Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3   >   >>

[RP] Quand faut se marier, faut se marier

Elendra
Mirabelle! Mirabelle! Mirabelle! Elle a raison! Totalement raison! C'est tellement reposant la mirabelle! Ça vous remet les idées en place de par leur douceur et leur couleur. Je prend donc quelques respirations en méditant sur l'or de la chair mirabellesque afin de refouler au plus profond de moi cette peur et cette sueur qui pourrait bien gâcher ce mariage imminent.

Gardons chainse et chemise dans ce cas oui… Je ne voudrais pas qu'il croit avoir épousé une gourgandine…

Ah! et si j'avais su. Si j'avais su tout ce qu'Anaon s'infligeait pour me rassurer ce jour là, tout ça par affection pour cette petite mirabelle de fiancée que j'étais. Il en fallait de l'amour pour s'accuser de gourdandinisme sans en tirer le moindre avantage. Fort heureusement, auprès de moi ce faux-secret était bien gardé, je l'affirme donc, haut et fort, au cas où vous auriez des doutes : rien ne sortira de cette chambre! Exception faite de Nyam… apparemment!

Doucement, je la laisse me tourner face au miroir dans lequel je peux voir nos reflets. Mon reflet. Nul doute, Anaon était une couturière de talent. Vous êtes magnifique qu'elle disait. Et doucement, un sourire se dessina sur mes lèvres.


Anthoyne serait bien fou d'avoir envie de retirer une si jolie robe! N'est-ce pas?

Non, mais c'est vrai, quoi. À quoi ça sert de revêtir ses plus beaux atours pour se les voir retirés à peine quelques heures plus tard? C'est insensé. Clairement, Anaon me ment effrontément ou alors il y a des « traditions » que je ne comprend décidément pas. Car oui, dans quelques heures je serai plus Femme ou du moins plus femme mariée qu'Anaon, mais visiblement il m'aurait fallu ses connaissances pour entamer ma nouvelle vie conjugale sans trop de stress.

Confidence pour confidence, car il y a bien longtemps que je le sais, mais aujourd'hui était sans doute l'occasion de rendre la déclaration publique. Était-ce la nostalgie qui flottait dans l'air ou alors ce rouge qui me la rappelait, je n'en avais pas la moindre idée, mais je devais le dire.


Vous ressemblez un peu à ma maman je trouve… Et j'ai toujours… redouté que mon père se remarie…

Redouté était un mot bien faible pour décrire ce sentiment. Les crises que j'avais faites, les choses que j'avais dites illustraient nettement mieux la fureur qui me gagnait quand j'imaginais mon père remplacer ma mère. C'est vrai… Qu'est-ce qui allait l'empêcher d'arrêter de m'aimer s'il arrêtait d'aimer ma mère pour en marier une autre? Pire. S'il avait d'autres enfants, plus petits, plus mignons. Des enfants qui se marieraient par amour et non pas pour de la stupide mirabelle! C'est que je l'ai bien entendu la phrase d'Anaon : le seul et unique de toute votre vie. Ainsi donc je ne pourrai jamais plus épouser Guillaume!? À moins qu'Anthoyne ne meurt, évidemment. Mais je devais bien me rendre à l'évidence. Il était vieux, certes, mais pas de là à mourir de si tôt! Et croyez-moi, c'est quelque chose d'assez effrayant que de réaliser le jour de votre mariage que vous épouserez là le seul homme que vous aurez jamais le droit d'aimer! Ils n'avaient pas envisagé l'éventualité où l'on n'arrive pas à s'aimer ceux qui ont inventés le mariage?!

Mirabelle! Mirabelle! Mirabelle! Pense, mirabelle.


Mais Anaon… Si j'avais à choisir une nouvelle maman, je voudrais que ce soit vous. que je finis par dire en souriant doucement au reflet Anaonesque, avant que celle-ci ne nous insuffle un peu plus de gaieté pour la suite des préparatifs.

Mais vous avez bien raison… Quelle idée de se présenter en cheveux à son mariage!

Une idée tout aussi absurde que de se présenter nue à sa nuit de noces, vous allez me dire! Et je ne peux qu'être d'accord avec vous! Et parlant de nudité… Voilà la rousse qui surenchérit!

Le premier morceau de vêtement qui croisa ma main est alors attrapé et aussitôt lancé! Direction les naseaux de notre dragonne qui avait, ma foi, l'audace de s'imaginer mon futur mari nu! Si cette pensée impudique peut en amuser au moins une, j'imagine que c'est ça l'important, mais par principe – et par principe seulement que ce soit bien clair – je ne peux lui laisser le droit de déshabiller mentalement ce mari en devenir! Même si j'imagine que, puisque je me refuse ce genre de privilège conjugale (j'imagine que ça doit en être un pour certaines personnes, notre Gourgandanaon par exemple!), il devrait y en avoir au moins une qui en profite.


Elfry! Je vous interdis d'imaginer mon mari complètement nu! C'est totalement… obscène! Voilà!

Le tout avec un « vous » bien placé pour la remettre à sa place en toute cordialité!

Et si vous voulez en apprendre plus sur la nuit de noces, je vous invite à vous asseoir aux côtés d'Anaon à la cérémonie et à en discuter de long en large avec elle, mais je ne désire plus entendre quoi que ce soit de plus à ce sujet avant la fin de la cérémonie!

Avant qu'il ne soit trop tard pour reculer, oui. Parce que je crois vous l'avoir déjà confié : je dois me marier. Et puis ce serait tellement honteux pour Anthoyne de se faire poser un cinquième lapin, je crois pas qu'il me le pardonnerai jamais et je sais pas si j'ai tellement envie de me mettre à dos un homme de main/soldat et cousin d'une grande princesse supra-intimidante.

Et puis Anaon l'a dit, c'est que les gourgandines qui se mettent nues et moi j'aurai pas besoin de le faire et ça me soulage. D'autant plus que Luisa – il y a belles lurettes en Languedoc* – m'a déjà expliqué quel genre de légume constituait l'anatomie masculine et croyez-moi que ce soit une vrai patate, une semi-patate ou alors un semblant de patate, je suis positivement certaine de n'avoir aucune envie d'en voir davantage que ce que l'hideuse image à la dérive dans mon esprit suggère depuis ce jour chaud d'été où nous avons trouvé le point faible de l'Homme avec un grand H. L'endroit où il faut appuyer pour leurs soutirer cris de fillettes et gros mots en nombre impressionnant! D'ailleurs, je ne le dirai jamais assez, mais ce « vice de fabrication » est probablement la chose la plus drôle que j'ai été témoin de voir de toute mon existence! Malheureusement, il paraît qu'il n'y a que les filles des basses réputations qui ont la permission de frapper là et que les Dames, comme moi, devraient s'abstenir de faire une telle démonstration de leur force et leur suprématie sur leurs congénères masculins.

Pas de chance!

Pour m'occuper l'esprit, j'entreprend donc de déplacer un tabouret face au miroir, histoire de pouvoir jeter un oeil sur les talents de coiffeuse d'Anaon. J'y pose mon séant avant de lancer à Elfry :


Et puis toi. T'as l'intention de rester habillée comme ça?

Condescendante la mariée?

Quand on ose s'imagine son mari nu… oui!

Mais si peu!



*Pour tous ceux qui se disent : « mais mon dieu quelle folle! O_o » Cette fois là l'idée dingue n'était pas mienne! Document à l'appui pour ceux qui voudraient se document sur la chose.

_________________
Nyam
Nous avions donc une future mariée, une habilleuse et une rousse dans une chambre. Non ce n'était pas le début d'une blague de mauvais goût mais un résumé succin d'une situation. Et nous avions, une adolescente à la tête vide, pieds nus, accroupis au milieu d'un groupe de poussins dans la grande cours, indifférente à ce que sa jolie robe bleue traina dans la poussière, au risque de donner une crise cardiaque à Anaon. Les petits cris des minuscules boules de plumes la distrayaient suffisemment pour l'empêcher de vagabonder plus loin. Il aurait été dommage que Nyam se perde en dehors de la demeure.

Seulement, ce fut ce moment là, que dans les appartements de la mariée, Maman remarqua qu'il manquait quelque chose dans le décor. Il y avait une mariée et une rousse, un chien, des chaussures sur une chaise, mais leur petite propriétaire avait disparu. Elle lança donc la cession numéro.... six cent quatre vingts deux de la chasse à la Nyam, épreuve olympique dont les participants se doivent d'être des sportifs de hauts niveaux et pluridisciplinaires. Et Fenrir était de loin un des concurrents les plus sérieux d'Anaon. Il pourrait bien un jour lui voler sa médaille d'or. La porte s'était donc ouverte sur le chien qui tenait plus du veau que du canidé, et l'animal s'engagea tel un train de marchandise dans le couloir, à la recherche de son jouet favori.

Nyam, inconsciente du fait qu'on la cherchait depuis à peu près cinq minutes, avait réussis à convaincre plusieurs poussins que son jupon était plus confortable que la poussière, et avait confectionné un panier improvisé en soulevant les bords de sa robe, dénudant ses chevilles blanches et ses mollets fins. C'est alors que le chien fit son entrée en scène pour le début de l'épreuve. Le principe, était simple, attraper l'objet de la chasse le plus vite possible, le maitriser, et le ramener à Maman. Et il perdait si Maman mettait la main dessus en premier. Pensez bien à l'enthousiasme qu'il mettait à la chose. Fenrir repéra plus rapidement qu'un fin limier sa proie, et dans un aboiement joyeux lui sauta dessus, collant l'adolescente et son fardeau à plume, par terre, dans une envolée de poussière, de piaillements et de bave de chien. Les volailles s'éparpillèrent en tout les sens dans une superbe pagaille, certaines pénétrant même à l'intérieur de la bâtisse pour la plus grande surprise des invités qui les croiseraient. Affalée par terre, essayant de reprendre ses esprits - ce qui n'est pas évident quand on en a plus - Nyam se redressa sur les coudes, sa robe bleu n’étant plus bleue, un chien plus lourd qu'elle affalé sur son dos, et une envolée de poussins courant autour d'elle paniqué.

On vous avait pas dis qu'on faisait venir un spectacle de bouffons pour le mariage ? Et ben c'était pas la peine.

_________________
Priam
« Quand on veut une chose, tout l'Univers conspire à nous permettre de réaliser notre rêve. »
de Paulo Coelho - Extrait de L'Alchimiste


Quel gueux n'a jamais rêvé d'arborer un joli nom à particule, de côtoyer des princesses et autres beautés hautaines et parfumées, de dépenser son argent sans avoir besoin de le gagner, de faire faire aux autres ce qu'il savait très bien faire auparavant, tout seul ?
Durant les longues gardes de nuit à veiller sur une mer calme, perché en haut du mat, Priam s'était laissé caresser par de tels rêves éveillés, bien vite emportés par le vent.

Méfie toi de tes rêves, ils pourraient se réaliser ! Un beau résumé de l'agitation de son esprit alors qu'il se laissait envelopper de beaux tissus par des valets zélés. Aujourd'hui avait lieu le mariage de son... cousin, enfin s'il ne s’emmêlait pas dans les branches de son nouvel arbre généalogique.
Lui, l'enfant perdu, orphelin, recueilli par un équipage... Il avait rêvé d'une famille, de parents, et si possible de richesse à foison. Il avait été exaucé :
- La famille : La louveterie
- Le nom glorieux : puisqu'on vous dit qu'il s'agit de la Louveterie !
- De richesse : oui encore !
- Des parents : là c'était raté, sa mère dont il ne gardait pas le souvenir avait rejoint le paradis solaire jeune. Le sort de son père lui était inconnu. Il avait une soeur, elle aussi disparue.

Cela ne faisait que quelques semaines que sa famille l'avait trouvé. A ce mariage, il se sentirait un étranger, parmi des inconnus, des parents qu'il n'avait jamais ou si peu croisés. L’intrus se serait lui.
Ses rêves avaient oublié de préciser que le protocole, les règles de savoir vivre et de courtoisie rendaient toutes ces mondanités insupportables et aliénantes. Finalement il aurait préféré affronter une mer déchainée sur un radeau plutôt que le programme de la journée.

Avec un soupir et convenablement vêtu, il parcourut la courte distance séparant l'appartement généreusement mis à sa disposition, du lieu de la cérémonie. Il répétait, s'imaginant être présenté aux membres de sa famille, cherchant ses mots, sans réussir pour autant à chasser son anxiété.
En traversant la grande cour, un étrange spectacle le déconcentra : une jeune femme, accroupie, avec des poussins. Les tissus de sa robe bleue l'entourait comme une corolle. Sa chevelure argentée attirait la lumière du jour. Il la contempla alors qu'elle invitait les boules jaunes sur pattes à venir se réfugier dans ses jupes. Fragile, lumineuse, délicate, sa vision chassa son anxiété. Il oublia même d'avancer.

L'harmonie fut brutalement brisée par un aboiement et des caquetages. Avant qu'il puisse s'interposer, un animal massif s'était jeté sur la malheureuse. Priam s'élança. Sa main avait glissé sous son mantel à la recherche de son fouet, mais en arrivant, il remarqua immédiatement que l'animal, un chien, ne se montrait pas belliqueux ou dangereux. Il siffla pour l'animal et tendit ses mains à la jeune femme, pour l'aider à se relever.

Avec assurance , Priam prononça quelques mots, tout en gardant l'oeil sur le tas de poils :


Prenez mes mains. Je vais vous aider.
_________________
Nyam
Des fois, on rencontre le Prince Charmant, dans la rue, sans le vouloir, et paf, c'est le coup de foudre. Le problème avec Nyam, c'était qu'elle le ratait, quand bien même il lui rentrait dedans avec la panoplie complète - on entend collant blanc, pourpoint bleu ou rouge, une belle cape et la couronne princière sur ses jolies boucles bien faites, un prince quoi....- et tenant une pancarte avec inscris en grosse lettre "Prince Charmant disponible". Raison pour laquelle d'ailleurs, Anaon n'avait pas pris le temps de donner des recommandations précises quand à parler aux inconnus, puisque sa protégé avait la tête plus vide qu'un ventre en période de famine, et qu'y faire entrer quelque chose est une tâche longue et fastidieuse. Alors pourquoi s'embarrasser avec des choses inutiles ?

Fenrir, tout heureux d'avoir mis la main sur sa proie, poussa un grondement de mécontentement quand quelqu'un fit mine de s'incruster dans le concours de chasse à la Nyam. Mais ayant senti un mouvement de la Frêle demoiselle sous lui, montrant qu'elle aimerait bien se redresser un peu, il s'écarta, permettant au visage d'ange de l'adolescente de se lever vers son sauveur. Les prunelles d'un bleu intense assez peu commun croisèrent les yeux bicolores du jeune homme et soudain, elle en oublia tout le reste. Parce que c'était la première fois qu'elle voyait quelqu'un avec des yeux comme ça. Même si son esprit perturbé avait du mal à distinguer les souvenirs du délire, elle était sûre de ne jamais en avoir vu avant. Aussi lui adressa-t-elle un sourire ravissant qui illumina son visage de poupée de porcelaine.

Quand il lui parla, Nyam remarqua enfin les mains tendus vers elle, et le fait qu'être couchée par terre, ce n'était pas normal. Baissant les yeux sur sa robe autrefois bleue, une inquiétude fugace la saisit avant d'être engloutie dans le néant de ce qui n'était pas si important surement, puisqu'elle l'oubliait. Tendant une de ses mains fines, elle se laissa remettre sur pied bien volontiers, bien plus petite que l'homme, une de ses tresses d'or blanc s'étant échappées de sa coiffure et venant caresser sa joue. Nyam la replaça machinalement derrière son oreille avant de commencer à épousseter sa robe, plus par réflexe que par une conscience du fait qu'elle n'était plus présentable pour le mariage. Semblant bien fragile avec ses pieds nus et sa tenue pour le moins débraillée après sa déambulation et sa participation fortuite à cette épreuve de chasse, elle leva la tête vers l'inconnu venu à son secours, tendit que la bande de poussins continuaient de cavaler en piaillant.


Merci.

Pour une fois, c'était cours et à peu près cohérent. Pourvu que ça dure...

Je suis Nyam. Vous avez des yeux étranges... On dirait que quelqu'un s'est trompé quand on vous les a donné.

Remarque déplacée mais pas trop à côté de la plaque quand même.

Mais je les aime bien.

Voilà qui devait bien rattraper la remarque d'avant. Sauf que là, tout dérapa, comme toujours avec elle. Remarquant que dans sa chute, elle avait échappé le coquillage qu'on lui avait offert, les yeux bleus s'écarquillèrent d'inquiétude pour son trésor.

Mon coquillage ! Comment je vais entendre Petit Frère me parler maintenant ?

S'agenouillant par terre, les minuscules mains de la Frêle tâtonnèrent le sol à la recherche du précieux trésor, les prunelles azurs parcourant la poussière dans l’espoir de le retrouver.
_________________
Elfry
Focalisée sur l'idée de la nuit de noce, de la mariée et de son homme tout nu, la petite azimutée ne quittait pas des yeux Anaon, la source de vérité, la fontaine de maturité.

-- Nous interrompons notre programme pour un petit instant de promotion à la criée sur les marchés --
Avec Anaon, fini l'enfance et ses croyances, les chous, les petites graines et les fleurs ! Prenez un bain de croissance, gagnez quelques années d'expérience. Buvez ces paroles pour devenir moins ingénu, moins crédule et moins ridicule le soir de votre nuit de noce !
Pas de mariage réussi sans Anaon !
-- reprise du programme, remise en route dans la petite tête rousse--

La petite fiole n'était pas sur ses gardes, prête à esquiver, quand la tempête de neige explosa. Son nez retroussé réceptionna l'VVNI, vêtement volant non identifié, sa bouche s'arrondit de surprise. Estomaquée, un hoquet inspira le tissu dans sa bouche, lui faisant perdre sa respiration. Elfry recracha l'intrus, qui alla finir son court voyage en glissant sur le sol. Elle toussota pour reprendre son souffle.

Elfry! Je vous interdis d'imaginer mon mari complètement nu! C'est totalement… obscène! Voilà!

Et si vous voulez en apprendre plus sur la nuit de noces, je vous invite à vous asseoir aux côtés d'Anaon à la cérémonie et à en discuter de long en large avec elle, mais je ne désire plus entendre quoi que ce soit de plus à ce sujet avant la fin de la cérémonie!

Et puis toi. T'as l'intention de rester habillée comme ça?


La future mariée avait profité de l'indisposition passagère d'Elfry pour lui asséner trois autres coups, verbaux cette fois-ci, avec condescendance, singeant une parfaite maitrise de soi. Le contrôle ! Elle ne le conservait qu'en s'en prenant à une cible aisée, faire mouche et ainsi éviter de penser, à son mariage, sa nuit de noce...
Elfry n'était pas dupe et elle ne comptait pas servir de défouloir, de diversion sans réagir. La colère faisait briller ses yeux, le dragon se réveillait surement en elle.


Madame la princesse, future mariée, TU - elle marqua exprès le TU en forçant sa voix vers les aigus - me prend pour une mirabelle ? C'est pas de ma faute si tu paniques à cause de la nuit de noce et de ton mari tout nu. T'as qu'à pas te marier, quelle idée aussi ! Et tu peux pas m'empêcher de penser et d'imaginer, TU ne peux pas tout régenter, TON altesse ! Si je veux imaginer ton mari tout nu, je l'imaginerai et tu n'y pourras rien. Tu préfères jouer les fières pour cacher que tu es terrifiée.

Le ton s'adoucit, l'amitié venait de gagner le bras de fer contre la colère.

Si tu ne veux plus en parler, parce que cela te fait trop peur, je ne poserai plus de questions, j'attendrai. Je peux te réconforter et je peux promettre de surveiller ton mari et s'il fait mine de vouloir t'enlever ta robe, je le présente à mon dragon ! Demande-le moi et je vais le cacher dans votre chambre pour qu'il puisse te protéger !

La petite vouivre s'était emballée à son tour, elle était le chevalier vaillant, brillant au soleil, volant au secours de la demoiselle en détresse ! Son élan dramatique fut brisé par le souvenir de la remarque sur sa tenue qui chatouilla sa coquetterie pourtant si timide.

Quoi ma tenue ? Qu'est-ce qu'elle a ma tenue ? Elle est très bien pourtant ! J'adore son jupon arc-en-ciel, et puis elle me rappelle Calypso !

Calypso son amie imaginaire qui n'avait pas supporté l'atmosphère oppressante de la maison de santé, les longs mois où elle avait dû y rester ! Enfermée, pour son bien qu'ils disaient ! Calypso était libre, elle s'était évadée. Elfry était restée.
_________________
Priam
La main toute fine qu'elle lui offrit disparut bien vite dans la sienne. Priam l'aida à se soulever, elle était si légère qu'il imagina un instant qu'elle allait s'envoler.

Évidemment un gentilhomme bien éduqué n'aurait pas prolongé le contact inutilement et il ne se serait surement pas abaissé à frotter et tapoter les jupons pour en chasser la poussière. L'éducation de Priam ayant eu lieu sur un navire et dans les tavernes fréquentées par les marins en escale, il s'empressa de balayer de ses mains les replis du tissu, surtout dans le dos de la demoiselle, persuadé de faire preuve de galanterie.

En se redressant, son regard croisa celui du molosse ; il l'observait , le jaugeait même, avec le derrière posé au sol, mais les oreilles redressées.
Priam tendit doucement une de ses mains devant la truffe et quand il estima que le chien l'avait suffisamment reniflé et accepté, il lui caressa derrière les oreilles.

Le "Merci", entendre sa voix, le fit se redresser de nouveau, comme un ressort. Il la contempla, il était partagé entre l'étrange envie de baisser son regard et le désir de se perdre dans le ciel de ses yeux.


Je suis Nyam. Vous avez des yeux étranges... On dirait que quelqu'un s'est trompé quand on vous les a donné.
Mais je les aime bien.


Il rit, franchement, de bon cœur. Et il se sentit étrangement détendu, apaisé.

Oui, vous avez raison. Je crois que ce quelqu'un ne s'est pas trompé que pour mes yeux, il a inversé mon destin avec celui d'un autre et je me retrouve là, sans être à ma place.

Elle ne comprendrait pas, il se reprocha cette soudaine profusion de paroles. Il mesurait chaque mot, d'ordinaire.


Moi aussi j'aime bien vos yeux. Je suis Priam. Vous avez perdu vos chaussures ?


Il avait remarqué ses pieds dénudés. Mais elle ne répondit pas, elle avait perdu autre chose, bien plus important vu la panique dans sa voix : un coquillage.
Elle plongea vers le sol et ses mains caressèrent le sol.

Priam s'agenouilla à son tour et chercha attentivement ; les petites boule de duvet jaune s'éparpillaient en protestant.

_________________
Nyam
L'explication qu'il lui donna sur ses yeux fut perdu dans les limbes de son inquiétude. Nyam avait peu de suite dans les idées, sauf quand son angoisse prenait le dessus. Là, même un dragon débarquant au milieu de la cours n'aurait pu la distraire de sa tâche. L'adolescente était en temps normale une adorable coquille vide que des pensées traversaient par moment, troublant sa tranquillité et faisant naitre parfois des ombres dans ses yeux couleurs de lagune. Mais quand l'inquiétude la saisissait, elle était tel la mer sous l'orage, les vagues se soulevant et s'écrasant impuissante sur la berge. Nyam se sentait impuissante et malheureuse car ne réussissant pas à apaiser son coeur qui battait comme un fou dans sa poitrine.

En fait, si l'inconnu ne lui avait pas parlé de ses chaussures, le reste se serait aussi perdu dans le néant de son esprit malade. Elle arrêta un bref instant ses recherches, levant ses yeux vers lui en essayant d'intégrer ce qu'il venait de dire. Le regard se baissa sur ses pieds nus, inquiète pour cette autre détail car elle se rappelait vaguement que Maman avait bien insisté sur le fait de ne pas perdre cette paire de chaussure là. Il faut dire qu'elle avait fait une spécialité de la perte de ses affaires, mais en particulier de ses chaussures. Pas qu'elle apprécia marcher pieds nus, mais elle n'arrivait pas à les garder aux pieds. De sa voix douce, elle répondit en lui adressant un doux sourire.


Priam, c'est un peu comme Nyam non ?

Elle trouvait cela étrangement rassurant, alors l'ange à la tête vide se força à donner quelques explications, pour tenter de faire entrer cet étranger dans son monde.... Un peu... S'il ne fuyait pas avec ce qu'elle allait dire, c'était qu'il était plus courageux que les autres qui n’appréciaient pas de la savoir brisée.

Petit Frère, il n'est pas vraiment là... Il est mort dans le ventre de Maman et c'est moi qui l'ait fait sortir... Et maintenant je m'occupe de lui. Les pierres sont cachées mais le coquillage est important. Il me permet d'écouter ses murmures...

Elle se tut un instant, réfléchissant au deuxième problème.

Pour les chaussures.... Je les ai perdu, mais je ne sais plus où... Maman va être fâchée.

Et cela l'ennuyait aussi. Mais chaque chose en son temps. D'abord le coquillage. Et il fallait le retrouver avant Fenrir qui prendrait un plaisir certain à le lui voler.
_________________
Priam
Il se redressa et s'agenouilla, délaissant temporairement la quête du coquillage. Il lui sourit quand elle souligna la ressemblance sonore de leur nom.

Oui Nyam, Priam et Nyam, cela sonne presque pareil. nos prénoms se ressemblent.

Cette rencontre était étrange : une voix agréable, qui enchantait ses oreilles mais dont les paroles étaient surprenantes ; une jeune femme qui semblait éthérée, presque irréelle ; un petit frère mort-né, dont l'âme communiquait avec sa soeur grâce à un coquillage.
On pourrait croire qu'une telle rencontre puisse perturber.

Mais Priam avait parcouru tant de mers, accosté à tant de lieux aux coutumes et aux croyances différentes : des hommes qui communiaient avec l'esprit de leurs ancêtres, d'autres qui témoignaient leur respect à leur ennemi en mangeant leur chair pour s’approprier leur force, d'autres qui parlaient à la terre, aux végétaux. Il avait croisé des vaisseaux hantés, les âmes de marins sans repos éternel.
Il avait grandi ainsi, de découvertes en découvertes, de superstitions en légendes, au milieu de marins qui racontaient milles et unes histoires invraisemblables, toutes certifiées vraies
Alors il pouvait bien croire que tout était possible et il ne voyait en elle que pureté, innocence et beauté. Elle était devant lui, l'ange aux pieds nus. Il l'écoutait simplement et il la croyait.


Il faut vite retrouver ce coquillage et ensuite nous chercherons vos chaussures et votre mère.


Il hésita mais posa quand même la question, tout en remuant de nouveau les cailloux.

Quelles pierres cachées ?
_________________
Nyam
C'était un peu la rencontre d'un marin avec une sirène. Deux êtres que tout opposent, venant de deux mondes très différents, l'un bien réel et même dangereux, l'autre éphémère et merveilleux dans lequel tout est possible. Nyam vivait dans ce monde là, peuplé de rêves et de cauchemars, de délires et de souvenir mêlés, où les bébés morts parlent dans les coquillages et son incarné en oiseau. Priam venait du monde bien réel lui mais il acceptait sans la craindre qu'elle puisse évoluer dans une sphère éthérée bien loin de la réalité. Et cela l'apaisait un peu. Car en dehors d'Anaon qui entrait bien malgré elle dans son doux délire, la plupart des gens qui comprenaient qu'elle avait perdu l'esprit, s'éloignaient d'elle, la méprisaient, ne la chahutant pas de peur de voir la mercenaire venger son oisillon.

Aussi quand il lui posa la question à propos des pierres, l'adolescente se décida à lui raconter l'histoire de Petit Frère, du moins de ce qu'elle se rappelait, les souvenirs réels et rêvés se mélangeant dans son esprit évaporé. Alors même qu'elle n'en avait pas parlé à Maman, en dehors de quelques touches par ci par là, sentant bien que cela bouleversait la Roide de l'entendre. Continuant à scruter le sol de ses yeux bleus, elle expliqua de sa voix douce.


Avant je servais le Maître... Mais je ne me rappelle plus de son visage. Il est entré dans les Ombres. Et Maman portait un bébé dans son ventre, qui n'était pas du Maître donc il était furieux. Et puis il y a eu un accident et le cheval est tombé sur elle. Elle avait si mal.... J'avais déjà fais ça alors je l'ai aidé à accoucher du Petit Frère. Il était tout petit mais brisé... Je l'ai baigné de mes larmes et le ciel aussi... Et je l'ai enterré.

Elle était toujours triste en y pensant, ayant un pincement au coeur incontrôlable, quand bien même elle savait que Petit Frère était en sécurité avec elle. Nyam abandonna les recherches un bref instant, levant son visage angélique vers le ciel comme pour y apercevoir la silhouette de son oiseau qui avait été soigneusement enfermé dans leur chambre d'auberge, lui aussi pour ne pas le perdre. Rêveuse, elle reprit.

Je ne sais plus trop ce qui s'est passé ensuite... J'ai été blessée je crois... Et tout ce mélange dans ma tête. C'est là que les Ombres ont commencé à venir. Des visages ou des gens que j'ai oublié ou qui ont disparu... Enfin... Après un orage, j'ai trouvé un bébé rapace. Et bien c'était Petit Frère. Il était revenu, pour rester avec moi et m'aider à ne pas laisser les Ombres m'emporter. Je m'occupe de lui depuis. Mais là, il est dans notre chambre parce que sinon il pourrai mettre la pagaille.

Nouveau silence alors qu'un sourire attendris étire ses lèvres délicates. Quand bien même il faisait des bêtises, elle lui pardonnait tout. Et l'oiseau lui était étrangement fidèle.

Un jour, je ne sais plus pourquoi, je suis retournée sur la tombe, pour lui montrer je pense. Mais quelqu'un l'avait touché. Je ne l'ai pas dis à Maman pour ne pas l'inquiéter. Mais quelqu'un a volé Petit Frère dans sa tombe... Il ne restait que les pierres, celles que j'avais choisie pour lui... Et elles n'étaient plus dans l'ordre que je les avais mise car cela je m'en rappelais très bien. Alors j'ai pris toutes les pierres avec moi. Et j'y veille précieusement. Je pense que c'est pour ça qu'il est devenu un oiseau, car on a volé son corps de bébé et il ne repose plus en paix. Et je sais que si je perd une des pierres, il risque d'en mourir pour de bon.

Les fous ont cette logique propre à eux qui fait que leur discours incohérent et décousu parait si logique à leurs yeux. Nyam, jeune fille intelligente à la base, aurait dans sa vie passée bêtement rit de ses bêtises. Mais maintenant, perdue dans les limbes de sa folie, elle trouvait normale ses histoires de Petit Frère incarné en pierre et en oiseau. Non seulement normal mais aussi vital pour elle. Car qui lui arracherait son doux rêve délirant, la briserait.

Ayant décidé qu'elle en avait assez dis sur Petit Frère, la Frêle se concentra sur le coquillage. Car il était important aussi. Son murmure la rassurait et la distrayait des pleurs et des cris que son esprit malade lui faisait entendre. Le regard bleu se posa finalement sur le trésor tant convoité, posé là, innocemment devant Priam, juste trop près de lui pour qu'il l'ait vu.


Le voilà !

Tendant une main fine vers l'objet de leur recherche, elle s'en saisit sans attendre qu'il s'écarte, serrant au creux de sa main fine la coquille de mer. Toujours accroupie et pieds nus, elle perdit l'équilibre et tomba en avant, sans avoir le réflexe de mettre une main devant elle pour se rattraper. Si un poussin se trouvait sur la trajectoire, il serait aplatis, au même titre que son joli nez.

Maman serait furieuse...

_________________
Anaon
    Les azurites se défont un instant de la petite rousse pour retrouver le reflet d'Elendra et son innocence toute attendrissante. Une parole qui prête à réflexion et pourrait passer pour une infinie sagesse. L'Anaon s'étire d'un large sourire. C'est vrai çà, qu'elle idée aurait-il de vouloir enlever une si jolie robe... Hin hin. Mais avouez que dit ainsi, la logique est imparable et l'argument infaillible. Il fallait la trouver celle-là.

    C'est alors que la jeune fille l'éperonne d'un murmure qui laisse la mercenaire toute muette. Un petit instant de surprise, puis le sourire se fait plus tendre face au miroir, devant ce premier bout d'aveu. Que répondre à une enfant qui a perdu une mère ? Elendra est grande maintenant, elle ne se laissera plus compter illusions et doux mensonges. Et à défaut de mots, les mains posées sur les épaules se fondent en une caresse discrète, se voulant rassurantes. Mais la suite de la phrase ébranle littéralement l'Anaon.

    Mais Anaon… Si j'avais à choisir une nouvelle maman, je voudrais que ce soit vous.

    Trouble. Émotion. Étonnement. La femme reste coite. La Roide se fait tout sucre. Touchée. Interdite. L'ironie s'immisce dans le creux de ses pensées. Petite vipère toujours présente, qui la taquine de temps à autre d'un croc empoisonné. Ironie oui, pour cette mère en mal d'enfant... Elle, a qui on a enlevé les siens, mère qui se meurt de rechercher son sang, elle a vu, jalonnée sur sa route, une myriade d'orphelines qui ont toujours vu en elle l'icône maternelle que la vie lui refuse d'être. L'Ironie lui enlève fils et fille, pour lui en proposer d'autre. Substitution illégitime. Réconfort tragique, qui vient combler son manque de materner. Alix Ann, Nyam, Yolanda... Elendra... Autant de petites que l'Anaon avait aimé et aimait encore, dans une affection frôlant sans doute et malgré elle, celui d'une mère. Et pourtant, la révélation est inattendue.

    Dieux... La vie est un grand théâtre qui se paye la gueule de ses acteurs.

    Le visage qui oscille, sans savoir s'il doit pleurer ou sourire. L'aveu d'Elendra a frappé droit au cœur. Ces quelques petits mots, qui en auraient attendris d'autre, cause en elle une véritable déflagration. Corde sensible, unique talon d'Achille qui pourrait réellement se targuer de pouvoir abattre la mercenaire. Tout adulte qu'elle est, Anaon reste penaude et ne sait que répondre. Et c'est Elendra, qui a son tour porte son revers, toute claironnante et affirmée, arrachant la mercenaire à ses effusions sentimentales.

    Toute chamboulée, l'ainée regarde calmement la chamaillerie des deux gamines. Oui... Si des projets de mariages étaient encore dans le champ des possibles de la balafrée, Elendra aurait fait une merveilleuse belle-fille... Il est pourtant des choses auxquelles on peut penser, comme un songe, sans pourtant pouvoir les envisager... sérieusement. Une sourire nostalgique vient peindre ses lèvres.

    Les tissus volent, çà braille. La mercenaire retrouve son aplomb. Deux index piqués dans l'arrondi des épaules d'Acomiennes, la "marieuse" recale la mariée bien droite devant son miroir.

    _ Tutut... Vous êtes toutes deux ravissantes.

    Ou l'art de ne contrarier personne. Un instant les azurites se plantent dans le reflet de la porte devant elle, quelque peu inquiète que Fenrir ne soit pas encore revenu avec la manche de Nyam coincée dans la gueule. Petit tique de la narine, et l'Anaon s'arme de peigne, broches, crépine, fil et aiguille.

    _ Allons bon ! Pour l'heure ne parlons plus des sujets contrariants !

    Les doigts arachnéens glissent en expert dans la chevelure de la Reyne Mirabelle. Le temps passe, maintenant il s'agit de faire vite et bien !

    _ Et quel est donc ce... dragon donc vous parlez Elfry ? Je ne suis pas sûr que ce soit très discret d'en introduire un dans une chambre... Ni même très prudent.

    Et le peigne passe, et les doigts jouent. A défaut d'avoir pu trouver de réponse à l'aveu d'Elendra, la balafrée se nimbe d'une tendresse tout particulière. L'Anaon est une huitre qui a bien du mal à s'ouvrir. Elle fait ce qu'elle peut pour trouver des parades qui témoigneront ce que son mutisme n'avouera jamais.

_________________

- Anaon à dire et à lire "Anaonne" -
Elfry
Décidément, Anaon était la sagesse incarnée aux yeux de la fiolinette. Elle savait tout sur la nuit de noce, elle semblait avoir tout vécu et elle admettait qu'elle, la fiole, était aussi ravissante qu'Elendra !!
Encore mieux, elle s'intéressait au sujet de prédilection de la petite azimutée : son dragon !

Elfry s'empressa d'exhiber son trésor, allant même jusqu'à ouvrir son "vivarium" improvisé en terre et en cristal.
Elle en sortit son ami fêtiche, son compagnon, son lézard à queue épineuse, le déposant délicatement sur son épaule et son bras gauche.


Dame Anaon, je vous présente Grougal, c'est mon ami dragon !


Pas besoin de le présenter à Elendra, elle le connaissait déjà ; cela faisait cinq ans qu'il ne quittait plus la petite fêlée. Elle marqua une courte hésitation.

Si vous voulez, Anaon, je peux le convaincre de se laisser caresser, et peut-être même qu'il acceptera que vous le portiez un peu. Vous pourriez faire connaissance comme cela !


Elle ajouta pour répondre aux inquiétudes légitimes exprimées par son paragon de sagesse.


Vous avez raison ! Introduire un dragon dans leur chambre ne serait pas prudent, ni discret et surement très difficile. Mais pas avec Grougal ! Avec sa taille, il peut discrètement se faufiler. Il est apprivoisé, alors il ne devrait pas causer de dégâts. Je lui ai appris à ne pas cracher du feu n'importe quand ! Il obéît très bien, vous savez ! Depuis qu'il m'accompagne, je n'ai déploré aucun débordement de ce genre ! Il n'a jamais créé d'incendie ! Il sait très bien se dissimuler, je vous l'assure. A part moi, il n'aime pas trop la compagnie. Il est très rapide également quand il le faut !
Aucun risque, je vous assure, il ne se fera pas prendre !


Elle n'était pas peu fière, la petite vouivre (nom de code de chez Charlie), de présenter son compagnon.

Elendra, je suis sure qu'il veillera sur toi, si je lui demande !


Elle caressa les écailles du monstre miniature ; ses gestes doux et le sourire qui les accompagnait, témoignaient de l'affection de la fiolinette pour la bestiole : elle le couvait avec amour, c'était flagrant.

_________________
Priam
Il écouta. L'ange se racontait. Avec ses paroles douces, dénuées de colère, empreintes d'acceptation, elle décrivait succinctement des épisodes douloureux, atroces... des blessures qui ne cicatriseraient jamais. Elle lui révéla les moyens et les outils qu'elle avait inventés pour s'échapper, pour se libérer de toute cette horreur.

Il devina l'histoire avec ce maître, et ce qu'un homme peut infliger à une femme, objet de concupiscence, déversoir de frustration, trop docile, trop servile, une proie trop facile.
Trop souvent il avait vu des hommes s'abaisser à traiter les femmes ainsi. Trop, beaucoup trop !
Certes, il n'était pas un ange lui-même, il collectionnait les femmes, maltraitait parfois leur coeur, souvent.
Mais il avait suffisamment d'orgueil et d'estime de soi pour ne pas s'emparer d'une femme sans qu'elle ne s'offre à lui.
Suffisamment confiance en lui pour croire qu'elle se donnera... ou une autre à sa place !
Suffisamment maitre de lui pour ne pas avoir besoin d'évacuer sa hargne sur plus faible que lui.
Suffisamment exigeant et élitiste, pour vouloir beaucoup plus que de simples poupées asservies, de vulgaires jouets.
Suffisamment d'estime pour la Femme pour ne pas la considérer juste comme un objet de luxure et de soumission.

Les événements odieux, qu'elle lui confiait, n'avaient hélas rien d'original pour lui, il avait croisé de tels drames déjà : le maitre, la mort de ce petit frère presque né, l'accident, l'inquiétude pour un être cher, les blessures...
Mais il n'était pas devenu insensible, le malheur n'arrivait pas à le lasser encore.

Il comprenait, il compatissait.

Sa sirène parlait et de sa voix chantante, douce, délicate, elle l'enfermait irrémédiablement, créant des attaches qu'il n'aurait jamais imaginé accepter de porter. Il aurait dû, peut-être se boucher les oreilles, s'arracher les yeux et le coeur, résister à cet appel irrésistible. Impossible, il était enchanté d'y céder.
Désormais, il éprouvait le besoin de la protéger, de la préserver, de la laisser vivre avec ces bouts d'espoir inventés qu'elle emportait avec elle, avec ces amarres rassurantes qui la maintenaient dans ce monde, l'empêchaient de s'envoler loin, très loin, trop loin.

Elle tendit sa main vers lui... non vers le coquillage. Taquin celui-ci se cachait presque sous lui. L'envie d’attraper cette main fine, de la toucher, de la serrer, pour s'assurer qu'elle était bien réelle le piqua plus que jamais encore.

La chance lui souriait toujours, elle l'exauça, projetant vers lui sa sirène déséquilibrée, physiquement... et spirituellement. Ses réflexes excellents, travaillés avec acharnement, lui permirent d'arrêter sa course avant qu'elle ne finisse par embrasser le sol.

Elle était réelle, là dans ses bras. Il lui sourit, confiant et rassurant. Il chercha ses mains, s'en empara et se releva, l'entrainant avec lui vers les hauteurs.
Il ne lui lâcha qu'une seule main, conservant l'autre, comme il aurait tenu la main d'un enfant encore malhabile sur ses jambes.


Parfait! Petit frère est retrouvé ! C'est au tour de tes chaussures, des cailloux et de ta maman. J'aimerais aussi faire connaissance avec petit frère rapace, si tu le veux bien.
Te souviens-tu où as-tu enlevé tes chaussures ? Où se trouve ta maman ? Peut-être que ton ami, le chien, peut nous guider ?


Il regarda le molosse, toujours assis, qui le surveillait et s'adressa à lui :

Tu peux nous mener à ton maitre ?

Et qui sait, en dernier recours, il pourrait toujours essayer de demander à petit frère coquillage !

_________________
Elendra
Il y a pas à dire. Elfry savait frapper où ça fait mal. Moi, jouer les fières pour cacher que je suis terrifiée?! Quand est-ce qu'elle a pu percevoir ça?! Je fais pourtant bien attention de n'en faire mention à personne! C'est donc si évident sur mon visage ou dans ce je dis que l'idée de me marier aujourd'hui me remplie d'appréhensions?!

Il va vraiment falloir que j'ai une discussion avec ma face une fois qu'on sera présentable pour le mariage, parce qu'il est hors de question qu'elle me trahisse comme ça, devant tout le monde à la cérémonie. Manquerait plus que ça…

- Elendra… acceptez-vous de prendre Anthoyne de la Louveterie pour époux jusqu'à ce qu'il meurt de vieillesse vous empêchant ainsi de marier votre ami Guillaume au jour de sa majorité, d'abandonner sans jamais pouvoir revenir en arrière le nom d'Acoma et de consommer ce mariage comme toute épouse digne de ce nom dans la santé, la folie, la mirabelle, la haine et l'amour, l'amour restant à venir?

- Moi : Oui.

Parce que ce serait vraiment pas bien vu de dire le contraire. Rendu là en tout cas… J'aurais pu dire non bien avant, mais là il serait comme qui dirait « un poil trop tard ».

- Ma face : Non! Non! Non! Pitié! Youhouuuu! Ici la face qui parle! Empêchez la de faire ça! Je répète : Em-pê-chez-la-de-fai-re-ça. La face appelle le curé, la face appelle le curé, me recevez-vous? Allo? Mayday! Mayday! Arrêtez tout! Je m'y oppose! Voilà! Oui c'est ça! En tant que réceptrice du baiser de cet inconnu, je m'y oppose! Je m'y opposeuuuh!

Manquerait plus que ça… Des yeux exorbités, une tête qui se secoue lentement de droite à gauche alors que les lèvres laissent passer un faible « oui ». Une grimace lorsqu'il s'approchera pour le baiser fatal. Parait qu'il faut embrasser le marié. Je dois vous avouer que dans tout le processus, c'est que maintenant que ça me frappe que je vais devoir faire ça. Pas que je n'ai jamais embrassé de garçon. Au contraire! Fut un temps où un garçon posa délicatement ses lèvres sur les miennes. Et ce garçon était le plus mignon de tous, c'était le garçon que j'épouserai un jour (après Anthoyne bien entendu), il m'avait promis la lune, soit de ne jamais voler mes fesses, ce qui ne devrait pas être bien difficile puisque selon les dires d'Anaon, Anthoyne n'aura d'autre choix que de se les approprier, c'est l'une des tristes finalités du mariage. Quoi que… Anaon l'avait bien dit. Elle avait consommé sans se marier et n'en gardait aucun mauvais souvenirs. Alors peut-être que ce sera mon cas à moi aussi… Peut-être que, en fin de compte, ce vol que je redoute est une bonne sorte de vol et que je devrais pas m'en faire autant. Peut-être….

Après cette longue réflexion, je relève donc la tête pour réaliser qu'ici ça parle dragon. Ça m'offre même de transformer le dragonet en une sorte de garde personnel. Mouais… un dragon pour veiller sur moi lors de ma nuit de noces. Ce serait, une première sans doute. Je toise donc le dit dragon. S'il était pas si petit aussi, il pourrait manger Anthoyne si le vol ne me plait pas. Là, je doute qu'il puisse faire plus que de lui mordre un orteil… Ce qui pourrait toutefois me laisser le temps de m'enfuir avant de me faire cambrioler.

Cette brave bête ne m'impression vraiment pas plus qu'il ne le faut; c'est qu'à force on s'habitue à côtoyer un dragon, bien que je ne pensais pas vraiment qu'il assiste à mon mariage, mais après tout, pourquoi pas! Avec Elfry on pouvait bien s'attendre à absolument tout! Même à ce qu'elle imagine votre futur époux nu comme un ver… Sacré Elfry…

Le dos droit, j'observe donc notre rouquine enthousiaste, comme chaque fois qu'on prononce le mot « dragon », ça allumait en elle une flamme, comme quand on me parle de mirabelle en fait… Face au miroir, j'analysais sa tenue que j'avais un peu « insultée » dirons-nous, tandis que les doigts habiles d'Anaon me transformaient tranquillement pas vite en mariée digne de ce nom. C'est qu'il y en avait du chemin à faire, car ne croyez pas que je ne sais pas que je n'ai pas l'étoffe d'une mariée, j'ai bien vu la tête de la cousine d'Anthoyne, mais c'est pas parce que je suis pas très grande que je peux pas me marier, croyez-moi. Je veux me marier. Je veux être une mariée digne de ce nom! Je vais tout faire pour pas avoir l'air de l'intrus à mon propre mariage et ça, ça commence par la robe et la coiffure. Et puis après faudra que je me tienne le dos bien bien droit pour peut-être gagner un ou deux demi centimètres de plus, parce que je peux pas espérer grandir d'ici à ce que la cérémonie commence, il aurait fallu que j'y pense avant!

Néanmoins, n'oublions pas mon nouveau buste qui me vaudra, espérons le, un soupçon de respect! A-t-on déjà vu une mariée plate comme une planche à pain? J'en doute fort! Et grâce à l'ingéniosité de mon Anaon, c'est chose (temporairement) du passé! D'où l'importance que je ne me déshabille pas comme un gourgandine lors de la nuit de noces, notre marié verrait alors là toute l'étendue du stratagème et pourrait demander remboursement au curé. Parce que le Lord l'a bien dit, sans consommation le mariage n'était pas tout à fait scellé. Et la dernière chose qu'on voudrait c'est que le mariage soit invalide, n'est-ce pas? Après tout ce que j'ai enduré pour qu'il ait lieu. Même me faire dire que nous étions toutes les deux ravissantes! Bon, c'est sûr que Elfry était ravissante, mais n'était-ce pas du rôle de la mariée d'être encore plus ravissante? M'enfin, bon. Elle m'offrait quand même de partager son dragon. Je ne pouvais pas lui en vouloir d'être aussi ravissante que moi.


Eh bien… Je vais t'avouer que ce serait pas de refus!

Eh oui! J'accepte! J'accepte qu'un dragon soit témoin de ma nuit de noces. Au point où j'en suis, me direz vous. Eh bien j'en suis là en effet!

C'est où qu'il faut appuyer pour qu'il crache du feu?

Non parce que j'avais oublié ce détail. En plus d'être muni de dents et de griffes, ce dragon était doté de flammes. Il pourrait donc enflammer la chambre lors de la nuit de noces, ce qui pourrait s'avérer utile, vous en conviendrez.

Et on peut lui dire de se cacher dans un coin et de faire semblant d'être en pierre et que quand je cri un nom de code et à ce moment seulement il peut se mettre à cracher du feu partout et bondir sur Anthoyne pour lui arracher un orteil?

Ou sa patate…

Je me retourne alors vers Elfry, sans penser que cela puisse déranger Anaon dans la tâche ardu de coiffer une mariée.


Ça pourrait être… Mirabelle! Ah non… en fait c'es trop dangereux que je le dise à tout moment. que j'ajoute en réfléchissant.

Au secours? Ça peut fonctionner même si c'est deux mots? Sinon je pense aussi à « Attaque »! que j'ajoute avec des grands yeux. Attaque c'est bien, quoi que moins discret, mais cela déstabiliserait Anthoyne un moment, sans doute assez longtemps pour que le dragon ait le temps de faire des ravages.

Je me retourne alors face au miroir, la tête haute. La nuit de noces commençait à se dessiner tranquillement, j'avais maintenant une arme secrète qui avait de quoi me redonner confiance. J'arborais donc une sourire en coin et l'étincelle dans le regard lorsque je levai les yeux vers Anaon.


Suis-je prête maintenant? J'ai bien hâte à cette nuit de noces!

Et j'avais, à ce moment là, vraiment hâte.
_________________
Nyam
Étrangement, alors qu'elle allait basculer, la terre ne vint pas à sa rencontre comme cela arrivait si souvent. Maladroite et distraite, sa peau blanche se couvrait souvent de marques violacées qui viraient de couleurs au fil des jours, habillant son corps d'un camaïeu de couleurs. Hors au lieu de se rapprocher du sol en terre battu, elle s'en éloignait. Brièvement étreinte entre les bras masculins qui se voulaient protecteurs, la Frêle fut remise sur ses pieds prestement. La main enserrant la sienne se faisait douce, comme pour ne pas l'effrayer et cela ne la dérangeait pas vraiment qu'elle s'attarde autour de ses doigts fins. Dans son autre main, le coquillage trônait fièrement, et Nyam le porta à son oreille, fermant les yeux pour s'abandonner un instant au murmure rassurant qu'elle percevait. Petit Frère allait bien, il ne pleurait plus. Un sourire rêveur éclaira ses lèvres délicates, illuminant son visage angélique d'une lumière intérieur propre aux innocents.

La voix de Priam l'arracha à son monde de fées et les prunelles bleues se découvrirent à nouveau pour croiser les étranges yeux verrons. Curieuse, Nyam tendit une main vers la joue de son sauveur et effleura la cicatrice qui se dessinait sous l'oeil vert. Essayant de se raccrocher à ce qu'il venait de lui dire, elle laissa sa main retomber le long de son corps, baissant les yeux sur ses pieds nus dont on apercevait les orteils dépassant de l'ourlet de sa robe.


Nyam aussi a des cicatrices.

Comment ? Cela n'a aucun rapport avec ce qu'il venait de dire ? Ah... Essayons de faire mieux.

Les cailloux sont cachés par Maman, je n'ai pas le droit de les toucher. Pour ne pas les perdre... Et Petit Frère, mon rapace, il est dans notre chambre... Il pourrait mettre la pagaille. Je ne sais plus pourquoi...

Froncement de sourcils alors que la mémoire défaillante essaie de refaire les liens entre les informations qu'on lui a donné et qui se sont perdu dans les limbes de son esprit malade.

Je ne sais même plus pourquoi nous sommes venu... Une histoire de mirabelle je crois...

Écartant le sujet d'un haussement d'épaule, elle sourit largement.

Mes chaussures, Maman doit savoir ! Mais moi je ne sais plus où elle est. Fenrir saura lui.

Libérant sa main de l'étreinte de Priam, elle se pencha pour essayer d'attraper les poussins qui s'étaient calmés autour d'eux. Sans leur mère poule qui s'était égaré dans les couloirs du domaine, ils se sentaient un peu perdu et Nyam se sentait très l'âme d'une mère poule. Aussi elle en prit deux dans ses mains avant de les donner à Priam pour qu'il l'aide. Puis elle en ramassa deux autres, et commença à se diriger vers la porte qui donnait à l'intérieur. Les poussins restant lui emboitèrent le pas en piaillant, offrant une bien drôle de scène aux spectateurs. Nyam s'arrêta devant la porte, ayant l'impression d'oublier quelque chose. Finalement elle se tourna vers Fenrir, le chien aussi gros qu'un veau qui attendait sagement assis.

...

Ah ben oui, Maman...


Fenrir ! A Maman !

C'était sa phrase secrète, son code pour demander au chien de la ramener quand elle se perdait ou se sentait perdue même en étant dans la chambre qu'elle partageait avec Anaon. Fenrir se faisait un devoir de retrouver la Roide pour lui apporter son poussin perdu. L'énorme canidé se leva volontiers et se saisit d'un pan de la robe bleue, la tirant à sa suite pour la guider à l'intérieur. Faisant un signe de la main pour que Priam la suive, Nyam se laissa emporter, parfaitement en confiance, avec sa volée de poussins à sa suite. Arrivée devant la porte de la chambre de la future mariée, ce fut une équipée étrange qui débarqua. L'adolescente poussa fermement la porte, sa robe bleue couverte de poussière et de pave de chien, des poussins dans les bras et autour de ses pieds nus, un homme aux yeux verrons chargés de poussins aussi et un chien gros comme un veau guidant le tout comme s'il était fier de son troupeau.

Maman ! J'ai perdu mes chaussures.

Encore... Quand au reste, pas d'explication, et puis si la mariée est pas encore habillé, ben pas de chance pour elle.
_________________
Anaon

    Quand Elfry parlait de dragon, l'Anaon ne s'attendait certainement pas à ce qu'elle lui en montre réellement un. Les doigts emmêlés dans un entrelacs de mèches châtains, l'Anaon s'arrête un instant pour se tourner avec étonnement vers le lézard posé sur l'épaule de la petite rouquine. Le nez s'approche de la bête avec un réel intérêt, l'examinant très sérieusement, en prenant soin de ne pas trop embarquer la tête d'Elendra avec elle. Si la bestiole avait été plus grosse, la balafrée aurait très certainement admis qu'il pouvait bel et bien s'agir d'un authentique dragon. Bien ancrée dans son temps, la païenne était une superstitieuse endurcie. Pour elle, Tarasque, galipotes et garaches ne sont pas que des légendes comptées pour effrayer les enfants. Avec une taille aussi réduite et un brin de bon sens, l'Anaon doute qu'il puisse s'agir d'une créature légendaire. Pour elle, il tient plus du lézard que du réel dragon. Néanmoins, il faut bien l'avouer que le squameux l'impressionne pour n'avoir jamais été vu auparavant.

    _ Et bien... Voilà une arme originale et bien cachée ! Enchantée Sieur Grougal.

    L'aînée fixe avec attention les petits yeux reptiliens.

    _ Je serai ravie de faire connaissance avec vous une fois la coiffure de la mariée terminée... Si vous me promettez de ne pas me croquer un doigt. Ils pourraient encore me servir...

    Oui, la mercenaire parle à un lézard. Mais les dragons ne sont-ils pas censés être les êtres les plus sages et les plus intelligents du monde vivant et onirique ? Faisant mine de guetter une réaction du squameux, l'Anaon se redresse avant de regarder à nouveau Elfry et d'acquiescer doucement. Toucher la bête par curiosité, elle veut bien, mais elle aimerait réellement éviter qu'il lui emboque un doigt, même si sa mâchoire ne semble pas bien grosse.

    Laissant ensuite les jeunes filles à leur conversation, l'aînée s'efface et s'applique a discipliner les cheveux d'Acomiens, non sans jeter de temps à autre quelques petits regards vers l'intriguant lézard. Un macaron de fait, la balafrée coud avec minutie une crépine tressée et perlée sur un côté du crâne de la future mariée avant d'attaquer le second.

    _ Vous êtes bientôt prête ! Plus que ce côté-ci et...

    Jouez des hautbois, résonnez musettes ! Un claquement de porte éclate, sonnant l'arrivée d'un cortège bien singulier. La mercenaire fait volte face dans un sursaut, pour voir son cabot débarquer avec une... armadas de poussins ? Statufiée. La brune affiche une mine hébétée durant un... certain temps... avant de réagir soudainement.

    _ Nyam ! Ta robe !

    La mercenaire lâche tout pour se précipiter sur sa protégée. Le chien n'attend pas pour se lancer vers sa mère, excité de recevoir sa satisfaction pour seule et absolue récompense de son obéissance. L'accueil dévoué est pourtant ignoré. Les bottes se frayent un passage en tentant de n'assassiner aucune boule jaune d'un malencontreux coup de pied. Les deux mains se plaquent sur les joues de porcelaine. Azur à azur pour s'assurer qu'elle va bien. Un regard se pose sur les pieds nus puis sur la robe devant laquelle elle s'agenouille.

    _Oh Nyam où es-tu allé encore...

    L'Anaon est passablement attristée oui, mais au vu de la fragilité de l'adolescente, elle aurait bien du mal à pouvoir lui en vouloir. Les mains frottent pour tenter de dissiper la poussière, aider par la langue d'un canidé qui couine contre ses doigts pour quémander un signe d'affection pour avoir obéi et ramené Nyam. La balafrée empoigne doucement le nez du bâtard pour lui embrasser le dessus de la mâchoire. Satisfait, Fenrir s'en va porter son attention sur les poussins paniqués qui tapent un marathon autour de leurs pieds.

    _ Nyam, je te l'ai déjà dit plusieurs fois : Tu dois rester près de Maman, toujours. Tu te souviens ?

    Un regard doux et empli de conviction se pose sur la mine angélique dans la Frêle. Et de se relever, pour embrasser le crâne blanc et... Et le regard bloque.

    Derrière la stature gracile, une silhouette moins freluquette se tient droite devant ses rétines. Latence. Un homme.

    La mariée !

    Sursaut cardiaque. Brusquement la mercenaire passe derrière Nyam, se braquant dans l'embrasure de la porte, les paumes plantées au chambranle, tentant de faire écran de son corps pour voiler ce qu'il se passe dans la pièce.

    _ Qui êtes...

    Vous... Les azurites se sont heurtées au jade et au cobalt. Les mots restent fracassés face au regard improbable de l'inconnu qui lui fait face. Un instant béate, dans une froideur toute Anaonesque. La contenance se reprend pourtant bien vite à l'idée qu'il était AVEC Nyam, et la sicaire sort les crocs avec plus de rudesse qu'elle ne l'aurait voulu.

    _ Que faites-vous là ?

_________________

- Anaon à dire et à lire "Anaonne" -
See the RP information <<   <   1, 2, 3   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)