaise vide dans les prochaines secondes pour toutes les personnes dans la pièce. Mais il s'en fichait. Il n'était plus celui que les berrichons avaient connu et ne le redeviendrait très certainement jamais...

Mais alors "Pourquoi" puisque telle était sa question. Pourquoi le Champlecy était-il retourné à un état de misérable tel qu'il avait juré ne jamais retrouver ?

Oh, simplement parce qu'il n'a pas eu le courage d'assumer vos disparitions. Le pauvre caniot ne trouvait plus de raison de rester sur le devant de la scène alors qu'il n'avait plus personne pour qui se battre.

Un regard, donc, vers son "double" empli de remords. Au fond, ce fantôme la n'était pas dans le tord, bien au contraire. Puis retour à feue -pas si feue- sa filleule.


Comme il le dit, vous tuer... Toi en tout cas tout du moins... Fut ma plus grande erreur. J'ai détruit le tout Bourges pour mieux le reconstruire et en tirer les profits nécessaire pour toutes ses choses que j'avais dans la tête.

Et tout pendant qu'il parlait, il s'était mis à faire les cents pas, ou plutôt une dizaine dans un sens et une dizaine dans l'autre mais bon !

Je voulais faire un Berry sûr ! Je te l'ai promis ce jour-là ! Je vous l'avais promis à tous les deux ! Mais il s'est perdu... Il voulait vendre le Berry à nos ennemis ! Il m'a trahi, pas moi !

Il marqua un temps d'arrêt pour fixer Kateline, ne trouvant toujours pas ce qui le dérangeait chez elle puis alla s'asseoir en face d'elle.

N'oublie pas non plus de lui dire à quel point tu as monté la tête de tous les acteurs de ce drame que tu as monté de toutes pièces. J'ai hâte de voir sa réaction, tu sais.


Les bas-fonds de Bourges devaient être purgé de tous les coupes-jarrets et autres gueux qui y pullulaient comme des rats dans le cale d'un navire ! La mise à l'épreuve de Seiko n'a été qu'un prétexte pour moi...

Il ferma les yeux un instant avant de reprendre.

Skorm n'aurait pas dû se trouver là... Il n'aurait pas dû s'enfuir en me voyant. J'aurai dû le tuer dès notre première rencontre et ce chien ne m'aurait pas éloigné de toi ! Il n'aurait pas pris mes yeux ! Tu... Tu n'aurais pas été brûlé...

De nouvelles larmes de sang coulèrent le long de ses joues pour aller se perdre dans la barbe broussailleuse et emmêlée qu'il arborait..

Quelle raison avais-je de continuer à jouer à ce jeu alors que tu n'étais plus là ? Alors que Nathan m'avait trahi ? Aucune ! Et j'ai cherché pourtant ! Tous, ils se sont détourné de moi ! Je n'avais plus que moi pour avancer !

Tu n'as jamais été seul, caniot. Nous, nous avons toujours été là.

Une main sur l'épaule du Champlecy et celui-ci redressa la tête en ouvrant les yeux. Les quelques larmes avaient cessé de couler et la flamme éteinte depuis longtemps dans le regard bleu nuit du Dément se ralluma alors qu'il attrapait les poignets de la brune.


Je ne suis pas le Vicomte de Germigny. Je ne suis pas Zelgius de Champlecy. Je suis le faramine des légendes, le monstre dans la nuit que tous craignent sans le connaitre. Je suis leur pire cauchemar !
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Kateline
    [En tête à tête avec la mort]

      Et pourtant revenue d’entre les morts, elle est de chaire et de sang, ses poumons se soulèvent à chacune des respirations qu’elle prend. D’ailleurs l’air vient à lui manquer, son palpitant commence à sérieusement s’agiter.
      Les réponses se succèdent et son cœur, à l’intérieur, après les ruades s’arrête une seconde. Le masque du fantôme impassible se craquèle doucement, le visage habituellement de marbre se mue, la souffrance se lit sur ses traits.

      Mais aucune réponse ne trouve une résonance logique en elle, aurait-il perdu l’esprit au point de ne plus distinguer ses crises paranoïaques, ses hallucinations de la réalité ?
      Ses mains qui se referment tout à coup sur ses poignets lui donnent la sensation d’être brûlée.
      Alors que ses prunelles croisent celles de son parrain, pour la première de sa vie elle a peur. Peur de comprendre qu’elle a perdu l’être humain qui était en lui, peur d’avoir provoqué la bête en voulant la voir souffrir, tout simplement peur pour sa vie.


      Nathan ne t’a jamais trahit, prouve moi ce que tu dis. Je ne te crois pas.

      Sa voix est basse, mais dure, elle appuie chaque mot. Son regard embué laisse échapper une larme qui roule rapidement sur sa joue.

      Tu as vu ce que tu voulais voir. Et tu as entraîné ta famille, le Berry et ses habitants dans ta démence. Tu ne regrettes rien. RIEN !

      Le ton monte légèrement, les aigus aussi.

      Servir tes intérêts, voilà tout ce que tu voulais ?!

      Les deux soulards ont cessé de se jaspiner et observent la scène d’un œil méfiant. Kate brise avec violence l’emprise du Dément sur ses poignets, les libérant en même temps du feu qui les rongeait.

      Tu as tout fait pour le devenir, mais j’voulais pas ça. J’voulais pas…
      Je t’en ai empêché, il vit, j’voulais pas te laisser faire ça…


      Ses yeux se perdent et à nouveau des voix, des images… font irruption dans son esprit.


    [Appartement berruyer de Kateline, le 29 septembre 1461]

      *"Jusqu'ici, tout va bien." Allez, Kate, tu l'as dit. Tu vas bien.

      La preuve que le Dément possédait encore des sentiments ? Oui, très certainement. Mais pour combien de temps encore ?
      L'étreinte sur sa filleule se resserra alors que peu à peu les souffles de sa respiration se firent plus faibles.


      Reste avec moi... Allez.

      Un combat perdu d'avance, le poison qu’elle avait elle-même composé et bu en même temps que sa poire cheminait d’ores-et-déjà dans ses veines. Peu à peu la vie quittait son corps, ses membres devinrent inertes et son souffle se tut.
      Le plus le difficile était fait, mourir dans ses bras. Elle ne pouvait plus compter que sur ses complices jusqu’à son réveil.
      Zelgius tenait maintenant le corps de sa « défunte » filleule dans ses bras, serrant encore plus son étreinte comme si cela avait pu la ramener.


      J't'interdis de me laisser, j'ai besoin de toi !

      Pour la première fois depuis bien longtemps, les yeux de Zel s’humidifièrent. Mais ce ne furent pas des larmes salées qui inondèrent le visage du Champlecy. Des larmes au goût de fer à la place... Des larmes de sang, traçant des sillons rouges sur ses joues.
      Mais il ne s'en rendit pas compte, son attention était ailleurs. Sa douleur aussi.
      Ce qu'il venait de se passer avait détruit une partie de lui. Morte avec Kateline. Et la seule chose qu'il réussit à exprimer par la suite fut un cri de plusieurs minutes étouffé dans la chevelure de la fausse-morte qu'il serrait toujours plus fort contre lui.

      L’intendant de Germigny et Sebastian comprirent quant à eux qu’il était temps d’entrer en action, alertés par les cris du Dément. Le séparer du corps fut le plus difficile pour eux, ce dernier accepta que l’Angloys la « prépare à l’embaumement » et qu’il « restitue par la suite le corps afin de procéder à l’enterrement ».
      A son réveil au matin du couronnement de Nathan, Zelgius était persuadé que sa filleule était morte et organisait déjà avec Paul les funérailles. Kateline quant à elle était déjà en route pour la grand place en compagnie de Sebastian…
      *


    [Jusqu’ici tout va bien…]

      Et un revers katelinien de s'écraser sur la joue de Zelgius. "Mais l'important c’est pas la chute, c’est l’atterrissage".


**Extrait d'un précédent rp légèrement modifié avec accord de jd Zel
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Zelgius
C'est ça ! Continue et tue les tous !

L'ombre du Champlecy était, semblerait-il, aux anges de voir le Berrichon laisser l'animal enfermé au plus profond de lui ressortir. Et ce ne fut pas sans une certaine compréhension qu'il entendit le doute émit.

Le doute sur Nathan et sa culpabilité. Nathan et sa traîtrise. Nathan, leur filleul, tout simplement. Quel magnifique rôle il interprétait en tant que parrain guidant sur la voie de l'Aristotélicisme ! Jamais il n'aurait dû leur dire oui. A aucun !

Zelgius, fais la taire ! Tu sais déjà tout ce qu'elle va te dire.

Et en effet, il savait. Il avait commencé son entreprise pour eux, parce qu'ils l'avaient choisi. Le brun s'était dû d'être à la hauteur de ce qu'ils attendaient, ce que lui n'avait, au final, jamais eu. La sécurité.

Mais la façon de faire était celle d'un être monstrueux de nature, ou... De circonstances. Aucune vie ne lui importait réellement, sauf la sienne et celles de ceux qu'il s'était pris à aimer.

Puis arriva la douzième. Ce qui, pour le coup, lui fit penser qu'il ne s'agissait que d'une partie de lui qui tentait de l'arrêter.


Je mettrai le Berry en pièces si il venait à me gêner ! Et ses habitants avec, un à un, s'il le faut !

Il se leva alors brusquement et renversa la table qui les séparait.

Ma "famille" m'a abandonné alors que je n'étais qu'un caniot, qu'ils brûlent tous autant qu'ils sont ! Il y a longtemps qu'ils m'ont perdu.

L'esquisse d'un sourire se dessina sous sa barbe.

Tu sais à quel point je peux mimer des émotions.

Il s'approcha pas à pas de sa filleule, le poing gauche serré à en faire blanchir les articulations.

Je ne regrette qu'une chose. Ta mort, Kateline. Nathan m'a trahi il y a plus d'un an maintenant, quand il nous a abandonné ! J'ai essayé de lui pardonner... J'ai vraiment essayé, mais il n'a rien fait pour m'y aider !

L'ombre démente était passée derrière Kateline, posant les mains sur ses épaules comme pour la retenir sur sa chaise à mesure que le Champlecy s'approchait.

Toi... Tu as été la seule à ne pas me trahir. Tous les autres... Je leur ai fait payer leur trahison ! Je leur ai fait tuer celui qu'ils estimaient en le faisant passer pour un Royaliste... Cette haine qui les anime tous, les uns contre les autres. Royalistes contre Indépendantistes. Elle est si... utile.

A mesure qu'il s'approchait, les souvenirs affluèrent. Des souvenirs déclenchaient par la baffe qu'elle venait de lui mettre. Des souvenirs heureux. Voilà de quoi il s'agissait. Les seuls de son existence. Sur les vingts-quatre années de sa vie, non non non ! Vingt-cinq ! Ou plus ? Il ne savait même plus quel âge il avait vraiment, tant habitué à mentir sur cela aussi.

Mais c'était ces moments là qui revenaient. Faisant faiblir l'intensité de la présence de son ombre l'espace d'une demi-seconde avant qu'elle ne revienne en force.


Et tu m'as abandonné toi itou ! Tu m'as laissé seul ! Tu n'aurais jamais du revenir... Pourquoi ils t'ont fait revenir ! Pourquoi ?

Et alors, l'atterrissage.

Attend ! Qu'est ce que tu as dit ? Tu m'en as empêché ? Empêcher quoi ?
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Kateline
      Ecouter la complainte du Dément, celle qui résonne à ses oreilles et qui lui prouve à quel point celui qui fut son parrain est déjà loin, très loin. Le délire psychotique, la paranoïa aigue en pleine action.
      Lorsque la table s’envole devant elle, elle reste de marbre. Elle est coite, sidérée.
      C’est une leçon qu’elle voulait lui donner. Mais de toute évidence, ça n’a fait qu’empirer les choses. A présent elle le sait, et elle s’en veut. Mais il est trop tard pour les regrets.

      Oh non elle ne regrette pas d’avoir sauvé la vie de leur filleul, récalcitrant qui plus est, non. Son regret est d’avoir abîmé un peu plus encore l’esprit déjà fort vacillant de Zelgius.
      Etait-ce les mains du dément qui se trouvaient sur ses épaules, et lui intimaient de rester à sa place ? Et les reproches qui fusent comme autant de lames qui vous transpercent l’abdomen, étaient-ce ceux de Zelgius ?
      Autant d’incertitudes qu’il ne fait pas bon ressentir lorsque vous êtes à la merci du Faramine du Berry.


      J’ai dit que je ne t’ai pas laissé faire !

      Sa voix est forte, mais calme. Elle se lève, échappant aux mains qui l’emprisonnent afin de lui faire face.

      Regarde-moi bien. Qui aurait pu me faire revenir d’après toi… en dehors de moi-même ? Je suis revenue Zelgius, de mon propre chef… afin que tu saches la vérité.

      Sentant la nervosité des deux piliers de taverne et du patron derrière son comptoir, Kate agrippe la manche du Dément et l’entraîne à l’extérieur.
      Sous la lumière du soleil faiblard de ce mois de décembre, la morsure du froid saisit immédiatement l’Ebène qui réprime un frisson.


      Regarde-moi ! Je suis là devant toi, et bien vivante ! La vérité c’est que TU m’as trahie ! TU M’AS TRAHIE ! C’est toi qui a organisé le meurtre de NOTRE filleul derrière mon dos ! Penses-tu vraiment que j’allais rester les bras croisés et te laisser faire sans mot dire ?!

      La colère la submerge complètement, et la libération s'opère. Enfin elle peut dire la vérité. Celle qui lui avait brûlé les lèvres pendant ces dernières semaines. Celle qu’elle avait ruminée sur les chemins la menant hors Berry.

      Oui je t’ai trahie à mon tour mon parrain. J’ai déjoué ton plan, j’ai voulu que tu me crois morte et que tu souffres ma perte. J’ai pris un poison indécelable, et j’ai été aidée dans mon entreprise.
      Et quand je te vois anui* je sais que j’ai réussit. Parce qu’aujourd’hui ton âme, si elle existe encore, peut se libérer de sa culpabilité...


      Sa dextre se glisse lentement derrière elle, entre son dos et sa cape.

      Tu vivras en sachant que Nathan et moi sommes vivants, ta trahison quant à elle… là où tu vas passer les prochains jours... tu auras tout le temps d’y penser… j’imagine.

      La main se ferme sur un gourdin glissé dans sa ceinture, son regard se plante dans celui de Zelgius.




*aujourd'hui en berrichon
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Zelgius
De quoi parlait-elle ? Que l'avait-elle empêché de faire ?

Peut importe ce qu'elle veut te faire comprendre, Zelgius ! Il n'est plus l'heure des questions.

Il avait raison ! Il ne pouvait plus se laisser aller aux sentiments désormais. Tout ceux pour qu'il avait des sentiments avaient fini par mourir... Et bien souvent de sa main ! Non, définitivement non !

Ses sentiments lui avaient causé trop de tord par le passé ! Lui qui pourtant se vantait de ne pas en avoir... Quelle ironie... Cela lui tira presque un petit rire.

Fais la disparaître et allons-y, nous n'avons que trop tardé avec tes remords, Zelgius.

Mais déjà elle se levait et dissipait pour une seconde les mains présentent sur ses épaules.


Com...

Et elle se tourna pour faire face à... Lui ? Pour lui faire face ? Et surtout, surtout : pourquoi se trouvait-il là alors que la seconde d'avant ce n'était pas lui mais bel et bien l'autre Zelgius ? Il ferma les yeux une seconde, tentant de comprendre de quoi il retournait alors que les paroles de sa filleule se frayaient un chemin jusqu'à lui.

"En dehors de moi-même"... Elle n'était pas... Donc tous autour d'eux la voyait aussi ! Mais si c'était le cas, alors peut-être n'était-il pas si fou que ce que beaucoup voulaient lui faire croire ! Peut-être que les fantômes qu'il voyait n'étaient pas simplement des affabulations de son esprit !

Alors qui était l'autre lui ?

Guère le temps de se poser plus de questions qu'il se sentit traîner à l'extérieur de la taverne et le soleil frappait sur son visage, du moins la partie de son visage qui n'était ni dissimulé par sa barbe ni par du sang séché.

Et pour la première fois, il la regarda. Comme il l'avait toujours vu au final. Une partie de lui qui s'était séparé du reste de son corps pour aller se nicher dans une tierce personne.


Je ne nous ai pas trahi Kateline ! Je nous ai vengé ! Il ne méritait plus notre merci ! Il nous aurait fait disparaître une fois ce qu'il cherchait atteint. Je ne pouvais pas le laisser nous faire ça... Tu devrais le comprendre, toi mieux que quiconque !

Et il plaça l'index gauche sur sa tempe, mimant une expression de douleur sans réellement la mimer... Peut-être bien qu'il laissait tomber son masque au final.

Tu n'aurais pas dû nous empoisonner ! Elle est partie maintenant, tu as voulu nous tuer pour te venger de cet incendie qui t'a tué, c'est la vérité, n'est-ce pas ? Qui t'a aidé ! Prudence ? Grâce ? Un fantôme plus vieux encore !?

Cherchant qui aurait pu aider Kateline dans son entreprise, il lui tourna le dos, plaçant les mains sur ses tempes pour mieux réfléchir.

Torture la, elle te le dira.


Laisse-nous réfléchir, toi !

Il ne s'était même pas rendu compte qu'il employait le mot "nous" plutôt que "je". Sa tête lui sembla être sur le point d'exploser alors qu'il se retourna vers Kateline pour plonger ses iris bleus dans les vertes.

Bien sur ! Comment avons-nous pu le louper ! C'est elle !
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Kateline
      JE NE SUIS PAS MORTE !!!

      Que pouvait-elle dire de plus afin qu’il la croit ? Rien. De toute évidence le Dément avait pris le pas sur Zelgius.
      Et là elle ne peut plus rien pour lui, sauf essayer de le sortir de cet état paranoïaque.

      Elle n’a plus le choix.

      La main se ressert sur le gourdin. Les regards se croisent un instant et se figent.
      Le coup part vite et fort. Le bruit sourd du choc de l’arme qui s’abat sur le crâne Champlecyen est rapidement remplacé par celui du corps inerte qui s’écroule au sol.
      Elle amène son pouce et son index à sa bouche et siffle fort en direction d’une rue plus haute.

      Celle où se trouve Kate et Zel est déserte, une chance. Personne ne racontera quoi que ce soit…

      Un chariot déboule et trouble le silence de mort qui y règne depuis le coup.
      Sebastian se trouve aux commandes avec deux autres larbins à bord de la voiture.
      Un signe de tête rassurant en direction de son frère et les voilà en train de charger le Dément.
      Pendant que les gorilles se chargent de ligoter l’inconscient, Kate monte à l’avant avec l’Angloys.


      Il n’a rien voulu entendre, tu avais raison… allons à la grotte.

      Rien de plus. Seb fouette les rennes et les chevaux repartent à toute allure en direction d’une grotte qu’ils avaient trouvée dans les environs de Bourges.
      Bourges. Il était temps qu’elle y retourne aussi, elle avait d’autres affaires à y régler…

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Zelgius
Le cri de sa filleule lui fit écarquiller les yeux avant qu'ils ne se ferment sous le coup reçu. Le Champlecy n'avait pas bien vu ce qui l'avait frappé mais il était certain que ce n'était pas simplement un poing.

Et ce fut le bruit d'une chaîne que quelqu'un s'amuser à tirer dans un sens et dans l'autre qui le ramena à la réalité. Le Dément mit en revanche plusieurs minutes à revenir totalement à lui, le coup n'ayant pas été des plus faible. Il comprit alors que le bruit de chaîne provenait en vérité de ses poignets qui tentaient d'accéder à l'endroit où il avait reçu le coup.

Ah nous voilà bien ! Trahis par ta filleule et laissé pour mort dans une grotte !


Elle était en vie... Pourquoi ? Pourquoi tu me l'as caché !

Et à l'ombre du Champlecy de rire comme si cela répondait à la question posée.

Répond-moi, pourquoi ?

En posant sa question, le Champlecy avait tenté d'avancer dans la direction de son double, qui lui était libre. D'ailleurs, ce dernier ne bougea pas d'un poil alors que Zelgius se retrouvait bloqué à quelques centimètres de son ombre.

Que vas-tu faire si je ne te répond pas ? Me mordre ? Mais j'ai tout mon temps pour te torturer, maintenant ! Tu devras trouver seul, caniot. Trouver pourquoi elle t'a enchaîné au fond d'une grotte semble être une première bonne question.

Et alors Zelgius réalisa, qu'effectivement, il n'était pas dans un quelconque cachot ou autre cabinet secret dans lesquels il pouvait avoir l'habitude d'enfermer ses futurs victimes mais bel et bien dans une grotte.


Non, non ! Kateline ! Kateline !! Détache-moi !

Non.

Une réponse des plus courte tout aussi dévastatrice qu'aurait pu l'être tout autre en cette situation pour le Champlecy. Il se retrouvait à la place de ses victimes à l'exception que ceux qui jouerait son rôle seraient le temps et son esprit.

T'es bien dans la merde là l'bouzou !

Le clac retentissant de sa canne contre le sol accompagné de celui de sa jambe de bois se fit entendre bien avant le son dur de sa voix. Cette fois elle ne venait pas pour l'aider à tuer une vieille ennemie comme le fut la Déols. Un demi regard de la borgne pour son cadet.

Tu t'es bien égaré et je sais que notre mal est dur à gérer mais tu n'aurais jamais du t'en prendre à tes proches car dans la folie la plus sombre il faut savoir rester bien entouré, j'ai fais la même erreur avant d'être tuée je me suis débarrassée de tout les gens de mes terres les pensant complices de la Reyne et au final je n'avais plus personne même les gosses du Berry avaient peur de moi, tu veux finir comme elle ? Te pendre lâchement comme Grâce ?


Je ne suis pas Grâce ! Je m'en suis déjà débarrassé ! Au même endroit qu'elle a utilisé pour se séparer de nous !

Sa dernière réponse reflétait toute la haine que le Champlecy ressentait envers cette mère qui les avait abandonné.

Je t'interdis de me comparer à elle, et à toi au passage ! Je n'ai jamais voulu me débarrasser de Kateline, seulement de celui qui m'avait trahi ! Les autres n'ont jamais rien représenté à mes yeux !

Vraiment ? Je suis pourtant toujours là.

Cette fois, ce n'était pas le claquement du bois qui se faisait entendre au Dément mais le bruit sec du craquement d'une nuque au bout d'une corde accompagné de la vision d'une Grâce pendue au plafond de la grotte.

Magnifique, une réunion de famille ! On ne va peut-être pas tant s'ennuyer, finalement. Qui manque-t'il ?

Sortant de l'ombre un jeune garçon d'un dizaine d'années fixait à présent Zelgius. Il avait les cheveux noir tout comme ses yeux qui portaient tout de même un regard triste mêlé de colère. Dans sa main une chemise ensanglantée et frappée d'une ortie.

J'ai vu ma mère se faire tuer sous mes yeux, tu étais la seule famille qu'il me restait et tu m'a laissé grandir avec ses assassins ! N'aurais tu pas du venir me chercher toi même au lieu d'envoyer un gamin que je ne connaissais pas ? Comment aurais-je pus lui faire confiance et le suivre, comment avoir confiance en qui que ce soit après avoir vu ma mère crever sous mes yeux ?!

Comme pour ponctuer, il envoyer la chemise pleine de sang dans le visage de son oncle.

Mais il manque ses enfants, évidemment !

Sa taupe bien accrochée sur son épaule, la jeune femme rejoignit le cercle des Champlecy.

Par contre, tu ne m'en voudras pas, il n'y aura pas ta seconde fille tant aimée.

Le bruit d'une lame sorti de son étui se joignit au bruit des chaînes et une odeur de sang envahit la grotte. L'Illégitime essuya son poignard sur la manche de sa chemise et s'accroupit, face à Zelgius, prenant dans une main la taupe et gardant le poignard dans l'autre.

C'est beau d'être si innocente, si inconsciente, si petite, si fragile et si … faible.

Et pour souligner l'importance de ce dernier mot, la lame s'enfonça dans la taupe, comme un couteau dans son beurre. L'Illégitime laissa tomber le corps de l'animal et récupéra son poignard.

Depuis quand es-tu devenu faible au point de te laisser attraper comme un vulgaire insecte ? Ah non, j'ai un début de réponse. Tu as su détruire les autres, tu as su tuer la femme qui portait ta bâtarde mais pas la bâtarde elle même. Je n'aurais pas le loisir de te tuer de mes propres mains mais je regarderais Zelgius, je serais là.


Stop... Arrêtez... Arrêtez !

Pourquoi arrêterions-nous ? C'est tout ce que nous avons toujours voulu, Zelgius ! C'est tout ce que tu as toujours cherché et tu l'as enfin, pourquoi le refuser ?

Oh mais... Regarde qui est venue à son tour, n'est-ce pas ton animal de compagnie ? Celle que tu as laissé périr dans l'incendie de Bourges, quel était son nom déjà... Violyn, oui c'est ça. Dis bonjour, Violyn.


Et la fouine de se placer sur l'épaule du Zelgius libre comme elle le faisait de son vivant. Mais l'animal n'avait plus rien de ce qu'elle était, sa fourrure blanche n'était plus qu'un amas de poils de roussis par les flammes qui étaient venues la dévorer.


Vous avez tout préparé depuis le début... Vous attendiez que j'aille trop loin...

C'est toi qui nous a amené ici, par tes actions ! Tu nous as tué, et nous allons te montrer combien nous avons souffert !

La corde se rompit alors, laissant le corps de Grâce s'écraser sur le sol de la grotte et rejoindre la cohorte "familiale".

Et pour cela, nous avons tout notre temps. Et toi, Zelgius ?

Le sourire qui se dessina sur le visage de chacun des protagonistes ne fut pas sans rappeler le sourire du Champlecy lui-même lors de ses moments de folie les plus intenses. Et pourtant il ne le reconnut pas.


Essayez alors !

J'ai faim...

La voix était celle d'un jeune enfant, pas moins de quatre ans, pas plus de six. Lorsque Zelgius tourna la tête vers le propriétaire de la voix : un enfant plus maigre que ne l'était un enfant normalement nourri et habillé d'un haillon qui n'avait plus de couleur précise. Des cheveux noirs et recouverts de boue séchée tombaient sur son front pour terminer l'invasion au dessus de deux yeux d'une couleur presque identique. Le reste du visage creux était recouvert de sang séché visiblement depuis plusieurs semaines, voir plusieurs mois.

Le Champlecy se souvenait de ce jour-là : c'était le jour où il avait tué pour la première fois. Un autre enfant perdu, comme lui. Peut-être un peu plus jeune... Il l'avait tué à l'aide d'un bout de gantelet rouillé qu'un chevalier quelconque avait du perdre durant une bataille tout aussi quelconque.


Non... Pas toi... C'est impossible...

Maintenant nous ne serons plus jamais séparés.

La voix qui venait de s'élever au travers de la foule grandissante n'était pas inconnue, loin de là puisqu'il s'agissait de celle de Kateline qui s'avança au devant du Champlecy. Elle s'arrêta à quelques pas de lui afin qu'il voit la naissance du sourire commun de tous les autres sur son visage.


Kateline...Pitié...



Bien entendu écrit avec l'accord et la participation active de tous les intervenants PJ ! A savoir : jd Kateline, jd feue Poumona, jd Pouikie et jd Guilhem !

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