Il régnait une belle agitation autour de la lice.
Ce qui avait débuté comme une joyeuse partie de campagne devenait maintenant un réel enjeu entre adversaires désireux de faire briller les couleurs de leur fief.
La tension, palpable, courait de tente en tente et les discussions allaient bon train sur l'issue de ce tournoi.
Vadrouillant dans la foule, l'Amiral avait ainsi vu triompher sa Sirène. A peine avait-il senti son coeur se serrer en entendant le choc de sa lance se briser en morceaux, bien vite apaisé et heureux de la voir toujours en selle tandis que son adversaire mordait la poussière.
Il la savait affûtée et prête au combat, le reste était technique et vigueur.
Il sourit en se disant qu'elle comme lui, ne manquait ni de l'un ni de l'autre.
Il la rejoignit sous la tente, calme et souriant. Douchka s'illumina en le voyant entrer. Les cheveux dans tous les sens, l'oeil brillant de fierté après sa magnifique victoire, elle était radieuse, belle comme un soleil.
Comme 3 soleils !
- Bon ça....c'est fait !Leurs lèvres se collèrent, leurs souffles s'échangèrent. Puis le Corsaire souleva dans ses bras sa guerrière.
- Même pas mal je parie ?Le soir tombait sur le camp quand tous les gens du Vendelais partagèrent un repas animé d'éclats de rire et arrosé de vin fruité. Leur marquise avait porté haut leurs couleurs, chacun d'eux se sentait joyeusement éclaboussé de la victoire de Douchka.
Quand les feux se reposèrent partout sur le camp et que la lune prit le relais, il ne restait plus qu'elle et lui devant les braises.
Tenant son verre à deux mains, l'Amiral gardait ses yeux dans ceux de sa belle, dont l'éclat faisait pâlir celui des étoiles qui s'allumaient une à une.
En pensée il lui exprima combien le voyage était bon à ses côtés depuis cette rencontre improbable qui leur avait révélé tant de choses en commun.
En pensée toujours, il lui signifia que l'horizon leur appartenait désormais.
Il savait qu'elle lirait tout cela dans son regard.
Puis sans un mot toujours, il envoya le verre dans l'herbe, se leva et prit la main de la marquise du Vendelais pour l'entraîner sous la tente.
Quelques servantes gloussantes furent promptement sommées d'aller dans la tente qui leur était réservée et de laisser leur maîtresse seule avec l'Amiral de Bretagne. Douchka fronça même le sourcil pour appuyer ses dires.
- Allez sortez damoiselles ! L'Amiral et moi-même devons parler stratégie et technique pour mon combat de demain.De la tête, Nagirrok fit un hochement signifiant
"et oui, tout à fait !"- Je confirme, il faut retravailler votre prise en main de la lance, marquise, et......d'autres trucs.
Ouste mesdames, laissez-nous maintenant !Tandis que Douchka refermait la toile sur les servantes hilares qui s'éloignaient en chuchotant, Nagirrok vint poser ses mains dans le creux des hanches douchkaïennes et enfouir son nez dans la chevelure flamboyante de sa belle.
La nuit leur appartenait, ils la dévorèrent comme des affamés.
Au chant du coq - qu'ils entendirent comme l'annonce d'une autre victoire à venir - les deux amants, ensoleillés de leurs ébats, enfiévrés du contact de leurs corps nus sous le drap fin, durent se séparer prestement.
La séance d'habillage, épisode 2, allait commencer.
Tandis que sous son heaume, Douchka faisait l'andouille et jouait à l'écho, Nagirrok posa ses mains sur le métal qui la protégerait.
- Psssssst....hey vous là-dedans....t'oublies pas le clin d'oeil simultané hein !
Tu sais que je le verrai !
Hardi Ho ma belle, à toi de jouer !
Et tu me l'esquintes pas trop mon chef de port, j'en ai besoin....Tandis que Douchka filait vers une deuxième victoire éclatante, Nagirrok la contempla en se disant que même harnachée comme elle l'était, elle dégageait pourtant toujours autant cette sensualité naturelle qui le ravissait.
Douchka....two points !