--Adryan
.... de douleur s'accompagne.
Pierre de Ronsard.
La journée sétirait, cruelle de fatigue et éclatante dune joie malsaine.
De la nuit précédente, il navait pu tirer le moindre repos. On ne dort pas la veille dun duel à outrance. Le ventre trop noué dun fatras enchevêtré de peur, dexcitation, dimpatience, de repli, lépée dont la lame luisait à la flamme vacillante dune chandelle puant le suif avait avalé son sommeil, le narguant quand il restait immobile, affalé dans son fauteuil précieux.
La nuit était encore pleine quand avait ricoché le battement régulier des sabots de sa monture entre les rues étroites et sombres de Paris. L'Ile Notre Dame avait étrangement été délaissée quand le regard du Castillon restait fixé au nord est. Montfaucon. Le nom lui seul frémissait déjà des effluves de la mort, et sournois, Adryan dans ce choix avait asséné entre les tempes chauves limage effroyable du gibet. Ses pas avaient été les premiers à parcourir la butte et ce fut dos au bâtiment massif, dont les seuls ornements étaient les pendus dansant dans une brise funeste, quil avait attendu, toute son angoisse enferrée dans la seule menace de rester seul. Pourtant, il était arrivé, un petit page emplumé lui courant autour la mine défaite. Adryan navait pas dit un mot, détaillant la silhouette graisseuse savançant vers lui, commençant à articuler des mots qui ne trouvaient aucune oreille mais seulement une haine froide et profonde. Pour couper court à toute retraite, lépée au pommeau gravé de motifs orientaux avait été tirée du fourreau sonnant, implacable, le début du duel. Malgré son adiposité répugnante, lhomme était fort et habile. Habile au point que la lame adverse ripa aux côtes dAdryan lacérant sa chemise blanche dun écarlate outrageux. La douleur avait été vive, aussi cuisante quune gifle, gonflant le Castillon dune rage neuve qui dune botte convoitée avait engouffré la pointe de son épée à la gorge flasque pour lériger victorieuse à larrière du crane nu. Planté ainsi, lhomme lui avait lancé un ultime regard surpris avant de sécrouler, les yeux encore ronds de stupeur. Longuement, Adryan avait toisé le corps sans vie, la lippe méprisante, puis dun geste brutal avait extirpé sa lame de lamas sanguinolent. Dans le silence lourd qui sétait abattu sur la campagne, la voix dAdryan ne sétait élevée qu'une unique fois.
Jusquau dernier écu, Grateloup, je tai remboursé, et en guise dintérêt, je toffre la botte des Saint Flavien et en marque ta mort aux yeux de tous.
Quelques piécettes jetées dans la pogne crasseuse dun gueux déniché au hasard, maquillé pour loccasion en improbable témoin, brides de son cheval en main, Adryan était rentré chez lui avant de prendre son poste à lAphrodite et de mener un duel tout autre.
Un martèlement des doigts sur le panneau de bois ouvragé. Aucune réponse. Adryan ouvrit la porte sur le bureau dAlphonse, soulagé de le trouver vide. Son teint était pâle, ses yeux maquillé dun voile mauve mais rien ou presque ne trahissait la naissance de sa journée. Sa mise était impeccable, mais la démarche vaguement incertaine, légèrement courbée par la douleur vicieuse cachée sous les bandages mais surtout sous le poids de lalcool invité sans carton dans le sang du noble. Alcool pour soulager. Alcool pour fêter. Otant son pourpoint sur sa chemise ample dun blanc immaculée, il prit la place qui était la sienne depuis quelques jours. Place de lautre coté du bureau patiné, face au brun dont méticuleusement à nouveau, il fuyait le regard, se contentant de quelques mots quand enfin les colonnes de chiffres étaient alignées dans un ordre parfait. Et cest ce quil commença à faire, cherchant à se concentrer sur sa tâche, mais devant lanthracite, les chiffres dansaient une gigue endiablée, et ses efforts à masser la naissance de son nez restaient sans effets.
Pourtant, il le savait, aujourdhui plus que jamais, il devait fuir la présence dAlphonse
Pierre de Ronsard.
La journée sétirait, cruelle de fatigue et éclatante dune joie malsaine.
De la nuit précédente, il navait pu tirer le moindre repos. On ne dort pas la veille dun duel à outrance. Le ventre trop noué dun fatras enchevêtré de peur, dexcitation, dimpatience, de repli, lépée dont la lame luisait à la flamme vacillante dune chandelle puant le suif avait avalé son sommeil, le narguant quand il restait immobile, affalé dans son fauteuil précieux.
La nuit était encore pleine quand avait ricoché le battement régulier des sabots de sa monture entre les rues étroites et sombres de Paris. L'Ile Notre Dame avait étrangement été délaissée quand le regard du Castillon restait fixé au nord est. Montfaucon. Le nom lui seul frémissait déjà des effluves de la mort, et sournois, Adryan dans ce choix avait asséné entre les tempes chauves limage effroyable du gibet. Ses pas avaient été les premiers à parcourir la butte et ce fut dos au bâtiment massif, dont les seuls ornements étaient les pendus dansant dans une brise funeste, quil avait attendu, toute son angoisse enferrée dans la seule menace de rester seul. Pourtant, il était arrivé, un petit page emplumé lui courant autour la mine défaite. Adryan navait pas dit un mot, détaillant la silhouette graisseuse savançant vers lui, commençant à articuler des mots qui ne trouvaient aucune oreille mais seulement une haine froide et profonde. Pour couper court à toute retraite, lépée au pommeau gravé de motifs orientaux avait été tirée du fourreau sonnant, implacable, le début du duel. Malgré son adiposité répugnante, lhomme était fort et habile. Habile au point que la lame adverse ripa aux côtes dAdryan lacérant sa chemise blanche dun écarlate outrageux. La douleur avait été vive, aussi cuisante quune gifle, gonflant le Castillon dune rage neuve qui dune botte convoitée avait engouffré la pointe de son épée à la gorge flasque pour lériger victorieuse à larrière du crane nu. Planté ainsi, lhomme lui avait lancé un ultime regard surpris avant de sécrouler, les yeux encore ronds de stupeur. Longuement, Adryan avait toisé le corps sans vie, la lippe méprisante, puis dun geste brutal avait extirpé sa lame de lamas sanguinolent. Dans le silence lourd qui sétait abattu sur la campagne, la voix dAdryan ne sétait élevée qu'une unique fois.
Jusquau dernier écu, Grateloup, je tai remboursé, et en guise dintérêt, je toffre la botte des Saint Flavien et en marque ta mort aux yeux de tous.
Quelques piécettes jetées dans la pogne crasseuse dun gueux déniché au hasard, maquillé pour loccasion en improbable témoin, brides de son cheval en main, Adryan était rentré chez lui avant de prendre son poste à lAphrodite et de mener un duel tout autre.
Un martèlement des doigts sur le panneau de bois ouvragé. Aucune réponse. Adryan ouvrit la porte sur le bureau dAlphonse, soulagé de le trouver vide. Son teint était pâle, ses yeux maquillé dun voile mauve mais rien ou presque ne trahissait la naissance de sa journée. Sa mise était impeccable, mais la démarche vaguement incertaine, légèrement courbée par la douleur vicieuse cachée sous les bandages mais surtout sous le poids de lalcool invité sans carton dans le sang du noble. Alcool pour soulager. Alcool pour fêter. Otant son pourpoint sur sa chemise ample dun blanc immaculée, il prit la place qui était la sienne depuis quelques jours. Place de lautre coté du bureau patiné, face au brun dont méticuleusement à nouveau, il fuyait le regard, se contentant de quelques mots quand enfin les colonnes de chiffres étaient alignées dans un ordre parfait. Et cest ce quil commença à faire, cherchant à se concentrer sur sa tâche, mais devant lanthracite, les chiffres dansaient une gigue endiablée, et ses efforts à masser la naissance de son nez restaient sans effets.
Pourtant, il le savait, aujourdhui plus que jamais, il devait fuir la présence dAlphonse