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[RP Ouvert] Fête de l'Hiver, Assassinat du Duc Arthur Dayne

Bernadotte
Aliénore regardait avec envie les dames de la cour dans leurs toilettes de soirées. La Famille de Padirotte était escortée de Garde d'Epalais.

Khristof adressa une tape à l'épaule de Bernadotte qui salua son collégue de l'Etat Major. Bien qu'ils ne soient pas connus pour être de grands amis, les deux officiers supérieurs se vouaient un respect mutuel et une entente cordiale régnaient entre eux. Aussi, le seigneur d'Epalais salua son homologue de Rocquecelier d'un signe de tête et se tourna vers François, le Capitaine de sa garde:
"Postes tes hommes aux environs du Buffet mais qu'ils n'approchent pas le trône ducal."

François s'inclina et transmit les ordres seigneuriaux. Bernadotte passa sa main de les cheveux de sa fille aînée et lui souffla: "Alors, heureuse de ta première apparition à la Cour?" L'enfant sourit de toutes ses dents et déclara: "Oui Père... mais je ne comprend pas pourquoi vous n'aimez pas ce genre d'endroit... Lumineux et musical....Luxueux aussi..."
Aliénore avait les yeux qui brillaient devant tant de fastes et de richesses. Non pas que la maison de Padirotte soit dénuée de toutes richesses au contraire... les caisses d'Epalais se remplissaient d'une manière constante et conséquente, mais le faste ducal était largement supérieur au luxe discret de Civrais.
Le sénéchal sourit évasivement et observa Alban qui observait l'assemblée. Familier des lieux, le jeune écuyer se tourna vers son paternel et déclara:
"Je vois qu'il y'a toujours du beau monde ici... Puis je aller saluer la Baronne de Yolet?"

Bernadotte le regarda étonné et l'interrogea: "Comment se fait il que tu connaisses Legowen...? Tu étais fort jeune quand tu l'as vu la dernière fois... à moins que??" Bernadotte leva un sourcil réprobateur et observa l'écuyer rougir et fondre en balbutiement puis il observa Legowen dans un coin avec sa fille. "Est ce la baronne que tu veux saluer ou sa progéniture??"

Alban rougit de plus bel et son père lui asséna une petite tape dans le dos: "J'ignore tout de cette affaire mais gare à toi si j'ai vent de tes esclandres..." Le Seigneur d'Epalais était parfaitement au courant des agissements de son fils en son absence mais ne put s'empêcher de le tromper. Après tout, il était normal que l'enfant s'intéresse aux affaires qui le privaient de son père.

Le jeune Padirotte se rendit donc auprès de la Baronne de Yolet et la salua gracieusement sous l'oeil amusé de son père, resté avec ses soeurs à l'opposé de la salle.
"Mes respects Madame la Baronne. J'espère que vous avez fait bon voyage?"Le jeune Alban ne pût s'empêcher de jeter un oeil à la fille KDR au passage.
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Arthurdayne
La salle n'était pas aussi remplie qu'il l'espérait, et il manquait de nombreux visages qu'il aurait souhaité voir. Mais d'autres avaient fait le déplacement, et par eux au moins, il fut satisfait de cette cérémonie. Après la liqueur, après les voeux et les discussions partagées, et dans la mesure où, selon toute vraisemblance, il n'y aurait guère plus d'arrivées supplémentaires, Arthur claqua dans ses mains, deux fois, trois fois, et obtint le silence.

Dames, sieurs, de toute les conditions qui forment notre beau duché, et participent à sa gloire, je vous remercie d'être venu ce soir, pour partager ce repas qui marque l'arrivée de l'hiver. Nous savons que cette période n'est jamais facile, mais les réserves du château nous permettront sans peine de pallier d'éventuelles pénuries, et ce grâce au travail efficace de nos conseillers ducaux, et des intendants qui se chargent de toute la partie logistique.

Ce repas même est la preuve de notre réussite, et je suis heureux de pouvoir le partager avec vous tous. Comme vous le savez, ce mandat qui s'achèvera bientôt est le dernier pour moi, et je tenais à vous dire, publiquement, que j'ai aimé donner mon temps et mon énergie pour ce duché, et que malgré les difficultés, malgré les moments de désespoir, les avancées que nous avons pu réaliser en valaient la peine. Il y a cependant encore beaucoup à faire, mais je cède la place à d'autres, qui auront l'énergie nécessaire pour reprendre le flambeau.

Et maintenant, si vous le souhaitez, passons à table.


Un petit hochement de tête, et les serviteurs se mirent en action, récoltant les verres vides, garnissant les tables de nouveaux plats. Viandes rôties, viandes en sauce, panier de fruits ou de légumes, farandole de fromages qui faisaient la réputation de leur région, vin, bière et hydromel, tout y était.

Arthur montra l'exemple, et prit place sur le Trône apporté pour l'occasion. Il ne s'agissait pas du Trône ducal officiel, celui utilisé pour les allégeances, bien trop lourd à transporter, et peu pratique à mettre à table. Celui sur lequel il prenait place ce soir était plus petit, plus simple, de bois ouvragé, et avait déjà servi, selon les intendants du château, à ce type de cérémonie par le passé.

Il avait proposé à Hulrika, en tant que son Porte-Parole, et à Legowen, en tant que son Capitaine, de se placer à côté de lui. Ili et Maë s'installeraient son doute non loin. Il y aurait aussi probablement une table de militaires, tant ils étaient représentés ce soir, Bernadotte, son Connétable, en tête, ainsi que le Mestre de Camp Khristof, dont la valeur méritait amplement d'être saluée. Trois membres de l'Etat-Major en tout, sans compter les soldats présents, oui, la COBA était décidément l'institution qui avait le mieux répondu à l'appel.

A sa table également, il espérait bien voir Sun, son CaC, à qui le festin de ce soir pouvait être largement attribué dans la mesure où, si elle n'avait pas cuisiné, elle était en revanche la première responsable des stocks de nourriture au château. Peut-être aussi aurait-il la chance de voir arriver Ysaoth, son époux, et l'actuel Juge du Bourbonnais-Auvergne, lui sans qui la réforme du Codex et des institutions n'aurait pu atteindre une telle efficacité. Mais d'autres que lui manquaient à l'appel, et Arthur pouvait comprendre que les responsabilités de chacun pouvaient vite devenir dévorantes, ce qui expliquait sans mal leur absence ce soir.

Erandil et Méli, ses petits Moulinois, Malice, son éternelle compagne de mairie, elle à Thiers, lui à Moulins, son amoureux transi Taigi, qui était aussi le nouveau Chambellan, Thib et Gypsie, piliers inamovibles du duché, et tous ceux arrivés entre temps, du peuple ou de la bourgeoisie, tous prirent place autour des tables.

Installé, goûtant les premiers mets et constatant que, comme promis, le cuisiner en chef s'était dépassé, Arthur profita de ces quelques instants de calme, où chaque convive, comme lui, dégustait les repas. Cet infime moment suspendu où la nourriture emplissait à la fois la bouche et les sens, cet incroyable moment de partage culinaire où une toile se tissait entre toutes les personnes rassemblées autour d'une même table.

Puis les discussions reprirent, rires, cris d'ébahissement, félicitations aux cuisiniers, appel à boire. L'habituel brouhaha d'un banquet, avec comme trame de fonds l'accompagnement musical que les troubadours s'étaient mis à jouer.

D'ordinaire, Arthur ne goûtait guère le bruit et l'agitation. Mais ce soir, pour cette première soirée où, depuis si longtemps, il n'était ni à débattre lors d'une réunion, ni penché à la lumière d'une bougie sur un parchemin, un compte-rendu ou un courrier, il était bien, comme si le bruit ambiant formait un cocon, le berçait, l'isolait pour un instant du monde extérieur, de sa charge de Duc.

Une bulle douillette, comme celle qui recouvre la nature lorsqu'il neige, donnant l'impression que l'hiver, malgré le froid, la faim, l'obscurité, était aussi là pour enlacer, serrer dans ses bras, protéger la nature, pour qu'au printemps, elle puisse renaître sereinement. Oui, Arthur aimait l'hiver, aimait le froid, et il eut à cet instant l'impression que l'hiver et le froid le protégeaient.

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"Je vivais à l'écart de la place publique
Serein, contemplatif, ténébreux, bucolique."
Algoran


A table. Il fallait se remplir le ventre, en profiter. Les panses, bientôt, seraient prête à éclater. Pas la sienne. Algoran devait éviter de s'alourdir. Dans les gorges, bientôt, coulerait à flot divers breuvages qui engourdissaient les sens. Algoran s'était arrêté après le cinquième verre. Il savait qu'au-delà, il basculerait, que ses sens ne seraient plus affûtés, mais usés comme la lame d'un vieux couteau.

C'était l'avantage des ivrognes. Ils poussaient si loin les limites de leurs corps qu'ils en connaissaient les moindres capacités.

Algoran suivit le mouvement, et gagna l'un des bancs, à une table où s'étaient réunis des gens de son rang. Des petites gens. Comme lui. Comme lui et sa famille.

Il repensa à sa femme. A sa femme morte deux mois plus tôt. A sa femme morte en le regardant avec ce dégoût dans les yeux. Ce dégoût qui depuis ne le lâchait plus, ce dégoût qui venait, chaque nuit, susurrer à son oreille: "Tu n'es qu'un lâche..." Ce dégoût qui le poussait à boire.

Il repensa à son fils. Mort plusieurs années auparavant. Mort à sa place, dans une guerre que personne, ici, ne comprenait très bien. Les Berrichons, tout le monde s'accordait à dire que c'était une sale engeance. Mais personne ne savait vraiment dire pourquoi. Quand les volontaires avaient été appelés pour rejoindre les rangs, Algoran avait dit que cette guerre, elle n'était pas sienne, qu'il n'en avait rien à faire, de ce qu'avaient dit ou fait les Berrichons. Mais porter les armes, défendre son duché, ça, c'était quelque chose qui impressionnait, dans les villages.

"Imagine comme les autres nous regarderont si tu y vas, lui disait sa femme. Le mari de Gertrude y va, lui. Ce serait le déshonneur si tu n'y allais pas."
Mais lui répondait, invariablement, que la terre ça s'abreuve d'eau, pas de sang. Rien pousse sur du sang.

Des jours durant, sa femme, parce qu'il voulait pas aller à la guerre, avait rapporté la guerre à la maison. Des disputes, des objets brisés, des menaces. Et pour finir, leur fils, leur grand fils de quatorze printemps, avait dit qu'il irait, lui, pour l'honneur de la famille.

Trop heureuse, sa mère. Des larmes de joie, de la fierté plein les yeux. Une fierté qu'Algoran n'y avait jamais vu quand c'était lui qu'elle regardait.

Et le fils était parti à la guerre. Pour n'en pas revenir. Fauché en pleine campagne berrichonne. Son corps martelé par les sabot des chevaux s'était enfoncé dans la boue, et n'en avait pas reparu. C'était ce que leur avait dit un compagnon d'arme qui était à ses côtés ce jour-là. Qui était rentré avec une jambe en moins.

On fait quoi, avec une jambe en moins, dites? Comment on sème les champs? Comment on élève les bêtes? Comment on peut encore servir son seigneur?

Et puis ce gosse avait fini par la rejoindre, sa jambe. Il s'était pendu, six mois plus tard. Propre, nette, pas de sang, la pendaison.

Oui, Algoran ne vivait plus qu'entouré de fantôme. Celui de sa femme, qui ne lui avait jamais pardonné d'être resté vivant à la place de leur enfant. Celui de son fils, mort à la guerre, mort pour rien, mort de rien. Celui du gamin qui s'était pendu. Celui de Géraud, même, son seul compagnon, cette vieille outre à vin, dont on ne pouvait pas dire qu'il était vraiment vivant.

Alors doucement, bien assis sur son banc, en pensant à tous ses fantômes, Algoran glissa ses deux mains dans ses braies. Là, attachés au bout d'un fil, les lames froides plaquées contre ses jambes, il avait caché deux poignards. Ses mains ne tremblaient plus quand il glissa les deux armes dans ses manches.

Avec application, comme si chacun des pas qu'il faisait comptait, il se leva et se dirigea vers le Duc. Dans la mêlée des serviteurs qui apportaient plats et boissons sur les tables, personne ne le remarqua. Une épave, ça ne se voit pas, ça s'oublie, ça s'ignore.

Il n'y avait d'abord eu que des rumeurs. Puis des informations plus solides. Algoran avait longtemps réfléchi pour savoir si c'était de la médisance, de la perfidie, et au fil des jours, il avait compris qu'il n'en était rien. Le souffle froid de la guerre s'était à nouveau levé, mais le Duc ne voulait pas de guerre. Il avait temporisé, il avait discuté, il avait manoeuvré, il avait attendu. Il avait tout fait pour éviter la guerre.

Et il avait privé Algoran de sa belle mort. Toutes ces années, Algoran avait attendu. Attendu la guerre comme on attend le printemps, avec espoir. Avec la certitude qu'elle reviendrait, parce qu'une guerre en entraîne toujours une autre. Il n'avait plus qu'une chose en tête: mourir dans une plaine berrichonne, par une lame berrichonne, dans une flaque de boue et de sang berrichon. Pour honorer la mémoire de son fils. Pour le rejoindre comme il se devait.

Mais le Duc l'en avait privé, de cette mort.

Le Duc qui n'était plus qu'à quelques pas, de l'autre côté d'une table de bois pleine de victuailles.

Algoran était calme. En paix. Il bondit, et fut surpris de voir que ses jambes étaient encore assez fortes pour qu'il atteigne le plateau de la table. Son genou claqua brutalement sur le bois. Sans même y réfléchir, il avait sorti les deux lames et se jetait sur le Duc.

La première lame lui taillada le bras. Le Duc s'était écarté sur le côté, et avait évité qu'elle ne le plante, mais son grand fauteuil gênait ses mouvements, et il ne put éviter que la seconde lame trouve son flanc, et ne s'y enfonce profondément.

Dans un râle rauque, l'assassin murmura:


"C'était ma guerre... la mienne... il fallait la faire..."

Algoran n'avait plus d'intérêt pour ce qui allait suivre. Il se fichait de savoir s'il avait touché un organe de vie ou non. Cela n'avait pas d'importance. Les lames n'avaient pas besoin de tuer.

Le poison s'en chargerait.
Bors.
Impassible, Bors veillait. Autour, les invités buvaient, riaient, venaient adresser leurs salutations au Duc.

Toujours, dès que l'un ou l'autre s'approchait, noble ou paysan, Bors était aux aguets, comme un félin prêt à bondir. Il scrutait les mains, les gestes, cherchait à deviner la présence d'une arme, d'une fiole, notait chaque étrangeté.

A l'entrée, il savait que les gardes récupéraient les armes et procédaient à une fouille rapide. Mais il ne fallait jamais se reposer trop sur les autres. Double vigilance n'était pas vigilance de trop.

Le Duc intima le silence et prononça quelques mots. Bors n'écoutait pas les mots, il veillait, le regard voyageant de l'un à l'autre, surveillant les entrées, scrutant les fenêtres.

A table, le Duc s'installa à sa place. Et Bors prit la sienne. Quatre pas derrière le Trône, debout, immobile. Les invités commençaient à manger. Bors s'efforçait de suivre la course de chaque plat, de veiller à ce que chaque met, chaque verre qui arrivaient jusqu'au Duc ne soient contaminés d'aucune sorte.

Autour du Duc, il y avait ses conseillers. Le Sénéchal Legowen. La Porte-Parole, qui lui marchait souvent sur les pieds pour vérifier s'il pouvait réagir. La fille du Duc, la petite Iliana, qui s'amusait aussi avec lui, quand il était en poste, à lui chatouiller le nez avec un brin de paille, à lui souffler dans les oreilles, pour voir s'il bougeait. C'était étrange de faire partie de la vie de tous ces gens dont il ignorait même l'existence, quelques mois auparavant. Et c'était plus étrange encore de voir comme ils l'avaient accepté, naturellement, lui le grand Bors dont personne n'osait s'approcher parce qu'il était trop grand, trop brutal, trop renfrogné, parce qu'il faisait peur aux enfants.

Se laissant aller à ses pensées, à cette sensation d'appartenance, à ce soupçon de joie qu'il ressentait pour la première fois, de faire partie de quelque chose de plus que la COBA, Bors baissa sa garde.

Une infime seconde.

Une infime seconde de trop.

L'homme était déjà sur le Duc. La lame du couteau renvoyait l'éclat lumineux d'une bougie qui alerta Bors.

Trop tard. Beaucoup trop tard, balourd inutile de Bors...

Son corps pourtant avait saisi le message, alors même que son esprit tombait dans un gouffre sans fond. Sa tête ne le contrôlait plus, mais ses jambes avaient bondi sur le Trône et, d'un coup d'épaule, dans un choc d'une violence inouïe, il cueillit l'assassin, l'entraîna avec lui par-dessus le Trône, qui bascula en arrière dans un vacarme fracassant.

Allongé sur l'agresseur, et sans que sa conscience eût vraiment repris les rênes, Bors avait saisi, à main droite, son propre poignard, et enfonça la pointe de sa lame sous le menton de l'homme, l'enfonça profondément, avec hargne, se maudissant lui-même, l'enfonçant comme il l'aurait fait dans sa propre chair. La mâchoire de l'agresseur craqua comme la pointe la traversait, cris d'agonie des os broyés, et la lame atteignait le siège de l'âme, juste derrière les yeux, qui s'injectèrent de sang. Le plus court chemin vers la mort.

Et dans ces yeux rougis, déjà vides de toute vie, Bors décela du repos. L'homme n'avait même pas essayé de lutter. De s'enfuir. Il avait accepté la mort avec une résignation qui fit frissonner Bors.

Bors qui n'osait se relever. Qui n'osait contempler l'ampleur de son échec. Pauvre Bors inutile. Grosse barrique trop lente, trop endormie, trop stupide.

Alors qu'autour de lui, le monde basculait dans les cris, que la salle tremblait sous les courses affolées, il n'osait se relever, toujours allongé sur le corps inerte de l'assassin, la main serrée sur la garde de son poignard enfoncé sous le menton de celui qui venait de prendre une vie qui lui était plus chère que la sienne propre.
Bernadotte
Attablé dans un coin, Bernadotte avait confié "Sauvage" à François et regardait son fils exercer son talent de courtisan devant Legowen. Lui n'était pas de ce monde là... plutôt d'un monde martial où le mérite est symbolisé par des barettes et des étoiles dans le meilleur des cas... et dans le pire...

L'officier ne préférait pas songer au pire. Le meilleur était la gloire... l'admiration des badauds lorsqu'ils voyaient le célèbre Sénéchal Bernadotte entrer dans leur ville mais aussi la sensation de servir, de donner un sens à sa vie. Le Seigneur d'Epalais contempla son fils et réprima une envie de le souffleter violemment pour un tel abaissement. Non pas que le noble auvergnat méprisait Legowen mais il haïssait les courbettes des courtisans.

Sa fille, Alinéore l'observa et lui dit:
"Il n'a pas bien fait la révérence Alban??" Le seigneur répondit:"Oh si... mieux qu'il ne manie l'épée... hélas..."
Hélas, songea t-il, mais il faudra qu'il apprenne à verser le sang pour ne pas être tuer... à maîtriser cette peur qui vous tenaille les tripes lorsque vous montez à l'assaut...

Le duc prononça un léger discours et le festin commença. Bernadotte retrouva sa jovialité de circonstance et François lui apporta vin et victuailles. L'Epalais ne buvait que très peu en vérité, son addiction au Cognac était connue mais légendaire... ou du moins, il n'en buvait qu'un à deux verres par jour.

C'est de son coin que Bernadotte vit un sombre individu s'approcher du Duc et songea: "Encore un placet pour demander quelques pardons ou subsides." Ce genre de fêtes étaient l'occasion pour les petites gens de quémander quelques rentes et titres et le seigneur d'Epalais le savait bien. Aussi, il ne se soucia pas du sombre individu seulement lorsque François lui toucha l'épaule et lui souffla:
"Prenez ceci, vous en aurez besoin" en lui tendant Sauvage.

Le Connétable jeta un regard étonné à François, qui lui indiqua d'un regard le duc. Le rapprochement n'était pas dur à faire... et tout s'enchaina. Le Connétable comprit que quelqu'un avait, ou avait tenté, d'assassiner le duc du Bourbonnais Auvergne

Bernadotte empoigna Sauvage tandis que Bors, le Garde du Duc se débarrassa de l'assassin en le poignardant avec sa propre lame.
Fidèle à la procédure, François rassembla les enfants d'Epalais, dans un coin, et les fit entourer des quatre gardes présents dans la salle. Ces gardes qui avaient ordre de se battre jusqu'à la mort pour préserver la progéniture de leur seigneur.

Pendant ce temps, le Connétable ordonna sèchement:
"GARDES, FERMEZ LES PORTES!!!! QUE NUL NE SORTE DU PALAIS!!! APPELEZ LES MEDECINS !!!!!" Cet assassin avait peut être des complices ou c'était juste un désespéré.
Les lourdes portes se fermèrent presque aussitôt et les gardes cernèrent la salle. L'épée au clair, Bern s'approcha de Bors, allongé sur le cadavre de l'assassin et lui souffla:
"Relèves toi soldat. Ton Sénéchal te l'ordonne."

L'officier se pencha vers le garde du corps, vaincu par ses démons, et passa sa main sur l'épaule du colosse avant de se tourner vers le duc inerte sur son trône, les vêtements maculés de sang.
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Hulrika
La fête battait son plein, les convives semblaient apprécier l'attention qui avait été porté à telle réception. Sa Grâce avait lancé les réjouissances et tout ce petit monde s'était ensuite installé autour des vastes tables. Hul avait en tête de s'installer avec son mendiant afin de faire plus ample connaissance de celui-ci. Bien connu qu'elle était de nature curieuse et un tel homme ne pouvait que l'intriguer, et forcément l'intéresser, au moins le temps de cette soirée.

Mais le Duc en avait décidé autrement et l'invita à prendre place à ses côtés. Un peu surprise par ce souhait, non pas qu'elle doutait des affinités qu'ils partageaient désormais, mais elle n'estimait pas sa place auprès de lui. Hul n'avait ni la prestance ni le langage approprié pour faire honneur à un Duc et au protocole nécessaire face à sa Cour l'entourant. Ceci-dit, elle prit place et étrangement ferma sa gueule au moins cinq minutes, le temps de s'acclimater aux conversations et d'réfléchir à ce qu'elle pouvait dire ou non, pour ni faire honte, ni passer pour l'intrus d'service, car elle était tout d'même ici ce soir en tant que représentante du Conseil Ducal.

Crise identitaire comme toujours, qui n'aura eu de cesse depuis qu'elle est née.
Petite, elle en avait eu des questions qu'elle n'avait jamais osé, pour la plupart, poser à son père : Pourquoi j'ai pas d'maman? Pourquoi ma vie causa sa mort? Pourquoi quand tu m'regardes, j'me sens coupable de vivre, tu peux pas juste dire que tu m'aimes? Pourquoi j'suis pas un garçon? Pourquoi t'es si dur avec moi?
Puis, elle avait grandi.
Pourquoi ça pousse, pourquoi je saigne, c'normal ou j'ai un problème? Pourquoi parfois quand tu m'regardes j'sens qu't'as envie d'pleurer? Pourquoi j'dois travailler autant? Pourquoi j'dois épouser cet homme que j'connais pas?
Tant de pourquoi, et si peu d'réponses.
Pourquoi tu m'as abandonné? Pourquoi j'aime? Pourquoi lui? Pourquoi elle?
Et tant d'autres.
Ce soir, elle en était au Qui suis-je? Comment j'en suis arrivée là?
Elle s'accrochait désespérément à ses origines de buch'ronne, gueuse et fière de l'être, mais prenait conscience qu'elle s'en éloignait, malgré elle, il n'y avait qu'à voir ce et ceux qui l'entouraient.

Elle tenait une cuillère en main alors qu'elle préférait et de loin, manger avec ses doigts, et observait sans un mot le faste qui l'entourait à en être écœurée, non pas écœurée par ce que la vie lui offrait, mais écœurée d'elle-même, d'y prendre goût et de ne pas lutter, comme elle le devrait, en y succombant si facilement.
Elle posa alors sa cuillère sur le bord de son assiette et observa Arthur.
Péché! Tout ça n'est que péché!
Un instant, elle lui en voulu, lui qui l'avait menée à le suivre, lui qu'elle estimait et admirait assez pour participer à ses côtés à l'aventure politique.
Elle savait l'Duc en proie lui aussi aux tourments de l'âme, mais il avait l'air de mieux gérer qu'elle.
Comment il faisait?
Ca, ça la dépassait la Hul.

Elle ne faisait guère attention plus que ça à tous les gens qui venaient à sa table pour s'adresser à lui, lui souffler un mot à l'oreille, ou lui poser une question, ou lui glisser un mot chaleureux. Hul avait confiance. Bors était là et si elle avait eu un malin plaisir à l'emmerder à maintes reprises, elle savait qu'il veillait sur son Duc, qu'il se serait jeté sur lui pour le protéger si quoi qu'ce soit menaçait sa vie, qu'il serait mort à sa place sans hésiter une seconde.
Bien sûr, comme toujours, elle arborait une hache, celle de la Danoise cette fois, celle qui avait déjà fait couler le sang, dont l'estoc prononcée aurait pu crever en une fois la panse de n'importe quel incongru. Et elle avait sa dague coincée dans sa botte, cette dague qui n'avait jamais servie, cadeau qu'elle n'avait pu offrir à temps à celle qu'elle avait surement aimé du plus bel amour qui soit : sa gamine.
Là sans être là, avec ce sentiment de culpabilité qui l'envahissait, coupable de se sentir bien, p'tète pas pleinement heureuse non, Hul savait que ça n'arriverait pas, le bonheur lui faisait peur, mais aller bien était déjà signe de son ramollissement, de sa paresse et les démons faisaient irrémédiablement surface.

Aussi, elle ne vit l'homme, elle ne vit l'attaque qu'une fois trop tard. Juste le temps de dégainer sa hache, prête à fendre un crâne au détriment de la vision d'horreur qu'elle aurait fait subir aux convives assistant au spectacle. Mais l'horreur était déjà là. Arthur... Et Bors avait vivement mis l'homme à terre et se chargeait de son cas.
Par réflexe, elle posa ses mains sur la plaie la plus importante, le sang coulait et ses doigts se maculaient peu à peu du sang ducal, non, du sang d'Arthur, ce premier moulinois à qui elle adressa la parole lorsqu'elle arriva au village, le premier à qui elle avait demandé de l'aide.

Un médicastre! Y'a-t-il un médicastre dans la salle? Le Duc est blessé! Qu'on aille me chercher le médicastre du Duc! Vite!
Enervée contre elle de n'avoir su réagir, elle se serait sans conteste jetée sur Arthur et aurait pris les coups de lame et les blessures à sa place.

La musique s'était arrêtée, il n'y avait plus un rire qui résonnait dans la Salle, ni un bruit d'cuillère sur une assiette. La panique et les cris avaient remplacé les sons si plaisants à l'oreille quelques instants plus tôt. Ca courait dans tous les sens. Les gardes et les soldats tentaient de gérer la tournure que prenait cette fête. Et dans ce brouhaha, Hul tentait de faire rester Arthur avec eux.

Arthur! Surtout ne te laisse pas aller! C'est rien! Souviens-toi! Trois armées sur la gueule je me suis prise, et j'suis toujours là!
Mais ta gueule Hul! T'en sais rien, il va p'tète crever là, sous tes yeux.
Un médicastre bordel de merde!
Impuissante, pas foutue de protéger son Duc, pas foutue de lui donner un premier soin, pas foutue d'trouver les mots, pas foutue de l'empêcher d'crever ou d'se laisser aller à l'inconscience où ses blessures allaient le conduire.
Elle le voyait perdre conscience, clore ses yeux, s'abandonner et échapper à la réalité, partir.

Elle s'était mise à genoux, la tête du Duc reposant sur ceux-ci, et ce corps semblait ne plus répondre, allongé, inerte et Hul eut la seule réaction qu'elle put avoir n'étant capable de rien d'autre et lui asséna une grande claque dans la gueule.

Arthur! Reste avec nous...
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Quelle est la différence entre Hul Juge ou Hul PP? Aucune, elle a un marteau en main et est probablement dangereuse...
Arthurdayne
Une bouchée de dinde marinée fondait sur sa langue. Une goulée de vin se mélangea avec délice au goût de la volaille. Arthur ne connaissait de plaisir aussi simple, aussi satisfaisant, aussi délectable qu’un bon repas. Comme chaque fois qu’il éprouvait un tel instant de félicité pure, Arthur se dit qu’il pouvait mourir.

Il n’aurait pu imaginer que les dieux, le hasard ou le destin lui dirait « chiche » ce soir-là.

Le banquet battait son plein. Les plats vides croisaient les pleins, les verres ne le restaient jamais longtemps, ni vides, ni pleins. La salle se réchauffait, à mesure que les invités s’agitaient, riaient, conversaient. Les feux dans les grandes cheminées n’y étaient pas pour rien non plus. L’hiver quittait peu à peu la pièce, comme mis au ban de cette soirée.

Arthur aimait l’hiver. Il n’avait rien contre la chaleur, pourtant. Mais le froid était vivifiant, il fouettait le sang qui coulait dans les veines, il accélérait légèrement les battements du cœur, il faisait frissonner l’échine. Il ne connaissait rien d’aussi rassérénant que de s’asperger le visage et le torse d’eau glacée, chaque matin d’hiver. Le froid rendait vivant.

Nappé du brouhaha de la cérémonie, transporté par les délices culinaires, plongé dans ses réflexions sur le chaud et le froid, Arthur ne vit pas l’homme arriver. Il comprit que quelque chose n’allait pas seulement lorsqu’il entendit le bruit sourd sur le bois de la table, et vit les assiettes et les verres vaciller, partir à la renverse. Alors qu’il levait les yeux, la lame fendait déjà son champ de vision. Comme chaque fois qu’une situation de danger alertait ses sens, les réflexes prirent le dessus.

Mais il était fatigué. Vieilli. Usé. Il avait perdu en souplesse, en réactivité, en rapidité. Il plongea sur la droite, mais la lame entailla son bras. Il se cogna violemment sur l’accoudoir de son siège. Pris au piège du Trône ducal, Arthur ne put que sentir, le cœur remontant soudainement à ses lèvres, la pointe d’une seconde lame s’enfoncer entre ses côtes. Puis une ombre s’étendit sur lui, et une masse lui comprima le torse et fit basculer le Trône en arrière. C’était Bors, son protecteur, son gardien, qui s’était jeté à corps perdu dans la mêlée.

Le choc du Trône de bois sur le sol de pierre, la douleur fulgurante qui partit de son flanc pour irradier tout son corps, lui voilèrent l’esprit. Alors que Bors semblait aux prises avec son agresseur, il tenta de s’extraire du Trône ducal, mais parvint juste à traîner ses épaules sur le pavage. Autour de lui, le monde lui semblait avoir basculé, tout était sens dessus dessous. Il n’y avait plus de haut, plus de bas. Les lumières des lustres tourbillonnaient comme des papillons affolés. Il était incapable de fixer sa vision sur un point, et sa nausée redoubla de violence.

D’une main tremblante, fragile comme celle d’un vieillard, il tâtonna jusqu’à trouver la garde de l’arme plantée en lui. Lorsqu’il ferma sa poigne dessus, une nouvelle vague de douleur le submergea, monta en lui comme la mer brise les digues, un jour de tempête. Avec la même fureur. Les yeux fermés pour calmer la nausée, les cheveux collés aux tempes par des suées gelées, il parvint à sortir la lame de son flanc.

Et rapidement, alors que le sol raisonnait sous son oreille du martèlement de pas paniqués, des mains vinrent comprimer la blessure. Il tenta d’ouvrir les yeux, d’identifier la personne qui lui venait en aide, mais le monde basculait toujours autour de lui et la nausée revint. Il perçut des sons, des cris, mais n’en comprenait pas le sens.

Dans le flou de son esprit embrumé, il s’efforçait de raisonner logiquement. Une idée, une lueur, un maillon important lui échappait, comme un moustique agaçant qu’il parvint enfin à écraser. Quelque chose n’allait pas. Deux coups de poignard, même profonds, n’auraient pas dû faire chavirer ses sens à ce point, ni obscurcir autant son esprit.

A mesure qu’il comprenait, une étrange chaleur se répandit dans tout son corps.

A nouveau, une violente nausée lui assaillit la gorge, la bile lui brûla la glotte, alors qu’une peur obscure, intense, terrible lui tordit les tripes. Cette chaleur qui irradiait dans son sang, cette maudite chaleur que charriait le flot de ses veines, et qui expliquait son état subit, il la connaissait. Il ne la connaissait que trop bien.

Du poison.

Un contact. Une caresse ? Non. Plus dur. Une main. Un claquement. Une gifle ?

Et la chaleur, soudain, laissa place au froid. Un froid dur et mordant. Un froid venu du fin fond de son être. C’était comme si le souffle même de l’hiver exhalait son haleine mortelle depuis les propres tréfonds de son être. L’hiver déchirait la moindre parcelle de son cœur. Cet hiver n’était plus celui de la vie endormie, qui attend son heure pour renaître. Cet hiver était celui qui vous gèle pour l’éternité, celui qui se brise aux fenêtres, celui qui s’insinue sous les couvertures, comme des doigts de givre qui cherchent à saisir leur proie. Cet hiver était celui dont le vent portait les cris de loups affamés, où le gel vous noircissait les doigts et vous brûlait les yeux. C’était l’hiver qui apportait la désolation, qui apportait la mort.

Un hiver qu’Arthur détestait.

Un spasme lui tordit violemment le corps. De sa main agitée de soubresaut, il attrapa la manche de la personne qu’il ne parvenait toujours pas à identifier, et lutta contre la douleur, la peur, le froid, lutta pour arracher quelque mot à sa gorge qu’il sentait se serrer, menaçant de l’asphyxier.


Du… poison…

Sa dernière pensée, avant de sombrer dans l’obscurité qui l’enlaçait dans son immense manteau noir comme les nuits terrifiantes de l’enfance, était que l’on dirait de lui désormais :

Ainsi périt Arthur Dayne.

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"Je vivais à l'écart de la place publique
Serein, contemplatif, ténébreux, bucolique."
Legowen
Avisant un serviteur qui passait , présentant sur un plateau des verres dont le contenu ne pouvait être que de l'hypocras , Leg en prit deux et en tendit un à Khris


je suis aussi complètement remise , alors fêtons notre guérison et cet hiver dont le banquet donné en son honneur nous permet de profiter d'un agréable moment

un sourire en présentant Emelyne qui revient près d'eux

inutile que je te présente Emelyne , vous vous connaissez déjà tous les deux et ...

Leg fut interrompue par le jeune Alban qui était venu la saluer dans les règles de la bienséance , comme il y a quelques mois lors d'une cérémonie d'allégeance

Très bon voyage , je vous remercie et vous êtes sans doute venu avec votre père , le Seigneur D' Epalais

puis surprenant le regard du jeune Alban vers Emelyne

mais vous ne connaissez sans doute pas ma fille

et se tournant vers elle

Emelyne , je te présente Alban , le fils du Seigneur d'Epalais

la conversation s'était poursuivie jusqu'au discours du Duc , puis sur un signe d'Arthur , Leg s'était retrouvée à ses côtés , en face d'Hul qui sembla prise d'une aphonie soudaine , la voyant avec une petite cuillère en main , Leg piocha quant -à elle délicatement dans le plat en face d'elle pour en retirer un morceau de dinde qu'elle saisit tout aussi délicatement entre ses doigts avant de la porter à sa bouche et de faire par la même occasion un clin doeil à leur chère porte parole

elle n'était pas la seule à rendre ainsi hommage aux mets présentés , leur Duc faisait aussi honneur aux plats , leur Duc ... si on lui avait dit qu'elle serait un jour attablée auprès d'un Duc lors d'un grand banquet au château , que ce Duc serait Arthur , elle aurait ri et voilà que ce moment était réalité
un peu plongée dans ses souvenirs tout en dégustant son morceau de dinde ,un délice , juste ce qu'il fallait comme aromates , elle ne réalisa pas de suite que le gueux qui s'avançait vers Arthur pouvait être d'un quelconque danger
pour ce banquet chacun avait été convié , sans doute voulait -il remercier ou demander plutôt une aide , une lueur dans le regard de l'homme l'alerta cependant , une détermination soudaine qui avait fait place à un léger flottement
Laissant choir sa viande dans son assiette , sa main trouva la dague sous ses jupes et elle se leva mais pas assez prestement , non pas assez vite

le mal était fait et son ami gisait sanglant à terre , la tête sur les genoux d 'Hul

quant à l'autre , étendu raide , Bors lui avait fait son affaire , Bors effondré de n'avoir pas réagi assez vite , comme eux tous et que Bernadotte , après avoir ordonné de fermer la salle , avait rejoint


Quant à elle , elle s'en voulait aussi à mort , même pas capable de défendre son ami , ahh ces banquets finalement qui relâchaient votre attention , rien ne valait ces veilles de bivouac

laissant à terre sa lame inutile , elle avisa que la blessure au flanc bien que profonde n 'aurait valu qu'une convalescence de quelques jours si la lame de l'assassin n' avait pas été imbibée de poison , ces quelques mots
" du poison "
murmurés l'avaient glacée

Habituée des combats , elle remarqua que les ailes du nez n'étaient pas pincées comme lorsque la vie était sur le point de s'en aller , il était encore temps et elle se joignit à Hul pour essayer de retenir Arthur dont la pâleur envahissait de plus en plus le visage faisant ressortir un peu plus sa barbe naissante

à genoux , saisissant l'autre main mais veillant à laisser à Arthur la place pour respirer , alors que Hul venait de lui administrer ce qui aurait pu s'appeler un " réveil façon Hul "
elle lui assena la seule phrase qui pourrait peut -être donner à son corps la force de combattre le poison



Arthur , bats toi , bats toi pour Ili , ta fille a encore besoin de toi


la seule raison pour laquelle elle était revenue elle de berges où elle avait bien failli rester , ses filles , cette raison qui , elle l' espérait ferait aussi tenir Arthur

et parce qu'il fallait bien que ça sorte contre quelqu'un

Et ce médecin ?? Mordiable !! faut aller le chercher ? !

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Iliana
Une fois leurs préparatifs terminées, Ili accrocha le bras de Maë sous le sien et l'entraîna de force dans la grande salle. Juste à temps, son père était en train d'inviter les gens à passer à table. Les cuisiniers avaient fait un travail formidable, et voir tous ces plats que les serviteurs amenaient vous mettait l'eau à la bouche.

Ili aimait bien les cuisiniers du château, et les cuisiniers le lui rendait bien. Chaque fois qu'elle était de passage ici pour rendre visite à son père, elle ne manquait pas de faire un petit tour aux cuisines pour aller chiper quelques pâtisseries, et elle recevait toujours un bon accueil. Les cuisiniers et les cuisinières l'appelaient "la petite duchesse" et lui donnaient toujours plein de brioches pour le voyage de retour.

Il faudrait d'ailleurs qu'elle passe leur dire bonjour avant de repartir, sinon ils lui feraient la tête. Puis elle aurait bien le droit de récupérer quelques victuailles...

D'ailleurs, c'était vraiment aussi délicieux que ça en avait l'air. Avec Maë, elles s'étaient installées à côté d'Hul, pas loin de papa. Il y avait du monde, tout le monde semblait content, et Ili était heureuse de voir son père profiter un peu d'un moment de détente. Il était très fatigué, et elle avait beau essayé d'en rire en le sermonnant, elle était inquiète pour lui. Elle n'aimait pas quand il se plongeait dans le travail au détriment de son sommeil, même si elle comprenait que le travail de duc prenait beaucoup de temps.

Quand des verres tombèrent sur la table, elle ne comprit pas ce qui se passait. Quand elle vit un homme tomber sur son père, elle ne comprit pas non plus. Et quand Bors tomba lui aussi sur son père, c'est un affreux sentiment, comme une cascade d'eau glacée lui tombant dessus, qui l'étreignit.

Leg et Hul s'étaient déjà levées. Bors était allongé par terre, sur un autre homme. Bernadotte se levait et donnait des ordres aux soldats. Des gens criaient, des gens couraient, des plats tombaient des mains des serviteurs. Ili était perdue.

Soudain, elle était redevenue une petite fille, une toute petite fille à qui le monde faisait peur. Instinctivement, elle chercha la main de Maë et la serra très fort.

Trois soldats vinrent se mettre autour d'elles, les écartèrent des tables. Ils disaient "la fille du Duc, il faut la protéger". Elle entendait des cris, "fermez les portes", "il y en a peut-être d'autres".

Et "du sang, il saigne!", "un poignard, dans les côtes"... "il bouge encore, il est en vie"...

Puis "un médicastre!"... "le Duc est blessé!"...

Les pas des soldats qui, aux ordres de Bernadotte, fermaient les accès, sécurisaient la salle, protégeaient les gens, couvrirent un moment les cris.

Et la voix d'Hul, soudain, par-dessus la mêlée.


Arthur! Reste avec nous...

Alors seulement, comme une bulle qui éclate, elle comprit.

D'un coup d'épaule, elle se rua en avant, passant entre deux soldats. Elle courut vers le Trône renversé, vers Hul et Leg, vers la flaque de sang qui s'étendait sur le dallage, vers le corps étendu de son père.

Elle ne pouvait que murmurer:


Non... non, non, non, non, non...

Comme si c'était le seul mot qui lui restait. Comme si son univers entier était sur le point d'être détruit et qu'il ne lui restait plus rien de son langage que ce seul mot...

Par pitié, non...


Elle s'agenouilla aux côtés d'Hul, qui tenait la tête de son père contre elle. Un visage blanc, froid, vide...

Et un souffle pourtant, quelques mots qui semblaient si difficile à prononcer.


Du... poison...


Ili défailla. Si elle n'avait pas déjà été agenouillée au sol, elle se serait effondrée. Son sang n'était plus que de la glace. Son estomac se tordit de peur. Leg criait qu'il fallait un médecin. Hul tenait toujours la tête de papa sur ses genoux.

Ili chercha un point de repère, quelque chose pour ne pas céder à la panique, à la peur de perdre son père, à l'évidence, sous ses yeux, qu'il était en train de mourir. Elle était paralysée. Elle voulut sa mère... elle aurait voulu que sa maman soit là. Elle s'imagina sa voix, qui lui dirait quoi faire.

Et sa mère lui dit "écoute tes souvenirs". Et une autre voix, une image, une sensation.

Un souvenir. Le dispensaire. Et la voix calme, rassurante, maternelle, de Lililea.

Toute petite, Ili buvait ses paroles, la voyant manier herbes et potions. Et, parmi toutes ces journées qu'elle avait passé avec Lili au dispensaire, l'une d'elle émergea. Lili agenouillée devant le cheminée du dispensaire, recueillant ce qu'Ili croyait être de petits cailloux noirs.

Rire de Lililea.

Non, Ili, ce ne sont pas des cailloux, c'est du charbon. Quand le bois brûle, tu vois, il se transforme en charbon. Et si je ramasse le charbon, c'est parce que c'est un très bon remède. Oui, un excellent remède.

Contre le poison.


Iliana bondit. Comme une folle, jetant ses chaussures au loin pour aller plus vite, elle courut vers la cheminée la plus proche. Là, le feu pas encore mourant avait tout de même abandonné du terrain, et elle se saisit d'une poignée de charbon.

Elle revint aussi vite que possible au chevet de son père, sous le regard étonné et inquiet des autres. Ils la prenaient sûrement pour une folle, mais elle s'en fichait.


Hul, il faut lui maintenir la tête en arrière. Leg, il me faut de l'eau.

Déjà, un autre spasme tordit le corps de son père. Son visage se figeait, son souffle diminuait. Ses mains se recourbaient violemment, et c'était comme si elles étaient sur le point de se briser.

Ili broya les morceaux de charbon dans sa main et les fourra dans la bouche de son père. Sans ménagement, à l'aide de ses deux doigts, elle poussa les fragments de charbon aussi loin que possible dans le fond de la gorge de son père. Il n'avait déjà même plus la force de cracher, de déglutir, ou même de s'étouffer. On lui avait rapporté de l'eau, Leg ou quelqu'un d'autre, elle ne savait pas.

Elle versa dans la bouche ouverte, noire de suie, de son père, et lui massa la gorge pour faciliter l'absorption. Deux fois, trois fois, elle répéta l'opération. Peut-être était-ce suffisant, elle ne savait pas.

Epuisée, submergée, elle se laissa tomber, assise sur le sol, et se mit à pleurer.
Sunburn
Que de monde finalement à cette fête pour célébrer l'hiver, à sa grande surprise car chacun restait terré chez eux, même quand la saison était bien plus clémente. Le ballet incessant des arrivées était observé par l'oeil curieux et attentif de la Blonde mais à y bien regarder, ceux qui étaient là n'était pas réellement une surprise, hormis quatre ou cinq personnes.
Quand la liqueur avait été offerte, elle s'était laissée tenter à tout déguster mais devrait être prudente. A tout ressentir à l'excès, l'alcool n'était pas hors de ce cercle et avec trois verres, elle serait proche de l'ivresse. Cela signifiant qu'elle perdrait sa lucidité, prudence, prudence toujours. Elle ne la laissait fuir qu'en de précises circonstances et malgré le lieu qui devenait chaleureux, il ne fallait pas s'y faire prendre.
Ecoute attentive du discours d'Arthur, dont la fatigue était visible mais quoi de plus normal alors que ce troisième mandat s'accomplissait et était sur le point de s'achever ?
A l'annonce de faire enfin honneur aux différents plats dont les fumets l'attiraient, un sourire plus accentué orna ses lèvres pulpeuses. Elle avait terriblement faim et l'hôte précieux qu'elle protégeait par le rempart naturel de son corps, aussi. Flattant d'une caresse tendre son ventre, elle longea de ses doigts fins la déformation qui naissait par les gigotements du louveteau. Petit soupir d'aise, elle se sentait bien.
Passé cet instant de flottement, elle prit place, à la table du Duc, qui était ma foi somptueuse. Mais dilemme. Tant il y avait qu'elle ne savait choisir et voulait de tout, sauf qu'ensuite elle ne pourrait pas lever son cul de l'assise pour faire les quelques pas nécessaire à la digestion. Léger haussement d'épaules. Ne se priverait pas sur la nourriture, vu qu'elle le faisait concernant l'alcool. Et elle piocha dans les divers plats, garnissant son assiette à l'excès, afin de goûter un peu de tout. Délice d'une viande fondante soigneusement marinée avant cuisson, dont les sucs éclataient en bouche, mariage de légumes qui allégeait la sauce ingérée. L'assiette finie qu'elle se resservit mais plus raisonnablement, savourant plus lentement aussi, non sans parfois, jeter un regard furtif vers l'entrée, espérant voir apparaitre son époux, qu'elle imaginait plongé dans ce fichu Codex. Purge qu'Ysa avait initié et dont le travail remarquable la rendait encore plus fière d'être sa femme. La Blonde fit passer le tout par un verre d'hydromel et se laissa tenter par un second. L'état de griserie commençait à apparaitre mais tout l'y aidait. Le crépitement des buches, ce repas convivial, la chaleur que l'alcool diffusait en son corps et surtout, la multiplication de toutes les sensations qu'elle éprouvait. Un autre qu'elle aurait atteint cet état avec dix fois plus. S'adossant à sa chaise, quasiment repue, ses prunelles englobèrent chacun, retrouvant une certaine bonhomie dans leurs traits.

C'est à cet instant que l'oeil clair se fixa sur un homme qui s'approchait du trône ducal dont la vue avait faillit la faire rire en le découvrant, mais le protocole était ce qu'il était. Saisissant une tarte aux citrons meringuée, elle croqua dans le met fruité tout en observant ce qu'elle croyait être une doléance. Si cela concernait l'économie et ce qui s'y afférait, Arthur saurait largement répondre.
Un détournement bref du regard pour reluquer la tarte avant qu'elle n'avala douloureusement le morceau en bouche quand la table devint branlante, les plats semblant sauter pour retomber durement.
Elle avait compris, avant même d'oser affronter la vision qui se déroulait sous ses yeux, sous leurs yeux. Un frémissement désagréable parcourut son échine, la nuque devint picotante tandis que la sueur froide envahissait son corps. Elle observa la scène comme si elle était une spectatrice d'un autre temps, que les images défilaient dans sa tête, sans qu'elle ne soit là. L'horreur la frappait de plein fouet et son ventre se contracta puissamment, comme jamais. La Blonde était statufiée, la poitrine oppressée, l'amertume tenace qui s'installait dans sa gorge la rendant nauséeuse et lui faisait regretter d'avoir mangé à l'instant. Tout s'agitait autour d'elle mais ses jambes refusaient de bouger, son corps désobéissait à toute commande qu'elle exigeait. Elle percevait dans le flou les hurlements, les prières, les souhaits et elle n'était pas foutu de bouger, de se lever et de contempler le désastre. Ses oreilles bourdonnantes la rendaient presque sourde, alors qu'elle disposait d'une ouïe fine. Perception accrue des coups violents qui battaient son ventre et qu'elle était incapable d'apaiser car ses mains refusaient tout mouvement. Au prix d'un immense effort, elle parvint à se lever, la main tremblante s'appuyant sur les chaises lors de son petit parcours, si petit et si long à la fois. Ses doigts libres se crispèrent contre l'agitateur. Impossible d'hurler alors que son corps lui faisait un mal de chien, impossible de prononcer le moindre mot alors qu'il aurait fallu. Ses lèvres frémirent à la vue du sang qui maculait Arthur et Hulrika, s'imaginant les deux blessés et là, la coupe fut pleine. Ce corps qu'elle maitrisait à la perfection échappa à son contrôle. L'instinct maternel lui fit protéger son ventre quand la chute survint. Pas un mot, pas un cri n'eut le temps de franchir le seuil de ses lèvres. Sa tempe heurta violemment le sol, les mains en protection contre son ventre. Elle sombra dans l'inconscience.

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Legowen
Elles avaient été rejointes par Ili , alors qu 'elle disait à Arthur de tenir pour sa fille
sa fille bien proche de défaillir et dont la peur de perdre un être cher entre tous se lisait dans cet éclat de terreur qu'avaient ses yeux , tandis que sa bouche murmurait des "non " comme une litanie pouvant arrêter la mort
car c'était bien d'une course contre la mort dont il s'agissait , une course qu'il fallait à tout prix gagner

Leg vit Ili se raidir d'un coup puis se lever d'un bond pour courir vers l'une des cheminées de la grande salle , bousculant tout sur son passage
elle jeta un coup d'oeil interloqué à Hul , suivit un instant Ili du regard avant qu'elle disparaisse happée par les rangs des invités
avant de le reporter sur son ami

Leg, il me faut de l'eau.


elle releva la tête , Ili se trouvait de nouveau près d'eux , noire de suie , les mains pleine de morceaux de charbon et elle commençait à les enfourner dans la bouche de son père tandis que Hul maintenait sa tête en arrière
ni une ni deux , Leg se propulsa vers la table qu'ils venaient de quitter et dont les verres renversés , les plats abandonnés témoignaient de réactions paniquées des convives
elle saisit deux cruches pleines d'eau , bénissant le ciel en cet instant qu'il y ait des gens sobres et s'agenouillant de nouveau prêt d' Ili lui passa l'eau demandée

priant pour que les efforts de la jeune fille soient payants , du charbon contre le poison , elle l'apprenait et soupira de soulagement en se doutant que ce remède venait sûrement de Lililea et s'il y avait bien une personne calée en médecine , c'était elle

assistant aux efforts d'Ili , elle prit conscience que toutes les trois étaient maculées du sang d'Arthur , il ne s'agissait pas que les effets du poison soient stoppés pour qu 'une hémorragie l'emporte

si le poison lui était étranger , les plaies malheureusement elle connaissait , en ayant vu assez lors des guerres
se tournant , elle releva un pan de sa robe , le velours grenat avait pris par endroits une teinte plus sombre , elle prit à pleine main le bas de son jupon qu'elle déchira sur une bonne longueur , le tortilla pour en faire un épais tampon
sans aucun respect pour les habits du Duc qui étaient de toute façon irrécupérables , elle les déchira aussi pour arriver à la plaie , serra les lèvres en la découvrant , elle était profonde , il était grand temps de faire là aussi quelques chose
elle versa dessus l'eau qui restait de l' une des cruches pour la nettoyer comme elle pouvait puis appliqua et maintint fortement sur la plaie le tampon qu'elle avait confectionné en vitesse sachant par expérience qu'il aurait au moins le mérite d 'éviter à Arthur de se vider de son sang en attendant un médecin

près d'elle ,Ili se mit à pleurer , elle l'entoura de son bras libre et lui murmura

il va s'en sortir Ili , tu as fait ce qu'il fallait , il va s'en sortir , il est fort , il se battra pour toi

et elle se répéta mentalement comme si ça pouvait l'aider
il va s'en sortir , il le faut


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Bernadotte
Tandis que les femmes s'attroupaient autour du Duc, inconscient et gravement blessé, la garde ducale avait bouclé le palais sur ordre du Sénéchal. Ce dernier ordonna à la garde du palais d'évacuer le corps de l'assassin et d'envoyer Bors à la caserne de la COBA.

L'officier parcourait la salle et aperçut la Baronne de Laroquebrou, inconsciente sur le sol. Le Seigneur d'Epalais interpella son aide de camp qui l'aida à l'allonger sur deux chaises accolées. Le seigneur auvergnat pris une cruche d'eau et une serviette et épongea le front de Sun... François interrogea:
"Qu'as t-elle Sénéchal?" Bern regarda la blonde et répondit: "Eh bien il semblera que notre chère Dame se soit évanoui à la vue du sang... J'espère que son bébé n'a rien..."

Bern tapota le front de Sun avec la serviette humide espérant ranimer la baronne.
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Sunburn
Elle gisait, non loin du drame se déroulant, le corps positionné sur le côté. La tempe avait une petite entaille suite à la chute , d'où s'écoulait un mince filet de sang. Inerte et pourtant les doigts s'accrochaient au ventre, comme des serres. La Blonde ne ressentit pas le soulevé de son corps devenu inutile et encore moins les voix qui diffusaient ordres ou conseils auprès de la cible de cet acte abominable. Allongée désormais, elle ne revenait pas à elle et son esprit se plaisait à être dans le noir total. L'une de ses mains avait lâché prise, les doigts pendant non loin du sol. Sa respiration était redevenue régulière car dans cette chute, tout s'était mis en état de veille. La Blonde paraissait dormir et seule la pâleur inhabituelle de son teint n'y trompait pas.
Cet évanouissement s'apparentait à une fuite de la réalité. Réalité abjecte qu'on refuse. Réalité ou l'on ne veut prendre place. Réalité dont on veut s'éloigner pour ne pas l'affronter et encore moins la vivre. Peut-être aussi que le corps avait senti l'écrasement de l'âme, à la crainte d'un fait terrible ou que l'enfant agité avait amassé les dernières ressources de sa mère pour qu'elle reprenne pied. Un amalgame de toutes ces choses était possible, mais qui le saurait ?
Un faible gémissement s'échappa de ses lèvres à force de passages répétés contre son front. Une douleur lancinante lui vrillait le crâne, la bouche était pâteuse comme après une bonne cuite. Les sons lui parvenaient peu à peu et elle ressentait une ombre bienfaitrice au dessus d'elle. Sensation de la dureté dans son dos malgré le moelleux des chaises. Un pied bougea, puis l'autre. Le corps revenait à la vie, du moins il s'éveillait lentement. Les paupières se soulevèrent et l'oeil troublé et hagard se fixa sur la silhouette au dessus d'elle. Elle mit un temps fou à reconnaitre Berny et les évènements précédents ne lui étaient pas encore revenu en tête. Que foutait-elle allongée ainsi ? La voix fut fluette et tremblante quand elle interrogea, encore dans un état de faiblesse certain.


Je... je fous quoi là ?

Elle ramena difficilement le bras ballant et endolori vers son ventre, se le caressant machinalement du bout des doigts.
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Elienore
Le miroir, de sa chambre dans son appartement clermontois qu'elle louait depuis le début de son mandat de bailli, lui renvoya la double image d'elle même et de sa camériste qui laçait le dos de sa robe. La moue mécontente d'Elie s'accentua.

Puisque je te dis que je n'ai aucune envie d'y aller.
Je ne vois pas pourquoi tu insistes autant.
Personne ne remarquera mon absence.


Le doigts serrèrent encore plus les cordons, comprimant davantage sa taille déjà fine.

Parce que vos amis y seront et que c'est votre place d'être auprès d'eux et de notre Duc. Il serait déçu de ne point vous y voir.
Parce que ça vous fera le plus grand bien de sortir un peu votre nez des comptes du duché et surtout parce que vous l'avez promis à Hulrika.


Elienore soupira. Que répondre à cela ? C'est vrai qu'elle avait promis à Hul d'y aller à cette fameuse fête de l'hiver et décevoir Arthur elle ne le supporterait pas.
Elle s'était imaginée entrant dans la salle au bras de son époux. Plonger son regard dans le sien quand ils danseraient et être seul au monde. Seulement d'époux il n'y en aurait pas une fois de plus. Etait-elle donc incapable de mener sa vie sentimentale en parallèle avec ses obligations ? Que restait-il de son mariage. Elle secoua la tête pour chasser ses pensées qui la tenait éveillée la nuit. Ce n'était pas le moment.


C'est bon tu as gagné !
Je dois être la seule dame du Royaume qui se laisse dicter sa conduite par sa camériste.


Alix sourit , satisfaite de sa petite victoire. En un tour de main la dame de la Vaissière se trouva parée de la plus ravissante façon. Une belle robe d'épais drap gris sombre épousait à merveille ses formes. Le décolleté ourlé de fourrure blanche laissait voir la naissance de ses seins où reposait une grosse perle nacrée attaché à son cou par une chaîne d'or. La même fourrure ornait ses poignets et le bas de la robe. Pour seul autre bijou, son alliance à l'annulaire gauche. Ses épais cheveux châtains avaient été soigneusement tressés et ramenés en couronne sur sa tête, le tout surmonté d'un voile vaporeux. Quelques mèches rebelles encadraient délicatement son visage.

En arrivant dans la grande salle de réception, elle fut soulagée de voir qu'Alix avait raison. Ses amis moulinois étaient présents et aussi les personnes venant d'autres villages qu'elle appréciait. Elle les rejoignit juste à temps pour écouter le discoure d'Arthur.
Comme toujours elle fut stupéfaite du pouvoir de cette voix quand le silence s'installa. Elle écouta et sourit, le message était clair sans fioritures inutiles, à l'image même de celui qui le prononçait.
On passa à table. Elie comme les autres conseillés s'installa à la table du Duc. L'ambiance était détendue, on buvait et mangeait tout en discutant de tout et de rien mais surtout pas de politique.
Elle regardait le joli ventre arrondit de Sun. La blondissime était belle en temps normal mais cette beauté s'épanouissait davantage quand elle portait la vie, la rendant voluptueuse. Un enfant, Elie en rêvait, mais dans les conditions actuelles de son couple était-ce vraiment une bonne idée ?

Une sensation de froid la parcouru subitement, elle frissonna et tourna la tête vers le trône. C'est alors que le bruit ambiant fut couvert par un brouhaha indescriptible. Le garde qui ne quittait jamais Arthur venait de bondir sur un homme renversant le trône et le duc en même temps. Elle se leva d'un seul bon. Arthur était au sol, le visage blême et une flaque de sang s'épanouissant à son côté. Elle était tétanisée, ses yeux s'ouvrir démesurément en même temps que sa bouche mais aucun son n'en sortit. Une douleur atroce dans la poitrine lui coupait le souffle. Tout s'agitait autour d'elle. Bernadotte hurlait des ordres, Hulrika aussi hurlait mais Elie ne comprenait pas ce qu'elle disait, son cerveau n'enregistrait pas, son corps ne répondait pas.
De plus en plus d'agitation, de cris, l'enfer sur terre et elle restait plantée comme une statue de granit.
C'est le cri de Leg qui enfin la fit réagir. Un médecin ! Elle était médecin et même chirurgien d'après le diplôme qu'elle avait obtenu à Belrupt.


Je suis médecin !

Toutes ses fonctions se remirent en marche. Elle avait peur, une peur atroce qui lui nouait le ventre comme jamais mais cette peur lui donna la force de réagir. Ili était déjà aux côté de son père lui faisant ingurgité de force du charbon, alors que Leg comprimait la plaie.
Elienore retroussa sa robe et déchira son jupon à son tour. Se retournant, elle attrapa sur la table une aiguière contenant du vin rouge.
Elle vint s'agenouiller auprès d'elles, ses genoux dans la tâche de sang , maculant sa robe de traces sombres et poisseuses.


Très bien Ili...maintenant tu vas continuer de parler à ton père. Raconte lui tout ce que tu veux mais surtout ne t'arrête pas.
Leg, il faut que je regarde cette plaie...


Elle ouvrit le pourpoint d'Arthur et déchira la chemise, laissant voir la peau diaphane zébrée d'une plaie rouge vif d'où le sang coulait en abondance.
Elle prit le vin et en versa sur ses mains, Curieusement les gestes revenaient naturellement. Elle savait exactement ce qu'elle devait faire.
Elle regarda la plaie du bras qui n'était qu'une simple estafilade. Elle fit couler du vin dessus pour la nettoyer. Celle du flanc était bien plus profonde, elle devait la sonder pour juger les dégats.
Sans hésitation elle y introduisit son doigt, maculant ses mains du liquide collant. Elle sentit le corps d'Arthur réagir, elle lui faisait mal, elle le savait mais cette douleur qu'elle lui infligeait n'était rien comparée à la douleur que tous ressentirait si lui le grand homme entre tous devait disparaitre.
La plaie n'était pas aussi profonde qu'elle l'avait imaginée, la lame avait glissé sur les côtes et seules les chaires étaient meurtries mais aucun organe vital.
Relevant la tête, son regard croisa celui de Leg.


Qu'on envoie chercher ma trousse de médecin chez moi.
Je ne peux rien faire sans elle.


Ayant dit, elle versa à nouveau du vin sur la plaie plus profonde, encore et encore. Il fallait la laver, en faire disparaitre le poison mortel. Déchirant un morceau d'étoffe et de la presser fortement pour arrêter l'écoulement du sang comme l'avait fait legowen un peu avant.
Elle en était là quand du coin de l'oeil elle vit une forme au ventre rond s'écrouler comme au ralentit. Elle tourna son visage au moment oû la tête de Sun heurtait violemment le sol.
Il ne manquait plus que ça !
Heureusement on s'occupa de Sun qui semblait plus choquée que véritablement blessée.


Bon sang elle arrive cette trousse !
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Bernadotte
Le Sénéchal observa la baronne qui venait de se réveiller. Il lui sourit et déclara: "Eh bien Sun, il me semble que tu n'as plus l'habitude de voir du sang... Etrange pour l'ex officier que tu es..."

Le Seigneur d'Epalais se releva et posa le linge humide sur le front de Sun et déclara à l'attention du capitaine de sa garde: "Prépare les attelages, nous allons partir. Les Enfants n'ont vu que trop de sang aujourd'hui."

La progéniture de Bernadotte restait coincée entre quatre gardes, blanche comme un linge, et tétanisée par l'horrible spectacle de l'assassinat ducal. Bernadotte regarda Sun d'un air inquiet et lui déclara: "Je peux te raccompagner sur tes terres si tu le veux... tu te feras ausculter par ton médecin... Mieux vaut que tu ne restes pas ici."

Le sénéchal sourit à la femme de son ex collègue et lui fit apposer une veste de la Garde sur les épaules.
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