Abraxas
Epinal, terre Lorraine.
La soirée vient de débuter, pourtant cela fait déjà quelques heures que le soleil a laissé place à l'obscurité. En ville les chandelles au travers des fenêtres hébergent la vie qui s'égraine plus lentement semble t'il en période hivernale.
Il fait froid, les fourrures pour les plus riches sont sorties des penderies, pour les autres, mantels, laines, capuchons, bonnets et mitaines protègent du climat déjà rude. Alors après la journée de travail, plus encore que l'été on passe en taverne se réchauffer autour d'un bon feu, d'alcool et de femmes.
L'antre du Gorgeon.
Comme un peu partout ailleurs, les hommes boivent, les femmes minaudent. A l'écart, le tavernier tient conférence laissant à sa serveuse le soin de gérer la salle. Il a mieux à faire, il négocie.
Trois hommes sont attablés avec lui, l'alcool coule à flot, les gosiers se rincent, mais l'attention toujours porté sur celui qui va devenir leur patron pour cette mission.
Les écorcheurs, un nom qui dérange en ville. Les dents grincent quand il est prononcé alors il n'en faut pas plus que l'accompagner d'une petite prime pour finir de persuader de lintérêt de l'expédition.
L'esprit de vengeance de l'homme ne calcule rien d'autre que son honneur, parce quévidemment, il pense en avoir un de valeur, comparé aux autres écorchés. Il sera lavé, d'autant plus qu'il s'agit la d'une femme, une des leurs, une de ses femmes qui se comporte comme un homme se croyant tout permis. Une de ses femmes qu'il faut corriger, parce qu'elles ne sont pas au dessus d'eux, les honnêtes concitoyens.
Pour qui s'était elle prise à jouer la fière en refusant qu'il leur offre un verre?
Pire encore, elle l'avait humilié en public en refusant de tremper dans ses petites affaires qu'il espérait juteuse grâce à la marchandise.
Il y a deux types de femmes et non trois.
La première voue sa vie à sa famille.
La seconde, joue de ses atours pour faire fructifier les affaires.
La brune ne fait partie d'aucune, il est grand temps de l'éduquer.
Pour cette race là, la leçon ne rentre que par la force, ils sont bien d'accord là dessus.
Une bourse est échangé, ils se la partageront entre eux. Moitié maintenant, moitié à exécution du contrat. Bien sur il veut des preuves, c'est elle qui doit payer sa dette, il en jubile tant que ses lèvres en tremblent d'un sourire vengeur.
L'alcool encore et toujours, celui qui scelle les pactes et autres promesses, le quatuor boit, les esprits s'échauffent en pensant au bon moment qu'ils vont passer. L'heure tourne, la nuit s'enfonce tout comme la température extérieur.
Dehors la neige a cessé de tomber, mais le sol s'est couvert de sa tenue d'apparat. Un linceul blanc immaculé l'habille. Bientôt au sortir du gorgeon, les pistes ramèneront les villageois chacun à leur domicile, sauf pour les trois missionnés.