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[RP] Cette nuit, j'ai rêvé d'un Lisreux ...

Lastele
[Depuis je ne ferme plus les yeux.]

Le soir tombe sur Arles. Les yeux fixés sur le pavé, Lastèle observe les ombres s’allonger. Un frisson lui parcourt l’échine, il fait de plus en plus sombre dehors. Dans sa tête il fait noir. Elle frémit, l’angoisse monte. Quelques bribes d’images remontent d’un délire si proche qu’il semblerait réel. Ces monstres, ces chimères qu’elle a rêvé … Ne sortaient-ils vraiment que de son imagination ? La jeune fille doute. Et cette incertitude la trouble d’avantage. Les menaces, les coups, elle a tout entendu et tout ressenti. Ce ne peut pas être faux. La sorcière a menti, ce n’était pas un cauchemar. C’était assez réel pour qu’elle s’en souvienne. Assez violent pour que chaque souvenir laisse une marque dans son esprit. C’était assez proche pour l’effrayer encore à chacun des pas qu’elle fait.

La Lisreux allonge l’allure, trottine puis court franchement jusqu’à l’auberge où elle loge en attendant. En attendant quoi ? De s’installer en ville surement mais pour l’heure, sa chambre est au second étage d’une taverne acceptable dans le bourg. Elle entre dans la salle commune et referme la porte derrière elle, espérant laisser dehors ses craintes infondées. La lumière la rassure mais pas suffisamment. Son cœur bat la chamade, sa mâchoire se crispe. Tout va bien, pourtant. Il n’y a rien ni personne de menaçant. Il n’y a rien, se répète-t-elle. Mais le nœud au fond de son ventre se resserre. Encore, et encore. Alors elle monte les marches quatre à quatre, et s’enferme dans sa chambre. La serrure est verrouillée, la porte coincée par une chaise et une dizaine de chandelles éclaire la pièce de leur chaude clarté. La brune se protège d’une menace extérieure mais le mal dans la pièce. Il la suit partout parce qu’il est dans sa tête. Il s’y est installé dès lors qu’elle s’est mise à hurler, engloutie par un songe provoqué par une mauvaise tisane.

Calme-toi. Calme-toi bon sang ! Tu n’es plus une enfant Lastèle. Tu n’as jamais eu peur de la nuit.

Lorsque j’étais enfant, Moran me rassurait. Il était mon pillier.
Mais il n’est pas là pour te protéger, ce soir …
Et la voix résonne dans son crâne. Il n’est pas là. Elle est seule face à ses démons ce soir. Seule pour combattre son propre esprit. Elle se sent folle. Folle à lier.
Inspiration. Je ne suis pas folle.
Expiration. Je ne suis pas folle.

Et comme elle n’est pas folle, la demoiselle se dévêt, étire son corps long et osseux. Ses membres gardent quelque chose d’enfantin, ce quelque chose qui montre si bien qu’elle n’est pas femme. Une sorte de raideur dans ses angles, ses hanches étroites que les mèches cuivrées viennent caresser, et ses formes si peu rondes qu’elle cache sous la robe de chambre qu’elle enfile rapidement. Les pupilles de jais fouillent la pièce du regard : il n’y a rien sous le lit, les coins sont vides de monstres. L’ingénue peut se coucher, s’endormir sans crainte. Cette fois rien ne viendra troubler son repos.
Pourtant elle ne ferme pas l’œil. Elle a peur, elle est terrifiée. Les bougies se consument lentement, la cire fond et les mèches brûlent. Elle ne supportera pas de se retrouver dans le noir. La nuit est effrayante, lorsque les démons sortent. Alors elle veille. Lorsqu’une lumière s’éteint, aussitôt elle la rallume. La chambre est un abri, et les minuscules flammes son salut. Son aîné ne la protègera pas, mais le Très-Haut ne l’abandonnera pas. Elle récite son credo, ses prières, sans relâche, au pied de son lit. La nuit passera et elle ne bougera pas. Dormir c’est mourir, pense-t-elle. Ils vont m’assassiner dans mon sommeil. Ils vont m’enlever et me sacrifier, je le sais, elle me l’a dit.

Alors elle reste éveillée. Ou du moins essaie. Elle se sent flancher au bout de peu de temps. Il est trop tard, elle est vidée par la tension qu’elle soutient depuis trop d’heures déjà. Elle se résigne à s’écrouler, morte de fatigue sur son lit. Lentement elle glisse sous la couverture. Et plonge dans un sommeil lourd, lourd, lourd …
Morphée la sauve de la réalité, mais certainement pas de ses propres rêves …

_________________
Umbra
[Je n’ai pas besoin de dormir, ma vie est un cauchemar depuis que je respire.]

Adossée à la fenêtre de sa chambre donnant sur la rue, l’Ombre guettait avidement l’ascension de l’astre blanc. Le temps, s’égrainant à la lenteur de l’éternité, laissait à l’insomniaque tout le loisir de se plonger dans ses songes éveillés. Depuis combien de temps Umbra n’avait-elle pas fermé les yeux ? Ses iris de jais s’étaient bordés de cernes violâtres assombrissant davantage son visage. Les rares instants de sommeil ne lui étaient pas pour autant réparateurs et cela influençait grandement ses états d’âme. La Noiraude passait ses soirées à s’enivrer ou à ruminer mais dans tous les cas, le mal était toujours présent. Ancrés dans sa vie, ancrés dans ses nuits, ses tourments n’avaient de cesse. Elle enviait la venue de l’aurore, signe de trêve pour le commun des mortels, là où les mauvais rêves s’achèvent dans l’or matinal. Nuit et jour, c’était toujours un ciel d’encre dans son regard, un cauchemar qui ne guérissait pas et qui faisait de son existence, un véritable enfer terrestre. Mais à force, Ombeline s’était résignée, elle avait fini par accepter que la mort serait son unique repos.

Ce soir là, il ne restait qu’une poignée de minutes avant que la lune ne trône dans les cieux, à peine plus pour que les bons gens aillent se lover dans les bras de Morphée. La Bâtarde, quant à elle, languissait l’arrivée de son étoile filante. Ce petit faisceaux lumineux se pointa non là-haut mais à l’étage inférieur, à même les pavés froids de la ruelle. Rabattant la capuche sur son faciès usé, la Manchote fit signe à son amie de descendre. Toutes les deux rejoignirent un petit homme effaré, muni d’une torche scintillante.


Elle loge là-bas, m’dame Corneille…Vous.. Z’allez pas m’donner à Sac-a-souris, hein ? Pitié, m’dame Corneille…J’vous ai dit tout c’que j’savais !
Donnez-moi votre torche.
Tenez…Mais laissez-moi en vie, j’vous en conjure !
Je vous souhaite la bonne nuitée, messire.


Dans la rue déserte, on entendait encore le malheureux détaler comme s’il avait le Sans-Nom aux trousses. Les encapuchonnées partirent dans la direction opposée, avec tout ce raffut, les miliciens ne tarderaient pas à revenir sur leurs pas. L’Ombre et son acolyte contournèrent donc le cheminement de la ronde de nuit pour éviter les gardes. Elles avaient tout calculés ou presque. Umbra avait réfléchi toute la journée à ses méfaits mais pour comprendre cet engouement soudain, il fallait revenir quelques jours en arrière. Un soir maudit où elle avait fait la connaissance d’une énième Lisreux. Lastèle, sa sœur. L’aversion de la Noiraude pour sa lignée avait atteint son paroxysme au point de devenir une folle obsession. Dans sa haine contre son propre sang, elle perdait la raison, de là, à vouloir décimer les siens. Ils l’avaient abandonné, renié. Aujourd’hui, c’était à son tour de les réduire à néant.

Triora avait usé de ses pouvoirs afin de manipuler la brune mais coup du sort, cette dernière avait fini par confondre Ombeline avec Moran, leur ainé. Jamais, ô grand jamais, la Bâtarde ne tolérerait une telle erreur. Ce soir, elle était déterminée à lui faire comprendre qu’elle n’était pas cet arrogant et qu’il ne serait pas là pour la sauver comme elle avait le don de l’imaginer. Cette nuit serait son dernier repos paisible. A l'aube, elle connaitrait l'angoisse des insomnies et des terreurs nocturnes.

Le cliquetis des armes résonnait non loin des jeunes filles et pour faire diversion, la Manchote envoya la torche sur un toit de paille. Lentement, il s’embrasa et bientôt les cris d'effroi percèrent le silence de minuit. A l’écart du rayonnement blafard qui baignait la cité réveillée en sursaut, les encapuchonnées attendirent que l’auberge qu’elles surveillaient se vide pour y pénétrer. Tous les gens encore éveillés se précipitèrent vers l’incendie afin d’éteindre les flammes qui consumaient la paille sèche d’une vieille bicoque. L’Ombre et la Sorcière profitèrent de cette inattention soudain pour bloquer alors toutes les issues de la taverne, emprisonnant en son sein, trois âmes tourmentées. Le feu déclaré leur laisserait assez de temps pour vaquer à leurs occupations, à condition qu'elles ne s'endorment pas.

Umbra monta les degrés qui menaient aux chambres et ouvrit avec précaution chacune des portes afin de trouver la bonne. Bientôt, devant elle, se trouva le tableau rêvé : Lastèle dormait paisiblement alors qu’à sa fenêtre s’agitaient les ombres inquiétantes des flammes et les appels à l’aide des habitants. La Noiraude claudiqua dans un recoin de la pièce, laissant la Rouquine à ses préparatifs. Ses iris de jais couvaient de jalousie la plénitude et l’innocence de la brune. Ses traits singuliers semblaient apaisés et sa respiration lente prouvait son état de sommeil. Tapie dans l'ombre, Ombeline attendit son heure.

Lorsque que le marchand de sable passe et quand sans bruit, le silence se rapproche…*


Repose toi calmement et souviens toi de moi.

*Paroles de "Rest Calm" de Nighwish.

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Triora
Dans l'obscurité totale des ténèbres l'enfant qui n'en est pas une suivait sa sœur résolument , silencieusement ... En gardant ses deux yeux figé sur la vision de sa sœur contre sa fenêtre ... Le visage éblouit macabrement par a lumière lunaire ... Ou va te mener ce combat , grande sœur ... Une famille de puissant contre nous deux ... Ces questions la torturait intérieurement ... Même lorsque sa sœur la secoue pour partir ... Même lorsqu'elle abattait sa capuche sur son faciès ... Même lorsque le pécore tremblait en voyant le sourire patibulaire de l'enfant qui laissait ses souris arpenter les tissus qui recouvrent son corps comme un corps entouré de charogne ... Même lorsqu'elle se saisit de la torche et mit feu a la chaumière , réveillant ainsi la plus grande crainte que les hommes connaissent ... Même lorsque celle ci observait la jeune femme couchée dans son lit au centre de ses bougies ...

L'enfant était cette fois habillée d'une sombre tenue trouée couverte de tache de plante ... Et d'un peu de sang ... Le visage recouvert d'une sombre pâte noire au joue et le long du cou ... Et d'une pâte aussi blanche qu'un os lavé par le temps dessinant un crane sur son visage plongé dans l'ombre de sa capuche... Ses bras entouré de chaîne et a son cou le pendentif d'un pentagramme ...L'enfant se saisissait un a un des bougies pour allumer ses petits bâtonnets d'encens qu'elle glissait partout , dans la cire des bougies , sur le bord de la fenêtre , les pieds du lit , entre les lattes de bois semant une affreuse forte odeur vireuse et nauséabonde...

Puis glissant sa main dans sa tenue et se saisissant d'un étrange bocal contenant un liquide carmin qu'elle garde a une main ... Puis l'enfant se met a croasser a voix basse ... Mettant son index , ponté vers le bas en direction de son intimité ... Puis laisse tremper son autre main dans le bocal d'écarlate ... Laissant le liquide s'écouler a grosse goutte de ses doigts ...Puis , semblant être dans un état second ... L'enfant remonte son index jusqu'a son épaule droite ... Jetant une nouvelle fois des gouttes dans cette direction ... Puis la sorcière continue ses gestes jusqu'à l'épaule droite, ,la hanche gauche, la droite, l'épaule gauche et enfin, et son intimité ... Un affreux sourire dévisageant son sourire en observant son oeuvre que seule elle comprend a l'instant ... Lentement elle pose son bocal au sol ... Trempant ses mains pleinement dans le liquide carmin ... Et fait rejoindre les perles rouges entre elle ...

Puis l'enfant se place au centre de cette étoile inversée entourée d'un cercle, faisant tomber une épée qu'elle cachait sous ses vêtement, a son dos, au sol ... La lame est si rouillée qu'elle transmettrait la peste juste en la regardant ... Et une dague étrangement riche ... Tranchante ... Sombre et travaillée qu'elle pose dans le bocal ... L'enfant se pose a genoux au centre de l'étrange dessin ... Sortant des derniers objets ... Des lanières de cuirs ... Et une potion emplie d'un liquide aussi noire que l'oeuvre qui s'apprête a être crée a l'instant ... Lentement le visage de l'enfant se tourne vers sa sœur ... Un regard étrange ... Sans peur ... Sans colère ... Vide ... éternel ...

Puis un chuchot presque imperceptible
Tu vas me faire réveiller quelque chose qui sommeille en moi , grande sœur ... Participe a ce péché ...Et si nous mourons avant ta vengeance ... Ta malédiction sera de rester dans les bras non de ce que tu vois ici ... Non de ce que Fleur croit que je suis ... Mais de ce que je suis vraiment ...

Puis ses yeux se ferme ... Intimant une hâte ... Une douleur ... Presse toi grande sœur ... Je vais entrer en scène ...
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Umbra
[ La vie est un rêve dont la mort nous réveille.*]

Tapie dans un recoin de la chambre, l’Ombre observait sa sœur endormie à quelques pas d’elle. Les flammes du brasier extérieur dansaient dans la pièce assombrie, déformant les ombres du mobilier présent. Les projections s’étiraient et s’agitaient dans cette inertie environnante. Les cris des villageois ne perçaient à peine le silence ambiant. Triora entamait ses pratiques douteuses sans qu’Umbra n’intervienne, elle se contentait de fixer Lastèle, de l’envier et de la maudire. Sa respiration lente et quasiment inaudible narguait la Noiraude, qui elle, yeux béants retenaient son souffle pour ne pas faire de bruit. La voir encore allongée alors qu’elle-même se tenait debout jouant sur son équilibre hésitant pour ne pas faire grincer le parquet rustique. L’état de sommeil profond de la brune prouvait bien qu’elle n’était qu'un songe dans son esprit.

Parait-il que seuls les meurtriers arrivent à dormir en geôle…Dans la prison de la vie, Ombeline était donc une innocente. Coupable d’un crime qu’elle n’a pas commis, elle souffrait d’insomnies. Un soupir légèrement plus fort qu’un autre attisa la colère de la Manchote. Ses jointures se crispèrent et ses dents crissèrent. La soudaine envie de la réveiller à coups de poings en hurlant toute sa haine l’échauffa. Après tout pourquoi s’être donné autant de mal pour faire diversion et s’introduire discrètement dans sa chambre ? La respectait-elle au point de s’effacer même dans sa vengeance ? Non. Non, l’Ombre s’intimait que l’inconnue dans ce lit n’était rien d’autres qu’une traitresse, pire ! Une Lisreux alors non, elle n’aurait pas du intimider ce badaud pour la pister toute la journée durant. Non, elle n’aurait pas dû prendre son temps à réfléchir à un plan ni faire perdre celui de sa cadette qui s’évertuait dans ses connaissances interdites. Umbra n’avait pas à incendier le logis de pauvres innocents tandis que la fautive sommeillait encore paisiblement dans ses draps sans se soucier du sort d’autrui, surtout du sien. A cet instant, elle regrettait de ne pas avoir défoncé la porte à grand coup de pied. Le fracas assourdissant l’aurait extirpé violement de son repos et dans ces pupilles écarquillées d’effroi, les nécromanciens pourraient encore lire le portrait de la Noiraude qui macula la literie de sang Lisréen. Une large entaille dans la gorge et la victime gisante dans son propre liquide carmin. Les iris de jais voyaient rouge ce que la nuit baignait d’obscurité.

Finalement, ce fut le murmure croassant de la Sorcière qui sortit Ombeline de ses songes. Cette dernière l’invitait à prendre part dans ses sciences occultes. Elle savait que tout ce savoir maudit ne découlait que des croyances encore plus impies. La Bâtarde ne sous-estimait ni les pouvoirs ni la ferveur de son amie païenne. Ce soir, elle l’avait choisi parmi moult damnés de son entourage pour rendre l’existence de sa sœur cauchemardesque. Cette hérétique pouvait le faire et la Manchote se surprit à frissonner lorsqu’elle l’appela. Qu’avait-elle concocté cette fois-ci ? Entre les prières démoniaques, les poisons létaux et les tisanes surdosées, elle s’attendait à tout de la part de Petit-Œil. Bien que l’Ombre ait fini par perdre la Foi, certains principes restaient ancrés en elle et, souvent lors de grands troubles –peur, tristesse…-, elle continuait intérieurement de prier pour son Salut ou celui des siens. Cette nuit, même si tous les maux provoqués ne sauraient se tourner vers Lastèle, Umbra pria pour ne pas être atteinte des effets provoqués. Se rapprochant silencieusement de sa cadette, elle glissa son visage dans un pâle faisceau lumineux pour éclairer son attention. Extirpant quelques lacets en cuir de sa poche, la Noiraude les laissa pendre dans la lumière en signe d’interrogation. Fallait-il la ligoter maintenant ou devaient-elles d’abord la réveiller pour aviver sa terreur ? L’ombre des liens projetés au sol dessinait des cordes de pendus. Elle sourit en coin à cette image avant de détourner son attention vers la condamnée.


Lastèle, demain, tu rêveras de ne plus jamais fermer l’œil…

Et comme chaque âme tourmentée ici-bas, elle attendra avec impatience l’éternel repos. Dans sa miséricorde, Ombeline ne te l’accorda pas cette nuit.

*Hodjviri

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Lastele
Plongée dans un noir profond, Lastèle dormait. D’un sommeil sans rêve, à demi reposant seulement, mais elle dormait tout de même. Le corps enfin détendu, libéré de cette peur irrationnelle du noir qui maintenant qu’elle était inconsciente, ne lui tiraillait plus le ventre. Aveugle et sourde, elle ne pouvait pas savoir toute l’agitation qu’avait provoquée sa seule parenté avec Ombeline. Si elle n’avait rien dit de son identité, rien de tout cela ne serait arrivé. Elle se serait épargné bien des tracas. Il n'y aurait eu ni hallucination, ni incendie. C’est l’amour de son nom qui l’a forcée à le clamer, bouffie d’orgueil elle n’a pas su tenir sa langue. Mais comment deviner ? Non, on ne prédit pas de pareilles conséquences, on les envisage, on les minimise ; on les subit. Ah ! Si elle avait su … Et si elle pouvait ne serait-ce que voir la pièce à cette heure, détailler la sorcière qui régnait dans la semi-obscurité, elle n’ouvrirait plus jamais les yeux, par crainte de revoir cette scène.
Il y a de ces images qu’on préfère ignorer sous peine de ne plus jamais vivre de la même façon, comme une enfant au visage monstrueux, ou pire encore, son air de jouissance absolue devant la terreur d’autrui.
Il y a de ces sons à glacer le sang qu’on préfèrerait ne jamais entendre, comme le bruit d’un bocal en verre déposé sur le sol, d’une épée qu’on tire de son fourreau, ou des hurlements qu’ils provoquent irrémédiablement si on comprend ce qu’ils signifient.
Ces choses auxquelles on préfère ne pas penser, parce qu’on finit par en devenir fou. Si la jeune Lisreux savait ce qui se tramait dans sa chambre, elle aurait hurlé à pleins poumons. Elle serait morte de peur, elle aurait appelé à l’aide. Elle aurait prié, supplié Dieu de lui venir en aide. Mais Dieu ne s’abaisse pas à sauver les pauvres mortels de leurs noirceurs imaginaires. Elle est encore loin la jeune fille, pour l’instant, dans un monde entre le rêve et la réalité, dans cet entre-deux où rien n’existe, pas même le Très-Haut. Se réveiller la ferait revenir parmi les vivants, simplement. Mais sa sœur ne semble pas décidée à la laisser quitter les limbes, et c’est probablement vers l’enfer que son esprit vogue, lentement mais surement, grâce aux incantations hérétiques.

Lorsque les effluves pestilentiels de l’encens se portèrent aux délicates narines de la brune, son odorat l’interpella. Si ses yeux étaient clos et ses oreilles bien incapables de distinguer les murmures de la Corneille et de Sac-à-Souris, son nez reconnaissait clairement une odeur dangereuse. Cela aurait pu la tirer du sommeil, comme un incendie réveille les habitants d’une maison avant de les asphyxier et de les bruler vifs, mais non. Un haut-le-cœur souleva imperceptiblement sa poitrine, mais ne l’éveilla pas. Une expression d’angoisse pure crispa les traits juvéniles. Elle allait commencer à rêver.
Un songe horrible où les hommes sont redevenus des bêtes, où l’hiver est éternel et seuls les rires des bourreaux troublent un silence morbide. On chasse le bon et on chasse l’innocent sur un désert gelé. Et Lastèle fait partie des proies, elle est poursuivie mais rien à faire. Jamais elle n’est en sécurité et jamais on ne la rattrape. Elle n’a pas peur de mourir, pas peur de souffrir, ce qui l’effraie c’est cette fuite macabre, qui ne s’arrête jamais. Elle ne pense pas s’échapper, mais il reste une lueur d’espoir qui baisse au fur et à mesure qu’elle court sur la glace. Elle veut vivre, mais elle sait plus que tout qu’elle va se faire tuer. Pourtant rien n’arrive. Et c’est cela, le plus terrifiant. Le rien, le vide, le silence et la solitude. Elle a besoin de partir mais elle ne peut pas, elle doit courir mais ses jambes refusent. Des cavaliers arrivent, ricanant, et la mort danse devant leurs yeux agrandis de fureur.
Elle est piégée dans cet endroit, dans sa tête, où rien n’est trop sombre pour l’engloutir, un monde où il n’y a plus rien, rien d’autre que la noirceur de son âme et des pêchés qu’elle n’a jamais commis. Elle paie pour toute l’humanité et plus exactement pour ce qu’a fait son père à sa sœur Ombeline. Voilà pourquoi elle ne dormira plus, parce que sa sœur a besoin d’une vengeance et que quelqu’un doit payer.

Le sommeil agité, la Lisreux dormait toujours. Les paupières tressaillant quelques fois, plusieurs plaintes s’étouffèrent dans sa gorge. Elle rêvait.
Oh la nuit serait longue …

Mais le cauchemar ne fait que commencer.

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Umbra
[J’aimerais que cette nuit dure une éternité,
La pénombre qui m’entoure, les rives de cette mer solaire,
Oh, comme j’aimerais partir avec le soleil,
Dormir, Pleurer avec toi]


Lastèle semblait s’agiter dans son sommeil. Peut-être ressentait-elle le cauchemar qui l’attendait dans la réalité ? Penchée au dessus de son visage endormi, l’Ombre l’observait. Elle écoutait sa respiration s’accélérer insidieusement à l’appréhension.

Tu sens le danger, Lisreux ? Tu le vois ? Alors ferme-bien les yeux…

Si l’unique poing d’Umbra n’était pas pris des liens, elle aurait surement effleuré les traits singuliers du bout des doigts. Simplement pour se prouver qu’elle ne rêve pas cet instant, qu’il est présent et qu’elle le vit, les yeux grand ouverts. La Noiraude détourna un court instant son attention vers Triora toujours affairée à ces rituels maudits.

Les flammes s’étouffaient par delà la fenêtre faisant disparaitre en fumée leurs ombres menaçantes dans la pièce. Bientôt le calme reviendrait, peut-être avant l’aube même. Il fallait agir maintenant sans perdre plus de temps. L’encens asphyxiait largement l’air quand Ombeline entreprit de lier pieds et poings de sa sœur. Les sangles en cuir bien que fines paraissaient très solides, assez pour meurtrir la chair prisonnière si elle tentait de lutter.

La Bâtarde n’eut pas de mal à manipuler le corps endormi malgré ses mouvements limités. Un dernier regard faussement attendri sur la brune ensommeillée et depuis peu entravée avant que l’œillade redevienne sombre et torve. La Manchote se posa à la tête du lit et plaqua sa main glacée sur les lèvres de sa captive, pressant assez fort pour assourdir le moindre bruit sans pour autant l’étouffer. Sans perdre le contact visuel malsain, la Boiteuse approcha son faciès du familier pour murmurer doucereusement :


Je sais que tu ne dors plus, Lisreux… Penses-tu vraiment que ta docilité t’épargnera ? Ne rêves pas trop, ma chère. Ce soir, je vais t’emmener quelque part, je vais te montrer une autre existence…

La phrase resta une fraction de seconde en suspens avant que le chuchotement effrayant reprit d’un ton monocorde :

Un monde habité par des ombres, là où l’unique compagnie est la solitude et la folie pour seule consistance. Ce royaume que tu n’as jamais eu l’occasion d’imaginer, toi, Lastèle, légitime, bien née. Mais tu verras là-bas que ta lignée ne pourra rien pour toi. Moran et les tiens n'y ont pas leurs places...Pas maintenant. Tu seras seule, Lisreux. Seule et incomprise…

Les dernières paroles grésillent au fond de la gorge de l’Ombre. Cet univers qu’elle décrit est une triste réalité, la sienne. Mais ce soir, Umbra est d’humeur altruiste, elle compte bien faire partager son fardeau à sa victime. La tête encapuchonnée se tourne alors vers la Sorcière et d’un hochement, lui fait comprendre qu’elle peut débuter.

Là où tu iras, tu seras désespérée. Il n’y aura que la mort pour t’apaiser...
Maintenant, rêves ma vie pendant que je vis mon rêve.

Bonne nuit, Lisreux.
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Triora
L'enfant restait au centre de son étoile de sang , les yeux fermé en murmurant les paroles du vieux grimoire qu'elle avait étudiée durant toute sa vie ... L'encens faisait son effet elle avait l'impression de s'envoler ... De sentir une hilarité malsaine remonter du fin fond de ses entrailles comme le vent glacé plante ses poignards invisible dans la chaire ... Elle se berçait lentement en rond en penchant la tête en arrière , sentant le froid baiser de ses dieux se poser dans son cou ... Elle psalmodiait ce qu'elle craignait le plus ... Mais sœur le voulait ... Sœur me protège ... Mère veille sur moi des enfers sur son trône de chaire et d'os ... Regarde ce que je fais pour toi , grande soeur ... La voix croassante s'élève plus fort ...

Cauque-mar ... La nuit de cette femme t'appartient ... En ce jour et les autres a venir ... Vient a moi ... Moi une de tes plus tendres victimes ...

L'enfant se met a rire a gorge déployée , la déformation de son visage prend d'affreuse forme ... L'enfant tombe sur le dos en gigotant comme un diable , donnant l'air de danser une affreuse gigue désordonnée ... Les yeux écarquillés sur le plafond ... L'esprit embrumé ... Et des larmes coulant de ses yeux ... Se traînant hors de l'étoile de sang dessinée sur le plancher et se couvrant du liquide carmin ... Elle se traîne au sol en usant de ses ongles qui se cassent ... De la force des ses bras ...Et ses jambes ballantes ... Et cet affreux couinement qui lui sert de rire ... Sœur ... Elle lève sa main couverte du mélange de son sang a celui du bocal pour le poser sur le lit ... Lentement elle tire pour que son visage apparaisse enfin ... Les yeux anarchiques fixent la victime d'un regard fou a lier ... L'enfant continue de rire en observant la femme ... Un rire cette fois ... D'enfant ... Face a un ridicule jouet ...

Soeur ... J'ai perdu l'esprit ... N'est ce pas ?
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Lastele
Il n’y a guère que la douleur pour éveiller ainsi une enfant si profondément endormie. Et que l’instinct pour lui intimer de ne plus bouger. Faire la morte, plonger la tête dans un trou et ne plus en sortir, comme une autruche, c’est ce qu’elle fait lorsque les liens viennent l’enserrer. Prise au piège, la voilà prise au piège. Elle n’ose plus respirer, ne se défend pas. Elle écoute, elle attend et ne la trahit que son cœur qui accélère au rythme des incantations démoniaques. Non, elle ne dort plus. Elle cauchemarde. Il y a quelques minutes à peine, elle était seule avec sa paranoïa. Elle n’a pas ouvert les yeux. Elle contemple le sombre de ses paupières closes, dans l’espoir qu’on la laisse tranquille. Mais Ombeline est claire là-dessus … Elle ne sera pas épargnée. Et des mains, glacées jusqu’à l’ongle se posent sur sa bouche. On veut la tuer. On va la tuer. L’étouffer, l’asphyxier et empêcher l’air d’atteindre ses poumons jusqu’à ce qu’elle meurt dans cette chambre, sur ce lit. Lorsqu’imaginer son cadavre blême et décomposé lui devient insupportable, alors, seulement, trop tard sans doute, elle se débat. Avec pour seul résultat de se blesser, elle finit par ouvrir des yeux horrifiés devant la scène qu’elle vit désormais au premier plan. Elle hurle, ou plutôt veut hurler. L’oxygène lui manque. Elle panique. Et sa gorge refuse de laisser passer un seul des cris suraigus qui remonte du font de sa poitrine. Quand bien même ses cordes vocales lui obéiraient, les mains de la noiraude la bâillonnent. Personne ne viendra à son secours. Et elle comprend, au regard de la demi-Lisreux, qu’on ne cherche pas à l’assassiner. Simplement à la torturer et lui faire regretter d’être née. Souffrir pour le plaisir de la bâtarde. Tout ce qu’il lui reste à faire c’est d’attendre et de se détendre ! Ah ah. Bien tenté.

MH ! MMMMH MHH ! MH MHHHMMH !

Ou en lastélien : « Laissez-moi ! J’vous en prie, laissez-moi … »
Et puisque de toute évidence, ses bourreaux ignorent tout de la pitié ou de la compassion, elle se tait. Elle n’a rien à espérer. Non, plus rien. Ses traits se crispent, l’angoisse pure se lit sur le visage juvénile. Des visions d’horreur torturent son esprit sans relâche, sa chambre devenue un autel maudit l’effraye à mourir, sa sœur avec qui elle n’a en commun visiblement que les gènes paternels s’est mis en tête de la rendre folle et une enfant s’apprête probablement à la sacrifier à l’un de ses dieux païens. Non, elle n’a plus rien à espérer, ce soir, si ce n’est que ce délire prenne fin avec le levé du soleil. De toute évidence, elle est loin d’être libérée.

Moran, sauve-moi. Sauve-moi Moran, de ces ombres qui envahissent la pièce. Empêche-la de me faire du mal, empêche-les de vendre mon âme au diable !
Parce que c’est ce qu’elle voit, pour l’instant, la brune. Elle voit l’horreur et l’enfer, elle voit un sacrifice immonde et elle hurle, elle hurle à plein poumons mais rien ne franchit ses lèvres scellées par les mains de l’Ombre. Elle va mourir, ce soir elle va mourir. Si ce n’est physiquement, sa santé mentale ne s’en sortira pas. Elles sont folles. Elles sont toutes folles. Les Lisreux comme la sorcière, elles sont toutes folles folles folles. Folles à lier. L’une d’entre elle ressortira-t-elle indemne de cette nuit brumeuse ?
Ses yeux se brouillent de larmes, Lastèle ne dort plus, elle pleure. Ombeline ne mentait pas. Elle préfèrerait n'être jamais venue au monde.


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Umbra
[Les monstres de la Nuit ne sont que l'ombre des créatures du Jour]
-Pensée d'Umbra-

Dans la chambre s'éleva une fumée trouble, un épais filet à la fragrance écœurante. Lentement, le parfum empesta la pièce pour s’insinuer vicieusement dans les poumons des trois jeunes femmes. L’air asphyxié par l’encens devint lourd et irrespirable. Les effets commencèrent à se faire sentir. Chaque nouvelle inspiration étourdissait davantage les sens des demoiselles présentes, empoisonnant leurs corps.

La main bâillonnant toujours les lippes gémissantes de Lastèle, les iris de jais observaient la Sorcière entrant en transe. Son masque peint sur le visage, Umbra ne percevait que la Mort s’agiter à quelques pas d’elles. Un rictus brisa sa bouche, la Noiraude ne paraissait pas inquiète de cette hallucination. Malgré son manque de lucidité, elle savait tout au fond d’elle que cette entité ne venait pas la chercher, elle.

Le regard sombre se détourna alors sur le visage tordu d’effroi de la brune sous son emprise.


Petite Lisreux, tu devrais ouvrir les yeux. Tu devrais contempler l’immensité de l’affliction humaine au lieu de te morfondre dans le chagrin de ton piètre coeur. Vois l’étendue des ténèbres nous envahir et nous aveugler. Entends la terreur et l’agonie nous assourdir. Ecoute, Lisreux...

Tout comme les lèvres, les paupières se fermèrent un court instant. Le temps que cette effrayante vision naisse dans l’esprit juvénile de la captive. Un profond vertige se creusa au fond du poitrail d’Ombeline. Le haut-le-coeur soudain lui fit écarquiller ses hématites sur la carcasse difforme et déguisée de Triora.

Ô ma soeur de douleur ! Toi qui partage mes maux et qui veille sur le repos de mon âme, fais que la folie nous emporte dans ses tourments... Amène-nous chez nous. Là où l’obscurité est reine, où la peine n’a de réconfort. Que Lisreux partage notre fardeau, qu’elle sente, qu’elle goute, qu’elle écoute, qu’elle voit et qu’elle vive notre cauchemar !

Les doigts se crispèrent sur les joues, les ongles s’enfonçant dans la chair ferme du faciès prisonnier. La voix rauque s’éleva dans les airs en une complainte raillée.

Je veux qu’elle connaisse l’abandon et la solitude ! Je veux qu’elle demeure seule et incomprise ! Je veux que la folie empoisonne son esprit ! Fais qu’elle souffre autant que moi... Que son coeur se ferme à jamais et que ses yeux perdurent grand ouverts jusqu’à sa mort et plus encore ! Fais que sa vie ne soit plus qu’une nuit sans fin...

La poigne relâcha violemment le visage et le regard fixant les traits familiers se fit assassin. Les poumons se gorgèrent de fumée hallucinatoire et petit à petit, la conscience se dissipa. Comme absorbées, les iris brumeuses suivirent le corps délirant de la rouquine. Le décor se déforma à son tour sous ses yeux, balayant la chambrée pour ne laisser place qu’à des ombres environnantes menaçantes. Le corps de la Bâtarde toujours à la tête du lit se raidit, le poing crocheté non loin du visage de la damnée allongée. La voix croassante de Petit-Oeil semblait lointaine tandis que des hurlements assourdissaient sa tête, enivrant son âme.
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Triora
L'esprit de Triora voyageait a travers la pièce ... Elle observait la scène d'un regard extérieur qui n'était pas le sien ... Elle voyait son corps ramper comme un mort recouvrant la vie mais n'ayant pas récupéré totalement les capacités de son corps pourrissant ... Son âme dansait , riait , hurlait dans la pièces parmi tant d'autre ombres et pourtant son regard était figé sur celui de sa sœur ... Les lèvres tordue et difforme allongée jusqu’à son oreille droite s'élargissent dans un rictus malveillant pour dire d'une voix grognante , grinçante , croassante ...

La grande sœur craignait la magie ... Et la voila invoquant les démons ... Offrant une âme en pâture aux démons des enfers , jouissant de son arrivée

Le corps possédé rapprochait son visage malsain de sa victime en souriant comme si elle souhaitait voir ses joues se déchirer pour rendre son faciès encore plus hideux ... Se glissant a califourchon sur le ventre de sa victime comme un lézard doué d'une cruautés et d'une perversion innée ... Elle plonge ses yeux dans ceux de sa victime ... Le petit œil fou tremble d'une joie incommensurable ...En pleurant ... De joie ? De peine ? L'enfant n'est plus sure ... Elle connaissait cette impression de mystère , de peur , de colère qui la gagnait ... Elle baignait déjà dedans ... Dans le sang de sa mère... D'une voix plus rassurante ... Et étrangement sarcastique.

Ton âme m'as été confiée ... A ta mort je te ferais connaitre mille plaisir ... Tu jouiras de ma main et de mes serviteurs ... Tes membres arrachés me serviront de trône ... Tes cheveux me serviront de draps dans lesquels je me frotterais avec les autres jusqu'a l'éternité ... Tu ne connaîtras que souffrance ... Et pourquoi dis-tu ?

Le sourire éssayait encore de s'élargir le plus possible pendant que sa main couverte de brulure caressait la joue de sa victime ... Son visage approchant encore en salivant d'un appétit vorace

Car ... Tu m'as été offerte par cette femme que tu pourras maudire ... Jusqu’à ta mort ...

Le corps difforme se redresse en riant affreusement ... Un éclair percute le sol , non loin de l'auberge , créant une ombre titanesque et déformée de l'enfant ... la pluie ayant remplacé les flammes ... Les incendies avaient cessé a l’extérieur ... Ils reprendront ... Dans une autre vie ...

Je vous le promet
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Lastele
Lastèle rouvrit les yeux, fixa les "invitées" dans sa chambre. Suffisait-il de penser à autre chose pour que tout s’arrête ? Pouvait-elle simplement ignorer cette scène glauque et brumeuse pour retourner à sa nuit de sommeil ? Elle regardait tour à tour la Corléone et la sorcière, les yeux écarquillés par la terreur, la respiration haletante. « Rien de tout cela n’est réel » se répétait-elle. Mais absolument tout son être croyait dur comme fer à l’image infernale qui se dessinait devant ses pupilles horrifiées. L’enfant qui montait sur son lit, la touchait, la rappelant que devant pareil pouvoir elle n’était rien, rien qu’une pauvre mortelle hantée par des chimères qu’on lui imposait. La pieuse Lastèle tremblait d’effroi. Elle se raccrochait vainement à un reste de raison, malgré le bruit assourdissant de ses propres hurlements et des incantations de Triora. Un murmure, venu de loin, s’échappa des lèvres de la Lisreux, dans un drôle de réflex, implorant la seule divinité reconnue dans son monde de lui venir en aide. Enchainée, entravée, la brune pria à mi-voix.

Toi qui règnes sur les vivants et les morts, sans nous obliger à Te suivre, Toi qui nous envoya Aristote et Christos, pour nous guider sur le difficile Chemin de la Vertu …


Envoie-les moi, voudrait-elle hurler. Qu’ils me guident hors de ce cauchemar qui remplit la pièce de ses funestes hallucinations. On a besoin de lumière ici-bas, pour échapper à l’horreur de nos vies. Ombeline était-elle croyante ? Pensait-elle en son âme et conscience que le Très-Haut un jour, viendrait la punir pour toutes ses mauvaises actions et qu’elle n’y gagnerait qu’une éternité dans la Lune ? Sans doute pas. Lastèle se souciait soudainement du salut de cette demi-sœur qui pour l’heure ne songeait qu’à la tourmenter pour une sombre histoire de sang bâtard. Etait-ce vraiment cela qu’elle avait vécu toute sa vie, seule, enfermée, loin de tout et sans soutien ? La jeune fille restait bornée à la simple idée qu’elle mourrait ce soir, et qu’elle tâcherait de sang les mains qu’elle avait la naïveté de croire encore pures. Quelles autres atrocités Umbra avait-elle pu commettre avec sa drôle de petite sœur, monstre vivant qui par sa seule apparence, ôtait le sommeil aux âmes trop sensibles ? C’était une bonne question.

Toi qui souffres quand nous souffrons, qui est le centre de nos pensées et de nos vies, entends notre chant.


La captive n’écoutait plus ce qu’on disait dans la chambre, les menaces, les promesses d’horreur n’avaient déjà plus d’effet. La gamine trop fragile était déjà brisée en mille morceaux. Ou du moins le pensait. Mais elle avait tort. C’est une étrange sensation de croire toucher le fond, puis de le toucher pour de vrai. De sentir que toute la souffrance que l’on croyait avoir accumulé auparavant n’était absolument rien de comparable avec la véritable douleur que l’on ressent, en mourant de peur. Littéralement. L’angoisse qui monte et déverse dans le sang un flux d’adrénaline si puissant qu’il pourrait faire arrêter votre cœur. C’était ce désespoir là qui gagnait l’innocente. Déréliction suprême lorsqu’à ses oreilles, parvint le son rauque de la voix diabolique :

Ton âme m'as été confiée ... A ta mort je te ferais connaitre mille plaisir ... Tu jouiras de ma main et de mes serviteurs ... Tes membres arrachés me serviront de trône ... Tes cheveux me serviront de draps dans lesquels je me frotterais avec les autres jusqu'a l'éternité ... Tu ne connaîtras que souffrance ...

Comment ne pas y croire. Dieu ne l’aiderait pas dans cette épreuve, et sa foi inébranlable s’en trouva ébranlée. Comment persuader quelqu’un de vous accorder de la pitié au nom de la religion, si vous-même ne croyez plus en rien ?

Non ! Non non non ! Le Très-Haut est près de moi, il entend et voit ce que vous faites ! N’approchez pas ! Ombeline, tu peux encore sauver ton âme ! Relâche-moi, aide-moi ! Je ne veux pas mourir seule et abandonnée ! Ne me laissez pas ici ! Que le ciel vous punisse toutes, qu’il vous montre la lumière et que ce soit votre châtiment pour avoir volé sa pureté à mon cœur d’enfant !

Et la voix de crécelle retentit entre les quatre murs de la pièce enfumée. Lisreux beuglait plus qu’elle ne parlait, ses phrases entrecoupées de sanglots n’ayant plus aucun sens et des larmes salée ruisselant sur son visage brûlaient sa peau là où Umbra avait laissé la marque de ses ongles. La brunette se débattait, hurlait, tentait de se défendre contre toutes les ombres qui semblaient l’attaquer, mais retenue par les liens, tout cela était vain et inutile. Quand bien même elle aurait été libre de ses mouvements, elle n’aurait pu rendre les coups portés par ses assaillants imaginaires. « Ce qui est mort ne saurait mourir »*. La seule solution aurait été, peut-être, de se calmer et attendre que ce mauvais moment passe. Mais ce n’était pas imaginable. Lastèle était déjà perdue dans les méandres des rêves qu’elle faisait éveillée. Elle était devenue folle. Pour un soir ou toute une vie, elle était devenue folle.



* Citation de Game Of Throne, bande d'incultes !
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Umbra
... Tu m'as été offerte par cette femme que tu pourras maudire ... Jusqu’à ta mort ...

A la tête du lit, l’Ombre dominait la scène de sa frêle stature. Ses iris de jais brumeuses lorgnaient le petit être difforme serpentant les draps comme ce genre de monstres tapis sous la literie. Bientôt deux poignes griffues, velues ou pointues apparaissent à vos pieds et vous entravent dans un cauchemar sans fin.

Toi qui souffres quand nous souffrons, qui est le centre de nos pensées et de nos vies, entends notre chant.

Simultanément, son esprit, voguant sous l’effet hallucinogène de l’encens, perçu les prières de Lastèle. Ces litanies trop souvent psalmodiées dans l’oreille d’une idole sourde. Les paupières papillonnèrent et la carcasse tangua. L’unique main s’agrippa de justesse à l’armature boisé de la prison nocturne. Les souvenirs plus amers que douloureux resurgirent dans les songes d’Umbra. Ces soirs entiers à louer celui qui n’apparut jamais, celui qui ne changea rien à sa destinée, celui qui la délaissa...

Toi qui clame ton amour envers tes enfants à chaque endroit et à chaque heure.*

Les hurlements vrillèrent le crâne drogué et en réponse, le crochet s’abattit non loin du visage lisréen, trouant l’oreiller supportant ce dernière. La main de chair se resserra dans la crinière brune lorsque tout l’être se pencha pour lui faire face. Une oeillade sombre écarquillée d’une conviction proche de l’aliénation se figea sur les traits familiers :

Ouvre donc les yeux, Lastèle ! Est-Il là ?! Vient-Il te secourir ?!

Toi qui nous ouvre les yeux quand nous les fermons.*

Ta naïveté te perdra, espèce de crédule ! Dieu n’existe pas ! Rien ne te sauvera ! Tu entends ?! Rien ne te sauvera, pauvre folle !

Qui renforce notre piété et enfin, accueille nos âmes.*

Subitement, l’emprise se radoucît dans un éclair de lucidité. Le ton s’apaisa alors à son tour :

Mais n’aies crainte, Lisreux... On survit aisément quand on ne se fait plus d’illusions. Reste lucide, garde les yeux ouverts et tu vivras...

L’intonation grésilla au fond de la gorge, empreinte d’une soudaine tristesse. Lentement, Ombeline se redressa puis chancela de quelques pas en retrait pour laisser agir la Sorcière à ses maléfices:

Je te laisse l'achever, petite soeur.

Reçois notre hommage.*


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Triora
Le corps gesticulait et se tordait de rire ... Inhumainement. La fumée des encens dispersés aux alentours formaient un brouillard imprévisible et malsain... Elle entendait les démons qui l’effrayaient tant ... Qui la détruisaient ... Qui l’apeuraient ... Ils dansaient tout autour d'elle ... Elle les ressentaient l’effleurer et l'écorcher comme une bourrasque de vent sur un rideau ... Ses croassements chaotiques l’essoufflaient ... Et les prières l’énervaient ...

SILENCE ! Tu veux voir la puissance de ton dieux cruel ?! Le voila ! Sens ton cœur battre ... Et ton sang se glacer ... Se refroidir au fur et a mesure que ton être se vide ... Ton dieu t'abandonne...

L'enfant difforme redressait son corps et dansait sur les draps comme un serpent agonisant ... envoûtant ? tandis qu'une de ses mains couvert de sang se posait sur le cœur battant ... Apeuré ... de sa victime

Tes prières ne servent a rien ... Ne serviront a rien ... Tu es a moi ... Même au centre d'une foule tu sera seule car condamné a une vie des enfers ... Nous t’accueillerons et t'arracheront tes seins ... Ta féminité ... Nous t'arracherons les membres ... Tu hurleras de douleur et sera violée par des démons vicieux ... Mais jamais tu ne pourra abréger ces souffrances !

l'enfant levait ses bras et glissait sa main dans la manche de l'autre membre pour saisir une outre cachée sous les tissu qu'elle pressait pour faire jaillir un flot de liquide étrange qui échouaient dans sa bouche , ses yeux ... Son corps ... Les tissus ... La tête se tournait vers la victime en souriant affreusement avant que le corps n'a un violent soubresaut et rejetait le liquide sur le visage de la femme avant de souffrir d'une quinte de toux

... Et le démon ... Le voila ... Tu es désormais liée a moi ... Petit être fragile ...

Gros manque d'inspiration, désolé

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