Isaure.beaumont
- Déménager ?
Isaure se retourne vers son époux.
- Ai-je dit déménager?
Elle fronce le nez. La bouche judéenne quant à elle se tord un peu.
-Vous l'avez dit. Mais vous vouliez dire voyager. N'est-ce pas ?
La bouche semble chercher désespérément sa place. Nous y sommes.
- Hé bien... A vrai dire... Mhh... Non, nous parlions de déménager. Partir. Ailleurs. Loin. Enfin pas tant que ça.
Il tente un ultime:
- Mais avec la jument.
Sa jeune épouse se rembrunit.
-D'ailleurs, comment allez vous l'appeler?
- Pourquoi faut-il que vous gâchiez toujours tout !!!!
Elle se recule de la monture.
- Vous pouvez garder votre présent.
- Ha non! Elle m'a couté les yeux de la tête!
-Je NE veux PAS déménager.
Au vu de la situation de crise, qui parait à son paroxisme:
- J'ai rendu Courceriers.
Elle le regarde, incrédule.
Ambiance.
- Pardon ?
Judas, naïf: - Courceriers. Je l'ai rendu.
Il articule: à ma vassale
Elle secoue la tête, agacée.
- Votre vassale ?
Il est tendu, il se trompe. Fier, il refuse de le reconnaitre, noie le poisson et finit - enfin- par s'agacer
- Ho ça va. Vous avez très bien compris!
- Vous ne pouvez pas rendre Courceriers ! Miramont et Morvilliers ne nous rapportent rien tant qu'ils ne nous seront pas revenus !!!
Il fait signe à un domestique de dégager gentiment la jument, a priori l'effet s'étant estompé elle n'est plus d'aucune aide. Tranquille, quoi que le ton étrangement déterminé il conclut:
- Alors nous sommes ruinés.
Il lui prend le bras.
- Mais réjouissez-vous ma Dame. Votre époux a pensé à tout.
Il l'entraine vers les champs, comme s'il s'agissait d'une balade de printemps. La jeune femme lui lance un regard noir avant de se dégager de son emprise après quelques pas. Mais contrariant, fi du bras, il passe une main autour de sa taille. Non mais.
- Adoncques...Nous allons prendre résidence en Alençon où l'on m'a promit des terres nouvelles qui n'ont rien à voir avec la ruine qu'était le castel de Courceriers.
Isaure se raidit au contact de son époux et se tient le plus loin de lui.
- Vous irez seul. Amadeus et moi ne bougerons pas de Bourgogne.
Il stoppe sa marche, l'oreille aux aguets
- Vous abandonnez votre mariage?
-Je n'ai que faire de vos nouvelles terres. Vous ne serez qu'un vassal, parce que vous n'êtes bon qu'à cela. Un vassal ! Le sous-fifre d'un autre ! Et non, je n'abandonne pas notre mariage. C'est vous qui le faites ! Je ne veux pas quitter le clos !!
Elle est de forte mauvaise humeur. Il la gifle.
- Répétez?
Elle se masse la joue endolorie d'une main tremblante, encore interdite par le geste de son époux.
Mais il la tire déjà par la main, en direction du Manoir. Elle s'immobilise, ou plutôt essaie de lui opposer résistance.
- Allons prendre note de tout cela! Allons, avancez, je veux toutes ces déclarations sur papier. Je veux qu'un clerc avisé, l'archevêque qui nous a marié par exemple! Nous donne son avis sur la situation!
Bon, ça y est. Il est agacé. Il se déteste d'avoir tenu si peu longtemps. Foutue Jument. Il porte sa main libre sur celle de son époux et tente de lui faire lâcher prise.
- Vous me faites mal !
- Vous aussi!
Il la lâche, sans s'assouplir
- Vous ne serez jamais contente de ce que je peux m'évertuer à vous apporter. Pas assez que vous protestez pour un oui ou un non, vous m'insultez!
Il la déteste.
- Moi qui vous ai installé hors Petit Bolchen à la naissance de notre Fils, pour votre confort! Moi qui vous installe encore plus douillettement, pour vivre encore plus tranquillement!
Elle reste immobile, les yeux rivés sur le bout de ses chaussures.
-Vous êtes une ingrate petite fille.
Il sort la carte ultime:
- Je suis certain que votre cousine, elle, aurait suivi son époux en courant! ET AVEC LE SOURIRE.
Elle relève le visage vers lui.
-Si c'est vraiment pour mon confort que vous le faites, sachez que je suis très bien installée au clos.
- Ho, là vous l'êtes oui. Mais lorsque nous n'aurons plus rien à manger parce que je n'aurai pas daigné prendre possession des terres nouvelles, le serez- vous? Et votre fils? Quand le sein de sa nourrice sera plat et mou, vide de tout, le sera-t-il??
- Nous n'habitions pas à Courceriers. Nous n'habiterons pas à l'année sur vos nouvelles terres ! Pourquoi tenez-vous donc tant à aller là-bas ?
Il arbore une horrible grimace de colère. C'est laid un Judas qui n'obtient pas ce qu'il veut. Un air constipé.
Elle darde ses yeux bleus sur lui.
- Parce que... Parce que...
- Je vais vous le dire moi !
Il retourne les mots dans sa tête. Comment lui dire l'indicible?
- Oui, dites moi le!
Il se dit qu'après tout tout elle saura trouver une meilleure excuse que lui.
-Parce que vous vous moquez bien de savoir si je suis bien ! Vous vous moquez bien de ma personne. Vous ne me faites des cadeaux que pour que je dise "oui" à vos fantaisies ! Si vous vous souciez un tant soit peu de mon confort, vous ne me forceriez pas à aller vivre là-bas !
Il se détourne d'elle, levant les yeux au ciel, marmonnant un:
- Vous ne voulez pas comprendre... Soit.
Elle a le coeur battant et attend la décision seigneuriale. Il regarde les cailloux au sol, comme s'ils étaient soudain tellement importants
-Restez.
La voix pleine d'espoir: Vraiment ?
Il n'a pas envie de lutter, mis à nu et découvert, sentant bien que ses stratagèmes ont été largement percés par sa jeune mais point idiote épouse.
Il shoote dans un cailloux, légèrement.
- Vraiment.
Il amorce quelques pas vers le Manoir tandis qu'elle retient à peine un sourire victorieux.
- Je prendrai seulement mes chiens. Ceux-là au moins, je sais qu'ils ne vous manqueront pas.
Elle hausse les épaules et lui emboîte le pas.
-Le clos sera bien vide sans eux.
Il poursuit, laissant tranquille les cailloux
-Je vous enverrai de quoi survivre, tous les premiers du mois. J'espère que vous arriverez à partager avec les gens de la maison
Elle marque un arrêt, fronce le nez, comprenant que son époux la prend en otage. Il fait une remarque à haute voix, réfléchissant déjà à la fin de l'été.
- Et comme je ne suis pas rat, je laisse la cave aussi.
Il ne prend pas de risque, sachant très bien qu'elle ne boit pas une goutte de vin. Mais elle contre-attaque.
- Vous êtes la bonté même. Leur vente me permettra de payer les quelques domestiques nécessaires à la bonne tenue du manoir. Je réduirai les effectifs.
-Ce sera préférable. L'automne s'annonce maussade. Je prendrai des nouvelles du petit régulièrement, après tout il restera mon fils... Lui.
Il passe devant les écuries, sans poser ses yeux une seconde sur les animaux qui observent le couple passer. Isaure, elle, attarde un instant le regard sur la nouvelle recrue des écuries que le palefrenier est en train de panser. Elle esquisse un sourire avant de hâter le pas pour se remettre aux côtés de son époux.
-Et qui sera votre suzerain ? A moins que ce ne soit une.. ?
- Shynai du Ried, le Vicomte. Ou peut-être Sabaude Renard, le Vicomte. Au choix. Les femmes ne me réussissent pas.
Il ne précisera pas ses échanges de noms d'oiseaux avec la duchesse du Maine l'ayant conduit à rejeter en bloc tout lien avec le duché. Il franchit la porte, entre, comme on s'en irait.
- Et qu'y-a-t-il en Alençon que vous ne trouvez pas en Bourgogne ? Ne pouvez-vous pas vous satisfaire de votre épouse et de votre fils ?
Il hésite encore. Lui dire, ne pas lui dire. Ho et puis, que reste-il à perdre? Judas monte les escaliers
- Des amis.
Voilà, c'est dit. Bouhhh la te-hon. Isaure peine à le suivre, elle monte deux à deux les marches à sa suite. Il lève l'index en achevant son ascension :
- Des gens chaleureux et présents pour moi.
Il se dirige vers sa chambre. Elle fronce le nez aux paroles de son époux.
-Je suis présente pour vous. C'est vous qui n'êtes jamais là.
- Vous n'êtes pas mon amie.
- Vous passez votre temps à courir la campagne après je ne sais quel gibier.
- Il n'y a rien d'attrayant à votre compagnie. Vous m'accablez, tout le temps. Le sous fifre que je suis préfère contenter qui se contente voyez.
Elle est vexée. Il entre dans la chambre, se sert du vin. Elle reste sur le pas, la mine sombre.
Il reprend: Au moins tout le monde sera content...
Il inspire.
- Vous garderez votre Bourgogne, et moi, je gagnerai l'Alençon.
Il boit.
- Vous ne m'en tiendrez pas rigueur si je ne vous fait plus de présents, vu le peu d'engouement qu'ils suscitent.
- Si vos présents étaient sincères et non intéressés, je les accepterais avec un réel plaisir.
Elle s''avance enfin, et contre toute attente se sert un verre de vin.
- Vous deviez me suivre, et me servir. Dans la pauvreté ou même la maladie lorsque vous avez juré devant Dieu. Voilà qu'au premier déménagement venu vous faites fi de tout ce qui ne vous arrange pas. Parlons de sincérité, oui. Déjà que vous redoutez d'être pauvre, que serait-ce si demain j'étais grabataire!
Il finit sa coupe cul sec. Son épouse ne touche pas à la sienne.
- Il n'y a pas de place au plaisir dans le Mariage. Ne vous l'a-t-on jamais appris.
Il s'en charge, chaque jour qui passe, lui.
- Si vous deviez devenir grabataire ? J'attendrais l'heure de votre mort et je songerais à me remarier bien mieux que je n'ai su le faire jusque-là.
- Amen. Nous nous reverrons dans un cortège funeste, ma Dame.
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Isaure se retourne vers son époux.
- Ai-je dit déménager?
Elle fronce le nez. La bouche judéenne quant à elle se tord un peu.
-Vous l'avez dit. Mais vous vouliez dire voyager. N'est-ce pas ?
La bouche semble chercher désespérément sa place. Nous y sommes.
- Hé bien... A vrai dire... Mhh... Non, nous parlions de déménager. Partir. Ailleurs. Loin. Enfin pas tant que ça.
Il tente un ultime:
- Mais avec la jument.
Sa jeune épouse se rembrunit.
-D'ailleurs, comment allez vous l'appeler?
- Pourquoi faut-il que vous gâchiez toujours tout !!!!
Elle se recule de la monture.
- Vous pouvez garder votre présent.
- Ha non! Elle m'a couté les yeux de la tête!
-Je NE veux PAS déménager.
Au vu de la situation de crise, qui parait à son paroxisme:
- J'ai rendu Courceriers.
Elle le regarde, incrédule.
Ambiance.
- Pardon ?
Judas, naïf: - Courceriers. Je l'ai rendu.
Il articule: à ma vassale
Elle secoue la tête, agacée.
- Votre vassale ?
Il est tendu, il se trompe. Fier, il refuse de le reconnaitre, noie le poisson et finit - enfin- par s'agacer
- Ho ça va. Vous avez très bien compris!
- Vous ne pouvez pas rendre Courceriers ! Miramont et Morvilliers ne nous rapportent rien tant qu'ils ne nous seront pas revenus !!!
Il fait signe à un domestique de dégager gentiment la jument, a priori l'effet s'étant estompé elle n'est plus d'aucune aide. Tranquille, quoi que le ton étrangement déterminé il conclut:
- Alors nous sommes ruinés.
Il lui prend le bras.
- Mais réjouissez-vous ma Dame. Votre époux a pensé à tout.
Il l'entraine vers les champs, comme s'il s'agissait d'une balade de printemps. La jeune femme lui lance un regard noir avant de se dégager de son emprise après quelques pas. Mais contrariant, fi du bras, il passe une main autour de sa taille. Non mais.
- Adoncques...Nous allons prendre résidence en Alençon où l'on m'a promit des terres nouvelles qui n'ont rien à voir avec la ruine qu'était le castel de Courceriers.
Isaure se raidit au contact de son époux et se tient le plus loin de lui.
- Vous irez seul. Amadeus et moi ne bougerons pas de Bourgogne.
Il stoppe sa marche, l'oreille aux aguets
- Vous abandonnez votre mariage?
-Je n'ai que faire de vos nouvelles terres. Vous ne serez qu'un vassal, parce que vous n'êtes bon qu'à cela. Un vassal ! Le sous-fifre d'un autre ! Et non, je n'abandonne pas notre mariage. C'est vous qui le faites ! Je ne veux pas quitter le clos !!
Elle est de forte mauvaise humeur. Il la gifle.
- Répétez?
Elle se masse la joue endolorie d'une main tremblante, encore interdite par le geste de son époux.
Mais il la tire déjà par la main, en direction du Manoir. Elle s'immobilise, ou plutôt essaie de lui opposer résistance.
- Allons prendre note de tout cela! Allons, avancez, je veux toutes ces déclarations sur papier. Je veux qu'un clerc avisé, l'archevêque qui nous a marié par exemple! Nous donne son avis sur la situation!
Bon, ça y est. Il est agacé. Il se déteste d'avoir tenu si peu longtemps. Foutue Jument. Il porte sa main libre sur celle de son époux et tente de lui faire lâcher prise.
- Vous me faites mal !
- Vous aussi!
Il la lâche, sans s'assouplir
- Vous ne serez jamais contente de ce que je peux m'évertuer à vous apporter. Pas assez que vous protestez pour un oui ou un non, vous m'insultez!
Il la déteste.
- Moi qui vous ai installé hors Petit Bolchen à la naissance de notre Fils, pour votre confort! Moi qui vous installe encore plus douillettement, pour vivre encore plus tranquillement!
Elle reste immobile, les yeux rivés sur le bout de ses chaussures.
-Vous êtes une ingrate petite fille.
Il sort la carte ultime:
- Je suis certain que votre cousine, elle, aurait suivi son époux en courant! ET AVEC LE SOURIRE.
Elle relève le visage vers lui.
-Si c'est vraiment pour mon confort que vous le faites, sachez que je suis très bien installée au clos.
- Ho, là vous l'êtes oui. Mais lorsque nous n'aurons plus rien à manger parce que je n'aurai pas daigné prendre possession des terres nouvelles, le serez- vous? Et votre fils? Quand le sein de sa nourrice sera plat et mou, vide de tout, le sera-t-il??
- Nous n'habitions pas à Courceriers. Nous n'habiterons pas à l'année sur vos nouvelles terres ! Pourquoi tenez-vous donc tant à aller là-bas ?
Il arbore une horrible grimace de colère. C'est laid un Judas qui n'obtient pas ce qu'il veut. Un air constipé.
Elle darde ses yeux bleus sur lui.
- Parce que... Parce que...
- Je vais vous le dire moi !
Il retourne les mots dans sa tête. Comment lui dire l'indicible?
- Oui, dites moi le!
Il se dit qu'après tout tout elle saura trouver une meilleure excuse que lui.
-Parce que vous vous moquez bien de savoir si je suis bien ! Vous vous moquez bien de ma personne. Vous ne me faites des cadeaux que pour que je dise "oui" à vos fantaisies ! Si vous vous souciez un tant soit peu de mon confort, vous ne me forceriez pas à aller vivre là-bas !
Il se détourne d'elle, levant les yeux au ciel, marmonnant un:
- Vous ne voulez pas comprendre... Soit.
Elle a le coeur battant et attend la décision seigneuriale. Il regarde les cailloux au sol, comme s'ils étaient soudain tellement importants
-Restez.
La voix pleine d'espoir: Vraiment ?
Il n'a pas envie de lutter, mis à nu et découvert, sentant bien que ses stratagèmes ont été largement percés par sa jeune mais point idiote épouse.
Il shoote dans un cailloux, légèrement.
- Vraiment.
Il amorce quelques pas vers le Manoir tandis qu'elle retient à peine un sourire victorieux.
- Je prendrai seulement mes chiens. Ceux-là au moins, je sais qu'ils ne vous manqueront pas.
Elle hausse les épaules et lui emboîte le pas.
-Le clos sera bien vide sans eux.
Il poursuit, laissant tranquille les cailloux
-Je vous enverrai de quoi survivre, tous les premiers du mois. J'espère que vous arriverez à partager avec les gens de la maison
Elle marque un arrêt, fronce le nez, comprenant que son époux la prend en otage. Il fait une remarque à haute voix, réfléchissant déjà à la fin de l'été.
- Et comme je ne suis pas rat, je laisse la cave aussi.
Il ne prend pas de risque, sachant très bien qu'elle ne boit pas une goutte de vin. Mais elle contre-attaque.
- Vous êtes la bonté même. Leur vente me permettra de payer les quelques domestiques nécessaires à la bonne tenue du manoir. Je réduirai les effectifs.
-Ce sera préférable. L'automne s'annonce maussade. Je prendrai des nouvelles du petit régulièrement, après tout il restera mon fils... Lui.
Il passe devant les écuries, sans poser ses yeux une seconde sur les animaux qui observent le couple passer. Isaure, elle, attarde un instant le regard sur la nouvelle recrue des écuries que le palefrenier est en train de panser. Elle esquisse un sourire avant de hâter le pas pour se remettre aux côtés de son époux.
-Et qui sera votre suzerain ? A moins que ce ne soit une.. ?
- Shynai du Ried, le Vicomte. Ou peut-être Sabaude Renard, le Vicomte. Au choix. Les femmes ne me réussissent pas.
Il ne précisera pas ses échanges de noms d'oiseaux avec la duchesse du Maine l'ayant conduit à rejeter en bloc tout lien avec le duché. Il franchit la porte, entre, comme on s'en irait.
- Et qu'y-a-t-il en Alençon que vous ne trouvez pas en Bourgogne ? Ne pouvez-vous pas vous satisfaire de votre épouse et de votre fils ?
Il hésite encore. Lui dire, ne pas lui dire. Ho et puis, que reste-il à perdre? Judas monte les escaliers
- Des amis.
Voilà, c'est dit. Bouhhh la te-hon. Isaure peine à le suivre, elle monte deux à deux les marches à sa suite. Il lève l'index en achevant son ascension :
- Des gens chaleureux et présents pour moi.
Il se dirige vers sa chambre. Elle fronce le nez aux paroles de son époux.
-Je suis présente pour vous. C'est vous qui n'êtes jamais là.
- Vous n'êtes pas mon amie.
- Vous passez votre temps à courir la campagne après je ne sais quel gibier.
- Il n'y a rien d'attrayant à votre compagnie. Vous m'accablez, tout le temps. Le sous fifre que je suis préfère contenter qui se contente voyez.
Elle est vexée. Il entre dans la chambre, se sert du vin. Elle reste sur le pas, la mine sombre.
Il reprend: Au moins tout le monde sera content...
Il inspire.
- Vous garderez votre Bourgogne, et moi, je gagnerai l'Alençon.
Il boit.
- Vous ne m'en tiendrez pas rigueur si je ne vous fait plus de présents, vu le peu d'engouement qu'ils suscitent.
- Si vos présents étaient sincères et non intéressés, je les accepterais avec un réel plaisir.
Elle s''avance enfin, et contre toute attente se sert un verre de vin.
- Vous deviez me suivre, et me servir. Dans la pauvreté ou même la maladie lorsque vous avez juré devant Dieu. Voilà qu'au premier déménagement venu vous faites fi de tout ce qui ne vous arrange pas. Parlons de sincérité, oui. Déjà que vous redoutez d'être pauvre, que serait-ce si demain j'étais grabataire!
Il finit sa coupe cul sec. Son épouse ne touche pas à la sienne.
- Il n'y a pas de place au plaisir dans le Mariage. Ne vous l'a-t-on jamais appris.
Il s'en charge, chaque jour qui passe, lui.
- Si vous deviez devenir grabataire ? J'attendrais l'heure de votre mort et je songerais à me remarier bien mieux que je n'ai su le faire jusque-là.
- Amen. Nous nous reverrons dans un cortège funeste, ma Dame.
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