Solveig.olofsdotter
- Laissez-moi sortir d'ici! C'est une saleté de complot ourdie par le comte Elio! Il a déjà fait assassiné dame Keyfeya! Et maintenant il veut se débarrasser de moi parce que je m'oppose à ses politiques.
Cette partie des geôles comtales était calme. Enfin... d'habitude, et surtout avant que l'on y avait emménagé Solveig Olofsdotter. Vous savez, les cellules, c'est comme les hôtels : il y en a pour toutes les bourses, avec différents niveaux de confort. Et vue la qualité de celle où l'on avait mis la blonde scandinave, nul doute qu'elle paierait le prix fort à sa sortie! Dans un coin de la pièce, une petite table grossière avait été placée. Les autorités comtales avaient eu la grande classe de mettre à sa disposition vélin, plume et encre. Depuis son arrestation, elle fulminait. Qu'espérait-on? Qu'elle passe aux aveux? Qu'elle fasse elle-même son acte d'accusation? Il ne manquerait plus qu'ils aient également fourni une pelle pour qu'elle creuse elle-même sa tombe! Le mur en face d'elle était creusé par une petite lucarne qui donnait dans la rue. Non. Elle n'était pas à la prison principale, celle d'où on ressort rarement, celle où grouille la vermine tant humaine qu'animale, celle où la seule fois que l'on voit le jour, c'est au petit matin lorsqu'on vous amène au gibet!
Elle avait fait mille fois le tout de la pièce.Pourquoi? Pourquoi se trouvaient-ils ici? Qu'est-ce qui avait causé sa disgrace? La mort de Søren? L'enquête piétinait. Elle n'en entendait parler nulle part : ni au conseil, ni à la maréchaussée, ni même dans les rues ou sur la place du marché. Rien! Alors pourquoi diantre ce beau gosse blond lui avait-il jeté en pleine face la mort de Søren? Ça n'avait tout simplement pas de sens. Non.... Le seul sens qu'elle y avait, c'était le complot politique pour se débarrasser de l'opposition, la seule opposition. Elle! Oui, elle, elle constituait le seul grain qui faisait réfléchir cette institution qui se faisait pompeusement appeler "conseil comtal". Tous les autres sommeillaient. Ils écoutaient naïvement le premier qui avait le courage de prendre la parole, hochait la tête, et se rendormait jusqu'à ce qu'un autre fasse de nouveau un cauchemar. Et le cycle recommençait. Elle les haissait! Tous! Pour leur aveuglement. Pour leur inaction qui faisait si mal au comté. Alors qu'elle au moins aurait essayé de changer les choses. Eux, ils sont abattus. Ils sont chez ces chiens, la queue basse, les oreilles pendantes, qui vous regardent avec un air de chat battu en vous disant par leur regard : mais qu'est-ce que je peux y faire? Je fais ce que je peux. J'ai rehaussé de 10 sous le prix du pain à la foire comtale! Elle s'accrocha à la grille à l'entrée de la cellule et la secoua avec vigueur.
- Laissez-moi sortir d'ici! Vous n'avez pas le droit de me laisser enfermer ici! C'est une parodie de justice!
Le maelstrom s'apaisa. Son corps glissa le long du métal froid. Elle s'affala au pied de la grille. Le froid du sol se propagea immédiatement dans tout son corps au travers de sa carcasse, jusque dans le moindre de ses petits os. Et comme souvent, c'est lorsque la tempête s'apaise dans l'esprit que la réflexion et le bon sens retrouvent leur place. Il avait agi sous la force des sentiments et cela n'avait rien donné. La rigueur des scientifiques devait maintenant reprendre sa place dans l'esprit de Solveig. Poissac... Il fallait qu'elle parle à Poissac! Aux dernières nouvelles il était encore libre. Il pouvait l'aider, la renseigner, amasser des preuves. Et puis, il lui fallait un avocat. Oui. Un bon avocat! De ceux qui pourraient écraser toute l'ignominie dont elle était la cible!
Citation:
- De Solveig Olofsdotter, ex-porte-parole comtale du Périgord-Angoumois
A celui ou celle qui peut m'aider
Sieur, dame,
Comme mon nom vous l'indique peut-être, je ne suis pas originaire du Périgord-Angoumois. J'y vais depuis plus d'un an. Récemment, j'ai intégré le conseil comtal et depuis ce temps, je suis victime de persécution de la part du comte local qui est totalement réfractaire à toute idée ne sortant de pas de sa bouche. Autant dire qu'il est réfractaire à tout car il n'y a strictement aucune idée qui sort de sa bouche, l'homme n'ayant strictement aucune opinion politique, c'est une gestionnaire de second ordre. L'apogée de cette persécution à eu lieu il y a quelques jours, lorsque la maréchaussée a procédé à mon arrestation. Le motif invoqué est tout simplement farfelue. Ils prétendent que j'ai assassiné l'homme que j'ai servi avec dévouement pendant plus d'un an. D'ailleurs, personne n'a pour l'instant été en mesure de m'expliquer pourquoi j'aurais été amené à me débarrasser de celui qui payait mon salaire.
J'ai besoin d'aide. La justice en Périgord est expéditive. D'ailleurs, le conseil, qui ne sait gérer que des indicateurs, a sans doute à coeur de me condamner pour me montrer combien sa justice est efficace. Ici, vous êtes sur une liste de brigands non vérifiée? Vous êtes déjà coupable de la mort d'Oane! Alors imaginez un peu quand vous parlez avec un léger accent nordique...
Je tiens à vous le signaler immédiatement, je n'ai pas vraiment de fortune à moi pour payer votre intervention. Je ne suis malheureusement pas brigande pour avoir accès à une belle fortune et je n'ai jamais eu accès aux caisses comtales ou municipales pour me servir dedans. Par contre, si un avocat accepte de m'aider à me sortir de ce traquenard, je pourrais me mettre à son service pour l'assister dans ses activités professionnelles le temps qu'il le faudra pour rembourser mon du. Une Olfosdotter paie toujours ses dettes.
J'ai hâte de voir l'un des vôtres à mes côtés. Je crains pour ma vie.
Solveig Olofsdotter.