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[RP ouvert] Pour qui sonne le glas...

Jehan_le_blond

Couché sur le ventre, ce sont les griffes te lacérant l'épaule qui t'ont réveillé.
Mado... J't'ai dit qu'j'étais pas intéressé... Fous-moi la paix.... T'auras pas une sole...
Même au réveil, la grosse maquerelle, n'a vraiment rien d'attrayant. S'imaginer embourber dans les replis graisseux et crasseux de cette fausse rousse (encore une !), c'est tout bonnement à vous donner envie de faire curé. Alors, lorsque "Mado" s'est mise à roucouler à ton oreille, s'en débarrasser d'un mouvement de bras te fit battre le vide.
P'tain, c'est quoi...
Un pigeon. Rien qu'un pigeon. Décevant ? Non. Echapper à Mado, c'était plutôt bien. Mais bon, un pigeon au réveil, ça n'a rien d'un réveil passionnant non plus.

Citation:
A messire Jehan de la Malvile
Avocat du dragon et de la famille MacFadyen


P'tain, le jour où les MacFadyen auront besoin d'un avocat, y'a peu de chances que ce soit toi, hein. Elle est mignonne, la procureure.

Blablabla... un ton obséquieux d'une femme qui n'a jamais su vraiment prendre le dessus... des informations qui n'en sont pas, dignes de la maréchaussée. Si jamais le pigeon avait été gratouillé l'épaule d'un autre, en effet... Sourire sur la dernière phrase.



Citation:
Veuillez croire, messire Jehan de la Malvile, en mes sentiments respectueux


Parler de la Malville, repaire des brigands, pouilleux et putains les plus insalubres de tout le comté, dans la même phrase que "sentiments respectueux", c'est qu'elle se fout de ta tronche, la procureure. Ou bien qu'elle est innocente comme pas deux. Ou bien qu'elle ne connait pas le quartier. Ton sourire s'élargit encore. Si Soren a lui aussi reçu les "sentiments respectueux" de la gamine, y'a des chances qu'elle ne soit plus si innocente en fait. Surtout que les sentiments respectueux de celle-là, ça doit être autre chose que ceux de la grosse Mado.

Tu te lèves et tu passes la tête par l'entrebaillement de la porte.


Deux soles à qui m'amène un cruchon d'eau... froide... et propre !!!

D'ici une heure, tu seras récuré derrière les oreilles, prêt à aller présenter tes hommages à la charmante procureure... Si tu arrives d'ici là, à ne pas croiser la Mado.
Sybille
Sybille rongeait son frein depuis un moment.... Ni tenant plus, elle ouvrit la porte à grande volée et cria dans le couloir :

Que l'on m'amène fissa le prisonnier zéro*, Poissac !


Puis elle referma la porte après s'être assurée qu'elle avait été bien entendue.

(*réf. à doctor Who, je n'ai pas pu résister)
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Poissac, incarné par Soren
Il s'en était écoulé du temps depuis qu'on l'avait jeté dans cette cellule. Il pouvait d'ailleurs se mesurer à la longueur du poil de barbe du garde de la maréchaussée...ou encore au développement de son odeur corporelle. Sans doute d'ailleurs que les remugles des lieux d'aisance n'aidait pas non plus pour ce dernier point.

Dans une cellule, il n'y avait rien à faire une fois qu'on en avait fait le tour. Rien à faire excepté cogiter. C'est ce qu'il avait fait. Une question lui taraudait l'esprit. Toujours la même : pourquoi Sybille l'avait-elle fait jeter dans cette cellule alors qu'il avait eu son accord pour obtenir l'immunité dans toute cette affaire? Il avait échafaudé milles théories. Mille fois, il les avait mis à terre : trahison de la part de Sybille, Solveig qui lui aurait parlé et qui aurait réussi à retourner la situation en sa faveur, le juge ou n'importe quel homme de loi qui aurait prévenu Sybille de l'illégalité de cette démarche... La seule qui tenait à peu près debout, c'était que la procureure voulait sauver les apparences : l'arrêter, l'interroger, puis le relâcher. Cela le mettrait ainsi à l'abri des soupçons et, quoi que dise Solveig, cela montrerait qu'il ne fut l'objet d'aucun traitement de faveur. Oui, ça devait pour être ça! Solveig était une femme perfide! S'attaquer à elle, c'était comme vouloir négocier avec un leu quand on est un simple mouton! A un moment ou à un autre, quoi qu'il arrive, l'envie lui prendra de vous croquer. Quoi qu'il arrive!

Un jour, dans la cellule d'à côté, il crut entendre une discussion. La première voix était féminine et semblait avoir un accent étranger. La seconde était manifestement plus virile. Un instant, il crut reconnaître la voix de Solveig. Etait-ce son imagination ou ses paroles avaient tout de même reçu un accueil favorable auprès de la procureure? L'avait-elle fait arrêter? Si lui était en prison, il eut été étonnant que Solveig soit en liberté... Enfin....Selon lui. Les voix se fondirent dans les bruits de fond de la prison et Poissac n'y prêta plus attention. De toute façon, avec l'épaisseur des murs, il n'avait aucune chance d'entendre quoi que ce soit!

Le bruit d'une clé qui tournait dans la serrure de sa cellule le surprit dans un état de semi torpeur. Il sommeillait. La lumière qui entra soudainement dans la pièce lui fit fermer les yeux.


- Poissac! Tu viens avec moi.

L'homme avait une voix de molosse, vous savez, ce genre de chien pas très futé qui ne sait qu'aboyer et montrer sa force. Il sentait tout aussi mauvais que le garde de la maréchaussée mais son uniforme était plus propre et sa barbe moins longue.

- Et si jamais tu causes l'moindre problème, j'te jure qu'tu vas l'regretter.

Les deux hommes déambulèrent dans des couloirs, remontèrent des escaliers, traversèrent des portes grinçantes, pour finir par se retrouver au rez-de-chaussée de la prison. Dans la salle commune baignée par un soleil froid mais radieux d'hiver périgourdin, on lui enfila des fers aux pieds et aux mains. On lui mit un mantel sur le dos et on le conduisit sous bonne escorte à travers les rues de Périgueux jusqu'aux bureaux de la procureure. Poissac poussa un soupir de soulagement en reconnaissant Sybille. Enfin, tout ce cauchemar allait prendre fin. Il avait vu plusieurs fois le maréchal fixer le regard de son interlocuteur pour tenter de prendre le dessus. Après tout, si ça fonctionnait avec le danois, pourquoi cela ne fonctionnerait-il pas avec lui?

- Ben l'bonjour m'dame la procureure! L'enquête est terminée? J'peux rentrer chez moi? Vous allez p't'être trouver ça amusant, mais j'ai cru qu'vous aviez r'pris vot'parole! Alors dites-moi, est-ce qu'la blonde est passée aux aveux? Il est prévu pour quand son procès? Et l'exécution aura lieu d'suite? Est-ce que c'te la dame Margaux qu'a su vous convaincre ou vous avez utilisé c'qui était dissimulé dans la maison du comte à Bergerac?

Vous allez me dire qu'il n'est pas très malin le père Poissac, n'est-ce pas? Tendant les bras vers la procureure, il ajouta

- Dites... Vous pouvez m'retirer ces fers?
Sybille
Sybille hésita. La lettre qu'elle avait reçu de Poissac l'avait mise mal à l'aise, elle n'aurait su dire pourquoi, ce qui l'avait poussé à le coffrer lui aussi. Enfin, cela lui permettait de couvrir ses arrières...

L'attente de Poissac ne dura que deux secondes, la jeune femme fit un signe au garde et l'on détacha les mains de l'ancien maréchal.


Asseyez vous. Il est grand temps pour vous de vous expliquer et d'être très convaincant.

Elle se dirigea et se pencha à la fenêtre, elle avait espéré que son message était parvenu jusqu'à Sarlat... vers Jehan le dragon...
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Poissac, incarné par Soren
Les fers retirés, le garde de la maréchaussée se sentit tout de suite plus à l'aise. Il ne les avait pas porté très longtemps mais ceux-ci avait été fixés serrés et leurs marques étaient encore visibles sur sa peau tannée par le soleil. Il en est ainsi de tous les gardes et tous les maréchaux qui passent une bonne partie de la journée dehors, été comme hiver.

L'homme joua un instant avec les fers puis les déposa sur le bureau de la procureure. Il prit place dans le fauteuil et s'étira en écoutant les paroles de son interlocutrice, totalement décontracté, mais Il faillit presque s'étouffer en l'entendant tellement elles le surprirent.


- M'expliquer? Et' convaincant? Boudiou! Mais j'vous ai dit où qu'vous d'viez chercher pour trouver des preuves cont' la scandinave! Vous l'avez fait au moins? la Margaux? La maison du comte ? Là, vous trouv'rez c'que vous voulez. Sinon, vous pouvez aussi chercher du côté d'la mère Crouzy et d'celles qui publient l'contalesque! Dites... Vous croyez qu'elles se sont procurées où toutes les informations qu'elles sont écrites ? Hum? D'où pensez-vous qu'sortent toutes ces histoires? Qui pouvait avoir connaissance d'toutes ces affaires? Même la raison du meurtre est évidente! Alors, il vous faut quoi d'plus pour lancer l'procès? Hum?

Une petite cloche venait de sonner dans l'esprit de Poissac, un peu comme celles que l'on sonne quand le feu dévore une partie du village. L'homme se redressa brusquement et toisa la procureure de toute sa hauteur. Son attitude détendue avait disparue, le masque de l'inquiétude s'était emparé de son visage.

- Dites... Vous l'avez bien arrêtée la scandinave hein? Et vous n'lui avez point dit qu'j'vous avions écrit une lett' ? C'est que j'veux pas finir ma vie aussi raide qu'le danois moi! Si elle sait qu'j'ai parlé, elle va chercher à m'faire passer d'vie à trépas!

Et une autre cloche sonna dans sa caboche, bien plus grave encore...

- Hum... J'osions espérer qu'vous z'êtes point assez tordue pour avoir fomenté un coup pareil hein? Tendre un piège à la blonde en m'donnant en pâture? Attendre qu'elle décide d'm'empoisonner et d'la prendre sur l'fait? J'veux point jouer les chèvres moé! J'suis point un appât! On avait passé un accord vous et moi! J'vous donnais la blonde et vous m'laissiez tranquille avec c't'affaire dont j'veux plus entend' parler! J'ai t'nu ma part du marché! A vous d'faire le reste : l'envoyer s'faire pendre au bout d'une corde! C'te tout c'qu'elle mérite! Crever comme une chienne qu'elle est! Débrouillez-vous! Et si avec toutes les preuves qu'j'vous donne ça n'suffit pas, j'peux vous en inventer autant qu'vous voulez! L'important, c'est qu'elle crève! Vous m'entendez?!?!??! Qu'elle crève! D'toute façon, l'juge, c't'un d'vos proche au conseil? Alors glissez-lui en donc un mot..ou plutôt trois : Faut qu'elle meure!

Ça, pour l'avoir énerver, elle l'avait énerver le Poissac! Et la pauvre procureure avait déjà en pâtir quand une muée de postillons fétides quittèrent la région buccale du garde pour venir se déposer un peu partout aux alentours.
Jehan_le_blond


Tout doux, mon gars. Ce ne sont pas des manières...

Ce furent les premiers mots qui te vinrent lorsque tu passas la porte de la procureure. Les effluves du savon à la girofle qui avait accompagné tes ablutions te mettaient d'excellente humeur et peu importe ce qui se passerait, là, maintenant dans ce bureau. Tu avais décidé d'être d'humeur badine.

Mes hommages, attornat. Je vous trouve radieuse, ce matin.

Une courte révérence en direction de la magistrate, tandis que tu te départissais de ton couvre-chef et replace les mèches blondes et folles, encore humides pour certaines. Quelle délicieuse odeur que cette girofle. Elle te confèrait une assurance dont tu ne te serais pas cru capable au réveil.

Alors vers l'homme.

Votre discours me parait fort décousu mon brave. En ce qui me concerne j'aimerais que l'un de vous m'explique qui vous êtes, et la raison de votre présence... et de votre crasse... icelieu.

Des mots posés, pas un brin d'accent sarladais. La classe, quoi. Elargir le sourire, ralentir les gestes pour les rendre plus fluides.

Pourrais-je vous mander un verre de vin, attornat ? Pour moi, et pour ce brave homme... afin qu'il puisse se débarrasser par là d'où il faut des mauvaises humeurs qu'il n'a pu retenir.

Puis les réflexes de l'avocat reprirent le dessus.

Pour ma part, je suis mestre Jehan de la Malville, avocat du Dragon... et à ce titre, mon brave, je vous demande de vous contenter de répondre aux questions précises de la dona procureure... et à rien d'autre tant que la lumière sur votre présence ici n'a pas été faite. Vous m'avez compris ?
Sybille
Sybille sursauta à l'arrivée de Jehan de la Malville, ne sachant si elle était heureuse de sa venue ou plus tendue que de coutume, les deux sans doute. De son mouchoir, elle essuya discrètement les postillons du maréchal et répondit à l'avocat.

Voici, Poissac.

Elle lança un regard noir au maréchal libéré de ses fers, préférant se concentrer sur celui-ci que sur les manières de Jehan qui la mettaient toujours mal à l'aise. Radieuse... radieuse... à d'autre.

Il est là pour me fournir les preuves contre dame Solveig. Je ne sais si ces arguments sont valides ou s'ils sont le fruit de son imagination, de sa haine...

Se dirigeant vers la commode, elle prit un flacon de pineau des Charentes, en versa trois verres, elle en tendit un à Jehan et but une rasade de l'autre, le troisième verre resta sur la commode à narguer Poissac.

Prenons par exemple "celles qui publient le comtalesque" comme vous dites, ce torchon...
Aucune vérité la dedans, uniquement des rumeurs. Leur source ? Elles écoutent ce qui se murmure sur les marchés.


Avec un petit rire moqueur, elle poursuivit

Elles osent même insinuer que Seurn et moi... enfin, vous voyez ce que je veux dire. Alors sachant ce qu'il en est, je ne peux prendre au sérieux un tel torchon. Donc si vos informations sont du même acabit...

Elle secoua la tête.

Vous demandiez de fouiller les appartements du comte... et de son ancienne épouse. Cette demande est irrecevable. Dois je vous rappeler que le juge et le procureur sont des membres du conseil comtal ?

Un sourire carnassier se dessina sur ses lèvres l'espace d'un instant.

Quoique une révocation ne me fasse pas peur.
Je veux que vous témoignez de tout ce que vous savez ici et maintenant, en la présence de messire Jehan de la Malville.
Pour commencer, avez vous vu Solveig accomplir le geste conduisant Seurn à la mort ? Ou est-ce un faisceau de présomptions ?

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Jehan_le_blond


Hmm... Attornat... Me permettez-vous de vous parler un instant dans le couloir ?

Chaque phrase que prononçait la magistrate le plongeait dans le désarroi le plus complet quant à sa capacité de monter un dossier contre quiconque, et notamment contre une roulure comme Solveig, pour le peu qu'il en eut aperçu.

Et ce, avant même que... Poissac... ne vous réponde ? J'ai des éléments à vous confier sous le sceau du secret.
Poissac, incarné par Soren
L'entrée de l'efféminé à l'odeur de cannelle interrompit le discours emporté de Poissac qui le dévisagea instantanément. La colère fit place à la surprise,la surprise à la suspicion. Qui était-il et que venait-il faire dans ce bureau, dans une affaire qui ne concernait que lui et Sybille? Le pire, c'est qu'il avait l'impression que cette intrusion était tout sauf fortuite. Et ça, ça venait le chercher jusque dans ses entrailles. Le verre de vin eut cependant raison d'une partie de cette méfiance. Oui. Un verre de vin. Qui plus est un verre... Même pas un simple godet de bois, un vulgaire godet comme on en trouve dans toutes les tavernes du comté! Non! Un verre! Un objet de luxe pour Poissac!

- Du vin?!?!? Mazette! C'te point d'refus! Surtout qu'dans les prisons comtales, c'te pas vraiment l'genre d'faveur qu'on vous fait hein!

Le discours décousu? Il n'avait pas vraiment compris ce que ça voulait dire. Pour lui, des braies pouvaient être décousus. Une chemise aussi... Les bas, eux, étaient percés. Mais le discours...Sa présentation lui fit presque avaler son vin de travers. Avocat?!?!?! Du Dragon?!?!?! Mais pourquoi un avocat? Sybille avait-elle l'intention de l'accuser de quelque chose? L'homme était-il venu pour l'assister dans sa défense comme le requérait la procédure dans le comté? Il n'y connaissait pas grand chose dans la justice Poissac. Mais à la maréchaussée, on leur avait assez rabâché les oreilles avec le fait que chaque accusé devait avoir le droit à se faire défendre par un avocat sous peine de voir le procès cassé en cours d'appel...

Les paroles de Sybille le rassurèrent. En partie. Oui, il était bien là pour lui fournir des preuves contre Solveig! Et s'il le fallait, les preuves, il allait les inventer! Tout avait été trop loin désormais : Solveig, lui, ses accusations contre la blonde. Il ne pouvait désormais plus faire marche arrière. S'il n'arrivait pas à la faire condamner à mort, c'est lui qui irait rejoindre le septième ciel! Et pas dans le lit d'une donzelle cette fois! Il comprit vite cependant que la procureure serait difficile à convaincre. Elle ne voulait pas aller voir celles qui publiaient le contalesque. Et pourtant... Toutes ces insinuations étaient dirigés. Tout cela faisait partie d'un plan. Quels auraient été les motifs de la mère Crouzy d'agir ainsi? Enfin...pour lui, c'était évident. Lui, il savait. Alors forcément, dans sa petite tête, Poissac se disait que si lui il comprenait, n'importe qui devait comprendre...Même ceux qui n'avaient pas eu la place privilégiée qui fut la sienne pendant toutes ces dernières semaines.

Sybille refusait également les investigations chez le comte. Poissac se dit que décidément, il y avait encore du chemin à faire avant de voir Solveig se balancer au bout d'une corde. Et pourtant, pour le comte...à moins que quelqu'un l'ait trouvé, il était sur de son coup! Tellement sur parce que c'est lui qui s'était exécuté... Mais ça, il ne pouvait en parler tant qu'il ne serait pas sur que la procureure tiendrait sa parole et ne porterait aucune accusation contre lui. Et la présence du Dragon ici n'était pas pour le rassurer. Il allait prendre la parole pour répondre aux questions du blond efféminé qui sentait la cannelle et de la proc lorsque celui-ci demanda audience privée à Sybille. Qu'est-ce que cela voulait dire?!?!? S'il était son avocat, pourquoi parler loin de ses esgourdes? Décidément, cette affaire paraissait bien compliquée pour le garde de la maréchaussée!
Sybille
Sybille acquiesça. Elle lui montra une porte qui ouvrait sur un petit cabinet attenant.
Un coup d'oeil jeté dans la pièce qu'ils venaient de quitter pour s'assurer que Poissac était plus intéressé par le vin que par leur conciliabule.


Messire, je me sens coincée par le poids politique de cette affaire...

Son regard montré à cet instant tout son désarroi, mais elle reprit vite son aplomb.

Je ne veux par un vice de procédure faire rater cette affaire.
Je vous écoute...

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Jehan_le_blond


Ne jouez pas à ça avec moi, attornat.

La fragilité qui avait émané de sa première phrase avait déjà disparu dans la seconde bien que la réalité soit toujours horriblement la même. Aussi fallait-il provoquer chez la jeune femme un choc suffisant pour qu'elle réagisse enfin et rapidement.
Écoute-moi bien, Sybille d'Angoulême. Et oui, tu vois : moi aussi je me suis renseigné sur toi. T'es conseillère comtale mais t'sais pas utiliser un titre ni même une formule de politesse. T'perds ton sang froid et tu dis des abernaud'ries dès qu't'es paumée. T'en fais aussi. T'es qu'une fille du peup' qui s'retrouve dans la cour des grands, et moi chuis qu'un pauv' couillon né à la Maleville, alors j'te parle là comme on cause dans not' monde, sans les préchi-préchas.

Ton vice de forme, ma toute douce, tu l'as d'ja. T'as fait mettre aux fers un homme qui doit d'servir de témoin à charge. Et me mens pas en m'disant l'contraire. J'ai vu les marques sur ses poignets. Maintenant si ça s'sait, le premier avocat qui passe, même moi et surtout moi, va d'coller sur l'dos d'avoir torturé c'témoin pour avoir la version qui t'conv'nait. Ton Poissac, t'es bonne pour y faire des excuses et, si j'ai bien tout compris, puis qu'il est mar'chal, y verser une solde de garde pour chaque nuit au cachot... Tsss...

Ensuite, t'es pas là pour y raconter ta vie, ma mignonne, mais pour recueillir son témoignage. L'émanation de la vérité qu'ca s'appelle. Alors tu lui poses des questions précises sur ce qu'il sait : qui, quoi, quand, comment, où. Pourquoi éventuellement. Rien que ça et rien d'autres. Tu lui parles pas d'la maison du comte. N'oublies pas que chuis avocat et qu'là, pour l'instant, chuis vraiment plus dans l'idée d'aider Poissac que ton joli minois. Concentre-toi, bordel! Des faits, des faits, des faits.

Pis pour c'qu'y est des jeux d'con avec Soren, que ce soit la première et la dernière fois que j't'entende en causer. Entre la réputation d'queutard du frangin et celle d'une p'tite loupiote comme toi, jamais personne croira ta version. Alors hât'toi de jamais jamais évoqué c'sujet au risque d'alimenter la rumeur. D'ja avant qu'il arrive t'étais seule avec poissac dans ton bureau. Maint'nant tu t'enfermes avec moi ici au lieu d'aller dans l'couloir où y avait des gardes pour t'chaperonner. A ton avis, le poissac, la derrière, depuis combien d'temps y pense que j'ai les mains sous tes jupes?


Un dernier geste pour le panache et aussi pour la faire sortir de sa torpeur : plaquant les mains sur le mur de part et d'autre de son visage, tu te baisses doucement pour cueillir ses lèvres l'espace d'une seconde.
T'vois, Sybille d'Angoulême, s'pour te dire que oui, j'y mettrais bien les mains sous ta jupe, et j'crois volontiers qu'Soren aurait pu y mett' les siennes, vu qu'on avait les mêmes goûts en matière de donzelle. Mais j'm'arreterais là pour ma part passque contrairement à Soren, j'sais m'tenir.

Tu t'écartes d'elle et rajustant ton col et ton gilet.

Allons, maintenant, attornat, que vous avez une bonne raison de me détester au point de ne voir en moi que celui qui saura mettre à jour toutes les failles de vos actions, je sais que nous allons retourner dans votre bureau pour vous y trouver concentrée sur les faits, les faits, les faits. Rappelez-vous : vous questionnez, il parle. Pas le contraire.
Poissac, incarné par Soren
Y en a t_il plus dans un godet ou dans un verre? La question était posée et Poissac n'arrivait pas à y répondre. Parce que le verre, c'est bien beau, mais s'il contenait moins de vin que le godet. L'homme reposa le verre sur le bureau et se mit à faire les cent pas dans la pièce: si la vérité, la pure vérité, ne suffisait pas, il lui faudrait inventer le petit complément pour obtenir ce qu'il voulait. Assis sur le rebord de la fenêtre, le regard plongé sur les fesses rebondies des donzelles qui passaient dans la rue, l'homme se perdit dans ses pensées. La situation lui paraissait ironique. Pendant tous ces derniers mois, il avait travaillé avec un homme qui cherchait la vérité pour se faire une conviction. La forme, les détails, il les trouvait superflu. Poissac se rappelait encore la violence dont il fit preuve lorsqu'il interrogea ce témoin dans l'affaire Alise de Warenghien. Certes, le témoin était un pourri mais nul doute que Sybille et tous les hommes de loi l'aurait arrêté en lui disant qu'il avait des droits... et ne l'aurait pas interrogé aussi bestialement. Le blond lui avait une autre façon de faire. Un peu plus expéditive...Mais l'ironie du sort c'était que le blond était mort, que lui Poissac, il était dans ce bureau pour faire condamner son assassin et que visiblement la procureure refusait de l'écouter... pour des histoires de procédures, de vices de formes ou d'autres considérations qu'il ne comprenait guère dans les détails. Elle avait balayé du revers de la main toutes ses preuves. Comme quoi, la vérité ne sert pas toujours sa propre cause. L'ennui avec Poissac voyez-vous, c'est qu'il manquait singulièrement de réparti, de jugement, d'éducation et d'imagination. Ça n'était pas pour rien qu'il était toujours resté simple garde, occupé à ouvrir des portes et à courir dans les rues après les délinquants quand certains maréchaux, gras comme des cochons pour certains, se pavanaient en taverne. L'homme renifla un grand coup et s'essuya le nez sur le revers de sa chemise.

- Hiver, maudit sois-tu! Qu'le Sans-Nom t'emporte!

Il détestait l'hiver. L'hiver, il ne pouvait même plus apprécier les courbes des dames sous les épaisses couches de vêtements. L'hiver, il devait se les geler sur les remparts, marcher dans des flaques d'eau ou sur des plaques de glace. L'hiver, il avait les mains gelées, la peau qui se couvrait de plaques sèches. L'hiver, la morve l'empêchait de gouter à la saveur du vin! L'hiver, c'était la saison de la mort. Et c'était justement pour ça qu'il restait dans la maréchaussée du comté. Parce qu'ici au moins, il ne risquait pas de mourir de faim ou de froid. L'hiver... Fallait bien être danois pour aimer ça tiens! N'empêche, ça n'est pas ça qui l'avait sauvé de la mort le blond maréchal! Et le prochain qui serait sur la liste s'il ne faisait pas condamner la blonde, ce serait lui...Poissac! Avant même Kris de Castillon! Et Dieu sait combien la scandinave haïssait Kris pour le simple fait d'avoir cherché à la destituer! Dommage qu'elle n'ait point eu le temps de passer à l'action tiens! Peut-être que là la procureure aurait enfin cru sa version des faits. Avec deux morts sur les bras, on est peut-être plus enclin à croire les Poissac de ce monde, qui sait? De toute façon, il ne dirait plus rien. Non! Pas tant qu'il n'aurait pas la certitude qu'il ne serait pas inquiété par la justice comtale. C'était un jeu de dupes qu'il s'apprêtait à jouer là, un jeu dont il n'avait même pas conscience, un jeu où il risquait la prison...ou la mort.
Sybille
Les joues encore rouges, le visage fermé, un pli sur le front, elle entra dans la pièce où elle trouva Poissac faisant les 100 pas. Songeant à tout ce qu'avez dit Jehan le blond, elle choisit.

Maréchal Poissac, toutes mes excuses.

Elle jeta un rapide coup d'oeil à l'avocat.

Vous êtes ici en tant que témoin dans cette affaire. Si j'ai demandé à Plumenoire de vous jeter en prison, ce n'était que pour mieux vous protéger des soupçons que dame Solveig pouvait avoir... Veuillez pardonner l'excès de zèle des gardiens.

Elle se rassit derrière le bureau, d'un geste désigna deux sièges confortable pour les deux hommes.

Reprenons voulez vous... Encore un peu de vin ?

Elle évita d'en boire elle-même pour garder les idées claires. Elle n'osait regarder de nouveau l'avocat mais elle sentait son regard. Concentre-toi, il a dit. Concentre-toi. Voyons reprenons les faits... Les faits.

Etiez-vous présent au moment du meurtre de Seurn ? Dans cette taverne ?

Avez-vous vu dame Solveig verser un poison ?

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Poissac, incarné par Soren
La porte grinça, le garde reporta son attention vers les "revenants". Il me fallait pas être bien futé pour comprendre que quelque chose d'important s'était passé dehors. Il remarqua aussitôt les joues rosies de la procureure. Les stigmates de la contrariété déformaient son visage. Que s'étaient-ils donc dit? Était-ce de bon ou de mauvaise augure pour lui? Le garde fut aussitôt sur la défensive.

- Les soupçons d'la scandinave? Pour être ben franc avec vous, ça m'étonn'rait point qu'elle s'doute d'celui qu'est responsable d'son arrestation! Vous savez, y'en a 36 des personnes qui peuvent l'envoyer en prison...

Sa dernière phrase se termina dans le vide comme si quelque détail venait de heurter un soupçon d'intelligence qui trainait par là on ne savait pourquoi.

- ... Parce que vous l'avez ben mis en prison n'est-ce pas? Elle n'est point en liberté hein?!?!?! Parce que faudrait pas la sous-estimer la scandinave! Elle est pervers! Elle est perfide! Et surtout...Elle est dangereuse! Elle n'hésit'rait point à s'débarrasser d'tout ceusses qui voudraient s'mettre en travers d'sa route. J'espère que vous comprenez ben tous les risques que j'avions pris d'la dénoncer pour qu'la vérité triomphe hein?

Enfin...La vérité peut-être...mais aussi sa sauvegarde personnelle! Oui, Solveig était allée trop loin pour Poissac. Beaucoup trop loin. De deux maux, il devait choisir le moindre, et c'est ce qu'il avait fait, même si cela comprenait des risques.

- Du vin? C'te pas d'refus! Y doit pas v'nir d'Bergerac c'tui là! Ni d'Castillon d'ailleurs! Y's dit que l'vin d'Castillon a perdu d'sa qualité ces derniers temps. J'parie qu'vous vous l'êtes procuré à Bordeaux c'tui là, j'me trompe?

Il n'avait rien d'un oenologue averti Poissac! Il était à peine capable de discerner un bon cru d'une vulgaire piquette coupée à l'eau. Mais il était ici en belle compagnie et il avait besoin de montrer que lui aussi n'était pas qu'un gueux qui n'avait aucune éducation. Il lui fallait montrer sa valeur...même si de vous à moi, admettons-le, il n'était pas très doué pour ça.

Les questions de Sybille étaient précises. Elle voulait entrer dans le vif? C'était le moment de mettre les points sur les I.


- Écoutez proc! Si vous m'demandez si j'étais présent au moment du meurtre du blondinet, si vous voulez savoir si j'avions vu l'aut' folle verser l'poison dans son verre... C'est qu'vous êtes ben ben loin d'la vérité! Alors, croyez-moi, pour comprendre c'qui s'est passé, vous allez bougrement avoir b'soin d'moi! Ouais! J'peux éclairer vot'lanterne sur l'sujet! ...Mais j'veux un salaire! J'pourrions vouloir une belle somme d'argent pour ça! C'te pas avec mon salaire d'garde d'misère qu'j'suis capab' d'vivre avec beaucoup d'luxe...même si j'reconnais qu'en comparaison d'un paysan, j'avions pas à m'plaindre! Non...C'que j'veux moi, c'te r'trouver ma vie tranquille! Pouvoir m'saouler avec mes amis quand j'en ai envie, r'luquer dans l'décolleté des serveuses quand elles ont une poitrine opulente, et m'empiffrer d'temps à aut'. Pour ça, j'veux pouvoir garder mon travail à la maréchaussée. J'vous d'mande même pas une faveur pour m'faire passer maréchal! Tout c'que j'vous d'mande, c'te d'me laisser tranquille avec c't'affaire une fois qu'l'aut folle s'balanc'ra au bout d'une corde! Comprenez? J'veux qu'vous t'niez parole! Promettez-moi que quoi que j'dise, j'n'aurai point d'ennuis avec la justice du comté! Signez d'vot'sang...

Pendant toute la conversation, il avait les bras tendus, les mains appuyés sur le bureau de Sybille, le torse penché vers l'avant pour mieux dominer du regard la proc. Il détourna ses yeux et cracha par terre.

... ou crachez comme un gars pour donner vot' accord! Vot'parole! Pas d'ennuis et j'vous dis tout! Vous aurez d'quoi condamner c'te catin! J'vous l'garantis!
Sybille
Un léger sourire se dessina sur les lèvres de la procureur.

Rassurez vous, dame Solveig est bien en prison et oui je ne reviens sur ce que je vous ai dit. Vous êtes témoin à charge dans cette affaire et vous pouvez tout à fait vaquer à vos occupations. Je peux m'assurer que les jours d'emprisonnement vous soient compensés.

Asseyez vous je vous prie.

Alors revenons à notre affaire.

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