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RP - J'aime pas les mariages. Merde, c'est l'mien.

La_montagne


Moi, j'suis encore là. Mais personne me regarde, et personne me remarque. Je vous ai déjà dit que je fais un peu mobilier? Un meuble, immobile, silencieux. J'ai l'avantage de pouvoir regarder les gens à l'entrée. Comment ils sont dehors, et comment ils se comportent à l’intérieur. Je ne suis pas certaine si c'est à cause du mariage, ou de Notre-Dame. Surement un peu des deux. Mais ça reste étrange. Ceux qui arrangent les plis rebelles sur leurs vêtements à l’extérieur, conquièrent un air hautain dès qu'ils franchissent l'entrée. Dès qu'ils me croisent, quoi. Je suis la première chose -parce que dire personne, ça serait trop dire- du mariage qu'ils voient. Sans regarder, toujours. Moi, ça me dérange pas. Au contraire. Le temps qu'ils prennent pour renvoyer leurs carrosses, leurs domestiques, le temps qu'ils prennent pour remettre en place une mèche rebelle, un plis sauvage, le temps qu'ils prennent pour regarder la cathédrale, pour se demander une dernière fois s'ils ont bien fait de venir, s'ils vont rentrer, le temps qu'ils prennent pour deviner qui est déjà présent, qui est absent, qui arrivera surement en retard et qui n'arrivera tout simplement pas. Ce temps-là, moi aussi je l'occupe. Je regarde sans être vue. Je détaille leur silhouette, je remarque les armes. Certaines, pas toutes. J'ai pas de super-pouvoirs pour voir au travers des bottes, au travers des tissus. Mais j'ai l'expérience, je sais où chercher la légère bosse que forme une dague aux côtés d'un tibia. Je connais l'ondulation d'une robe sur le pommeau d'une arme. Et surtout, j'ai le temps. Les gens n'aiment pas être observés, mais ils ne savent pas que je les observe. Ou plutôt, ils s'en fichent complètement. Je ne suis qu'un garde, une armure vide et impersonnelle, un décor dans le paysage, une autre colonne de Notre-Dame.

Je les observe, tous autant qu'ils sont, quand ils sont sur le point d'entrer, quand ils rentrent, et quand ils sont dedans. Je m'assure de connaître le plus de détails possible sur chacun d'eux. Juste les importants. Juste pour être sûre de savoir comment réagir en cas de besoin, Gaia Corleone. Beaucoup viennent armés. J'imagine que c'est normal, un mariage Corleone reste un événement à la fin imprévue. J'en reconnais même certains, pas forcément pour les avoir vu, ou en avoir entendu parler, comme la manchote. Ça doit être Ombeline, Umbra. Mais je les reconnais surtout pour leur comportement. La famille de la fiancée est à l'aise. Ennuyée, sans doute. Prêts à se jeter directement sur le buffet, et pas forcément disposés à engager des conversations mondaines. Mais à l'aise, finalement. Ils savent. Je sais pas ce qu'ils savent, mais il savent. Ils ont cet air détaché, cet air entendu. Les autres, un peu moins. Les autres, ils ont peut-être cet air hautain, mais il a été acquis quelques secondes avant de franchir le parvis de l'église. Je les ai vus. Mais ils n'ont certainement pas cette allure du quotidien. Ils se demandent sans doute ce qu'ils doivent attendre de ce mariage, tout comme moi. La seule différence, c'est que moi, je m'en fou. Et puis y'a les autres. Ceux qui se maintiennent en retrait, ceux qui voudraient être invisibles mais ne le sont pas. Je souris légèrement, celui qui voudrais être invisible absolument détaillé par le véritable invisible. Moi, quoi.

Seule une personne me remarque, et je fais un signe de tête qui répond à son salut. Je souris, mais elle ne voit pas, je suis cachée sous mon casque. Je suis là, Gaia Corleone, allez jouer de votre magie, allez faire la Fée, profitez de votre nuit, parce que moi, je suis là pour le reste. D'ailleurs, elle est la seule qui semble épanouie. Personne ne pourrait, même en y mettant le plus grand effort du monde, même en pactant avec le Sans-Nom, lui ôter ça. Elle vole un peu partout. Elle est si belle, elle sourit, elle salue. Elle fait un peu tâche dans le contexte. Mais une belle tâche, ça j'dis pas l'contraire, Gaia Corleone. C'est la seule qui ne semble pas avoir une mine d'enterrement. Mais en voyant tous les autres, je me demande si c'est vraiment à cause du mariage. Peu importe, et vraiment, peu m'importe.

Un de mes hommes m'approche. Il me murmure quelques mots. Une mendiante, toute jeune, prétendant... il sait pas bien m'expliquer. Quelque chose dans le genre être la fille de quelqu'un important parmi les invités. Je quitte mon poste quelques secondes, en suivant mon homme qui se presse d'aller voir comment s'en suit cette histoire. Le temps juste, en faite, pour qu'il parte et revienne, la queue entre les pattes, me dire qu'en faîte si, ben elle avait vraiment quelque chose à voir avec le mariage, qu'une autre femme est venue la chercher. Rien de bien intéressant. Je le fais taire et le fais retourner à ses affaires.

Moi, j'aurais vraiment aimé être tavernière, mais faut dire que je suis plutôt douée pour ce que je fais finalement. Je suis aussi douée pour la cuisine, mais pas autant. C'est marrant, quand même, de voir un homme armé, une armure ambulante, venir à moi pour me présenter ses plus plates et humiliantes excuses pour m'avoir dérangée, alors que moi, au fond, tout ce que j'attendais de la vie c'était de lui servir quelque chose à boire, de l'entendre dire "et plus vite qu'ça". Ouais, c'est marrant, quand même.

Alors je retourne à mon poste, près de l'entrée. Je vois la fiancée suspendue au cou d'un homme et é-prise entre ses bras. J'ose quand même me demander si c'est le fiancé, mais une petite voix, au fond de moi, me dit que c'est pas possible. Ne serait-ce que par les habits qu'il porte, et parce que pas grand monde ne semble le connaître. Le fiancé, quand même, il serait au moins connu et reconnu du quart des invités, de ces invités-là qui ne savent pas bien où se placer et qui aimeraient être invisibles, ou des invités qui s'enroulent dans une assurance démesurée mais qui ne semblent pas reconnaître la future mariée non plus. Non, le fiancé, il semble briller par son absence.

Dehors l'air est frai, et il fait froid, à Paris, en hiver. La cathédrale commence à prendre chaleur. Peut-être parce qu'au moins, le vent ne souffle pas à l'intérieur, ou peut-être parce que, doucement, les invités arrivent, et qu'ils le veuillent ou non, même s'ils se prétendent plus froids que la pierre des murs de l'église, leurs corps émanent une chaleur vitale qui se mélange avec celle des autres corps, et réchauffe, doucement mais sûrement, l'immense bâtiment. Notre-Dame... vous avez un sacré ego et un sacré culot, quand même, Gaia Corleone.
Praseodyme

Praséodyme s’est lavée.

Cela n’a l’air de rien, mais énoncer ce simple postulat relève a priori de l’inconcevable, tous les sçavants du monde vous le diront. C’est comme si vous annonciez tout-de-go à la compagnie : « La terre est ronde ! », alors que tout un chacun sait bien qu’elle à la forme d’une banane.

Praséodyme s’est donc lavée. Oh, pas entièrement, non. Elle a mouillé dans le caniveau le coin d’un bout de toile à sac, et elle s’en est prudemment frotté le nez et les joues. Elle a aussi changé de linge. En fait, elle n’a pas vraiment changé de linge, vu qu’elle n’en portait pas auparavant. Elle a recouvert son intimité d’une vieille paire de braies qui traînait au fond de sa giberne, et dont elle se sert ordinairement pour nettoyer sa bâtarde.

La raison d’un tel tintouin ? C’est qu’elle a reçu un poulet, qu’elle s’est fait lire par le tenancier du tripot où elle a pris ses quartiers, et dans lequel il est dit qu’elle est invitée à un mariage ! Elle ! Elle en est tombée de cul, s’est enfilé trois godets de clairette à la file, et a éclaté d’un gros rire ! Un mariage ! La belle absurdité pour une femme sensée que de s’aller unir pour la vie à un bougre qui, une fois qu’il vous a sautée et engrossée, n’a poinct d’autres envies que d’aller sauter la femme des autres, après avoir vidé vostre escarcelle. Peste ! Elle s’en gardera bien, mais après tout, ce n’est poinct son affaire à elle de juger celles des autres. La lettre émane d’Enjoy Corleone, qui mène la bande de routiers à laquelle elle s’est acoquinée depuis quelque temps. La promise doit être une des jouvencelles de la bande, Praséodyme s’y perd, ils sont trop nombreux, frères, filles et cousins, eux-mêmes ne doivent plus sçavoir au bout du compte qui fornique avec qui. Mais baste ! Une invitation comme celle-là, ça ne se refuse poinct. Alors Praséodyme s’est lavée. Elle n’a poinct d’habits de fête, juste ses habits de tous les jours, ceux qu’elle porte quand elle n’est poinct en affaire de rapine ou de pillage. Une vieille cotte piquée de rouille, sa paire de braies tâchée, des bottes de cuir éculées, un bonnet informe, une cape graisseuse. Cela conviendra bien, et si ça fâche qui qu’oncques, les plus fâchés s’en iront. Elle a posé sa bâtarde, bien trop lourde et encombrante, mais elle a tout de même glissé dans sa ceinture la miséricorde dont elle usait naguère pour achever les mourants, après les batailles, et dont la lame porte encore quelques croûtes brunies, ça-et-là. Sans elle, elle se sentirait nue, et Praséodyme est une fille pudique.

Nostre-Dame. C’est une sacrée église, ça pour sûr. Praséodyme n’est poinct croyante, cela s’accorderait mal avec son office. Mais comme tous les gens simples, elle a le respect de la religion, des fastes et des ors, même si l’odeur de l’encens lui donne envie de gerber. Elle a brigandé naguère l’évêque de Padoue, alors qu’elle voyageait en Ytalie, et elle en garde le souvenir d’un homme bien charmant, qui aurait même voulu lui sauver son âme. Elle ne l’a pas occis, pour l’attention, mais ne lui a pas non plus rendu ses écus.

Avant que de rentrer dans l’édifice, Praséodyme avise un estaminet placé juste en face du parvis. Elle infléchit sa course, et s'offre une halte salutaire, le temps de s’enfiler quelques pichets de bière, bien fraîche et bien mousseuse. Une fois rassasiée, elle traverse le mail, grimpe les marches et entre. Aussitôt, elle se sent écrasée par la grandeur du lieu, le regard sévère des Saincts qui semblent la considérer comme une intruse, le brouhaha de la foule anonyme, et cette fameuse odeur d’encens. Elle se reprend. Elle ne va pas gerber maintenant, ce ne serait pas correct. Mais elle sent monter en elle une inextinguible envie d’uriner, rapport à toute la bière qu’elle a bu. Elle jette un regard alentour, et avise, dans un coin près de l’entrée, une large vasque qui est probablement destinée à cet effet. Elle s’y dirige promptement, escalade, remonte sa cotte, baisse ses braies, et se soulage d’un jet puissant, fumant, écumant, odorant, avec un grand soupir d’ayse.


Aaaahhh, ma doué, ça fait du bien. Y’ a pas à dire, elles sont rudement bien équipées, ces églises modernes. Le gothique, c’est tout de même autre chose, parole !
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Fleur_des_pois
Le visage en partie dissimulée sous le voile des cheveux d'Adryan, la Fée en profita pour déposer un baiser au creux de son cou. L'espace d'un instant, Fleur fut tentée de le mettre au défi. Pourquoi ne pas quitter immédiatement les lieux ? Un rebondissement hors du commun pour un mariage défiant toute logique. La future mariée s'enfuyant au bras de son amant, laissant les autres régler les ennuis que son départ occasionnerait.
Les autres. Rien que pour eux, elle ne pouvait pas faire cela. S'il n'y avait eu que les invités de Niallan, pas une seule seconde le Lutin n'aurait hésité. Mais il y avait Umbra, qui avait fait l'effort de se vêtir d'une somptueuse robe. Il y avait Alphonse qui avait quitté l'Aphrodite, et ses affaires. Il y avait même son frère, qui était présent, aussi incroyable que cela pouvait paraître. Et les autres, ceux qui n'étaient pas encore là. Ses cousines, en particulier. Et La Montagne, et les gardes, qui mettaient leurs existences en péril. Gaia ne pouvait pas quitter Notre-Dame. Pas encore.
Mais laisser Adryan seul ? Le quitter ? Fleur ne s'en sentait pas capable. Et alors qu'elle se reculait tout juste assez pour pouvoir dévorer du regard le visage de son amant, une silhouette attira son attention. Une jeune fille, en retrait, simplement vêtue, et qui la regardait.


Clémence ! s'exclama-t-elle. Oh, Adryan, il faut que je te...

Une nouvelle arrivée, et le sourire de la Fée lui revint. Dacien, qu'elle connaissait de loin. Dacien, avec qui elle était toute prête à sympathiser. Alphonse, Adryan, Dacien, l'univers de l'Aphrodite donnait une touche d'élégance raffinée au lieu tout entier.
L'Ortie leva un bras pour attirer son attention. Serrant entre ses doigts la main du Castillon, Fleur le guida tout d'abord jusqu'au Courtisan.


Dacien ! Je suis ravie de vous voir ! Venez, venez rejoindre le Patron !

Sans demander son accord, Gaia lui saisit le poignet, et tira vers Alphonse à la fois le Castillon et le Courtisan. Réunissant les trois hommes venus tout droit des murs du bordel dans lequel elle œuvrait à petits pas sautillants entre un malade et une blessée, la Fée en fut relativement satisfaite. Non pas qu'elle espérât réellement que l'ambiance soit telle que chacun oublierait ses rancunes et griefs, elle aspirait cependant que ceux qui comptait pour elle puisse au moins passer le temps agréablement.

Je vais revenir dans un tout petit instant. J'ai quelqu'un de très important à retrouver. Ne disparaissez pas, surtout !

Gaia lâcha à regret - et cela se lut clairement sur son minois - la main d'Adryan, pour se hâter en direction de l'ombre cachée derrière un pilier. Clémence était là. Clémence, sa sœur. Devait-elle la partager en ce soir avec Arthor ? Sans doute que oui, mais pas encore. Pour l'heure, l'Ortie serrait contre son cœur sa cadette, indifférente à sa mise, la trouvant de toute façon plus belle que toutes autres femmes en ce monde, fut-elle vêtue d'une toile de jute crottée.

Ma sœur, ma moitié de moi. Que je suis heureuse de te trouver là !

Les larmes affluaient à ses yeux, et la Fée battit précipitamment des paupières pour les refouler avant qu'elles ne ruissellent le long de ses joues. Un sourire ému étirait ses lèvres, et elle passa une main tendre sur la joue de Clémence. Puis, passant le bras sous le sien, le Lutin désigna d'un geste du doigt le grand barbu, un peu plus loin. La Fée se mordit légèrement la lèvre, hésitante. Mais sa sœur serait toujours sa sœur, quand bien même elle devrait la partager un tant soit peu avec le Montagnard.

Lui, c'est Arthor. C'est notre frère ainé. Il n'est pas franchement avenant, je dois dire, et s'est fixé pour but de me haïr jusqu'à ce que la mort. Et juste à côté, dans la robe verte, celle qui a une mèche blanche dans les cheveux, elle se nomme Umbra. C'est une cousine, nous sommes très proches, c'est une amie très chère. Et un peu plus loin, il m'a semblé voir une autre cousine, mais très proche de notre sang, puisqu'elle est la fille de la sœur de notre père. Elle se nomme Léan.

Du coin de l'œil, Gaia remarqua Praséodyme, qu'elle avait déjà croisé lors d'une quelconque prise, celle de Sarlat sans doute. Était-elle vraiment en train d'uriner dans cette vasque ? L'idée lui arracha un léger rire amusé. Glissant sa main dans celle de Clémence, Gaia ne sut plus où se rendre.

Viens, faisons un tour.

Elle dirigea ses pas au hasard, s'approchant d'Adryan, Alphonse et Dacien, tout en s'assurant qu'Umbra n'était pas loin. Ne sachant plus que faire, Fleur se contenta de regarder Clémence, émerveillée comme chaque fois qu'elle la regardait, s'enorgueillissant de la voir si belle, admirant l'éclat roux de ses cheveux.

J'irai où tu iras, finit-elle pas annoncer. Et où tu veux aller.

Le reste du monde pourrait bien brûler, que lui importait ! Elle tenait serrée entre ses doigts la main de sa cadette, à quelques pas se tenait Adryan, Umbra était dans son champ de vision, non loin était présent le Patron. Ne manquait plus guère qu'une ou deux de ses cousines pour que son Univers soit présent à la ronde.
Alphonse_tabouret

Cela aurait pu difficilement être pire, ainsi était la conclusion à laquelle venait Alphonse en jaugeant des alentours en compagnie des deux hommes imposés à ses cotés.

De la proximité de Fleur et d’Adryan, peu lui importait mais, esthète et coutumier des façades, il avait trouvé l’attitude de l’herboriste à ce point déplacée qu’il était resté un instant circonspect en la voyant fondre dans les bras du Castillon à grand renforts de sautillements et d’exclamations. L’enthousiasme de femmes lui échappait parfois, éternellement fasciné mais imperméable à cette débauche de vitalité qui leur montait à la gorge et aux mollets lorsqu’elles étaient heureuses. La retenue était affaire de bon gout à son propre mariage pensait il, et l’Ortie dans son exaltation, en avait oublié les préceptes les plus élémentaires à la délicatesse du chat pour qui la discrétion, quand elle ne se fourvoyait pas à la chaleur joyeuse de l'alcool, entretenait toute chose mieux que l’éclat intraitable des grand jours, aussi se détournant sans regret de la scène, échappant de ce fait à l’insupportable nobliau et à sa maitresse, le félin s’était abimé dans la contemplation de la place qu’on lui avait réservé en qualité d’officiant, se demandant pour la première fois à quoi ressemblait le fiancé.
A ce stade encore, la solitude était agréable compagne mais la Corleone avait choisi un tout autre chemin pour eux, et accueillant Dacien avec joie, ne trouva rien de mieux à faire que de rajouter Adryan à une équation qui semblait bénigne et n’en avait pourtant que l’apparence.

Maintenant, cote à côte, les ennemis ayant fauté un soir d’errance et l’amoureux transi dont la colère à l’attention de l’objet du désir qu’était devenu le Castillon avait pris ces derniers mois, des proportions monstrueuses, et pour la première fois depuis bien longtemps, le malaise engourdit les tempes d’Alphonse d’un bourdonnement qu’il n’avait pas l’habitude de côtoyer et qu’il ne sut interpréter correctement, remisant l’analyse à une prochaine fois, un temps où il ne serait pas forcé de calculer en plus de porter le masque que l’on attendait de lui.
Un sourire parfait fut néanmoins adressé à l’attention de Dacien avant qu’il ne s’écarte d’un pas du trio fraichement formé, s’excluant dès que la Verte eut le dos tourné, incapable de supporter la présence du Castillon ailleurs que dans le huis clôt forcé de leur bureau, cette nuit de Noel encore trop fraiche à ses nerfs pour en supporter chaque distorsion sereinement. Ici, il n’avait pas besoin de s’infliger pareil sévices, toute adorable puisse être la promise et ses excès.


Je vous abandonne ici messieurs, j’ai quelques petites choses à peaufiner avant que la cérémonie ne démarre.

Mensonge de la vie courante, seul genre qu'il s'autorisait, dispensé au pluriel quand pas une seule fois les onyx du fauve ne dérivèrent sur la silhouette d’Adryan dont il connaissait désormais chaque courbe, n’usant du multiple que par soucis de ne pas éveiller l’intérêt parfois trop cuisant de Dacien.
Quelques pas furent exécutés avec la lenteur d’une insouciance factice mais maitrisée, chat habile dans la manipulation de son corps avant celui des autres, sans qu’il ne se retourne pour s’expatrier près de l’autel, attendant, en faisant mine de relire le texte soumis par l’herboriste qu’on vienne tromper son exil ou que ne commencent les choses sérieuses.

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Vasco.
Cathédrale Nôtre-Dame, Paris. Mais qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre! Le mariage dont Arsène parlait se tenait à Paris. Et visiblement pas dans n'importe quelle église! Décidément, elles étaient toutes pareilles les filles Corleone : la tête qui enfle comme un gardon. La folie des grandeurs! Non seulement c'est stupide mais c'est dangereux! L'endroit est un véritable trou à rat. Enfin...au niveau de la sécurité. Il suffit que la grande prévôté ait eu vent du mariage, que quelqu'un ait parlé, pour que d'un seul coup d'un seul, les autorités éradiquent le clan Corleone. Ou alors, ça pourrait tout simplement être un clan rival. On appelerait ça le massacre de Notre-Dame!* Pfff...Mais qu'est qu'il est allé faire cette galère le sicilien? L'homme à la bouteille avait raison : Folles! Toutes folles mais jolies! Et la mariée un peu plus que les autres sans doute.

Si seulement Arsène lui avait dit que ce mariage aurait lieu ici, il aurait tenté de la dissuader plutôt que de l'aider à trouver sa robe. D'ailleurs, il n'avait même jamais su le fin mot de l'histoire : l'avait-elle trouvé chez un tailleur pour femmes ou sur le corps d'une de ses victimes de grand chemin? Il aurait payé cher le sicilien pour voir la tête de la rousse dans son habit de soirée, elle qui prétendait justement ne pas être à l'aise dans ce genre d'accoutrement. Enfin cher...Il ne faut tout de même pas pousser Mémé Visconti dans les orties (Oui, cette rime-là, le sicilien l'aimait beaucoup). Il ne paierait jamais le prix qu'un sultan est prêt à mettre pour une rousse qui sait bien se dandiner de la bedaine!

Ceci dit, lui il n'était pas un Corleone. Sa place n'était pas à l'intérieur à se baffrer du sermon d'un prêtre - Si tant est qu'il y en avait un. Non, sa mission a lui était de s'assurer que ces dames pouvaient se dandiner du popotin et glousser autant qu'elles le voulait, et ce en toute sécurité. Arpenter le pavé de Nôtre-Dame par une journée de Janvier comme celle-ci n'était pas du genre à mettre un sicilien de bonne humeur. Ce qui est amusant, c'est qu'il avait eu récemment une discussion avec un autre gars du clan récemment et ils étaient tous les deux tombés d'accord : un mariage, ça ne sert à rien. C'est un truc de donzelle pour faire mousser son imaginaire romantique. Aussi futile qu'une bulle de savon ou qu'un noble attaché à ses titres pompeux et ronflants! Si tu aimes une donzelle, la marier ne t'apportera rien de plus. Ni à elle d'ailleurs. Ils en avaient discuté un soir dans une taverne. Enfin, à moins que tu sois noble. Mais eux, ils n'avaient déjà aucun sens pratique. Mais en attendant, tout le clan était à risques pour les caprices d'une femme. Le pire dans tout ça, c'était que le futur marié n'avait pas été capable de résonner sa "promise".

Un bruit attira soudain l'attention du sicilien. Sortant intantanément son couteau fait de corne noire et gravé sur les deux faces, le bras pointé dans la direction suspecte, l'oeil aux aguets, il chercha du regard la cause de son émoi. Un chat. Un vulgaire chat noir! Un matou mité sans aucune prétention! Le caillou qui trainait non là encaissa toute la somme de ses frustrations du moment. La pierre fit trois rebonds sur le pavé mouillé avant de se perdre dans la venelle sombre


- File donc sale matou! Tu n'as rien à faire ici! Toi non plus, tu n'as pas de sang Corleone qui coule dans tes veines alors ta place n'est pas ici.

Pour toute réponse, la bestiole émit un miaulement de défi en direction du marin. Velasco regrettait son botté. Le caillou n'avait pas été placé là par hasard. Il avait sans doute un rôle à jouer dans cette mascarade. Et ce rôle, c'était...

- Tu as de la chance : si je n'avais pas eu l'idiotie de faire passer ma colère sur cette pierre, elle aurait pu répondre efficacement à ton arrogance!

La superstition fait partie de l'identité du marin. Elle coule dans ses veines aussi surement que l'alcool dans celles du poivrot. Sur terre comme sur mer, un chat noir, ça porte malheur. Et le malheur, ça frappe n'importe où! Et n'importe quand.


* En référence au massacre de la Saint-Valentin en 1929 à Chicago où Capone extermina une partie du clan Moran.

Edit pour remplacer Saint-Barthélémy par St-Valentin, c'est plus correct comme ça. Si on ne peut plus se fier aux saints maintenant!
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Triora
La sorcière marchait en silence dans les bas fonds , gardant sa capuche brune tachée et trop grande sur le visage , les deux yeux apparaissant la ou deux trous ont été fait dans le tissu ... Cachant sa figure dans la pénombre la plus totale .. Quelques cheveux roux dépassent du tissu, se balançant aux grès du vent et de la respiration de la sorcière faisant s'élever dans le ciel de petite cumulus d'eau essayant de rejoindre leurs camarades au ciel... J'ai froids ... J'ai faim ... Foutredieu ... Tas de chiens éphémère ...

La sorcière peste le plus bas possible malgré son visage déformé ... De nombreuses question la tiraillait comme une flèche rouillée directement planté dans l'occiput de l'enfant qui n'en est pas une ... -Pourquoi Fleur m'invite moi ... Une païenne ... Une sorcière ... Une menteuse ... Une enfant ... A son mariage ... Que cherche t'elle ? Souhaite elle que j'égorge le prêtre sous les yeux obnubilés de colère et d'incompréhension des convives qui me demanderont "pourquoi" tandis que moi je ricanerais comme un démon en hurlant "Pour la gloire du sans nom" pour hanter leurs esprits a jamais a tel point que dans l'horreur même lorsqu'ils forniqueront leurs flammes ils frissonneront d'horreur en voyant l'enfant défigurée au plus profond de leurs esprits ?? Va-t-elle réclamer que je fasse quelque chose ?... Je pourrais avoir du sang de l'enfant de Niallan ?! J'en veux ! Est-elle vierge seulement?... Surement !-

L'affreux croassement ricanant de l'enfant couine tout bas tandis qu'elle approche du quartier entourant l'église ... Ses yeux se lèvent vers l'église montrant le ciel avec son clocher ... Les tempes bourdonne de douleurs tandis que ses yeux se baissent de nouveaux sur le sol de pierre que sa longue tunique brune et couverte de tache balaie

L'approche de cette église ne l'enchante guère ... Mais une invitation est une invitation ... Mère y aurait été ... Même dans les cercles des enfers ... L'hideuse enfant approche dangereusement de l'église en silence ... Cachant son visage maudit ... Et ses questions multiples ... -Je demanderais a Fleur de me répondre ... Peut être ... Que je peux avoir confiance en elle ... Sinon ...-

L'affreux sourire mauvais de grenouille apparaissant sur le visage infantile déformé de l'enfant n'augure rien de bon ... Un homme passant a ses cotés eu la malchance d'apercevoir le sourire ... Avant de prendre ses jambes a son cou ,priant pour son âme et sa famille, tandis que le mauvais-œil de l'enfant c'était posé sur lui... Froid ... épuisé ...
Aphrodite....

Le regard de braise posé sur moi m’en dit long sur ce qui va m’arriver et ni une ni deux, le balaie de chair est lancé, dans une longue danse sensuelle et effrénée, les peaux se caressent se tirent et se tendent, le temps et suspendus.
Je somnole un moment sur son torse nu savourant cette proximité qui m’avait tant manqué.
Il m’a prise avant son mariage et il me prendra pour sa nuit de noce.
Tiens en parlant de mariage, quand je suis entrée dans sa chambre il était déjà tard et je me doute bien que les minutes n’ont pas été à reculons. Je m’en tape ce n’est pas mon mariage.
Je promène ma main sur cette peau délicieusement satinée, la tout de suite maintenant j’aimerai recommencer mais je ne peux pas j’ai une cérémonie à saccager.
C’est donc résignée que je me relève pour scruter la pièce du regard à la recherche d’un baquet.
Ablutions faites je me retourne vers le blond toujours échoué sur le lit nu alors qu’il était déjà habillé et paré. Tant pis.

Niallan, je ne voudrai pas te presser, mais t’es en retard pour ton mariage et sans le marié comment veux-tu que je gâche la cérémonie ?

Comme je suis d’une extrême prévoyance je sors une robe de soie rouge minutieusement pliée, je ne compte pas rester dans l’ombre d’une mariée que je haie. Aujourd’hui elle ne sera au centre de l’attention qu’un court moment et les Corleone peuvent faire pleuvoir sur moi des menaces autant qu’ils veulent je n’en ai que faire. Ils peuvent me tuer je n’ai plus rien à perdre. Plus rien ni personne. C’est ça l’avantage d’avoir enterré les seuls personnes qui comptaient . Plus d’attaches. Plus de moyen de pression pour me faire ployer.

La plupart des femmes passent sous leurs robes une fine chemise très transparente, moi je ne m’en embarrasserai pas. La robe me ceint le buste à merveille soulignant la finesse de ma taille, l’arrondie de mes hanches et le galbe de mes seins, contrastant à merveille avec mon teint très pale, mes grand yeux bleus ainsi que mes lèvres légèrement rougeâtre.
Cette robe ne comporte pas de manches, seulement d’amples bretelles qui tombent à mis bras, dégageant mon coup et donne une vue directe sur mes seins. Un lacet la teint fermée dans le dos entre mes omoplates pour la laisser dévoiler mon dos jusqu’en bas de mon dos, le tissus reprenant ses droits au-dessus de mon coccyx.
Un petit médaillon en or vient étreindre mon cou, mes cheveux sont laissés libres de cascader dans mon dos achevant leur course sous mes fesses. Pas d’ornement pour les habiller si ce n’est quelques perles dorées perdues dans mes fils d’or.
La femme qui se regarde dans le miroir est mélancolique, elle a une sorte de douleur peinte sur ses traits harmonieux. Je fais en sorte de la remplacer de me composer un visage plus sûr, plus enjôleur.
La concurrence est grande car aussi pourrit soit cette empoisonneuse sa beauté est indéniable. La mienne aussi. Oui je sais que je suis belle. Je sais aussi que c'est la seule chose que j'ai et que ma mort est imminente et j’en suis apaisée ; je n’aurai pas le temps de voir mon corps se mourir, pas le temps de craindre les rides qui viennent faire irruption sur le visage des madones.
Une délicate cape blanche brodée de fleurs dorées est jetée sur mes épaules les attaches faites du même alliage que les bijoux qui me décore, la grande capuche rabattu sur ma chevelure. Je suis prête et en un temps record. Une première.
Je me retourne pour zieuter le blond et de lui lancer :

Alors prêt à accepter et ceux pour l’éternité le tyran qui va te servir de femme ?
Moi aussi j’ai envie de me marier, faut que je me trouve un riche qui baise bien et l’affaire est dans l’sac !
J’ai envie de faire rager ta future épouse un peu plus tôt que prévue ; en plus d’arriver en retard elle va te voir arriver avec moi accrochée à ton bras, ça devrait, selon moi être une bonne entrée… qu’en dis-tu ?


Mon regard est rivé au sien avec une lueur amusée dansant au font du mien.
Je le laisse m’entrainer vers la cathédrale d’un pas mesuré, on n’est pas pressé n’est-ce pas ?
Un sourire en coin vient étirer mes délicates lèvres tandis que je savoure cette petite victoire d’arriver au bras du marié avec une expression sur le visage qui dit clairement « héhé je viens de me taper le marié et ce soir il repasse par mes cuisses ! »

Sur le parvis je me rends soudain compte que le monde est vraiment arrivé, mon assurance s’étiole, pour me donner contenance je redresse le menton et me tiens bien droite adressant une prière muette aux deux qui me regardent de la haut « admirez bien tout ce qui va se passer parce que je le referais pas deux fois ça grouille de Corleone et de gens qui ont des têtes bizarre alors savourez parce que c’est pour vous et Niallan que je le fais ».

Malgré tous les visages que je vois je suis inquiète de ne pas trouver celui de Vec’ avec qui je suis sensé être alliée. Merde il est où ???
Je me tourne vers Niallan en souriant encourageante :

Bon bah bonne chance et j’espère que tu apprécieras ce mariage ou plutôt l’originalité… A plus l’blond’.


Je me retourne pour faire facee à l’immensité du monument : ça vallait le détour, puis fouillant la salle du regard je cherche ou m’assoir, je repère rapidement Lexi’ mais je ne vais pas vers elle autant que les sources de remue ménage soit dispersées. J’opte donc pour un coin tranquille, seule.
Agnesina_temperance
Tiens donc, un mariage.

Avec le mérite d'être original, parce qu'un mariage ne se fait pas de nuit. Surtout à Notre-Dame. Un mariage clandestin, donc. L'idée avait le mérite de ne pas laisser la brune indifférente, parce que nul doute que si un empourpré passait dans le coin, l'affaire allait faire grand bruit. Elle jugea bon de penser à prendre son épée car si la maréchaussée était alertée et se décidait à les déloger, il était hors de question qu'elle se laisse embarquer docilement. Son orgueil souffrait encore de l'attaque de l'armée et la prochaine fois, elle ne se laissera pas prendre par la surprise.

Elle ne connaissait pas les futurs époux mais paraîtrait-il que la mariée était sa cousine. La brune avait esquissé un rictus, parce qu'elle se rendait compte que ceux qui partageaient sur son sang étaient loin d'être peu nombreux. Au contraire. Mais une étrange idée, qu'elle balaya bien vite d'un battement de cil, lui apparût en tête. Et si c'était un piège ? Stupido. Elle était très discrète et personne n'oserait se faire passer pour Corleone pour en occire un vrai. Du suicide pur, elle en était certaine ou du moins, elle essaya de rassurer sa légère angoisse naissance. Ce n'était pas tout mais il fallait qu'elle se prépare. Ses affaires n'étaient point nombreuses, préférant ne pas se charger vu qu'elle était normalement toujours en vadrouille. Des braies, des bottes, un bustier et une chemise feraient l'affaire. Ses vêtements étaient propres et c'était une bonne chose. Elle était habillée comme tout un chacun, sans fioriture pour ne pas attirer l'attention et proprement, pour la même raison.

Elle ne tarda pas à se mettre en route pour aller à Notre Dame. Le mariage normal était un étrange paradoxe. A la fois, une libération parce que lorsque le couple est déclaré mari et femme, il peut s'adonner au plaisir de la chaire et à la fois, une prison parce que le devoir conjugal n'était pas loin. Il ne fait pas bon d'être femme, même si beaucoup acceptent ce sort. Il n’a pas si longtemps, Agnésina aurait pu être l'épouse d'un berger mais la vie réserve des rebondissements. La mort de ceux qui se sont toujours occupés d'elle trop faibles pour lui imposer quoique ce soit, la lettre du notaire et les retrouvailles avec sa famille de sang. Elle avait changée. Un peu. Si avant, elle se serait mariée comme tout bon citoyen de ce Royaume, aujourd'hui, elle comptait se marier avec un arrangement. Quel arrangement ? L'argent. La paix. Un inverti ferait bien l'affaire et on ne se moquerait plus de la virginité. C'était peut-être idiot pour quiconque connaîtrait ses pensées mais pour elle, c'était une idée de génie. Il fallait dire qu'elle avait toujours en travers ce que sa rousse de sœur lui avait sorti soit, " Agnésina, tu finiras vieille fille avec dix chats". Hum.

Elle arriva devant Notre Dame, vit qu'ils n'allaient point manquer de ripailles et de boissons. Tant mieux. Cependant, elle n'avait pas encore faim, même si la gourmandise était là. Elle entra directement dans la cathédrale. Immense était le mot. Un sorte de malaise la prit. Ce n'était pas le monde présent. Non. Elle était croyante et même si la religion imposait d'être vertueux, elle avait pris un autre chemin. Elle avait l'impression que l'endroit même lui faisait sentir qu'elle n'était pas la bienvenue. Elle sentait un jugement. Elle serra la mâchoire, grinçant des dents. La religion était ainsi. Elle était tellement crédible, tellement ancrée depuis l'enfance que les gens arrivaient à croire en une manifestation physique.

Elle chercha du regard des visages connus et elle en vit un. Praséodyme qui urinait dans une vasque. En arrivant à sa hauteur, sans la regarder et sans arrêter sans marche jusqu'à ce qu'elle la dépasse un peu.


«- Les empourprés ne seraient pas dans la merde de devoir expliquer pourquoi la moitié des fidèles auront attrapés Folie après s'être signés avec cette... eau mais au moins, ils ne pourront pas dire qu'elle n'a pas été bénite.

Sarcasme, bonjour.
Niallan
[Relax, take it easy
Relaxe, prends le bien
For there is nothing that we can do
On ne peut plus rien y faire*]


Sourire au coin des lèvres, je laisse la blonde promener ses mains sur mon torse. Je dois être le seul type à me taper une autre femme alors que ma future et celle que j’aime font le pied de grue dans L’Eglise. Ouais, ouais, là il y a bien besoin d’une majuscule : c’est Nostre-Dame. Le pire c’est que cette situation et la perspective d’arriver à la bourre ne me gênent en rien, ça me fait même marrer. Remarquez, avec le nombre d’emmerdes que j’ai, j’ai tout intérêt à être optimiste sinon c’est la dépression assurée.
Aphrodite me rappelle qu’elle a une cérémonie à gâcher et, qu’accessoirement, je ferai bien de me magner le tromblon. Soupirant, je reprends la pipe pour en tirer quelques bouffées. C’est bon, hein, vu le temps qu’elle va passer à se faire plus belle qu’elle ne l’est, j’ai largement de quoi fumer. Lorsqu’elle sort (enfin) du baquet, je ne peux m’empêcher d’admirer son corps nu. J’ai envie de repousser le moment où je devrai sortir de cette chambre, juste quelques minutes…Encore un peu. Toujours en tenue d’Adam, je m’approche d’elle dans l’optique de la ramener au lit. Sauf que, allez savoir pourquoi, le choix de sa tenue l’accapare beaucoup plus. Ah les femmes, je vous jure ! Nouveau soupir de ma part et je me décide à repasser mes fringues. Rha et puis merde, j’ai vraiment l’air d’un con dans cette chemise pour noble coincé du trou-de-bal. Des braies noires sont passées, des bottes tout aussi noires lacées et je complète le tout d’une chemise blanche même pas fermée jusqu’en haut. Nouvel affront que je fais à Gaia Corleone, nouvelle dette en prévision. Rien à foutre !

Mmh ? Je suis surtout prêt pour faire rager ma fiancée et démarrer la nuit de noces. Mon mariage ? Une simple étape. Et…Aphrodite, évite de te faire trucider par un Corleone, s’ils sont aussi barjos que celle que j’épouse, on est mal barrés.

Enfin, c’est surtout elle qui serait mal barrée dans ce cas de figure mais je n’en dis rien, préférant passer un bras autour de sa taille fine. La porte passée, je ne peux m’empêcher de me pencher à son oreille pour lui glisser une vérité qu’elle sait forcément déjà « t’es magnifique ». Juste ça, parce que si je continuais je me sentirais trop mielleux. C’est donc sur ce simple et banal compliment que je l’entraîne jusqu’à la cathédrale parisienne. Très bien gardée pour un amas de pierre… Le côté rassemblement de Corleone, surement. Sans lâcher la taille de la blonde, je salue d’un mouvement de tête les gardes.

Bonsoir, je suis le malheureux élu. Vous me laissez entrer ? Merci.

Sans attendre je me faufile dans Notre-Dame (le monument, hein !) et prends quelques minutes pour analyser la situation. Alors, nous avons un garde barbu qui s’est paumé et qui a visiblement décidé d’être payé en bouffe. Ben voyons ! Nous avons aussi un spécimen rare de laideur absolue qui confond les bénitiers avec des urinoirs. Note à Bene : ne pas boire là-dedans, même en cas de pénurie d’alcool. Surtout pas. Des femmes que je ne connais pas en train de se crêper le chignon...une femme que je ne connais pas proche du colosse barbu...ma sœur ! Enfin une trombine connue. J’ai à peine le temps de l’indiquer à la blonde d’un mouvement du menton que cette dernière s’est déjà tirée. J’imagine que ça veut dire qu’on verra les présentations plus tard. Affichant l’air insolent qui agace tellement ma blondasse de sœur, je la serre avec force dans mes bras avant de lui claquer deux énormes bises. Juste pour l’emmerder, évidemment.

Marion-chérie ! Tu as fait bon voyage ? Apparemment tu ne m’as pas attendu pour picoler, tu as une haleine de pochtron, heureusement que ce n’est pas toi que j’épouse, j’aurais tourné de l’œil quand le prête aurait dit « vous pouvez embrasser la mariée ».

Ebouriffage de tignasse, mode conaud de blond ON. Et c’est reparti :

Je suis heureux que tu fasses connaissance avec tout ce beau monde parce que figures-toi que j’ai prévu beaucoup de fêtes dans notre domaine. Et sur ce, je vais te laisser. Le mélange fratricide mariage est mauvais pour la santé.

Je me casse avant qu’elle n’ait eu le temps de répliquer. Elle va passer la soirée à me maudire, c’est certain. Tant mieux, ça l’empêchera de pioncer. Sourire aux lèvres, je remarque ma gamine crade comme pas deux en train de se faufiler à travers les invités, la main de sa « sœur » dans la sienne. Sa robe est foutue, sa trogne crasseuse, ça devrait m’énerver et pourtant je me contente d’un clin d’œil dans sa direction. Je suis fier d’elle et puis ça fait toujours un soutien de plus. Aucun de nous n’est vêtu pour un mariage, ça doit être un truc génétique. J’allais me mettre à rire mais la vision de trois hommes me coupe tout début d’hilarité. Adryan (pour bien visualiser la façon dont ce prénom est prononcé dans mon cerveau, prenez une voix niaise, faites des grimages et des mimiques ridicules) est forcément dans le lot. Et ça, ça m’agace. Si bien que je ne m’attarde pas plus d’un quart de seconde (oui, faut être précis !) sur le trio. Eux, je ne les aime pas.
J’aperçois brièvement Phelya, réellement belle, Tri, toujours aussi moche et flippante. Et puis Umbra, qui, pour une fois, a fait un effort vestimentaire. M’en fous, elle est toujours moche. Houla, va falloir que je me calme sur les critiques, manquerait plus que la folledingue de rousse n’arrive à lire dans les pensées. C’est donc avec le sourire que je regarde ma future femme s’enthousiasmer de la venue de je ne sais qui. Elle est sublime, tellement bien que je jette un mauvais regard à chacun des trois hypothétiques Adryan. Un regard en appelle un autre et c’est là que je redeviens gamin.

Kachi ! Kachina, putain !

D’un coup j’oublie que je vais me marier à une femme que je ne peux pas blairer, qu’un autre que moi va se la faire. Je ne vois plus qu’elle. Elle est venue, c’est tellement…wahou ! Ça fait tellement longtemps que lorsque je lui avais envoyé l’invitation, je ne savais même pas si elle était encore en vie. Regardez bien cette femme-là messieurs dames parce que c’est mon premier amour. J’étais encore un gamin à l’époque, le genre de gamin un peu timide et pas franchement doué pour la drague. Et c’est ce même gamin qui s’est pris un râteau dans les règles de l’art par la Louve du Sud. Après ça, je n’étais pas resté longtemps et j’avais changé. Beaucoup. J’étais devenu un coureur, j’avais commencé les soirées belladone/opium/alcool. J’avais laissé le gamin dans le sud pour devenir un homme. Un homme à femmes à défaut d’avoir pu être le sien.
J’avais envoyé cette invitation pour lui montrer que je n’étais pas resté sur cette première déception amoureuse mais surtout pour la revoir. Car, quoiqu’il ait pu se passer, elle restait l’amie qui m’avait rendu heureux quand être un simple bâtard me blessait. C’est donc avec un immense sourire que je me glisse à ses côtés sur le banc. Et que je regarde son ventre légèrement rebondi avec un autre sourire, moins large mais tout aussi sincère.

Alors comme ça la Louve va avoir un louveteau ? Tu m’en voudras pas si je jalouse le père ? En parlant de père, tu savais que je l’étais devenu ? La mienne de gamine est là-b…

L’ample mouvement du bras est interrompu dès que mes yeux se posent sur Léan. Belle à en crever. J’ai mal de la voir si droite, si Roide. Elle n’aurait pas dû venir à ce mariage parce que celle que j’épouse n’est pas elle. Alors que c’est Elle et aucune autre que j’aime. Le sait-elle, au moins ? Sans doute que non vu la façon que j’ai choisi de le lui prouver…en épouser une autre, mais oui ! Lèvres pincées, je lâche dans un murmure la fin des présentations :

Et elle, c’est la femme que j’aurais voulu que tu conduises jusqu’à l’autel.

[It's as if I'm scared
C'est comme si j'étais effrayé
It's as if I'm terrified
C'est comme si j'étais terrifié
[…]
Are we playing with fire ?
Sommes-nous en train de jouer avec le feu ?]*

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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Jenifaelr
La jeune femme, attrapa la main de sa soeur, avant que celle-ci s'installe au fond, elles iraient plus près, puisque du clan Corleone, l'une des plus grandes règles d'une famille, n'est-elle pas de veiller les uns sur les autres? Même si elle les connaît à peine, l'italienne respecte cette règle à la lettre. Elle lui explique en Italien sa façon de parler, murmurant.

Bien qu'habillée simplement, la Vitalis reste l'Unique Rose du Languedoc, la sublime, la magnifique, LA Vitalis ! La flamboyante, le Rubis, bien des noms pourraient la qualifiée. Elle regarde les présents, des Corleone, d'autres non, elle voit même le géant, qu'elle avait blessé un temps. Elle détourne rapidement la tête.

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La_montagne


Et moi? Bah, j'reste là. Je continue d'observer les gens, leurs visages, leurs vêtements, et leurs comportements. C'est pas de la curiosité, même si pour faire mon travail, il faut aimer regarder les gens. Moi j'aime bien regarder les gens. Ils disent tellement sur eux-même sans besoin d'ouvrir la bouche. J'aime bien, les gens. Je pense que c'est parce que les gens ne m'aiment pas beaucoup. J'imagine que depuis petite j'ai cette drôle d'envie d’être comme les autres.

Maintenant cette envie m'est un peu passée. Depuis que j'ai rencontré les Corleone, je suis plus à l'aise dans mon corps. Je me suis rendue compte que la beauté et la taille fine ne font pas tout, que je sais faire des choses. En tout cas, que je suis un bon garde, que je me débrouille très bien avec les armes, et qu’être aussi forte et grande peu devenir un atout. Il suffit de pas vouloir être tavernière, quoi. Il suffit, en gros, de s'accepter et de mettre au profit ma réalité. Et ma réalité, c'est que je suis juste énorme et moche. Dans l'armée, je me suis coupée les cheveux, très courts. J'avais l'illusion bête que ça ferait les hommes me respecter un peu plus, dans le genre je suis plus forte que toi, autant au niveau physique que dans mon caractère. Dans le fond, c'est pas vrai. J'ai un cœur d’artichaut, et quand on arrive à m'arracher mes feuilles les plus dures et aigres, je peux même pleurer. Mais ça fait longtemps que ça n'arrive pas, et c'est mon secret. Mon secret à moi, c'est que je suis une vrai fille, au fond. Mais ça, c'est au fond. Je me demande si vous le savez, Gaia Corleone. J'ai comme l'impression que oui. Mais je sais que vous allez garder mon secret. De toutes façon, ça serait mauvais pour toutes les deux, que les autres le sachent. Pour vous, ça serait pas pratique qu'on sache que votre protection a un cœur de fillette. Et moi, ça me détruirais un peu, comme au temps où on m'a dit que je ne pouvais pas être tavernière, ou à l'époque de l'armée, quand j'ai coupé mes cheveux, et que je n'en ai ramassé que des plus cruelles moqueries. C'est dur de se faire traiter de monstre, parfois. De se faire traiter de garçon manqué dans toutes les lois de l'art de l'insulte. En arriver à se faire dire que je dois avoir le clito presque aussi dur qu'une bite, sans pouvoir réagir, c'est dur. Enfin... réagir, j'ai réagis. J'ai cassé quelques nez et quelques bras, j'ai donné quelques bons coups. Puis, j'ai du laver les lettrines. Je suis sûre que le capitaine était un lope et qu’après avoir fait le dur pendant la journée, il se comportait comme une gonzesse avec d'autres hommes. Alors, c'est sûr, ça devait pas être simple pour lui de devoir voir une femme-homme tous les jours. Mais c'était quand même pas ma faute!

Enfin. Je reste là et je regarde donc l'étrange théâtre improvisé qui se forme sous mes yeux. Je suis un voyeur. C'est drôle, être une montagne et passer inaperçue. Et pour la petite précision, je ne suis pas montagnarde, alors y'a pas d'risques que je me batte pour des droits d'auteur cette nuit. Par contre, y'a des choses que je vais pas laisser faire. Notamment laisser pisser cette... chose, femme, dans une vasque de l’église. C'est pas que l'idée me dérange en soit, franchement je m'en fou. Je m'en fou de beaucoup de choses, vous avez remarqué. Mais ça reste un mariage, et ça reste Notre-Dame, et surtout, c'est le mariage de Gaia Corleone à Notre-Dame. Alors nenni.

Je fais quelques pas vers la vielle. Moi, j'entends le bruit de mes solerets frapper la pierre froide et résonner en écho dans toute l’église. Mais je pense que je dois être la seule à l'entendre, puisque l'église commence à se remplir, les gens commencent à bavarder et les bruits se mélangent. Je me presse pas plus que ça, parce que je ne crois pas que voir un garde courir vers une femme entrain de pisser soit exactement le genre de scènes qu'on voudrais voir dans un mariage. D'ailleurs, le plus discret sera le mieux, comme ça on remarquera le moins possible cette vulgarité. Mais elle est déjà remarquée. Une femme l'approche avant moi et elles entament conversation. Comme si de rien. Je comprends vraiment pas ce mariage, parfois.

J'arrive, en tout cas. Et ma main saisit le col de cette femme. J'aimerais bien dire qu'elle est moche, mais ça serait un peu comme quand l'église se fout de la charité. Quoique, l'église, généralement, se fout vraiment de la charité, et moi, je suis surprise par la laideur de son minois. Je l'empoigne avec force et la tire vers moi, ignorant complètement l'autre femme. L'autre, elle est jolie et bien habillée. Ce qui me dérange, parce qu'en plus elles semblent se connaitre. Et cela veut sans doute dire que la première est bien une invitée. Et vraiment, je n'ai aucune envie d'aller déranger la Fée en sa fête pour le lui demander. C'est un peu gênant, comme situation, vous accorderez.


- Non.

Oui, je suis pas une grande bavarde. Mais "Non", ça devrait peut-être suffire. J'y ai mis le ton de l'autorité, et je la tiens encore empoignée par le col. Et puis, je l'ai pas vraiment brusquée, non plus. Juste non. Pas ça, pas maintenant. Franchement. Je sens un mouvement, le mouvement d'une petite foule se retournant d'un même geste et je regarde un homme et une femme entrer, bras dessous bras dessus. Je me demande pourquoi est-ce que ça parait un événement. Mais ça ne m’intéresse pas non plus, n'est-ce pas?

- Pas ici.

J'ai comme senti le besoin de rajouter ça, parce que je dois quand même avoir l'air un peu idiot, de juste dire "Non" en l'empoignant par le col. Juste un peu, quoi. Et puis, en faite, j'ai vraiment envie de retourner à ma place, la place de l'invisible. Ça me gêne toujours un peu, de devoir être remarquée. Les gens, j'aime les regarder, pas les traiter. Ou seulement dans l'intimité, quand je suis pas regardée à mon tour, ou seulement mes hommes, parce qu'eux, ils savent qui je suis, ils m'obéissent et ils ont peur de moi. Peut-être que je n'aurais vraiment pas fait une bonne tavernière, en faite. Quoique, avant, j'aimais bien les gens. Maintenant j'aime juste les regarder et être aux aguets. J'aime bien les cogner, aussi, quand c'est nécessaire. Mais la conversation, non, c'est pas mon truc. Et cogner, je vais pas cogner cette femme, ici, maintenant. Ça servirait pas à grande chose, je pense. Juste à trop attirer l'attention. Et ça, j'aime pas. Moi, moi j'aime bien être juste le personnage qui ne sert à rien, mais qui est là. Le personnage qui intègre la pièce mais qui n’apparaît jamais sur scène. Un peu l'Astyanax* de l'histoire. Et vraiment, parfois je pense que la pièce tourne autour de moi, parce que je suis celle qui voit tout, et parce que, finalement, je suis le centre de l'Univers. En tout cas, en se qui me concerne. J'imagine que tous et chacun sont le centre de leur univers. Mais moi, contrairement à presque tout le monde, je sais que le centre de l'univers est invisible aux yeux. Ce soir, par contre, Gaia Corleone, je veux bien vous laisser partager mon centre.


*Astyanax est le fils d'Andromaque et Hector. La pièce Andromaque de Racine tourne pas mal autour de cet enfant que les grecs veulent tuer, et qui n’apparaît jamais sur scène. Par contre, si ma mémoire est bonne, dans l'Andromaque d'Euripide, Astyanax est déjà mort au début de la pièce.
Vasco.
Sur le parvis de la cathédrale balayé par le vent, il n'y avait personne. Pourtant d'habitude une foule bigarrée emplissait ses marches : gamins sans avenir, mendiants, estropiés, parias, catins sans classe...Toute la lie de la société, ceux dont personne ne voulaient parce que soit-disant ils ne servent à rien. Billevesées que tout ça! L'homme le plus puissant de Paris serait sans doute celui qui serait capable d'utiliser cette masse d'incapables à ses propres fins. Les filles Corleone avaient tort mais jamais elles ne l'admettraient : la violence aveugle ne sert personne. Elle n'apporte aucune puissance. Elle n'est qu'un simple exutoire à ses propres faiblesses. Ces laissés pour compte en revanche ont deux yeux, deux bras, deux jambes. Enfin..Pour la plupart! Ils ne demandent pas grand chose si ce n'est de quoi manger et boire tous les jours. Pour beaucoup d'entr'eux, ils refuseraient même l'hospitalité pour la nuit. Quand le temps est clément, ils sont bien mieux dehors que dedans. Et quand il est de mauvaise humeur, ils se débrouillent par eux-même... Même ici, à Paris, dans la ville des fous et des barbares. Celui qui détient le savoir est bien plus puissant que celui qui détient les gros-bras sans cervelle. Ce savoir, il est à portée de main, à la vue de tous : les laissés pour compte. Eux, ils sont partout dans la ville. Ils voient tout, ils entendent tout et ils ne comprennent rien. Le profil idéal pour la collecte de renseignements. Leur force? Leur nombre! Oui... Continuez votre travail de destruction bourgeois et nobles! Enrichissez-vous sur le dos de ceux qui n'ont rien, qui ne sont que des sous-hommes dans votre esprit. Méprisez-le! Encore plus que ce que vous faites actuellement. Continuez à vous entourer d'une cour qui passent son temps à vous flatter et à vous lécher les bottes, à se frotter à votre jambe comme le ferait n'importe quel chien contre une barrière! Vous vous nourrissez de cela pauvres fous! Ça flatte votre personne de vous sentir aimer. Mais personne ne vous aime. C'est votre propension à distribuer des titres qu'ils aiment. Ce sont vos écus, et ce que vous vendez comme étant votre pouvoir qu'ils adulent faussement. Les catins ne vendent que leur corps elles. Vous, vous vendez aussi vôtre âme! Vous dédaignez la lie de la société n'est-ce pas? Cette même lie que VOUS avez créée? Eh bien, cette lie vous fera payer cher votre orgueil et votre mépris. Et pour cela, elle n'a besoin que d'un homme, un seul : celui qui saura exploiter ses qualités. Celui qui voudra utiliser la puissance qu'elle lui offre : celle de connaître tout ce qui se trame dans cette ville. Qui discute avec qui, qui voit qui, où ils se rencontrent... A quelle fréquence? Des rendez-vous réguliers ou spontanés? Comploteurs, intrigants, amants, puissants... Plus personne ne serait à l'abri. Plus personne n'aurait le droit à sa vie privée. Celui qui dirigerait les laissés pour compte serait le véritable maître de la ville. Et ses sources de revenue seraidnt innombrables et intarissables.

Les pensées de Vasco cheminaient dans la spirale des ténèbres. Elles se nourrissaient de ses frustrations et de ses indécisions. Le froid et une pluie fine qui s'était mise à tomber étaient aussi pour quelque chose dans la morosité du sicilien. Les citronniers ne fleurissent pas sans soleil ni chaleur. Les siciliens ne s'épanouissent pas dans la purée de pois et dans l'humidité grise. Vasco se demandait si c'était le temps ou les Corleone qui avaient nettoyé le parvis de la cathédrale. La lie qui reposait d'habitude sur ces marches s'étaient fondue dans le liquide bourgogne de la foule parisienne? Avaient-elles fui sous les actions de nettoyage des gros-bras sans cervelle de la matriarche... la Mama Corleone? Ou le simple nom de Corleone est-il assez puissant pour tout raser sur son passage?

Patrouillant autours de la cathédrale, du côté Seine, le sicilien aperçut un mendiant emmitouflé dans ses nippes. A ses côtés sa sébile était désespérément vide. Adossé à un contrefort, l'homme semblait dévisager le Visconti d'un air désabusé. Le sicilien fit sonner sa bourse et deux écus tintèrent dans la petite tasse du mendiant. Sans nul doute un geste qu'Arsène désapprouverait. Si seulement elle savait qu'il donnait un quart de sa part des rapines aux pauvres dans les églises. L'homme le remercia d'un truchement de la tête, comme il devait le faire à chaque don. Il n'y avait aucune chaleur humaine dans ce geste, aucun remerciement sincère, c'était un simple geste mécanique. Velasco remonta la capuche de son mantel sur sa tête. Les températures diminuaient encore alors que la nuit s'étalait de tout son long.

S'approchant des abords du quai, il alla contempler le fleuve. La lune avait dépassé son dernier quartier*. Elle dansait de manière lascive dans les flots noirs de la Seine. Au loin, un corbeau émit un cri rauque. D'abord un chat, et maintenant un corbeau! Le sicilien détestait ça. En bon marin, il était superstitieux, et il haïssait autant les chats noirs que les corbeaux qui croassaient dans une nuit où même la lune a envie de se cacher. Oui, tout ce mariage n'était que folie, arrogance et démesure et tous ces signes étaient entrain de lui donner raison. Lui n'attendait qu'un mot, un geste : qu'on lui donne enfin le signal de décamper. Que le clan s'ébroue et que cette mascarade ne soit plus que chose du passé. Surtout qu'il y avait moultes activités plus passionnantes les unes que les autres à celle de tourner en rond autour d'une cathédrale en scrutant dans le froid les ténèbres à la recherche d'un hypothétique danger.

Il était presque revenu à son point de départ, là où il avait croisé le mendiant. Était-il encore là celui-là d'ailleurs? La réponse était affirmative si cette forme obscure qu'il distinguait à peine était bien son corps. La fatigue avait sans doute eu raison de lui. A moins que ça ne soit le vent et le froid? La curiosité l'emporta sur le droit à la vie privée du gueux. Le sicilien s'approcha. Il remarqua aussitôt que les écus qu'il lui avait donné étaient toujours présent dans la sébile. Eh bien! En voilà un qui était bien imprudent! On dirait qu'il n'avait pas peur de se les faire voler. Il faut croire qu'il n'avait pas connaissance de la qualité de l'assemblée qui célébrait en cette instant dans la cathédrale. Velasco s'arrêta aux pieds du mendiant allongé de tout son long sur le sol. Oui. il dormait du sommeil du juste, et il allait avoir mal dans le cou à dormir ainsi la tête penchée en arrière. Un doute naquit soudain dans son esprit. Tête penchée en arrière? Vasco passa son pieds sous le ventre du gueux et le fit rouler en arrière. L'homme n'émit aucune résistance. Ses bras suivirent le mouvement, s'étalant en croix sur le sol gelé. Sur sa poitrine, une tâche sombre prenait de l'expansion. Velasco se pencha sur le corps et vint tremper son majeur dans le liquide poisseux, le portant ensuite à ses lèvres. Un gout âcre et métallique se diffusa dans sa bouche. Du sang! Le sicilien tira sur les pans de la chemise, révélant un blessure à l'arme blanche au niveau du cœur. L'homme venait d'être assassiné et la cause n'en n'était pas le don de deux écus. Les images affluèrent dans l'esprit du marin : le chat noir, la lune, le corbeau... La destinée l'avait averti pourtant! L'inquiétude recouvrit le visage basané de l'italien. Celui-ci se leva prestement, abandonnant le mendiant à son triste sort... et aux corbeaux. Des bruits de talon claquant contre les pavés humides se firent entendre dans la nuit parisienne. Une ombre aux accents siciliens se hâtait en direction du parvis de la cathédrale...



Source : www.taliscope.com/LunePhases.html
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Helena..
Je trainais ma petite soeur par la main à travers les rues sinueuses de la ville. Il fallait que je m'occupe de son cas, elle ne pouvait pas non plus débouler au mariage de son père vêtue salement. Nous deux, main dans la main, courant plus qu'autre chose en direction opposée du lieu de la réception.

Allez, bouge toi un peu!

Arrivée à destination, je me dépêchais, faisant de mon mieux pour la déshabiller, un brin de toilette, rhabiller, installer assise dos à moi pour que je puisse démêler sa tignasse. Je ne fus pas épargnée des cris porcins qu'elle émettait pour montrer son désarroi ou je ne sais quoi. Elle était belle ma petite soeur, un jour, elle ravagerait des coeurs, si ce n'était pas déjà trop tard.. Je jetais un coup d'oeil à mon allure par la même occasion, voilà que cette dernière m'avait décoiffée à cause de la course à travers la ville. J'ajustais ma chevelure de feu, resserrant quelques mèches et en laissant tomber deux trois pour encadrer mon visage. J'avais le teint pâle, mes yeux couleur ébène ne ressortaient qu'un peu plus. Franchement, on était au taquet ma soeur et moi. Ils n'avaient qu'à bien se préparer! Et voilà, je la rattrapais par la main, faisant attention qu'elle ne touche pas la cicatrice qui s'y trouvait, ça aurait été trop douloureux. Nous avions pris une course toute aussi folle que la première, tenant fermement Lex d'une main, et de l'autre, tenant désespérément ma coiffure. Les gardes nous laissèrent entrer. Ils n'avaient plus devant eux la petite fille aux allures de mendiante, mais deux jeunes et jolies femmes. Enfin, nous étions dans Nostre-Dame dans toute sa splendeur. L'endroit était magnifique, risqué, mais splendide. Tout était impressionnant, la hauteur du plafond, les moindres recoins. Toute cette hauteur me faisait penser à mon passé, mon père, ma défunte mère, et puis, ma soeur de sang.. Ce passé ne me manquait pas, ma soeur me désespérait.
Je regardais les invités, les belles robes que les femmes portaient. Umbra, en robe, Fleur était magnifique elle aussi, Phelya, où était elle? Elle devait faire honneur à la famille! Pleins d'autres qui m'étaient inconnues. Mes ébènes furetaient, détaillant les hommes bien vêtus, que dire. L'ambiance était étrange. Mes yeux croisèrent Léan, j'hésitais à la saluer, lui adressais un signe de la main discret. J'avais soif, il fallait que je boive. J'allais mieux, tout mes soucis commençaient à s'éloigner. Mais, je tremblais, j'avais soif. Je murmurais, distraite, un nom, en boucle : Louis. Cherchant Vector du regard, je me mis un peu en retrait pour observer les comportements humains.
Lagriffe
Rester invisible…Rester invisible ! Tu parles oui ! Avec une sœur comme Gaia, c’était une chose impossible. A la première syllabe de son nom prononcé, Clémence se dissimula un peu plus derrière le pilier qui la protégeait de son ombre. Gaia, mon Autre, mon Unique, étais-tu réellement obligé de brailler ainsi dans tout Notre Dame ? Le pourpre lui caressa les joues avec délicatesse et les azurs balayèrent la foule. Les gens se semblaient pas s’en émouvoir et poursuivaient leurs discussions dans des sourires parfois si factices qu’ils en étaient effrayants. D’une main nerveuse, la fauconnière lissa sa chemise emprisonnée dans son serre taille et fit mine de s’intéresser à la dalle sous ses pieds.

Mais c’était bien mal connaitre son aînée qui après avoir réuni un trio improbable, revint à la charge. Elle était sublime, et bien plus que cela encore. Sa robe émeraude rehaussée de fils d’or mettait parfaitement en valeur ses courbes rondes. Sa chevelure brune relevée en ce chignon soignée lui donnait l’air d’une véritable fée. Son sourire et son bonheur était si resplendissant que les bougies de Notre Dame pouvaient bien s’éteindre, cela ne changerait rien. Clémence ne put retenir un sourire ému et ce furent des azurs brillants qui glissèrent le long des rondeurs douces de sa sœur.


« Mon Autre, les mots me manquent pour te dire à quel point tu es magnifique, ce soir. »

Puis la voix claire se fit murmure léger, un peu confus tandis que le minois s’abaissait dans un air désolé.

« Je suis honteuse de me présenter ainsi vêtue le jour de tes noces. Mais je suis loin de posséder des tenues telles que celles de tes invités, ma Fleur. Pardonne-moi. »

Comme à chacune de ses paroles, Clémence était sincère. Elle aurait voulu non pas par péché d’orgueil mais pour que sa sœur ait pu être fière d’elle, arborer elle aussi une de ces robes chatoyantes. Mais déjà, elle se retrouva contre le cœur de sa sœur et toutes ses pensées se dissipèrent. Un élan de tendresse la submergea et elle respira profondément le parfum de son Unique. Comme avait-elle pu passer tant d’années loin d’elle alors que désormais, le seul fait de l’imaginer hors de sa vue lui brisait le cœur ?

Alors qu’elles se séparaient quelque peu, Clémence vit les larmes danser au fond du regard de sa sœur et pour ne pas y succomber elle aussi, elle détourna les yeux. Ne pas pleurer. Pas aujourd’hui. Pas ici. La fauconnière glissa donc un masque de douceur tendre sur son minois tandis que son double l’entrainait dans la foule. D’un doigt tendu, elle lui présenta leur frère. Clémence ne put retenir une moue de surprise. Leur frère ? Elle avait donc un frère ainé ? La jeune fille le détailla avec une curiosité difficilement retenue. Un frère ainé…La surprise était de taille mais elle eut à peine le temps de l’assimiler que déjà Gaia lui présentait d’autres visages. Umbra…Léan…Les noms se succédaient et Clémence hochait lentement la tête. Découvrir tant de monde, tous de sa famille…Et elle qui se croyait il y a peu encore orpheline. Et pourtant, sans trouver de repos, ses azurs revenaient à son frère. Gaia avait dit qu’il la haïssait…Une moue d’incompréhension passa sur les lèvres rondes de la jeune fille, rapidement dissoute par une mimique amusée, réponse immédiate à la sentence de sa sœur. Celle-ci la fixait avec un émerveillement que Clémence avait bien du mal à comprendre quoiqu’elle lui portait exactement le même.


« Mon Autre, je ne saurais où aller…Ce sont là tes invités, tes noces. Et je ne connais pas le moindre visage sous ce toit.»

Son regard erra un instant sur la foule de visages et d’expressions qui se regroupaient face à elles. Tant de monde…tant d’inconnus…Mais son sourire franc et tendre ne la lâcha pas pour autant et elle l’adressa à sa sœur en lui caressant la main, presque inconsciemment.

« Fais donc ce que bon te semble, mon Double. Ce soir, c’est ton soir. Plus que jamais. Mais ne doute pas, car je suis là. »

Puis elle glissa à l'oreille seule de sa soeur, alors qu’elle l'enlaçait :

« Je serai toujours là… »
--Adryan
Les hanches souples de la Pâquerette s’éloignaient des serres de ses doigts, et si dans l’esprit castillon, des visions sacrilèges s’invitaient de vouloir les affoler outrageusement sur le pavé même de Notre Dame, d’autres hurlaient à l’assassinat. Voulait-elle donc sa peau, l’Empoisonneuse, en le plantant là, entre un amant d’un soir tout autant désiré que méprisé et un amoureux qui n’avait de cesse de vouloir le charmer par des mots d’amour gorgés d’ire jusqu’à la lie, lui bouffant les nerfs comme personne ?

Fleur, Fleur, Fleur… Es tu donc cruelle ou simplement affreusement naïve et aveugle ? Ô Fleur…

Mais le coup de grâce pourtant n’était pas encore assené. « Je vous abandonne ici messieurs, j’ai quelques petites choses à peaufiner avant que la cérémonie ne démarre. » L’espace d’un instant, Adryan fut farouchement reconnaissant à Alphonse de fuir aussi sec, allégeant le poids de sa contrariété de moitié. Malheureusement pour le Castillon, la gorgée d’apaisement ne fut que de courte durée et bien acide quand, suivant malgré lui du regard les pas du Chat, incapable de s’extraire à l’enivrement de cette nuque féline, il comprit l’impensable en le voyant campé devant l’autel à relire des feuillets.

Ce serait lui, lui le Chat, qui officierait à la cérémonie. Incontrôlable, un imperceptible rire nerveux s’échappa de ses lèvres.


Fleur, Ô Fleur… Que me fais-tu ? Je dois assister à ton mariage, et comme si ça ne suffisait pas, tu m’imposes en prime la présence de Dacien effleurant mon épaule et la voix d’Alphonse sifflant à mes oreilles tout le long de la cérémonie. Fleur, ô Fleur, tu vas le regretter, ce soir, je t’en fais la promesse ma belle Princesse. Et son rire résonna un peu plus, encore inconscient du regard plein de hargne qui s’échouait parfois sur son ombre. Si les Corleone n’avaient rien d’enfants de cœur, le luxe et la débauche de l’Aphrodite n’en était pas moins pernicieux

Ce soir, il serait tenaillé entre trois hommes méprisés et une attention méticuleuse à ne pas froisser la Reine de la nuit. Ne pas la froisser, non, elle l’Exception. Elle, Fleur qui de par sa simple existence même était sa rédemption. Expiation délicieuse depuis que sous les assauts d’Alphonse, Adryan avait signé son péché d’un rugissement extasié, avouant sa préférence souveraine pour la chair des hommes. Et pour cela il l’aimait la petite Fée, éclopé encore trop fragile qu’il était pour ne pas s’éblouir d’un mirage.
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