Freidrich


- Il n'était pas tout jeune, c'est le moins que l'on puisse dire. Non, franchement, il était même vieux. Comme il le disait lui-même aux jeunes gens, il avait vu passé une bonne soixantaine d'hivers, ce qui n'était pas rien & tenait même plutôt du miracle !
-« Tu crois qu’à Paris, les gens sauront apprécier ma musique ?
- J’en suis sûr, maistre Freidrich.
- Merci, gamin. »
Selon lui, sa longévité tenait au fait qu'il buvait du bon vin car depuis le temps qu'il écumait les villes, depuis sa ville natale au nom imprononçable en Germanie jusqu'à Vendôme en Touraine, il avait toujours trouvé aubergiste sympathique ou juste mélomane qui lui offrait le gîte et le couvert en échange de son don du Ciel : la musique !
- -« Alors ? Tu as fourré la serveuse de l’auberge parait-il ?
- Que… Quoi ?! Mais non ! Jamais !
- Oh, dis ! Ne me la fait pas à moi. J’en ai fourré plus d’une dans ma jeunesse…
- Maistre Freidrich ! »
Il était toujours accompagné de Rudolph, son « petit neveu » comme il disait. Mais à la vérité, le vieux Freidrich avait fait une bonne action en sortant le pauvre garçon de la plus grande misère. Il s’était prit d’affection pour lui, bien qu’il s’amusait à la taquiner quelques fois.
Depuis lors, ils étaient devenus inséparables. Tout comme sa vielle et sa fameuse cape de laine grisâtre usée par le temps, il le suivait partout, mendiant tandis que le vieux jouait à la perfection de son instrument.
Les sons tantôt graves, tantôt aigus, tantôt vibrants s’échappait de l’instrument. Le vieillard au passé mystérieux était un véritable virtuose.
Installé dans une rue parisienne, il s’était mis à jouer un air dansant, tandis que Rudolph qui, au passage, était un nain roux, se découvrait et brandissant son chapeau…
- -« M’sieurs, Dames, à vot’ bon cœur ! »
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