Ezio
Histoire inspirée de la musique Black City Parade - Indochine.
Petit clin d'oeil à J'ai Demandé à La Lune - Indochine
Paroles:
Je reste de glace, froid comme un tank
Je n'ai peur de rien, de loin mais je tremble
Mes pieds vont casser la vitrine
Et je te la donne, je te la livre
Comme un sexfriend et puis sans suite
Moi j'aime l'amour oui, quand ça va vite
I've got a way to see
I've got a way to me
Je t'emmènerai la nuit
Je t'enlèverai d'ici
Et le temps m'apportera
Des endroits où tu seras
Et le vent me forcera
A plier la peur de toi
I've got a way to see
I've got a way to me
J'organiserai aussi
J'organiserai nos vies
Alors je sens ta peau, ton corps et toi
Voilà nous resterons nus contre un monde défait
Tes empires m'ont glissé sans retenir
Et déjà je me sens prêt à te résister
Tu vois on saura s'enfuir
On m'a vu marcher sur l'eau
Putain la vie est belle
Une larme dans le dos
Le monde est mort à ce qu'il paraît
Je n'ai aucun remord à t'y emmener
Et nous n'avons plus de temps à perdre
On restera libre de résister
I've got a way to see
I've got a way to me
Je t'emmènerai ici
Je t'enlèverai à vie
Oh et tu oublieras
Oh la peur de moi
Quand le temps nous trahira
Alors oui, on l'oubliera
Ton visage, nos visages
Une parade et puis s'en va
Je ne sais pas
Je ne sais pas
Où l'on va mais on y va
I've got a way to be
I've got a way to me
Je t'emmènerai la nuit
Je t'enlèverai d'ici
Et le temps nous donnera
Des endroits où l'on ira
Et le vent nous forcera
A plier la peur de soi
Alors tu sens ma peau mon corps et moi
Déjà à l'intérieur de toi et moi
Tes empires ont glissé sans retenir
Je rentre dans ta vie comme dans la nuit
Tu vois, on saura s'enfuir
[Sancerre, cette nuit...]
Je suis glacial, j'ai froid. Tellement froid que les couvertures ne peuvent rien pour moi. Elles ne font aucun effet. Même habillé, même avec mes bottes, j'ai encore froid.
L'émotion prend un total contrôle sur mon corps, je ne peux rien y faire, rien contrôler. Juste penser, pleurer.
Je tremble, allongé sur mon lit. Je suis recroquevillé sur moi-même. Mes bras entourent ma taille musclée mais raidie.
Le moindre mouvement, le moindre tremblement fait craquer mes os.
Les larmes coulent le long de mon visage. Une chance que je sois seul, que personne ne soit là pour me voir dans cet état.
On dit que le temps cicatrise les plaies, efface les blessures, et pourtant...
Pourtant ces visages sont encore en moi, ils hantent mon esprit, ma vision, mon imagination. Ces visages... Ceux de mon père et mes deux frères pendus comme de simples linges. Cette vision m'effraie. Elle me paralyse. Elle me tue.
Plus j'y pense et plus je sombre dans un trou noir qui prend possession de mon corps, qui finira par me tuer.
Les larmes continuent de couler silencieusement le long de mon visage, pour disparaître et s'écraser sur la couette, laissant place à de nouvelles larmes involontaires. De nouveaux sanglots. De nouveaux souvenirs.
Certains souvenirs vont et viennent. Certains sont chassés. D'autres sont tenaces... Comme celui de tous ces corps, de tous ces morts, de tous ces gens à qui j'ai retiré la vie, souvent malgré moi.
Je me demande encore pourquoi il fallait faire ça. Où est le bien, où est le mal? Suis-je le bien? Suis-je le mal?
N'y avait-il réellement pas d'autres solutions que de tous les tuer? Vengeance est faite. Et après?
Je n'en dors pas mieux. Je ne m'en porte pas mieux. Et de ce fait je me demande si ma vie n'a pas été succession d'erreurs. Du temps perdu. Cette pensée m'effraie et ne m'aide en rien à retrouver la sérénité...
Mon regard se pose en direction de la fenêtre qui donne sur la lune... Et une question me vient.
Où se trouvent-ils, tous? Sont-ils en train de nous voir, de nous surveiller et veiller sur nous?
Où sont-ils tout simplement disparus, évaporés, volatilisés à jamais?
Cette lune me regarde - oui, elle me regarde et oui, je deviens fou, oui j'ai des hallucinations... Comment veux-tu que je le sache, mon cher Ezio?
Je suis la lune, pas le ciel. Je ne m'occupe pas de cas comme ça. Je ne puis t'aider. Par contre, je peux t'éclairer. T'apporter la lumière, celle qui te sortira de tes sombres pensées. Regarde moi, Ezio, cesse de fermer les yeux. Regarde moi et tu verras...
Mes larmes sèchent. Je frotte mes yeux et me relève pour m'asseoir sur le lit. Je continue de fixer cette lune entière qui semble me dire quelque chose. Mes yeux se plissent et la regarde... Elle me nargue et me cherche...
Et d'une haine qui ne me ressemble pas, d'un cri de rage, je me lève en direction de la fenêtre, lève mon pied et la brise en morceaux, protégé par mes bottes.
Les débris s'éparpillent, brillent, comme une étoile qui explose en pleine nuit et viennent s'écraser devant la porte, plus bas.
Mes mains tiennent enfin ma tête. Je ferme les yeux... Ma tête est à deux doigts d'exploser. Tous ces souvenirs s'entremêlent et forment un tourbillon dans ma tête, dans ma vie. Je tourne en rond dans ma chambre d'hôtel. Les derniers sanglots éclatent, sortent en éruption comme un volcan retenu depuis des millénaires... Et là mes yeux s'ouvrent enfin, calmement... Lentement...
Puis... Plus rien... Je m'arrête devant la vitre cassée. Un triangle pointu et tranchant, tout ce qui reste de celle-ci, envoie un reflet de moi. Celui d'un homme soudainement calme. Revenant à lui. Ma parade de sanglots s'en est allée. Le vent chasse sur mon visage, séchant instantanément mes larmes, me faisant oublier cet instant de mélancolie extrême.
Et soudain, je pense à elle... Le bruit d'un frappement contre une porte résonne dans ma chambre. Un sursaut. Je dévale les escaliers étroits - seul hôtel dans mes moyens pour ce voyage - Et j'ouvre la porte d'en bas...
Elle est là, devant moi. Elle est belle, resplendissante. C'est elle. Beatrice, Celle qui fait depuis peu battre mon coeur. Qui me fait revivre.
Moi je suis là. Je m'avance lentement, je la regarde. Je suis laid. Mes yeux sont rouges, j'ai une sale mine. Mais peu importe. C'est là que je comprends, en la regardant: La vie est belle, la vie est magnifique, la vie nous fait avancer et tout oublier. La vie nous donne les moyens en nous d'avancer. La vie nous donne les moyens d'être. La vie nous apporte ceux en qui nous devons croire, ceux sur qui nous posons nos épaules, ceux que nous aimons...
Oui, le temps nous forcera à plier la peur de soi. Nous n'avons pas le choix. Il faut avancer. Oui, le temps cicatrise les plaies et efface les blessures. Le temps continue, malgré tout d'avancer. Le jour et la nuit nous emportent, nous emmènent, où que l'on va, ils nous suivent. Je ne sais pas où l'on va, mais on ira! Et je l'embrasse enfin... Tout simplement...
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Ma narration se fait à la première personne, en noir italique.
Mes paroles se font en rouge foncé, gras et italique.