--Adryan
*Mocharrafoddin Saadi.
Le bal de noël était fini et les dernières lanternes sétaient évaporées dans le ciel noir de la capitale. Le rituel aurait voulu que les pas du Castillon sempressent à retrouver le chemin de son appartement pour se lover à sa solitude farouchement préservée. Isolement qui ne permettait que lintrusion du vin arabe, sucré et enivrant, tournoyant dans une coupe ciselée et la dérive vers les étendues de lAfrique battue par les sabots de sa monture.
Pourtant, cétait lombre dun pilier du bordel qui accueillait encore son dos. En guise de Sirocco, cétait les rires épars des courtisans encore présents qui gonflaient ses tympans de bien être, et le chant du muezzin nétait que vaisselles sentrechoquant sous lardeur des domestiques à remettre le salon en ordre. Parfois, furtivement, devant une situation rare où lun des membres de lAphrodite se trouvait en difficulté, le Castillon ressentait une déferlante aussi violente que brève dattachement à ce lieu qui ne revêtait la plupart du temps que la grimace de sa déchéance et de son emprisonnement. Prison à laquelle pourtant il offrait paradoxalement toute son application. Mais ce soir, la déferlante se faisait houle tranquille mais persistante au gout salé de chez soi. Certainement aurait-il pu passer des heures encore ainsi, observateur des valses feutrées des pantoufles des femmes de chambre si la soif navait piquée sa gorge. Résolu à ne prendre quun verre et de sen retourner aussi rapidement à sa silencieuse observation, des cornes, oubliées sur le coin du bar, entravèrent ses projets sans pourtant quil nen prenne ombrage. Serviable sans y penser, il se saisit de la coiffe piquante et avec un naturel stupéfiant, quand le nobliau se trouvait simplement être de bonne humeur, pour la rendre à son propriétaire, Faune dun soir, Comptable irritant le reste du temps.
Sans précipitation, sans ce nud au ventre qui le pliait quand il empruntait ce chemin pourtant quotidien pour se rendre au bureau dAlphonse, il gravissait lescalier, automate rodé et insouciant quand il se heurta à une ombre haute. Le Castillon naurait définitivement pas à se rendre au bureau cette nuit quand dans la pénombre du colimaçon se découpait la silhouette déliée et toujours à moitié nue de cet homme qui le répugnait autant quil lattirait. Lentement, les anthracites glissèrent sur le torse glabre offert à sa vue, roulèrent sur larrondi des épaules pour se perdre au visage. Beau. Terriblement beau. Trop certainement pour ne pas se tenir sur ses gardes comme il avait coutume de le faire habituellement. Pourtant sur le visage dAdryan, nulle trace de dédain ou de méfiance, mais juste sa main qui se tendit, porteuse des cornes délaissées. Vous avez oublié cela. La voix était profonde, grave mais douce. Cétait une belle soirée, une merveilleuse soirée. Vous avez fourni un travail admirable avoua t-il sans lombre dun sarcasme. Son regard dévia, pensif sur le mur de pierre avant de sinviter à nouveau dans les onyx du Faune. Tant réussie que je ne peux me résoudre à la voir sachever. Un rire séchappa de sa bouche, moqueur de sa propre trêve. Je sais vous être redevable de deux vux encore jusquà la naissance du jour, mais une moue joyeusement taquine se peignit sur son visage, ...ayant pris les devants de vous rapporter vos cornes, il nen reste plus quun, et lamabilité donne soif. Les satyres naccompagnent-ils pas Dionysos?
Le bal de noël était fini et les dernières lanternes sétaient évaporées dans le ciel noir de la capitale. Le rituel aurait voulu que les pas du Castillon sempressent à retrouver le chemin de son appartement pour se lover à sa solitude farouchement préservée. Isolement qui ne permettait que lintrusion du vin arabe, sucré et enivrant, tournoyant dans une coupe ciselée et la dérive vers les étendues de lAfrique battue par les sabots de sa monture.
Pourtant, cétait lombre dun pilier du bordel qui accueillait encore son dos. En guise de Sirocco, cétait les rires épars des courtisans encore présents qui gonflaient ses tympans de bien être, et le chant du muezzin nétait que vaisselles sentrechoquant sous lardeur des domestiques à remettre le salon en ordre. Parfois, furtivement, devant une situation rare où lun des membres de lAphrodite se trouvait en difficulté, le Castillon ressentait une déferlante aussi violente que brève dattachement à ce lieu qui ne revêtait la plupart du temps que la grimace de sa déchéance et de son emprisonnement. Prison à laquelle pourtant il offrait paradoxalement toute son application. Mais ce soir, la déferlante se faisait houle tranquille mais persistante au gout salé de chez soi. Certainement aurait-il pu passer des heures encore ainsi, observateur des valses feutrées des pantoufles des femmes de chambre si la soif navait piquée sa gorge. Résolu à ne prendre quun verre et de sen retourner aussi rapidement à sa silencieuse observation, des cornes, oubliées sur le coin du bar, entravèrent ses projets sans pourtant quil nen prenne ombrage. Serviable sans y penser, il se saisit de la coiffe piquante et avec un naturel stupéfiant, quand le nobliau se trouvait simplement être de bonne humeur, pour la rendre à son propriétaire, Faune dun soir, Comptable irritant le reste du temps.
Sans précipitation, sans ce nud au ventre qui le pliait quand il empruntait ce chemin pourtant quotidien pour se rendre au bureau dAlphonse, il gravissait lescalier, automate rodé et insouciant quand il se heurta à une ombre haute. Le Castillon naurait définitivement pas à se rendre au bureau cette nuit quand dans la pénombre du colimaçon se découpait la silhouette déliée et toujours à moitié nue de cet homme qui le répugnait autant quil lattirait. Lentement, les anthracites glissèrent sur le torse glabre offert à sa vue, roulèrent sur larrondi des épaules pour se perdre au visage. Beau. Terriblement beau. Trop certainement pour ne pas se tenir sur ses gardes comme il avait coutume de le faire habituellement. Pourtant sur le visage dAdryan, nulle trace de dédain ou de méfiance, mais juste sa main qui se tendit, porteuse des cornes délaissées. Vous avez oublié cela. La voix était profonde, grave mais douce. Cétait une belle soirée, une merveilleuse soirée. Vous avez fourni un travail admirable avoua t-il sans lombre dun sarcasme. Son regard dévia, pensif sur le mur de pierre avant de sinviter à nouveau dans les onyx du Faune. Tant réussie que je ne peux me résoudre à la voir sachever. Un rire séchappa de sa bouche, moqueur de sa propre trêve. Je sais vous être redevable de deux vux encore jusquà la naissance du jour, mais une moue joyeusement taquine se peignit sur son visage, ...ayant pris les devants de vous rapporter vos cornes, il nen reste plus quun, et lamabilité donne soif. Les satyres naccompagnent-ils pas Dionysos?