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[RP] Le Colonel Moutarde

Ernst.
Sur le principe du jeu de piste, trois propositions sont faites, une seule est la bonne. Je propose à celles et ceux qui veulent participer, de m'envoyer par MP, l'action qu'ils souhaitent entreprendre. Je leur donnerai ensuite les infos pour écrire leur RP.

Le premier cas, se déroulera en trois actes. Chaque acte éliminera un certain nombre de prétendants. Si combat, il doit y avoir, libre à vous de l’interpréter comme bon vous semble. Vous pouvez, également, me demander de faire appel à un jet de dé pour désigner le vainqueur et adapter votre RP en conséquence. L'entraide est également possible.

Je laisse la semaine pour recevoir vos MP. Dans le week-end, j'enverrai les résultats à chacun. La scène II apparaîtra lorsque chacun aura agit.


Amusez-vous, jouez bien. Je ne suis jamais très loin. N'hésitez pas à m’interpeller.


Acte I



Préambule



    Comme à son habitude, Ernst von Zweischneidig passait sa journée dans son office. Situyé sur le flanc Ouest du marché d'Orthez, su le flnc droit se trouvait sa demeure personnelle, la compagnie commerciale von Zweischneidig prospérait bien. Elle n'était que le maillon d'une chaîne bien plus importante dont chaque partie avait pour point commun le grand blond qui les dirigeait. La famille von Zweischneidig commerçait depuis des générations. Chacune d'entre elles développa l'ensemble en apportant sa petite contribution. Pour certains, les premiers, se fut le labeur et la sueur du front pour d'autres se fut la chance, voir quelques coups de génie.

    Hans von Zweischneidig, père d'Ernst, faisait partie de cette dernière catégorie. Ilavait porté le négoce de la famille jusqu'aux Indes. Il avait enseigné à son fils quelques ficelles. La première était de bien s'entourer mais de ne jamais faire confiance à personne. Hans avait également noué quelques contacts dans les milieux dit "malfamés". Il estimait que certaines tâches nécessitaient des compétences particulières. Il avait appris à Ernst qu'avec un bon réseau et les bons intervenants, la concurrence était plus facile à gérer, à maîtriser même. Le fils n'avait pas le génie commercial du père, cependant, il avait un assez bon sens des chiffres pour avoir fait fructifié les avoirs en cours. Ernst estimait qu'il était temps de passer à la vitesse supérieure.

    Première étape. Se créer son propre réseau parallèle. Pour cela, il aurait besoin de main d'oeuvre, de ses propres Schmutzige Hände*. Il lui fallait donc recruter mais recruter intelligemment, si possible. Ernst avait appris, parfois à ses dépends, qu'on ne pouvait pas faire confiance à tout le monde, encore moins dans les milieux des "petites mains". Il lui fallait les bons contacts, les personnes qui ne le trahiraient pas. Il lui faudrait, ensuite, structurer à partir de ces personnes. Plus facile à dire qu'à faire. Ernst n'était pas du genre à abandonner facilement. L'idée, ,il l'aurait. Et ce fut le cas, un soir de réflexion. Il était seul devant le feu de cheminée dans son bureau situé au rez-de-chaussée de la demeure familiale d'Orthez. Un verre d'hypocras qu'il faisait tourner, machinalement, avec le bout des doigts. Il en buvait quelques petites gorgées à interval régulier. Jusqu'à ce qu'il se leva, sourire aux lèvres.

    Il s'installa à son secrétaire, tailla une plume avec soin. Les gestes furent simples bien qu'exécutés avec une certaine nervosité. Il avait trouvé sa méthode et il avait déjà hâte de voir le résultat. La plume gratta le vélin avec une certaine frénésie. Il devait organiser, préparer, élaborer un plan des plus audacieux. Les première missives furent scellées alors qu'on remplaçait la chandelle qui venait de se consumer. Les suivantes se rendraient là où se trouvaient les mains dont il avait besoin. A travers tout le royaume et au-delà de ses frontières, de la Cour des Miracles au cul de basse-fosse le plus retiré, un avis de recherche un peu particulier atterrit entre les mains des criminels notoires ou pas. Chacun, du coquin de cour au bandit de grand chemin, put s’entretenir du fait qu'un contrat venait de tomber.


* Mains sales

Mise en lien du post relié au SOS RP - Cliquez sur Acte I

_________________
Mr_who
Scène I

    Et ça traîne ses chaînes lourdement au fond d'un cachot,
    Et ça compte fleurette, le myrte entre les dents dans un bordel d'une rue sombre,
    Et ça se chamaille, ça se bourre-pif dans une taverne mal éclairée,
    Et ça bat la route et le passant qui passe,
    Ca en fait des choses ma bonne dame, ça en fait des pas avouables et pas avouées.

    C'était là qu'ils s'étaient rendus, le messager et toute sa ribambelle de doublures plus ou moins bien fagotées. Il y avait un message à faire transiter, un message à délivrer. Les sabot claquaient sur le pavé des ruelles, soulevaient la poussière des chemins de campagne. Toute un armée d'ambassadeur du crime s'était lancée à la poursuite d'exécutants plus ou moins notoires, plus ou moins professionnels. La nouvelle circulait sans se faire entendre. Les petits bouts de vélins se passaient de mains en mains jusqu'à leur destination finale. Ca sentait bon la mort et le rat crevé. Ca sentait bon l'or et le métal trébuchant. La chose était entendue. Il allait y avoir du cadavre. Les chrysanthèmes pousserait bien cette année. Les faiseurs de veuves seraient au rendez-vous. Le message tournait. Le vent mugissait une parole de damné. Un souffle glacé murmurerait bientôt à l'oreille d'un condamné.




    A tout ceux qui sauront lire ou se faire lire,
    A tout les traîne-savates, les porte-dagues, les mercenaires et gagne-misères,
    A tous les bandits de grand chemin et les assassins des petites ruelles,

    Il sera offert 500 écus pour chaque oreille d'un colonel de pacotille, violeur d'enfants et tyran au gant de fer.
    La moustache aussi tombante que la bedaine.
    Un hautain a qui il faut caquet rabattre.
    Un âne qui, de ne rien écouter, n'a donc plus rien à entendre.

    Ecoutez le chant du messager et, avec votre trésor, rendez-vous sur un marché du Sud afin d'y quérir votre pécule.



    La rumeur alla bon train. Elle courut, elle gonfla. Il se dit que le meilleur moyen, d'arriver à ses fins, était de se rendre dans un petit village des Hommes du Nord. Nichée au coeur du Bec-Hellouin, sise en l'abbaye des Bénédictins, trône une chapelle. En elle si vous fouillez bien, trouverez une pierre plate de schiste épaisse d'une main. Il vous faudra la soulever. Avec de la chance y dévoiler la cassette au trésor abandonnée par le mécréant aux oreilles de trop. Autre choix, autre possibilité, dans le cabanon attenant, foyer de cheminée et amoncellement de cendres à nettoyer. Ne soyez pas en reste, un troisième choix vous est offert. Tout près, gît une maisonnette à ses côtés un parterre de Pieds-d'alouettes où le trésor pourrait bien se nicher. Si la cassette est volée, le cochon sortira de ses gonds et se dévoilera au grand jour. Première étape de la devinette, premier pas ou dernier bond ? Le sinueux chemin en vaut-il le détour ?
Estuardo
[ Nîmes]

    « Nous sommes ici pour votre perte, pour vous faire damner. Nous sommes les pensées, les idées mauvaises, les tentations, les manies, les peurs, les soupçons. » *

Il avait vu le parchemin, abandonné sur la table d’une taverne nîmoise. Il avait sentit le pincement habituel de la curiosité. Il avait prit le parchemin. Il avait lu le parchemin. Il avait rigolé, il s’était demandé qui aurait pu laisser un message tel sur une table telle. Quelqu’un qui avait été intéressé par le message, quelqu’un qui n’était pas d’accord avec le message et l’avait enlevé de son endroit d’origine, et avait pensé à le brûler, mais l’alcool aidant l’avait oublié, sur cette table, de cette taverne, dans cette ville. Peut-être un voyageur qui était venu se griser la veille. Peut-être. Il avait lu deux fois le parchemin, deux fois il avait rigolé, deux fois il s’était dit qu’heureusement cette infamie n’était plus placardée à un mur. Puis, un ami à lui était entré dans la taverne. Puis, sans s’en rendre compte, l’aragonais avait rangé dans sa sacoche le parchemin. Et ils burent, et ils rirent pendant toute la soirée, et le parchemin, et le message, furent oubliés. Du moins, oubliés de la conscience, de la mémoire active. Mais, comme une source de chaleur qui ne s’éteint pas, le parchemin sembla continuer une vibration dangereuse depuis l’intérieur de la sacoche, et de par là réchauffer la peau de l’aragonais et s’immiscer dans son cœur, dans son esprit, ayant trouvé la seule frontière faible de son caractère.
    « Vous passez, tout en plaisantant et en riant, mais nous sommes derrière vous, nous entrons en vous à votre insu par les oreilles et vous ne le savez pas, vous ne nous voyez pas, vous ne le soupçonnez pas, nous sommes si petites. Dans une demi-heure vous ne serez plus que des malheureux. »*

Mais pendant toute la soirée, Estuardo bu et rit, la taverne se remplit, il causa, et il fut l’Estuardo de toujours : bon, sympathique, allègre, ivre, et au drôle d’accent ibérique. Il n’alla pas se coucher très tard : depuis son arrivée à Nîmes, il était devenu un homme travailleur, qui n’abandonnait la mine que pour manger, boire un peu le soir venu, et aller s’enrôler dans la milice. Ce soir-là il remercia Aristote en apprenant qu’il n’y avait plus de places pour la milice, et sachant que la ville ne courrait pas grand danger, il s’en alla chez lui. Dans son petit chez soit, qu’il voyait grand car vide. Il se prépara son lit de paille, enleva ses bottes et déposa sa sacoche sur le tabouret, seul meuble qui adornait sa maison. Il n’enleva ni sa chemise ni ses braies, car l’hiver, bien que clément au Sud de la France, restait menaçant la nuit, et avant l’aube, le froid se faisait sentir comme des petites aiguilles qui blessaient la peau mate de l’aragonais.
Il se coucha mais ne pu dormir. Son esprit était inquiet et des mots auxquels il ne trouvait pas de sens, envahissaient ses pensées. Il tenta même de compter des moutons, en vain. Son lit de paille s’étendait autour de lui, après chacun de ses mouvements, qu’il ne pouvait éviter. A un moment il sentait l’envie de dormir sur le dos. Puis se rendait compte que sur le côté il était mieux. Pour revenir enfin sur le dos. La paille lui piquait les jambes. Il se grattait, arrangeait un peu son pieu, mais maintenant c’était le dos qui lui grattait. Quelque chose n’allait pas, et ce n’était ni la position, ni la paille, c’était lui. Lui, ses pensées, lointaines, fixées sur quelque chose d’encore abstrait pour lui, mais inquiètes. Inconsciemment, ses pensées commençaient à élaborer un plan inavouable.
    « Imaginez un minuscule nuage de moucherons microscopiques, un nuage pas plus grand qu’une tête d’épingle et dans ce nuage une myriade de petits esprits pas plus gros que des points et tourbillonnant infatigablement comme les molécules d’un gaz. »*

Puis, finalement, Estuardo se leva. D’abord il se prétexta à lui-même que c’était pour arranger en définitive sa couche de paille, maintenant éparpillée partout dans le coin de sa maisonnette dans lequel il dormait, toutes les nuits. Il arrangea la paille. Il la moula pour la convertir en un lit cotonneux, mais ne s’y recoucha pas. Il ouvrit la porte de sa bicoque, un vent froid entra, le gifla en pleine face, effrayant le peu de sommeil qui lui restait. Il serra ses deux bras contre sa poitrine, tachant de diminuer en son corps l’effet de l’hostilité hivernale. Il regarda dehors. Tout était vide. Dans le village, seules une pair de maisons laissaient paraître la forme des fenêtres grâce au mouvement chaud d’une chandelle encore allumée. Tout était silence, dans le sens où il put noter séparément chacun des bruits présents : les quelques feuilles qui restaient aux arbres dansant avec le vent, sa respiration convertie en vapeur, quelque animal nocturne se faufiler discrètement. Puis il regarda le ciel, sans nuages, une lune effrontée sur le point d’éclater en mil morceaux de lumière blanche. Et il soupira. Le calme ambiant non seulement ne le calmait pas, mais rendait plus insupportable la vitesse de ses pensées. Il ferma la porte. Il rentra chez lui. Il s’apprêta à se coucher, bien qu’il sut d’avance que c’était vain. Puis, il la vit. Il vit sa sacoche. Et quelque chose, quelque chose d’inexplicable, d’étrange, de mauvais, l’attira vers elle. Il y redécouvrit le parchemin. Il relut le message. Ses pensées se turent enfin, ses yeux brillaient.
    « Je suis désormais dans ta tête, dans la profondeur de la matière grise, y pénétrer a été pour moi un jeu d’enfant. Tout a l’air tranquille là-dedans. Les rouages, si je puis m’exprimer ainsi, tournent selon un rythme régulier, un travail d’administration routinière en somme, on dirait même que les neurones sont un peu somnolents. Et quand je pense à l’enfer que ce sera bientôt, ici… Il y a de quoi s’amuser. »*

Cinq-cents écus.
Il n’était ni traîne-savates ni porte-dagues ni mercenaires ni gagne-misères ni bandit ni assassin. Il était un homme bon, un homme simple, un homme d’une intelligence moyenne, d’une force moyenne, d’un charisme moyen, d’une beauté moyenne. Un médiocre dans toutes les règles de l’art. Une banalité sur deux pattes et à l’accent drôle. Un semi-analphabète qui prenait cinq minutes pour lire une phrase, qui avait besoin de lire lettre par lettre, mot par mot, avant de pouvoir comprendre le sens caché sur les gribouillages d’encre. Un honnête homme, qui travaillait jusqu’à l’épuisement pour rendre son futur plus digne, plus gai que son passé. Un aragonais installé sur Nîmes, ayant fuit un père alcoolique, la tristesse d’une mère morte triste, un hameau paumé où il n’avait aucune chance de devenir quelqu’un. Un homme aimant les femmes, aimant l’alcool, aimant les champs. Un nîmois ami de tous, vendant son maïs au minimum pour aider une mairie pillée il y a trop peu de temps.
Une mairie pillée.
Cinq-cents écus.
Un futur plus digne.
Tout se mêlait dans sa tête. Les rouages commençaient à surchauffer. La main tremblait avec le parchemin fortement empoigné. Il n’était pas un mauvais homme. Ce message ne lui était pas destiné. Cinq-cents écus. Il avait parlé aux mécréants qui avaient pillé la mairie. Il avait cru en leur bonne foi, il avait cru que c’étaient des voyageurs honnêtes. Il avait même rêvé d’une nuit de luxure allègre avec l’une d’entre elles, une brune, très belle brune, qu’il avait mit désormais en procès. Il s’était prit d’affection pour la gamine qui les accompagnait. Il avait pleuré, un peu, quand il avait du lui dire au revoir, puisqu’elle avait décidé de partir avec les brigands et le regardait, lui, avec haine. Il avait été dans la milice cette nuit-là et il n’avait rien vu. Il avait organisé la révolte des nîmois pour reprendre la mairie. Il était allé à la mairie botter le cul de l’infâme criminel. Il l’avait vu fuir, il l’avait poursuivit, il l’avait perdu. Ils avaient eu le temps de vider les caisses de la mairie et de partir sans une égratignure. Nîmes, maintenant, était pauvre. Cinq-cents écus. Nîmes, le début de sa nouvelle vie. Le début de sa grandeur future. Parce qu’il voulait devenir maire, prévôt, puis comte un jour. Parce qu’il refusait de finir comme sa mère, Aristote-en-garde-son-âme, ou comme son père, Aristote-prends-le-vite-à-tes-côtés. Et s’il voulait devenir quelqu’un, il fallait, d’abord, que sa ville fut quelque chose. Cinq-cents écus…

    « Je vous pénètre impunément, quand et comme il me plaît. Si telle est mon envie, je vous enlèverai la paix, je vous ferai perdre l’appétit, le sommeil, le désir de travailler et de vivre, je peux vous faire pleurer comme des enfants. Vous réduire à l’état de chiffes, vous conduire à l’abjection, au crime et pire. Mon nom est Ambition1 »*
Umbra
Une fois n’est pas coutume, le cul dans les restes de neige, drapée dans sa cape miteuse, l’Ombre tendait son unique main aux passants. La tête basse dans sa capuche, elle mendiait :

Messieurs, Dames, à votre bon cœur…De quoi trouver nourriture et chaleur…

Sa voix n’était qu’un filet inaudible, dénouée d’émotion et comblée de quinte de toux. Umbra avait honte de son état et pire encore, elle en jouait. Postée sur le seuil d’une taverne fréquentée, sa paume gercée s’élèvait au dessus de sa tête à la portée des bons gens. Peu donnaient en entrant mais l’alcool aidant, à la sortie, ils ouvraient plus facilement leurs bourses. La mi-journée était déjà passée et la Noiraude commençait à rentabiliser le temps perdu. La serveuse lui apporta même une écuelle du plat du jour et un verre de vin dans le dos du tenancier. La pitié rendait misérable, Ombeline souriait dans son col.

Messieurs, Dames, délivrez-moi du froid et de la faim... Quelques deniers ou un quignon de pain…

Le soleil déclinait, l’aumônière gonflait et les esprits s’échauffaient. Après avoir reçu quelques coups de bottes par les titubants, voilà que les saoulards devenaient vulgaires.

Hé donzelle ! Au lieu de mendier, va faire le tapin, tu gagneras mieux ton pain !
T’auras moins froid au séant, s’il était visité plus souvent !


Ombeline essuyait les railleries et autres obscénités en silence. Elle connaissait les ravages de l’alcool, elle-même en étant une victime. Ce soir, la Bâtarde n’avait pas la force de se battre ni même l’envie. Ses jambes s’étaient engourdies et elle crachait ses poumons à chaque phrase. La nuit tombée, deux ivrognes la prirent en grippe. Les injures fusèrent et face au mutisme de la Manchote, impuissant, ils s’énervèrent davantage. L’un d’eux lui balança un vélin froissé avant que l’autre ne jeta à sa suite, des cailloux. Ne pouvant rester de marbre devant les jets de pierres, l’Ombre se redressa et empoigna son bâton. Bien que n’ayant proférer aucune menace, les deux gaillards déguerpirent à toute allure. Umbra jaugea les lapins d’un œil noir avant d’entrer dans la taverne.

Elle prit place à une tablée, surprenant la serveuse et les clients l’ayant croisé dehors. Sortant sa bourse maintenant garnie, elle commanda une demi-bouteille de prune avant de se pencher devant le parchemin en boule. Plus sérieusement, la Noiraude observa l’offre avant de se renseigner au près de la jeune femme qui lui apportait sa commande. Celle-ci lui expliqua les rumeurs qui courraient sur ce colonel et lui indiqua l’abbaye la plus proche, tout d’abord en lui conseillant de demander l’hospitalité là-bas puis parce que la rumeur parlait d’un trésor enterré en ces murs.

Le lendemain, Ombeline était en route pour le lieu-dit. N’ayant pas quitté sa tenue de pauvre hère, qui était aussi sa tenue du Dimanche, elle entra sans difficulté avec la clémence du frère. Afin d’endormir sa confiance, la Bâtarde feignit de quérir l’hospitalité comme lui avait dit la veille la serveuse. Elle lui conta ces dures journées de jeun et ses longues soirées à la belle étoile. Ce dernier la prit en pitié et lui offrit le gîte et le couvert pour la nuit. Entre deux complaintes, elle glana quelques informations sur la rumeur d’un mystérieux trésor dormant dans l’enceinte de l’abbaye. Sans surprise, le frère n’eut rien d’intéressant à répondre mais remarqua tout de même que beaucoup de soit-disant pèlerins et autres visiteurs tournaient dans le monastère comme s’ils cherchaient quelque chose.

Prenant cet indice pour argent comptant, la Manchote guetta les parages. Les rares badauds qu’elle croisa n’avaient pas l’air de truands ou de brigands mais elle-même, avait conscience que l’habit ne faisait pas le moine. Quelques rôdeurs s’activaient dans les couloirs délabrés et l’Ombre observa leurs déplacements. Ils erraient tous comme elle. Les silhouettes grouillaient de part et d’autres dans la vieille bâtisse. Dieu seul sait par quel miracle les fondations tenaient encore debout mais là n’était pas la réflexion d’Umbra. Ayant été élevée dans un couvent, inconsciemment ses pas la guidèrent vers la chapelle. C’était là-bas qu’elle se réfugiait quand elle avait besoin de calme. Aujourd’hui, elle avait besoin de silence pour se concentrer alors instinctivement, elle rejoint l’autel de la chapelle en ruine. La Noiraude claudiqua le long de l’allée centrale puis prit place sur un Prie-Dieu.

Le regard fixant l’autel devant elle, elle nota tout de même que ce dernier était la seule chose entretenue dans le lieu de culte. Les vitraux étaient opaques de poussière et les marques de pas s’inscrivaient sur les dalles. Ce qui interpella davantage Ombeline fut le nombre impressionnant de pas qui contournait l’autel. Seul les paroissiens passaient derrière et en visitant les lieux, il y avait plus de touristes que de résidants. Perplexe, la Bâtarde se leva pour vérifier. Ses soupçons furent vite étayés lorsqu’elle tomba nez à nez avec une dalle de schiste, se démarquant ostensiblement du reste du parvis. Veillant à ce que personne ne l’observe, elle s’agenouilla et visa son crochet sur le gantelet de son moignon prévu à cet effet. Piquant la pointe en métal dans la jointure de la dalle, la Manchote extirpa tant bien que mal la plaque du sol. Cette dernière masquait un trou béant capable de contenir un coffre conséquent.

L’Ombre remit discrètement le tout en place et se dépoussiéra quand la porte s’ouvrit. Une jeune femme entra à son tour tandis qu’Umbra rebroussa chemin en la saluant d’un mouvement de tête. Bien qu’elle resta impassible, la Noiraude rageait intérieurement, quelqu’un l’avait précédé et avait surement empoché le trésor…son trésor ! Alors qu’elle se dirigeait vers les portes de l’abbaye, elle entendit hennir une monture alors qu’une charrette quittait l’enceinte insalubre. L’étrange et la désagréable sensation que son coffre lui passait sous le nez la poussa à s’emparer d’un destrier inconnu pour suivre le mystérieux cortège…

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Atropine
Ah ça, pour passer de main en main, la nouvelle y était passée. Tant et si bien que lorsque le vélin atterrit entre les doigts trop fins de la demie portion l'écriture en était détériorée. Y'a pas à dire, la racaille, ça manque d'hygiène ! Entre les traces de vinasse renversée, d'éclaboussures de graisse et celles, carmines, si reconnaissables, de sang, l'écriture ne parût pas familière à la jeune femme. Et pourtant, si elle savait ...

Mais la brune ne sait pas.

Et ce qu'elle comprend, c'est que, cinq cents écus, pour zigouiller du saligot, c'est plutôt agréable. Ce qu'elle comprend également, c'est qu'avec cette somme, son frère cesserait, un temps, de la prendre pour une pauvrette. Ce qu'elle sait, c'est que, ça lui fera un loisir pendant que son brun est dans les bras de Morphée.

Mais la Peste ne sait pas.

Si elle savait, elle ne se serait surement pas embarqué la dedans. Si elle savait elle aurait surement boudé quelques temps le commanditaire pour ne pas l'avoir convié directement. Si elle savait, surtout elle n'aurait pas mit le nez dans cette affaire pour encore bien d'autres raisons. Pour ne pas perdre la face devant son aîné. Pour ne pas, si elle réussi la chose, obtenir d'argent de sa part. Pour ne pas se mettre seule en concurrence avec d'autres aux yeux de son frère.

Mais Atropine ne sait pas.

Alors, elle se saisit du parchemin, explique le tout, rapidement à son brun qui rechigne quelques peu à l'idée qu'elle aille seule casser du gredin ; mais qui cède finalement, face à son entêtement.
Elle aime les défis, les énigmes, les jeux en tout genre. Mais uniquement pour gagner. Aussi, elle avait écouté le chant du messager. Elle avait retenu le lieu et les différentes possibilités. Une abbaye ...
En apprenant cela, la brune leva les yeux au ciel. Quel imbécile cacherait son trésor dans un lieu de culte, et donc, passablement fréquenté ? Mais, ne dit on pas que pour bien cacher les choses, le mieux et de les mettre à la vue de tous ... C'est donc avec cette idée qu'elle se rendit au lieu indiqué.
Une cape sur les épaules, le capuchon rabattu sur son minois et la dague dans la manche, le Poison se remet au travail. Elle délaisse le cheval "emprunté" pour l'occasion à quelques pas de l'abbaye.
Vu l'état du parchemin, ils seront nombreux, à coup sur, à venir tenter le coup. Les azurs scrutent les alentours tandis que la silhouette fine se faufile vers son idée. Enfin, son idée première ... Elle avait surtout grimacé à l'idée de creuser. Quant à l'autre théorie, elle l'avait tout bonnement oublié. Ce faisant elle s'était dit que si elle ne lui était pas resté en tête, elle ne devait pas être pertinente. Restait donc la dernière, la chapelle ...

La porte de la bâtisse s'ouvrit sur une jeune femme. Les sourcils se froncèrent malgré le signe de tête. Les rapaces étaient là, c'était certain. Ne voyant pas le coffre en possession de la jeune femme,Atro attendit son départ rapide pour scruter la Chapelle et trouver la fameuse pierre.


Épaisse d'une main ... Sont marrants eux, la leur, ou la mienne ?!

Et de soupirer un instant avant que ses bleus ne se posent sur la cachette espérée. Un sourcil se hausse et la pierre est tirée, bon-gré, mal-gré.

P'tain d'bordel de merde !

La délicatesse dans la voix douce de la fluette silhouette se fait entendre pendant qu'elle remet la pierre, pas forcément comme il faut et en ronchonnant, évidement. Elle replace son capuchon et se dirige, à contre coeur vers la maisonnette fleurit quand un bruit la fit sursauter. Aux aguets elle aperçoit une charrette lancée bien trop vite pour être honnête. L'ombre croisée plus tôt s'élance à sa poursuite. La brune réfléchit, un instant avant de s'élancer vers son canasson à son tour.
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Amélie Nothomb
Enjoy
    *

    Linceul hiémal voile le visage émacié d'une morne saison. Le regard livide se pose avec dédain sur les êtres en contrebas, ses larmes cristallisées échouent avec langueur sur les terres gelées. Couche d'ozone aux cents cibles touche les zones sensibles. Le frimas a pour amante une rose noirâtre à la pulpe flétrie, une fleur décatie que l'homme nomme la Mort. Fatales épines égratignant l'épiderme tiraillé par les années ou rongent les synapses égarés dans le sopor. L'Antre soporifique où émanent des effluves narcoleptiques accueillent les âmes mourantes, amantes de cette petite fatalité; le sommeil des oubliés. Vieux corps, vieilles bêtes, reliques d'un Hier enseveli sous l'épaisse couche de neige d'Aujourd'hui. Le Monde ne cesse de tourner, les noms gravés dans le roc ne provoquent plus d'émoi et ceci au fil des mois. Les rimes dépriment parmi l'erg de la psyché, des mémoires éteintes et des mouvements maladroits. L'Hiver est là. Enfermant quiconque dans les geôles glaciales qu'elle tisse de ses mains expertes. La Dame Blanche, drapée de sa pèlerine éburnéenne, vogue sur la contrée des chrysalides. D'aucuns se mueront en papillons, d'autres relâcheront leur ultime soupir larvaire car décembre est le terme d'une gestation meurtrière.

    La Survivante gravit les monts et déboule dans les vallons sans se retourner. Au poignet, une cicatrice trahit la source de sa détresse intarissable tandis que sur sa gorge des stigmates raillent son destin. Les tentatives ne restent qu'en l'état, des essais manqués ou bien un signe quasi-divin. Peu importe, elle avance telle une machine ne laissant que dans son sillage des empreintes de pas à effacer. A l'instar d'erreurs commises qui n'auraient jamais dû voir le jour et du fluide hématique lui recouvrant les mains. Elle avait fait une promesse sans réussir à la tenir. Désormais ce n'était plus à autrui qu'elle crachait ses convictions, ni qu'elle noircissait d'injures le mur des engagements non respectés. Mais bien à elle-même. Une manière plus sûre de respecter sa propre parole. Afin de ne plus infliger des coups de surin à cette Indispensable, ne plus la faire choir dans la traîtrise imméritée. L'italienne se devait d'être présente à ses côtés, en chaque instant. Jusqu'à leur Fin et bien plus encore, unies pour l'éternité. Avant cela, il fallait reprendre le sentier étroit menant à son domaine. La route, joueuse, ne déroule qu'un paysage aux vastes étendues immaculées. Infinie et décourageante, l'allégorie de son chemin de croix à la mesure de sa démesure.

    Corleone déflore l'horizon jusqu'alors vierge de son ombre avilissante. Et à chaque lieue consumée, on ouït une étrange rumeur. Un commanditaire, semble-t-il, aussi expérimenté qu'un puceau tâtant les miches de sa première ribaude. Pourquoi pensait-elle ceci ? Certainement pas à cause de la formulation, ni de la transmission légèrement incongrue. Si le quidam désire se divertir en attirant les opportunistes, pourquoi pas. Maintenant la manière de justifier l'acte la faisait doucement rire. Comme si les purotins et autres scélérats avaient besoin qu'on leur donne une raison d'égorger. Dans le milieu, il n'est aucunement nécessaire d'énoncer les crimes de la cible pour que l’exécutant accepte le contrat. Ce léger détail en dit tant sur la personnalité du destinateur. On cherche la lie de la société, le lait caillé mais point trop. Il ne faudrait pas choquer les novices et les bras cassés du métier. La mercenaire ressentit alors le besoin de suivre cette piste. Juste par curiosité. Une louve dictée par son instinct lui intimant de faire un sacré détour pour assouvir une pulsion. Comme tout esprit vénal, le tintement des écus promis suffirait à expliquer son retard. Puis sait-on jamais quelle rencontre pouvait en ressortir.

    L'Abbaye prisonnière du givre et de la poudre liliale regorge de milles silhouettes. Des hommes et des femmes arpentant ses contours traçant une ligne de marques désordonnées. Parmi elles se trouvent celles de l'italienne qui aborde un cabanon aux planches verdâtres car la mousse y règne sans partage. La porte grinçante ne tient que par le fil invisible de l'espérance. Revoir le coup de maître d'un artisan du bois. A la place, elle lance un hurlement plaintif lorsque la lourde rongée s’entrebâille sur le maigre mobilier. Les toiles d'araignée se superposent et se construisent une parallèle à chaque coin de ce cercueil de pierre. Sur un pan de mur, un décroché présente la coiffe d'une cheminée. L'âtre garde précieusement en son sein les cendres d'un foyer ayant rejoint depuis des lustres ses aïeux enflammés. L'endroit a visiblement été visité avant son arrivée. Et à l’extérieur, le bruit d'une roue claquant contre une ornière finit de la faire quitter la pièce. A cet instant, une chevauchée infernale viole le statu quo et son regard sombre s'écarquille à la suite d'une vision familière. Ni une, ni deux la Corleone s'empare d'une monture s'élançant à la poursuite, non pas de la promesse de quelques deniers, mais de celle d'un spectre. Seulement, étant davantage pourvue d'une vieille carne que d'un étalon sauvage, la course effrénée devient légèrement poussive...

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Gypsi
Du temps où l'ancienne brigande voyait encore, elle s'ennuyait fermement dans sa petite ville languedocienne, entre sa demeure, et la présence de ses amis et de son compagnon. Elle vivait une très belle, qui aurait plu à plus d'une personne. Seulement, son ancienne vie de voleuse de grands chemins lui manquait. L'action lui manquait. La petite voix intérieure qui immisce toujours un brin de peur dans le cœur lui manquait. La lutte morale entre la bonté naturelle, et la colère accumulée pendant de longues années lui manquait. Gypsi n'était pas faite pour avoir une petite vie bien rangée de bourgeoise respectable. C'est ce qu'avait tenté de lui expliquer sa grande amie Sulfura. C'est ce qu'elle avait nié avec force et détermination, arguant qu'elle avait besoin de calme et de repos, qu'elle vieillissait. Mais force est de constater que Sulfura avait raison. Encore une fois.

La boiteuse avait prit la route, la rumeur résonnant encore à ses oreilles. Le Nord l'attendait. Et si ses pas la perdait, puisque l'habitude de suivre une piste, de traquer, tracer, voler, et de percevoir le cœur des rumeurs, et la juste proposition s'était envolée un peu plus loin à chaque jour de non-pratique ; si ses pas la perdait, elle aurait au moins retrouver le grand air, l'évasion, l'incertitude du lendemain et les courbatures aux jambes de trop marcher ou galoper. Pourtant le grand air raviva en elle une volonté qui s'était mise un peu en retrait les derniers temps. Elle trouverait le dit mécréant. Pas pour l'argent. Pas pour le plaisir de lui arracher les oreilles. Juste par fierté. Par défi.

L'idée germa lentement dans son esprit bohémien paradoxal que des rumeurs entendues de ci, de là, tout au long de son périple transversal du Sud au Nord, la plus probable était certainement la plus loufoque. Dans son passé de brigande c'est ce qu'elle avait appris. Plus on veut cacher quelque chose, plus l'improbable, et le visible est utile. Chercher un trésor dans une chapelle était trop évident. Déterrer le trésor était trop classique. Seule la cheminée persistait donc.

Mais Gypsi avait été longue. Très longue. Presque trop longue. En retard ! Comme toujours, elle était en retard ! Même quand il n'y avait pas d'heure précise au rendez-vous, elle arrivait à être en retard ! S'en était lassant à force ! Lorsqu'elle arriva, la porte menant à la dite cheminée était effectivement déjà ouverte. Une jeune femme était déjà coite devant les dites cendres. Gypsi n'eut pas même le temps d'observer le décor plutôt glauque dans lequel elle se trouvait, entre toile d'araignée et cendre de feu ou de... Bienvenue dans le film d'horreur version moyenâgeuse. Alors qu'elle allait s'accroupir devant les cendres pour tenter de trouver un indice, la dite jeune femme fit volte face vers la sortie. En bon mouton de Panurge, qui ne s'inquiétait pas tant de la disparition des cendres, la boiteuse se redressa pour la suivre aussi vite que le pouvait ses jambes. Juste à temps pour voir le nuage de poussière que soulevait très certainement une charrette tirée à toute vitesse hors de l'enceinte.

Quitte à être en retard, autant le rester. Bien moins rapide en course jusqu'à un cheval que la Corleone, la bohémienne pousse un profond soupir. Elle retourne s'accroupir auprès de la cheminée - sait-on jamais qu'elle sache lire dans les cendres plutôt que dans les lignes de la main - pour voir si aucun indice ne serait trouvé là. Ce n'est pas si facile d'être un gagne-misère, un bandit de grand-chemin, ou un voleur de petites ruelles ! C'est ce que signifie le ronchonnement gypsiesque lorsque, déçue, elle conclut ce premier échec par un :


Bin Berdol tiens !!! comme dirait l'autre... !

Parce que la voix portante de la colombine Andrea n'était jamais bien loin des pensées de la brune surtout quand le mot "bordel" lui venait à l'esprit. Il faudrait donc trouver une autre solution. Et la boiteuse de sortir de la cabane au milieu de l'abbaye - et non pas du jardin ! - pour rejoindre son fier canasson. Elle avait encore un sacré bout de chemin à parcourir pour trouver le dit homme... Et pour un peu, elle arriverait encore en retard, et le découvrirait dès que ses oreilles seraient déjà volées... Vous parlez d'une vie poissarde ! Pourtant, point de découragement. La brune reprend chemin.
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Mr_who
Scène II


    Il court, il court le macchabée. Il est passé par ici. Il repassera par là.*
    De la charrette, un écu trébucha et sonna contre le pavé. Il roula et plongea, la face la première dans l'eau de la mare en contre-bas.
    Faites un vœu mes bonnes gens. Il vous mènera au trésor tant convoité ... Ou pas.

    A force de volonté, suivre la carriole mena nos aventuriers aux abords d'une riche propriété. Un mur l'entourait, bâtisse enceinte de plusieurs années, et empêchait un accès aisé. Que pouvait-il bien se trouver derrière cette grille close? Était-ce l'antre du pestiféré? La fin du périple approchait -elle? Les vaillants devraient rester sur le qui-vive. La difficulté serait double voir triple. La solution, elle, resterait unique. Trois voies d'accès semblaient se dégager. Pour chacune d'entre elle, plusieurs façon de l'aborder. Le tout serait de franchir la muraille. Après celle-ci, faudrait-il encore pénétrer la demeure, d'apparence bourgeoise. Mais ça, c'était pour plus tard.

    Première possibilité : Le mure est un gruyère, de larges trous se font voir à quelques endroits. Ils sont assez large pour qu'un homme de petite taille, ou une femme menue, s'y aventure. Resterez-vous coincé? Par une lame d'acier vous ferez décapiter par un garde à la main expérimenté?
    En deuxième point : La grille, en fer forgé, de l'entrée. Saurez-vous la forcer? Oserez-vous l'escalader au risque de vous faire empaler? Ou est-elle, tout simplement, ouverte à votre gré?
    Tertio et dernièrement : En longeant la palissade pierrée, vous découvrirez une porte de bois. L'entrée des artistes. Est-elle renforcée au point que nul pied ne puisse la traverser? Ne serait-il pas plus simple d'y toquer et de vous présenter? Ou, comme, la grille des antipodes, un jeu de main habille peut-il la faire grincer?

    Aux gentils aventuriers d’œuvrer. Quel obstacle vous tente? Mais surtout, comment choisissez-vous d'entrer? A la position, cette fois-ci, il faudra ajouter l'art et la manière.



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* Adaptation d'une célèbre comptine.
Umbra
Sur sa monture volée à l’abbaye, l’Ombre suivait à distance la charrette. Tantôt, elle avait dépassé un dératé qui courrait à vive allure, pour sûr que ce dernier était un rival. D’un coup de crochet ou de sabot, elle aurait pu facilement l’évincer de la course mais elle n’est pas si mauvaise joueuse que ça. Surtout qu’avant de pouvoir agir, elle entendit d’autres destriers à ses trousses. Pas de temps à perdre avec des futilités, la concurrence semblait rude et déterminée. La Noiraude redoubla d’efforts jusqu’à assoiffer son cheval pour arriver avant eux mais se trouva bien démunie devant l’obstacle suivant. La carriole convoitée disparut derrière la palissade d’une imposante bâtisse, pas de doute possible, le propriétaire était plus que fortuné pour s’offrir une protection de ce genre.

Cependant, Ombeline n’est pas une Corleone pour rien, la prise de remparts, c’est son domaine. D’habitude, elle charge la nuit tombée auprès de ses comparses de la Spiritu Sanguis et cousins/cousines de la terrible Famiglia. Malheureusement, aujourd’hui, la Bâtarde était seule, il fallait donc user de ruse plutôt que de force. Mais avant tout, discrétion et subtilité étaient de mise, la Manchote descendit de sa monture et claqua douloureusement son flanc afin qu’il déguerpisse rapidement. S’encombrer d’un destrier haletant ne servirait pas à grand-chose.

Les sabots des adversaires ne tardèrent pas à retentir à leur tour et l’Ombre fila se cacher derrière un bosquet –ça aussi, elle connaissait bien. Les longues journées d’attente dans les sous-bois en quête d’un malheureux à détrousser-. Le but de cette planque n’était pas d’espionner les ennemis mais plutôt de ne pas se faire remarquer d’eux. Entre deux branches touffues, Umbra jaugea l’enceinte à franchir. Bien que haute, elle paraissait tout de même en fort mauvais état. Une personne agile et habile de ses deux mains n’aurait pas de mal à l’escalader, seulement, ce n’était pas le cas de l’Estropiée cogitant.

Une bourrasque de vent fit alors grincer les grilles de la propriété et retinrent l’attention de la Noiraude. Trop occupée à voir venir les ennemis, elle n’avait pas remarqué si ces dernières avaient été refermées à clé ou non. Dans tous les cas, l’idée de pénétrer par l’entrée principale ne la tentait pas du tout. Quand bien même, le passage était ouvert, qui sait ce qu’il attendait derrière ? Avec des barricades de ce type, le Colonel devait avoir un solide escadron de patrouille en renfort puis si l’accès n’était pas libre, crocheter la grille à la vue de tous était loin d’être discret. Ombeline soupira ne voyant pas d’alternative favorable. Le temps de sa réflexion, elle avait oublié les rivaux, ces derniers ne semblaient pas l’avoir repérer ou du moins, ne lui firent pas remarquer. A la recherche d’une ultime solution, la Bâtarde entreprit de faire le tour des remparts. Surement trouverait-elle une voie plus praticable pour ses handicaps.

Claudiquant à l’abri des regards, elle contourna le premier angle de la demeure et nota l’apparition d’un sentier marqué par l’usure. Moult personnes avait dû fouler ce chemin pour en battre la terre de la sorte. Sans perdre plus de temps, la Manchote arpenta ce dernier tout en songeant que ses concurrents l’avaient surement devancé à force de tout ruminer. Comme prédit, le cheminement la conduisit devant une porte. Peut-être l’entrée des domestiques ou celui des gardes ? La deuxième possibilité semblait tout de même moins réjouissante et avant d’entreprendre quelque manœuvre que ce soit, l’Ombre pesa le pour et le contre de cette énième éventualité. Elle notait intérieurement qu’une paire de bras supplémentaires ne feraient pas de mal quand des bruits de pas étouffés s’avancèrent dans son dos. Umbra ne pouvait plus se cacher maintenant, peut-être cet huis était sa seule impasse pour poursuivre l’aventure alors tant pis, crochet au poing, elle attendit la venue de l’indésirable visiteur…


Edit: Post à suivre...(si votre personnage doit donc passer par la porte, il ne verra pas Umbra toute seule mais en compagnie de *biiiiiip*)

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Estuardo
Son trésor partait à toute vitesse avec cette charrette, loin de lui.
Et lui, il regardait faire avec un air béat et stupide, les bras levés suite à la surprise, et maintenus en l’air par l’étonnement. Soudain, un cheval passa à toute allure juste à côté de lui. Telle une petite feuille suspendue pour les dernières secondes à une branche avant sa chute fatale d’hiver, Estuardo frémit. Il fit deux pas en arrière, perdit l’équilibre, manqua de tomber.


- Espèce d’assassin à deux écus ! J’vais té montrer moé comment on…

Et là, l’idée surgit. Il n’avait pas finit de jurer, contre ce cavalier impatient qui avait manqué de le tuer, et surtout contre sa malchance légendaire (non mais, faire la route Nîmes-Normandie pour voir une charrette disparaitre avec les frais de voyage !), qu’il se sentit illuminé par une pensée saugrenue. Evidemment, c’était lui le seul couillon qui n’avait pas apporté de cheval dans son aventure. C’est donc à ca, qu’elles servent, ces bestioles… Mais sa pensée fut rapide. Plus rapide de ce qu’elle avait l’habitude de l’être, et l’Aragonais mit neuf secondes et trente deux centièmes à élaborer un plan. Repérer les concurrents, maintenant, était une chose facile : cherchez tout ce qui bouge plus vite que le vent, dans la même direction que la charrette. Y’en avait pas des masses, ce qui rendait son exploit un peu plus compliqué. Le temps d’observer les alentours, un autre cheval passa près de lui, et l’homme jura. Il fallait se dépêcher s’il ne voulait pas être laissé, seul et sans argent, dans cette abbaye presque en ruines. Le truc bien, c’est qu’il savait d’avance par où passeraient les cavaliers. La route était évidente, la même que celle de la charrette.
Sa stratégie mise au point, il finit par repérer son point d’appui. Il se pencha et ramassa quelque chose par terre. Une pierre. Une pierre grande comme une demi-main, une pierre quelconque, une pierre moche. Pas les pierres qu’on ramasse normalement, pas une pierre aux coins arrondis. Au contraire, une pierre aux pointes saillantes. Il la serra fort et il courut. Il courut à toute vitesse, comme si sa vie en dépendait, comme s’il avait la mort aux trousses, ou encore le père d’une paysanne becquetée la veille. Dans l’élan, il sauta. Et il se sentit voler. Il eut même l’idée idiote qu’il arriverait en volant, sur la charrette, pour dérober le trésor volé.

Splash !

Le rêve disparu assez tôt, quand il se prit la gueule sur le mur de l’enceinte de l’abbaye à laquelle il s’agrippa comme un chat qui fuit l’heure du bain. Il jura encore, il hurla un peu de douleur. Je crois bien qu’il se cassa un doigt de la main droite, tellement la douleur était atroce et profonde, paralysant pendant un court instant tous ses membres et sa pensée. Coincé entre la pierre et la muraille, l’ongle en était devenu rouge. Plus tard il passerait sans doute à vert puis à noir. Il aurait bien aimé prendre le temps de se plaindre, mais un autre chevalier le dépassait déjà. A en juger le bruit des sabots, il ne lui restait que peu de temps. Peu de chevaux étaient encore derrière lui, et il ne fallait pas qu’il rate son moyen de transport.
Pris de vaillance, il retint les larmes de colère et de souffrance qui menaçaient de sortir, et commença à escalader ce qui restait de muraille au dessus de sa tête. Avec quelques efforts, il finit par y parvenir. Il ne se remit pas débout, bien sur, aillant trop peur de tomber. Il rampa, comme un verre de terre, jusqu’au bout du mur. De son hauteur il contrôlait la sortie de l’abbaye. Un cheval approchait, à tout galop, ou c’est l’impression qu’il eut. Là, c’était le moment critique. La mise à l’épreuve du plan de combat. Le point décisif. S’il ratait, il pouvait dire adieu à son trésor, à la gloire et aux femmes qui viennent avec. Lentement (il aurait voulut être plus rapide, mais le courage lui manquait), il s’accroupi sur le rebord du mur. Le cheval approchait. Il ne devait surtout pas rater son calcul. Vingt mètres, quinze, dix (Putain elles vont vite ces bestioles !), cinq


- AL ABORDAJEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE!
(A l’abordage)

Plof !

La chute fut absolument chaotique. Les bras d’Estuardo s’accrochaient à la croupe du cheval, mais es jambes n’étaient pas tombées comme il aurait souhaité : les deux pendaient du même côté. Ce fut, avant tout, l’instinct de survie qui le poussèrent à utiliser une force qu’il ne possédait pas pour pouvoir remonter son corps. Entre temps, le cheval, pris au dépourvu, faisait des zigzags colériques à une vitesse incontrôlable. Plusieurs fois, il faillit se relever sur ses deux pattes arrière. Je crois bien que la cavalière hurlait quelques indécences.
Finalement, il y parvint.
Son bras gauche se retrouva a entourer désespéramment les formes rondes qui étaient devant lui. Des cheveux lui entraient dans la bouche. Le vent lui empêchait d’ouvrir les yeux. Néanmoins il n’oublia pas la partie la plus importante du stratagème : rester sur le cheval. Il posa le rebord le plus pointu de sa pierre bien empoignée de sa main droite, sur le rein de sa cavalière.


- CONDUIS OU YÉ TÉ TUE !

Pourvu qu’elle croit que c’est un couteau…
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Images originales de Nesskain, modifiées
Absent jusqu'au 21 avril.
Atropine
P'tain qu'elle n'aimait pas les canassons ... Réellement pas. C'était rapide, certes, mais elle n'avait jamais appris à monter correctement, et par conséquent avait un mal de rein pas possible après chaque chevauchée. Le pied fût posé à terre, devant une bâtisse assez impressionnante. Enfin, surtout devant les grilles de ladite bâtisse. L'entrée principale était trop prévisible, et donc, forcément mauvaise pour la demie portion. Elle serait à découvert et ferait une proie facile. Elle commença à regarder, à droite, à gauche et vit les autres prétendants arriver. Il fallait agir vite. Et quand on dit qu'il ne faut pas confondre vitesse et précipitation, Atro ne sait pas faire la différence.
Elle fait le tour de l'enceinte et aperçoit une brèche dans le mur. Parfois, être une mini femme, ça aide. Elle regarde à l’intérieur, rien. Un sourire nait sur ses lèvres. A elle le trésor et l'or qui va avec. A elle la gloire, la richesse et le reste. A elle ...


P'tain d'merde !

Un Chien ! Atro déteste les chiens. Déjà que celui de son frère, quand il l'approche, elle le caillasse, mais alors ceux des autres. Elle ressort donc en quatrième vitesse le buste du recoin dans lequel elle s'était fourrée. Sauf que le temps qu'elle s'arrache de la petite ouverture, le chien à déjà croqué un bout de la chemise de la Peste.

Saleté de clébard !

Elle s'assure que le monstre ne peut pas passer avant de se baisser, d'attraper un cailloux et de lui lancer dans le museau. Non mais oh, on va pas s'laisser emmerder non plus ! Mais bon, là, elle ne rentrera plus. Parce que, même s'il y a une autre entrée, à coup sur, le chien la niaquera. C'est donc en ronchonnant qu'elle repart sur le cheval qu'elle maudit.
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Amélie Nothomb
Enjoy
    Le bruit sourd des sabots contre la terre boueuse. La cavalcade des titans se met en marche afin de détruire l'Olympe. Voici l'allégorie qui lui vient à l'esprit en cet instant. Eux entrain de gravir la montagne des déités n'espèrent que dérober quelques écus. Pour lesquels ils éprouvent bien des difficultés à les amasser. Pour réussir cette quête, ils se réunissent ces petits gens de tous bords. Un bouillon de culture dont les ingrédients affirment leur volonté de ne pas céder une chaire besogneuse à une cuisson bien excessive. Le vent glacial embrasse son visage légèrement rougi, le contexte de cette poursuite répond à ses tourments lancinants. Courir pour éviter de marcher, pour oublier de crever. Le monde ne l'attend pas, et l'italienne n'escompte pas gésir dans un fossé. Parmi les exhalations de sa monture, son haleine se mêle pour former une traînée opaline. Quelques cristaux de glace dévalent les cieux, et avalent le miroir auburn en contre bas. Les flocons s'abattent avec une certaine nonchalance, se plaquant parfois à cause d'une bise rageuse.

    Soudainement le poids lourd d'un âne de la détrousse vient lui flanquer un coup. Sa réaction immédiate revient à lâcher quelques jurons en italien par pur réflexe. Ce n'était certainement pas pour préserver le gaillard s'agglutinant contre ses miches à la manière d'un mollusque sur un rocher. Dépitée de devoir subir les humeurs de la route, ajoutées à celles du passager clandestin. Il n'avait rien pour lui.

    L'approche discutable, l'accent à couper au couteau, les réflexes d'un vieil agonisant et la menace à peine perceptible lui chatouillant le bas du dos. Si la mort désire se l'accaparer, qu'elle le fasse. De toute façon, son tombeau l'attendait déjà, les brûlures à son cou et les stigmates à son poignet démontraient qu'elle la réclamait bien plus que la plupart des gens. Malgré tout, le doute dépréciatif d'abaisser un linceul sur son visage halé lui déplaisait au plus haut point. Lâcher son dernier soupir de la lame d'un bleu, c'est le pire déshonneur qui soit.

    Heureusement, l'italienne avait plus d'un tour dans son sac. Sa monture éreintée, ignorante et donc certainement pas consentante allait en faire les frais. Le grand saut, le sacrifice ultime de ceux qui n'ont plus rien à perdre. Corleone va lui montrer qu'on ne vient pas lui titiller la croupe sans en subir les conséquences. Avec rapidité et agilité, les muscles se bandent et le corps athlétique délaisse son assise tout en assénant un coup de couteau à l'encolure de l'animal. Ce dernier prit d'une douleur intense se cabre envoyant valser le barbu incommodant. La mercenaire choit avec une grâce inexistante.

    Tu touches à un de mes cheveux, je te rase la tête. Songe-t-elle ou aurait-elle pu penser, si l'organisme engourdi n'accaparait pas toute son attention. L'italienne confie le basané à la fange pour mieux vaquer à ses occupations.

    Il ne fallait que quelques mètres pour rejoindre le reste du traquenard. Se rendre compte. Décrire l'abstrait pour le concrétiser. Le mirage entraperçu allait s'animer devant ses yeux. Une dizaine ou une centaine de pas pour s'engouffrer dans l'étroitesse d'une impasse. Avec pour seul retour, le cliquetis de la ferraille martyrisant une consœur. Au dénouement de son arrivée, se dévoile la forme ramassée de sa cadette, la trogne lugubre et l'attitude égale.

    Elles ne s'étaient pas quittées en bons termes. Les retrouvailles sentaient le soufre alors laquelle des deux iraient s'en plaindre la première. La question s'éloigne à pas de loup, seule la réponse importe. Se battre ou ne pas se battre ? Le sang ou son absence prendra le pouls.


    Tiens, t'es là toi...

    La politesse a du mal à s'ancrer dans ses manières. P'tain, donne-lui au moins une excuse. Même une fausse. Après tout, tu n'es pas la pire frangine que la terre ait porté pour rien.

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