Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Le scandinaviangate

Solveig.olofsdotter


- Laissez-moi sortir d'ici! C'est une saleté de complot ourdie par le comte Elio! Il a déjà fait assassiné dame Keyfeya! Et maintenant il veut se débarrasser de moi parce que je m'oppose à ses politiques.

Cette partie des geôles comtales était calme. Enfin... d'habitude, et surtout avant que l'on y avait emménagé Solveig Olofsdotter. Vous savez, les cellules, c'est comme les hôtels : il y en a pour toutes les bourses, avec différents niveaux de confort. Et vue la qualité de celle où l'on avait mis la blonde scandinave, nul doute qu'elle paierait le prix fort à sa sortie! Dans un coin de la pièce, une petite table grossière avait été placée. Les autorités comtales avaient eu la grande classe de mettre à sa disposition vélin, plume et encre. Depuis son arrestation, elle fulminait. Qu'espérait-on? Qu'elle passe aux aveux? Qu'elle fasse elle-même son acte d'accusation? Il ne manquerait plus qu'ils aient également fourni une pelle pour qu'elle creuse elle-même sa tombe! Le mur en face d'elle était creusé par une petite lucarne qui donnait dans la rue. Non. Elle n'était pas à la prison principale, celle d'où on ressort rarement, celle où grouille la vermine tant humaine qu'animale, celle où la seule fois que l'on voit le jour, c'est au petit matin lorsqu'on vous amène au gibet!


Elle avait fait mille fois le tout de la pièce.Pourquoi? Pourquoi se trouvaient-ils ici? Qu'est-ce qui avait causé sa disgrace? La mort de Søren? L'enquête piétinait. Elle n'en entendait parler nulle part : ni au conseil, ni à la maréchaussée, ni même dans les rues ou sur la place du marché. Rien! Alors pourquoi diantre ce beau gosse blond lui avait-il jeté en pleine face la mort de Søren? Ça n'avait tout simplement pas de sens. Non.... Le seul sens qu'elle y avait, c'était le complot politique pour se débarrasser de l'opposition, la seule opposition. Elle! Oui, elle, elle constituait le seul grain qui faisait réfléchir cette institution qui se faisait pompeusement appeler "conseil comtal". Tous les autres sommeillaient. Ils écoutaient naïvement le premier qui avait le courage de prendre la parole, hochait la tête, et se rendormait jusqu'à ce qu'un autre fasse de nouveau un cauchemar. Et le cycle recommençait. Elle les haissait! Tous! Pour leur aveuglement. Pour leur inaction qui faisait si mal au comté. Alors qu'elle au moins aurait essayé de changer les choses. Eux, ils sont abattus. Ils sont chez ces chiens, la queue basse, les oreilles pendantes, qui vous regardent avec un air de chat battu en vous disant par leur regard : mais qu'est-ce que je peux y faire? Je fais ce que je peux. J'ai rehaussé de 10 sous le prix du pain à la foire comtale! Elle s'accrocha à la grille à l'entrée de la cellule et la secoua avec vigueur.


- Laissez-moi sortir d'ici! Vous n'avez pas le droit de me laisser enfermer ici! C'est une parodie de justice!

Le maelstrom s'apaisa. Son corps glissa le long du métal froid. Elle s'affala au pied de la grille. Le froid du sol se propagea immédiatement dans tout son corps au travers de sa carcasse, jusque dans le moindre de ses petits os. Et comme souvent, c'est lorsque la tempête s'apaise dans l'esprit que la réflexion et le bon sens retrouvent leur place. Il avait agi sous la force des sentiments et cela n'avait rien donné. La rigueur des scientifiques devait maintenant reprendre sa place dans l'esprit de Solveig. Poissac... Il fallait qu'elle parle à Poissac! Aux dernières nouvelles il était encore libre. Il pouvait l'aider, la renseigner, amasser des preuves. Et puis, il lui fallait un avocat. Oui. Un bon avocat! De ceux qui pourraient écraser toute l'ignominie dont elle était la cible!

Citation:
    De Solveig Olofsdotter, ex-porte-parole comtale du Périgord-Angoumois
    A celui ou celle qui peut m'aider

    Sieur, dame,

    Comme mon nom vous l'indique peut-être, je ne suis pas originaire du Périgord-Angoumois. J'y vais depuis plus d'un an. Récemment, j'ai intégré le conseil comtal et depuis ce temps, je suis victime de persécution de la part du comte local qui est totalement réfractaire à toute idée ne sortant de pas de sa bouche. Autant dire qu'il est réfractaire à tout car il n'y a strictement aucune idée qui sort de sa bouche, l'homme n'ayant strictement aucune opinion politique, c'est une gestionnaire de second ordre. L'apogée de cette persécution à eu lieu il y a quelques jours, lorsque la maréchaussée a procédé à mon arrestation. Le motif invoqué est tout simplement farfelue. Ils prétendent que j'ai assassiné l'homme que j'ai servi avec dévouement pendant plus d'un an. D'ailleurs, personne n'a pour l'instant été en mesure de m'expliquer pourquoi j'aurais été amené à me débarrasser de celui qui payait mon salaire.

    J'ai besoin d'aide. La justice en Périgord est expéditive. D'ailleurs, le conseil, qui ne sait gérer que des indicateurs, a sans doute à coeur de me condamner pour me montrer combien sa justice est efficace. Ici, vous êtes sur une liste de brigands non vérifiée? Vous êtes déjà coupable de la mort d'Oane! Alors imaginez un peu quand vous parlez avec un léger accent nordique...

    Je tiens à vous le signaler immédiatement, je n'ai pas vraiment de fortune à moi pour payer votre intervention. Je ne suis malheureusement pas brigande pour avoir accès à une belle fortune et je n'ai jamais eu accès aux caisses comtales ou municipales pour me servir dedans. Par contre, si un avocat accepte de m'aider à me sortir de ce traquenard, je pourrais me mettre à son service pour l'assister dans ses activités professionnelles le temps qu'il le faudra pour rembourser mon du. Une Olfosdotter paie toujours ses dettes.

    J'ai hâte de voir l'un des vôtres à mes côtés. Je crains pour ma vie.

    Solveig Olofsdotter.

Ludwig_von_b.
"Il arrive parfois que le hasard prenne l'apparence d'un avocat"




Un vautour porteur de pli, aux geôles se rendit...


Citation:

A vous Solveig Olofsdotter, ex-porte-parole comtale du Périgord-Angoumois.
De nous Ludwig d'Acheron, bonimenteur, menteur : avocat à ses heures.


Ne sachant point si vous estes couillu ou mamelue,
nous dirons donc de façon convenue :

Cher futur client,

j'ai eu vent de vostre appel,
vostre cas pour le moins m' interpelle.
j'allai en soudard rejoindre l'ost d'un Prince,
mais puis, si besoin, jouer le bavard en vostre province.

Faire rendre justice n’est point toujours facile,
et votre confiance nous sera plus qu’utile.
J'ai besoin de tout connaistre,
faites moi belle lestre sans rien omettre.
Je puis vous le promestre,
Les magistrats sueront en leur lit de justice.

Nul argent pour mes appointements,
il y a moult manière à retourner service,
si de leurs griffes je vous extirpe sans cicatrices.


Impatient de lire vostre assentiment,
recevez cher client,
l'expression de mon plus sincère dévouement.


+ Ludwig d'Archeron +
Maiwen_


    [Hôtel Volpone, Paris, plusieurs jours plus tôt]


Le jeune avocat était affalé à la bibliothèque. Les yeux plongés sur un parchemin, il tâchait de déchiffrer le manuscrit d'un vieux moine et de comprendre les subtilités pour lui abracadabrantes du droit romain. Comme une province si grande et si puissante avait-elle pu être régie par de vulgaires codex de droit écrit ? Tout ceci le fascinait, l'intriguait. Cela faisait plusieurs heures qu'il était assis à cet endroit, bien à l'abri du froid, aux alentours d'une cheminée dégageant en quasi-permanence une douce chaleur ; être avocat comportait ses avantages. D'ailleurs, peut-être même qu'il avait passé la nuit ici. Quelle importance ? Quoi qu'il en soit, il ne voyait pas le temps passer, toute à la lecture de l'ouvrage. Le froid décourageait les visiteurs ; cela faisait plusieurs jours qu'aucune demande n'était venue troubler la douceur des lieux. Tout était calme, du calme que caractérisait l'hiver et un règne doux. Malgré tout, aucun calme n'est fait pour durer ; chaque instant paisible n'est voué à rien d'autre qu'une inéluctable fin. Cette fois, le fait concerné prit la forme d'un garde : « Une lettre pour vous, maître. » Maïwen leva les yeux vers le garde, qui lui tendait un parchemin qui n'était même pas scellé. Un client. Ce n'est pas trop tôt, il commençait à s'ennuyer, ici. Le confort de l'hôtel, certes, le ravissait. Cependant, il n'était pas fait pour rester planté ici tout l'hiver ; il lui fallait bouger, réfléchir, plaider ; accessoirement, aider. Il ne chercha pas à savoir si ses collèges avaient été informés du pli. De toute façon, ils ne réagissaient jamais aux demandes. Lui se fichait pas mal des affaires qu'il prenait, les trouvant toutes intéressantes. Peu lui importait, d'aider quelqu'un pour une histoire de miche de pain volée. S'il était utile en le faisant, cela le ravissait. Il n'était pas aimable, ni souriant, ni quoi que ce soit dans le genre, mais il se sentait à sa place au beau milieu d'un tribunal, avec tous les yeux posés sur lui, alors qu'il exerçait ce qu'il imaginait être son don d'orateur. Il cligna des yeux, sortant un peu de ses pensées. Le droit romain attendra. Claquant son livre, et le posant délicatement sur la table située devant lui, il se saisit du parchemin : « Merci. » Le garde s'inclina légèrement, puis s'éloigna. Quant à lui, ses yeux parcoururent les quelques lignes, surpris par le contenu. Une affaire de meurtre ? Misère. C'était sur lui que ça tombait. Au final, il était ravi ; cette fois, cela relevait d'une importance toute autre que celle à laquelle il était habitué. Il lui fallait partir ; direction, le Périgord. Maïwen se leva rapidement, et se dirigea vers sa chambre. Visiblement, l'affaire était urgente, il ne pouvait pas se permettre de mettre plusieurs jours pour préparer son départ ainsi qu'il l'aurait préféré. Il se contenta de revêtir des habits adaptés à la chevauchée - de chevaux - puis il parti, laissant un message sur le bureau. Quelqu'un se chargerait bien de le transmettre au concerné.

Citation:
De nous, Maïwen, avocat du dragon
à toi, Anatole, fidèle commis

Nous partons pour le Périgord, pour une affaire de la plus autre importance. Nous prendrons une chambre dans l'auberge la plus luxueuse de la capitale - il faut bien qu'être riche ai ses utilités. Quoi qu'il en soit, nous aurons besoin de vêtements et d'argent. Je te fais confiance pour cela.

Fais attention.


Se saisissant d'une bourse contenant quelques centaines d'écus lui permettant de survivre le temps que le reste de ses affaires arrivent, ainsi que de sa plaque d'avocat qui lui ouvrirait en grand les portes de la plupart des auberges, il prit la direction des écuries. Moins d'une heure plus tard, il galopait à vive allure, en direction du sud, sentant le vent siffler dans ses oreilles. Il adorait monter - les chevaux. Il se sentait libre. Intouchable.

    [Plusieurs jours plus tard, à Périgueux]


Le voyage s'était passé, fort heureusement, sans encombre. Les brigands avaient décidé, pour une fois, de le laisser en paix. Cela l'arrangeait. Dans quelques temps, il aurait peut-être la mort de quelqu'un sur la conscience. Mieux valait donc le laisser en paix. En face d'une glace, il tachait de se raser à l'aide d'une lame on pouvait difficilement plus aiguisée. Il n'avait guère pris le temps de soigner son apparence ; de fait, il portait donc une barbe de plusieurs jours. Plus tôt, il était allé louer des vêtements ; il ne pouvait tout de même pas se présenter aux geôles habillé comme un vagabond, on ne le laisserait même pas approcher et il finirait en prison ; il préférait, étrangement, éviter.

Il revêtit ensuite les vêtements sus-cités, alliant élégance à simplicité : Un mantel d'un noir immaculé, chemises et braies de la même couleur, et un col rouge. Il avait toutefois gardé ses bottes de cavalier, peu lui importait.

Il se dirigea ensuite vers les geôles comtales. Quelques gardes firent mine de lui bloquer le passage, mais la seule vue de sa plaque les dissuada. Il leur adressa alors la parole :
« Je cherche une certaine Solveig Olofsdotter. » Bien entendu, son accent était déplorable, et il dut répéter plusieurs fois avant de se faire comprendre. Finalement, il réussi à se faire comprendre, et un des gardes lui répondit : « Ah, la tueuse. C'par là-bas. » Il lui désigna une direction. Maïwen remercia, et s'y dirigea. Dans une des geôles était située une blonde, à l'allure nordique. C'était elle, à n'en pas douter. Bien droit, Maïwen se planta en face d'elle, et riva ses yeux dans les siens.

« Solveig Olofsdotter, je présume. »

Bien entendu, encore une fois, sa prononciation fut exécrable.
Solveig.olofsdotter


Chaque jour, on venait lui apporter sa pitance : une sorte de mélange d'eau avec des céréales broyées. Souvent, il y avait d'ailleurs plus d'eau que de céréales là-dedans. Si l'hôtel était plutôt pas mal pour sa catégorie, le cuisinier lui devait manque d'expérience ou pire : de talent! Solveig avait tenté de corrompre un de ses gardes d'un sourire enjôleur et d'une moue sensuelle pour obtenir un peu de pain et de lait. Il faut croire cependant que celui-là préférait largement le charme à la française et ne dégustait guère de sa variante nordique. Ce matin-là, à la place de la platée pour cochons, c'est une lettre qu'on lui amena. Sa lecture lui fit pousser un ouf de soulagement. Un avocat acceptait de la défendre. Et journée de chance, un morceau de pain accompagnait la missive. Ses charmes avaient-elles finies par faire leur office?

Assis à la table, il prit connaissance de la lettre. Le ton était pour le moins surprenant. Plus encore, l'homme ne réclamait aucun salaire. Dans un sens, cela satisfaisait la condition actuelle de la blonde. Dans un autre, elle avait toujours entendu que les avocats étaient des personnes qui aimaient l'argent et qui se faisait rétribuer cher. Nul argent, service à retourner, besoin de tout connaître. Voilà des mots qui rimaient avec danger dans l'esprit de la scandinave. Mais elle discernait dans les tournures de phrases une grande classe. A défaut d'être l'archétype même que Solveig se faisait de l'avocat, celui-ci était de talents littéraires indéniables et d'un bel esprit. Et puis, de toute façon, elle n'avait pas le choix. Il fallait qu'elle se défende. Lorsque la justice du Périgord-Angoumois sait qu'un avocat est dans les parages, elle évite tant que faire se peut les débordements. Il suffisait qu'elle fasse savoir à ses geôliers qu'elle avait mis son affaire entre les mains d'un homme de loi pour que l'information remonte la hiérarchie carcérale, et de là au procureur. Non, elle ne risquait plus d'être maltraitée, à moins d'un excès de folie de la part du comte. Elle avait un peu fréquentée le monde de la justice quand elle avait assistée Søren lors de son mandat de procureur. Elle n'avait jamais été totalement à l'aise dans ce monde où le moindre mot compte, où un mauvais synonyme employé pouvait faire déraper tout un procès. Etait-ce ses appréhensions ou celles de Søren qui transparaissaient au travers d'elle. Le blond l'avait dit : il détestait cette justice où l'on juge un être humain non pas sur ses gestes mais sur sa qualité d'orateur ou de celle de son avocat. Il disait qu'on se foutait du fond, que seule les formes comptait. Le contenu pouvait être pourri pour peu que le contenant soit beau, c'était tout ce qui importait. Aujourd'hui, elle espérait qu'il avait eu raison. Un beau contenant, voilà ce que son avocat devait faire ressortir au procès.


Citation:
    De Solveig Olofsdotter
    A Maître Ludwig d'Archeron

    Cher Maître,

    Car vous êtes bien Maïtre n'est-ce pas? Et point seulement à vos heures perdues? Je n'ai point besoin d'un avocat qui fasse son expérience sur mon cas. Celui-ci est assez compliqué qu'il requiert une grande expérience et un doigté hors pair dans le domaine de la justice.

    Sachez tout d'abord Maître qu'ici mon prénom se prononce Soulveille. Il est d'origine scandinave. Les mauvaises langues disent qu'il signifie "La querelle dans la maison". Les personnes avisées lui donne un sens plus avisée : "La maitresse de maison". Vous l'aurez compris, je ne suis point "couillue" comme vous le dites. Je ne prétendrais pas être "mamelue". Par comparaison à certaines françoyses que j'ai rencontré ici, je ferais plutôt office de garçon d'écurie de ce côté-là.

    Avant de vous décrire ce qu'il en est de mon affaire, je tiens cependant à mettre un les choses au clair. Je crois qu'un homme, qu'il soit avocat ou non, est beaucoup plus motivé dans son travail quand il a conscience de ce qu'il peut gagner à faire de la belle ouvrage. Je vous l'ai dit, je ne suis point couverte d'or du soir au matin. Je ne suis point noble non plus et ne peut prendre mon bain dans mes écus comme certains fieffés, fut-ils coquin ou pas. Je n'aime pas payer par un service que je ne connais pas à l'avance. Aussi, je vous propose le marché suivant. Nous obtenons des dédommagements de la part du comté du Périgord-Angoumois pour m'avoir fait perdre mon poste de conseillère comtale, pour m'avoir trainé dans la boue et injustement envoyé en prison. Vous en toucherez 50 écus pour 100 écus de récupérés. J'aurais le reste, en plus de recouvrer ma liberté. Ce salaire sera t-il suffisant pour extirper de vous le meilleur que vous puissiez donner? Si oui, écoutez bien mon histoire...

    Je suis arrivé en Périgord-Angoumois il y a plus d'un an. Je cherchais de quoi subsister lorsque le procureur de l'époque, Søren MacFadyen Eriksen, a croisé par hasard mon chemin. Nous étions unis par une langue commune. Il venait comme moi de ces royaumes du nord de l'Europe. Il m'a pris sous son aile et m'a offert un travail d'assistante à la procure du comté. Durant les mois qui ont suivi, je l'ai assisté dans toutes ses tâches : de la procure à la prévôté. De la prévoté au porte-parolat comtal, puis à la chancellerie et enfin à la mairie de Bergerac où Søren m' a nommé au poste de porte-parole municipal. L'homme a toujours été bon avec moi. Je lui dois beaucoup. Grâce à lui, j'ai pu me nourrir, développer mes connaissances, me faire une vie dans le comté, même des amis... et aussi des ennemis. Søren avait une compagne, la dame du Chesne, qui ne m'a jamais porté dans son cœur. Peut-être avait-elle peur que je lui vole son amant? Après tout, j'étais blonde comme elle et j'avais le même accent que Søren. Quand à elle, il fallait remonter à Rollon pour trouver des traces nordiques dans son sang. Quoi qu'il en soit, Søren ne m'a jamais fait d'avance. Je n'ai jamais tenté de le séduire. Nos relations étaient purement professionnelles.

    Vers le début du mois de Septembre, Søren a eu un accident : il s'est retrouvée dans une maison en feu. Pourquoi? J'en ai une petite idée. Søren faisait parfois des crises noires. Il entrait dans une sorte de transe violente. Il ne se contrôlait plus. Dans ces situations, il n'était plus qu'un homme animé par une rage. Seul ce sentiment existait en lui dans ces moments-là. Parfois, cela dégénérait en besoin de meurtre. Et ce soir-là, je me demande s'il n'était pas dans un pareil état dans cette maison en feu. Il y a un témoin à tout cela : un bucheron de Sarlat du nom de Edouardo. Lui sait tout. De cette maison, il en est ressorti totalement défiguré et paralysé des jambes. Au début, il a bien pris la chose. Il pensait guérir totalement de ses blessures. Avec le temps, son moral a décliné. Plus le temps passait et plus il doutait. Ses idées devenaient de plus en plus noires. Il fallait que je lui remonte le moral sans cesse, que je l'encourage à endurer son mal. Il a reçu des visites de médecins renommés payés par sa maitresse. Cela n'a rien donné. Un soir, il m'a parlé de s'ôter la vie. Il voulait savoir si je l'aiderais dans cette tâche. Et puis, il a oublié. Les choses sont revenues à la normale. Un soir, Poissac m'appelle. Childéric, son porteur attitré, avait amené Søren aux bureaux de la maréchaussée de Bergerac. Søren avait comme manqué d'air en taverne. Ses lèvres étaient bleues. Ses traits tirés. Son teint blafard comme si tout son sang avait quitté son visage. Poissac a constaté le décès de Søren.

    Le problème voyez-vous. C'est que Søren était candidat à l'élection comtale. Son état instable dans les semaines passées l'avait amené à prendre quelques précautions. Il a rédigé ses dernières volontés. Il m'a aussi déclaré comme sa remplaçante dans le cas où il était nommé conseiller comtal.

    Après la mort de Søren, les résultats de l'élection comtale sont tombés : Søren était bel et bien élu. J'ai respecté ses volontés. Je suis rentré au conseil comtal. Je me suis même présentée à l’élection pour la couronne comtale. Cela n'a pas plut à celui qui fut élu : Elio de Messina. La comtesse sortante, Keyfeya, s'était aussi présentée à sa propre succession. Quelques jours plus tard, on apprenait son décès. Au conseil comtal, je sentais bien qu'Elio ne m'aimait pas. Il n'a jamais accepté que je me mette entre lui et la couronne comtale. Il m'a nommé au poste de porte-parole car en Périgord-Angoumois, c'est l'endroit où l'on met les conseillers en disgrâce. Ces abrutis pensent qu'un porte-parole ne sert à rien d'autre qu'à gérer quelque fête, pique-nique et autre joyeuseté de ce genre. Vous voyez? Personne ne comprend quelque chose à la communication comtale, et Elio moins que les autres. Au conseil, il a fait sentir son opposition à chacune de mes prises de paroles. J'ai essayé de faire vivre ce conseil, de faire comprendre aux conseillers qu'il fallait qu'on ait une politique, qu'un conseil est pas qu'une bande de haut fonctionnaire qui gère le comté. Personne dans ce conseil n'avait de vision, personne ne sait où il veut mener le compter. Ça fait des indicateurs, ça ne sait pas gérer les priorités, et quand un problème complexe survient ou préfère dire qu'on a déjà essayé de le régler et que ça n'a rien donner. Donc, on l'oublie. Bref, tout ça pour vous dire qu'Elio ne m'aime pas. D'ailleurs, vous pourrez aisément remarquer qu'il m'a évincer dans les diffusions de toutes les communications comtales. C'est son propre bureau qui se chargeait de toute la communication : nomination, décret sur les impôts et autres. Il a toujours cherché à me diminuer et voyant qu'il n'y arrivait pas et que j'avais une grande capacité de résilience, il a utilisé une autre façon de procéder. Après que j'eus essayer de réveiller l'endormissement du comté, après que j'eus essayé de monter un parti d'opposition pour qu'enfin la confrontation politique se fasse et les idées sortent, il a cherché à m'éliminer. Un jour, il a envoyé la maréchaussée dans mon bureau pour m'accuser du meurtre de celui que je servais : Søren MacFadyen Eriksen. Il m'a jeté en prison, attendant sans doute un procès truqué. De toute façon, n'est-ce pas le comte qui nomme le procureur et le juge? Quand le comte est parti prenante dans la justice, comment peut-on espérer un procès équitable n'est-ce pas?

    Voilà, vous savez tout...ou tout au moins beaucoup de choses. J'ai hâte de vous voir. J'aimerais votre présence à mes côtés lorsque le procureur ne manquera pas de m'interroger.

    Avec respects,

    Solveig Olofsdotter.



La réponse ne tarda pas. Quelques jours plus tard, le présumé avocat se présenta en personne devant la blonde. Un fol espoir l'envahit. S'il était là, c'est qu'il avait accepté l'affaire malgré sa complexité, malgré les implications politiques, malgré le fait qu'il allait falloir affronter les autorités comtales du Périgord-Angoumois, et sans doute au plus haute niveau!

Solveig se jeta aux pieds de sa visite, lui prenant la main et la couvrant de baisers.


- Oh Maître! Merci d'avoir accepté! J'ai douté, je reconnais. Je ne pensais pas que vous seriez intéressée par mon cas. Ma lettre vous a donc convaincu que l'affaire n'était pas perdue d'avance? Je pensais que vous auriez hésité quand je vous ai conté les détails de l'affaire. Avez-vous pu questionner Edouardo ou venez-vous d'arriver en Périgord-Angoumois?

Ceci dit, il n'avait toujours pas compris comment on prononçait son prénom! Écrit en françois, ça aurait pourtant du être clair non?
Maiwen_


Le jeune avocat dévisageait calmement son éventuelle cliente, sans exprimer aucun sentiment particulier. Il était habitué à garder affiché sur son visage une impassibilité parfaite qui dissimulait avec exactitude tout ce qu'il pouvait éventuellement ressentir. Pour lui, il s’agissait là de la meilleure des armes, plus affûtée qu'une épée, plus tranchante qu'une hache, plus vive qu'une flèche. Un garde vint faire jouer ses clés, pour lui permettre d'entrer dans la cellule, et, sans un mot, il y pénétra d'un pas tranquille. Sans qu'il ne s'y attende, la blonde se jeta à ses pieds, provoquant chez l'averroïste un froncement de sourcils. Qu'est-ce qui lui prenait ? Comme si cela ne lui suffisait pas, elle se saisit maladroitement de sa main - au passage gantée - pour la couvrir de baiser. Misère, sur quelle espèce était-il encore tombé, lui qui avait le chic pour tomber coup sur coup sur imbéciles, bornés, ainsi que nombre d'autres boulets.

Quoi qu'il en soit, il se dégagea sans ménagement, et rétabli une distance correcte entre lui et elle. Il ne comprit pas un mot de ce qu'elle lui racontait. La lettre ne l'avait pas convaincu de quoi que ce soit, il était venu pour tenter d'aider, voilà tout. Tout logiquement, il ne comprenait pas. Malgré tout, il ne disposait pas d'assez d'éléments pour pouvoir imaginer qu'il était prit pour la mauvaise personne. Il n'avait pourtant véritablement pas une tête de poète, du moins l'espérait-il.

Maïwen observait donc l'accusée, d'un air un petit peu surpris, et, quoi qu'il en soit, désabusé. De quels détails parlait-elle ? Qui était cet Edouardo ? Diable s'il y comprenait goutte. Peut-être un bout de la lettre s'était perdue en route. Quoi qu'il en soit, la question qu'il se contenta de poser, qui, au final, laissait apparaître toute son incompréhension, fut en totale concordance avec son état d'esprit.

Une fois une distance qu'il imaginait saine rétablie entre eux deux, il demanda donc :


« Aucune affaire n'est perdue d'avance. Comment savez-vous que je suis avocat ? »

Certes, elle avait envoyé une missive à Paris, direction les Dragons, cependant, il était surpris qu'elle ai réussi ainsi à deviner, alors même qu'il ne s'était pas présenté, qu'il était avocat. Il pourrait être n'importe qui. Il avait, donc, certainement, raté un épisode. Peut-être qu'il y avait un morceau de lettre qu'il n'avait pas lu. Peut-être qu'il avait, inexplicablement, été annoncé par on ne sait qui. Quoi qu'il en soit, comme au début de chacune des affaires qu'il ai jamais eu à traiter, il n'y comprenait strictement rien ; la chose ne l'inquiétait pas du tout.
Ludwig_von_b.
"Servir un Prince est pire que de dormir avec un loup"



Une lestre à son Mentor.

    Citation:
    A vous Chevalier Prince de Clichy.
    De nous vostre Némésis.


    Une affaire nous retient en Périgord,
    il nous faut jouer les Picadors.
    A vostre billet je réponds que oui je serai vostre Matamore.
    Par l'Ichor et la Claymore,
    unissons à nouveau nos destinées,
    pour l'éternité.

    Vostre dévoué,

    Ludwig Von B...




Un busard plus tard...

Un billet, une réponse, on va sur l'heure visiter l'engeolée.

ô surprise, on l'a précédé !
Tudieu, nous sommes deux.
Une paire de bavards sur la même scène,
cela fleure la mauvaise pièce.
C'est dit je serai Capitaine.
Nulle goût pour la tragédie,
au Dragon il laisse la drôlesse
et se congédie.


Une taverne, un godet du pinard,
on oublie le Prétoire,
on prépare sa lardoire.
Il est mort le poète... vive la gloire.



    Citation:

    A vous Chevalier Prince de Clichy.
    De nous Ludwig d'Acheron.


    Altesse,

    Mon fer et mon sang sont vostre.
    J'arrive.

    Ludwig.
Solveig.olofsdotter


Elle fut surprise de son geste de recul tout autant que de sa question. Elle le regarda de haut, des points d'interrogation pouvant se lire dans ses mirettes. Dans un froissement de tissu, elle se releva et lui tourna le dos, faisant quelques pas vers le fond de la cellule.... Aucune affaire n'est perdue d'avance... Comment savez-vous que je suis avocat? Ces deux bouts de phrases sonnaient de manière discordante dans son esprit. S'était-il mépris sur ses gestes?

- Je... Eh bien... Maître d'Archeron, je... Enfin... Je ne voulais pas vous offenser. Je voulais simplement vous témoigner ma gratitude pour avoir acceptée de me défendre contre le pouvoir en place. Vous savez, cette histoire a des ramifications au plus haut du comté, jusqu'au trône! Je ne voulais pas vous importuner. Vous savez, je ne suis peut-être pas de noble naissance, mais je ne suis pas non plus de ce genre de fille qui doit vivre en se laissant tâter les fesses ou en vendant ses charmes pour quelques écus. Je... Enfin... Vous me comprenez n'est-ce pas?

Elle se retourna, esquissa un petit sourire, les joues presque rosies en imaginant ce qu'il avait bien pu penser de son geste, esquissa un pas en sa direction puis se retint au dernier moment.

- Maître, l'homme qu'on m'accuse d'avoir tué, Seurn, est un meurtrier, un fou! Comme je vous l'ai dit, il a voulu tuer un certain Edouardo, bucheron à Sarlat. Je ne sais pourquoi mais l'homme n'a jamais porté plainte pour tentative de meurtre. Il faut qu'il témoigne de ce qui s'est passé. Rien que dans le Périgord, il devait bien y avoir une dizaine de personnes qui aurait voulu le tuer! Et cela sans compter ceux qui ont quitté le comté comme Aymeric de Mistra. Même sa mère aurait pu le tuer! Seurn a jeté le blâme sur les MacFadyen en épousant hors de l'église une incroyante! Il a dédit sa mère en plein conseil comtal, ce qui a amené celle-ci à le renier. Son ex-épouse lui en veut à mort pour l'avoir délaissée. Alors pourquoi moi?

Elle prit un moment de silence avant de continuer.

- Il faut aussi que vous questionnez un certain Poissac. C'est un garde de la maréchaussée. Il a souvent travaillé avec Seurn. Son témoignage peut nous aider. Il m'a vu travailler avec Seurn à la procure, à la maréchaussée, à la chancellerie, à la mairie de Bergerac! Il pourra montrer à tous que je n'avais aucune raison d'en vouloir à Seurn.

Nouvelle pause. Elle se dirigea lentement vers le fond de la cellule et perdit son visage dans ses mains.

- Maître, depuis qu'il était paralysé, Seurn avait changé. Il déprimait. Il m'avait parlé de se suicider... Je ne sais ce qui lui est arrivé. Je sais juste qu'il avait beaucoup d'ennemis... et qu'il avait déjà évoqué de mettre fin à ses jours... Maître, je ne l'ai pas tué! Tout ceci ne peut être qu'un complot en vue de se débarrasser de moi! J'étais la seule opposition au comte dans ce comté! Tous les autres conseillers tiennent simplement à leur place. Qu'importe s'il ne brasse pas la vase, tout ce qu'ils veulent, c'est garder leur fonction et attendre tranquillement la prochaine élection! Dans ce comté, le juge et le procureur, nommés par le comte, font toutes ses volontés. J'étais une trouble-fête, une épine dans son pied? Il s'en est débarrassé en m'accusant du premier crime venu!
Maiwen_


Maïwen fronça légèrement les épaules à l'énoncé du nom, qui, assurément, n'était pas le sien ; il serait au courant. Gardant les yeux fixés sur l'accusée, il prit néanmoins sur lui pour ne pas l'interrompre. Il la laissa s'expliquer sur son geste, haussant vaguement des épaules. Lui détestait simplement les contacts physiques, ce n'était pas pour laisser la première venue, accusée de meurtre ou non, embrasser sa main ou plutôt son gant. Arrières-pensées ou non. Aussi, pour toute réponse, il hocha la tête quand elle lui demanda si il la comprenait. Cela n'avait, de toute façon, aucune espèce d'importance dans l'affaire qui allait suivre. Il fut toutefois ravi que l'accusée lui explique les premiers détails de l'affaire, la plupart du temps, il devait poser des dizaines de questions avant de pouvoir assimiler l'affaire.

Yeux rivés sur la blonde, il écoutait attentivement tout ce qu'elle lui disait, en dissimulant ses propres pensées, ses propres réactions. Il se contentait de réfléchir aux paroles de celle qui avait pour lui un nom presque imprononçable. Il prenait des notes, dans sa tête, se fiant à sa mémoire qui ne le trahissait que rarement. Edouardo, Aymeric de Mistra, sa mère, son ex-épouse, Poissac. Il ne laissait aucune piste de côté, tel un enquêteur. Si pour innocenter la prévenue il fallait trouver le véritable assassin, soit ; même si la réponse à sa question pourrait se trouver devant ses yeux.

Au fil des explications, il finit par laisser de côté cette histoire de nom ; il aura mal comprit, elle se sera mal exprimée. Encore une fois, ceci n'avait absolument aucune espèce d'importance. Quelques questions se formèrent néanmoins dans son esprit. Oui, pourquoi elle ? Cela avait forcément une raison, elle devait avoir une raison pour tuer ce type. Sinon, sur quoi se baserait le procureur ? En France la justice n'était pas - souvent - si expéditive. La théorie du complot était belle mais insuffisante. Il prit finalement la parole, parce que de nombreux éléments restaient - à juste titre - sombre pour lui :

« Premièrement, quand et où est-il mort ? Où étiez-vous pendant ce temps ? Ce n'est pas moi qu'il vous faut convaincre de votre innocence »

Ces questions, digne du plus grand des polars qui plus tard seraient télévisés, lui semblaient adéquate à la situation.

« Si je reprend du début, ce Seurn, l'homme qui est mort, a essayé de tuer certaines personnes, comme cet Edouardo ? Puis, il est mort. Qui était-il pour vous ? Aviez-vous la moindre raison, en toute franchise, de vouloir sa mort ? Il faut que l'on sache à quoi s'attendre. Parlez-moi également de sa déprime, de sa paralysie, de son éventuel suicide. »

Il lui semblait contre-indiqué de lui demander de rester calme ; toutefois, lui, il l'était. Il se contentait de poser ses questions comme si elles ne représentaient rien. Il demandait, voilà tout. Finalement, il avait laissé tomber l'histoire du nom, concentré dès à présent dans l'affaire à venir, qui s'annonçait plus compliquée et avec plus d'enjeu que toutes celles qui avaient précédé.
Solveig.olofsdotter


- Seurn MacFadyen Eriksen est mort dans la nuit du 17 au 18 Novembre 1461. Il se trouvait au Taillevent de Bergerac, la taverne municipale gérée par la mairie. Il était accompagné de Childéric, son porteur attitré depuis son accident. Il prenait un godet en compagnie d'une étrangère, une dame nommée Paquita...

Assis dans l'ombre, sans bouger, les mains jointes sur ses genoux, le regard fixant désespérant une mousse brune qui prenait de l'expansion sur le mur de la prison. Elle semblait absente, comme si les questions de l'avocat l'avaient plongé dans le passé. Une enquête, ça remue toujours des souvenirs difficiles, que l'on soit victime, témoin... ou accusée.

- ... La veille Seurn m'avait dit qu'il paraissait que cette dame avait des talents de sorcière. Il avait cru que tout reviendrait dans l'ordre naturellement. Il avait essayé de voir des médecins en espérant que leurs potions sauraient lui faire retrouver ses jambes. Il en était à se fier à des puissances occultes. Il a d'ailleurs toujours été attiré par ce qui ne s'explique pas.

Sa tête tourna lentement pour chercher l'avocat du Dragon, son regard toujours fixe.

- Voyez-vous, je me demande si quelqu'un a déjà pensé à faire rechercher cette dame, à la questionner car après tout, c'est la dernière personne à boire en compagnie de Seurn. Pendant ce temps, moi, j'étais à la Chancellerie. Les jours qui ont précédé sa mort, Seurn sentait que les relations avec le Poitou ne prenaient pas le chemin qu'il désirait. Il m'avait demandé de rédiger une lettre pour l'ambassadrice Malone. Il m'avait demandé d'y mettre des formes, des belles tournures de phrase et de prendre un ton diplomatique. Lui n'aimait pas ce langage enrubanné dont tant d'ambassadeurs s'abreuvaient. Il m'avait dit un soir : " vous savez Solveig, ça ne m'étonne pas que ce royaume passe son temps à se détruire. Les personnes en position de pouvoir mettent trop d'importance dans la forme en négligeant le fond. Ils se comportent comme si le petit peuple n'avait aucune importance car ils n'étaient pas suffisamment éduqués."

La tâche de mousse sur le mur semblait l'attirer plus que l'avocat. Enfin... C'est ce qu'on pouvait croire en voyant Solveig y retourner sitôt l'évocation de Seurn terminée.

- Ce soir-là, Anne-Sophie d'Evrecy est entrée dans la taverne alors que Childéric s'évertuait à ranimer Seurn. Dexeryl, la mairesse de Bergerac est également entrée. Je n'en sais pas plus, je n'étais présent. Ce que je sais, c'est que Childéric a apporté le corps de Seurn au bureau de la maréchaussée à Bergerac. Seurn était maréchal-chef. Poissac fut alors prévenu. Et c'est lui qui m'a rejoint à la chancellerie. J'ai fait la route de suite de Périgueux à Bergerac.

Un souffle lourd souleva sa poitrine menue comme si un poids venait de disparaître, de s'évaporer soudainement.

- Votre question, maître, nécessite une longue réponse. Prenez place sur cette chaise. Je vais rester debout. J'ai besoin de marcher un peu.

Les doigts de sa main gauche torturaient nerveusement ceux de sa main droite. Par petits pas, elle arpentait la cellule. Elle fit silence. Elle cherchait ses mots. Elle voulait éviter la moindre fausse interprétation de la part de celui qui avait la charge de la défendre.

- Tout a commencé par la prise de Sarlat. C'était vers la fin du mois de Mai ou le début de Juin... Je ne sais plus. La ville a été prise par une alliance des Corleone et des MacDouggal. Il faut que vous sachiez que celle qui dirigeait à l'époque le clan MacDouggal était Syuzanna NicDouggal... L'ex-épouse de Seurn. Certains prétendent que la ville fut prise parce que la rousse écossaise désirait se venger de sa rupture avec Seurn. Le soir où la ville fut prise, Seurn quittait le comté pour rejoindre le Rouergue. Il partait avec plusieurs bergeracois en mission commerciale. Lorsqu'il a appris qui contrôlait la ville, il a écourté sa mission pour revenir à Sarlat au plus vite. C'est à partir de ce moment-là que tout a mal tourné. Il a voulu défier le cousin de son ex-épouse. Un duel à mort. L'autre a refusé et ça l'a mis dans une rage noire. La ville n'a jamais pu être reprise par les sarladais. Les Corleone et les MacDouggal l'ont abandonné. Seurn avec quelques volontaires se sont lancés à sa poursuite...
Solveig.olofsdotter


Cette poursuite... Le blond en était entré affecté et il en sortit encore plus mal en point. La blonde Olofsdotter poursuivit son récit.

...Ils ont attrapé une des pilleuses. Ils l'ont enfermé. Seurn voulait l'échanger contre sa rousse d'ex-épouse. Il voulait en avoir le coeur net. Son esprit ne pouvait concevoir que son ex-épouse se rabaisse à faire alliance avec les Corleone pour assouvir une vengeance qui n'avait pas de sens. Enfin... selon lui! Mais de vous à moi, il n'a jamais rien compris aux femmes. Je ne sais exactement ce qui s'est passé avec cette prisonnière. Seurn ne s'est que peu confié à moi lors de cette période. Je sais simplement qu'il avait du mal à faire ce qu'il devait faire... Ce sont ses propres paroles.

Un soir, il a organisé une évasion simulée. Tout ça a viré en catastrophe... Plusieurs morts du côté des sarladais et un maréchal prisonnier des Corleone. Seurn a procédé à l'échange...mais pas à celui qu'il espérait au début... Plumenoire contre la Corleone. Après cette histoire, il n'a plus jamais été le même. Il ne m'a plus jamais parlé de cette affaire.


Son ton était calme, bas. Les paupières de ses yeux restaient obstinément ouverts, sans jamais se fermer. On aurait dit qu'elle lisait un texte... Un texte écrit dans son esprit?

- L'été passa rapidement sans que cette blessure ne se referme chez lui. Chaque jour, il glissait un peu plus vers la grande noirceur... Je ne vous l'ai pas encore dit mais il lui arrivait d'avoir des crises de fureur et de violence aiguë. Elles étaient noire ou rouge dépendamment de la violence avec laquelle elles se déchainaient. Un jour il a du enquêter sur la mort d'une de ses amies : Alise de Warenghien. Poissac, le garde qui travaillait avec lui à la maréchaussée m'a décrit un interrogatoire d'une rare violence. Il semble que Seurn n'ait pas lésiné pour obtenir les informations qu'il désirait. L'enquête piétinait. Il n'arrivait pas à progresser. Ce fut un soir de Septembre où c'est arrivé. Poissac l'a retrouvé inconscient dans une maison de Bergerac en feu. Il en est ressorti le visage défiguré par les flammes, brulé au point que même sa mère aurait eu du mal à le reconnaître si elle avait voulu le voir. Et puis... La poutre qui lui est tombé dessus a aussi paralysé ses jambes. Pour lui qui était si actif, qui avait besoin de bouger sans cesse, ce fut une lourde épreuve... qu'il n'a jamais réussi à passer.

Le flot de parole s'apaisa un instant. Elle tourna la tête vers son avocat, et reprit alors d'une voix toujours aussi confidentielle.

- Edouardo... Si je vous ai donné ce nom, si je pense que vous devriez interroger cette personne... C'est que, si j'en crois Poissac, Seurn aurait voulu le tuer cette nuit-là. Lui...et les enfants dont il avait la charge... et que Poissac aurait retrouvé effrayés dans cette demeure. Je ne sais pourquoi Seurn en voulait à Edouardo, qui est un simple bucheron à Sarlat. Ces enfants... Ce sont ceux d'un membre de sa famille : Enigma MacFadyen. Une personne très proche de Seurn. Une de celle qui n'a jamais rompu avec lui même quand sa mère l'a renié. Enfin... je veux dire quand Brygh Ailean MacFadyen a renié son fils Seurn... Vous savez tout ceci n'a pas vraiment de sens. La seule chose que je peux imaginer, c'est que Seurn était à nouveau dans un crise de violence aiguë... Vous ai-je déjà dit qu'il a failli tuer Enigma MacFadyen il y a de cela quelques années alors qu'il se trouvait en voyage du côté du Berry? Vous ai-je déjà dit qu'il a tué en duel judiciaire la meilleure amie de son épouse quelques jours avant son propre mariage?

Elle soupira lourdement. Elle aurait aimé en finir au plus vite.

- C'est d'ailleurs une de ses amies, Pattricia, qui fut son témoin lors de ce duel. Elle pourrait vous le confirmer sans doute : Seurn était un chien fou. Il pouvait être joyeux, fétard, bon enfant... et l'instant d'après, il pouvait vous menacer de vous tuer sans que vous n'en compreniez pas la raison.

Après son accident, il a d'abord cru que tout reviendrait à la normale, que la nature ferait son oeuvre et qu'il retrouverait rapidement ses traits avenants et l'usage de ses jambes. Le temps passait sans que la guérison ne pointe le bout de son nez. Sa compagne, Anne-Sophie d'Evrecy, a fait appel à des médecins. En vain. Ça n'a rien donné non plus. Et puis, il a commencé à perdre patience. Une fois, il m'a dit qu'il refuserait de vivre dans cet état de dépendance. Il avait trouvé un porteur, Childéric, qui l'amenait là où son travail le nécessitait. J'ai l'impression que Seurn a lourdement mesuré son état de dépendance lorsque Childéric l'a oublié, deux ou trois fois à la taverne où il l'avait amené. Seurn avait du y passer la nuit, en attendant que les brumes alcooliques qui s'étaient emparées de Childéric disparaissent. Et puis il m'a parlé un soir de mettre fin à ses jours... pour me dire le lendemain d'oublier tout ceci, qu'il se sentait désormais mieux.


Son histoire s'achevait enfin... Elle se pinça nerveusement les lèvres entre les dents.

- ... Et ce fut vrai. L'invasion du Périgord-Angoumois par Flex de la Mirandole, que Seurn refusait de nommer par son nom, l'a regaillardi. Vous savez, Flex fut l'un de ses bons amis... avant de devenir son pire ennemi. Il l'exécrait. Le Borgne représentait tout ce qu'il abhorrait. Il le considérait comme un égocentrique qui ne vit que pour sa propre personne. Il disait que même ses amitiés étaient calculées. Vous savez, il l'aurait tué s'il en avait eu l'occasion... Le menace que Flex a fait pesé sur le Périgord-Angoumois a permis à Seurn de retrouver une raison de vivre. Je pense qu'il n'aurait pas détesté être tué dans cette bataille si sa lame avait pu emporter le félon en enfer. Mais quand l'armée de Flex s'est débandée, la lame qui a rompu le moral des assaillants a aussi emporté la volonté de Seurn. Il a de nouveau sombré dans la déprime.

Vous savez, Seurn ne manquait pas d'ennemis qui l'aimerait le voir six pieds sous terre : Flex, Alix du Vivier, Aymeric de Mistra, Tadek, Edouardo, Manu MacDowell, son père adoptif et peut-être même sa mère Brygh MacFadyen! Il est de notoriété publique qu'il ne s'entendait jamais avec son beau-père Arthanagor Urquhart. Jehan le blond, l'un de vos confrères avocat, a toujours été jaloux de lui, de son statut de MacFadyen...même renié. Et puis... Seurn était un homme à femmes. Nombreuses étaient celles qui auraient aimé l'avoir dans leur lit ou dans leur bras. Je ne citerai que Sybille, Haice, cette Corleone qu'il a capturé après la chute de Sarlat, Sherynne, Ombeline celle qui arbitre les matchs de soule avec son mari lou, Syuzanna NicDouggal son ex-épouse, Anne-Sophie d'Evrecy sa compagne actuelle, Oane de Surgères et tant d'autres...
Maiwen_
Maïwen se tût, et l'accusée commença son interminable récit. L'avocat ne regardait plus sa cliente. Au contraire, il fixait d'un air absent les barreaux, plongé dans dans ce qui pourrait être un mutisme. Il paraissait absent, mais il ne l'était pas ; bien au contraire. Il se concentrait, pour enregistrer chacun des mots qu'elle prononçait. Tout pouvait avoir son importance, il se devait de ne rien oublier ; rien du tout. Il devait retenir l'ensemble des noms, l'ensemble des phrases, et cela demandait de sa part une concentration hors norme. Toutefois, il en était capable. Enregistrer chaque mot, chaque tournure de phrase, il le faisait chaque jour. Aujourd'hui, seulement, il savait ou pensait que c'est plus important que n'importe quand. Paquita ... il connaissait son nom, et l'exclu aussitôt de la liste des suspects. Elle ne ferait jamais de mal qu'aux brigands qui croisaient par malchance sa route.

Les sciences occultes lui avaient déjà fait tant de mal. Il préféra ne pas s'attarder là-dessus, restant concentré sur les paroles de la nordique, enregistrant toutefois le détail.

Malone ? Son poing se serra à l'annonciation de ce nom, que portait la personne qu'il détestait le plus sur la surface de la Terre. Pourvu, pourvu, qu'il ne doive pas avoir affaire à elle, garder son calme en sa présence était pour lui une torture après ce qu'il imaginait qu'elle Lui avait fait. Il n'était pas d'accord avec le discours réprobateur de Soren à l'égard de la forme, lui la considérait aussi importante que le fond ; même s'il ne négligeait pas ce dernier, bien au contraire. Quoi qu'il en soit, il espérait qu'il ne devait pas lui écrire.

Il fut ailleurs, quelques instants, revoyant les dernières discussions presque houleuses - ce qui était pour lui plus que surprenant - qu'il avait eu avec l'ambassadrice. Pour lui elle était suspecte ; mais il n'était certainement pas objectif à son égard. Il nota cependant l'évanouissement de Soren qu'elle n'avait pas expliqué. Toutefois, il refusa d'un signe de tête la proposition de sa cliente ; il préférait rester debout, ayant l'impression de mieux se concentrer.

Attentif, il nota ces deux nouveaux noms qui ne lui disaient cette fois rien dans sa mémoire. Syuzanna NicDouggal. Et son cousin. Il nota également le nom de Plumenoire, d'Alise de Warenghien... Enfin celle-ci était morte. Il ne risquait pas d'aller loin. Poissac. Tant de noms, tant de personnes à qui il devrait sans aucun doute parler. Il retint également le nom d'Edouardo. Il enregistra celui d'Anigma MacDadyen. Tant de noms, tant de scénarios possibles... Un soupire s'échappa de ses lèvres. Ce ne serait pas une mince affaire. Cependant, pour le moment, elle ne lui avait rien dit qui lui permettait de comprendre pourquoi elle était accusée. Il écouta l'histoire de Flex, qu'il, bien entendu, connaissait.

Il écouta la liste des potentiels suspects. Cependant, pour lui, le plus plausible restait le suicide. Soren semblait déranger. Cependant, il n'y avait pour l'instant aucune preuve contre sa cliente. Ouvrant enfin la bouche, il prononça ces quelques mots :


« N'en doutez pas, j'ai enregistré chacun de vos mots, et j'y reviendrai si nécessaire plus tard. S'il me faut poser des questions je le ferai sans hésiter, si cela peut vous sauver. Cependant, je suis avocat, pas enquêteur. Aussi, ma question suivante est telle : Pourquoi êtes-vous accusée ? Je crois sans mal à l'hypothèse du complot politique... Cependant, l'accusation doit bien avoir un minimum de fond. Ne me faites pas croire que spécialement en Périgord, la justice est plus partiale qu'ailleurs. Vous aviez l'air proche de lui. Sur quel prétexte êtes-vous accusée ? »

Ses yeux n'avaient même pas effleuré Solveig. Il fixait le ciel, au dehors, et s'exprimait d'un ton incroyablement vide de toute émotion, de tout ton. C'est d'ailleurs tout juste si ses propos étaient audibles.
Solveig.olofsdotter


Un sourire timide s'étira sur le visage de la blonde. La question de SON avocat toucha un point sensible chez elle : pourquoi était-elle là? De quoi l'accusait-on?

- Bonne question cher maître! En vérité, je n'en sais pas trop. A part les gardes qui viennent me porter de quoi me sustenter, je n'ai reçu aucune visite...la vôtre exceptée. Je vous ai envoyé une lettre. C'est tout ce que l'on m'a permis comme contact avec l'extérieur. J'ai même demandé à avoir une discussion avec Poissac. il est garde à la maréchaussée, il saura faire entendre raison à ceux qui sont responsable de ma situation actuelle. C'est un homme droit. Un peu simple, manquant d'éducation... mais bon! Jusqu'ici, je n'ai pas obtenu gain de cause et n'ai pu le voir. Quand à ce que l'on me reproche, les seules informations que j'ai eues, je les ai apprises lors de mon arrestation à Périgueux par la maréchaussée, puis par les gardes de la prison.

Elle se leva. Pendant toute la conversation, il ne l'avait guère regardé. Il n'osait croiser son regard. En était-il ainsi avec toutes ces clientes ou juste avec elle? Elle fit les quelques pas qui le séparait de lui et vint se poster dans son dos. Un instant, elle darda son regard sur lui. Dans cette affaire comme dans tant d'autres, la vérité se nichait dans la toile emmêlée des sentiments. Alors, pourquoi devrait-il en être autrement désormais? Elle baissa le regard vers le sol. Insister eut été commettre une irréparable faute.

- Tout ce qu'on m'a dit, c'est que la maréchaussée aurait reçu le témoignage d'un individu m'accusant d'avoir assassiné Seurn MacFadyen Eriksen. Je n'ai aucune autre information. Je ne connais ni le nom ni la fonction de ce témoin. On m'a dit que c'était une personne sure, liée par serment, que ses déclarations étaient donc prises suffisamment au sérieux pour justifier d'une arrestation en attendant ma comparution devant la procureure.

Un froissement de robe plus tard, elle avait pris ses distances. Avait-il besoin de savoir tout ça? Hum... Elle réfléchit un instant et un autre sourire, plus carnassier celui-là, illumina son visage. Cette fois, l'ombre était bienfaisante. Il aurait pu gravement se méprendre en voyant ce sourire. Elle alla s'adosser contre la porte de la prison et reprit la parole.

- Proche? Je dois tout à Seurn. Il m'a donné un emploi, me permettant de manger. Un bon emploi! J'étais son assistante personnelle. Il avait confiance en moi. Lorsqu'il fut maire de Bergerac, il m'a sorti de son ombre en me confiant des responsabilités. J'étais en contact avec les bergeracois. Porte-parole municipal Maitre! Et puis... je reconnais que lorsque je l'ai vu la première fois, je l'ai trouvé séduisant. Dieu sait pourtant qu'il n'était pas au mieux. C'était à Bergerac, à la Boulasse. II avait un peu trop bu. Mais ça, j'ai compris plus tard que cela faisait partie de ses habitudes de vie. C'est sa voix qui m'a troublé en premier. Elle était grave. Sensuelle. Envoutante...

Les souvenirs se bousculaient dans son esprit. Un instant, elle se crut retournée plusieurs mois en arrière, sa main effleurant le soyeux de sa robe au niveau de ses jambes.

- ... Mais j'ai vite compris que je ne devais pas me fourvoyer avec lui dans la voie sentimentale. Son coeur était pris. Et à en croire les discussions... Enfin ça, je vous l'ai déjà dit : il attirait aisément les convoitises féminines... Y compris auprès de l'actuelle procureure du comté qui en fut amoureuse un temps.

Elle était lasse de tout ça. Cette cellule était sordide. Elle avait tant à faire dehors. Le hasard voulut qu'elle se rappelle de Kris de Castillon, celui qui avait cherché à la sortir du conseil. Il devait bien rire désormais! Il avait eu gain de cause même si ce n'était pas de la façon dont il l'avait envisagé. Un jour, il devrait payer pour toutes les infamies qu'il lui a fait subir. Oh ça oui! Elle ne tolérait absolument pas qu'on lui marche ainsi dessus.. même quand on s'appelle Kris, qu'on vit à Castillon et qu'on est capitaine des Castagneurs. Elle lui rendrait oeil pour oeil, dent pour dent.

- Maître, je n'en puis plus de rester ici. Il faut que vous obteniez ma libération. Certes, vous pouvez peut-être me dire que je n'ai pas à me plaindre de mon sort si je me compare à d'autres prisonniers, mais j'ai besoin de respirer l'air frais, de vaquer à des occupations. Le comte a eu ce qu'il voulait : j'ai perdu mes fonctions comtales. S'il le désire, je puis même lui signer un document stipulant que je ne ferais plus de politique... jusqu'à mon jugement. S'il vous plait...Faites moi sortir d'ici...rapidement!
Maiwen_
Le brun semblait un peu las de cette affaire qui n'avait même pas commencé ; dans le même temps, elle l'amusait terriblement. La chose pouvait passer tout logiquement sembler paradoxal ; mais peut-être que l'avocat l'était. Il évitait toujours le regard de Solveig, fixant d'un air un peu vide l'extérieur. Il pouvait sans mal imaginer ce que vivait l'accusée, enfermée en permanence dans cette cage. Lui ne résisterait pas bien longtemps avant de complètement péter les plombs ; du moins était-ce ce qu'il imaginait. Dans les faits, si il était confronté à une pareille situation, il garderait son sang froid. Ainsi qu'il le gardait toujours. Difficile de se prétendre avocat si on n'est pas capable de rester on ne peut plus calme devant une tempête extérieure. Pourtant, le procès politique faisait jusqu'ici sentir son infernale odeur. Certains imaginent qu'être avocat est une chance ; ceux-là se trompent, se trompent lourdement. Ils se trompent encore d'avantage lorsque le procès risque de se terminer par une peine de mort pour meurtre. Il était avocat. Il se battait contre ces choses-là. Cela ne rendait, une fois la défaite arrivée, que les choses encore plus difficiles à vivre. La société allait mal ; tout avait besoin de changement et la noblesse en premier lieu. Quelques instants, il sembla perdu dans ses pensées. Quelques instants, il fut loin, loin d'ici. Il avait rejoint les étoiles, dans ce monde parallèle dans lequel il pouvait, lorsqu'il était seul, rester des heures sans même sentir les secondes s'écouler. Pour autant, l'heure était grave. Il n'était pas venu en ces terres reculées pour s'amuser, encore moins pour rêver. Pour l'heure, il devait agir, vite, et du mieux possible, si ce n'était bien.

Dans ce royaume, à cette époque, la Coutume globale était de laisser les accusés en liberté tout le temps du procès. Le Périgord, pourtant, se targuait d'être un pays de Coutume ; visiblement, leur définition du terme était étrange, car, au premier coup de sang donné, ils enfreignaient le pilier le plus inébranlable de la trinité coutumière : la jurisprudence ; et très certainement les deux autres.

Il finit par se retourner, posant enfin ses deux yeux d'un vert sombre sur la scandinave. Cela lui paraissait évident, à présent. Le motif apparaissait, les déclarations faites, au grand jour. Ils allaient l'accuser d'avoir commit un crime passionnel ; à cause d'un et d'un unique témoignage. Il avait déjà eu des affaires plus compliquées. Cependant, pas des avec un enjeu si important. Quoi qu'il en soit, cette fois il la regardait, à présent, et s'exprima donc toujours avec ce ton vide de toute émotion :

« Vous devez donc vous douter du motif sur lequel vous allez être accusée. Il me paraît quoi qu'il en soit évident. Cependant, je ne doute pas de votre innocence. Ainsi, la preuve de celle-ci doit irrémédiablement être située quelque part. Il suffit de chercher. Je trouverais, et vous innocenterais. »

Un soupire vint perturber l'inébranlable attitude de l'avocat. Il n'aimait pas cette situation où il devait paraître sûr de lui alors qu'il ne l'était pas. D'habitude, il savait faire la part des choses, mais cette fois, il eu un peu de mal. Cependant, ce soupire fut la seule preuve de la faiblesse du brun, qui détourna à nouveau le regard pour fixer le ciel. Effleurant du bout des doigts les barreaux, il reprit :

« Pour ce qui est de votre arrestation préventive, je pense pouvoir régler le soucis facilement. Il suffit que le procureur fasse preuve de bon sens juridique. Jamais en France aujourd'hui on ne place les accusés en détention préventive. Ils restent libre durant tout le temps du procès. Cependant, au vu de la gravité des faits qui vous sont vraisemblablement reproché, il est possible que vous soyez surveillée de manière directe ; c'est à dire suivie par un garde. Je vous conseille vivement de ne pas vous opposer à cette mesure. La politique également me semble proscrite. »
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)